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Juin

Ils avaient beau avoir évité les heures les plus chaudes de la journée, les températures restaient élevées. Ayant déjà parcouru au cours de divers voyage l'ancien désert du continent maudit, l'elfe aux oreilles arrondies avait su se bricoler un ersatz de vêtements appropriés à une telle situation. D'amples bouts de tissus s'enroulaient autour de lui, ainsi qu'autour de sa tête. Il n'avait pas survécu à toutes les barrières que le monde avait mis en travers du chemin de sa survie pour se voir terrasser par un malheureux rayon de soleil un peu fort. À son flanc pendait une besace. Il avait pris le strict nécessaire... Ou presque. De la boisson, du manger, de quoi prendre des notes et échantillons, de quoi s'orienter, quelques portes-bonheurs, et son psaltérion. De quoi se sentir bien, en somme.

Un peu timidement, il fallait l'admettre, Valmys avait retrouvé Aurore et Seö au point de rencontre convenu, sous un grand arbre au tronc noueux, dont le feuillage était plus large que haut. Son ombre était stratégique, bienfaisante pour tout ce qui vivait aux environs. Il avait veillé à ne pas déranger les tourtereaux, ce qui aurait été pour le moins gênant.
L'Enwr s'était avancé, et avec lui une aura qui ressemblait à de la nervosité que l'on aurait tenté d'apaiser. Son apparence calme était tout à fait artificielle, et il n'y avait pas besoin d'entendre son chant-nom pour le deviner. À Aurore il offrit un salut jovial et simple. Auprès de Seö, il attendit que ce dernier ait parlé en premier, suivit avec application le protocole de salutation elfique. Une habitude, auprès des inconnus, d'autant plus renforcée après tout le bien que sa camarade Enwr avait pu évoquer concernant cet être merveilleux qu'il rencontrait. Le rang d'un baptistrel par rapport à un autre elfe était toujours compliqué à définir mais, dans le doute, et n'étant qu'apprenti, Valmys se référait au prestige qu'il imaginait à cet être.
Il offrit son nom, et précisa qu'Aurore avait beaucoup parlé de lui. Son fin sourire suffisait à laisser entendre les mots qu'elle avait pu prononcer.

Jadis, rencontrer Aurore lui avait été chose facile. Aurore était une femme, jeune, apprentie du Domaine. Elle n'était pas dangereuse, et ne pouvait pas l'être. Les bipèdes du Domaine inspiraient plus facilement confiance au jeune Enwr encore un peu fragile qu'était Valmys en ces moments. Il commençait tout juste à reprendre ses marques et laisser son coeur s'ouvrir à eux, par l'aide qu'ils avaient apporté, par le soutien qu'apportaient les arts, et la sécurité qu'apportait le serment. Néanmoins, rester cloîtré ici jusqu'à ce que la mort vienne le cueillir n'était pas une option, que cette dernière lui fut promise au millénaire prochain ou à la décennie à venir. Valmys voulait profiter de son existence, et savait que cela impliquait d'affronter à nouveau les potentiels dangers de l'Extérieur, comme il l'avait jadis fait... Mais peut-être avec plus de prudence, cette fois. Pourrait-il seulement s'en empêcher ?

Quand Aurore lui avait proposé de la rejoindre pour cette sortie avec Seö, l'Enwr au psaltérion avait accepté, songeant que cela lui ferait un bon entraînement, tant pour son âme en convalescence que pour l'aventurier en lui. N'avait-il pas été anciennement explorateur, bien qu'amateur ? L'Aigle aurait sans doute quelques éléments à lui enseigner. Des éléments qui permettraient à Valmys de songer à autre chose qu'au potentiel danger qu'il représentait, ou qui pouvait se cacher dans les hautes herbes autour d'eux.
Tout allait bien se passer. Valmys le savait, le devinait, mais ne le ressentait pas encore. Il espérait que, d'ici plusieurs heures, le traitement ait porté ses fruits.

"- Où allons-nous ?"

La nervosité lui donnait envie de bouger, de s'occuper, et ne pas rester à tenir la chandelle ou regarder en humelfe de faïence ses deux compagnons. C'était ce qui transparaissait à travers sa demande: moins l'envie de connaître des coordonnées que celle de partir directement, à la rencontre de ce que ce nouveau monde avait à offrir.
Même si, pour le moment, et d'après les récits, la savane avait surtout des épreuves à leur présenter.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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Seö est revenu me voir beaucoup plus tôt que je ne le pensais, pour mon plus grand bonheur. Alors que je travaillais sur mon instrument, j’ai senti comme une présence dans mon dos, à l’entrée de ma chambre-atelier. J’étais pourtant concentrée comme je l’étais toujours lorsque je sculptais, surtout que je ne voulais surtout pas faire la moindre erreur. Le travail nécessitait une grande précision et une grande concentration. J’ai étudié la technique et regardé quelques maîtres en faire, mais la pratique est toujours plus compliquée.

Malgré ma grande concentration, d’habitude si inébranlable, ce jour-là, j’ai senti quelque chose se mettre dans l’embrasure de la porte. Je travaille toujours la porte ouverte, pour éviter que quelqu’un ne vienne toquer et ne me fasse sursauter au mouvement moment. Les gens d’habitude entre ainsi et se signale doucement, me tirant de mon ouvrage sans brusquerie. Or, pas besoin. Je me suis redressée et retournée avant même qu’il ne passe une jambe dans l’embrasure. Lui pourtant si discret, s’était approcher sans un bruit.

Son visage apparait sous la lumière du couloir et mon visage s’illumine immédiatement. Je me suis jetée dans ses bras en l’en faire tomber par terre s’il n’avait pas cette force qui caractérise sa race. Je l’enlace comme si nous ne nous étions pas vus depuis des années. Je me rends bien compte que si je suis heureuse au domaine, et dans ma vie en voyage, rien n’atteint le bonheur que je ressens lorsque Seö est près de moi. Je redécouvre au combien il me manque, et combien est-ce que je pense à lui tout le temps. Je me mets sur la pointe des pieds et l’embrasse passionnément, avant de redescendre et me nicher contre sa poitrine. Elles sont rares, les personnes qui m’oblige à lever les yeux pour que je les regarde, mais j’aime la position supérieure que la taille de Seö lui donne. C’est beaucoup plus agréable quand il m’enlace de ses bras. Le revoir est un pur bonheur.

Pendant quelques jours, je lui ai fait découvrir le domaine, et un peu la région, toujours en restant proche, pour revenir la nuit tombée, bien qu’il nous soit arrivé parfois de dormir à la belle étoile, dans la douceur d’une nuit de fin de printemps, nos corps enlacés dans un amour profond. Mes cheveux longs ne sont plus une gêne depuis que je les ai raccourcis. Je ne fais plus princesse de conte, mais c’est plus facile ainsi pour courir, pour les entretenir, pour les coiffer. Et puis, ça tient moins chaud bien que ce ne soit pas la chose la plus importante qui soit. Seö les préférait plus longs, ce n’est pas bien grave, je les laisserai repousser.

Puis j’ai présenté Valmys à Seö puis ai invité l’elfe aux oreilles rondes à se joindre à nous por une balade. Enfin plutôt pour une mission amusante. Nous avions convenu d’un rendez-vous auprès d’un arbre dominant une prairie. Valmys nous y aurait rejoins en milieu d’après-midi, la région n’étant pas propice aux l’exploration en plein jour dans les zones dégagées. L’arbre serait un endroit parfait et nous gardera dans une fraîcheur relative, mon amant et moi.

Nous avons passé une partie de la matinée à préparer de quoi manger pour nous deux le midi mais aussi pour des collations pour l’arpès-mide et le soir. La force de Seö m’émerveille toujours. Lui qui est si doux, si tendre, dont le regard n’affiche que de la bienfaisance pouvait déployer des artifices de forces incroyables. Alors que j’ai du mal à soulever un des paquets, l’elfe qui m’a ravi le cœur le soulève sans difficulté, ce paquet et trois autres, avant de me soulever comme si je ne pesais rien. Parfois je me demande si tout ceci est réel. Si un jour, u horrible jour, viendra où le contact de sa peau contre ma peau ne me réchauffera plus, ou quand quelqu’un nous surprendra dans les bras l’un de l’autre, nous ne rougirons plus. J’espère que ça n’arrivera jamais.

Nous nous sommes allongés sous l’arbre après avoir mangé. Ma tête repose sur son torse, nos corps perpendiculaires et nous regardons le ciel en discutant de tout et de rien. Sur une question basique, le fourbe me fait une blague. La vie au domaine fait vite perdre l’habitude du second degré, de l’ironie et du mensonge en générale. Je me redresse en le regardant ; vexée mais je me calme en le voyant me sourire. Je le pousse sur le côté pour qu’il roule dans la pente de la colline. Il se laisse faire, je le sais, mais c’est plus drôle ainsi. Il me saisit et nous roulons en bas de la colline ensemble, nous nous chamaillons, vite rejoins par le renard. Il n’est jamais loin celui-là et arrive toujours au moment du jeu.

Nous nous réinstallons pour finir d’attendre Valmys. Je le vois approcher bien après que Seö l’ai vu. C’est un être incroyable. Je l’embrasse une dernière fois avant de courir vers Valmys en bas de la pente. Je suis heureuse de pouvoir partager ce moment avec lui. Il m’avait paru tellement réservé que je craignais qu’il ne refuse. Je l’aime bien cet elfe aux oreilles rondes. Il a tout de même l’air mal à l’aise, nerveux. Je lui sourit de toutes mes dents.

Nous irons où le vent nous mène ! lui répondis-je en tournant sur moi-même. Je ne porte pas de robe aujourd’hui, l’effet et moins fort qu’escompté. On ne fait pas voelter un pantalon en toile marron ni un chemisier bleu aussi bien qu’une robe. Depuis le retour de Seö, je me sens comme euphorique, toujours heureuse à l’excès, cela me plait. Et le vent nous mène… par là ! Plus sérieusement, il y a un troupeau de chevaux sauvages par là. Et je crois que ma jument les a rejoints. Je fais une petite moue pensive. J’aimerai en avoir le cœur net, et voir si elle ne veut pas revenir au domaine avec moi. Je l’aime beaucoup, c’est un cadeau d’Aramis, mais si elle est mieux là, autant qu’elle y reste. Qu’en pensez-vous ? Si pas d’objection, alors en route.

