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De légères palissades délimitées le camp des explorateurs, protégeant les tentes aux teintes kaki. Des sentinelles sur le qui-vive gardaient l’entrée et d’autres étaient dissimulées dans les bois. L’entrée était marquée par l’étendard de la Meute, le Loup de sable couronné d’or sur fond de gueule et de celui des Aigles, un aigle doré sur fond azur, les aigles ouvertes, symbole de la première compagnie des Aigles. Le camp était agité. Le Loup Solitaire n’aimait pas l’agitation. Mais quand on monte un camp, il est difficile de ne pas avoir de mouvements dans tous les sens ni des cris et des demandes. Sauf que là, ce n’était pas nécessaire. Depuis presque une semaine, les Loups campaient aux abords du Domaine Baptistral, et leur campement était donc installé. Leur discipline leur avait permis de le monter avec ordre et de façon mécanique. Mais les Aigles étaient arrivés peu après et avaient joint leur force à celle du Loup Solitaire. De trente, ils étaient passés à une soixantaine et la nouvelle unité n’avait pas la même organisation de la Meute. Le Loup Solitaire ne s’en offusquait pas. Aidé par Vétéran, la discipline imposée aux Loups était beaucoup plus dure que celle de la plupart des armés et celle du reste de la Guilde d’Exploration n’était pas mauvaise, juste moins stricte.

L’arrivée des Aigles était prévue et ils étaient pile dans les temps. Les cartographes de la Guilde avaient quelques défauts, comme leur laxisme dans les arts martiaux, mais pas ceux liés au manque de sérieux, de ponctualité ou de prudence, leur commandant n’ayant pas été formé au commandement, et manquant d’expérience malgré son âge. Bien souvent, les Aigles intervenaient après le passage de la Meute, qui vérifiaient la dangerosité de la zone et la sécurisaient si nécessaire. Ce coup-ci, ils iront tous ensemble. Les Loups n’étaient pas d’aussi bon cartographes que leur camarade, mais le Loup Solitaire avait tenu à ce que ses hommes d’élites puissent servir dans n’importe quelle unité de la guilde sans problème, en plus de leur compétence en diplomatie et en stratégie. Ça faisait beaucoup de choses à savoir, et un caractère à aguerrir, mais c’est ainsi que devait être la Meute : irréprochable.

Pendant que les cartographes joignaient leur tente à celles déjà montées des Loups, ces derniers s’entrainaient. En groupe, en trio, duo ou seul, ils enchaînaient des mouvements, faisaient des assouplissements, des combats, les plus jeunes étaient rectifiés par les plus habiles. Erdrak maniait Solstice sur le côté. Il effectuait de grands mouvements, vérifiant que les plaques de son armure coulissent correctement, que la maille se place toujours bien, et déliait ses muscles. Intérieurement, Asmo attendait son tour. La Colère préférait manier Croc, l’épée simple, qui le permettait d’être au plus proche de ses victimes et de la mort pendant le combat. Il attendait surtout qu’Erdrak s’estime assez échauffé pour commencer les mêlés. D’abord à la hallebarde, où jamais un seul de ses hommes, autre que Vétéran, n’avait réussi à le toucher. Puis à l’épée, où Asmo avait le droit de prendre le contrôle du Loup Solitaire. C’était un peu frustrant car Erdrak surveillait et l’empêchait de pleinement se libérer et de se défouler, mais c’était une petite récréation régulière qui satisfaisait un peu la seconde personnalité. Il savait de toute manière qu’en cas de grosse mêlée, Erdrak lui cèderait rapidement la place, alors il prenait son mal en patience. Façon de parler, car la patience et le contrôle de soi n’était une qualité ni d’Erdrak ni d’Asmo.

Un soldat arriva avec un pas alerte. Il salua son capitaine et lui signala l’approche d’un elfe, vers le camp. Le Loup Solitaire ne montra aucune surprise et demanda simplement à ce qu’on le surveille, sans chercher à se dissimuler car ce serait inutile, ses hommes n’étaient pas encore équipés pour être discret, ce qui ne saurait pas tarder, si leur mystérieux mécène continuait à les payer aussi bien et à leur fournir des équipements d’excellente qualité à moindre coût. Erdrak se méfiait de cet homme et lui avait précisé qu’il ne devait rien attendre en retour. L’homme dont le visage n’avait jamais été révélé lui avait répondu qu’il n’attendait rien de la part du Loup Solitaire, son retour sur investissement sera bien plus grand. Cela ne réglait pas le problème de l’elfe, mais Erdrak n’avait aucun problème avec ce peuple, il attendait d’ailleurs une identification des échantillons qu’il avait apporté aux baptistrels qui étaient pour la plupart des elfes. Peut-être cet inconnu était un curieux voir ses hommes en territoire sauvage.

