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Pureté, lumière du cœur.

..Vérité, splendeur de l'esprit.


Elle aimait être seule sur les routes, un jour brumeux comme celui-là, seule avec sa monture - un petit entier elfique à la robe d'un blanc éclatant et aux reflets d'argent - et son chien - un husky roux et blanc. Elle voyageait de village en village pour aider les gens dans le besoin et prêcher un peu de lumière et de paix dans ce monde qui en avait tant besoin.


Il semblerait que nous ayons des ennuis.

Lorsque la prêtresse se tirait de ses pensées nébuleuses intriguée par les mots du serpent, elle pouvait apercevoir trois cavaliers, armés et visiblement menaçant venir au grand trot dans sa direction, néanmoins elle ne fuyait pas - il pouvait s'agir de tout et de n'importe quoi après tout. S'en suivi des railleries vulgaires, des insultes, le culte de la Rose Ardente était souvent railler, et encore plus depuis la mort des esprits. Néanmoins, elle faisait face avec une dignité déstabilisante que l'on pouvait facilement prendre pour de la supériorité. Mais quant à son passage, les menaces devenaient omniprésentes et les montures talonnées, elle n'avait pas d'autres choix que de faire prendre de la vitesse à la sienne. La chienne grondait, mais suivait sans mal l'équidé.

Le destrier elfique ronflait sous l'effort de la course effrénée, l'encolure trempée par la sueur, les virages était secs, nombreux pour tenter d'échapper à leurs poursuivants - un groupe de trois cavaliers, des bandits de la pire espèce -. Il faisait encore froid, il y avait une légère brume, l'air glacé brûlait la gorge et les poumons. Le terrain était glissant, boueux, à chaque foulée le risque de chuter était présent, les secondes s'égrainaient comme une éternité.

Le galop fracassant de sa monture débouchait sur une plaine, la cavalière relevait l'encolure de sa monture, lui demandant un ultime effort, un virage pourtant large, mais le sol humide fit glisser sa monture qui s'écrasait au sol et elle aussi. Elle se heurtait au sol et sa propre douleur répercutée sur le reptile lui revenait comme une deuxième chute.

Elle tentait de se relever que déjà elle entendait le galop des montures des brigands.

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L’hiver avait été rude, mais, pourtant, il ne me semblait pas en avoir passé d’aussi doux durant toutes mes années d’existence. La caravane progressait à grand peine, et avait pris un léger retard sur son supposé trajet. La neige, le vent, et l’ensembles des éléments qui nous entouraient semblaient avoir figé le temps autour de nous. Du travail, il y en avait donc à revendre. Il fallait toujours pousser un chariot qui s’était empêtré dans le grand tapis blanc, ou bien aider à transporter ou réparer du matériel pour permettre à notre convoyage d’avancer. Aurore, elle aussi, avait fort à faire avec les rhumes et les diverses maladies liées au froid mordant qui nous entourait. Pourtant, il me semblait que cette vie nous comblait tous les deux. Nous passions notre temps libre ensembles, à nous découvrir l’un l’autre. Je lui appris à sculpter le bois comme je le faisais pendant mon enfance, ainsi que les bases de l’enchantement des glyphes, alors qu’elle m’apprenait les rudiments de l’herborisme et de la guérison d’une manière plus générale. Nous scellions généralement nos journées en nous retrouvant dans la chaleur du chariot qu’Amont Bauval avait mis à notre disposition, nous découvrant un peu plus chaque jour, chaque soir et chaque nuit que nous passions ensembles. Au terme de ces rudes journées, nous nous endormions l’un contre l’autre comme si rien au monde n’existait en dehors de notre union.

En ce qui concernait mes blessures, quelques semaines de convalescence avaient suffit à me remettre d’aplomb. Mes blessures avaient guéri, et l’onguent d’Aurore avait permis de ne laisser que de fines traces de ce qui s’était passé quelques mois plus tôt. Je profitais donc de notre latente immobilité pour reprendre quelques entrainements, et pratiquer à nouveau l’Alquàlamarë – Envol du cygne, Elfique – la technique de combat propre à Ahavarion que l’impératrice m’avait apprise. Mais pas seulement. Sous la forme de jeux amicaux, nous nous entrainions tout deux, Aurore et moi, à devenir plus agiles. Malgré le froid, la jeune baptistrelle était déterminée à s’aguerrir, et, puisque c’était son choix, je veillais simplement à sa santé. Elle n’était pas une elfe, et tomber malade était donc quelque chose de parfaitement plausible, aussi, suivant les intempéries, il m’arrivait de mettre moi-même fin à nos pratiques, malgré les protestations d’Aurore. Ces quelques mois de douce insouciance furent parfaits, et je n’aurais souhaité pour rien au monde être ailleurs qu’aux côtés de mon amante.

Puis, l’hiver s’en vint peu à peu, laissant place à des températures plus chaleureuses. Notre quotidien ne changeait pas vraiment, pourtant, chaque jour me semblait plus beau que le précédent. Les maladies et les problèmes liés à la neige s’en était allés, ce qui nous laissait maintenant beaucoup plus de temps libre, que nous passions généralement dans la forêt. En effet, le renard, bloqué par les intempéries, avait dû passer l’hiver avec nous, au chaud dans la caravane, et l’appel de la nature lui avait énormément manqué. Si tôt qu’il l’avait pu, il était sorti en trombe du chariot pour s’enfoncer dans les bois, et nous ne l’avions pas vu des jours durant. Nous étions alors nous-même partis à sa rencontre, la tranquillité et l’éloignement que nous procurait la forêt étant bien trop agréable pour que nous ne nous contentions que de courtes balades. Le capitaine des chiens, bien qu’inquiet de nous voir ainsi quitter le campement, ne nous laissait tranquille qu’à une seule condition : celui que j’emporte avec moi mes armes et que je porte mon armure, au cas où un danger venait à survenir. Sa demande me convenait parfaitement, car, après tout, mon équipement était conçu pour parfaitement réguler sa température en fonction de mon environnement, et, dans ces jours où l’air était encore frisquet, son aide était la bienvenue.

Nous étions alors en pleine balade, foulant la mousse encore humide de nos pas. Comme deux amants nouveaux, nous marchions main dans la main, discutant de tout et de rien, accompagné du renard qui courrait parfois autour de nous, et parfois plus loin dans les bois. Soudain, mes oreilles elfiques frémirent, et je fronçais les sourcils. J’entendais des bruits de galop arriver en notre direction. Je me retournais vers Aurore.

« Des chevaux arrive dans notre direction, et au galop. A priori, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une menace, mais je préfère être sûr. » Lui dis-je, avec un sourire rassurant. Je posais alors ma main sur le sol, activant un sort elfique somme toute assez classique, mais qui me permettrait peut-être d’avoir une meilleure vue sur ceux qui arrivaient droit sur nous, et de savoir quoi faire. Dans tous les cas, même à cheval, ils ne pourraient pas suivre un elfe dans une forêt, ce qui renforça mon calme naturel. La situation n’était pas critique, seulement intriguante, car nous ne risquions rien directement.

Mais ce que je vis de ne me rassura pas tant que ça. Un cavalier vêtu d’une toge blanche comme la neige ainsi que d’une pélerine de la même couleur semblait fuir trois autres cavaliers à l’apparence plus rustique. Il me fallut quelques secondes pour me rappeler que j’avais déjà vu l’emblème cousue sur la cape quelque part. L’ordre de la Rose ardente, si je me souvenais bien du nom, était une entité proche des Baptistrels dans l’âme. Non violents, principalement des guérisseurs, il n’y avait donc aucune raison pour que le cavalier poursuivi ne puisse être coupable d’aucun tort. Ils se rapprochaient de nous, et la route n’était pas loin. Il n’était pas dans ma nature de laisser quelqu’un, surtout à l’âme supposément pure, se débrouiller tout seul en cas de danger. Soudain, le cheval du poursuivi glissa et ce dernier tomba lourdement au sol. Je grimaçais en compassion, puis je coupais donc ma communion avec la nature, me retournant vers Aurore, qui devait être dans l’attente de mon verdict, même si elle pouvait à présent aisément entendre le bruit des galops qui se rapprochaient.

