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descriptionRenaissance [PV Verith] EmptyRenaissance [PV Verith]

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- Renaissance -

 
L'archipel,1761,Nyn-Tiamat


Renaissance [PV Verith] Eclips12


Ténèbres et obscurité

N'étaient maintenant plus que sa seule vérité.

De ce ciel vide d'étoiles

filait-elle envelopée de son fin voile


une comète délaissée de toute chaleur

consciente de sa faible lueur

Qui maintenait contre son coeur

Le cadavre de son âme soeur


Parcourant le manteau sans astre, sans essence

Dépourvue de tout reflet dans la glace

Dépourvue de toute substance, de toute existence

gelée par la rose vermeille fanée et désséchée, craquelée jusqu'en sa surface.



Pourtant, au lieu de lentement dépérir jusqu'à ne plus être, à nouveau, qu'un caillou mort au fond d'un lac, au lieu de s'évanouir dans le noir total, dans l'obscurité absolue de cette nuit sans lune. De planer continuellement, battre des ailes jusqu'à s'épuiser au dessus de l'océan, puis couler encore et cette fois, pour toujours. Peut-être pouvait-elle disparaître en brillant une dernière fois. Puisque plus personne ne viendrait contenir la force de son désespoir, la rassurer, la réconforter, elle pouvait laisser éclater ce qu'elle avait de plus profond en elle, au fond de son corps et de son être. Et marquer ce nouveau monde de sa brûlante empreinte, de sa colère divine. Balayer les mortels de sa puissance titanesque, et honorer l'ultime trahison qu'ils lui avaient infligé.

Elle s'écrasa donc au sol au millieux de grands arbres et d'un petit convoi de caravanes, et laissa son esprit s'étendre, ses ronces proliférer, son essence brûler tout ce qui se trouvait autour d'elle. Elle laissa ses griffes déchiqueter, son feu tout consumer, son âme tout dévorer. Elle transforma la forêt enneigée de Nyn-Tiamat en un océan de flammes, et les derniers survivants en cadavres sanguilonants. La lune, morte, n'éclairerait plus jamais son chemin, plus jamais ne se refleterait-elle dans ses écailles  et plus jamais ne la ferait-elle exister. C'était son seul moyen de rester en vie , créer des reflets dans ses écailles, le reflet des flammes ! C'est ainsi qu'elle faisait naître la lumière au milieu de la nuit noire. Elle consumerait tout ! Elle dévorerait tout ! Elle brûlerait tout ! Ce n'était même pas par vengeance, c'était par nécéssité, c'était pour survivre.  Et c'est en un hurlement ultime au millieu de la nuit qu'elle fit trembler le sol, et déversa sa haine et sa souffrance dans ce monde tout entier, la gueule ouverte vers le ciel dépourvu de lune, le cou arqué et les griffes couvertes de sang, le corps tendu et tremblant de colère ou de fatigue, son ventre et ses ailes bombés pour protéger le cadavre de la défunte des flammes. Aïasil hurlait à la mort en concert avec les pilliers de flammes qui rugissaient avec elle.

Elle refusait de s'éteindre, cette faible flamèche, ce petit rien au millieu de la nuit. En son embrasement intérieur someillait le désir de vivre. De son feu purificateur s'évaporait la glace, de ses flammes sentimentales elle forgeait une nouvelle carapace, d'une couleur plus sombre que ses écailles. Un coeur de roc et de feu, un coeur d'obsidienne. Et Pourtant, ce nouveau et précieux artefact n'avait pas de sens à l'existence. Aïasil contempla une dernière fois le regard mort de l'elfe. Elle aurait voulu mieux se battre, elle aurait du résister plus longtemps. Elle aurait du survivre à cette trahison et embraser le monde de son infinie colère. Mais elle avait déversé tout le feu de son âme sur ces êtres inférieurs et maintenant son coeur était vide, sensible au vent glacé qui revenait toujours, l'ultime solitude et l'aveuglement n'étaient plus que sa seule vérité, elle ne savait même pas ce qu'elle avait massacré. Des hommes, des enfants, des elfes ou des vampires ? Des bandits ou des marchands ? Elle s'écroula aux cotés de la rose fanée, son souffle accéléré, son regard vide. Son menton longeait le sol et sa gueule buvait la terre liquide et les retombées brûlantes. A mesure que l'incendie mourrait s'éteignaient les dernières lumières, et elle laissa son coeur rouler dans la neige, agonisant là ou jonchaient les cadavres et les restes d'abres calcinés, enroulée autour de Mëryl alors que toutes deux étaient lentement revouvertes de douces retombées de neige et de cendres.

Elle jetta un dernier regard à la lune, et se laissa mourrir, achevée par son absence.

descriptionRenaissance [PV Verith] EmptyRe: Renaissance [PV Verith]

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¤ Mourir seule ¤

Ambarhùna avait été abandonnée, Tiamaranta avait été découverte. Ce nouveau lieu allait accueillir les bipèdes. Soit, Verith ne connaissait pas cet endroit, et aucune information de la mémoire des dragons en sa possession ne faisait mention de cet endroit. Ce lieu n’appartenait pas en propre au sien, au moins ces vermines ne commettaient pas le crime de s’établir une deuxième fois sur une terre appartenant aux dragons. Cet archipel serait le théâtre des batailles à venir. Celle contre les Chimères en premier, sans doute. Puis celles entre différents bipèdes, puisque ces créatures étaient incapables de vivre dans la paix depuis que le Tarenth avait égoïstement décidé de briser le futur tracé par les déesses, entrainant le monde sur une voie bien sombre. Dont il était sans doute l’une des conséquences d’un certain point de vue. Ce lieu baignait de magie, bien que les dragons ne soient pas là. Il devait avoir sa propre source. À moins que cela ne soit autre chose. Le rouge ne saurait mettre un mot dessus pour le moment. La flore et la faune de cet endroit divergeaient également de celle d’Ambarhùna. Des créatures imprégnées de magies vivaient ici, mais aucune ne représentait de danger pour les siens. Tout comme les bipèdes, le colérique parcourait ces îles, cherchant à révéler leur secret, mais aussi à les connaitre. Et qui sait ? Peut-être mettre la main sur un début de piste pour vaincre les Chimères.

À son grand étonnement, ce lieu était déjà peuplé d’individus doués de conscience. Les Graärh, des sortes de fauves bipèdes, mais pas comme les bipèdes. Le rouge ne savait rien sur eux et il ne savait pas encore quoi en penser. Ami ? Ennemi ? Il le saurait lorsqu’il mettrait la main sur l’un d’entre eux pour engager la conversation. Si ces derniers n’avaient jamais rencontré de dragons. Si ces derniers n’avaient jamais commis de crime envers un dragon. Alors ils étaient innocents ? Le rouge pourrait-il se montrer bienveillant envers eux ? Après avoir parcouru l’île de sable, Verith arpentait à présent l’île de glace. En ce lieu, les vampires avaient décidé de s’établir. Les bipèdes ayant décidé de s’éparpiller un peu partout sur l’archipel. Peut-être feraient-ils moins de bêtises loin des uns des autres.

Alors que le rouge survolait le sud-est de l’île nommé Nyn-Tiamat en l’honneur de sa fille, l’enfant de l’orage capta dans l’air un rugissement effroyable d’un dragon en souffrance et en colère, tandis que de la lumière émergeait des forêts vers l’ouest. Survolant les troupeaux de bêtes poilues géantes à une corne, Verith curieux se dirigea vers cette source de désespoirs. La colère attira la colère. La souffrance attire la souffrance. Enveloppé de ténèbres et dans ce ciel sans étoiles, le rouge était rendu invisible par l’obscurité. Ses yeux virent enfin la source de lumière. Des flammes. Des flammes dans cette région de glace. Les flammes d’un dragon. Que pouvait-il bien se passer. Keetech ? Nynsith ? Non, sa femme et sa fille n’étaient pas ici et il sentait au plus profond de lui qu’elles allaient bien. C’était autre chose, quelqu’un d’autre. Un dragon d’au-delà de la mer ? Non, il croyait reconnaitre ce rugissement sans pour autant pouvoir mettre un nom dessus. Ce ne pouvait être qu’un des liés.

