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descriptionMille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr] EmptyMille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr]

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La pluie battait, et une grosse tempête s’annonçait. Debout sur le planché trempé de la solide embarcation, la capuche rabaissée sur mes cheveux argentés, j’observais, pour les derniers instants, le continent qui avait été le nôtre. Nous étions forcés de quitter nos propres terres, nos foyers, et ce, sans raison apparente. Mais l’envahisseur était trop fort, trop coriace, trop impétueux pour que nous puissions espérer emporter cette guerre. Et il n’aurait été que vanité stupide de résister plus que de raison, et de risquer de perdre tout ce que nous avions. L’exode était donc, par pur logique, la meilleure des solutions. Certes, nous perdions beaucoup, mais au moins nous survivions.

La majeure partie de la flotte était partie, et seules restaient des embarcations remplies de soldats et de membres de la Caste des Dragonniers, qui avaient, tout comme je l’avais fait, veillé sur le départ des Ambarhùnéens, et participé aux derniers combats qui avaient lieu sur la terre de nos ancêtres. Nous étions tous fatigués, et las de ce long combat acharné, et perdu d’avance, que nous menions depuis quelques mois, et il arrivait enfin à son terme. Nous avions joué notre rôle, chacun à notre manière, afin de retarder l’inévitable échéance, et permettre à nos colons de quitter Ambarhùna. Pourtant, à l’idée de voguer sur les flots et d’enfin échapper aux chimères, il ne venait nul soulagement. Simplement de l’appréhension, tant nous ignorions complètement quelle était notre destination, et surtout quel aurait pu être notre avenir. Nous n’avions de toute façon pas le choix.

L’âme en peine, et le corps usé, je regardais donc cette terre qui avait été la mienne s’éloigner peu à peu, alors que notre navire prenait le large, suivi par les deux derniers, qui fermeraient à jamais la marche de notre exode. Devant nous, nous distinguions à peine le bateau qui nous précédait à cause de la tempête naissante et des puissantes vagues qui commençaient à se lever. Nous avions quitté un danger pour nous plonger dans un autre, et la nuit qui tombait ne serait surement pas une nuit de repos, au grand damne de nos esprits fatigués. Je n’y connaissais rien en navigation, aussi, je ne pourrais surement être utile qu’en prêtant mes muscles et ma force au service du capitaine et des marins qui s’affairaient tout autour de nous.

Et il allait le falloir, car la tempête, écho du tumulte de nos cœurs, gagnait en intensité. Le roulis se faisait plus intense, plus dangereux, et beaucoup avaient préféré rejoindre la cale, de laquelle il ne risquerait pas de passer par-dessus bord. Seuls restaient ceux suffisamment bravache, ou idiot, pour braver les éléments, dont je faisais visiblement parti. Mais qu’est-ce que je faisais là ? Je n’avais pas vraiment le pied marin, et je risquais de les gêner plus que de les aider. Je m’apprêtais à regagner les quartiers, admirant les marins qui semblaient si agiles sous l’ondée, lorsqu’un évènement inattendu éveilla mes pensées. Une vague, bien plus imposante que les autres, fit brusquement chavirer le bateau, qui penchait dangereusement sur le côté. Déstabilisé, je perdis l’équilibre et chutais, roulant bien trop vite en direction des eaux déchainées. Grâce à mon agilité, bien aidé par mon armure, et mes réflexes, j’eu le temps de m’accrocher au bastingage avant de basculer par-dessus bord. Je me hissais rapidement à la force de mes bras, roulant sur le ponton, le cœur battant d’avoir échappé de justesse à une mort certaine.

J’entendis alors un cri, et je relevais les yeux. Un homme semblait avoir perdu son accroche, ou ne pas avoir eu le temps de se mettre en sécurité, et dévalait vers moi à grande vitesse. Vers moi ? Non, plutôt vers nous, car quelqu’un d’autre se trouvait sur sa direction, à quelques mètres à peine de moi. Laissant parler mon instinct, analysant primitivement la situation, je me relevais et me déplaçais aussi vite que je pouvais sur le sol penché et glissant, souhaitant intercepter le malheureux dans sa chute. Le timing était serré, et j’interpellais le seul homme susceptible de m’aider à sauver la victime.

« Hey ! Attrape-le ! Le laisse pas tomber ! » Lançais-je, continuant ma complexe course vers lui.

descriptionMille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr] EmptyRe: Mille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr]

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L'humain se sentait mal à l'aise. Non pas à cause des mouvements chaotiques du navire où encore des conséquences de la tempête qui avait pris dans ses bras orageux la flotte... non, c'était autre chose...Vétéran ne s'était pas attendu à un voyage en mer, pour fuir ce monde qu'il avait toujours cru être le sien. Mais quand il avait vu les bateaux, il avait senti comme un horrible pincement au coeur et aux tripes. Il avait pris cela au début par le fait qu'il quittait à tout jamais ces terres, pour une destination inconnue, vers un danger encore indéfini. Il crut que c'était la peur de l'inconnu... Et quand il avait posé le pied sur le pont du navire qui serait sa demeure le temps de la traversée, il sut la raison : il avait déjà vécu un départ pour l'ultime voyage, sans aucune possibilité de retour. Mais quand ? Et il sut. Les Almaréens. Mais l'était-il vraiment ? Est-ce que son esprit fragmenté ne se raccrochait pas à ce qu'il avait pu entendre ? Ces envahisseurs de quelques années en arrière qui étaient venus ici, pour envahir et conquérir le continent, fuyant le leur dévasté, totalement anéanti ? Vétéran ne saurait le dire avec exactitude, mais chose qui était certain, il comprenait le sentiment que les autres soldats, guerriers et mercenaires ressentaient.