« Un cavalier, vraisemblablement de la Rose Ardente, était poursuivi par trois autres cavaliers, mais il vient de tomber au sol. On ne peut pas l’abandonner comme ça. » Lui lançais-je, sur un ton décidé. La situation était certes risquée, mais j’avais parfaitement confiance dans les capacités de la baptistrelle. Et puis, cette fois-ci, l’ennemi ne m’aurait pas par surprise, et j’arriverais à gagner suffisamment de temps pour permettre à Aurore de s’occuper du blessé.

Nous partîmes alors en courant à travers bois, moi précédent mon amante, même si je modérais légèrement mon allure pour permettre à la baptistrelle de suivre mes foulées. Heureusement, puisqu’il faisait encore froid, elle avait troqué sa robe contre des vêtements plus classiques et rembourrés de fourrure, ce qui lui permettait de courir sans gêne. La scène n’étant pas bien loin de nous, nous arrivâmes bien vite. Le cavalier, ou plutôt la cavalière, puisque je pouvais à présent voir de longs cheveux noirs descendre en cascade sous la capuche de la pélerine, s’était relevée tant bien que mal. Certains de leur victoire, les trois hommes qui la poursuivait étaient eux descendus de leur monture, ricanant et s’approchant tranquillement de la silhouette blanche.

Je me plaçais alors en travers de leur chemin, Ahavarion à la main, les stoppant net dans leur progression. J’entendis alors les pas d’Aurore dans la neige qui, elle, se précipitait déjà vers la cavalière vraisemblablement blessée. Une seconde de silence sembla alors arrêter le temps autour de nous, puis les hommes reprirent rapidement leur contenance, semblant visiblement beaucoup amusés par ce coup du sort. Ce léger instant me permis alors de les détailler. Vêtus d’armures moyennes faites dans un métal de mauvaise fabrique, ils portaient également de longues capes de fourrures dépareillées, usées par le temps et la neige. Le plus grand des Brigands était roux, et son sourire édenté était partiellement masqué par une barbe hirsute. Il portait dans son dos deux haches rouillées mais affutées, et était légèrement plus grand que moi. Son premier acolyte était d’une carrure plus frêle. Brun, le teint blafard, son nez et sa mâchoire étaient particulièrement pointus. Deux longs poignards dépassaient de sa ceinture, et une arbalète était accrochée dans son dos, ce qui raviva de douloureux souvenirs. Enfin, le dernier, était peut-être celui dont l’apparence laissait le moins à désirer. D’environ ma taille, son visage était plus régulier, et ses cheveux blonds étaient curieusement coiffés. Il était muni d’une grande épée à deux mains, toujours accrochée dans son dos. Les trois individus me dévisageaient alors en riant, alors que je ne prenais pas la parole, le visage presque entièrement masqué par la capuche et le col de ma cape, qui ne laissaient apparaitre que mes yeux ambrés. Le roux prit alors la parole, s’avançant d’un pas.

« Et bien et bien, r’gardez qui v’là. J’crois qu’c’est not’ jour de chance les gars. Au lieu d’une demoiselle, en voilà une deuxième, ça s’ra moins compliqué à partager. [/color] » Finit-il en éclatant de rire, provoquant le même effet sur ses deux comparses. Je sentis un frisson transpercer mon échine. L’attitude de l’homme était répugnante, et une flamme de colère sembla naitre dans ma poitrine. Mais je me reprenais bien vite. Je devais rester concentré, peu importe ses provocations. Mon but n’était que de protéger les jeunes femmes derrière moi, pas d’infliger une quelconque punition. Lorsqu’il eut fini de rire, il replongea alors son regard dans le mien, une lueur provocante dans les yeux.

« Merci du cadeau mon gars. Maint’nant dégage, avec ton jouet, avant qu’il me prenne l’envie de te briser les deux jambes. » Dit-il avec un sourire confiant. Bien sûr, je ne m’écartais pas le moins du monde. D’un geste lent, et maitrisé, je glissais ma jambe droite en arrière, dans la position que m’avait enseigné l’impératrice. Je ne parlais pas, gardant simplement les yeux sur les trois hommes que mon mouvement semblait avoir agacé.

« J’crois qu’il va pas bouger, chef. » Dit alors le brun, dégainant ses poignards.

« J’suis d’accord. » Confirma alors le blond, s’emparant de la lame accrochée dans son dos.

« Visiblement, mes deux gars sont d’accord pour dire qu’t’es un idiot. Mais ça m’arrange j’dois dire. J’vais te briser, mais j’vais pas te tuer. Y’a rien qui m’excite plus que d’voir un presqu’chevalier qui profite des conséquences d’son propre échec. » Répliqua-t-il en se léchant les lèvres d’un air carnassier, arrachant un nouveau rire de ses deux alliés. Il décrocha alors ses haches, et fit un pas vers moi.

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Le nouveau continent présente des températures plus froides que l’ancien à moins que ce ne soit une exception. Toujours est-il que la caravane a continué à avancer, malgré la neige, malgré le gel. On a pris du retard sur le temps de trajet mais après tout, personne n’est vraiment pressée car personne n’a de rendez-vous. Il n’y a que l’impatience de s’installer pour les uns, de vendre leur marchandise pour les autres, ou tout simplement avoir un lit chaud pour dormir pour la plupart.

Je ne ressens aucun de ses besoins. La neige qui recouvre le paysage donne au monde une blancheur et une pureté incroyable. La caravane transperce le paysage car personne n’est passée avant nous en ces lieux, la route que nous prenons n’étant pas beaucoup fréquentée comme bien d’autres en ces temps de construction. Cette épaisse couche de neige ralentit beaucoup le voyage, au grand malheur des marchands mais surtout au grand bonheur des enfants. La découverte de la neige pour certains est une grande expérience : bataille de boule de neige, construction de bonhomme, roulade. Tous ces jeux s’accompagnent de rire, de joie et j’aime y jouer avec eux, car après tout, je suis restée une grande enfant. Bien sûr, cela ne se conclut jamais sans heurt, une boule de neige dans l’œil, un bloc de glace dans la tête, un coup de froid. Mais je suis là pour soigner les bobos, c’est mon travail. Et les enfants sont heureux ainsi. Mais pas autant que moi.

Si quelques parents se joignent à nos gens, la seule personne qui compte, la seule personne qui me comble de bonheur, qui démultiplie ma joie est Seö, l’elfe dont je suis et ai toujours été sans le savoir, complètement amoureuse. Nos retrouvailles m’avaient enflammé le cœur sans que je sache vraiment pourquoi. Notre soirée dans les bois où je lui ai offert une fleur élémentaire, comme lui l’avait fait un an auparavant. Il me l’avait rendue, en un premier signe d’amour que je n’avais pas bien saisi à ce moment mais depuis, nos deux fleurs s’enlaçaient dans un bocal, comme nous la nuit, pour nous réchauffer de notre amour. Et finalement il y a eu cette soirée terrible, quand j’ai compris que je l’aimais et ne pouvait pas vivre sans lui. Ses blessures avaient guéri et nous avons vécu notre amour.

Petit à petit, il avait pu recommencer à s’entrainer. Tous ses mouvements étaient plein d’élégance, de grâce. Cela amusait beaucoup le renard, qui dansait autour de lui, croyait à un jeu. Plus d’une fois, j’ai cru qu’il allait avoir un coup de l’elfe, à chaque fois, mon amant avait su détourner le mouvement, comme s’il avait toujours vu le renard. Seö est un être exceptionnel, et jamais je n’aurai cru qu’il aurait pu s’intéresser à moi. Je n’ai rien de fabuleux, rien d’extraordinaire et ma vie sera bien courte à côté de la sienne. Et pourtant, il est là, tous les soirs à mes côtés, partageant ma passion.

