15 Juin 1761;
La caserne, une des seules battisses fortements construites sur de véritables fondations de pierres désormais gelées par le givre, ne semblait pas plus accueillante que les cachots de Gloria. Eleonnora y avait tout de même entraîné cet homme dans le but de savoir ce qu'il comptait réellement faire. Cet homme...l'esprit embrouillé de la jeune femme avait peine à fonctionner correctement en sa présence et surtout depuis que son simple contact lui remémorait une multitude de sensations et souvenirs encore frais de la veille. Ruminant l'insolence de son compagnon elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il représentait désormais une faiblesse apparente dont elle devait se méfier. Malgré les pensées qui s'entremêlaient dans son esprit de façon chaotique, elle tachait de faire bonne figure alors qu'elle se dirigeait à son bras vers le bureau de l’adjudant en chef de la garde Aldarienne.
Dans les couloirs les soldats se retournaient sur le passage de l'étrange couple. Le soldat à l'entrée avait bien semblé ironiser en la voyant aux côté de son collègue. Elle n'avait glissé mot mais s'était bien retenue de lui lancer son titre au visage...la prendre pour une simple roturière, il avait de la chance qu'elle soit pressée. Tout comme cela paraissait être une corvée pour Artane, elle voulait en finir au plus vite avec ses reprises administrative. Néanmoins plus ils approchaient du bureau de son supérieur, plus son compagnon montrait des signes d'angoisse, même s'il tentait tant bien que mal de les dissiuler. Une fois arrivé devant cette porte en bois plus massive que les autres et gardé par un soldat qui paru reconnaître l'ex-voleur, Eleonnora l'arrêta un instant. Elle prit ses mains dans les siennes avec douceur et planta ses grands yeux gris dans les siens.
"Ça va bien se passer, respire. Ce n'est qu'un adjudant de la garde...alors si tu t'en sort avec moi, je ne voit pas comment ça pourrait dérailler avec lui. Parce que je te rappelle que je suis une Ostiz, et que je lui suis largement supérieure!"
Le garde qui les scrutait depuis la pas de la porte hocha la tête silencieusement lorsqu'il les vit s'approcher. Son partenaire semblait être attendu. Il arrêta cependant le duo avec un regard septique.
"Je ne crois pas que la demoiselle ai sa place dans le bureau du chef...qui souhaite te parler en privé.Voyez rester ici je vous prie ma belle. "
La demoiselle haussa un sourcil à la fois surpris et contrarié. Elle ne pensait pas que ce petit soldat allait lui barrer le chemin. Et s'il pensait q'elle allait laisser passer, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au coude! Elle voulait être là pour soutenir Artane de sa présence et surtout elle était un poids non négligeable dans les négociations qu'il voudrait peut-être mener avec son supérieur. Même un soldat aldarien n'oserait faire de faux pas à l'évocation du Crissolorio Ostiz.
"Je ne crois pas que vois comprenez la situation...Je viens ici pour témoigner d'un odieux crime en aidant donc ce soldat à rendre son rapport."
"Je ne me répéterait pas, quel que soit la raison de votre venue, vous n'avez pas votre place ici...Le bureau des réclamations c'est dans le bâtiment des visites!"
"Mais vous allez baisser d'un ton avec moi! Vous me prenez pour une vulgaire manante peut-être? Soyez bien sur qu'une fois en présence de votre supérieur, je lui en toucherais un mot!"
"Quelque soit votre soit disant titre je...."
La porte s'ouvrit dans un grand fracas mettant fin à la joute verbale qui commençait à prendre place entre le soldat et la jeune fille. Ce dernier se retourna en blêmissant vers son supérieur qui affichait un air furibond.
"Qu'est ce que c'est que ce chahut?! Je t'avais bien dit de me prévenir de chaque visite...Artane Nordan...Tu es finalement venu, justement nous avons à parler...Et qui est cette jeune fille?"
Sa taille imposante avait de quoi faire blêmir le plus aguerrit des soldats et son air sérieux ponctué par d'effrayants sourcils froncés n'annonçait pas que la visite de son subordonné serait des plus calmes. Eleonnora ne fut pourtant pas déroutée par cet homme intimidant au premier abord et se détourna du petit garde qui s'était tû, d'une pâleur maladive. Elle effectua une de ses plus belles révérences avec un sourire rayonnant et aussi hypocrite que celui d'une courtisane.
"Eleonnora Ostiz votre honneur. je viens ici accompagner ce soldat qui m'a sauvé d'une mort certaine, si vous voulez bien que je témoigne en sa faveur."
Une expression décontenancée se creusa sur son visage avant que d'un geste agacé il les invita à rentrer dans le bureau. Elle laissa passer son compagnon devant et ferma la porte sur son sillage, prenant soin de narguer au passage cet idiot qui avait hésité à la faire passer. Il devait bien s'en mordre les doigts maintenant. Bien fait!
Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Sam 20 Jan 2018 - 22:42, édité 2 fois