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Les mois durant lesquels j’avais voyagé en compagnie d’Aurore, mon amante, avaient été les plus beaux moments que j’avais vécu dans mon existence. Tout n’avait presque été que douceur, beauté, pureté et harmonie, ce qui avait rendu nos aux revoir encore plus difficiles. Je l’avais accompagnée jusqu’au domaine, et, après être resté quelques jours, j’avais repris ma route solitaire, lui promettant de revenir au plus vite. Nous ne savions pas vraiment quand nous allions nous revoir, mais, au fond de nous, nous savions que quoi qu’il pût arriver, nous nous retrouverions bien plus vite que nous ne l’escomptions. Pour la première fois, j’avais toutes les raisons de l’univers de faire attention à moi, à ma vie, tout simplement parce qu’elle n’appartenait plus qu’à moi seul.

Je n’aurais jamais pensé pouvoir penser ça un jour, mais voyager seul après autant de temps passé aux côtés de la femme que j’aimais fût difficile. La beauté de l’aventure, et de l’univers, semblaient s’être ternie après avoir côtoyé d’aussi près la radieuse lumière que dégageait la baptistrelle. Et pourtant, je m’y étais préparé. C’est sans doute ce qui me permis de rapidement reprendre du poil de la bête. Après tout, avoir un endroit et quelqu’un pour qui revenir était une sensation plus qu’agréable, et je m’en contentais simplement.

Une fois parti, je suivi les conseils de mon amante et de O’Malley, qui m’avait indiqué l’endroit où je pourrais trouver la compagnie des aigles pour leur proposer ma candidature. L’idée de découvrir de nouvelles terres était plus que séduisante, et l’ambiance que j’avais pu trouver dans la Caste, quelques années auparavant, avait tendance à me manquer, et le capitaine des chiens avait promis que je la retrouverais en rejoignant la compagnie. N’ayant aucune raison de réellement refuser, surtout compte tenu de la qualité surprenante des mercenaires qui avaient entouré la caravane. Si l’ensemble de la compagnie était de cet acabit, je n’avais pas de soucis à me faire, car les valeurs qui paraissaient l’entourer étaient visiblement semblables à celles de la Caste.

Je m’étais donc rendu à l’endroit indiqué par le capitaine, mais, malheureusement, il semblait que la compagnie des aigles était partie rejoindre celle des Loups. Je profitais de la présence d’un membre du groupe des renards pour en apprendre davantage sur l’organisation de la guilde de mercenaire. J’appris ainsi que les loups étaient en quelque sorte l’élite, l’avant-garde à la discipline et à l’efficacité hors norme. J’avais déjà entendu parler des chiens, des renards et des aigles bien sûr, mais, si O’Malley avait parfois évoqué l’existence de la quatrième branche de la guilde, il ne m’en avait jamais parlé en profondeur. Alors que je repartais dans la direction que le Renard m’avait indiquée, je ne pouvais m’empêcher de me poser une question assez simple : Que pouvaient bien faire les aigles en union avec les loups ? Ce n’était pas à proprement parler un problème, mais il me semblait que, suivant les tableaux qu’on m’avait dépeint des deux branches, ces dernières étaient tout de même assez différentes.

Grâce aux glyphes que comportaient mes bottes, je ralliais rapidement le point de rencontre que l’on m’avait indiqué. Bien sûr, bien avant mon arrivée, je réduisais l’allure afin de ne pas alarmer les hommes comme j’avais pu le faire lors de ma première rencontre avec la compagnie qui, sans l’intervention d’Aurore, aurait largement pu être encore pire. A mesure que j’approchais, mes sens naturellement attentifs décelèrent bien vite que je n’étais pas seul dans les bois. De nombreux hommes gardaient les yeux rivés sur mon avancée. Ils ne semblaient pas avoir d’attitudes particulièrement vindicatives, il devait donc s’agir simplement de sentinelles déployées pour protéger le campement. Je continuais donc ma progression, conscient toutefois que les armes que je portais n’étaient surement pas pour les rassurer.

J’arrivais donc devant un campement de fortune protégé par une simple mais robuste palissade. Je pouvais distinguer le tissu kaki des diverses tentes positionnées à l’intérieur de l’enceinte, et l’entrée était bien évidemment gardée par deux hommes en armes. Lorsque je fus un peu plus avancé, l’un d’entre eux fit un pas vers moi.