Trop pleine d’énergie, je me mets en route en regardant derrière moi, les deux elfes qui vont m’accompagner. Mauvaise idée. Je pose le pied dans un trou et dévale la pente en un rouler bouler infernale. Je m’arrête en bas de la pente, les bras en croix. J’éclate de rire. Et Me redresse. [color=#0099FF]Alors vous venez ou vous attendez que je vous prenne par la main. (/color]

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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Si les évènements avaient été plus que doux lorsque j’avais voyagé en compagnie d’Aurore, les choses s’étaient nettement précipitées juste après que j’ai laissé mon amante au domaine baptistral. Si j’avais, au début, simplement suivi les conseils du capitaine et de la baptistrelle et rejoint les aigles, je n’aurais jamais pu imaginer que les évènements qui s’étaient déroulés immédiatement après mon enrôlement me propulseraient à la tête de la compagnie, directement supervisé par un homme avec qui ma première rencontre, sur Ambarhùna, n’avait pas été de tout repos. Au-delà de tout ça, toutes ces nouvelles responsabilités allaient m’obliger à m’absenter surement plus longtemps que je ne l’avais prévu et, puisque je n’étais pas loin du domaine, je voulais profiter de cette proximité pour annoncer la nouvelle à mon amante.

Si j’avais essayé de lui faire la surprise de ma venue, il fallait avouer que ça n’avait été que partiellement une réussite. Je revenais plus tôt que prévu, constatant à quel point la jeune humaine m’avait manqué, mais, comme une évidence, elle s’en était rendu compte avant même que je ne franchisse la porte de sa chambre, se jetant dans mes bras comme lorsque nous nous étions pour la première fois retrouvés sur l’archipel. Avant même d’échanger la moindre parole, nous nous embrassâmes passionnément, profitant du bonheur tumultueux qui envahissait nos cœurs.

Les jours qui suivirent retrouvèrent la simplicité et la tranquillité que nous avions connu durant notre voyage. Je découvris le domaine par les yeux d’Aurore, et nos journées s’écoulaient comme si nous n’avions jamais été séparés. Nous ne nous séparions pas une seconde, nos âmes trop heureuses d’à nouveau s’étreindre, oubliant que nos retrouvailles ne seraient surement que temporaires. Nous restions dehors tard et, quelques fois, nous ne rentrions pas, nous contentant simplement de la nuit étoilée pour simple couverture, nos deux êtres chantant à l’unisson dans une douce harmonie. Nous nous réveillions généralement au petit matin, lorsque la chaleur de notre peau ne suffisait plus à réchauffer nos âmes, pour ensuite prendre, étreint par une douce et comblée léthargie, le chemin du domaine.

Un jour, Aurore eut une idée qui ne me dérangeait pas outre mesure. Elle souhaitait me présenter quelqu’un, un ami qu’elle s’était fait au domaine, au travers d’une petite excursion amicale. Elle savait parfaitement comment éveiller mon esprit aventurier, et j’acceptais sans tarder, curieux de rencontrer cet elfe aux oreilles rondes dont elle m’avait parlé. Nous préparâmes donc, dans une bonne humeur contagieuse, des provisions pour la journée. Si ledit Valmys arriverait simplement en début d’après-midi, nous avions nous choisi de profiter d’un déjeuner en plein air, comme souvent ces derniers jours. Une fois prêts, nous prîmes la route indiquée par la baptistrelle pour une balade simple et amoureuse bien que, pour l’occasion, je me sois muni de mon équipement au complet.

Je ne le faisais que rarement au domaine, et particulièrement en la compagnie d’Aurore. Les armes n’avaient pas leur place aux côtés de la douceur de mon amante, et je n’appréciais pas tant les porter pour la forcer à les subir. Pourtant, aujourd’hui, j’avais fait une exception à la règle, certain que la baptistrelle comprendrait. La raison était double. La première était que nous allions nous aventurer un peu plus loin qu’à l’accoutumée, et j’étais bien placé pour connaitre les dangers qui entouraient Nétheril. La deuxième était que, par la chaleur qu’il faisait, être équipé du Sticharion me soulageait particulièrement. Ce dernier adaptait la chaleur corporelle de son utilisateur à toutes les variations de température, et il était un vrai soulagement d’en être muni en ces jours de forte chaleur.

Mais pour l’heure, il n’y avait pas à s’inquiéter le moins du monde. Aussi, pour mieux profiter de la fin de matinée et du repas avec Aurore, à l’ombre d’un arbre, je défis, aidé par mon amante, la partie supérieure de mon armure pour davantage de confort. Après avoir mangé, nous passâmes alors quelques moments d’une tranquillité apaisante, alors que, la tête posée sur mon torse, la baptistrelle me posait des questions sur à la fois tout et rien, auxquelles je répondais parfois, non sans une once de taquinerie dans la voix. Ces plaisanteries me valurent une bousculade, puis une dégringolade de la colline sur laquelle nous étions installés de la part de mon amante, que j’avais toutefois réussi à attraper juste avant ma chute. Il n’y avait décidément qu’en sa compagnie que je parvenais à retrouver tant d’insouciance, un bonheur simple, non modéré, qui me manquait à chaque instant lorsque j’étais loin de la femme que j’aimais. Le renard se joignit rapidement à notre jeu, jappant gaiement. J’étais heureux qu’il ait choisi de rester avec la baptistrelle.

Mes oreilles frémirent alors que nous nous réinstallions près de l’arbre. Quelqu’un approchait, sans doute l’elfe dont m’avait tant parlé Aurore. Quelques instants plus tard, la baptistrelle le remarqua et s’élança vers lui, alors que j’attendais patiemment sous l’arbre, en profitant pour rééquiper mon Sticharion et mon épaisse armure de cuir blanc. Une fois sur d’être bien équipé, j’allais à la rencontre du nouveau venu, réhaussant mon fourreau dorsal, et vérifiant par la même occasion qu’Ahavarion, Fenris et Gel y étaient bien accrochés.

L’elfe était plus petit qu’Aurore, et donc bien plus petit que moi. Il paraissait un peu nerveux, ce qui pouvait surement s’apparenter à de la timidité. Son salut elfique, comme s’il s’adressait à quelqu’un d’un rang social plus élevé que lui, me prit de court, et fini par me faire éclater de rire, alors que je dissipais tout malentendu, lui répondant sur un ton plus cordial, les joues légèrement rosies par la remarque concernant le portrait qu’Aurore avait du dépeindre de moi.

« Et bien… Je ne m’attendais pas à un salut elfique comme celui-ci, je dois bien l’avouer. Je te rassure tout de suite, Valmys, je suis plus habitué aux coutumes humaines qu’elfique, aussi, ne te donne pas une peine aussi grande pour me saluer. Surtout que, logiquement, les amis d’Aurore sont mes amis. » Lui lançais-je, un sourire à demi-masqué par l’épais col de ma brigantine. Je lui tendais alors la main pour une poignée fraternelle, puis je reportais mon attention sur la joie presque enfantine de mon amante, qui paraissait au comble du bonheur à l’idée de notre excursion.

L’idée d’observer des chevaux sauvages, et de rencontrer la jument d’Aurore me séduisait particulièrement. Voir les immenses troupeaux courir dans la plaine devait être un spectacle rare et particulièrement époustouflant. Je fis alors signe à Valmys de me précéder mais, avant que nous n’ayons pu commencer à avancer, je vis la baptistrelle trop enthousiaste plonger vers l’avant et rouler en bas de la colline. Je m’avançais alors prestement, glissant souplement jusqu’en bas moi aussi, afin de m’assurer que tout allait bien.

Mais la mine réjouie et hilare de la jeune femme m’ôta rapidement toute inquiétude, et son sourire contagieux me gagna, alors que je levais faussement les yeux au ciel, amusé, avant de l’aider à se relever. Je lui répondais alors sur le même ton qu’elle avait employé.

« En tout cas, à cette allure, on ne risque pas d’aller bien loin ! » Lui lançais-je pour la taquiner, faisant alors de grand signe à Valmys pour qu’il nous rejoigne.

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"- Oh...?"

Valmys avait clairement paru surpris qu'un elfe préférât les coutumes humaines. C'était chose rare, et ceux dont il avait pu ouïr l'existence avaient toujours avec eux une histoire bien particulière, parfois douloureuse. Les événements récents avaient, bien sûr, poussé les elfes à connaître les protocoles humains, et inversement. Mais sitôt les divisions revenues, chacun avait retrouvé ses façons de faire. Les elfes n'étaient pas réputés pour leur progressisme, ni leur ouverture d'esprit. Si Valmys n'allait pas demander des précisions à Seö sur ses aventures humaines, il n'aurait pu prétendre ne pas voir sa curiosité bousculé par cette simple entrée en matière. L'élue du coeur d'Aurore avait une histoire à raconter. Quel étatit le lien entre cette histoire et le rayon de soleil qui les accompagnait ?
Il lui serra la main, souriant malgré son trouble. Pour lui, entre l'elfe et l'humain, il n'y avait pas de bon camp, de bonne façon de faire, si ce n'était celle qui seyait à l'interlocuteur, et ne l'offensait pas.

Aurore élit leur direction, Valmys ne put que l'approuver. Si Seö n'appréciait pas la présence de créatures non-bipèdes, alors il était le seul. Ce que l'elfe aux oreilles arrondies croyait connaître de leur commune amie était bien dans la bonté des liens qu'elle tissait avec ces amis particuliers, et dans l'amour qu'elle portait à cesdits liens. Il espérait lui ressembler en ce point. Il espérait aussi qu'il viendrait à lui ressembler sur d'autres points. Comme elle, il voulait être capable de rendre le jour plus lumineux par sa seule présence, et réchauffer les coeurs avec un seul sourire. Le chemin de cet apprentissage était long, surtout pour celui dont on avait éteint la lumière. Mais si Valmys avait hérité de l'humanité, il fallait que ce soit par la capacité d'apprentissage et d'adaptation. Il comptait là-dessus pour survivre, désormais.

A peine avait-il approuvé d'un mouvement du chef qu'Aurore partait sur ce qui allait être leur chemin. Néanmoins, son mouvement ne fut pas celui prévu. Ehm. N'était-elle pas un peu trop proche du sol, là ? Valmys poussa un petit cri de surprise et de crainte, oubliant totalement la nécessité sociale de paraître viril. Il banda sa magie, s'approcha pour voir la configuration de la pente, pour voir où en était Aurore. Il voulut amortir sa chute, mais n'eut pas l'idée du sort adéquat. Choqué, Valmys resta planté là, tandis que Seö avait la présence d'esprit de se rendre aux côtés d'Aurore. Elle avait beau en rire, en sourire, cela ne suffisait pas à apaiser totalement son camarade au psaltérion. Si cela avait été plus grave, il n'aurait pas réagi à temps...

Seö eut un geste pour l'inciter à venir. Valmys voulut obéir, les rejoindre sans plus attendre. Alors il comprit ce qui avait brisé l'équilibre d'Aurore. Ce sol n'était vraiment pas certain ! L'humelfe battit des bras comme un oiseau l'espace de quelques instants, mais cela ne suffit pas à lui rendre son équilibre. Il roula, boula, de façon d'autant plus spéciale qu'il avait tout juste la présence d'esprit de protéger son précieux instrument, quitte à se faire sérieusement mal. Tout juste sentit-il qu'il bousculait des jambes, lorsque sa descente s'acheva, son menton enfoui dans les herbes. Lorsqu'il réalisa qu'il était immobile, et après un moment à s'auto-congratuler mentalement pour avoir gardé son instrument intact, il fit mentalement un lien assez intéressant: il avait potentiellement fait mal à quelqu'un.