Et maintenant, en pleine tourmente, il se tenait comme il pouvait. Malgré sa cape qu'il avait fait huilé, il était transi et espérait vite que la tempête cesse. Mais autant prier dans le vide. Une tempête, comme le disaient si bien les marins, pouvait durer des heures, comme des jours. Vétéran espérait qu'elle ne durera que quelques heures. Là pour l'instant, il ne souffrait nullement du mal de mer, pas comme certains combattants qui commençaient à montrer des signes évidents de ce malaise, faute d'être habitué à naviguer.

Plongé dans ses pensées, il sortit à peine de ses réflexions quand il sentit le navire avoir une attitude soudaine et brutale, manquant de chavirer. Vétéran glissa mais sut se rattraper, grâce à ses réflexes. Serrant les dents, il se rétablit comme il put, gardant ses muscles bandés pour ne pas glisser à nouveau. Un homme cria, ayant perdu son équilibre et qui ne manquera pas de tomber à la mer s'il ne se rattrapait pas rapidement ; où si personne ne venait à son secours. Mais au vue des circonstances, tenter de le sauver inviterait à le suivre dans sa chute et donc vers la mort certaine, perdu dans les vagues en furie d'une mer déchaînée. Pourtant, Vétéran ne resta pas sans réagir quand un autre homme, qui se trouvait non loin de lui, le héla. L'attraper ? Mais était-il devenu fou ? Pourtant, Vétéran ne resta pas sans réagir.

Il était dans la ligne de la glisse de la malheureuse personne en perdition. Il ne devait pas rater. Il guetta l'instant propice et attrapa le poignet de l'être paniqué. Il serra sa prise comme il put, sentant qu'il lui glissait déjà de sa main.

''Bon sang, mais use de ton autre bras ! ''cria-t-il à l'homme qu'il tentait de retenir.

Forcément, l'autre ne se fit pas prier et attrapa comme il put l''unique attache vivante qui le retenait. Vétéran sentait ses muscles protester et ne put s'empêcher de crier à nouveau, mais à l'encontre de celui qui avait demandé son secours :

''Bon sang ! mais maniez-vous ! Je ne vais pas réussir à le tenir bien longtemps ! ''

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La situation était vraiment complexe, pour ne pas dire catastrophique. Je courrais, ou plutôt manquais de tomber, aussi rapidement possible vers les deux hommes. Celui que j’avais hélé quelques instants auparavant avait réussi, par réflexe, à agripper le malheureux in extremis. Mais sans avoir toutefois omis ce détail, je compris bien vite que j’en avais peut-être espéré un peu trop. L’homme qui retenait avec difficulté le marin n’était pas un elfe, et il allait avoir du mal à tenir bien longtemps. Il vociférait à travers la tempête alors que je me hâtais d’arriver à sa hauteur, pas le moins du monde atteint par le ton dû à la gravité de la situation qu’il venait d’employer.

Là encore, mon intervention se déroula sur le fil du rasoir. Le marin glissait le long du bras de l’homme qui le retenait, et, pire encore, les signes de fatigue musculaire commençaient à être visibles chez ce dernier, qui ne tarderait sans doute pas à tomber à l’eau lui aussi à la prochaine vague. J’arrivais donc juste à temps, alors que le bastingage était à nouveau frappé par l’océan déchainé. D’un bras, je retenais l’homme aux cheveux gris de basculer, et de l’autre, j’agrippais le vêtement du marin pour le hisser jusqu’à moi. Je remarquais alors que toute l’action, nécessitant ma concentration la plus extrême, m’avait presque fait oublier de respirer, et, haletant, je récupérais mon souffle, jetant un regard autour de nous.

Je décelais bien vite l’objet de ma pressante convoitise. Partant du mât, des cordes étaient solidement attachées à la taille de tous les marins pour les empêcher de tomber à l’eau. Alors que le bateau revenait un instant à l’horizontale, je me propulsais vers le centre du navire. Mais la houle en avait décidé autrement, et je perdis brusquement l’équilibre lors d’une brusque embardée de notre embarcation. Je roulais un instant, mais, grâce à l’agilité que me conférais mon armure, je parvins de justesse à me raccrocher au mât. Je lançais alors des cordes en direction des deux hommes cramponnés au bastingage pour ne pas tomber, soulagé de voir qu’ils n’avaient pas basculé durant ma pirouette. Je pris ensuite le temps de m’accrocher moi-même, puis je leur criais à travers la tempête, le navire toujours brutalement chahuté par les éléments capricieux qui nous entouraient.

« Accrochez-vous ! » Je manquais alors à nouveau d’être déséquilibré, et, profitant de quelques instants d’une sorte « d’accalmie » au milieu du tumulte, je m’élançais à nouveau vers eux, pour pouvoir, si le besoin s’en faisait sentir, les rattraper et les assurer le temps qu’ils nouent ce lien vital autour de leur taille.