« Halte. Donnez votre identité et vos intentions. Vous êtes à proximité d’un campement de la meute, et, actuellement, vous n’êtes qu’un individu armé bien trop proche de ses murs. » Me dit-il, avec verve, mais sans agressivité. Son attitude m’arracha un sourire camouflé par l’épais col de ma cape. Finalement, c’était surtout eux qui m’avaient laissé m’approcher autant, aussi, je doutais qu’ils ne puissent craindre quoique ce soit venant de moi. Mais je jouais le jeu.

« Je n’ai aucune intention nuisible, je vous assure. » Dis-je, sur un ton calme. « Je suis ici car le capitaine O’Malley m’a conseillé de rejoindre la compagnie des aigles, et je suis simplement ce conseil. » Finis-je, attendant leur réponse.

L’autre sentinelle s’approcha discrètement avant de glisser quelques mots à l’oreille de son collègue. Ce dernier hocha simplement la tête, et laissa son collègue pénétrer dans le camp, s’adressant ensuite à nouveau à moi.

« Nous allons chercher le capitaine. Ne bougez pas. » Me dit-il, toujours sur le même ton.

Je hochais la tête affirmativement, les bras toujours le plus éloignés possible de mes armes pour ne pas que mon attitude ne puisse paraitre un tant soit peu agressive.

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Erdrak avait repris son entrainement personnel et attendrait que ces sentinelles lui confirment l’éloignement de l’elfe ou bien ses intentions avant de passer à un entrainement plus musclé. Cette attente faisait trépigner Asmo d’impatience. La patience n’était pas une qualité chez la seconde personnalité du Loup Solitaire, mais Erdrak ne pouvait pas non plus se définir comme un parangon de contrôle de soi. Il augmentant le rythme de ses mouvements, espérant que le défoulement musculaire contiendrait encore un peu la Colère.

Un des gardes de l’entrée arriva de nouveau. Capitaine, l’elfe qui a été aperçu dans les bois, est maintenant aux portes du campement. Il dit venir du capitaine O’Malley et souhaite rejoindre les Aigles. Le soldat était sérieux, mais des rires résonnèrent dans le dos du Loup Solitaire. Les autres Loups à l’entrainement n’avait pas pu s’empêcher d’écouter les dires du garde. Leur hilarité venait de deux choses. La première était l’idée de plus en plus présente que les hommes qui composaient les rangs des Chiens, en plus de ne pas être considérés comme très malins par les Loups, étaient les plus gros recruteurs de la guilde. Ils étaient toujours mis en avant et visible par les populations et si on demandait aux Aigles comment ils en étaient arrivés là, la moitié répondrait après avoir croisé des Chiens et parmi eux, un bon quart viendrait de la part du capitaine O’Malley. Tous connaissaient la ferveur de ce soldat envers la guilde et son envie de la voir s’imposer durablement. La seconde chose était l’idée qu’un elfe veuille rejoindre les Aigles. C’était absurde. Que ferait un elfe au milieu d’humains. Il devait bien y avoir des équipes elfiques d’exploration.

Erdrak leur rendit leur sourire et ils reprirent l’entrainement. Faîtes le venir ici. Nous le testerons pour voir les raisons de sa candidature. Mais je pense savoir de qui il s’agit. Le soldat acquiesça et s’éloigna. Il revint quelques minutes plus tard, accompagner du postulant. Un postulant qu’Erdrak n’eut aucun mal à reconnaitre. Maître Wënmimeril ! Quelle surprise de vous voir ici aussi tôt. Je suis le Loup Solitaire, Capitaine de la Meute et Maître de la Guilde d’Exploration. Je ne vous attendais pas avant la semaine prochaine. Vous êtes plus rapide que je ne le pensais. Le Loup Solitaire accueillit l’elfe d’une solide poignée de main, tenant Solstice de la main gauche. Les hommes autour cessèrent leurs activités, surpris par la familiarité de leur Capitaine avec cet elfe. Mais aucun n’était surpris de voir le Loup Solitaire avoir connaissance de l’arrivée proche d’une nouvelle recrue. Si au début cette compétence les avait mystifiés, leur Capitaine avait tout de suite fait cesser les rumeurs sur d’éventuels pouvoir de divination en leur parlant des pierres de communications, dont il espérait pouvoir équiper tous les capitaines de compagnie pour permettre la communication rapide entre les groupes via les Renards.