"- Pardon, pardon !" s'empressa-t-il de dire, avec une panique qui suffisait à prouver que ses excuses venaient du coeur. "Je ne voulais pas... Tout le monde va bien ?" Il s'en assura. Ceci fait, il put enfin pousser un soupir, soulagé, et laisser l'angoisse retomber. Assis sur le sol, totalement décoiffé et essoufflé, il pouffa néanmoins de rire. "Seö... Je suis désolé, mais... Je pense qu'il vaudrait mieux que vous passiez devant, et que nous marchions dans vos pas !" Pour des raisons qui étaient désormais évidentes. Valmys était censé être également un marcheur, un humelfe d'extérieur. Mais là... Il avait trop à penser pour vraiment se montrer alerte et concentré.

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Au finale, qu’importe la destination, tant qu’on a le voyage. Si ça te tente, nous pouvons y aller en roulant. Je réponds à mon amant avec un grand sourire. Ca arrive à tout le monde de tomber. Bon, je dois avouer avoir eu de la chance, car notre randonnée aurait pu être fortement raccourci si je m’étais cassée quelque chose. Me soigner n’aurait pas été compliqué, juste très épuisant. Partir à la chasse aux chevaux juste après n’aurait pas été très raisonnable. Toutefois, je suis saine et sauve. Je me relève donc avec énergie et attends Valmys nous rejoigne.

Mon cœur rata un battement lorsque je le vois à son tour dévaler la pente en boule, roulé autour de son instrument. Je pose mes mains devant ma bouche en retenant un cri. L’humelfe est arrêté par les jambe de Seö. Je pousse d’abord un soupir de soulagement en voyant qu’il n’a rien. Son premier réflexe étant de s’excuse platement, c’est ce que j’imagine. S’il est blessé ce n’est rien de grave, sinon, une grimace de douleur aurait accompagné ses excuses plutôt que cet expression de panique, comme si Seö allait le découper en morceau. Ceci me fait éclater de rire. Un éclat de rire qu’il imita et qu’il accompagne d’une boutade.

Je suis contente que mon ami n’est pas l’air intimidé par mon amant. Il a l’air tellement réservé par moment, que je craignais qu’il ne se referme comme une huitre devant l’attirail guerrier de Seö. Je dois avouer que la première fois que nous nous sommes rencontrés, j’ai moi-même été prise de panique en voyant sa silhouette toute de noir vêtue. Toutefois, maintenant qu’il portait la même chose mais en couleur clair, il était plus comme ces chevaliers de contes venant sauver la belle princesse d’un méchant roi. Notre histoire a été comme ça aussi. Il m’a sauvé des griffes de cette Cendre. Mais les contes s’arrêtent généralement là. Avec nous, le beau prince a sauvé la princesse, plusieurs fois certes, mais la princesse lui a fait la pareil en le soignant après qu’il ait fait n’importe quoi pour la garder en vie. Peut-être qu’un jour ce sera à mon tour de le sauver d’un danger imminent. Et peut-être même qu’il me soignera juste après. L’idée est assez drôle, car si je le vois bien me soigner, je ne me vois pas du tout combattre.

Je pense en effet que ce serait moins dangereux pour nous, mais où sera l’aventure dans ce cas. Messieurs, en avant et puissions nous triompher des terribles trous que sèmera le monde sur notre chemin. Je pars d’un bon pas dans la disrection que j’ai choisi, pas vraiment par hasard. Il est cessé y avoir un pâturage pas trop loin, d’où l’on pourra voir les troupeaux sauvages. J’espère juste trouver celui dans lequel ma jument a décidé de s’établir. Pas que j’ai ce besoin de propriété que beaucoup d’humain ont envers leurs animaux de compagnie, mais j’aime beaucoup cette jument, qui m’a transporté et m’a fait gagner une course, un lien s’est créé. Pas un lien aussi fort qu’avec le renard mais tout de même. D’ailleurs, je me demande où peut bien être mon ami roux. Lui qui est toujours de nos sorties. Serait-il gêné par la présence de Valmys ? Je ne sais pas, mais ce ne serait pas surprenant. Malgré le fait qu’il n’ait pas peur de l’humelfe, le goupil n’est pas serein en sa présence et ne tolère que la présence de Seö et la mienne. Je me sens privilégiée par cette marque d’affection de l’animal sauvage.

Nous marchons d’un bon pas en devisant de tout et de rien. Je laisse le charme de mon amant se faire sur Valmys. Mon euphorie du début est quelque peu passée, ce qui me permet de marcher en tenant la main de Seö, un sourire ravi sur les lèvres. Sa visite impromptue me rend plus qu’heureuse, surtout qu’elle a un goût de surprise et semble vouloir s’éterniser. Je ne sais pas si c’est normal de se sentir si bien en présence, mais qu’importe. Il est la source d’une grande partie de mon bonheur et si je prends le temps d’y réfléchir, ça devrait m’inquiéter. Mais je n’y réfléchis pas, préférant savourer sa présence et ses bienfaits.

Nous arrivons finalement en vue de la zone où paissent les équidés, et il y a bien en troupeau qui s’y trouve. Je regarde les chevaux, une main en visière pour ne pas être trop éblouie par le soleil. Elle est là-bas. Regardez ! Elle semble bien ici. Est-ce vraiment nécessaire de s’approcher plus ? On risque d’inquiéter les chevaux plus qu’autre chose non ? Nous étions assez loin du troupeau, si bien qu’il ne se méfiait pas de nous. Je me mets à regretter mon absence de connaissances sur les mœurs de ses animaux. Je ne me suis jamais vraiment interrogée sur la vie en liberté des chevaux et je n’y connais donc pas grand-chose. Je regarde donc mes compagnons en quête de conseils.

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La réponse d’Aurore me fit éclater de rire. Elle n’avait pas changé le moins du monde en mon absence, et c’était pour le mieux. Je n’en étais pas surpris, car je doutais que le domaine soit un endroit où les Cawr fassent pression sur les Ewr, mais j’étais simplement heureux de retrouver mon amante et de partager à nouveau notre complicité. La baptistrelle rayonnait, comme à son habitude, et sa bonne humeur ne semblait pouvoir être ternie par une quelconque embuche. Je m’apprête alors à lui lancer ma répartie, lorsque je vois l’elfe qui tente de nous rejoindre brusquement perdre l’équilibre, tout comme sa consœur avant lui. Déconcentré, je n’eu nul temps de le rattraper, puisqu’il roulait de toute façon dans ma direction. Il percuta alors mes jambes, sans arriver à me désarçonner toutefois, mais je fus rapidement soulagé par sa réaction, alors que je m’inquiétais davantage pour sa santé que pour la mienne. Je lui répondais alors avec un sourire amusé.

« Tout va bien, ne t’en fais pas. Visiblement, j’ai dû rater une tradition baptistrale, je ne savais pas que les Ewr devaient dévaler les pentes en roulant plutôt qu’en marchant. J’espère n’avoir froissé personne en ne l’ayant pas fait moi-même. » Lançais-je, accompagnant mes mots d’un clin d’œil en direction de mon amante et de mon nouvel ami.

Visiblement, la journée était propice aux plaisanteries, puisque ce fût au tour de Valmys de s’y mettre. Sa remarque me fit éclater de rire, et un léger poids sembla s’envoler de ma poitrine. C’était surement inconscient, mais, quelque part, je savais que mon apparence plus austère pouvait amener les gens à avoir des à prioris sur ce que je pouvais bien être. Non pas qu’ils m’importaient en général, mais il s’agissait aujourd’hui d’un ami d’Aurore, et donc, par conséquent, je ne voulais pas le perturber avec mon apparence « va-t’en guerre » que j’avais choisi de conserver pour cette journée. Le but n’était pas de l’inquiéter, c’était même tout l’inverse, et j’étais soulagé de voir que cet aspect n’avait pas construit de barrière entre lui et moi. Dans tous les cas, ce fut Aurore qui reprit alors la parole, visiblement pressée de continuer notre petit périple. La journée était déjà bien avancée, et rien de mauvais ne semblait pouvoir nous arriver. Nous continuâmes alors notre route, dans une direction choisie par mon amante. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait avoir en tête, mais je me doutais que nous ne nous rendions pas dans une direction hasardeuse. La baptistrelle paraissait savoir où elle nous emmenait, et je lui faisais pleinement confiance à ce sujet, savourant simplement sa douce compagnie et celle de Valmys. Il était d’ailleurs ironique de penser qu’il était sans doute l’elfe avec qui je passais le plus de temps depuis bien des années, surtout dans un contexte aussi insouciant qu’était celui de notre journée. La discussions de notre marche sont de la même nature que cette dernière, simples, sans arrières pensées, et naturelles, même si j’évite sciemment les questions trop personnel à l’encontre de Valmys, ne souhaitant pas ternir le moment que nous vivions.

Nous arrivâmes rapidement en vue d’un troupeau, que nous nous contentâmes alors d’observer de loin. Je devais bien avouer ne pas être un fin connaisseur en la matière, n’ayant jamais témoigné du moindre talent pour la monte à cheval. C’était même tout l’inverse. Chevaucher me rendait nerveux et j’avais l’impression que ma monture le ressentait. C’était sans doute parce que je n’avais jamais pris le temps d’apprendre l’équitation, où que je n’avais jamais rencontré de montures avec lesquelles j’étais à l’aise mais, dans tous les cas, j’étais bien incapable de répondre aux questions de mon amante.

« Alors, j’espère que t’y connais mieux que moi Valmys parce que je dois bien avouer n’avoir aucune notions en matière de chevaux. Non pas que je ne les aime pas, mais ce n’est pas mon domaine de prédilection dirons-nous. » Lançais-je sur un ton amusé, continuant d’observer les chevaux qui étaient tranquillement posés un peu plus loin.

Il fallait bien avouer que voir ainsi un troupeau à l’état sauvage était un panorama splendide et unique. Ils étaient bien loin des chevaux de batailles que j’avais l’habitude de rencontrer au sein de la Caste. L’ensemble était plus harmonieux et doux à la fois, et je me trouvais une presque fascination dans leur observation, tenant toujours la main d’Aurore dans la mienne. Soudain, un cheval leva brusquement la tête, imité rapidement par d’autres de ses congénères. Je me tournais vers Aurore et Valmys avec un air interrogateur.