Les journées passaient, alternant jeux d’enfant, soins, et entrainement. Seö m’apprenait à sculpter comme on lui avait appris, et moi, je lui donnais mes astuces. Nous avions tant à apprendre l’un de l’autre et nous découvrons des choses que nous ignorions sur l’autre mais aussi sur nous-mêmes. Nous courons dans la neige, grimpant aux arbres glissants. Seö veillait sur moi, sur ma santé, bien que son côté paternel me fasse râler. Il craignait que je tombe malade, alors que des deux, c’était moi le médecin. Mais je ne lui en voulais pas, savourant à la place le temps de repos dans ses bras, ou à faire une autre activité à ses côtés. Nos entrainements redonnaient à mon corps une fermeté qu’il avait perdue sans que je le sache. Petite, je passais mon temps à courir et grimper dans les arbres ce que je n’avais plus fait avec autant d’énergie depuis longtemps. Maintenant, je savoure de nouveau ce plaisir décuplé par la présence de l’elfe que j’aime.

Les jours se suivent mais ne se ressemblent que dans la joie continue que j’éprouve à être avec Seö. La neige s’efface et les températures remontent. La chasse reprend avec le renard et les courses dans les bois pour débusquer ses proies aussi. L’hiver était trop rude pour lui, et il passait beaucoup de temps avec nous à l’abri, ce qui n’était pas tellement à son goût, bien qu’il ait apprécié sans aucun doute la chaleur du feu plutôt que le froid de la neige. Sacoche sur les épaules, manteau sur le dos, je partais donc, avec Seö, en armes, après le renard, chassant avec lui. C’est dans l’ordre des choses, cruel mais naturel, que le renard chasse pour se nourrir. Il pourrait le faire en solitaire, sans aucune aide, mais il venait souvent me voir et appréciait de courir les bois avec moi. Bien souvent, il se contentait de laisser filer sa proie après une course, prenant cet instant pour un jeu. A chaque fois je suis surprise, convaincue que j’étais que nous chassions pour sa faim. Il fait croire qu’il aime juste courir et se surpasser.

Aujourd’hui, nous ne faisons que nous balader. Le renard chasse des papillons invisible, bondit hors des buissons puis y retourner juste après. Il a beau avoir vieilli, il reste encore très joueur. Je le regarde gambader en serrant la main de Seö. J’aime ces moments où on marche tous les trois, en silence. Pas besoin de parler, de toute manière, il n’y a rien à dire. Nous profitions juste de la présence de l’autre, de la douceur du jour. Bientôt les arbres fleuriront, et la forêt se remettra à gazouiller sous le chant des oiseaux. Mes yeux volent de branches en branches, enregistrant tous les détails, m’imprégnant des bois.

Doucement, Seö m’annonce que des chevaux arrive vers nous et au galop. Sa voix est douce et son sourire rassurant. Je le lui rends, absolument pas inquiète ni surprise par sa perception. J’en suis toujours émerveillée mais plus stupéfaite. Seö utilise la magie pour observait la scène. Je n’arrive toujours pas à avoir un tel résultat, la magie elfique m’étend encore difficile à utiliser bien que l’entrainement soit régulier.

Le résultat de son observation. On ne peut pas abandonner le cavalier surtout s’il vient de tomber de cheval. Il pourrait être blessé et à besoin d’aide. Nous courons donc à travers les bois. Je cours à perdre haleine pour me maintenir à la hauteur de l’allure modéré de mon amant. Nos ballades en forêt finissant souvent par des acrobaties, je porte un pantalon et un long manteau plutôt qu’une robe et une cape. C’est bien plus pratique pour courir et protéger du froid.

Nous déboulons sur la route et alors que Seö se place entre les cavaliers et le cavalier, je me précipite vers lui. Je remarque alors qu’il s’agit d’une jeune femme, à peine plus jeune que moi. Elle est belle. Je ne sais pas comment l’approcher. La Rose Ardente est aussi un prdre de guérisseur et je sais que certains de mes semblables n’apprécient pas de se voir aider pour se soigner. C’est une réaction étrange devant une main tendue, mais certains préfèrent la fierté à de l’aide.Mais je me décide pour prendre les choses en mains.

Bonjour, je m’appelle Aurore. Tu viens de tomber de cheval. Assis-toi contre l’arbre et dis-moi ton nom, d’où tu viens et pourquoi tu voyages. Sans vouloir te commander. C’est pour être sûre que tout va bien. J’espère que tu comprends. Je retire mon manteau. Le fond de l’air est frais mais si elle s’assoit par terre, elle attrapera froid plus vite.

Son chien gronda contre le renard qui disparut dans les fourrées en glapissant. Il s’habituait seulement à la présence des humains de la caravane, mais probablement pas à celle d’un prédateur plus gros que lui.

Les cavaliers interpelèrent Seö de façon hideuse, probablement des bandits. Les Chiens s’en occuperont probablement un jour, sauf si Seö leur fait passer le goût de se battre. Mon amant, bien qu’encore un peu convalescent reste un puissant guerrier elfe. Il ne craint rien de ses hommes. Voilà la pieuse prière que je fais en moi-même. Et j’espère qu’ils ne chercheront pas la confrontation. Mais j’en doute.


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L'étalon elfique se relevait rapidement avant de s'ébrouer, tout un côté couvert de boue à cause de la chute, perdant un peu de sa superbe, mais l'animal ne semblait pas être blessé, néanmoins il ne trainait pas et s'éloignait d'une bonne dizaine de mètres, pour observer la scène, encore fumant par l'effort qu'il avait du produire. L'animal néanmoins semblait garder un œil bienveillant sur sa cavalière, comme s'il la savait en sécurité auprès de ces gens.

La demi-louve quant à elle partait à la poursuite du renard, autant par curiosité que par simple jeu, elle n'irait pas lui faire du mal, mais le renard étant malin elle perdit rapidement sa trace et revenait vers sa maîtresse, venant se placer d'elle-même au côté de l'elfe, crête sur le dos hérissée et crocs apparents grondant et grognant. Comme si elle savait qui était son adversaire. Raeïfor était extrêmement protectrice vis-à-vis de la jeune humaine, et cette caractéristique avait été figée grâce à sa gemme de vivacité.

Sinestra reprenait lentement ses esprits, la chute avait été plutôt rude mais elle s'en sortait visiblement sans rien de casser, elle manquait souvent de prudence et donnait trop facilement sa confiance sur les routes, tout cela aurait pu être évitée par la présence d'un garde ou de sa simple méfiance. C'était souvent cette abus de confiance envers le genre humain qui causait la mort des adeptes de la Rose.

Elle obéissait docilement aux recommandations de la femme, et s'asseyait sans faire d'histoire - le temps lui avait permis d'apprendre à connaître ses limites même si encore parfois elle les surpassait -. La remerciait avec bienveillance.

- Sinestra, j'aide les villages alentours et je sortais d'un village pour me rendre au suivant, ma sœur.

La douce voix de la prêtresse répondait ainsi à toutes les demandes de la jeune femme blonde, elle ne semblait pas souffrir de pertes de mémoire. Ce genre de tâches de guérisseurs et de sage-femme était finalement assez communes au sein de la Rose Ardente. Les prêtres faisant finalement beaucoup de tâches ménagères sans doute bien plus que de guérisseurs, une aide précieuse pour les personnes dans le besoin.

Elle portait ensuite son attention à l'homme, il lui disait quelque chose mais elle ne parvenait pas vraiment à se souvenir qui, néanmoins la chienne semblait l'accepter donc ça lui allait.