À mesure que Verith s’approchait, il sentait sa colère, la tristesse et la souffrance émaner de la forêt. Que devait-il faire ? Si cela concernait un lié, alors peut-être ferait-il mieux de passer son chemin. Après tout, cela ne le concernait pas. Si un lié avait des ennuis, c’est bien lui que cela regardait. Le lien et le contact des bipèdes n’apportaient que des ennuis, les liés ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes. L’enfant de l’orage finit toutefois par lâcher un grognement et continua à se diriger dans cette direction. Il ne pouvait décemment ignorer pareille détresse. Sur le continent sauvage, il était un protecteur et non pas un destructeur comme sur Ambarhùna. Au moins pouvait-il aller voir de quoi il en retournait.

L’odeur familière du sang et de la chair calcinée vint bientôt à ses narines. Des bipèdes avaient été tués ici. Bientôt, entourer par les flammes qui dévoraient la forêt de sapins, le rouge put remarquer la petite obsidienne en boule et immobile. C’est d’elle qu’émanaient tous ces puissants sentiments que certains qualifieraient de sombres ? Verith ralentit, stabilisant son vol, commençant par observer visuellement avant d’envoyer son esprit. Plus puissant il prit soin de dissimuler sa présence. Ne voulant surtout pas laisser croire qu’il donnait l’impression de s’intéresser aux aléas des dragons liés. Il la sentait faible, en proie à la douleur et à la mort. Et surtout, il n’y avait plus de trace de lien en elle. Comme si … comme s’il s’était brisé … un peu comme Cynoë lors de l’incident d’Esfelia. Intrigant.

Lentement, le rouge amorça sa descente. Verith vit Aïasil redresser la tête avant de la laisser mollement tomber au sol. Les flammes qui grimpaient aux arbres et illuminaient la nuit furent étouffées par le froid environnant et la neige tombante. Bientôt il n’y eut plus aucune lumière. Seulement l’obscurité. En silence, le rouge atterrit, faisant pour la première fois œuvre de furtivité, usant d’un de ses enchantements pour rendre ses pas aussi silencieux que ceux d’un félin. Posé au sol, le nuage de ténèbres qui l’entouraient se dissipa, mais nulle lumière dans le ciel ne se reflétait sur ses écailles. Seule l’obscurité dominait en ce triste instant. Bientôt Verith arriva au niveau d’Aïasil, cette dernière ne l’avait pas remarqué, surement trop concentrée à se laisser mourir. Levant le museau, le rouge crut distinguer un bipède entre les griffes la dragonne. Était-ce sa liée ? Était-ce la fille de Sombréclat ? Comment cela était-il arrivé, Verith fut pour le moins curieux.

Les yeux d’or du dragon libre se plissèrent. Que devait-il faire. Attendre là, à la regarder et être le seul à honorer cette mort, même s’il s’agissait d’une saleté de lié. Ou au contraire faire de preuve de pitié et l’achever, lui offrant ainsi le privilège ne pas mourir de la faute d’un bipède, mais délivrer par un dragon. L’enfant de l’orage n’avait aucune obligation. Il s’agissait de la fille d’Atalos et Silarae. Un idiot et une sans honneur.

« Où sont-ils tous ? »

Dans le silence le plus absolu, la voix du dragon rouge s’éleva, résonnant quelque peu dans la trame.

« Où est ton lien précieux ? Où sont les bipèdes pour laquelle ta mère à sacrifier ta liberté ? Où sont tes parents ? Où sont ton frère et ta sœur ? Où est ta famille ? Où sont les dragons liés ? Où est le dragon-esprit, protecteur du lien, des bipèdes et des dragons liés ? »

À nouveau la voix du rouge retentit, sur un ton qui se voulait le plus neutre possible, mais dont une pointe de sarcasme demeurait.

« Il n’y a personne. Personne n’est là. Personne à part moi, Verith lame d’ébène, du continent sauvage, nommé par ses pairs celui qui se bat. Le dragon libre ennemi du lien. »

Lentement le colérique vint s’asseoir, son museau toujours pointer vers la petite obsidienne, à l’observer.

« Ainsi, est-ce cela le chant du cygne d’un dragon lié ? Affligeant spectacle venant clore une vie d’esclavage. Quand la vie t’aura quitté, tous viendront. Attirer tels des charognards, non pas pour pleurer ta mort, mais pour dépiauter ton corps et s’en revêtir. Armures, armes, bijoux, enchantements. Même dans la mort ta servitude auprès des bipèdes ne pendra pas fin. Les âges passeront et ce n’est que lorsque ton dernier vestige aura disparu que la liberté dont tu as été privée dès ta naissance te sera acquise. »

Sombre mais réaliste. Tel était la vision du dragon rouge. Tels étaient les faits. N’avait-il pas tenté de les prévenir ? N’avait-il pas tenté de les aider ? Au lieu de cela tous l’avaient rejeté. Aïasil, ta mort serait une preuve de plus de la véracité des propos de Verith.

« Malheureusement, les morts ne profitent pas de la liberté. »

Il ne pouvait l’aider. Ou si peut-être le pouvait-il. Mais en avait-il l’envie ? N’avait-il pas gaspillé suffisamment de temps aux liés. N’avait-il pas suffisamment fait de pas en leur direction.

descriptionRenaissance [PV Verith] EmptyRe: Renaissance [PV Verith]

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Lentement, elle ressentit des picotements de part et d'autres de son corps, lentement, de son regard pâle et vitreux, elle vit les écailles et la peau se décoller de sa chair, sa chair et son sang s'arracher de ses os, s'évaporant en une volute de fumée et de peluches sanglantes. Aïasil tentait veinement de contempler son corps se désagréger, son âme brisée éclater, mais elle ne parvenait plus à distinguer quoi que ce soit dans cette chaotique obscurité. L'ombre s'était resserée autour d'elle, la lumières des flammes s'était éteinte, emportant avec elle le dernier souffle de la dragonne, la dernière trace de sa piètre existence. Ses griffes s'enfonçaient dans la neige, abîmant peut-être le corps de sa liée, elle ne savait pas, elle ne le voyait plus, ne le sentais plus. Elle se concentrait sur sa respiration, aveugle, sourde, muette. Son corps physique n'était plus que son seul repère, mais elle ne le caressait que du bout de la griffe, prête à tout lâcher et se laisser glisser dans le néant. De toute façon elle pouvait parfaitement sentir qu'il lui glisserait de lui même d'entre les pattes, à quoi bon s'y accrocher. Elle s'apprêta à compter sa dernière expiration, mais dans l'obscurité, aveugle qu'elle était elle n'avait pas senti la présence se rapprocher, ou peut-être que si, mais qu'elle en avait eu cure, venant du ciel noir comme le roi de la nuit, produisant une magnifique étincelle de haine, un deuxième repère, qui lui donna la force d'ouvrir un oeil.

Se tenait là devant elle l'immense rouge, Verith de L'ire, l'écarlate. Son oeil de feu braqué sur elle, de ses pattes elle protégea Mëryl du venin de la bête. Elle ne lui ferait pas face, sans doutes mourrait-elle avant.

La question ne la fit pas réfléchir, elle ne le savait pas. Kaalys, Lothilis, Enetari, Mëryl, Silaraë, Atalos, Alkhytis, tous morts ou disparus, tous loin d'elle, tous heureux sans elle. Personne d'heureux avec elle, personne ici pour elle. Elle tendit une griffe vers son frère, l'autre vers son amant, le museau vers sa liée, et l'étoile polaire avait disparu, elle ne pouvait atteindre personne. La dragonne demeura immobile, fermant les yeux pour revenir au décompte de sa respiration.Elle savait déjà qu'elle avait été abandonnée, c'est pour cela que la force d'exister la fuyait en emportant avec elle la vie.

Verith, le dernier repère, la dernière lumière, pourquoi fallait-il que ça soit lui ? Parmis toutes les âmes charitables si pures, si belles et tellement plus saines que la sienne, pourquoi fallait-il que ça soit la plus décrépie, la plus moisie et la plus foudroyante ? Etait-il venu lui donner la mort ? Pourquoi était-il là ? Pour se moquer ? Lui qui n'avait jamais vécu un tel non être, une telle inexistence, Il ne devrait pas être ici pour prononcer de tels mots. Aïasil se revit décomposée à l'état d'un squelette oublié, toute sa splendeur et sa majestée dévorée et assimilée par ces petits êtres laids et insupportables. Ces petits êtres qui lui avaient tout pris, de son sang jusqu'à son âme, non pas une, mais deux fois, elle était moins qu'un spectre à présent, elle n'était plus rien. Sa griffe crissa contre le front de Mëryl, l'ouvrant en laissant s'échapper un léger filet de sang. Sa gueule s'ouvrit vers l'écarlate et son regard s'alluma, elle poussa un sifflement d'avertissement, qui n'était en fait qu'un râle agonisant, les ronces s'enroulèrent autour de lui mais s'évanouirent aussitôt, tout le venin avait été répandu, il ne restait plus rien d'Aïasil.