J’espère que vous ne tiendrez pas rigueur de notre dernière et première rencontre. La guerre avait été difficile à ce moment-là. Mais laissons le passé au passé. Il parait que vous souhaitez rejoindre les Aigles. Peut-être avez-vous une raison particulière de vous joindre à nous ? Une femme à fuir ? Des dettes ? Le ton était badin même si le regard du Loup Solitaire comme à son habitude, ne laissait filtrer aucune expression et ceci, malgré son sourire bienveillant.

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J’attendais patiemment à l’entrée du camp, laissant mon regard se fixer sur certains des détails qui m’entouraient. Une attitude discrète qui, bien que loin d’être réellement de la méfiance, relevait d’une certaine vigilance. Ce n’était en réalité qu’un réflexe, bon ou mauvais, qu’il me restait naturellement de mes années d’errance. Je fais suffisamment confiance à o’Malley, et surtout à mon amante, pour me persuader que je ne courrais pas réellement de danger. Pourtant, les pressentiments que j’éprouvais étaient inverses au tableau qu’avait pu me dépeindre le capitaine de la caravane. Instinctivement, j’aurais presque pu déceler que quelque chose clochait. Et ce n’était pas vraiment les hommes autour de moi qui causaient ce mal-être, quand bien même leurs regards inquisiteurs étaient tous braqués sur moi. Non, l’impression venait de l’intérieur, du cœur même du camp. Mais je ne laissais rien paraitre. Après tout, je m’en faisais probablement pour rien.

Au bout de quelques minutes, on vint enfin me chercher. Armes sur le dos, j’avançais alors derrière le soldat chargé de me conduire. Le camp était un peu plus grand que ce que j’imaginais, et, visiblement, les fameux loups étaient en plein milieu de leur entrainement. Certains me regardaient avec un air légèrement hilare, alors qu’ils échangeaient quelques messes basses. Il était plus ou moins évident que mes longues oreilles et mon port altier devaient attirer les regards. Après tout, un elfe parmi les humains était toujours un phénomène de foire. Je laissais donc cet aspect de côté, ignorant purement et simplement tous les commentaires qui pouvaient peser sur moi – et que j’entendais parfaitement distinctement, car, visiblement, les hommes du loup solitaire avaient oublié que ma race possédait des sens particulièrement développés -, et je continuais de progresser jusqu’à tomber sur une silhouette qui me rappela immédiatement quelques anciens souvenirs.

Notre rencontre avait été bien loin d’être cordiale, et, je devais bien avouer être plutôt surpris de le retrouver ici, à la tête d’une compagnie que je voulais rejoindre. De ce que j’avais comme souvenir de lui, j’avais l’image d’un homme relativement instable, prompt à la violence, et, de ce fait, assez dangereux. J’avais confiance en mes capacités, d’autant plus que j’étais parfaitement rétabli après la blessure qui avait manqué de peu de mettre fin à ma vie, mais je devais cette vie à quelqu’un. Aussi, l’idée de me mettre à nouveau dans un quelconque danger était totalement hors de pensée. Pourtant, l’attitude d’Erdrak était bien différente de celle que j’avais pu observer la première fois. D’apparence franche et amicale, je n’avais pour l’instant pas intêret à afficher une autre qu’attitude que d’observer le même comportement. Je saisis alors sa main tendue, lui rendant une solide poignée de main, avant de lui répondre.

« Qui aurait cru que le loup solitaire vous désignait. N’ayant eu vent que de cette appellation vous concernant, j’imagine que vos hommes ne vous connaissent que sous ce titre, aussi, je me contenterais de vous nommer ainsi. A moi que vous ne m’autorisiez votre nom ou votre prénom, cela va de soi. » Lui dis-je, lui rendant un sourire cordial. « Et je n’ai pas de raison de tenir compte de notre dernière rencontre. Après tout, l’eau a coulé sous les ponts depuis. » Mon sourire n’était pas simplement un sourire de façade, mais mon regard d’ambre plongé dans le sien était toutefois sans équivoque. Je le sondais, sans être trop intrusif, et, par conséquent, le prévenait que si je ne lui en tiendrais pas rigueur devant ses hommes, je n’oubliais toutefois en rien certains aspects de notre confrontation passée. Rompant cette tension, je repris la parole.

« Je ne cherche pas à fuir quoi que ce soit, rassurez-vous. Je cherchais simplement un endroit où mes compétences d’explorateur pourraient être exploitées, et j’ai entendu parler de la compagnie des aigles. Suivant leurs conseils, je suis venu vous trouver. » Dis-je, de manière assez synthétique, avant de reprendre. « Votre compagnie est, cela dit, peut être exclusive aux humains. Je n’ai pas vraiment entendu parler de modalités particulières de recrutement. » Finis-je avec sincérité, ne lâchant toutefois pas le loup solitaire du regard.