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Comme je le craignais, la situation dégénérait rapidement. Mon esprit occulta peu à peu la présence des deux jeunes femmes derrière moi. J’avais confiance en Aurore, et en sa qualité de guérisseuse. Avec elle, la cavalière serait en sécurité. Le problème venait donc essentiellement des trois brigands qui avaient dégainé leurs armes devant moi, et qui commençaient à s’approcher, le sourire aux lèvres. Mon esprit analytique prit alors peu à peu le dessus. La fuite était exclue dès le départ, et, maintenant, la diplomatie semblait être particulièrement compromise. Il ne restait donc que le combat. J’analysais à présent mes adversaires. Deux étaient costauds, le troisième beaucoup moins, même s’ils paraissaient tous les trois suffisamment confiants pour être rompus aux arts du combat. Pour un humain, un combat ainsi désavantagé aurait été impossible. Mais j’étais un elfe, et, mieux, ils l’ignoraient totalement. Sur le papier, la chose aurait donc pu paraitre facile, mais, dans les faits, il en était autrement. J’étais encore convalescent, donc moins rapide et endurant que je n’avais pu l’être, mais, surtout, je ne pouvais – ou devait – pas les tuer, alors qu’eux n’hésiteraient surement pas une seule seconde pour profiter de l’objet de leur convoitise.

Ma garde se raffermit, alors qu’ils avançaient d’un nouveau pas, presque a portée d’arme. Je fis alors le vide dans ma tête, n’y laissant que l’essentiel, alors que le filet de mon souffle chaud dégageait une légère brume au contact de l’air encore froid qui nous entourait. Mon talon vint alors discrètement frapper contre l’autre, activant la glyphe de mes bottes. Le temps sembla s’écouler au ralentit, alors que les leçons de l’impératrice s’imbriquaient avec ce que voyaient mes yeux, pour former un ensemble logique et concordant, comme un chemin qui louvoyait tel un ruisseau entre les pierres pour atteindre son but. Tous les éléments étaient là, accordés harmonieusement. Il ne restait plus qu’à jouer de cette paisible danse, sans fausse note, sans faux pas. Alors que le grand guerrier roux, plongeait en avant, abattant l’une de ses haches en direction de mon épaule, sa proximité trop grande pour me laisser une seule chance d’esquiver, je me propulsais en avant, puissamment.

Mais mon corps n’entra jamais en contact avec le sien. Mon être s’était transformé, l’espace d’une seconde, en un manteau de brume qui était passé à travers le brigand, surprenant le blond à l’épée qui se trouvait derrière lui. Faisant tournoyer Ahavarion, ma double lame, je parais comme naturellement le coup d’épée réflexe et maladroit. La lame de l’homme entra alors en résonnance, se mettant naturellement à trembler dans sa main, ce qui le surprit assez pour le déconcentrer un instant. Tournoyant sur moi-même, je parais le coup de hache qui venait du bandit roux, puis, à l’aide d’un retournement circulaire de ma lame, je touchais simplement sa deuxième hache. Les deux armes subirent alors le même effet que la première. Je pris alors une impulsion pour effectuer une pirouette arrière alors que le plus chétif de la bande s’était lancé sur moi, aidé de ses poignards et, prenant appui sur son dos, et l’envoyant par la même occasion la face dans la neige, j’achevais d’esquiver son attaque.

Mais, même handicapé par leurs armes tremblantes, les guerriers roux et blonds paraissaient habitués à se battre en surnombre, et enchainaient parfaitement leur attaques, me forçant toujours à plus d’acrobaties pour esquiver leurs coups. Je parvins alors à trouver une faille, faisant danser Ahavarion, la lame à plat, pour faucher les jambes du guerrier blond qui s’écroula dans la neige. Mais, alors que je parais une nouvelle attaque des deux haches de guerre, je vis l’ouverture que je venais de laisser. Le Brun avait eu le temps de dégainer son arbalète, et avait fait feu dès que son collègue s’était écroulé. Précis, le carreau filait directement au niveau de ma tête, et la percuta au moment même ou j’activais ma glyphe de brume pour la deuxième fois, puisant drastiquement dans mes réserves d’énergie. Je me rendis alors compte que mes blessures m’avaient affaibli plus que je ne voulais bien l’admettre. Profitant de mon aspect éthéré, et de la vitesse que me procuraient mes bottes, je chargeais sur l’homme à l’arbalète.

Il fallait que je l’atteigne avant qu’il ne décroche un nouveau trait, et j’y parvins in extremis. Dans un mouvement circulaire horizontal, j’activais ma glyphe d’énergie pure pour la première fois. Je sentis alors une énorme vague d’énergie quitter mon corps, se transmettant dans mon bras pour former, alors qu’elle s’abattait, une lame d’énergie d’une lumière blanche aveuglante. Cette dernière trancha l’arme de l’homme comme si cette dernière n’existait pas, alors qu’il regardait ensuite, hébété, son arbalète coupée en deux tomber au sol. Je désactivais l’enchantement aussi vite que possible, déjà fatigué par une seconde de son utilisation. Je soufflais l’espace d’une demi-seconde, mais un hurlement masculin me sorti rapidement de ma léthargie, alors que les deux compères du bandit à l’arbalète se jetaient à nouveau sur moi.

A l’aide d’un mouvement circulaire d’Ahavarion, je déviais leurs deux attaques, alors que le bandit blond enchainait avec un coup d’estoc. Souplement, j’esquivais en me jetant en arrière, prenant appui sur mes mains, et je tapais violemment du pied sur le plat de la lame, au niveau de la garde, envoyant l’arme valser dans les airs, et tomber un peu plus loin. Le bandit roux avait suivi mon mouvement, et abattit ses deux haches dans un mouvement de rage. J’esquivais en prenant une impulsion vers l’avant, me retrouvant alors au niveau du bandit désarmé. Même si je me refusais à les tuer, je n’avais vraisemblablement pas d’autre choix que de les blesser légèrement pour qu’ils abandonnent le combat. Passant sa garde sans soucis grâce à sa surprise, je lui assénais un violent coup de genou dans l’abdomen, l’envoyant bouler plus loin. Je n’étais pas un expert du combat à main nue, mais mes fréquents combats contre Lewyn m’avaient appris quelques coups. Au moins, pour le moment, mes adversaires n’étaient plus qu’au nombre de deux, c’était toujours ça de prit, et ça me rendrait surement la vie plus facile dans les prochaines minutes.

Enragé, le guerrier roux s’était rué à l’attaque. Je parais ses coups, gardant un œil sur le guerrier brun et blafard qui semblait s’être remis de la perte de son arme. D’un geste expert, il avait sorti ses poignards et les avaient enduits d’un léger liquide verdâtre., dont je n’avais aucun doute quant à l’utilité. La situation, avec cette nouvelle donnée, et malgré la mise hors d’état de nuire d’un adversaire, était loin de s’arranger. J’accélérais donc le rythme, et ma danse martiale commença peu à peu à prendre de court le guerrier barbu, qui commençait avoir du mal à suivre mes pas. Une première erreur dans sa garde me permit de toucher violemment son genou du plat de ma lame, une deuxième fit s’envoler une de ses haches alors que je me servais à nouveau de ma glyphe d’énergie pure pour découper la lame qui lui restait, alors que la mienne finissait sous sa gorge.

Je sentis alors un mouvement dans mon dos. Attendant patiemment son heure, l’homme maigrelet s’était souplement jeté sur moi, les poignards en avant. J’assénais alors un coup de poing dans le torse de l’homme barbu, pour le mettre à son tour au tapis, alors que je me jetais sur le côté, esquivant in extremis les lames qui s’abattaient en utilisant Brume une troisième fois. L’homme était rapide, plus rapide que ses congénères, trop rapide pour un humain. Il pouvait y avoir mille raisons qui justifiaient un tel revirement de situation : un sort, une graine… Mais je ne pouvais pas me poser davantage de questions. Je n’avais plus de charges de brume, et j’allais devoir me montrer bien plus prudent, n’étant pas au sommet de ma forme. Malgré la reprise de mes entrainements, mon corps ne répondait toujours pas aussi vite qu’avant, ce qui me mettait, ainsi que les deux jeunes femmes, en danger.