“Tu ne sais rien... Vas-t-en...”

Murmura une voix rauque, désespérée, floue et saturée comme si à tout moment elle pouvait s'étrangler. Elle le regarda droit dans les yeux pendant un court instant, incapable de supporter son regard , elle contempla plutôt le visage mort et reposé de Mëryl, remarquant qu'elle l'avait blessée au visage. Celle qui lui avait tout pris... De la liberté jusqu'à la vie, qui était morte de son égoïsme, l'entraintant avec elle.

Elle retourna son museau vers le dragon ancestral, sans le regarder, de sa voix brisée, elle reprit.

“... Je ne veux pas mourrir.”    

descriptionRenaissance [PV Verith] EmptyRe: Renaissance [PV Verith]

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¤ Cette vie aura un prix ¤

Verith parlait, il parlait durement, peut-être même avec une certaine cruauté. Cependant et malheureusement, il parlait vrai. La vérité était dure. La vérité était violente. La vérité était cruelle. Et Aïasil devait l’entendre, qu’elle le veuille ou non, que cela lui plaise ou non. Si c’était sa fin, alors elle devait l’entendre. Si elle devait partir, alors Verith ne la ménagerait pas, cela serait honteux et le rouge ne manquera pas de respect à la mort d’un dragon. Dut-il paraitre pour un diabolique pointant de sa fourche les erreurs de la mourante. Elle devait savoir, là où elle avait fait erreur, pour ne pas les répéter dans sa prochaine vie, s’il y en avait une. Le rouge la sentit réagir à ses paroles. Tout d’abord la petite ombre s’enroula un peu plus, si seulement la force lui permettait, autour de celle qui fut son ancienne dragonnière. Comme pour la protéger du colérique. Ah ! Comme s’il pouvait encore lui faire quelque chose. La mort avait pris l’enfant de Kälyna, il ne pouvait plus rien lui faire de mal à présent. En lui faisant remarquer qu’elle était seule, Aïasil sembla tenter quelque chose, s’étendre, ou étendre une patte pour saisir sans doute ceux qu’elle aurait aimé avoir auprès d’elle, en cet instant de tristesse. Malheureusement aucun d’entre eux n’était là. Personne n’était là, hormis Verith. Verith le colérique, Verith le destructeur, Verith le haineux. Tant de titre dont on l’avait affublé. Tout vrai, mais faux à la fois. Verith le triste, voilà le vrai nom dont il devrait être revêtu. Celui qui piéger dans sa coquille à sa naissance se sentit triste de ne pas pouvoir voir le monde extérieur. Triste d’être enfermé. Oui triste, triste avant d’être en colère ou haineux. De tous ceux qui auraient pu être là aujourd’hui, il était sans nul doute le mieux placer pou assisté à cette fin tragique d’un dragon tomber trop jeune par la faute des bipèdes.

Finalement, lorsque le museau de la fille de Silaraë se dressa en sa direction, c’est un sifflement mauvais. Ainsi son dernier souffle aura été un rejet. Dragon lié, comme vous êtes décevant. Le rouge baissant doucement la tête. Il allait attendre là, la mort de cette dernière puisqu’elle le rejetait, puisqu’elle rejetait cette vérité pourtant brulante. Il brulerait par la suite son corps pour que nul bipède ne mette la main dessus. Et il rendrait à Kälyna le corps de sa progéniture pour qu’elle s’en occupe dignement. Cela n’aurait point été un geste de bonté de sa part, non, un simple devoir, d’un protecteur envers celui sous sa protection.

“ « Tu ne sais rien... Vas-t-en... »

La voix mentale d’Aïasil était faible, s’éteignant dans la trame, à demi étranglée et emplie de désespoirs, emplie de mort. Verith posa son regard doré et brulant sur celle-ci, l’espace d’un instant leurs regards se croisèrent. Mais rapidement, la petite ombre détourna le regard, incapable de supporter ce qui pourtant était la vérité. La vie de la dragonne s’échappait d’elle, lentement. Bientôt l’âme quitterait ce corps pour rejoindre l’au-delà. Où irait-elle maintenant que les dieux étaient morts ?

“ « ... Je ne veux pas mourir. »

La tête de la fille de Silaraë était levée vers lui, pourtant elle n’osait pas le regarder. Comme c’était ironique. Un dragon lié demandant à un dragon libre, son ennemi, de l’aide. De manière indirecte bien sûr. Que devait-il faire ? Répondre à cet appel à l’aide ?

Lentement l’esprit du dragon rouge s’étendit jusqu’à celui d’Aïasil, il était si faible, et s’enroula autour. Venant enserrer son esprit, sa magie, son âme. La voix du rouge s’éleva à nouveau. Dure et brulante.

« Tu es une âme brisée, Aïasil. Une partie de toi à déjà rejoint l’autre côté du miroir. Ces bipèdes auxquels tu t’es lié l’ont écartelé lors de leur trépas et un morceau a fini par lâcher. »

L’emprise de Verith sur la dragonne d’onyx se raffermit, l’empêchant de partir, sans pour autant lui permettre de revenir. La bloquant dans un état transitoire entre vie et trépas.

« Je peux te sauver, mais cela a un prix. Cette mort que j’empêche m’appartient. Cette vie que je sauve m’appartient. Tu ne saurais mourir autrement que par mes griffes. Tu ne saurais vivre pleinement. Un jour viendra où je te formulerais ma demande, tu pourras t’y soustraire, tu devras l’exécuter. Alors les deux te seront rendus. Cette vie redeviendra tienne. Et tu mourras comme tu l’entends, de la manière et pour la cause que ton cœur choisira. »

Doucement, l’esprit du rouge commença à la tirer vers le monde des vivants, insufflant sa magie et sa vitalité pour combattre le mal qui la rongeait.

« Néanmoins, si je sauve ta vie, sache ceci. Toi dont l’âme est brisée, tu ne vivras qu’à moitié. Le lien t’a meurtrie, et le prochain te sera fatal. Ne gâche pas cette troisième chance qui t’est offerte avec eux. Vis avec les dragons. Vis pour les dragons. Défends les dragons. Toi qui as personnellement éprouvé la douleur du lien, tu sais le mal qu’il engendre pour notre espèce. Combats-le. Qu’aucun dragon ne ressente ce que tu as par deux fois ressenti. Ne me fais pas regretter mon choix. »

descriptionRenaissance [PV Verith] EmptyRe: Renaissance [PV Verith]

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Elle l'avait dit, elle l'avait souhaité, la vie, le sang chaud d'émotions qui coule dans ses veines, ses muscles puissants qui soutiennent son ossature majestueuse, lui permet de se mouvoir avec plus d'agilité que l'elfe, plus de force que le vampire, ses ailes si immenses qu'elles couvrent le monde du voile de la nuit. Elle l'avait laissé échapper, son désir de vivre. Son désir de ressentir ce monde autour d'elle, d'apprendre à en faire partie. De se laisser aller aux plaisirs les plus bestiaux, d'ignorer la civilité, de se comporter en dragon, et de vivre une vie pour laquelle elle avait toujours été destinée, mais à laquelle elle n'avait jamais pu accéder. Elle voulait que son coeur batte, plus pour d'autres mais pour elle seule et la simple pensée de vivre dans un monde ou cela est possible, le simple moment ou elle oubliait à qui appartenait le cadavre qu'elle avait dans les pattes. Elle se sentit prête à en accepter toutes les conséquences.

Puisque dans la nuit sans lune et sans étoiles, lui seul se présentait à elle, lui seul incarnait la dernière lumière, elle l'acceptait comme tel, il serait le passeur, vers un chemin ou un autre. Elle passerait ses dernier instants avec lui, acceptant son étreinte.
Elle le senti s'enrouler autour de son esprit, l'encercler de ses anneaux draconique, la retenir prisonnière la dominer comme un prédateur, s'insinuer en elle comme s'il allait la dévorer, l'envahir et toucher quelque chose, tout au fond d'elle, caresser la surface gelée de son coeur de feu, éteint et malade. Son emprise était trop forte pour qu'elle lui éhcappe, sa voix puissante résonna en chaque parties de son corps, la faisant haleter, la faisant ressentir, vivre.