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Le navire fut de nouveau secoué par une autre puissante vague. Vétéran sentit qu'il perdait dangereusement son propre équlibre, déjà précaire. Il lui suffirait de lâcher le marin pour sauver sa vie. Autant sacrifier une vie déjà perdue pour ne pas se faire emporter avec lui dans la mort.... Mais Vétéran nétait pas dans cette optique là d'action. Agir de la sorte paraissait immuable mais en agissant de la sorte, il ne serait qu'un monstre. Il serra les dents alors, essayant de contrainte ses muscles déjà protestant de douleur, de tenir bon le malheureux.

L'elfe intervint juste à temps pour le retenir, et attrapa même le marin en détresse. Mais ce n'était qu'une solution temporaire. Même l'elfe ne pourrait repousser l'inéluctable. Quand Vétéran le vit partir vivement et souplement, il manqua de l'injurier avant de comprendre la raison de son bref départ : des cordes. Lui aussi remarqua que les marins s'étaient attachés à des cordes, elles-mêmes fixées aux mâts qui trônaient sur la ligne centrale du pont. Il serra plus les dents sous le tremblement de ses mains et de ses bras. Il ne devait pas lâcher. Deux cordes tombèrent non loin de lui.

Une accalmie permit au navire d'avoir une position merveilleuse pour s'assurer à cette corde de vie. Mais il fallait faire vite. Vétéran passa la corde autour la taille du marin, ce dernier ne perdant pas de temps pour commencer à la nouer. Vétéran fit de même et juste à temps, car la mer reprit ses droits tempétueux et ballotta le navire dans sa frénésie chaotique. L'épéiste sentit qu'il perdit pied et manqua de passer par-dessus le bastingage, la corde le retenant de justesse. Mais le nœud n'était pas celui d'un marin et avec l'eau salée, commençait à glisser pour se dénouer. Et tendue comme elle était, on entendait le chanvre craquer. Alors il fit quelque chose qui pourrait lui broyer la main, car il ne voyait pas l'elfe qui revenait vivement vers lui et le marin sauvé. Il attrapa la corde pour se ''remonter'' juste ce qu'il fallait pour l'enrouler plusieurs fois autour du poignet et de sa main gantée. C'était un risque d'y laisser des os, mais au point s'assurait-il comme il pouvait pour ne pas tomber dans l'eau de la mer en colère.

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La situation était plus ou moins stabilisée grâce au savoir faire des marins, mais ce n’était absolument pas le cas de notre embarcation qui enchainait les embardées avec une violence peu commune. Malgré mon agilité, bien aidée par mon armure, je peinais à rester sur pied plus de quelques secondes, secoué par l’impact des vagues qui se fracassaient contre le bastingage, venant inonder le pont d’une eau froide, noire et salée, qui, heureusement, n’emportait personne pour le moment. Pour les deux humains placés légèrement en contrebas, ce n’était en revanche qu’une question de temps. Si le marin avait retrouvé ses esprits, ce qui lui avait permis de s’attacher habilement avec la corde que je lui avais lancée, l’homme qui lui avait sauvé la vie semblait, lui, avoir un peu plus de mal à se stabiliser. Son nœud s’était défait, et, dans un dernier effort, il avait réussi à enrouler la corde autour de son poignet, alors que le marin essayait tant bien que mal de lui venir en aide.

Je m’assurais alors que mon propre nœud était bien accroché, et je m’élançais à nouveau vers eux, manquant plusieurs fois de chuter à nouveau. Une embardée me fit perdre davantage l’équilibre, et je volais de l’autre côté du bastingage, heureusement rattrapé par la ligne de vie qui, pour cette fois, sauva la mienne. Je mis une seconde à me remettre du choc, bien conscient de la chance que j’avais que ma corde n’ait pas lâché, puis je m’ébrouais, me concentrant de nouveau sur l’homme aux cheveux gris clair qui se cramponnait, aidé par le marin à ses côtés. Précautionneusement, je remontais de quelques mètres avant de pouvoir me raccrocher au pont, et j’arrivais finalement vers eux, au moment donné où, irrémédiablement, la main de l’homme lâcha après un nouvel à-coup. Je ne pouvais pas vraiment deviner s’il s’agissait du fait que son poignet soit cassé, où s’il avait simplement lâché la corde, mais, pour l’heure, l’un ou l’autre n’avait pas d’importance. Je le rattrapais au niveau du bras, le hissant de toutes mes forces vers le marin, et bénissant la condition physique des elfes pour m’avoir permis d’y arriver.

Je m’attendais à ce que notre observateur ne vienne cette fois s’occuper du nœud, mais il n’en fit rien. Je lui criais alors.

« Qu’est-ce que vous attendez ? Accrochez-le ! » Lui lançais-je, l’exhortant à se dépêcher, ne voulant pas risquer une nouvelle chute.

Il me désigna alors la corde rompue dans la tempête qui a force de frottement avait fini par se rompre lors du choc précédent. Rester sur le pont relevait alors du suicide. Le marin était en sécurité, et il était temps pour nous de filer. Posant un bras de l’homme aux cheveux gris sur mes épaules pour qu’il ait une prise avec mon armure, je commençais à progresser vers la porte qui menait aux étages inférieurs, où nous ne risquerions plus de nous faire éjecter du bateau.

