La pluie battait, et une grosse tempête s’annonçait. Debout sur le planché trempé de la solide embarcation, la capuche rabaissée sur mes cheveux argentés, j’observais, pour les derniers instants, le continent qui avait été le nôtre. Nous étions forcés de quitter nos propres terres, nos foyers, et ce, sans raison apparente. Mais l’envahisseur était trop fort, trop coriace, trop impétueux pour que nous puissions espérer emporter cette guerre. Et il n’aurait été que vanité stupide de résister plus que de raison, et de risquer de perdre tout ce que nous avions. L’exode était donc, par pur logique, la meilleure des solutions. Certes, nous perdions beaucoup, mais au moins nous survivions.
La majeure partie de la flotte était partie, et seules restaient des embarcations remplies de soldats et de membres de la Caste des Dragonniers, qui avaient, tout comme je l’avais fait, veillé sur le départ des Ambarhùnéens, et participé aux derniers combats qui avaient lieu sur la terre de nos ancêtres. Nous étions tous fatigués, et las de ce long combat acharné, et perdu d’avance, que nous menions depuis quelques mois, et il arrivait enfin à son terme. Nous avions joué notre rôle, chacun à notre manière, afin de retarder l’inévitable échéance, et permettre à nos colons de quitter Ambarhùna. Pourtant, à l’idée de voguer sur les flots et d’enfin échapper aux chimères, il ne venait nul soulagement. Simplement de l’appréhension, tant nous ignorions complètement quelle était notre destination, et surtout quel aurait pu être notre avenir. Nous n’avions de toute façon pas le choix.
L’âme en peine, et le corps usé, je regardais donc cette terre qui avait été la mienne s’éloigner peu à peu, alors que notre navire prenait le large, suivi par les deux derniers, qui fermeraient à jamais la marche de notre exode. Devant nous, nous distinguions à peine le bateau qui nous précédait à cause de la tempête naissante et des puissantes vagues qui commençaient à se lever. Nous avions quitté un danger pour nous plonger dans un autre, et la nuit qui tombait ne serait surement pas une nuit de repos, au grand damne de nos esprits fatigués. Je n’y connaissais rien en navigation, aussi, je ne pourrais surement être utile qu’en prêtant mes muscles et ma force au service du capitaine et des marins qui s’affairaient tout autour de nous.
Et il allait le falloir, car la tempête, écho du tumulte de nos cœurs, gagnait en intensité. Le roulis se faisait plus intense, plus dangereux, et beaucoup avaient préféré rejoindre la cale, de laquelle il ne risquerait pas de passer par-dessus bord. Seuls restaient ceux suffisamment bravache, ou idiot, pour braver les éléments, dont je faisais visiblement parti. Mais qu’est-ce que je faisais là ? Je n’avais pas vraiment le pied marin, et je risquais de les gêner plus que de les aider. Je m’apprêtais à regagner les quartiers, admirant les marins qui semblaient si agiles sous l’ondée, lorsqu’un évènement inattendu éveilla mes pensées. Une vague, bien plus imposante que les autres, fit brusquement chavirer le bateau, qui penchait dangereusement sur le côté. Déstabilisé, je perdis l’équilibre et chutais, roulant bien trop vite en direction des eaux déchainées. Grâce à mon agilité, bien aidé par mon armure, et mes réflexes, j’eu le temps de m’accrocher au bastingage avant de basculer par-dessus bord. Je me hissais rapidement à la force de mes bras, roulant sur le ponton, le cœur battant d’avoir échappé de justesse à une mort certaine.
J’entendis alors un cri, et je relevais les yeux. Un homme semblait avoir perdu son accroche, ou ne pas avoir eu le temps de se mettre en sécurité, et dévalait vers moi à grande vitesse. Vers moi ? Non, plutôt vers nous, car quelqu’un d’autre se trouvait sur sa direction, à quelques mètres à peine de moi. Laissant parler mon instinct, analysant primitivement la situation, je me relevais et me déplaçais aussi vite que je pouvais sur le sol penché et glissant, souhaitant intercepter le malheureux dans sa chute. Le timing était serré, et j’interpellais le seul homme susceptible de m’aider à sauver la victime.