Et quel marché proposait-t-il, ce rapace, être sienne en échange de cette demi-vie. La Aïasil que connut Mëryl ne se serait pas soumise, elle se serait battue et se serait laissée mourrir avec elle. Elle n'aurait jamais insulté la voie du dragon lié. Mais est-ce que Mëryl avait-elle réellement connu sa prétendue soeur d'âme ? Est-ce qu'elle avait ressenti sa peur, sa peur de mourrir, de ne pas pouvoir protéger celles et ceux qui lui sont cher, sa peur d'être faible ? Avait-elle écouté ses plaintes lorsqu'elle la senti sceller son destin ? L'avait-elle écouté, l'avait-elle portée ? Supporté son fardeau de dragonière et l'aider à surpasser sa blessure ? Non ! Elle l'avait utilisée comme beaume pour les siennes, la solitude, le mépris de soit, afin de pouvoir s'en infliger d'autres encore qui menèrent à sa perte. Avait-elle seulement mérité ce titre de dragonière à un moment de sa vie ? Et alors, maintenant, quelle honte y aurait-il à désirer la vie à même son âme sacrifiée ? Pourquoi y en aurait-il ? Devait-elle à nouveau mourrir en bonne liée le coeur et l'âme déchirés ?

“J'accepte.”

L'esprit de Verith se resserrait d'avantage, mais Aïasil ne s'y recroquvillait pas, elle s'en nourissait. En elle, elle sentait son coeur palpiter, son feu revenir brûler sa gorge, sa magie se régénerer. La couche de gel avait été balayée d'un souffle de feu et libérait Aïasil de ses entraves, toute cette vie, cette force, cet amour et cette haine qui brûlaient en elle, elle sentait le tout ravager son être, et tout ce qu'elle avait été jusqu'à présent. Elle se sentait en vie.

Je veux vivre...  et je vivrais dragonne !”

Soit mon guide, Verith de l'ire.

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¤ Que dit-on à la mort ? Pas aujourd’hui ! ¤

La mort n’est ni plus ni moins que la destruction. Un élément du cycle éternel sur lequel le monde, la réalité, repose. Toute chose doit mourir un jour. Toute chose doit être détruite un jour. Dans le but de permettre qu’un nouvel élément naisse, se construise dessus. C’est ce que pensait Verith et c’est ce qu’il pense toujours. Cependant, n’existe-t-il pas de nuance dans sa doctrine ? D’exception comme partout ? Bien sûr que si. Si toute chose doit mourir, il en est certaines qui se doivent d’être détruite le plus tardivement possible. Ces éléments-là se doivent de survivre absolument, même si cela les conduire à une semi-éternité. En pensant à cela, le colérique pensait bien évidemment au dragon. Cela pouvait paraitre hypocrite de sa part, mais ça ne l’était pas le moins du monde. Les dragons, contrairement à beaucoup de ce qui peut exister, apporter quelque chose d’essentiel au monde, à la réalité, mais également au cycle. Un dragon est porteur de vie et de mort, un dragon est un constructeur et un destructeur. Il crée autant qu’il détruit. Et cela parce que le dragon est porteur de magie. C’est parce qu’il apporte la magie en ce monde que la vie, la construction est possible. Et c’est par son souffle ou ses griffes qu’il régule tout ceci. Il un élément du cycle. Contrairement aux bipèdes qui eux se contentent de détruire sans rien construire. Ils sont une source de déséquilibre. Ils n’apportent rien au monde, à la réalité et au cycle.

Aussi, contrairement à tout le reste, la mort d’un dragon était quelque chose de triste. Face à cela, Verith ne pouvait pas rester sans rien faire. Il se devait d’essayer de tendre la griffe pour empêcher que ça ne se produise. Et c’est ce qu’il fit. Mais le rouge n’était pas quelqu’un que le pouvait aisément berner. Au fond de lui il espérait que les dragons puissent être sauvés, mais comme il avait été marqué de l’empreinte des bipèdes, il se devait de rester prudent sans quoi les dragons deviendraient eux-mêmes inutiles au cycle. Aussi se devait-il être prudent. C’est ce même espoir, qui peut-être est un peu naïf, qui l’a poussé par le passé à agir de la même manière envers des bipèdes. Avec Luna et Kälyna. En les faisant échapper à une mort certaine. Cependant, les desseins du dragon à l’égard des bipèdes sont bien sombres, aussi est-il fort probable qu’un pacte avec le colérique réserve un sort tout aussi ténébreux pour les bipèdes qui contractait avec lui.

Néanmoins, ici c’était une dragonne qui contractait avec lui, une dragonne liée. Ou plutôt, une ancienne dragonne liée. Le rouge n’avait pas été tendre avec lui, il lui avait dit la vérité. Et la vérité peut s’avérer parfois meurtrière pour peu que l’on ait fait les mauvais choix où que l’on se soit vu imposer des mauvais choix. Comme c’était le cas pour Aïasil.

Après avoir longuement hésité entre se laisser aller à la mort ou décider de survivre, la petite ombre fit part de sa décision au colosse de flammes.

« Je veux vivre... et je vivrais dragonne ! »

En cet instant même, un sentiment de soulagement traversa le colérique, transpirant à travers sa magie et son esprit tant et si bien que l’ancienne liée pouvait distinctement entendre les pensées profondes du dragon rouge : « J’en ai sauvé au moins un ! ».

L’emprise de Verith sur Aïasil s’accrut alors considérablement. Autour de son âme, de son esprit et de sa magie. Avec force il tira dessus pour forcer le tout à réintroduire complètement le corps de la dragonne. La mort ne la prendrait pas aujourd’hui ! Lorsque l’éprouvante opération prit fin, il libéra la noiraude de son étreinte psychique.

« Je te félicite Aïasil. »

La queue du colérique se leva pour venir s’enrouler autour du buste de la petite ombre. Il vint l’aider à se redresser. Elle était une dragonne libre, elle se devait de se tenir fièrement.

« Je suis content que tu aies accepté mon aide, Aïasil. À présent, il est une chose dont tu dois encore te débarrasser. »

Verith vint pointer de la griffe le corps de la dragonnière sans vie étendue dans la neige.

« Ceci représente ton passé. Ta vie en tant qu’esclave des bipèdes. Tu dois t’en défaire. Laisse-moi la prendre. Sa génitrice est l’une de mes protégées, en tant que tel, je peux avoir certains égards pour Kälyna. J’irais lui remettre son corps afin qu’elle puisse lui donner le rite funéraire. C’est aux bipèdes de s’occuper de leurs morts. »

Le colérique était honnête. Il remettrait le corps à Sombréclat. Il pouvait au moins faire ça pour elle, car elle lui avait apporté son aide face à un grand danger. Et il n’était pas un ingrat. Verith avait cependant conscience qu’il pouvait s’agir d’un grand sacrifice pour la petite ombre. Cependant, il s’agissait d’un sacrifice nécessaire. Elle devait se défaire de son passé. Seuls devaient subsister les souvenirs de celui-ci afin qu’elle ne commette pas à nouveau les mêmes erreurs.

« Ensuite, nous irons chasser une de ces grandes créatures aux poils laineux qui vivent un peu plus à l’est. Tu vas avoir besoin de prendre des forces. J’en profiterais alors pour t’apprendre quelques éléments sur ce que tu es désormais, une dragonne libre. Mais je ne t’enseignerais pas tout. Tu iras voir ma femme, Keetech, ainsi que ma fille, Nynsith pour expérimenter et apprendre par toi-même comment fonctionnent et vivent les dragons libres. Afin de devenir pleinement ce que le lien, les bipèdes et le dragon-esprit t’ont privé d’être. »

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L'énergie s'intensifia si brusquement, le choc aurait du la tuer, pourtant, il la renforçait, il la nourissait. Au contact de cet esprit si puissant qui l'épaulait, elle voyait la douleur et le malheur s'éclipser derrière la soif, la faim, de plus. De sensations pures, de l'excitation, la peur, la joie, le malheur le bonheur. La passion ! Celle qui s'écoulait en elle maintenant ! Aïasil arracha quelque chose à l'écarlate vorace, sa force d'esprit, sa détermination, pendant un instant, elle la fit sienne. Faible, traînait la patte au sol, la queue du rouge vint s'enrouler autour d'elle pour l'aider à se remettre, aussitôt, son corps répondit à cet appel, à son envie de vivre, et elle se releva sous un jour, ou une nuit, totalement nouvelle.