« Hum… C’est normal comme réaction ? Est-ce que ça veut dire qu’ils nous ont vu ? » Demandais-je, curieux, sans la moindre trace d’inquiétude dans la voix.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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Seö avait ri avec eux, avait fait passer sa gêne en inventant une tradition baptistrale. Mieux valait entendre cela. Valmys avait craint de l'avoir blessé et, pire, l'avoir froissé, en manquant de molester Aurore. Tout allait bien, alors...
À moins qu'une aventurièr ene décidât que ce monde ne recelait pas assez de danger. Habitué à un minimum de prudence, Valmys vit son regard s'arrondir, pendant qu'Aurore partait d'un bon pas dans une direction à l'allure arbitraire. Etait-ce cela, son secret ? Se jeter dans le monde comme pour une franche étreinte, et compter sur ce dernier pour veiller sur elle ? Cela avait l'air de fonctionner, puisqu'elle était encore vivante. Pour celui qui avait été blessé alors même que les précautions auraient voulu que cela n'arrivât pas, c'était fascinant, et incroyable. Aurore aurait pu être en train de chevaucher une chèvre géante à tentacules sans qu'il l'observât autrement. Ledit regard passa vers Seö, à la recherche de soutien, d'une explication, ou de quelqu'un pour veiller sur Aurore. Seö semblait confiant. L'exploration étant son métier, Valmys avait cru que lui aussi serait à l'affût des dangers...

La confiance rêgnait aux côtés de la légèreté. C'était un cadeau et une occasion rare que lui offraient ses deux compagnons, mais Valmys peinait à les rejoindre totalement. Il fit néanmoins de son mieux pour passer outre ses appréhensions anciennes, usant de Seö comme d'une vanne par laquelle faire passer ses doutes: il comptait sur l'elfe pour les envoyer au loin. Il lui exprima ses craintes -qu'il arrivât quoi que ce soit à Aurore- et sa fascination, chercha à s'apaiser en lui demandant de raconter, de son point de vue, sa rencontre avec Aurore, puis cherchant à le faire s'exprimer au sujet de son "travail" actuel: qu'avait-il découvert sur ce continent ? De quoi avait-il l'air ? Qu'y trouvait-on ? Si les baptistrels ne manquaient pas de ressources et textes sur l'ancien continent, l'archipel restait encore un mystère, et ils avaient beaucoup à y découvrir. La documentation et les écrits manquaient cruellement.

La présence de Seö et d'Aurore fit son office, après un moment à leurs côtés. Ils n'avaient pas été attaqués, et batifoler aussi innocemment qu'Aurore devenait tentant. Après tout... Ils étaient trois. Chacun avec ses spécialités. Si danger il y avait, ils sauraient fatalement y faire face, d'une façon ou d'une autre. La confiance qui émanait de Seö complétait celle qu'il manquait à Valmys. Ce fut plus détendu qu'il arriva en vue des chevaux. Son esprit, fatigué de tant s'inquiéter, commençait également à se reposer, et il arrivait que sa concentration partît plutôt vers un champignon, un joli caillou, ou le feuillage des arbres. Pouvoir se reposer cinq minutes n'allait pas lui faire de mal. Il décocha la gourde à sa ceinture pour réhydrater sa gorge douloureuse.
Les chevaux étaient assez loin pour qu'ils n'aient à craindre de les effrayer, assez proches pour qu'ils soient en vue des quadrupèdes. C'était assez plaisant de les voir enfin dans les grands espaces qui étaient les leurs, libres de harnais et d'obligations, libres de parcourir la distance qu'ils souhaitaient dans leur journée, de manger autant qu'ils le voulaient. L'herbe de la savane n'était sans doute pas la meilleure, mais au moins elle les occupait comme une prairie aurait dû les occuper. Valmys admirait ce retour à l'état sauvage avec un petit sourire entre ravissement et tendresse. Les chevaux étaient de magnifiques créatures.
L'Enwr offrit un sourire à Seö, amusé de son aveu. Il n'aurait pas pensé cela de lui... Pour sa défense, Aurore vantait tant ses mérites qu'il était difficile de lui imaginer des lacunes ou des défauts. Valmys s'imagina que Seö devait davantage avoir l'habitude des animaux plus hostiles aux bipèdes.

[color=#bc8f5e]"- Je ne suis pas un expert non plus... Mais je crois que nous faisons mieux de rester ici. Nous approcher serait prendre le risque de les faire fuir..."

Et ils n'avaient pas de raison de vouloir les faire galoper en vain. Ils avaient sans doute assez d'énergie à dépenser pour s'habituer au nouveau climat. Ils étaient assez beaux pour que leur seule vision suffisse à les ravir. Ils eurent tout le temps de s'amuser de chevaux s'échangeant des mordillements d'affection -ce qui était compliqué à observer dans des écuries-, de découvrir les différents rôles de chaque chevaux, la hiérarchie spécifique qu'ils avaient. Valmys pointa du doigt deux chevaux: le guide, et le dominant. Les deux rôles n'étaient pas forcément liés, chez les chevaux sauvages. Et il s'apprêtait à expliquer cela lorsque, d'une embardée, toutes les belles créatures s'enfuirent. Le coeur de Valmys battit plus fort dans sa poitrine, comme martelé par les sabots effrayés.

"- Cela me parait peu probable. Il aurait fallu que nous agissions de façon plus menaçante..."

D'autant plus que certaines -pour ne pas dire toutes- ces bêtes avaient connu les bipèdes, et les considéraient davantage comme une gène qu'une menace. Ils ne valaient pas la fuite soudaine et apeurée qu'ils avaient pu constater.

"- ...Le plus étrange étant qu'ils aient regardé dans notre direction. J'aurais cru qu'avec la configuration, ils ne pourraient pas nous voir..."

LEnwr au psaltérion fronça les sourcils, une mine apparemment soucieuse sur le visage. Tout à ses calculs et hypothèses, il ne vit qu'au dernier instant l'ombre immense qui vint les recouvrir. Il songea d'abord à un nuage. Mais l'ombre était bien trop précise. Et elle avait une paire d'oreilles. Réalisant ce fait, Valmys se figea totalement, sans respirer, comme s'il pouvait même empêcher son coeur de battre... Et la créature de les remarquer. Presque sans bouger la tête, il jeta un coup d'oeil à ses compagnons. Malgré son teint mât, il avait perdu des couleurs, et ses traits étaient figés par la crainte et l'activation de son instinct de survie.

"- ...Faites diversion."

Leur murmura-t-il, priant pour qu'il ne soit pas déjà trop tard. Face à un smilodon, courir était une idée stupide. Ils auraient dû être plus prudents... Ou l'être moins. Peut-être que la stratégie d'Aurore ne marchait que si le coeur y était totalement, et que Valmys n'y avait pas cru assez. Les pas se rapprochaient, lents, presque silencieux. Visiblement la créature avait tout de même cru pouvoir arriver discrètement. Restait à espérer que les grands félins n'aient pas la même psychologie que les chats, leur même amour pour la torture des proies.
Le coeur de Valmys battait à tout rompre. Immobile, seules ses lèvres bougeaient, murmurant à toute allure un chant elfique destiné à endormir leur prédateur. Il fallait que sa magie s'active, et vite !

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Les chevaux nous regardent avec méfiance. C’est l’impression que ça donne car tous regardent dans notre direction. Pourtant nous sommes encore assez loin, pas assez proche pour les inquiéter. Et nous ne sommes pas effrayant. Seö peut-être un peu mais pour des animaux sauvages, je ne pense pas que mon amant paraisse au final bien différent du nous. Et Valmys avait bien raison, la configuration aurait permis à quelques-uns des équités de nous apercevoir, mais pas à tous. C’est comme s’ils étaient liés télépathiquement. C’est très étrange.

Une ombre passe dans notre dos et puis au-dessus. Je ne sais pas comment, mais la créature ne nous avait pas aperçu avant d’atterrir devant nous. Un smilodon, tout de dents et de griffes nous regarde maintenant et ce qu’il imagine n’est pas difficile à deviner. Nous sommes des gros steaks bien juteux et plus facile à attraper que les chevaux. En tout cas, il est gros, trop gros. Mon estomac se sert en voyant l’animal nous fixer. Nous n’avons aucune chance face à une telle créature. Même Seö prendrait de gros risques en l’affrontant et je ne veux pas qu’il se mette en danger pour me protéger. Il y a forcément une solution alternative.

Alors que mes yeux s’agrandissent de terreur et que mon cœur se met à palpiter. J’attrape le poignet de Seö s’en m’en rendre compte, cherchant à serrer sa main pour me rassurer sûrement. C’est une réaction absurde car ça risque de le gêner. Mais j’ai besoin de le savoir physiquement près de moi. Si ça présence me calme, elle ne me rassure pas pour autant. Nous avons vécu des évènements assez marquants ensemble, et si nous nous en sommes toujours sortis, c’était rarement indemnes. J’ai peur autant pour lui que pour moi. Toutefois, nous sommes ensemble et c’est cela qui me calme. Rien ne pourra jamais nous séparer.

La peur au ventre et dans le cœur, mon esprit fonctionne à plein régime et calmement. Je transpire de terreur alors que mon cerveau respire la sérénité. Comment repousser cette bête sans trop de dégâts ? Comment l’éloigner de nous et du troupeau ? Je libère la magie contenue dans mon bracelet, lais comme je m’y attendais, cela ne calme pas la créature affamée. Est-ce parce cela ne fonctionne que sur les humains ou est-ce parce que malgré la gentillesse, la nécessité fait tout de même force de loi ? Faites diversion a dit Valmys. Plus facile à dire qu’à faire. Ce n’est pas comme si on pouvait espérer attirer son attention au loin en agitant des foulards de couleurs ou des lanternes. Attend, mais si. Je peux le faire ça. C’est d’ailleurs la première chose qu’Aramis m’a appris à faire. Je vais devoir faire apparaitre des lumières rapidement. Je lève le point en canalisant l’énergie magique puis l’abaisse en l’ouvrant vers le smilodon. Cinq lumières clignotantes apparaissent et se mettent à tourner autour du prédateur. A côté de moi, Valmys commence à psalmodier. Voilà pourquoi il voulait une diversion. Je reconnais vaguement un sort de sommeil.

Le fauve essaye au début de chasser les sphères de lumière à coups de griffes. Ma diversion se passe sans accroc. Jusqu’à ce qu’il décide de bondir dessus. Je vois chacun de ses muscles se contracter comme au ralenti et son corps être propulsé. Le problème est que la lumière qu’il vise se trouve dans la direction de Valmys. L’animal va traverser la lumière et atterrir sur l’humelfe s’il ne réagit pas. Mais concentrer sur son sort et peut-être tétaniser par la peur, il risque de ne pas bouger. Je dois faire quelque chose.

Alors que je suis ce chemin de pensée, mon corps a déjà réagi. Par réflexe, il s’est jeté sur mon frère ewr, le bousculant et le faisant tomber. Je me retrouve donc, planqua mon ami, à terre, tandis que l’immense créature nous passe à côté. Mon dos s’enflamme et je pousse un hurlement de douleur. Une chaleur intense accompagne cette douleur, comme si mon corps s’enflammait brutalement. En touche le sol, je sens un liquide chaud coulait à travers ma robe et vers mon ventre. Je respire bruyamment en serrant les dents pour ne pas continuer à hurler dans les oreilles de Valmys mais chaque respiration est douloureuse. Je distingue petit à petit trois longues sources de douleur et de chaleur et comprends que les griffes du prédateur m’ont lacéré le dos alors que ous plongions avec Valmys. Oh non. Un chemisier neuf. Ce fut l’étrange pensée qui me vont immédiatement après ce constat.