Ce fut alors un combat de vitesse qui s’engagea, alors que je virevoltais avec Ahavarion comme me l’avait appris l’impératrice. Puis, le roublard se fendit d’un coup d’estoc qui passa ma garde, et que j’esquivais in extremis. Alors sur son côté, mon genou frappa durement ses côtés et le bandit s’écroula au sol, le souffle coupé. Le calme revint alors qu’un gout de fer envahissait ma bouche. Je crachais une petite gerbe de sang qui tacha légèrement le col blanc de ma cape, et que je m’empressais de cacher. Il n’y avait rien de grave, j’avais simplement trop forcé avec l’utilisation intensive de mes glyphes. Seul le repos y pourrait quelque chose, et mes adversaires étaient hors d’état de nuire. Il était donc inutile d’alarmer Aurore qui devrait avoir suffisamment à faire avec la cavalière blessée.

Je revins alors vers elle, sentant les bandits qui, se soutenant les uns les autres, paraissaient faire demi-tour d’un pas chancelant. Je ressentis une intense fatigue lorsque l’adrénaline finit par retomber, soulagé d’avoir pu repousser les roublards sans effusion de sang excessive. J’offrais alors un doux sourire rassurant à Aurore, m’agenouillant près d’elle, alors qu’une curieuse impression finit par m’envahir lorsque je vis le visage de l’humaine, que j’étais persuadé d’avoir déjà pu voir avant.

« Normalement, c’est réglé. » Lançais-je, souriant. « Je ne suis pas sur qu’ils importuneront qui que ce soit avant un moment. » Je tournais ensuite le regard vers la jeune cavalière. « Tout va bien, vous n’êtes pas blessée ? » lui demandais-je simplement.

Le calme était retombé aussi vite que l’agitation était venue, à mon plus grand soulagement. Cette fois-ci, la situation était rentrée dans l’ordre plus simplement, et la cavalière ne paraissait pas particulièrement blessée. Je n’avais d’ailleurs encore jamais côtoyé un prêtre ou une prêtresse de la rose ardente, mais je gardais mes questions pour plus tard. Elle avait surement besoin de calme et de repos, et c’était au tour d’Aurore de prendre la main. Je m’asseyais donc en tailleur, observant mon amante exercer ses talents de guérisseuse.

Ce que je ne sentais pas, c’était, cachée par un pli prit à défaut de mon armure de cuir, la légère estafilade d’où s’échappaient de fines veines noires qui progressaient, lentement mais surement, sur ma peau.

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A mon soulagement, la jeune femme qui répond au doux nom de Sinestra obéit et répond à mes questions. Manifestement, le chute ne lui a pas fait perdre la mémoire ressente ou fait un traumatisme immédiat. Je tique légèrement à l’appellation « sœur » avant de comprendre que ce n’est qu’un nom, tout comme les ewrs et cawrs sont frères et sœurs dans le chant. Je ne connais pas vraiment cette nouvelle religion et la prêtresse pourra m’en apprendre un peu plus sur ce nouvel ordre. Toutefois, la jeune femme me parait bien distante et froide mais bienveillante. Peut-être une sagesse acquise trop tôt. Vous n’êtes pas blessée ? Pas de vertiges ? De douleur ? Excusez-moi, je peux paraitre un peu cavalière mais je…

Je m’interromps en sentant du mouvement derrière moi. Les brigands ont préféré l’affrontement à la fuite et l’angoisse étreint mon cœur alors que les trois malfrats s’avancent vers mon amant. Seö est fort, invincible même mais il est encore convalescent et ils sont tout de même trois. Non, l’elfe est bien plus fort que c’est trois hommes et sa convalescence est presque terminée, je ne dois pas m’inquiéter comme ça. Tout va bien se passer. Il n’y a pas de raisons que ça aille mal. Alors pourquoi je m’inquiète tant. Il y a trop de si qui se bouscule dans ma tête. Et s’il glissait ? s’il ne voyait pas un coup arriver ? Si d’autres bandits arrivaient ? Et s’il y avait des archers dissimulés dans les arbres ?

Ma main se referme instinctivement sur le poignet de Sinestra et mon regard reste fixer sur le combat. Je me crispe au moment où Seö percute le brigand roux, resserrant ma poigne sur le poignet de Sinestra. Mais mon amant passe au travers comme s’il n’existait pas. Mais je n’ai pas le temps de me détendre. L’elfe pare et des coups avec une facilité déconcertante, comme s’il dansait en fait. Le voir ainsi se battre me rassure et m’angoisse. Il n’est pas sans défense mais il a dû dans le passé faire montre de ses talents et ainsi risquer sa vie, comme le fait aujourd’hui.

Soudain, la terreur me saisit. Retenant un cri, la main droite devant la bouche, je vois un carreau d’arbalète voler vers la tête de mon amant. Mais comme pour le guerrier, le carreau traverse Seö sans le toucher. Je souffle un peu mais ne détend pas ma poigne sur Sinestra pour autant. Je ne me suis toujours pas rendu-compte que je la tenais, ni que mes phalanges étaient blanches tant mon emprise était forte.

La danse continue, en un ballet morbide que j’aurai préféré ne pas voir. Chaque coup qu’esquive Seö m’étreint le cœur. Chaque mouvement est une nouvelle terreur et je me rends compte que je ne veux pas que mon amant soit blessé mais que cette attention se porte aussi sur les brigands. Même s’ils ne sont pas bons, que ce sont des malfrats et qu’ils nous ont attaqués avec des intentions perverses, ça n’en reste pas moins des êtres humains. Et toute vie est précieuse. Mais je suis rassurée, très légèrement, de voir Seö ne jamais leur porter de coup direct.

Mais le combat touche à sa fin. Enfin, dans une dernière esquive, Seö se débarrasse de son dernier adversaire d’un coup de genou. Les trois brigands s’enfuient en claudiquant, j’espère qu’ils n’ont pas de renforts. Sinon, il faudra prévenir les Chiens qui se feront un devoir de nettoyer la région de cette engeance, même si la méthode ne me plaira pas.

En détail ne pas échapper toutefois, et même deux. Je ne sais pas pourquoi, mais durant le dernier duel, l’humain était presque aussi rapide que Seö et son dernier coup fut si proche et flou que je ne sus pas s’il a touché ou non. Par contre, la tache rouge légère qui tomba sur le col de la cape de mon amant me confirma qu’il avait été touché. Son geste suivant fit légèrement monter de la colère en moi, une petite colère, plus de l’agacement, quand je le vis essayer de dissimuler ça.

Il s’approcha avec un doux sourire rassurant devant ma mine complètement inquiète. Je m’apprêtais à lui faire une remarque sur sa blessure lorsqu’une douleur me vrilla la main. C’est à cet instant que je note la main gauche crispée si le bras de Sinestra. Je suis vraiment désolé. Je ne… Excusez-moi. Vous allez bien. Mon regard se fait contrit alors que je vois ce que j’ai fait. Quand je retire ma main de son bras, une trace blanche y reste entourer par un rougissement terrible.

Alors que j’allais encore m’épandre en excuse, je vois Seö tomber sur le côté après s’être assis. Le temps, mon cœur, l’univers s’arrête immédiatement. Avant d’avoir pu réfléchir à quoi que ce soit, je suis déjà ses côtés. Il est pale, très pale, trop pale. Je l’appelle pour voir s’il réagit et pose ma main sur son côté. Un liquide chaud et poisseux se dépose sur mes doigts. Il est bien blessé. J’aurai dê être énervé qu’il ne me l’ait pas dit mais j’étais juste inquiète. Ce n’est pas normal qu’il tombe ainsi pour une blessure. Ce doit être soit profond, soit très grave.