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Le navire avait subi une nouvelle secousse et la corde, déjà tendue à son maximum, ne put que provoquer que des conséquences, pressenties par Vétéran. Le fait d'avoir enroulé la corde autour de son poignet pour retarder l'inéluctable ne put qu'avoir un mauvais résultat. Et le mercenaire le sentit instantanément, lors du navire qui donna un nouveau à-coup. Il sentit comme il crut entendre un des os de son poignet se briser sous la pression qui l'enserrait. La douleur fut comme foudroyante, qu'il crut frémir de douleurs de la tête au pied. Cela provoqua un relâchement de sa prise. Une main lui attrapa fermement le bras, l'empêchant sans doute de partir dans une ultime chute. Grimaçant, il tourna à peine la tête pour voir qui était son sauveur. C'était l'elfe. Il était arrivé juste à temps et le ramenait à lui. Mais il n'était pas sorti d'affaire pour autant.

L'elfe houspilla le marin qui observait la scène. Allez savoir pourquoi cet humain était figé de la sorte, regardant d'un air ahuri. Le stress du danger devait le coincer mentalement. Mais en se faisant crier dessus par l'Elfe, cela le secoua et après avoir cligné des yeux, il s'exécuta. Il attrapa la corde et alla l'accrocher, en se déplaçant le plus rapidement possible et du mieux qu'il le pouvait. Le bateau tanguait dangereusement encore.

Vétéran secoua son bras pour se défaire de la corde, grognant en sentant la douleur pulser dans son poignet fracturé et qui remontait le long du bras. Il ne se rappelait pas d'avoir à souffrir autant avec un ou plusieurs os brisés. En même temps, il n'avait pas tous ses souvenirs et sa mémoire fragmentée ne pouvait lui être d'une grande utilité au vue de la situation périlleuse. Et tout cela pour sauver la vie d'un simple marin ! Mais au moins, avait-il sauvé une vie. Le prix avait été douloureux.

L'elfe avait attrapé son bras valide pour le poser sur ses épaules. Vétéran comprit que c'était pour assurer une prise et pour pas qu'il tombe par-dessus bord. Il serra sa prise sur l'armure elfique. L'elfe se dirigeait déjà vers la porte menant sous le pont. Ils y parvinrent, étant malgré tout arrosés par une vague qui frappa contre la coque et se déferla de moitié sur le pont.

Une fois arrivé dans les étages inférieurs, Vétéran put s'adosser contre un mur de planches et se laisser glisser contre, jusqu'à être assis. Il tint son poignet blessé contre son torse et grimaça. Il avait mal et en plus, il était trempé. Vous parliez d'une sale journée !

''Merci l'ami. Sans vous, le navire perdait un marin et un passager. Je crois que je vais être en droit de réclamer une bouteille d'alcool à ce marin pour l'aide qu'on lui a apporté. J'espère qu'il saura mieux faire ses noeuds, celui-là ! Ou de mieux s'accrocher à une corde la prochaine fois. Et dans tout cela, je crois que je vous en dois une, n'est ce pas ? ''

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Malgré ses débuts catastrophiques, la situation commençait doucement à s’améliorer, sans que toutefois nous soyons pour le moment sortis d’affaire. La tempête faisait toujours rage, et le bateau des embardées telles que, sans l’aide de mon armure ainsi que de mon accroche solide nouée autour de ma taille, je me serais surement retrouvé, accompagné de l’inconnu, balancé par-dessus bord. Heureusement, malgré les vagues qui foutaient le pont et nos êtres tout entier, nous arrivions à progresser vers les quartiers où nous attendaient une plus grande sécurité, et un brin de sécurité.

Et nous y arrivâmes, lentement mais surement, et, lorsque nous fûmes arrivés, je me laissais à mon tour glisser le long du mur derrière moi, décrochant ensuite la longe qui se trouvait toujours autour de ma taille pour pouvoir refermer la porte. Le bruit de la tempête, étouffé par le bois humide, nous parut soudain bien plus loin, et un sentiment d’apaisement envahit alors ma poitrine. Nous avions réussi à nous en sortir, contre les apparences, ce qui était un soulagement immense. Je me rendis alors compte que j’étais à présent trempé de la tête au pied, et que je n’avais pas vraiment d’autres habits à me mettre que ceux que je portais en ce moment-là. Mais ce n’était pas bien grave, tout le monde allait bien, et c’était l’essentiel. De toute façon, ce n’était pas comme si je pouvais tomber malade. Après quelques secondes de prises pour récupérer mon souffle, je me tournais vers l’homme qui venait de prendre la parole. Son attitude presque amusée me fit sourire. Il était vrai que le marin avait commis une erreur, mais qu’importe, il ne méritait pas de finir ainsi happés par les flots dès les premières heures d’un voyage qui, pour le coup, serait surement déjà bien assez long. Toutefois, je contestais l’homme aux cheveux gris sur un point. Il ne me devait absolument rien.