J’essaye de me redresser pour dégager Valmys mais mes bras n’ont pas de force. Ils ne bougent pas. Fermer les yeux ne m’aide pas à contenir la douleur mais au moins ai-je oublié le smilodon un instant. Maintenant, à ma situation s’ajoute la peur car, déconcentrée, je ne peux plus maintenir les sphères de lumières. Ce qui veut dire que nous sommes de nouveaux la cible du prédateur et que seul Seö reste pour faire face au monstre. Il va devoir prendre des risques pour nous protéger et cela m’effraie encore plus.

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J’observais avec sérénité le troupeau de chevaux au loin, à l’horizon. Il se dégageait des quadripèdes une élégance, une grâce et une majesté tranquille, alors que rien ne semblait pouvoir les atteindre. Pourtant, ce n’était qu’une illusion, car les dangers de la savane étaient particulièrement grands, et ils étaient des proies bien plus que des prédateurs. Valmys et Aurore ne paraissaient pas s’inquiéter beaucoup plus que ça de leur soudaine réaction, ce qui me laissa à penser que le danger ne prédominait nullement. Nous étions là, tous les trois, rêvant simplement d’une après-midi tranquille de balade et de découverte. Si Aurore ne m’avait évidemment pas tout dévoilé ce qu’elle avait apprit de Valmys, j’avais crû comprendre que l’elfe aux oreilles rondes hésitait à reprendre le voyage, pour une quelconque raison que ce soit. J’espérais, comme elle, que ce serait l’occasion pour lui de reprendre une certaine confiance en ce qui était son environnement naturel.

Mais j’avais parlé, ou plutôt pensé, un peu trop vite. Absorbé par le spectacle qui se déroulait sous mes yeux, je n’avais pas remarqué qu’une grande ombre menaçante rôdait prêt de nous. Valmys, en revanche, fut le premier à en constater l’existence. Un Smilodon s’était approché discrètement de nous. Il n’était pas compliqué de deviner que nous étions ses proies du jour. Sans doute pensait-il que notre impossibilité de nous enfuir au galop ou de le distancer à la course lui rendrait la tâche plus facile, et, en ça, il n’avait absolument pas tort. Je jetais alors un coup d’œil à mes deux compagnons de route. Aurore tentait de prendre ma main, que je l’aidais à saisir, visiblement terrifiée par l’amas de muscles et de chair qui s’étendait sous ses yeux. Valmys, lui, fut plus prompt à réagir, et je sentis rapidement les effluves magiques qui émanaient de sa mélodie. Je connaissais le chant, et l’astuce n’était pas idiote, loin de là. Même Enwr, les deux comparses restaient des Baptistrels et, aussi, le meilleur moyen de nous en sortir dans cette situation. Je n’aimais pas blesser, même un prédateur comme celui qui était sous nos yeux. Si la stratégie de l’elfe aux oreilles rondes fonctionnait, nous avions la chance de nous en sortir parfaitement indemnes.

En revanche, pour ce qui était de la diversion, il était plus complexe pour moi d’intervenir. Je connaissais quelques sorts, mais mes glyphes étaient presque toutes destinées au combat. C’était un fait paradoxal, d’ailleurs, étant donné que je détestais la guerre sous toutes ses formes. Mais il n’était guère le temps pour de futiles réflexions. Nous devions agir, et agir vite. J’observais ainsi Aurore utiliser ses lumières pour capter l’attention du félin, ce qui me parut fonctionner un court instant. Nous étions en bonne voie de réussir, aussi, par mesure de précaution, je me glissais sur le côté de la bête. La suite se déroula en un court instant.

Nous avions commis deux erreurs. La première, c’était que les lumières d’Aurore s’étaient placées devant l’elfe aux oreilles rondes, et que le félin, qui n’était pas dupe, avait de nouveau focalisé le Baptistrel chantant. La seconde, était que nous avions crû qu’il était seul. Une croyance logique, puisque ces bêtes avaient tendance à chasser seules. Mais, aujourd’hui, la faim semblait les avoir conduits à se déplacer en petits groupes, puisque, suivant son confrère, tapi dans l’ombre, se trouvait une deuxième bête, qui sembla alors m’avoir remarqué. Mes yeux se tournèrent vers elle, mais mon attention fut rapidement capté par le premier félin. Ses muscles s’étaient bandés, et, en poussant un rugissement, il avait bondi sur l’Enwr alors que son chant n’était pas terminé. Il avait sans doute compris que Valmys était à l’origine de la fatigue qui commençait à l’envahir, et, logiquement, il était passé à l’attaque. Je pris alors mon appui, activant l’enchantement de mes bottes pour tenter d’intercepter le félin. Mais, au vu de mon placement, je savais qu’il serait trop rapide. Je vis alors Aurore se jeter sur Valmys, plaquant son ami au sol. L’énorme prédateur les frôla, passant juste au-dessus d’eux, mais sa pate griffue arriva tout de même à lacérer violemment le dos de mon amante. Une blessure, douloureuse, sérieuse, mais pas mortelle. J’étouffais un juron, continuant ma course. Si l’animal avait raté une première fois, Aurore et Valmys étaient à présent immobilisés, et il revenait vers eux, prêt à attaquer de nouveau.

Je ne m’occupais pas, dans un premier temps, de la deuxième bête. L’urgence était de sauver Valmys et Aurore qui en avaient déjà bien trop fait. Je m’élançais vers eux, en même temps que le félin. Sauf que cette fois, j’arrivais avant lui. Ça n’allait surement pas être très agréable pour mon amante, mais je n’avais pas vraiment le choix. Je l’enserrais, rapprochant alors Valmys de moi également, avant d’activer pour la toute première fois l’enchantement de ma cape. Deux immenses ailes d’aciers jaillirent alors de mon dos, comme si je sentais mes omoplates s’étendre brutalement, avant de se refermer sur nous, comme un cocon protecteur. Bien campé sur mes appuis, je sentis l’énorme choc de l’animal qui rebondissait sur la protection en acier, revenant alors à sa position de départ, surement surpris par ce brusque retournement de situation. Les ailes s’ouvrir alors, nous dévoilant de nouveau en s’effritant dans l’air, reprenant alors leur aspect de cape. Je déposais Aurore au sol, avant de lui offrir un sourire rassurant, puis je me tournais vers Valmys.

« Soigne Aurore, je m’occupe de la diversion. » Lui dis-je sur un ton calme, lui souriant également.

Les deux prédateurs étaient à présent côte à côte. Par le passé, j’aurais surement été particulièrement affecté, et en colère, par rapport à la blessure d’Aurore. Non pas que je ne l’étais pas aujourd’hui mais ma vision avait beaucoup évolué. Je n’étais, curieusement, pas en proie à l’adrénaline qui avait pu m’étreindre lorsque nous avions affronté le Golem. J’étais calme, concentré, et résolument déterminé à apporter ma réponse au problème qui nous faisait face. Les Baptistrels, comme sur Ambarhùna, étaient les garants de l’harmonie et de l’avenir de Tiamaranta. A cette vue, et même si je savais qu’Aurore ou Valmys ne le verrait pas de cette façon, ils avaient à mes yeux une valeur particulière et immuable. Ce sentiment était d’autant plus vrai qu’il s’agissait aujourd’hui de mon amante, et de mon ami. Je ne pouvais donc perdre ma concentration en colère ou en tristesse, et me dédier entièrement à ce qui allait suivre. Alors que les fauves cherchaient un angle d’attaque, et que je leur faisais face, je me rendis compte que, contrairement aux situations passées avec Aurore, il n’y avait aujourd’hui qu’une seule voie à suivre. Sans me retourner, je lançais aux deux Baptistrels quelques mots par-dessus mon épaule.

« Pardonnez-moi d’avance tous les deux. » Dis-je calmement, reportant alors mon attention sur les deux animaux.

Je haïssais le chemin que je m’apprêtais à prendre. La violence n’était en rien dans ma nature, mais elle était dans la nature même. Je ne pouvais me permettre d’être blessé, sous peine de causer une douleur à mes deux compagnons, et il était impossible que je puisse vaincre, ou distraire, les deux smilodons à main nue. Leurs vies contre les nôtres. C’était aussi simple que ça. Je doutais que Valmys ne puisse utiliser son sort pour endormir les deux créatures, puisqu’il devrait soigner en priorité sa consœur, et Aurore paraissait trop affaiblie pour intervenir elle-même. Je tâchais alors de garder son âme en la mienne, y faisant reposer les fondations de mon harmonie et de ma sérénité. Je fermais alors les yeux quelques secondes, prenant une profonde inspiration, avant d’avancer, un pas en avant.

Il n’existait alors, à mes yeux, plus que les deux félins et moi. Ces derniers accueillirent ma bravade avec des feulements et rugissements agressifs, auxquels je ne prêtais guère d’attention. Je compris alors ce qui m’avait manqué, lors de mon affrontement avec Erdrak. Une raison. Tout simplement. Quelque chose qui justifiait pour moi l’emploi d’une violence que j’abhorrais. C’était, pour moi, au centre de l’enseignement d’Aramis. Sans quoi, cet apprentissage effectué avec l’impératrice n’aurait aucun sens. Il me fallait respecter ses pas, repenser sa danse et avoir une foi inébranlable en elle. Il me fallait aussi y adapter les conseils que m’avaient prodigué Erdrak, pour que mes lames ne deviennent qu’un souffle simple, épousant la forme des rochers pour pouvoir continuer inlassablement son chemin vers sa destination. Je rapprochais ma garde, plus qu’à l’accoutumée, et veillait à la position de mes appuis comme me l’avait fait comprendre le loup solitaire. Je ressentais toute la force des glyphes qui parsemaient mes armes et mes armures, comme autant d’alliées qui me pousseraient vers l’avant. Je ne m’étais jamais senti aussi complet, et je fermais à nouveau les yeux.

Premier tempo. Un rythme lent, bas, comme un tapis sonore harmonieux et grave. Nous nous découvrions simplement, sachant que l’échange à venir serait aussi éphémère qu’un léger battement d’aile. Les smilodons étaient accaparés par ma présence, comme je l’étais par la leur. Notre échange était harmonieux, calme, et serein, comme s’il préparait le tumulte à venir. Je les sentais tourner autour de moi, alors que leurs feulements et grognements se faisaient peu à peu inaudibles. Ils étaient aussi concentrés que je ne l’étais, alors que basculait progressivement la relation proie et prédateur vers un état d’équilibre. Mon corps se mouvait avec souplesse, ne perdant pas sa garde vigilante, en même temps que les fauves tournaient autour de moi. L’impulsion du premier, qui brisa alors cette tension harmonieuse, mit fin au premier mouvement.