« Hey ! Attrape-le ! Le laisse pas tomber ! » Lançais-je, continuant ma complexe course vers lui.
La majeure partie de la flotte était partie, et seules restaient des embarcations remplies de soldats et de membres de la Caste des Dragonniers, qui avaient, tout comme je l’avais fait, veillé sur le départ des Ambarhùnéens, et participé aux derniers combats qui avaient lieu sur la terre de nos ancêtres. Nous étions tous fatigués, et las de ce long combat acharné, et perdu d’avance, que nous menions depuis quelques mois, et il arrivait enfin à son terme. Nous avions joué notre rôle, chacun à notre manière, afin de retarder l’inévitable échéance, et permettre à nos colons de quitter Ambarhùna. Pourtant, à l’idée de voguer sur les flots et d’enfin échapper aux chimères, il ne venait nul soulagement. Simplement de l’appréhension, tant nous ignorions complètement quelle était notre destination, et surtout quel aurait pu être notre avenir. Nous n’avions de toute façon pas le choix.
L’âme en peine, et le corps usé, je regardais donc cette terre qui avait été la mienne s’éloigner peu à peu, alors que notre navire prenait le large, suivi par les deux derniers, qui fermeraient à jamais la marche de notre exode. Devant nous, nous distinguions à peine le bateau qui nous précédait à cause de la tempête naissante et des puissantes vagues qui commençaient à se lever. Nous avions quitté un danger pour nous plonger dans un autre, et la nuit qui tombait ne serait surement pas une nuit de repos, au grand damne de nos esprits fatigués. Je n’y connaissais rien en navigation, aussi, je ne pourrais surement être utile qu’en prêtant mes muscles et ma force au service du capitaine et des marins qui s’affairaient tout autour de nous.
Et il allait le falloir, car la tempête, écho du tumulte de nos cœurs, gagnait en intensité. Le roulis se faisait plus intense, plus dangereux, et beaucoup avaient préféré rejoindre la cale, de laquelle il ne risquerait pas de passer par-dessus bord. Seuls restaient ceux suffisamment bravache, ou idiot, pour braver les éléments, dont je faisais visiblement parti. Mais qu’est-ce que je faisais là ? Je n’avais pas vraiment le pied marin, et je risquais de les gêner plus que de les aider. Je m’apprêtais à regagner les quartiers, admirant les marins qui semblaient si agiles sous l’ondée, lorsqu’un évènement inattendu éveilla mes pensées. Une vague, bien plus imposante que les autres, fit brusquement chavirer le bateau, qui penchait dangereusement sur le côté. Déstabilisé, je perdis l’équilibre et chutais, roulant bien trop vite en direction des eaux déchainées. Grâce à mon agilité, bien aidé par mon armure, et mes réflexes, j’eu le temps de m’accrocher au bastingage avant de basculer par-dessus bord. Je me hissais rapidement à la force de mes bras, roulant sur le ponton, le cœur battant d’avoir échappé de justesse à une mort certaine.
J’entendis alors un cri, et je relevais les yeux. Un homme semblait avoir perdu son accroche, ou ne pas avoir eu le temps de se mettre en sécurité, et dévalait vers moi à grande vitesse. Vers moi ? Non, plutôt vers nous, car quelqu’un d’autre se trouvait sur sa direction, à quelques mètres à peine de moi. Laissant parler mon instinct, analysant primitivement la situation, je me relevais et me déplaçais aussi vite que je pouvais sur le sol penché et glissant, souhaitant intercepter le malheureux dans sa chute. Le timing était serré, et j’interpellais le seul homme susceptible de m’aider à sauver la victime.
« Hey ! Attrape-le ! Le laisse pas tomber ! » Lançais-je, continuant ma complexe course vers lui.