Aïasil se tenait alors fièrement devant le géant rouge, son emprise sur le sol était ferme, ses muscles étaient rigides, ses écailles noires fines dressées, solides, ses ailes immenses ouvertes couvrant chacun de ses flancs, dont les membres articulés se courbaient en pointes acérées comme deux gigantesques serres qui menaçaient de de se refermer sur le rouge. Elle était droite, elle était fière, la magie pulsait de son corps en de vértiables radiations de pusisances, les veinules argentées de ses ailes luisaient de magie, des éclairs témoignant de la flamme en elle qui brûlait maintenant plus que jamais en son coeur qui battait à tout rompre, puissant et fort, son coeur de feu, d'obsdienne. Libéré de toutes ces prisons de glace que la douce peau de Mëryl caressant ses écailles avait formé, autonome, alimenté par son âme explosive, pleine d'émotions, alimenté par la haine, la colère, mais aussi la passion, l'envie, le désir. Tant de choses qui bouillonaient en elle ! Alors, c'était cela, vivre ?

Aîasil ouvrit les yeux, ses pupilles blanches brillaient dans l'obscurité aussi intensément que les plus lumineuses des étoiles observables.son regard féminin se posa sur le géant de feu qui l'avait nourrie, qui l'avait étreinte, lui avait donné une partie de lui pour qu'elle lui survive, qui lui avait accordé une renaissance.  

Puis, elle baissa les yeux sur celle qui lui avait permit de vivre... par le passé. Celle qui maintenant gisait morte dans la neige et dans les cendres, qui avait été sa lune pendant si longtemps, qui avait été gardienne de cette partie d'elle qui s'était accrochée à la réalité, au monde physique, qui n'avait pas voulu disparaître à sa première mort. Voilà maintenant qu'elle contemplait sa deuxième. Par quelles dégoutantes cérémonies, ignominies elle en était arrivée pour contempler ainsi sa soeur de si haut, avec autant de méprise ? Cete partie d'elle que Mëryl lui avait volé; qu'elle avait gâché, lui serait-elle rendue un jour ? Le dragon la pointait de sa griffe. Non, elle était morte avec elle, cette elfe avait été sa liée.

“Non”

Il fallait qu'elle s'en débarasse, qu'elle lui tourne le dos ? Non, Aïasil n'abandonnerait pas Mëryl, non, elle ne laisserait pas le rouge le prendre, Kälyna la brûler. Ce n'était pas quelque chose que l'on demandait, ce n'était pas non plus une chose sur laquelle le rouge pouvait la guider, c'était trop profond pour lui.

“Tu ne comprend pas”


Sa prise sur la petite lune se raffermit d'avantage, comme si elle cherchait à l'en protéger de la fureur du dragon de feu, mais surtout, de sa posture défensive, de ces serres refermées presque sans délicatesses autour de la peau tendre, elle marquait son territoire, son droit de possession.

“Elle est à moi”


Fit-elle en fixant le rouge de ses yeux lumineux, sur un ton révolu, plein de défi. Mëryl lui avait pris plus que personne en ce monde n'aurait pu, elle lui avait pris son amour, sa passion, sa vie, elle avait emmené avec elle une partie d'elle. Un fragment d'âme qui s'était niché en son coeur et qui était mort avec elle. Comment le rouge pouvait-il comprendre ? Aïasil ne laisserait pas partir Mëryl, elle ne laisserait pas Verith l'avoir, Kälyna l'avoir, Mëryl lui appartenait à elle.

“Je reprend ce qu'elle m'a volé.”


à ces mots, la dragonne d'obsidienne quitta de ses yeux le grand dragon pour se pencher vers le cadavre de Mëryl, apercevant son visage éteint, sa peau pâle tâchée par le sang, elle eu un élan nauséeu, comme si durant une fraction de seconde, son corps et ce qui restait de son âme repoussaient la magie de Verith pour la laisser mourrir. Mais elle se ressaisit, ce fut plus difficile que prévus, mais avec une sauvagerie et une bestialité dont elle n'avait encore jamais fais preuve, elle ouvrit les mâchoires et y engouffra le cadavre de sa liée, sans même la regarder.
Elle rejetta la tête en arrière, arquant le cou et pointant le ciel obscur de son museau, et déglutit. Le corps sanguinolant coulait dans sa gorge, le goût était âcre, amer, écoeurant. Mais c'était le seul moyen.
Si la petite rose l'avait abandonnée, elle, Aïasil âme brisée, Coeur d'obsidienne, ne l'abandonnerait pas. Elle la faisait sienne, elle honorait la mort de sa liée, et elle honorait sa propre renaissance. Elle ne renierait pas le lien du passé, elle n'oublierait pas son histoire, d'ou elle venait, elle porterait sa douleur et sa souffrance quelqu'en soit le prix. Mëryl existerait encore quelque part, elle aurait toujours sa place auprès d'elle, en elle.

“Ensemble, pour toujours.”


Elle contempla alors à nouveau le dragon rouge sur cet air de défi, elle accomplissait quelque chose de grand, elle savait qu'elle avait fait le bon choix, en elle certaines choses s'enmêlaient, d'autres se démêlaient, en elle, au fond, dans son esprit, elle changeait, elle se transformait. L'espace d'un instant ses yeux ne devinrent que deux jets de lumière, ses écailles se déformèrent puis disparurent, parcourues par une énergie étrange, pure, puissante, jusqu'à ce que de la dragonne noire il ne restait que le spectre aux ailes éthérées.

Aïasil était désormait libérée, et elle était prête à recevoir les enseignements qui lui avaient été promis.

sort d'Aïasil :

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¤ La mange-lié ¤

Arracher quelqu’un aux portes de la mort était un acte complexe, mais aussi épuisant. Le dragon ne l’avait fait que trois fois. La première fois, c’était pour une jeune fille à la chevelure d’or qui était importante aux yeux du corbeau. Le rouge aurait peut-être dû s’abstenir, car elle était devenue dragonnière. Cependant, cela pouvait toujours être utile d’avoir un dragonnier comme l’un de ses obligés. Ensuite il y avait eu cet Almaréen, le colérique avait été obligé de le sauver, car il était sous le joug de la malédiction de la déesse de la vie. Et maintenant il y avait cette dragonne. Combien de fois serait-il capable de le faire ? Pouvait-il le faire sans rien risquer ? La déesse de la mort était décédée après tout, il n’avait donc pas à s’inquiéter d’une quelconque répercussion. Et puis, ce n’est pas comme s’il faisait ça tous les quatre matins.

Quoi qu’il en soit, l’enfant de l’orage ne s’attendait pas le moins du monde à ce qui allait suivre. Il observa Aïasil et la scène avec une stupéfaction sans pareil. Rares sont ceux à pouvoir surprendre Verith et la petite ombre en faisait désormais partie. Le rouge ne chercha même pas à dissimuler sa surprise. Sous ses yeux, la petite ombre devint grande ombre, en se penchant sur le cadavre de sa liée et en le dévorant. Le rouge mit quelques secondes avant de retrouver son calme … sa colère … du moins son état habituel en voyant la dragonne de l’ombre devenir éthérée, une puissante magie se dégageant d’elle. Un ricanement s’échapper de Verith.

« Je tiens à m’excuser Aïasil. Au contraire, je pense que je peux comprendre. Cependant, je voulais te ménager un peu. Tu es jeune, et je ne pouvais décemment pas t’envoyer vers la voie la plus difficile à arpenter. Mais tu as fait ce choix ce toi-même. Il aurait été plus aisé de tourné la page, de tirer un trait, d’oublier ce passé et cette vie de dragon lié. Mais toi, tu décides de le garder, de porter ce fardeau, de garder sur toi cette blessure afin d’apprendre de cette erreur de sorte qu’elle ne se reproduise pas. De sorte que tu grandisses et deviennes plus forte. Je te félicite Aïasil … »

Le regard incandescent de dragon de l’ire darda celle qui était devenue la grande ombre.

« Aïasil la mange-lié. Que tu sois ainsi connu de ce titre par tout le monde, moi Verith lame d’ébène qui  te reconnaît ainsi dragonne libre. »

L’enfant de l’orage déploya ses ailes.