Deuxième tempo. Il était en contradiction totale avec l’instant que nous venions de vivre. Le premier fauve s’était élancé, puis le second, ajoutant une brutale note dissonante à notre accord. Il me fallait y palier, plus en souplesse, afin d’affiner la mélodie. Ahavarion se mit alors à chanter, décrivant d’harmonieuses boucles qui paraient griffes et crocs des prédateurs. J’esquivais souplement, au pied de la note, dès que j’en avais l’occasion, insaisissable. Il n’y avait aucun temps d’arrêts, même lorsque les bêtes devaient à nouveau prendre de l’élan pour bondir. Je me contentais, patiemment, que le mouvement se termine, ne contre-attaquant pas. L’assaut des bêtes qui s’étaient remise à rugir se fit alors plus brutal, allant crescendo, mettant alors fin à cet acte de notre danse.

Troisième tempo. Cette fois-ci, je pris le rythme à mon compte, accélérant davantage. Les animaux furieux compensaient la violence de leurs assauts par les erreurs qu’ils commettaient. Mes pas étaient plus rapides, plus dansant, alors qu’Ahavarion en arrivait à sa fonction première. Ses lames tranchaient le cuir des animaux, sans leur infliger de blessures mortelles mais atteignant leurs muscles et les enrageants davantage. L’arme d’hast laissait sur leur peau de longues marques rouges, toujours insaisissable. Notre ballet virevoltant dura quelques instants, sans que les félins ne parviennent à passer ma garde. Ils n’étaient pas suffisamment coordonnés, et je connaissais trop bien mes pas. Et ils semblèrent le comprendre. Prenant quelques mètres d’élans, ils s’élancèrent enfin à l’unisson.

Quatrième tempo. Il se déroula en un instant. Il était notre apogée, le point final de notre crescendo. Les félins avaient bondi, simultanément, afin de m’ôter toute chance d’esquiver. Mais je n’en avais nul besoin. Leurs mouvements me semblaient si clairs, si prévisibles, comme si mon corps en avait imprimé les moindres détails. Je relâchais alors toute mon énergie magique et mon âme dans les tranchants effilés de mes lames. Ces dernières devinrent immatérielles et brillantes comme une étoile scintillante. Mes appuis étaient fermes, et je me concentrais sur l’instant. Je ne devais pas bouger trop tôt, je n’avais pas le droit de bouger trop tard. Le timing, devait être parfait.

Alors que les bêtes étaient à quelques centimètres de moi, mon corps sembla se mettre naturellement en action, se mouvant comme une simple brise. Poussant sur mon pied droit, je portais un coup d’estoc dans l’animal qui avait bondit derrière moi. Comme si elle ne rencontrait aucune résistance, ma lame s’enfonça dans le cœur de la première bête. Le mouvement se poursuivit harmonieusement. Alors que sa jumelle sortait du cœur encore palpitant du premier animal, la seconde lame tournoya pour parer le coup de griffe, me donnant l’élan suffisant pour tourner sur moi-même, m’accroupissant au mieux de mes capacités pour éviter le coup de patte fraichement dévié. Dans une ultime rotation, Ahavarion forma alors une mystérieuse boucle lumineuse alors que le premier félin s’écroulait derrière moi.

Je restais ainsi, en garde basse, essoufflé par l’immense effort qui m’était demandé pour maintenir ma glyphe d’énergie pure, face à Valmys et Aurore, l'armure maculée d'un sang rouge qui n'était pas le mien. Quelques secondes plus tard, le corps sans tête du deuxième smilodon rejoignait celui de son confrère.

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À travers ses paupières closes, il eut l'impression que la lumière qui les baignait, déjà puissante, augmentait encore. L'instinct de survie le focalisant sur sa tâche, il n'y prêta pas plus d'attention ni d'interprétation. La magie fluctuait autour de lui, son chant ne souffrait aucune intonation, et aucun tremblement. Il sentait que sa cible était réceptive au sort. Le plan se déroulait sans doute comme convenu.

Le chant de sommeil se brisa brusquement lorsqu'un corps vint rencontrer le sien. Ça, ce n'était pas dans le plan. Un brusque élan de panique saisit le jeune Enwr, alors qu'il se voyait déjà brisé et déchiqueté par le fauve. Son crâne heurta le sol, et le poids sur lui l'aida à saisir que ce n'était pas le smilodon qui l'avait terrassé, mais sa consoeur de l'Ordre. Etrangement, il ne s'en trouva pas rassuré.

Ses grands yeux bruns s'ouvrirent, constatant du ciel, et l'herbe haute, et Aurore, dont la souffrance n'était pas difficile à deviner. Elle restait sur lui. Aussitôt Valmys imagina les pires blessures possibles, et cela ne l'aida pas non plus à se calmer. Son esprit commençait déjà à s'embrumer de panique, à troquer les mots pour de l'instinct. Il essaya de se redresser, n'y parvint pas. Sa respiration se faisait plus rapide, son expression était figée par l'angoisse.
Seö vint auprès d'eux. Valmys n'eut pas le temps de saisir exactement ce qu'il se passait. Il vit les ailes de métal s'ouvrir sans avoir défini leur origine. Pas le temps d'y penser. Ce devait simplement être là de la magie, un sort spécifique que l'elfe aurait développé pour pouvoir protéger au mieux sa belle si aventureuse. Le son du choc contre les ailes fit pâlir les lèvres de Valmys sous l'effet d'une morsure. Pourvu que Seö n'en souffrit pas, pourvu qu'il tienne bon ! Lui, il allait... Aurore. Elle était blessée. Au moment même où leur protecteur lui demandait de soigner leur amie, Valmys entonnait son chant de soin, ses mains posées sur le dos d'Aurore pour accélérer le processus. Il s'estima très heureux d'avoir de l'expérience avec ce sort, de le connaître par coeur, et d'avoir tant de facilités avec la magie. Sans cela, il n'était pas certain que son état d'esprit lui eut permis une telle fantaisie. Par chance également, les griffes n'avaient pas heurté d'organes vitaux.

Le chant de soin enveloppa la belle Aurore, alternant entre chaleur et fraîcheur au sein de l'humaine, réparant les chairs dans une guérison accélérée. Elle allait avoir des cicatrices, mais les Cawrs pourraient l'en débarasser si elle le souhaitait. L'humelfe prit le soin de réparer les nerfs en dernier, pour qu'Aurore profite le moins possible de leur fonctionnement durant l'opération. La voix de Valmys laissait transparaitre toute son inquiétude. Sincèrement ? Il se moquait bien de cette apparence-là. Il voulait juste que son amie ne souffre plus. Même les mots obscurs de Seö ne l'intéressaient pas. Les rugissements, les feulements, non plus. Une sorte d'instinct étrange le poussa à une confiance aveugle envers cet elfe qu'il connaissait à peine, dont il n'avait encore vu les exploits. Lui, il chantait. Il aurait aimé pouvoir rassurer Aurore et la mettre en sécurité. Ses mains eurent quelques gestes tendres sur la peau qui leur servait à soutenir la magie, dans une tentative absolument non réfléchie et tout à fait paternelle de calmer les battements qu'il sentait sous cette cage thoracique. Tout allait bien se passer. Il fallait faire confiance à Seö, désormais.

Alors que son chant approchait de la fin, l'elfe aux oreilles arrondies se permit quelques coups d'oeil au combat, ses lèvres toujours aussi pâles sous l'effet de l'appréhension. Il eut préféré que cela n'arrivât pas. Il vit très distinctement la lame s'enfoncer dans la chair, et l'instant où la vie quitta l'animal. Une grimace passa sur son visage, sous l'effet d'une douleur que, pour l'instant, seul son esprit subissait. En revanche, la tête se détachant du corps de l'autre bête porta son coeur à ses lèvres. Ses mains sur Aurore se crispèrent un instant, comme sous l'effet d'un spasme.
Son attention revint sur Seö, cherchant sur lui les blessures qu'il aurait pu avoir. Il n'en vit pas, et les mouvements de l'elfe paraissaient encore relativement fluides. Tout juste était-il essoufflé par l'exercice qu'il avait effectué. La partie paternelle de Valmys songea qu'au moins, auprès de lui, Aurore n'avait rien à crainde. Dans le doute, il se permit tout de même de demander:

"- Êtes-vous blessé ?"

Lui-même avait encore des forces, bien assez pour marcher, largement assez pour soigner.
Il libéra Aurore de ses mains. Un instant, il avait hésité à cacher ses yeux, comme pour la préserver, elle qui semblait si pure, si immaculée. Elle aurait dû vivre dans un monde tout doux, où l'humus était fait de pétales de roses, où le seul mot désignant la mort n'existait pas, sans utilité. Il l'aurait souhaité... Du moins, ses sentiments l'auraient souhaités. Mais une autre partie de lui, très pragmatique, refusait cela. Cette même partie revoyait son propre maître, et les leçons qu'il lui avait inculquées. Il n'y avait aucune raison de cacher la réalité à Aurore, ce qu'il venait de se passer, ce que son amant avait fait. Valmys s'écarta d'elle, pour lui laisser de l'air, la laisser bouger à nouveau, tester son dos tout neuf, et lui dire si elle était correctement soignée. Il y eut comme un instant de flottement. Valmys crut déceler comme une attente en Seö. C'était sans doute faux, ce n'était sans doute que le reflet de ses propres émotions. Un fin sourire éclaira ses lèvres, comme amusé:

"- Vous attendez-vous à ce que je vous gronde ?" Il eut un très léger rire. Son rire n'avait jamais été très fort, les pirates en avaient encore affaibli le volume. "Si vous le souhaitez, je vous enseignerai quelques techniques pour éviter d'avoir à tuer."

Ah, l'expérience. Tous ces bandits croisés en chemin... Deocyne et Valmys avaient eu tôt fait d'établir des listes de stratégies pour se défaire du danger. Le seul fait d'évoquer ces stratégies aidait à en faire des réflexes, à y songer en cas de besoin, plutôt qu'à songer directement à la violence. Il avait été rare qu'ils dussent totalement improviser. Valmys pouvait néanmoins comprendre que l'on ne veuille suivre cette voie. Il se rappelait encore de son mini-lui, autour d'un feu de camp, à discuter avec son maître.

"- Et si un jour cela ne fonctionne pas ?
- Alors nous mourrons peut-être. N'est-ce pas dans l'ordre des choses ?"

C'était la belle époque. l'époque de la forêt tropicale des elfes, l'époque sans chimères... Mais sans dragons non plus. C'était au moins un argument que le présent avait pour lui.

De toute évidence, Valmys n'en voulait pas à Seö. Bien sûr qu'il était triste de voir des morts, bien sûr qu'il n'aimait pas cela, et bien sûr qu'il était heureux que les bipèdes aient survécus. C'étaient là des sentiments tout à fait normaux. Le reste, juger cet elfe et ses actes, cela n'était pas de son ressort. Il savait juste qu'en ami d'Aurore, ce dernier pouvait avoir des envies plus pacifistes. En cela il lui avait tendu la main.
Désormais, ils devaient bouger. Vers l'avenir, et vers la vie. Inconsciemment, Valmys ne souhaitait trop imposer la présence de la mort à Aurore.