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Seö en voulait encore à Erdrak de son comportement lors de leur première rencontre. Il n’avait pas vraiment d’excuse à part un manque de contrôle de soi, une grande fatigue et une angoisse sur ce qu’il était en train de devenir. Rien d’excusable ni d’acceptable. Laisse te haïr. Ce n’est qu’un elfe qui a refusé de t’aider quand tu étais dans le besoin. Et maintenant, c’est son tour de s’agenouiller devant toi. Profites-en, humilie-le devant les Loups. Cela ne fera que renforcer ton autorité et ta place d’homme fort. Le Loup Solitaire, l’homme qui fait ployer les elfes. Non, ça ne fera que ternir mon image. Le passé est le passé de toute manière. Ca empoisonne le présent. Comme tu l’as dit, je suis le Loup Solitaire, nous sommes le Loup Solitaire. Pas Erdrak, ni Asmo. Nous devons nous comporter autrement. Il a refusé de m’aider et à raison. Si j’avais retrouvé Sinestra à cette époque, tu l’aurais tuée sans que je ne puisse rien faire. Ca aurait peut-être été mieux pour elle, mais nous ne sommes personnes pour juger.

Le Loup Solitaire soutint le regard de l’elfe par le sien, d’où aucune expression ne sortait. Seul son sourire lui donnait un air bonhomme, mais son visage faisait un étrange mélange et il état difficile de savoir s’il était sincère ou non. L’homme que vous avez rencontré est mort peu après notre rencontre. Il n’existe plus. Plus vraiment en tout cas. La guerre a des effets dévastateurs sur les hommes et personne ne peut en vivre sans jamais en connaitre les séquelles. Le Loup Solitaire avait prononcé ces mots à voix suffisamment basse pour que seul l’elfe puisse l’entendre. Puis de nouveau à voix haute en lâchant enfin la main de Seö. Appelez-moi Loup Solitaire car tel est mon nom.

Il écouta les réponses de l’elfe d’un air sérieux avant d’avoir un demi sourire. Oui, il n’y a que des humains dans nos rangs. Mais la guilde est ouverte à tous. Le monde est assez vaste pour pouvoir se le partager, lui et ses mystères sans avoir besoin de rivaliser les uns avec les autres. Vous êtes de plus le premier de votre espèce à nous contacter. Les vôtres préfèrent rester entre eux. Mais j’ai entendu dire que nous aurons bientôt affaire à eux. Quoi qu’il en soit, je ne vois pas de problème à vous prendre parmi nous. J’en parlerai avec le Capitaine actuel des Aigles, Maître Vartz. Mais il ne devrait pas s’en offusquer, il est de nature très calme et très ouverte. Il n’y a pas vraiment de modalités de recrutement. Disons que nous faisons ça un peu à l’œil et à l’instinct. Le capitaine O’Malley a transmis de chaudes recommandations à votre propos. Il parait même que vous avez la pleine confiance de cette jeune femme. Comment s’appelle-t-elle déjà ? C’est la Fille de l’Ondée, Capitaine, Aurore Lapsida.Répondit un homme dans le cercle qui commençait à se former. La surprise et l’hilarité avaient laissé place à la curiosité. [colo=#0066FF]Ah oui, c’est vrai. Pas mal de mes hommes lui doivent plus que leur vie. Parmi les plus jeunes, c’est tout juste s’ils ne lui vouent pas un culte tant son image au milieu de leur souffrance fut le meilleur des remèdes. Ce sont leurs propres mots. Toutefois, les recommandations ne font pas tout. [/color]Le sourire du Loup Solitaire disparut pour laisser place à un air froid et calculateur.

Cette guilde n’est pas faîte pour les promenades. Nous ne partons pas cueillir des champignons par une douce journée d’automne. A tout instant, les hommes et les femmes de la guilde risquent leur vie, car les dangers de ce nouveau monde nous sont encore pour la plupart inconnu. Et chaque vie est unique et essentielle au groupe. Le Loup tire sa force de la Meute et la Meute tient la sienne du Loup. C’est valable pour tous, même chez les Aigles. Un seul maillon faible, et c’est peut-être tout le groupe qui tombe. Donc il vous faudra adhérer à un code de l’honneur, un code de conduite et un mode de vie.