Avec des gestes experts de ce qui est devenu une habitude, je défais sa cuirasse. Sa chemise présente une tâche de sang qui ne cesse de grandir lentement. De ma sacoche je tire une paire de ciseaux et découpe la chemise. Des veinules noires apparaissent alors que je découvre la plaie. Ce n’est qu’un trait fin, juste une petite incision, mais la lame devait être empoisonnée et le poison commence à se répondre dans le corps de mon amant. Je soupir légèrement intérieurement, car je reconnais le poison. Il est mortel, mais spécialement rapide. Et je sais le soigner, mais avant je dois savoir jusqu’où il s’est enfoncé dans le corps de Seö.

Passant la main au-dessus de la zone contaminée en gente doucement. Je découvre que son corps est couvert d’anciennes blessures, aujourd’hui disparues, et vois clairement que le poison a vite été arrêté par la constitution elfique de Seö mais continue son avancée lentement. Je souris doucement et place mes mains de part et d’autre de son cœur. Je concentre ma magie puis l’envois dans son corps. Je peux la sentir repousser le poison, le chercher et le faire disparaitre. Une fois chose faite, je dépose un baiser sur le front de l’elfe que j’aime et me remet à chanter, une mélodie lente qui l’endormira pour un court moment et aidera son corps à se remettre plus vite. La plaie ne nécessite pas d’être refermée magiquement, elle ne saigne presque plus déjà. Ce n’était que superficielle et la santé de l’elfe referme déjà la blessure. Quel être incroyable. Je sors un petit pot de ma sacoche et étale l’onguent que j’en tire sur la coupure. Une précaution inutile, mais que je préfère prendre.

La tête de Seö sur les genoux, je reporte mon attention sur la jeune femme. Je suis vraiment navrée de ma réaction. Elle n’est pas vraiment digne de ce que je suis. Mais comme vous aviez l’air d’aller bien et … Seö et moi avons connu une situation tragique il y a peu et j’ai bien cru le perdre. C’était de ma faute en plus et le traumatisme qui en a découlé est toujours présent. Je ne vois pas ce que je deviendrais sans lui. Sans son existence. Je regarde Seö avec plein d’amour et d’admiration. Mais vous, Sinestra c’est ça ? Parlez-moi un peu de vous, de votre ordre. Je suis curieuse de savoir son influence, ses buts, ses vocations. Pourriez-vous m’expliquer ?

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- Un peu secouée mais ça va. Le ton de la jeune femme aux cheveux noirs se faisait ainsi plus chaleureux, pour rassurer la femme autant qu'elle-même.

Elle sentait le serpent se tordre tout en étant tapis dans l'obscurité, là où il ne pouvait pas être vu, il retenait un feulement d'avertissement face à la jeune femme blonde, l'étreinte sur la main de son humaine était difficile à supporter - d'autant plus que le reptile se montrait tout à fait possessif vis-à-vis de ce genre de contact et ne montrait aucune tolérance ou pitié vis-à-vis . Mais avec la douleur le reptile noir perdait facilement patience mais par chance la femme lâchait avant que ce dernier n'ait eu le temps de se matérialiser ni même de bondir sur cette dernière.

Sinestra néanmoins préférait ne pas réagir à cette étreinte de peur, se contentant de serrer les dents en observant le combat se dérouler, une lueur d'appréhension dans le regard. Une fois le combat fini la presque-louve rousse et blanche donnait la chasse aux bandits à grand renfort de grognements et d'aboiements mauvais.

Puis elle levait soudainement les yeux vers l'homme - ayant entendu son nom -, ses yeux gris à l'éclat de l'acier se plantaient quelques secondes sur l'homme, et un souvenir chaleureux, mais elle préférait se taire à ce sujet, l'abnégation, l'oubli de ses anciennes vies étaient les prix à payer pour vivre au sein de la chaleur des flammes de la rose ardente. Mais le savoir encore en vie réchauffait un peu son cœur. Il avait été un temps un frère, un confident, et à présent plus grand chose ne les reliait. Et quand il s'approchait elle ne pouvait que répondre :

- Je vais bien, ser.

Quand l'elfe tombait elle se retournait brusquement et fut rassurée d'avoir une consoeur pour s'occupper du blessé, elle savait encore assez mal traiter les poisons.

L'entier elfique se reprochait ensuite du groupe, lâchant un hennissement accastillant à l'égard de l'homme qu'il reconnaissait. N'ayant subit aucune traumatisme malgré sa chute, observant le trio à un peu plus de deux mètres. Puis il se dirigeait vers sa cavalière qui récupérait son bâton, qui faisait sa taille, elle murmurait le mot elfique pour activer son enchantement, provoquant une lumière douce mais qui éclairait suffisamment pour rendre l'endroit un peu plus chaleureux.

- Il n'y a pas de mal à craindre la peur et l'appréhension. Elle prenait la main de la guérisseuse dans la sienne, dans un geste de soutiens. Puis elle plongeait ensuite son regard dans les saphirs de la femme blonde. J'appartiens à la Rose Ardente, un culte religieux œuvrant de pair avec les baptistrels. La plupart d'entre nous sont des parias ou des affranchis, désireux de changer de vie et d'abandonner toutes choses au profit des autres. Nous œuvrons en temps que guérisseurs, sage-femme ou simples aides pour les personnes dans le besoin.


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J’allais me rassoir, plutôt soulagé que le combat se soit aussi bien passé. Après tout, j’étais encore légèrement convalescent, et, même si j’avais pu reprendre les entrainements et que j’avais beaucoup récupéré, j’étais encore loin de ma condition normale. Il fallait avouer que mon équipement enchanté consommait énormément d’énergie magique, et que mes réserves n’étaient pas non plus totalement remises. Surtout pour la Glyphe d’énergie pure à vrai dire. Il allait vraiment falloir que je reprenne sérieusement pour éviter tout risque de surmenage. Mais, pour cette fois, c’était passé. Du moins c’était ce dont j’essayais de me convaincre.

Alors que je me rasseyais, je sentis alors une étrange sensation, couplée à une vive douleur au niveau de la hanche. Sans savoir pourquoi, je m’écroulais sur le côté, paralysé et incapable de bouger le moindre muscle. La dernière attaque du bandit rachitique avait donc fait mouche, quoique légèrement, et son poison avait infiltré ma peau, paralysant peu à peu mes muscles. Un enduit assez classique dans son fonctionnement, qui progressait rapidement pour paralyser ensuite jusqu’au cœur d’un être humain, l’empêchant alors de battre. Quel idiot, j’étais donc à ce point affaibli que je n’avais même pas pu sentir une attaque et un poison aussi évident ? Heureusement, la constitution des elfes était drastiquement différente de celle d’un humain. Dans le cas contraire, je n’aurais jamais pu me mouvoir jusqu’aux deux guérisseuses. S’il restait toutefois mortel, Aurore, ou encore l’inconnue, auraient largement le temps de traiter le problème.

Dans un état de semi-conscience, je sentis alors la baptistrelle proche de moi, à mon chevet, et sa magie s’écouler en moi. Je me maudissais d’avoir eu à l’inquiéter une nouvelle fois, même si la situation était nettement moins critique que la première fois où elle avait dû me soigner. Je ne voulais pas que ce genre de situations ne deviennent une habitude, comme elles tendaient visiblement à l’être. Deux fois en trop peu de temps. Ce n’était plus une envie, mais une prérogative. Je devais être plus fort. Plus fort pour ne plus inquiéter la femme que j’aimais dès qu’une situation devenait trop compliquée pour la simple diplomatie. De plus, nous allions être séparés à la fin de notre voyage. Elle reprendrait ses responsabilités de baptistrelle, et elle ne serait donc plus à mes côtés pour me soigner quand la situation l’exigerait. Mais ce n’était pas que vis-à-vis de moi. Pas du tout même. Au vu des évènements que nous avions tout deux traversé, je ne souhaitais en aucun cas qu’elle ne puisse s’inquiéter de mon état alors même qu’elle était loin de moi. Ce flot de pensées continua de m’assaillir un moment intemporel, jusqu’à ce que, soudainement, la voix d’Aurore ne se mette à résonner dans mon être, chantant à l’unisson avec mon âme qui s’assoupissait peu à peu, calmant le tumulte qui résonnait dans mon crâne. Des ténèbres apaisantes commencèrent alors à tomber autour de moi, alors que je sentais la présence de mon amante, et que je sombrais doucement dans un profond sommeil.