« Merci de m’avoir aidé. Nous aurons besoin de tous les marins nécessaires afin que ce voyage se passe le mieux possible, et personne ne mérite de finir comme ça, vous ne pensez pas ? » Dis-je, le taquinant presque légèrement, avant de continuer. « Quoi qu’il en soit, rassurez-vous, je vous dois autant pour l’aide que vous m’avez apportée que vous m’en devez de vous avoir rattrapé. Je vous ai mis dans cette situation sans vous en donner le choix, aussi, il était parfaitement normal que je viennes vous aider. » Je repris quelques secondes mon souffle, avant de relever la tête vers lui.

« Au fait. Je m’appelle Seö. Seö Wënmimeril. Ravi de vous rencontrer, même dans de si sombres circonstances. » Lui souris-je.

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Le nom comme l'apparence était tout aussi elfique. Qui aurait cru qu'un elfe serait venu le sauver.... Il rejeta son appréhension quand à l’attitude qu'avaient en général les elfes et il parut un peu décontenancé de la taquinerie légère de l'Elfe. En même temps, lui-même avait fait un trait dans le même genre en parlant de se faire rembourser le risque encourue par une bouteille d'alcool. Là, il était clair qu'il prendrait bien un verre. Car mine de rien, tomber à l'eau, en pleine tempête, c'était la mort assurée. Surtout qu'il savait guère nager. Rien que de songer qu'il aurait pu terminer sa vie dans ces conditions là, il frémit. Au moins, ce n'était pas le froid qui le faisait trembler. Mais c'était tant mieux si cela passait pour un effet de froid.

''Non, en effet. Périr noyé et loin du navire incapable de venir aurait une mort lente et atroce. Personne ne mérite un tel sort. Et plus les navires garderont leurs marins et mieux on est certain qu'on restera entier à bord de ces coquilles de noix de bonne taille. ''

Il avait hoché la tête quand aux remerciements de l'Elfe. Ainsi, ils étaient quittes. Voilà qui en disait long sur le comportement de cet Elfe là. Il n'était absolument pas regardant à l'être qu'il avait aidé à sauvé et pour lui, la dette était déjà payée. Pourtant, Vétéran aurait bien voulu insisté. Mais par politesse, il s'en abstint.

L'Elfe alla même jusqu'à se présenter. Voilà qui était intéressant. Au moins, Vétéran était certain de pouvoir faire la conversation avec celui-là. Alors décida-t-il d'engager la suite de cette conversation.

''Je me nomme Vétéran. Une rencontre qu'on pourrait dire de... circonstances, à la limite du dramatique même. ''

Il se permit un petit rire.

''Je pense qu'au vue des circonstances, en plus d'être trempé, cela mérite un bon coup à boire. Je ne sais pas vous, mais j'ai les nerfs qui demandent qu'à se détendre un peu... ''

Plusieurs personnes les observaient, et paraissaient un peu perdues quand à la décision à prendre aux sujets des deux individus trempés et encore bien dégoulinants d'eau de mer. Vétéran ne perdit pas de temps pour héler l'un d'eux.

''Vous attendez qu'on meurt de froid ? Allez chercher des couvertures, de quoi se réchauffer la gorge et surtout.... allez nous chercher un guérisseur ! ''

Il précisait le ''nous'' car il ne savait pas si Seö avait besoin de soin. Mais lui, c'était clair et net, il en avait besoin d'un. Il espérait presque que la facture de son poignet n'était pas trop grave et qu'il se remettrait bien.

''Un humain et un elfe pour sauver un marin... Il y a de quoi rire non ? Bien, en attendant que ces incapables ramènent ce qu'il nous faut, hormis d'être un elfe prénommé Sëo Wënmimeril, je présume que vous même n'est pas un marin, n'est ce pas ? ''

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Je reprenais doucement mon souffle après notre mésaventure, penchant la tête en arrière et laissant l’arrière de mon crâne reposer contre le mur de bois contre lequel j’étais adossé. Je ne ressentais nullement le froid qui aurait pu m’étreindre grâce au Sticharion que je portais en dessous de mon armure de cuir. Mais il n’en était surement pas de même pour mon compagnon de fortune, qui, lui, paraissait un peu plus souffrir des affres des basses températures. Il me sembla alors déceler dans son regard une pointe de surprise, probablement venant de ma franchise. Il fallait dire que mon peuple était parfois hautain avec les ressortissants des autres factions, mais, moi, j’étais habitué à côtoyer des citoyens issus de toutes les races et de tous les horizons au sein de la caste. Aussi, l’homme ne m’apparaissait même pas comme étant fondamentalement différent.

Son nom me surprit légèrement, car il n’en était pas vraiment un. Un surnom, un titre peut être ? Souhaitait-il simplement dissimuler son vrai nom, ou ne se faire apeller que par un patronyme qui lui convenait un peu mieux ? Je ne pouvais en tous les cas m’empêcher d’être curieux à son sujet, même si je ne m’en formalisais pas. Après tout, s’il avait ses secrets, sans doute ne voulait-il pas en faire part à un parfait inconnu, et il aurait été déplacé d’insister. Je lui souriais et lui répondais alors.