"- S'il vous reste de l'énergie... Nous pourrions peut-être continuer notre balade. Ramener quelques fruits au Domaine si nous en trouvons."

Un regard à ses compagnons, une demande implicite: savaient-ils, eux, où en trouver ? Cela leur changerait les idées, et leur offrirait de nouveaux souvenirs auxquels s'accrocher.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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La douleur est terrible. Jamais je n’ai connu quelque chose de semblable. C’est une douleur traître, brûlante. Je respire bruyamment, serrant les dents pour ne pas hurler dans les oreilles de Valmys, mais c’est trop fort. Je craque et puisse un cri de douleur. C’est insupportable, j’ai l’impression d’avoir les nerfs à l’air libre, ce qui n’est pas impossible. Les images des soldats, amenés à l’infirmerie, pendant la guerre contre les Chimères, me reviennent en tête. Je n’ai jamais douté de leur souffrance. Mais je suis maintenant sidérée de leur bravoure devant cette épreuve. Ma blessure est bien plus petite que les leurs. Je n’arrive pas à imaginer la douleur d’un homme ayant perdu son bras ou d’une femme dont la moitié du visage a été arraché par un coup de masse.

Soudain, la douleur se fait encore plus grande alors que je sens un poids sur mon dos et qu’on me rapproche de Valmys. Je reconnais le souffle de Seö mais cela ne m’empêche pas de lâcher un cri encore plus grand. Je sais qu’il a fait ça pour nous protéger au moment au j’entends les coups résonnés sur une protection en métal. Je n’arrive pas à me demander d’où ça vient, comment ni pourquoi. J’essaye de me focaliser sur mon amant, sur son contact, sa peau, son souffle. Mais la douleur qu’il m’inflige en échange de sa protection est trop forte.

Je sens le poids de Seö se retirait et rapidement une sensation agréable se répand dans mon corps. Une douce alternance de chaleur et de fraicheur, faisant disparaitre la douleur. Je sens la magie s’écoulait dans mon corps et je finis par sentir les mains de Valmys sur mon dos. Je comprends qu’il est en train de me soigner. Je pousse un soupir de bien-être et de soulagement et d’une voix faible. Merci. Rien que parler m’épuise. Le choc de la douleur fut fatiguant et me laisse vider de mon énergie. J’aurai été bien en peine de me soigner, surtout que je ne verrais pas ma blessure.

Derrière nous, j’entends Seö affronter les smilodons. J’ai une légère inquiétude mais je reste sereine. Est-ce parce que j’ai entièrement confiance en Seö ou à cause des soins que me prodigue Valmys ? Sûrement les deux. Je sens ma peau se refermer. C’est très étrange comme sensation, une sensation de propreté absolue et de détente. Je me perds doucement dans des méandres de calmes et de sérénité. Les soins se termine me ramenant à la réalité. Le combat est fini, il n’y a plus de bruit.

La question de Valmys me semble tellement inutile. Si Seö est blessé, je le saurai. Pourquoi cette certitude ? Je ne sens plus mon dos, mais les sensations dans tous mon corps, reviennent doucement et avec elles un profond épuisement. Valmys se lève me laissant allongée au sol sur le ventre. Je me redresse lentement, les bras tremblants. Une fois assise, j’essaye de toucher mon dos, pour découvrir avec déception l’état de ma robe. Je l’aimais bien c’est une petite perte. Je souris à mon amant et mon ami pour leur montrer que je vais bien. J’ai de léger vertige mais j’arrive à me lever et à aller me jeter dans les bras de mon amant. Je rigole presque doucement en entendant Valmys parler d’apprendre à Seö à éviter de tuer. Cela lui ressemble tellement et pourrait aider Seö aussi sûrement.

Je ne peux toutefois m’empêcher de faire remarquer que c’est dans l’ordre des choses, que les vivants affrontent la mort. Je sais bien que les baptistrels respectent la vie, et ne tue jamais. Mais, il est naturel, qu’en se défendant, il arrive que son adversaire perde la vie. Les prédateurs tuent pour se nourrir et les proies tuent pour se défendre. C’est l’harmonie du monde autant que la préservation de la vie. Seö ne l’ai pas fait volontairement, ni pour cruauté. Simplement par nécessité. Tout ce que nous devons faire c’est le remercier mais aussi remercier ce qui nous entoure de nous permettre de vivre un peu plus longtemps. Je n’arrive pas à avoir les idées claires. C’est une sensation très désagréable.

Si ça ne te dérange pas, Valmys, je ne me sens pas très bien. J’ai un peu de mal à me tenir debout, je préfèrerais qu’on rentre au domaine. Nous reviendrons une prochaine fois. En effet, mais jambe ont du mal à me soutenir et je suis plus accrochée à mon amant que collée à lui. S’il n’était pas là, je serais probablement encore au sol.

Du coup de l’œil j’aperçois un mouvement. Un instant d’hésitation en imaginant croiser un nouveau prédateur mais je reconnais bien vite la crinière du cheval. C’est ma jument qui vient nous voir. Elle se place à mes côtés et colle doucement sa tête à la mienne. Je quitte donc l’étreinte de mon amant pour celle de la jument et lui caresse la tête. Tu étais bien là depuis tout ce temps. Tu vas bien ? Tu m’as manqué, tu sais ? Tu te plais ici ? Tu voudrais bien m’aider, enfin nous aider à rentrer au domaine ? Je ne me sens pas la force d’y retourner à pied. La jument sembla acquiesçait et je demande de l’aide pour monter à cru à Seö. Quelqu’un veut partager ma monture ? Elle est assez forte pour porter deux d’entre nous.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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Je reprenais doucement mon souffle alors que je sentais l’adrénaline finir de calmement couler dans mes veines. Je rengainais alors Ahavarion, ses lames trempées du sang des deux bêtes inertes à mes pieds, pour me rendre compte que l’arme n’était pas la seule à être couverte d’un liquide vermillon. Mon armure de cuir blanchi avait pris une teinte rougeâtre, et le liquide veineux des deux animaux couvrait un côté de ma nuque, remontant jusqu’à mon menton puis ma joue. Mes gants aussi étaient recouverts de tâches cramoisies, aussi, tout en avançant vers Valmys et Aurore, je les ôtais et les laissais tomber au sol pour le moment.

Si l’état de mon amante m’avait tout de même beaucoup inquiété, je savais que rien n’égalait la magie baptistrale en ce qui concernait les soins. J’avais également senti la magie de Valmys à l’œuvre derrière moi lorsque je combattais, et ma vision confirma mes espoirs. Bien que surement affaiblie par la douleur que je lui avais causée auparavant, Aurore était toujours en vie et parfaitement hors de danger. Son sourire acheva de me rassurer sur son état, et je lui rendais instinctivement, malgré ma piteuse apparence. La baptistrelle se leva alors, légèrement titubante, et je fis un pas vers elle avant de la voir se jeter dans mes bras. J’eu presque l’instinct de la repousser tendrement pour éviter qu’elle ne se tâche à son tour à mon contact, mais ce dernier était bien trop doux pour que mon âme ne puisse admettre l’arrêter. Je la serrais donc contre moi, un temps, ma main glissant sur sa hanche blessée ou, à ma grande surprise, je ne rencontrais nulle entaille ni trace de griffure. Décidément, son ami était plein de surprise, et son art était déjà particulièrement puissant. En revanche, le souvenir d’avoir causé une douleur sourde à celle que j’aimais lorsque je l’avais prise dans mes bras me revint brutalement, et je ne pus m’empêcher de glisser tendrement à son oreille « Désolé de t’avoir fait souffrir tout à l’heure… »

La remarque de l’elfe aux oreilles rondes me fit sourire, nullement vexé par son intonation qui se voulait amicale, mais mon amante répondit cette fois la première. Je comprenais son ressentiment en voyant la scène macabre, mais je n’avais pas vraiment eu le choix sur le moment, à mon grand regret. Je déplorais sans doute tout autant que lui d’avoir eu à ôter la vie de deux bêtes qui ne cherchaient qu’à se nourrir, mais j’avais réagi calmement, et posément, de la seule manière qui me semblait adaptée pour nous permettre de nous en tirer tous les trois. Je n’étais pas un grand mage comme eux deux, et n’avait comme corde à mon arc qu’Ahavarion pour me défendre. La priorité avait été de soigner Aurore, et, là encore, Valmys était le seul de nous deux qui possédait une magie suffisamment puissante pour parvenir à un tel exploit en si peu de temps. Une fois qu’Aurore eut fini, je plongeais mon regard dans celui de l’humelfe avant de lui répondre.

« J’aurais bien voulu que tout se passe comme tu l’avais commencé, tu sais. Mais je ne suis pas un grand magicien, et, ici, mes seules possibilités pour garantir notre sécurité à tous les trois était celle-ci. Et, crois-moi, je le déplore profondément. Je n’aime et n’aimerais jamais ôter la vie, que ce soit des animaux ou des êtres humains. » Je marquais une courte pause, avant de reprendre sur un ton plus plaisantin. « En revanche, si tu as une solution pour vaincre deux fauves affamés à la lance, en même temps, et sans les blesser, je dois t’avouer que je suis preneur. » Dis-je, souriant, avant de finir. « Et je suis de l’avis d’Aurore, mieux vaut faire demi-tour et nous reposer. Surtout que je suis très loin d’être contre l’idée de nettoyer mon armure et ma peau, à l’heure actuelle. »

Soutenant toujours mon amante, je remarquais rapidement qu’une jolie jument elfique arrivait paisiblement à notre niveau. Au vu de sa réaction et de sa proximité avec la baptistrelle, il ne faisait nul doute qu’il s’agissait de celle que nous étions venus voir. Je relâchais alors doucement mon amante pour qu’elle puisse profiter de sa partenaire, en profitant pour étirer mes muscles déjà très sollicités pour une simple journée de balade. J’appuyais le vœu de la baptistrelle de rentrer sur le dos de son fidèle destrier, et il ne faisait nul doute que Valmys devait l’accompagner. Après tout, il avait peut-être encore quelques soins à prodiguer, et je pouvais suivre leur cadence en restant à pied. Enfin, à moins qu’Aurore ne lance sa jument au triple galop, ce qui n’était, dans son état, pas très prudent tout de même. Je répondais alors à la jeune femme.