Je ne sus combien de temps dura ma léthargie récupératrice. Aucun rêve ou cauchemar ne vint troubler mon repos, et, lorsque j’ouvrais les yeux, le jour déclinait lentement. Je me relevais avec difficulté, une violente douleur au niveau du crâne et des courbatures dans les muscles. J’avais décidément bien trop forcé par rapport à ce que mon état me permettait de supporter, et j’avais l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de chevaux lancés à vive allure. Je repris alors doucement mes marques, regardant autour de moi pour constater que nous n’avions pas bougé de notre position précédente. J’avais dormi la tête posée sur les genoux d’Aurore, et la scène était illuminée par un curieux bâton qui empêchait l’obscurité nocturne naissante de nous atteindre pour l’instant. Je me tournais d’abord vers mon amante, un sourire empli d’excuses mais aussi d’amour sur le visage.

« Désolé de t’avoir inquiétée, je n’avais pas vu que le dernier bandit m’avait touché. » Je tournais ensuite mon regard vers la jeune femme que nous avions secourue, et qui n’était toujours pas repartie. Son visage me disait indéniablement quelque chose, mais je peinais à m’en rappeler. Trop curieux pour laisser passer un tel questionnement, je lui lançais.

« Pardonnez-moi mais… je suis certains de vous avoir déjà vue quelque part… »

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Le soir tombe doucement, alors que la pénombre se fait de plus en plus forte. Entre chien et loup, tel est l’expression consacrée. Ce n’est pas un bon moment de la journée, car le ciel ne s’enflamme pas encore des lueurs du crépuscule, mais conserve une luminosité assez forte. Il est trop tôt et trop clair pour considérer que c’est le soir mais pas assez pour que ce soit encore le jour. Les perceptions sont voilées, les perspectives faussées. C’est très désagréable comme période, car rien ne semble être ce qu’il est et même les couleurs ne sont plus aussi distinctes. Tout semble recouvert par de la cendre, une cendre très fine, de la poussière grise.

Devant cette pénombre, Sinestra allume son bâton pour diffuser une lumière bienvenue. La clarté crée une ambiance apaisante après la courte péripétie et l’angoisse que Seö vient de me faire vivre. Mais il semble que la jeune femme aux cheveux noirs de jais comprenne. Elle me prend la main en un geste de soutient et je lui souris en retour. La mission de son ordre est très belle, bien plus belle que celle des baptistrelles, je trouve. Et je ne peux pas manquer de le dire à Sinestra. Ce que font les gens de ton ordre est extraordinaire. J’ai été invitée à rejoindre l’ordre baptistral, mais ce n’a pas vraiment été un changement dans mon mode de vie. J’ai juste gagné un foyer, des accès à des enseignements et des livres, mais je n’ai pas eu besoin de faire de grands changements pour être acceptée. J’y suis allée parce que je savais que je m’y plairais et que ce ne sera pas difficile. Mais vous, les gens de la Rose Ardente, d’après ce que tu me dis, vous avez pris un virage. Un repentir ou une remise en cause, je ne sais pas, en tout cas, vous avez décidé de changer pour servir les autres. C’est probablement la chose la plus courageuse du monde. Mon regard se pose sur le visage endormi de Seö. Je n’aurai jamais cru qu’un jour, j’oserai renoncer à ce que je suis pour quelqu’un ou quelque chose. Mais récemment, je me suis rendu compte à quel point c’était facile et cela me fait peur. Le changement que j’ai senti n’était pas… bien. Le changement fait peur… Mais je serai heureuse de partager des connaissances avec les gens comme toi. On a beaucoup à apprendre les uns des autres. Surtout si c’est pour préserver la vie.

Seö se réveille doucement. J’ai fait en sorte que le sommeil ne dure pas. Il s’excuse de m’avoir inquiétée, et je prends un air faussement faché. C’est facile à dire après coup. On voit bien que ce n’est pas toi qui m’a regardée entrain de combattre trois brigands avant de venir m’effondrer dans tes bras. Les héros je vous jure. Il me faut encore un peu de temps pour me faire à l’idée que tu es bien plus extraordinaire que je ne le conçois encore. Je dépose un baiser sur le front de mon amant et en profite pour lui souffler. J’étais morte d’inquiétude, mais maintenant ça va mieux. Plus besoin de t’excuser ou de t’en faire.

Puis mon amant se redresse. Il connait Sinestra ? Ce ne serait pas étonnant puisqu’il a beaucoup voyagé, et elle aussi, mais ce qui m’étonne est qu’il semble en doutait. Comme si sa mémoire lui faisait défaut. Mais c’est impossible. A moins d’un sortilège. Je regarde mon amant puis la jeune, guettant une réaction.

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L'étalon elfique, finissait par se rapprocher, bien plus en confiance maintenant qu'un calme total était revenu, et quelques minutes, la demi-louve qui avait donner la chasse aux bandits revenait ventre à terre, un morceau de tissu encore dans la gueule, ainsi elle s'était assurée qu'ils ne reviennent pas, elle venait se blottir contre sa maîtresse.

- J'ai rejoint la Rose Ardente parce que j'avais encore de l'espoir, l'espoir, c'est plus fort que tout, on peut tout perdre, mais pas l'espoir. C'est lui qui empêche les gens de se tuer quand ils se voient attribuer une vie de misère ou un désert. Il leur donne la force de penser, la pluie va tomber, ils vont soudainement devenir riches, une personne magnifique va leur déclarer qu'elle l'aime à la folie. L'espoir ne coûte rien et ça peut changer la vie. ça a changer la mienne. Il y a des personnes qui à quelques minutes de mourir font encore des projets. La rose Ardente m'a sauvé en quelque sorte, j'ai trouvé dans les flammes le réconfort qu'il manquait à ma vie, sans elle je serais morte.

Sinestra n'avait pas longtemps hésité avant de jeter toute son ancienne vie dans les flammes, abandonnant le peu qu'elle possédait en biens matériels ou spirituels. Survivre était à ce prix. Néanmoins, elle savait que plus la lumière était forte, plus les ténèbres se devaient d'être épaisses, et le serpent était là pour lui rappeler.

Elle était finalement méconnaissable par rapport à ce qu'il aurait connu, elle avait grandi, ses traits s'étaient affinés, elle avait maigri, elle avait abandonné tout ses bijoux, et l'innocence avait fini par s'envoler, sans doute le prix d'une vie de privations et de rude labeur. Même si elle était restée très douce, c'était sans doute la seule chose qui avait survécu à son ancienne vie.

- Peut-être, il y a quelques années, j'étais sur les routes, ça remonte à l'ancien continent.

L'abnégation n'était pas juste une vie de pauvreté au service de l'autre, mais un abandon total, de son ancienne vie, de ce quelle avait pu être autrefois. Sa nouvelle vie était à ce prix-là, et finalement ne plus avoir d'attache la rendait plus forte et moins vulnérable. Un mal pour un bien, mais ça ne l'empêchait pas d'en souffrir parfois comme aujourd'hui et son cœur s'alourdissait encore plus au fil qui la nuit arrivait, cette nuit terrifiante.