« Vétéran alors. J’ai entendu parler d’un homme qui se faisait apeller vétéran autre fois. Un guerrier Almaréen, si je me souviens bien.
» Lançais-je sur un ton neutre, restant assez pensif, avant d’embrayer sur un autre sujet. « Quoiqu’il en soit, avant de boire quoi que ce soit, il serait préférable de s’occuper de votre blessure. Ensuite, nous trinquerons au fait d’être encore en vie. »

Je ne buvais pas souvent, et l’alcool n’avait pas grande emprise sur moi d’une manière générale, mais je devais bien avouer que, comme lui, un peu de détente, et la chaleur d’une boisson, seraient les bienvenues. A la demande de Vétéran, donc, les spectateurs de notre arrivée revinrent rapidement avec les couvertures demandées, une gourde de liqueur et, quelques instants après, une femme d’une trentaine d’années vint à notre rencontre. Elle se posa, bien sûr, auprès de vétéran dont le bras avait été lourdement touché, non sans m’avoir jeté un léger regard. Je secouais négativement la tête pour lui indiquer que je n’avais rien, usant des couvertures afin d’entreprendre de sécher mes cheveux puis mon armure. Je reportais alors mon attention sur l’homme soigné par la guérisseuse.

« En effet, je ne suis pas vraiment un marin, comme la majorité de la population de ce navire, je pense. Je suis un serviteur de la Caste des Dragonniers, même si ça ne fait plus vraiment sens en ce jour, et artisan de mon état. Et vous donc, Vétéran ? Je suppose qu’avec un tel titre, vous êtes un militaire de carrière ? » Tout en posant la question, je fis glisser la gourde de liqueur vers l’homme aux cheveux gris. Les soins de la jeune femme allaient probablement être douloureux, alors il était mieux d’avoir une source de réconfort à portée de main.

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Vétéran ne paraissait pas surpris quand au souvenir de l'Elfe quand à l'usage de son nom. Vétéran était un nom très commun et même un mot simple. Mais il ne put s'empêcher malgré tout de hausser un sourcil quand à l'énoncé que ce nom s'était porté aussi chez un guerrier Almaréen. Il grogna à l'idée de se faire soigner. Il était certain que la magie des guérisseurs seraient misés sur autre chose que de soigner l'intégralité d'une fracture comme la sienne. Qui sait comment les os de son poignet étaient brisés.

''Vous avez raison. Les soins d'abord. Je ne suis guère étonné quand à l'user du pseudonyme que vous évoquiez. De ce que je sais des Almaréens, ce sont des humains qui ont connu que la discipline militaires et font encore d'excellents et farouches combattants pour ceux qui ont rejoints les forces qu'ils combattaient autrefois, au nom du Dieu Néant. Après tout.... pourquoi pas. Moi, c'est vraiment le nom que je porte. Peut être que le hasard se plait à s'amuser de ce genre de mots. ''

Enfin on apportait ce qu'ils attendaient, à savoir des couvertures et surtout, une guérisseuse. La jeune femme avait dans la trentaine d'années et n'était pas désagréable à regarder. Elle était déjà posée devant Vétéran et avait même jeté un regard éloquent à Seö, qui lui confirma d'un hochement de tête négatif qu'il n'aura pas besoin de soins. Alors s'attaquait-elle à l'étude de la blessure pour en voir l'étendue.

''Un dragonnier... et bien, on va dire que j'ai de la chance d'avoir l'honneur de croiser une personne travaillant pour cette caste prestigieuse. Cela ne doit pas être de tout repos. Quand à moi, j'étais militaire autrefois oui. Maintenant, je suis plus un mercenaire qu'autre chose.. ''

Il grimaça en ravalant un grommellement douloureux. la jeune femme le houspilla.

''Cessez de bouger. Votre poignet comporte deux os brisés. Je vais devoir faire en sorte de les remettre en place avant de les souder un peu par ma magie. Mais cela ne vous dispensera pas d'une attelle et surtout de repos''

Vétéran garda le silence et but longtemps la gourde qu'il avait pris de la main tendue de Seö. Il était certain qu'il en allait en avoir besoin sur le coup. Puis une fois que la guérisseuse eut terminé une partie des soins apportés par la magie et qu'elle entama la pose d'une attelle, après avoir exigé à Vétéran de se défaire de son armure, Vétéran essaya de penser à autre chose que la douleur persistance qui sourdait dans son poignet, malgré les soins apportés.

''Je me demande ce que vous, serviteur des dragonniers, faites pour.... jouer les serviteurs. Je doute que ce soit pour apporter les repas aux dragons ou leur limer leurs griffes n'est ce pas ? ''

descriptionMille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr] EmptyRe: Mille millions de mille Sabords. [Pv. Alauwyr]

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Les paroles de l’homme faisaient sens, et, si la question de son nom titillait légèrement mon intérêt et le bout de mes lèvres, je n’insistais pas plus que de raison. L’homme était un guerrier, c’était une évidence, et je n’avais pas besoin d’un grand sens de déduction pour le savoir, et il était surement aussi Almaréen. Quant à savoir s’il était bel et bien la personne dont j’avais entendu parler autrefois, on ne le saurait sans doute jamais. De toute façon, une partie de notre passé ne s’effaçait-elle pas à l’orée de ce nouveau départ ?