« Tu as peut-être englouti ta liée, mais les bipèdes restent peu nutritifs. Tu as échappé à la mort, mais tu restes encore faible. Ton corps a besoin de récupérer. Nous allons donc chercher de quoi te nourrir comme convenu. Ensuite, pendant que tu manges, je te transmettrais quelques principes des dragons liés. »

Verith donna un grand coup d’aile et décolla avant de prendre un peu plus d’altitude.

« Trouvons des proies faciles. Nul besoin de défis pour aujourd’hui. Dans les prochains jours peut-être quand tu auras pleinement récupéré. Je veux voir comment tu chasses au meilleur de toi-même. »

Le rouge donna un coup de museau pour lui indiquer de décoller et de le suivre tandis qu’il commence à se rapprocher de la côte. Les eaux de cet archipel étaient remplies de poisson. Voilà qui serait fort bien pour commencer. Pendant qu’elle se restaurerait. Il poserait les bases de ce que signifie être un dragon libre. Mais il lui donnerait également une véritable éducation quant à la façon doit se comporter un dragon. Une créature puissante, à qui le respect est dû. Un puits de pouvoir, de magie et de sagesse.

Le dragon de l’ire finit par arriver au-dessus de l’eau et posa son regard sur la mange-lié.

« Les dragons apportent la magie en ce monde. Les dragons permettent la vie. Nous sommes le maillon d’une chaine, peut-être plus important que d’autres. Notre simple existence nous confère certains droits, mais aussi certains devoirs. Nous devons vivre, et pour ce faire nous pouvons manger. Nous nous nourrissons des autres espèces, mais par notre simple influence elles peuvent vivre, c’est donc une juste rétribution. Cependant, nous ne devons pas prendre plus que nécessaire. Allez. Sers-toi ! »

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Aïasil contempla un bref instant son nouveau corps, si légère, elle ne s'étonnait pas de bleu de ses écailles, du  polymorphisme de son corps, de sa transparence et de la puissance qui le parcourait. Ses écailles hérissées et détachées de son corps, qui flottaient en une sorte de brume translucide, sous les yeux de l'écarlate revinrent se coller à son corps . Elles reprirent leurs textures, leur couleur impénétrable, les ailes de la dragonne redevinrent membraneuses et ses yeux vitreux à nouveau. La griffe à l’œil, elle se sentait capable de la changer en spectre par la simple force de sa volonté, d'un clignement de l'oeil. Cette nouvelle capacité qu'elle avait développé, cette nouvelle force, ce n'était pourtant pas le seul changement chez la petite obsidienne. Ou la grande, peut être, désormais. Elle avait le regard vide, échappant à celui de Verith, probablement l'une des seules choses qui purent lui échapper, et elle pensait à ce qu'elle avait fait. Elle se sentait à la fois plus forte, plus complète, mais vide à la fois. Elle se sentait plus Aïasil, mais elle se sentait d'avantage brisée. La cicatrice ultime sur son cœur avait été cautérisée, avec l'aide de Verith, mais aussi par son propre sacrifice...
Elle avait dévoré sa propre liée, elle était maintenant un monstre aux yeux des bipèdes comme à ceux des dragons. Mais elle pouvait désormais contempler toute la gravité de la cicatrice qu'elle portait. Toute l'impertinence de son passé, toute sa souffrance. Maintenant elle comprenait les enjeux mieux que jamais. Elle saurait comment se défendre, il ne faudrait pas laisser la tâche de soigner sa maladie à un autre, pas même Verith, aucun sentiment, aucune affection. Son cœur serait de pierre et d'obsidienne pour protéger ce qui restait de ce fragment briser qu'était Aïasil.

Elle regardait le rouge droit dans les yeux, il la félicitais. Il lui expliquait qu'elle était courageuse d'assumer son passé au lieu de tourner la page, elle pensa que s'il comprenait vraiment, il saurait qu'on ne tournait pas la page à la mort d'un être cher et d'une partie de soit même. On se posait simplement la question : Et maintenant ? Puis-je me reconstruire ? On lui avait donné une chance, elle comptait la saisir.

« Merci »

Fit-elle en répondant au précurseur, lorsqu'il la nomma dragonne libre. Le changement était tellement brutal que la dragonne percevait à peine l'étendue de la signification de ceci. Elle posa une patte contre son ventre, dans l'espoir de sentir Mëryl contre elle. Mais elle était seule, elle ne transporterait que la mémoire de sa liée avec elle. C'était cela, la liberté.

Cela incluait d'autres choses, il lui faudrait les apprendre, mais un guide était venu à elle pour ça, et elle comptait le suivre . Elle se rendit compte qu'elle avait faim, alors elle suivit le rouge et pour la toute première fois depuis sa renaissance, elle s'envola. L'air glacial des hauteurs la réchauffa, les battements de ses ailes la soulevèrent et l'apaisèrent, elle voguait sans style, légèrement sous le dragon rouge, un peu comme s'il la protégeait. Elle se surprenait à aimer son contact, il était tout ce qu'elle avait maintenant. Ils arrivèrent très vite à la côte, une longue falaise de glace plongeait directement dans les eaux obscures de l'infini océan. Ce serait leur terrain de chasse.

A l'autorisation de son mentor, la dragonne plana au-dessus du miroir sombre à la recherche d'un reflet imparfait, d'un relief, d'un mouvement dans ses profondeurs. Rapide et parfaite, son corps pourtant était faible. Lorsqu'elle aperçut un banc se rassembler près des bord, il ne lui fallut que quelques secondes pour se cabrer et traverser les eaux, la gueule ouverte au milieux de ses proies, se refermant dans le vide. Le banc de poisson s'était scindé en deux avant de se reformer plus loin devant elle, pour la narguer. Elle donna quelques coups de pattes dans l'eau pour essayer de les rattraper mais elle n'avait aucune chance. Alors elle refit surface et vint se percher sur la falaise de glace, les griffes enfoncées dans la muraille pour lui permettre de s'y accrocher, à la verticale, avant de finalement replonger. En réalité, Aïasil savait bien pêcher, innée maîtresse des airs, elle avait également fait ses preuves dans le milieu sous marin, lorsqu'elle accompagna les bipèdes sur le chemin de l'exil, et que l'infini océan fut la seule source de nourriture.

Cette fois, ce fut la bonne, elle mordit dans la chair et prit des vies. C'était un sentiment agréable, cela lui permettait de se positionner dans la chaîne alimentaire, comme si elle ne l'avait jamais connu. Elle apprenait, reprenait tout à zéro. Nouvelle vie.
Lorsqu'elle mordait, qu'elle prenait et puisait dans son environnement pour vivre, se ravitailler et se ressourcer. C'était plaisant. Elle avait envie de le refaire, alors elle mâcha les créatures qu'elle avait emprisonné dans sa gueule, broya leurs organes et leurs cartilage, et elle avala, pour recommencer. Survoler, plonger, nager. Sous l'eau cependant et malgré la distance entre le rouge qui l'observait depuis le sommet de la falaise, et elle qui naviguait sous l'océan, elle apprenait.

« Qu'est-ce le nécessaire, pourquoi imposer une limite ?

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¤ L’équilibre ¤

Sous les yeux du colérique, la grande ombre était en train de pêcher. Elle plongeait, nageait, happait puis ressortait. Une fois dehors elle mâchait, broyait puis avalait. Et une fois cela terminé, elle recommençait. Elle le fit plusieurs et l’enfant de l’orage se contenta de l’observer. Elle devait se nourrir pour reprendre des forces après ce qu’elle venait de vivre. Elle aurait pu mourir. Elle aurait dû mourir même. Fort heureusement,  cela n’avait pas été le cas, il avait été là pour lui venir en aide et empêcher le lien de l’emporter comme il avait emporté tant des siens dans un lointain passé. Cela ne faisait que renforcer la détermination du colérique : le lien devait être détruit pour le bien des dragons.

Alors que la dragonne nageait une fois de plus, elle interrogea le grand rouge qui s’empressa de lui répondre.