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La remarque faussement fâchée d’Aurore me fit sourire, mais je la comprenais d’un côté. De la même manière qu’elle m’avait protégé cette nuit-là, je la protégeais à mon tour. C’était sans doute ce qui faisait la beauté tranquille de notre union. Même dans un monde aussi sauvage et sans pitié que ne pouvaient l’être ces nouvelles terres, nous nous protégions et nous veillions l’un sur l’autre, sans aucun autre but que d’arriver, ensemble à notre destination. Bien sûr, nous ne chevaucherions pas côte à côte éternellement, mais notre lien ne s’en retrouverait pas affecté pour autant, et la promesse que je lui avais fait de toujours, quelques soient les embuches, retourner près d’elle la protégeait et me protégeait aussi. Mon sourire s’élargit alors quand la Baptistrelle déposa un doux baiser sur mon front, et je lui répondais.

« Je dois t’avouer que j’aurais surement été inquiet aussi, surtout que tu n’es pas vraiment une combattante… » La taquinais-je légèrement, avant de reprendre. « Mais n’oublie jamais que je compte bien m’en tenir à ma promesse, et que je ne prendrais pas de risques inconsidérés tant que tu seras à m’attendre. » Je plongeais mon regard d’ambre dans le sien l’espace de quelques instants, avant de me retourner vers la femme de l’ordre.

S’il me fut difficile d’identifier ses traits, ce furent, en final, ses compagnons de route qui me mirent la puce à l’oreille. L’étalon, tout particulièrement, ainsi que la demi-louve. Je les avais déjà vu, un jour, en bordure de l’ancienne cité Elfique. Une jeune femme douce, presque candide, d’une liberté animale malgré son jeune âge de l’époque. Et pourtant déjà tant blessée alors que sa jeune existence venait de commencer. J’en savais quelques bribes, mais j’étais bien incapable d’assembler tout ce qui l’avait menée ici. Je connaissais également son père, au détour d’une rencontre peu cordiale qui nous avait presque opposés tous les deux. J’étais surpris de la voir ici, et surtout ainsi, affublée d’une vie qui semblait totalement différer de celle que je lui avais connue. Une vie de restrictions, comparée à son ancienne existence d’apparence plus libre. J’étais curieux, plus que je ne voulais bien l’avouer, mais Sinestra semblait, avec sa réponse, avoir fait une croix définitive sur ce qui la reliait à l’ancien continent. Il s’était donc passé quelque chose d’important, plus important peut être que la simple perte de notre terre natale. Quoiqu’il en fût, elle ne désirait pas en parler, et je ne pouvais que respecter son choix.

« Je me souviens d’une jeune femme que j’avais rencontrée au détour d’Estëlin. » Répondis-je, souriant à Sinestra. « Mais force est de constater que, quand bien même je suis heureux de la revoir, cette jeune femme n’est plus celle que j’ai connu il y a quelques années. Appartenir à un ordre comme celui de la Rose Ardente est un choix difficile, et s’il te comble le cœur, alors il s’agissait du bon. Toutefois, j’avais fait une promesse à un homme, il y a encore une fois quelques années, et je me dois de la respecter, même si je n’en connais plus la pertinence à présent. Ton père te cherchait, à l’époque, et je lui avais dis que je te transmettrais le message quand je te reverrais. » Lançais-je, simplement, observant simplement la prêtresse en face de moi.

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Sinestra se levait face aux mots de l’homme, fuyant presque comme un animal, elle frémissait face à la douleur provoquer par le cilice qu’elle portant, l’objet tintant légèrement sous sa toge, chaque pas devenait une épreuve et l’aidait à se sentir en vie. Elle se dirigeait vers son cheval, faisait mine qu’il n’était pas blessé. Elle frottait ses mains pour leur donner un peu de chaleur.

- Nous avons tous abandonner nos passés, les artifices des communs, l’abnégation est salutaire pour le renouveau. Elle posait ses yeux sur la femme blonde. Ce que nous étions par le passé et ce que nous sommes n’a plus aucune importance, ma sœur. Seul notre dévouement aux autres compte.

Comme toute religion, la rose ardente n’était pas entièrement bonne, elle était rude à l’image de ses épines à l’image du cilice, renier toute vie passée, abandonner le peu qu’on possède. C’était aussi un piège pour les esprits les plus faibles, et Sinestra en faisait parti, se contentant de répandre une parole qui n’était pas forcément la plus juste. Beaucoup qualifiaient la Rose Ardente d’imposture, peut-être avaient-ils raison puisque les esprits étaient morts, mais aussi parce que certains des commandements de la flamme étaient considérés comme peu humain et presque sectaire.. Et il suffisait de voir la manière de prêcher de cette enfant.

- Il ne pourra pas trouver l’enfant qu’il cherche, elle n’est plus, comme le veut la Rose Ardente. Et son serment lui interdit de te parler, Seo.

Son ton froid dénotait avec ses yeux, son cœur se brisait une nouvelle fois de dire cela à celui qui avait été un ami par le passé, et cela se voyait, dévoilait la plaie béante qui séparait son cœur en deux, la blessure était encore trop récente pour celle qui était encore qu'une enfant, faire la part des choses était quelque chose de particulièrement ardu déjà pour un adulte, mais pour un enfant ayant vécu en permanence dans un monde en guerre, insécurisant et face au danger. Et a présent elle se dissimulait derrière son prêche comme seul bouclier.

Elle tournait ensuite ses yeux gris sur la femme blonde qui l’avait aidée, reprenant son apparente douceur pour demander à la femme d’un ton qui évoquait la douceur :

-
Et vous que faites vous par ici ? Les routes sont peu sûres.

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Seo me taquine sur ma réaction. Je ne suis peut-être pas une combattante, mais depuis peu, je sais me défendre et surtout j’ose me défendre. Depuis nos retrouvailles on peut dire d’ailleurs. Quant à sa promesse, je le sais sincère comme je sais qu’il fera tout pour la tenir même si une parcelle de mon esprit ne cesse de répéter qu’il lui sera difficile de résister à l’appel à l’aide des autres, tout comme moi. Il continuera à rendre des risques pour sauver une vie, au péril de la sienne. C’est aussi pour ça que je l’aime. Il préfère la vie à la mort.

Je regarde alternativement mon amant et cette jeune femme. Ils se connaissent manifestement, mais Sinestra ne parait pas s’en souvenir et la remembrance de la jeune prêtresse était lointaine pour l’elfe. Son père ? Il connait même son père ? Je me demande si mon père se mettrait à ma recherche. Sûrement oui, mais je doute que maman le laisse faire. Elle tient trop à ma liberté pour ça. Elle a toujours été plus calme et détachée que papa. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai pu partir explorer le monde, papa aurait aimé continuer à me border à tout jamais.

La réponse de prêtresse était belle au début Tout abandonner de soi pour tout donner aux autres. L’ultime sacrifice. Mais en y réfléchissant, ne s’attacher à personne même en devenant la personne la plus généreuse du monde, nous transformerait en monstre. S’il n’y a plus d’attachement, il n’y a plus d’humanité, plus de raison d’être à part dans celui de se donner au monde. Mais si le monde n’est plus qu’un ensemble d’êtres d’abnégation, alors il n’y aura plus rien à faire. Ce n’est pas une vision du monde très joyeuse, ni celle que je partage.

Je me redresse, rassurée par l’état de santé de mon amant et celui de la prêtresse. Mais les paroles que prononcent la jeune prêtresse sont dures envers Seo et son père. Du moins, je devine qu’elle parle de son père. Qui interdirait à quelqu’un de parlait ses amis, de ne plus s’attacher à rien.

Son regard se fait plus doux et sa voix redevient tendre lorsqu’elle nous demande ce que nous faisons ici. Je préfère accepter ce changement plutôt que de rester sur un sujet qui ne pourra rien donner de bon. Nous nous promenons. Pas vraiment seule bien sûr, car nous accompagnons et sommes accompagnés dans notre voyage par un convoi de marchands et de colons. Ils ne sont pas si loin que ça, mais nous apprécions nous écarter un peu pour passer du temps ensemble. Juste à nous deux. Nous nous sommes retrouvés depuis peu et, il est vrai que nous avons vécu pas mal de chose ensemble.

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