Dans tous les cas, mon compagnon ne semblait pas bien emballé à l’idée de faire soigner son poignet. Qu’importe qui intervenait, les soins ne seraient pas de tout repos, surtout que la gravité de la blessure de celui qui m’accompagnait m’était encore totalement inconnue. Mais il semblait déjà le savoir, en attestait la rasade d’alcool qu’il avait prise avant que la jeune femme ne commence à s’occuper de lui. Sa première remarque, que j’avais sentie ironique, m’arracha un léger sourire, alors qu’il était repris par la guérisseuse mécontente d’avoir vu son travail dérangé par un mouvement réflexe de mon camarade. J’attendis patiemment qu’elle ait fini ses remontrances pour répondre à l’homme qui me faisait face.

« De la chance ? Je ne sais pas, nous ne sommes pas si différents d’une armée régulière à vrai dire, et nous ne faisons rien de particulièrement exceptionnel. » Dis-je simplement.

J’attendais ensuite patiemment que la jeune femme finisse son travail qui se voulait visiblement très méticuleux. L’armure trempée de mon camarde lui fût ôter pour faciliter sa guérison et éviter quelques faux mouvements inutiles. Une fois que ce fût fait, le Vétéran reprit sur le sujet, m’arrachant un nouveau sourire. Servir les dragons pouvait parfois porter légèrement à confusion, et je sentais sa plaisanterie.

« Déjà, je pense que vous sous-estimez amplement la difficulté de couper les griffes des dragons. » Commençais-je, sur le ton de la plaisanterie. « Et nous sommes bien loin d’avoir tous le même rôle. Il y a des artisans, des combattants, des commerçants… Enfin, une pléthore d’unités qui nous permettaient de faire survivre la Caste. Quant à moi, j’étais au service de Lewyn Viladric, le dragonnier vampire. Mes missions étaient diplomatiques, principalement, du moins jusqu’à ce que… » Je me coupais un bref instant, avant de reprendre. « …du moins jusqu’au moment où nous battre est devenu indispensable. » Je m’interrompais, avant de tourner mon regard vers le Vétéran. « Et vous alors ? Quelle est la raison de votre départ si tardif de notre bon vieux continent ? »

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Vétéran regardait son poignet. Il en aurait pour au moins une semaine, à moins d'aller harceler la guérisseuse pour qu'elle use encore de magie sur son articulation blessé pour parachever la guérisson. Mais ce serait là une demande égoîste de sa part. On avait sans doute besoin de ses services pour d'autres blessés ou malade à bord et donc, elle devait garder ses forces magiques pour les aider. C'était déjà bien généreux de sa part d'avoir presque ressoudé les os de son poignet. Il prit sur lui et accepta son sort après ce petit duel personnel.

La guérisseuse partit et l'Elfe reprenait la conversation.

''Rien que d'être en contact avec ces créatures ailés suffit à être exceptionnel. Je n'ai pas votre expérience quand à côtoyer les dragons, mais je sais que ce n'est pas donné à tous. Et puis, ne soyez pas si modeste que cela voyons. Pour vous rassurer, je ne vais pas tomber en pavoisons devant vous et vous adulez comme un Dieu. ''

Il en rit brièvement. Lui, faire cela ? Même pas en rêve ! Jamais ! Pourtant, il se rappelait vaguement quelque chose à un autre Dieu... Néant était un nom qu'il se souvenait.... Il eut un moment de réflexion et revint à la conversation.

''Il est certain que je vous vous vois mal avec une scie pour raccourcir une griffe. après des heures de labeurs, pour en réduire une, alors qu'il en aurait d'autres à ''limer''. Je vois trop la scène. Malheureux que vous seriez à ce moment là. Bien, vous me rassurez quand à votre rôle. Je vois que c'est bien plus conséquent que je ne le pensais. ''

Il avait noté le bref arrêt de Seö. Se battre avait dû être difficile alors qu'il avait dû se mettre au service de la Caste pour aider à promouvoir la paix. Ces deux faits étaient de parfaits contraires et cela avait dû perturber les convictions de l'Elfe. Il profita du changement de sujet pour le soulager un peu. Parler de lui devait être difficile sur ce sujet là.

''J'ai prêté mon épée et ma force pour que les derniers survivants embarquent sur les navires. Sauver tout le monde aurait été impossible et le sacrifice inutile. Mais faire embarquer le maximum de monde était ce qu'il avait de mieux à faire, sur le moment... ''

Il manqua de dire qu'il avait déjà connu une exode de ce genre, mais réussit à s'aviser.

''Dites moi mon cher, si ce n'est pas du secret, que pouvez vous me dire sur le dragon qui se nomme Verith ? ''

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L’enthousiasme de l’homme me laissait pantois. Il aurait été un euphémisme que de dire que je n’observais pas son avis sur les dragons, mais, s’il ne les avait lui-même pas côtoyé, et qu’il se fiait aux histoires racontées ça et là, alors sa pensée faisait sens. Les dragons étaient encensés sur Ambarhùna et, même si c’était à juste titre puisqu’ils étaient les garants de l’existence de la magie et, par extension de deux des trois peuples du continent, les contes et légendes à leur sujet étaient souvent trop peu lapidaires. Je le laissais donc poursuivre son discours, souriant en retour à sa plaisanterie. Il fallait avouer qu’imaginer la scène était tout de même assez cocasse. Une fois qu’il eut finit, je lui répondais.