Erdrak énonça alors les règles qui faisait de la Meute un corps soudé et qui s’appliqué à toutes les unités de la guilde. La courtoisie, l’honnêteté et la diplomatie en priorité, le recours à la violence qu’en dernier recours. La neutralité, car la guilde ne jure allégeance à aucune autorité. Et de nombreux autres points. Et maintenant, si vous n’êtes pas découragé, il est temps d’éprouver votre force. Nous ne sommes pas des militaires, mais nous devons tous être des guerriers. J’aimerai voir si vous ne vous reposez pas trop sur votre état d’elfe. Etes-vous d’accord ? Un duel, au premier sang, avec l’arme de votre choix. Je me battrais avec Solstice. Le Loup Solitaire désigna sa hallebarde.

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J’en avais trop vu pour croire sur parole l’homme qui se tenait en face de moi. Ce n’était pas que je ne lui faisais pas confiance, simplement que mon esprit rationnel couplait de nombreuses données ambivalentes à son sujet, et que ce n’était pas souvent bon signe. Pourtant, je n’en perdais le moins du monde mon amicalité, restant parfaitement calme et serein, en apparence, alors qu’instinctivement, mon esprit s’accrochait à des probabilités. C’était l’un de mes traits de caractères les plus poussés, et il n’y avait que la présence d’une seule personne en ce monde pour m’y arracher. Et mon amante n’était pas là, ce qui était peut-être pour le mieux.

Pourtant, son nom vint sur le tapis de manière naturelle, alors que j’ignorais même que le capitaine, ou elle, avaient émis de quelconque avis positifs sur ma personne. La jeune baptistrelle était probablement bien plus connue et réputée qu’elle ne voulait l’admettre, en attestait simplement la réaction des soldats dont le visage s’était illuminé en entendant son nom. Et les paroles d’Erdrak me confirmèrent rapidement cet état de fais. Sans que je ne sache réellement pourquoi, je ressentis dans ma poitrine comme une sensation étrange. Un savant mélange de colère, et d’inquiétude, de doute. De la jalousie ? Je réfutais bien vite le sentiment qui m’avait étreint le cœur quelques secondes. Il était illogique, et déplacé en ce moment déjà crucial où je soutenais le regard d’Erdrak. En vouloir aux sauvés par les soins de mon amante n’était bon en rien, et, ayant moins même plus que succombé aux charmes indéniables de la baptistrelle, je ne pouvais en être un juge. Mon attention se reporta, en moins d’une seconde, sur la suite du discours du chef de la meute, le Loup solitaire.

Le ton avait changé. Il était plus froid, inquisiteur, alors qu’il parlait de son unité. Je ne le connaissais pas suffisamment sous ses « nouveaux atours » pour savoir s’il s’agissait d’intimidation, ou plus simplement d’un moyen de me faire comprendre quelle importance avaient ses troupes à ses yeux. Nos regards ne décrochaient pas l’un de l’autre. Plusieurs évidences se mirent alors en place entre nous, impalpables et imperceptibles. Nos mentalités divergeaient sur bien des points, c’était indéniable, et je ne cesserais jamais d’être un elfe libre. Si je pouvais me conformer à quelques règles, il était probable qu’ils doivent lui aussi traiter avec cette donnée, même si le monde militaire était bien loin de m’être étranger. Toutefois, nous semblions en accord sur quelques aspects. La neutralité, la diplomatie en premier lieu, étaient des valeurs, s’il était sincère, que nous partagions tous les deux. Une fois qu’il eut finit son discours, que j’avais écouté en silence jusqu’à la fin, sans l’interrompre ni le lâcher un instant du regard.

Visiblement, l’homme avait déjà envie de tester mes capacités au combat. Je n’avais pas prévu de me battre pour entrer dans la meute, ne souhaitant que faire partie des cartographes, mais je n’étais pas opposé à l’idée tant que l’échange persévérait dans la courtoisie, et dans le cadre d’un entrainement. J’aimais manier Ahavarion, c’était indéniable, mais je ne combattais que de manière à ne jamais blesser. Sans que j’en aie réellement conscience, c’était la présence d’Aurore pendant de si long, et à la fois courts, mois qui m’avait légèrement transformé, laissant parler cette partie de mon âme qui ne cherchait qu’à s’exprimer. En combat réel, c’était un désavantage, mais dans un entrainement, il n’y avait pas vraiment d’enjeux. Je n’avais d’ailleurs aucun intérêt à remporter le combat, si ce n’est m’attirer les foudres du loup solitaire et, éventuellement, de ses hommes. Non, faire bonne figure suffirait amplement. Je répondis alors à Erdrak.