« Le nécessaire varie. Le nécessaire peut être ce dont tu as besoin pour te sustenter, pour recouvrer tes forces ou simplement survivre. Le nécessaire peut aussi être le besoin de rapporter l’équilibre. Si tu dois te nourrir et que tu as le choix entre deux espèces, choisis celle qui est la plus nombreuse, ou encore celle dont la prolifération menace le plus les autres. Manger, se nourrir, n’a pas seulement une vocation physiologique, c’est aussi un moyen d’assurer l’équilibre. Si un herbivore n’a pas de prédateur, alors il se prolifèrera au point de ravager toute verdure, entrainant alors l’extinction des autres herbivores et par voie de conséquences des prédateurs de ces dits herbivores. La nature a un équilibre précaire. Pourtant, certaines créatures n’ont pas de prédateur. Par exemple nous, les dragons. Pourtant, nous n’avons pas détruit l’équilibre, car nous en avons conscience et de ce fait, nous faisons en sorte de le préserver. Non seulement en régulant les actions des autres, mais aussi en autorégulant les nôtres. Et cela répond donc à ta deuxième question. Une limite est nécessaire pour justement que nous ne soyons pas le maillon défaillant de cette chaine qui briserait l’équilibre naturel des choses. »

Verith marqua une courte pause avant de reprendre.

« C’est le cycle de la construction et de la destruction. Nous, dragons, avons le pouvoir de le réguler en agissant, du fait de notre puissance, sur autrui. Cependant, se serait à tort de penser que notre seule action dans ce cycle puisse se résumer à jouer un rôle le gardien, de régulateur, sur les actions d’autrui. Nous pouvons nous-même, indépendamment des autres acteurs, construire et détruire. »

L’enfant de l’orage réfléchit un instant, cherchant un exemple, finissant par en trouver un.

« Par exemple, moi, à la base, je ne souhaitais pas être un destructeur. C’est la force des choses et la nécessité qui m’y a mené. Je désirais être un constructeur. S’il n’y avait jamais eu de bipèdes, j’aurais bâti une nuée. J’aurais rassemblé certains dragons en un groupe afin de les protéger et leur permettre de vivre en paix, en harmonie. »

Un petit soupir s’échappa de lui.

« C’est toujours mon rêve, mais, pour y parvenir, pour mettre en œuvre cette construction, je me dois avant tout de ramener l’équilibre brisé par les bipèdes. Ils sont une espèce dangereuse pour le cycle. Ils détruisent plus qu’ils ne construisent. Bien que dotés d’une conscience, ils sont incapables de s’autoréguler. Ils sont non seulement dangereux pour nous, mais aussi pour toute chose. Ils n’apportent rien de bon. Ils auraient dû y parvenir, je pense, mais ceux devant les guider, ont refusé cette mission et les déesses n’en ont jamais pris la relève ou trouvé quelqu’un d’autre pour y parvenir. De ce fait, même si nous dragons, n’y sommes pas parvenu avec l’infâme magie du lien, alors c’est qu’il est totalement impossible pour les bipèdes d’êtres autres choses que des individus nuisibles à l’équilibre. »

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Aïasil chassait et écoutait, sous l'eau ou accrochées aux parois de glace pour se repaître de ses prises, elle ne répondait pas, elle laissait le grand rouge imprégner son esprit de ses leçons, de ses visions, ses théories. Elle nageait et volait avec  un mélange de grâce et bestialité, dans chacun de ses mouvements, elle tentait de se forger une nouvelle identité. De s'assumer dragonne plus qu'elle ne l'avait fait autrefois, imaginer que, si ce n'étaient des poissons mais des humains ou des elfes, cela ne changerait maintenant peut être aucunes de ses attaques, de ses morsures, de ses mouvements. C'était les premiers pas, la première chasse, d'une nouvelle vie. Et elle avait besoin d'apprendre, alors elle écoutait.

Au début, elle ne vit pas ou il voulait en venir. Elle ne comprenait pas, elle imaginait bien la limite, oui, elle arrivait à percevoir "le necessaire", elle arrivait même à toucher de la griffe le rôle que Verith attribuait aux dragons. Mais il lui manquait une notion, et ce manque lui avait fait défaut pendant chacunes de ses vies : L'équilibre. Pourquoi se retenir si l'on peut tout dévorer ? Pourquoi préserver un équilibre ? Elle repensa au monde, à ses diversités, à sa complexité. Elle repensa à l'idée de détruire pour pouvoir construire. Elle imagina un futur ou il y avait plus d'humains que d'animaux, un monde ou ils n'auraient pas de prédateurs, et ou ils construisaient leur bâtisses, leurs cocons proctecteurs partout. Ils seraient inarrêtables, ils ne s'arrêteraient pas eux même, ils migreraient et ravageraient tout jusqu'à ce que chaque ressources de ce monde soit épuisée ? Les bipèdes étaient des corrupteurs, ils étaient faibles, mais volaient la force des choses qui les entouraient. A elle ils lui avaient tout pris.

Et pourtant, ils faisaient parti d'elle.

“Je te suis Verith”

Quelques minutes après qu'il ai finit son discours, la dragonne fusa dans le ciel, dépassant la corniche de la falaise, pour atterrir devant lui, lui faire face à nouveau, comme pour se mettre à sa hauteur. Dans sa gueule, un banc de créatures marines qui glissaient bientôt le long de sa gorge, laissant le museau d'Aïasil couvert d'eau, de sel et de sang.

“Pas parce que je te dois la vie, parce que je te crois.”

Cet équilibre s'appliquait à tout, au monde, mais aussi à l'individu, cet équilibre qu'elle n'avait jamais eu. Cette extrémité qu'elle avait toujours eu. Elle en prenait presque conscience, il lui manquait encore quelque chose, elle avait d'abord besoin de découvrir qui elle était. Elle allait avoir un rôle à jouer et d'une manière ou d'une autre, Verith la lui indiquerait.

“Je détruirais avec toi, je régulerai avec toi, je bâtirai avec toi, mais avec ma patte, mes manières. Je veux la liberté, je veux...”

La dragonne hésita, elle cherchait ses mots, cherchait des repères. Elle baissait le regard, sous la neige, elle voyait Mëryl, allongée les yeux fermé, délicate. Figée, immortelle, une rose prise dans la glace. Aïasil cherchait ce qu'elle voulait. Elle cherchait qui elle était.

“... construire un monde juste et libre.”

Elle acheva ses pensées, ses mots, sur un pic de détermination, et elle releva les yeux vers son mentor avec son air de défi habituel, mais avec une pointe d'incertitude.

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¤ Le guide ¤

Verith tentait d’inculquer certaines notions à Aïasil, des notions qu’elle ne connaissait pas, des notions qu’elle n’avait pu apprendre, car jamais elle n’avait reçu d’éducation draconique. La petite ombre était née au milieu des bipèdes, ainsi dès son plus jeune âge elle n’avait pu apprendre les valeurs des dragons. Elle avait été pervertie par celles des bipèdes. Certes, elle avait la mémoire ancestrale de sa race, mais cette dernière était faible étant jeune et puisqu’elle était née liée, celle-ci était terriblement atrophiée. C’est la seule explication au pourquoi les liés restaient liés. Lentement, l’enfant de l’orage sentait l’esprit de l’ancienne liée s’ouvrir. S’ouvrir à la liberté, s’ouvrir à la vérité. Les ténèbres qui embrumaient sa psyché se dissipaient, laissant place à la lumière.

« Oui, je t’ai aidé alors que tu étais au plus profond du désespoir, prête à sombrer dans le gouffre. Je t’ai tendu la griffe et maintenant je te montre la voie. Cependant, tu n’es pas encore sauvé. Le plus difficile reste à faire. Tu dois pouvoir continuer à avancer, en restant sur le bon chemin, sans chuter. Là est la véritable épreuve. Moi, je ne peux que t’aider. C’est cette aide que je t’ai apportée tu ne dois pas oublier. »

Verith opina légèrement du chef.

« Bien, tu sembles avoir compris ce principe. À présent, ta patte ? Tes manières ? Et quelles seraient-elles ? »

Le regard du rouge se plongea dans celui de la noiraude, déterminé et intimidant.

« Je sens ton incertitude aussi clairement que je sens la vie autour de moi. Tu veux construire avec moi. Tu veux réguler avec moi. Et de quelle façon comptes-tu le faire ? De quelle façon comptes-tu participer ? Tu veux le faire de ta patte. Tu veux le faire à ta manière. Je respecte cela. Mais comment ? Comment atteindras-tu ta liberté ? Comment construiras-tu un monde libre et juste ? »

Aïasil avait franchi un cap, mais elle devait encore continuer, aller plus loin. Verith pourrait l’aider, mais il ne lui donnerait pas toutes les réponses, elle devait réfléchir par elle-même et l’enfant de l’orage serait là pour la corriger et l’aider à aller droit sur le chemin. Il ne pouvait parcourir le chemin pour elle.