« Je suis rassuré de voir que d’autres que la caste ont fait le geste désintéressé de protéger notre exode. Bien qu’il s’agisse d’une triste et lourde journée pour chacun de nous, il faudra tout de même noter que nos trois peuples parviennent parfaitement à faire front commun dans les situations les plus dramatiques, et, si tant est que nous accostions un jour sur un autre archipel, ça ne sera qu’un espoir de plus vers une paix durable. » Dis-je, avec un léger sourire, avant de reprendre notre premier sujet de conversation.

« Cependant, je vous assure, vous vous fourvoyez en ce qui concerne les dragons et leurs entourages. Cette caste n’a rien de l’exceptionnel caractère que lui donnent toutes les légendes et les histoires qui gravitent autour d’eux. En soit, ce n’est pas une fatalité. Si les légendes prêtent aux dragons une sagesse et une puissance mystique, je ne leur ai, pour ma part, seulement trouvé que des comportements très proches de ceux des bipèdes, voir identiques. Encore une fois, ce n’est qu’une évolution logique, puisque nous les côtoyons, mais, en réalité, les dragons, et c’est d’autant plus vrai pour ceux d’entre eux qui sont les plus jeunes, vivent, réagissent et ressentent d’une manière presque similaire à la nôtre. » Fis-je, découlant maintenant logiquement mon discours sur sa dernière question.

« Quant à Verith… Je ne l’ai jamais rencontré. Il abhorre le lien et les dragonniers, aussi, il n’était pas près de s’approcher de la Caste. Je n’ai donc entendu que des rumeurs mais… » Me coupais-je, réfléchissant à mes mots. « Il a la réputation d’un dragon en proie à une haine infinie pour toutes les races de bipèdes, et représente un danger tout ce qu’il y a de plus sérieux. Il sera sans doute à l’avenir un fléau encore plus grand que le tyran blanc, et je vous avoue que c’est quelque chose qui m’inquiète. En attendant, je ne saurais que trop vous conseiller de rester loin de lui. A moins que vous ne teniez à affronter un dragon de la taille d’un village, bien entendu. » Finis-je, amusé, pour détendre l’atmosphère.

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Vétéran était devenu un peu morose quand à l'évocation du drame qui avaient poussé les trois peuples à prendre la mer. Heureusement que la caste, bien que petite et faible par la même occasion, avait agi de son mieux, répondant à son rôle au sein du Traité. Mais quand sera-t-il pour la suite ? L'avenir se traçait derrière l'horizon, en quête de terre improbable. Pourtant, il savait lui aussi qu'il y aurait quelque chose derrière cette ligne imaginaire, qui coupait la vue du lointain.... Tous n'avaient pas embarqué sans risquer de se perdre à tout jamais en mer. Lui-même avait connu une autre exode, de ce qu'il s'en rappelait par le passé. Ce ne serait alors que sa seconde grande traversée, le recommencement d'une nouvelle vie, encore et encore. A croire qu'il était lié, lui, à ce genre de destin.

''J'espère comme vous une paix durable. Il n'y a pas si longtemps, avant l'arrivée du Tyran Blanc, chaque peuple se disputait avec les autres, pour des raisons qui ont fini par m'échapper. Il est juste navrant qu'il ait fallu un moment critique, mortel même pour tous, pour que nous comprenions enfin que nous pouvons nous allier pour faire front commun. Et nous le faisons encore, pour nous soutenir dans cette exode. Mais.... je vois aussi la nécessité d'être réunis pour réussir à survivre. C'est par l'union que la force naît. Seul, nous ne sommes que faiblesse et voués à ne pas surmonter les épreuves. J'espère que vos paroles porteront, car si nous trouvons des terres, qui sait ce qui se passera. ''

Puis sur le sujet des dragons, Vétéran ne parut qu'à moitié surpris des paroles de l'elfe quand à ce qui portait attrait aux dragons. Ainsi, ils ressentaient aussi aisément que les hommes ou les autres mortels ? Cela expliquait pourquoi Verith était un peu à l'écart alors. Plus encore quand Seö lui confirmait ce qu'il avait pu entendre à son sujet.

"Je vois. Donc en fait, les dragons ne sont pas si différents de nous, hormis sur l'aspect physique et quelques aspects émotionnels qui les différencient de nous. Je ne pensais pas les dragons si.... élémentaires en somme, aussi simples alors que nous entendons tellement de choses sur eux.... Je vous remercie de vos informations mon cher. J'aurai appris bien plus de choses qu'en quelques années à glaner moi-même les informations. Comme quoi, nous en apprenons tous les jours''

Il grimaça un instant. Son poignet le rappelait à l'ordre de la réalité. Satanée blessure !

''Verith déteste toutes les races, mais visiblement, il est seul, donc ne peut chercher à nous anéantir tous. Au final, lui aussi n'est pas si différents des cinglés que nous avons dans nos peuples respectifs. Seuls, ils ne sont qu'un danger localisé. Même si le dragon rouge est immense, il n'est pas invincible. Et pour changer du tout au tout, cela vous tente-t-il pas que nous allions voir si nous avons pas un truc à nous mettre sous la dent dans les cuisines ? ''

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