« Comme vous le souhaitez. Si c’est une formalité, alors autant que ça soit fait. Ce sera donc un duel d’armes d’hast, puisque je ferais chanter Ahavarion. » Dis-je, sans plus d’explications, dégainant la double lame qui était accrochée dans mon dos.

Je me mis alors en position, arme en retrait, genoux fléchis, patient, alors que tous les regards tournés vers nous commençaient peu à peu à disparaitre à mes yeux. Seule comptait l’arme, et une seule seconde de perception me suffit à comprendre que, comme le Chante-Acier, elle était enchantée. Un enchantement maléfique, surement, car sa seule présence provoquait un léger sentiment de malaise, comme la plupart des glyphes de ce type. Mais je sortais cette idée de ma tête. Ce n’était qu’un entrainement, et faire bonne figure suffirait.

Je me remémorais rapidement le style de combat dansant que m’avait enseigné l’impératrice. J’attendais que le loup passe à l’attaque, lui donnant l’occasion de l’offensive. Lorsque le combat s’engagea, je pris soin de d’abord parer sa lance puis effleurer son armure, activant l’enchantement de ma lance, et faisant vibrer son armure, puis je me contentais d’une attitude défensive, parant simplement les coups sans risques, attendant une ouverture dans laquelle je pourrais m’engouffrer.

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A l’évocation des recommandations faîte à son sujet, Seö eut une drôle d’expression qui lui traversa le regard. Colère ? Haine ? Joie ? Bonheur ? Amour ? Erdrak n’aura su le dire, mais il comprit que cela concerné cette Aurore. Mais tu es vraiment une buse, ma parole. Nan mais sérieusement, je ne pensais pas t’avoir pris toute ton intelligence à ta naissance. Il a une liaison avec elle. Ce que tu vois c’est de la jalousie dans son regard. Simplement parce que tu as dit que d’autres hommes s’intéressaient à elle. Tu n’as pas remarqué la petite étincelle qui s’est allimée dans son regard à l’évocation de son nom ? Oh Aurore ! Aurore ! Aurore ! Asmo avait pris une voix haut-perché qu’Erdrak ne pensait pas entendre dans sa tête. Une pale imitation de jeune fille en pamoison, mais cela fit sourire Erdrak qui reprit immédiatement son sérieux. Ca me dégoute. En tout cas, s’il m’agace, je sais comment le calmer. Et il m’agace déjà. Erdrak savait donc à quoi s’en tenir avec Asmo. De toute manière, Asmo n’aimait personne.

Après son explication du fonctionnement de la guilde et les règles qui dirigent l’honneur du groupe, Erdrak trouva que l’elfe prenait un peu à la légère le duel. Ce n’est pas une simple formalité. Ce n’est pas parce que vous allez rejoindre les Aigles, l’unité la moins guerrière que se défendre ou se battre est négligeable. Et il n’est pas seulement question de combat d’ailleurs. Je vais tester votre aptitude à parer l’inattendu. Mais avant de commencer. Doc !

Un homme sortit des rangs légèrement. Il avait le dos légèrement vouté mais ne semblait pourtant pas si âgé que ça. Une ancienne blessure lui avait plié le dos et depuis, il avait voué sa vie au soin, pour éviter pareil sort à d’autre. Le Loup Solitaire tendit Solstice et la lame s’arrêta devant le médecin. Il faudra un jour que vous le retiriez, Capitaine. Vous ne pouvez pas continuer à annuler cet enchantement. Un accident pourrait arriver avec de graves conséquences. Je sais donc, c’est pour ça que vous êtes là. La voix du médecin était fatigué, et celle du Loup Solitaire douce. Le médecin passa sa main sur la lame qui s’illumina un cours instant. Puis il fit un signe de tête à son Capitaine.

L’elfe l’attendait en position défensive. Il ignorait probablement qu’Erdrak avait fait annuler un glyphe maléfique de son arme, afin de pouvoir combattre en toute sécurité. Je l’aime bien ce glyphe. Tu m’étonnes, c’est toi qui l’a installé. Le Loup Solitaire se mit en place et passa à l’attaque. Ce n’était pas sa stratégie habituelle puisqu’il était plutôt défensif, mais quand il fallait jauger un homme, et dans le cas présent un elfe, il fallait l’attaquer pour voir ses réponses.

Solstice se mit à tournoyer dans les airs. L’elfe a un style de combat agréable, tout en souplesse et légèreté. Mais ce ne sera pas suffisant. Il pare les premiers coups facilement, de toute manière, il n’était pas destiné à le toucher. Sa contre-attaque surprend quelque peu le Loup Solitaire, habitué à la vitesse homme. Il se tourne légèrement pour éviter le coup, mais la lame de Seö frôle son armure. Cette dernière se met à vibrer de façon désagréable. Il a vite comprit. Mais s’il veut se la jouer comme ça. On va être deux.