« Quel serait un monde juste et libre ? Comment y parvenir ? As-tu une idée de comment réussir cet objectif ? Moi, je le sais, mais toi, as-tu une idée ? Réponds, et je t’aiderais ensuite. Je ne suis qu’un guide sur le chemin, et non celui qui l’arpente. »

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- Liberté d'être -

De milles et une façons le rouge l'interrogeait maintenant sur ses manières. Sur ce qu'elle voulait construire, sur comment allait le bâtir, et comment elle allait détruire. Etait-il inquiet de cette décision libertine ? La dragonne soutint le regard intimidant de Verith. Oui, l'incertitude était palpable dans l'esprit d'Aïasil. Elle ferma finalement les yeux, elle reconnaissait son inexpérience, le dû de sa renaissance, mais elle refusait de se déformer pour se plier à un quelconque régime, servir une cause. Non, elle n'était pas libre, pas encore, mais elle le serait car c'était maintenant son vœu le plus cher. Elle ferait tout pour le devenir, elle le ferait pour se reconstruire, elle le ferait pour retrouver cette âme qui lui manque, elle se découvrirai elle même comme elle découvrirai le monde pour ne faire à nouveau plus qu'un et ce faisant, le monde s’adapterait à elle, à son identité et se construirait autour d'elle.

« Je ne sais pas encore. »

Sa voix ferme se faisait plus douce, innocente, elle perdait de sa fougue pour reconnaître son ignorance, elle se laissait penser, puis elle continua après un instant d'hésitation, analysant l'entaille profonde qu'elle avait au cœur, observait comment le sang s'en écoulait si bien.

« Je ne sais plus qui je suis, je suis seule, et je me sens brisée, incomplète, je sais qu'une part de moi à disparu, mais quelque chose d'autre est revenu... »

Elle n'avait pas qu'un cœur, elle avait aussi un corps, un esprit, puissants, très puissants et libres, libres de toutes influences, de tout jugements, de tout liens avec l'extérieur. Maintenant qu'Enetari n'était plus, que Mëryl était en elle, qu'elle brisé les chaînes qu'elle lui avait posée, elles avançaient toutes deux à l'unisson d'un pas si unique. Aïasil était quelqu'un d'autre maintenant, quelqu'un de nouveau.

« Les chaînes du lien sont brisées, à présent je peux avancer, observer le monde sous un regard nouveau, je peux le découvrir, je peux faire corps avec... Et je peux savoir qui je suis... »

Observer le monde et l'appréhender pour en faire partie, le comprendre pour mieux le plier, l'absorber pour mieux se construire ! Elle pouvait savoir qui était cette nouvelle Aïasil. Elle pouvait laisser derrière elle les versions incomplètes d'elles mêmes, prisonnière des hommes, puis des elfes, ces essais ratés comme une aveugle expérience d'un alchimiste fou. Elles étaient toutes mortes pour lui permettre de renaître aujourd'hui. La dragonne virevoltait, empreinte d'un nouvelle énergie qui animait ses muscles et son esprit comme la lumière de lune l'avait guidée autrefois.

« Je peux décider de qui je suis, je peux décider de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est moral et de ce qui ne l'est pas, je peux atteindre... trouver l'équilibre.»

Une énergie puissante, que l'on appelait l'espoir.

« Laisse moi voir le monde Verith, mais je t'implore, quelle que soit ma dette, quel que soit le chemin que tu me traces, ne cherche pas à définir ce qu'est Aïasil, dragonne de la nuit, car je veux déployer mes ailes, désormais. »

Et son cœur pompa à nouveau un filet de sang, elle le sentait battre comme s'il ne l'avait jamais fait auparavant.

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¤ Le flambeau ¤

Le colérique interrogeait la petite ombre, maintenant qu’elle était devenue libre grâce à son aide, il se demandait ce qu’elle allait faire. Qu’allait-elle faire de sa liberté ? Elle semblait avoir des idées, au plutôt des prémices d’idées. Mais comment allait-elle les réaliser ? Comment allait-elle les concrétiser ? Quelles formes prendraient ses projets ? Comment allait-elle parvenir à impacter ce monde. Oui, Verith aimerait bien savoir cela. Il lui avait rendu sa liberté en l’extirpant des portes de la mort et il ne voulait pas qu’elle gâche ce don et encore moins qu’elle se met en travers de son chemin. Le rouge ne sauvait pas les gens pour avoir à les tuer ensuite. Cependant, il se doutait fortement que la petite ombre ferait une telle erreur. Aussi bien vis-à-vis de lui, mais surtout vis-à-vis de sa liberté. L’enfant de l’orage écouta l’ignorance de cette dernière qui revint soudainement moins entreprenante, sombrant au doute. Oui, elle avait des envies, des prémices d’idées, mais tout cela devait encore être détaillé et approfondi. Il lui faudrait du temps pour arpenter le chemin vers lequel le rouge l’avait guidé et plus encore, il lui faudrait être vigilante pour ne pas se perdre durant son trajet. Il y a tant de routes, tant de ramifications différentes, tel un labyrinthe terrible. Lui-même n’était pas à l’abri de l’égarement, aussi s’accrochait-il à certains principes, à une certaine volonté, en faisant un flambeau pour éclairer sa route et ne pas se perdre. Le rouge ricana un peu.

« Je n’ai pas contribué à ôter tes chaines pour t’en remettre après, Aïasil. Je t’ai montré le chemin, mais un chemin n’est pas une simple ligne droite, le chemin est tortueux et les encombres nombreux. Une vigilance de tous les instants est nécessaire pour l’emprunter. Je serais là pour t’aider à ne pas t’égarer, mais mon flambeau ne te guidera pas constamment, tu te dois de créer le tien. Le mien est fait de principes, de convictions et il brule d’un éclat suffisamment fort pour éclairer ma route et éviter de me perdre. Tu es libre, tu es donc libre de choisir ce qu’il éclairera ton chemin. Je n’ai fait que produire des étincelles pour allumer le tien, à présent c’est à toi de faire en sorte qu’il ne s’éteigne jamais. »

Le dragon rouge leva sa tête en direction des yeux étoilés.

« Va, envoles-toi, vis ton existence sans te préoccuper du jour où tu te devras de t’acquitter de ta dette. Car on ne sait pas quand il arrivera. Demain ? Dans un an ? Dans un siècle ? Un millénaire ? Nul ne peut le dire. »

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- Reine de la nuit -


Leur relation était limpide, elle coulait de source. Verith offrait la liberté d'être à Aïasil, et Aïasil était liée à lui par un serment, elle partageait sa cause mais elle découvrirait comment la servir d'elle même. La petite obsidienne, comme on l'avait appelée auparavant, était devenue un grand spectre qui arpenterait le monde en quête de lui même, de vérité et de pureté. La dragonne observa avec attention son mentor. Elle n'y trouva rien à redire sinon que sa situation lui convenait, elle avancerait avec aussi lourd son passé puisse être. Ainsi, elle pourrait battre de ses propres ailes sans poids logé dans le creux du dos, mais elle savait que, comme il l'en avait averti plus tôt, si elle s'arrêtait, elle disparaîtrait.

Il lui faudrait longtemps pour accepter sa solitude, peut être une éternité, peut être que cela n'arrivera jamais et c'était même probable. Mais elle l'endurerait, et elle partirait à la recherche de nouvelles choses, de découvertes, d'aventures et de passions. Elle porta une patte à son ventre, elle sentait là reposer son repas, mais aussi le corps de sa liée. Sans doutes qu'il se désagrégeait déjà, lui rendait un peu de tout ce qu'il lui avait pris. Cette pensée déchirait la dragonne autant qu'elle la complaisait. Cela n'aurait pas du se passer autrement. Aïasil s'avança vers le bord du précipice, celui qui menait à la mer. Elle était sur le point de sauter quand elle s'adressa une dernière fois au grand rouge.

« Merci, Verith, pour tout ce que tu as fais pour moi, je ne l'oublierai pas. »

Et c'est de cette pensée qu'elle le salua puis laissa la gravité lui donner vitesse et sensations, l'air s'engouffrant dans ses ailes puissance et contrôle. Et elle s'envola, pour la première fois de sa vie, pour une vie qui promettait à la fois mort et solitude, vie et passion, pour la première fois, sans  lumière dans l'obscurité, pour la première fois, entièrement seule, par nécessité mais aussi par choix.

La dragonne noire survivrait et elle déchaînerait les foudres de sa simple existence sur le monde, car elle était seule dans le noir, seule maîtresse de la nuit, et cela en faisait d'elle la reine.

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