« Valmys et toi devriez rentrer ainsi, je peux vous suivre en courant, de toute façon. » Dis-je, mon amante sachant pertinemment de quoi je pouvais bien parler. J’aidais ensuite mon amante à grimper sur le dos de la jument, puis se fut au tour de Valmys qui s’installa derrière elle. Je me tournais alors à nouveau vers eux. « Partez devant, je n’en ai que pour quelques minutes. »

Après qu’ils soient partis, je m’empressais rapidement de sortir une gourde d’eau de mon sac pour me la verser sur le visage et ainsi me débarrasser des tâches de sang séché qui trônaient encore sur ma nuque et ma joue. Ce n’était que du Luxe, mais le simple fait de ne plus sentir le liquide cramoisi sur ma peau me fit du bien. Je ramassais alors mes gants avant de les enfiler à nouveau, puis, activant le glyphe caractéristique de mes bottes, je m’élançais à la suite de la jument qui m’avait déjà distancé.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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"- Ce n'était pas un reproche. Nous pourrons en parler plus tard..."

Fit Valmys, d'un ton très détaché, avec un haussement d'épaules, cherchant juste à ne pas aller plus loin dans la conversation. Il n'avait guère envie de prolonger le combat, la mort, et le sang, en les conservant en paroles. C'était plus fort que lui, il voulait regarder ailleurs, et que d'autres images viennent s'imposer à lui et le préoccuper. Son passé avait vu assez de cela à son goût, et la précédente décapitation en sa mémoire n'avait rien engagé de bon. Un instinct insencé, comme venu du monde des rêves, le forçait à ne pas s'aventurer à songer à nouveau à ce temps, comme si cela pouvait empêcher qu'il se reproduise.
L'apprenti baptistrel comptait tout de même évoquer quelques sorts et techniques à Seö. Pas tout de suite, et pas en faisant directement le lien avec les fauves. Il n'aurait su dire si ses connaissances pouvaient tenir à distance deux fauves affamés, mais il devinait qu'elles avaient leur place entre les mains de cet elfe. Déjà il devinait comment il lui en parlerait: d'un ton badin, autour d'une conversation qui porterait sur la magie, comparant les sorts que tous eux connaissaient...

Pas maintenant, pas maintenant. L'intervention de la jument liée à Aurore fut accueillie par l'elfe aux oreilles arrondies avec beaucoup de reconnaissance, comme elle apportait avec elle un fragment d'avenir. Valmys put l'admirer de près. La belle créature était surtout préoccupée par son humaine. Elle ne fit pas attention à lui, et il ne chercha pas tout de suite à sympathiser. En revanche, il eut le réflexe de vérifier, d'un regard, son état. Nulle blessure ne l'ornait, et seule sa frayeur récente venait entâcher son aspect, sans doute pour peu de temps. Si la jument était venue vers Aurore, c'était sans nulle doute parce qu'à travers elle, elle voyait une façon de se rassurer. Voilà qui était très flatteur, et très rare. Sur Aurore, Valmys posa un regard où perlait une pointe de l'admiration qu'il avait pour elle.

Son regard changea néanmoins assez vite, quand il fut question de le mettre à cheval. Ses yeux parurent s'arrondir, alors qu'il dévisageait tour à tour ses compagnons bipèdes. Ils n'étaient pas sérieux...? Si ? Par les huit, ils avaient l'air très sérieux.

"- Mais, euh, je... Enfin, je ne sais pas vraiment monter à cheval..."

C'était peu dire. Tout juste savait-il se laisser porter par un cheval au pas sans trop tomber. Ses voyages avaient toujours été pédestres, et jamais il n'avait pris le temps d'apprendre à monter. Assez vite, il comprit néanmoins que suivre à pied aurait pu être une solution, s'il avait été un peu plus elfe, si ses jambes n'avait pas eu la faiblesse de celles des humains. Maladroitement, Valmys se laissa donc hisser sur la jument.

"- Vous êtes sûrs ? On n'est pas un peu lourds pour elle ? Je pourrai sans doute courir de temps en temps, pour la soulager..."

Clairement, l'Enwr avait perdu de sa contenance, semblant véritablement géné. Ses seules compétences n'étaient pas en jeu. S'il avait refusé jadis d'apprendre à monté, il y avait une raison. Il se sentait actuellement très indécent à grimper ainsi sur le dos d'une demoiselle dont il ne connaissait pas même le nom, à qui il n'avait pas fait renifler sa main ! Pour couronner le tout, il se trouvait derrière Aurore. Autant qu'elle, il devait avoir besoin de poser ses mains quelque part, et n'osait pas toucher aux hanches de la jeune femme. D'une part, parce que lui n'aurait aimé qu'on le lui fasse. D'autre part, parce que cela était dangereux. S'il tombait, ce qui était probable, il l'entrainerait avec elle. Valmys remua, trouva un moyen de poser tout de même ses mains sur la jument, pour se soutenir, les lèvres pincées de malaise. Au moins ne pensait-il plus du tout aux smilodons, occupé qu'il était à rester perché, et s'excuser mentalement auprès de la merveilleuse créature qui le soutenait. Lorsque cette dernière se mit en marche, Valmys reconnut, avec une pointe d'anxiété supplémentaire, que cela bougeait plus encore que dans son souvenir.

Le trajet lui parut interminable. Plusieurs fois, il manqua de tomber. À un moment, il parvint même à tomber dire que c'était un signe, qu'il était temps qu'il utilise ses papattes de bipède. Ce fut d'ailleurs avec un Valmys piéton que le quatuor parvint au Domaine. Il aida Seö, autant qu'il le put, à soutenir Aurore alors qu'ils la ramenaient dans ses appartements. Les émotions, et la chevauchée, avaient commencé à fatiguer l'humelfe également, si bien que, tandis qu'Aurore et Seö prenaient place au sien de leur destination, il trouva le sol fort attrayant, et décida de s'assoir un moment par terre, adossé au mur, avec un long soupir de contentement. Monter sur le dos d'un cheval... Les autres bipèdes avaient vraiment des idées saugrenues !
Néanmoins, il était conscient d'être, d'eux trois, celui qui avait dû être le moins éprouvé. Il se permit donc de demander à ses compagnons s'ils avaient besoin de davantage d'eau -il avait offert à Aurore une vasque, mais qui restait étroite-, s'ils préféraient qu'il aille chercher de quoi leur redonner des forces, ou si Seö avait besoin de quelque élément pour entretenir son armure.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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Ce n’est pas grave ça. Tu n’auras qu’à t’agripper à moi pendant le trajet. Sinon, je t’installe devant, et c’est qui te tient, mais ça risque d’être un peu plus inconfortable. J’espère que ça ne te gêne pas, mais tu risques de ne pas pouvoir galoper. Est-ce que tu veux quand même nous ramener au domaine. ? La fin de son discours est destinée à ma jument. Le bel animal, si libre, se retrouve maintenant charger de deux cavaliers et d’une demande de transport. Ce n’est pas ce que j’imaginai comme retrouvaille. Je nous voyais plutôt galopant dans la savane, le vent dans mes cheveux maintenant un peu plus court, la jument libérant sa furie et sa fougue. Le paysage défilant, tel un souvenir de cette course effrénée dans les souterrains de l’ancien royaume des vampires.

Toutefois, et pour ma plus grande joie, la jument colle de nouveau sa tête contre mon torse, comme un assentiment. Mon sourire s’élargit alors que je le remercie avec énergie. En route alors. }Seö m’aide à monter sur le dos de la jument. Je le remercie d’un sourire. Je me sens bien plus faible que je ne le pensais mais je resterai vaillante pour le trajet. Valmys monte difficilement derrière moi. Toutefois, je ne sais pas à quoi il se tient, mais s’il ne m’agrippe pas, il va tomber à coup sûr. Je me retourne légèrement pour lui prendre les mains et faire en sorte qu’il m’enlace à plein bras. Accroche-toi, sinon tu vas avoir du mal à rester sur la jument. Et sers-toi à moi. Ne t’inquiète pas ça va bien se passer, j’ai l’habitude de monter à cru.

Il est vrai que j’ai souvent monté cette jument sans selle pour la raison simple que je ne me balade pas avec une selle. Ainsi, j’ai pris l’habitude de me tenir à l’aide de mes genoux. Et puis l jument n’est pas très résistante, bien que pas tout à fait docile. Mais d’un autre côté, elle me transporte, elle a bien le droit de faire comme elle l’entend. Une fois Valmys bien agrippé dans mon dos, je signale à la jument qu’elle peut démarrer, et la voilà chevauchant au vent, la brise agitant mes cheveux. J’oublie un instant la fatigue, les Smilodons, Valmys, Seö, tout. Je ferme les yeux seulement guider par le cheval, levant les bras pour savourer la chevaucher. La liberté a ce goût, celui de l’infini, de tous les possibles, de l’insouciance. Depuis quand n’ai-je pas goûter à un tel plaisir ? Je me rends compte que depuis que je suis entrée dans la grande famille des chanteurs, je n’ai plus voyagé. Plus arpenté les routes, seule, avec pour seul objectif d’aller plus loin. Mon dernier voyage n’était réellement libre, je m’en rends bien compte. Je me rendais de ville en ville pour apporter mon aide, et même avec mon amant, nous allions en réalité chaque fois vers un village suivant, jamais vers l’inconnu. Aujourd’hui, Seö reprend ces voyages d’exploration, mais moi, que vais-je faire ?

Je rouvre les yeux. Je vais vivre. Vivre au Domaine, vivre dans ce nouveau monde, faire ce que j’ai toujours fait. Apprendre, enseigner et aider les autres. J’ai changé mais je fais toujours ce qui me plaît. Mes réflexions me révèlent juste mon changement, mon évolution, mais aucun manque. Je suis heureuse et je sais que si un jour j’en ai assez, et bien j’aurai la force de partir. Le monde est en équilibre, tout va bien.

A un moment, Valmys demande à terminer la route à pied. Comme il le veut. Une fois qu’il est descendu, je sens que le cheval piaffe. Je me penche doucement vers son oreille mais à peine ai-je agrippé sa crinière, qu’elle bondit et par au galop, laissant mon amant et mon ami en arrière. C’était donc ça qu’elle attendait depuis tout ce temps. Le frisson de cette chevauchée est encore plus grand que le premier. Le paysage défile à grande vitesse et je la laisse décider du chemin à prendre, me contentant de continuer à l’encourager, pour qu’elle aille toujours un peu plus vite, toujours un peu plus loin. Notre ancienne complicité me revient aussi vite que le galop de ma jument. Au bout d’un moment j’aperçois devant nous deux silhouettes, que je reconnaitrais entre toutes. Mais c’est impossible. Voilà ce que je pense en premier en voyant Seö et Valmys marchant devant nous, puis je reconnais le paysage. Nous avons fait un tour. Je souris et flatte l’encolure de l’animal.

Nous rentrons finalement au Domaine. Je me sens exténuer et il faut bien que mon amant m’aide à rejoindre ma chambre, aider par Valmys. La blessure puis la chevaucher n’ont pas été d’un excellent conseil. Juste avant de rentrer, je regarde tout de même ma jument repartir pour sa liberté. Mais elle reviendra, je le sais. Dans ma chambre, je m’affale sur mon lit, et tombe instantanément dans un profond sommeil.

descriptionQui rit ? EmptyRe: Qui rit ?

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