Erdrak accéléra le ryhtme. Il profitait de ce que ça hallebarde ait une plus grande allonge sur la double épée de Seö pour le maintenir à distance tout en restant menaçant. L’elfe avait un avantage racial, mais Erdrak avait appris à se connaitre au domaine. Son Esprit-lié lui confiait une force équivalente à son adversaire, et son expérience était bien supérieur. De plus, il était beaucoup plus vicieux et avait un atout majeur. Tu parles de moi ? Oh que oui. Toujours pleinement concentré sur le combat, la présence d’Asmo lui permettait de voir des détails que seul, Erdrak n’aurait pas vu. Sa maitrise de la hallebarde lui conférait aussi un net avantage. Seö savait manier son arme, mais malgré son âge incroyable par rapport à un humain, il était loin de l’expérience cumulée par un vie de guerre.

La décision d’Erdrak était déjà prise avait le début du combat. Il ne voyait aucune raison à refuser la présence de l’elfe dans les rangs des Aigles. Sa race lui donnait tous les avantages qu’on pouvait espérer pour les missions des cartographes et bien plus encore. Ce combat était plus un moyen de le faire accepter par les autres. Et de lui faire la leçon. Il tient son arme comme un balais L’attention du Loup se porta sur les mains de l’elfe. Une feinte, une fausse ouverture, une rotation d’arme et un coup de hampe sur les doigts de son adversaire. Puis il rompit l’engagement un court instant. Ecarte plus tes mains. Puis il repartit à l’attaque.

Dire que le Loup Solitaire dominait Seö aurait été faire preuve d’un grand orgueil. L’elfe faillit passer plusieurs fois la défense de l’humain, l’obligeant à rompre en s’éloignant. Il avait la vitesse pour lui. Aucun des deux adversaires n’arrivait à toucher l’autre, hormis la tape sur les doigts de Seö qui aurait été difficile de rendre ne serait-ce qu’un peu dangereux. Ni l’elfe ni l’humain ne prenait l’avantage et les autres guerriers, Loups et Aigles, se regroupaient pour observer ce combat rapide et en mouvement constant.

Regarde-moi ça ! C’est une danseuse ou un pissenlit ? Soit l’elfe voulait allait trop vite, soit il s’était battu avec une épée simple par le passé, mais la position de ses pieds le mettait parfois en déséquilibre. Rien de bien grave pour un combattant de son niveau sur un champ de bataille. Mais contre un adversaire comme le Loup Solitaire, le court laps de temps à reprendre pleinement ancrage était soit synonyme de mort ou pouvait permettre à son adversaire de se replacer au lieu de mourir. Du temps perdu en quelque sorte. Le Loup Solitaire pouvait aisément s’en servir pour palier son manque, mais pas pour prendre l’avantage.

Solstice tournoya rapidement, la lame visant la tête de l’elfe qui la dévia. La hampe de l’arme se dirigea droit vers sa jambe mal placée. Le coup était rapide et précis, mais passa à travers le corps de son adversaire. Le Loup Solitaire rompit de nouveau en faisait tournoyer son arme comme si de rien n’était. Fait attention à la position de tes jambes. Nouvelle attaque et repli. Tu es rapide, mais tu perds du temps à perdre l’équilibre. Puis le combat repris.

Il a des enchantements d’esquive. Il en a combien à ton avis ? Je ne sais pas, mais on va pouvoir s’en servir. Le Loup Solitaire changea de façon de combattre et plutôt que de continuer avec l’allonge de son arme et des gestes amples et rapide, il commença à se rapprocher, les mouvements étant plus rapides et plus saccadés. De la suer perlée sur son front, car le rythme imposait pour ne pas se faire toucher par l’elfe était beaucoup plus dur maintenant que la distance était réduite. Maintenant.

Ecoutant Asmo, Erdrak repoussa l’arme de l’elfe du bras droit. La lame ripa fortement sur l’armure du Loup Solitaire. S’il l’avait pu sentir la douleur, Erdrak aurait probablement serré les dents. Il eut la certitude d’avoir parer un gros coup à la grimace surprise de Seö. Mais le coup n’était pas grave, juste un peu fort. Juste ce qu’il faut. Toujours dans le même mouvement, Erdrak voulu donner un puissant coup d’épaule à l’elfe. Il laissa un très léger mouvement filtrer sur ses intentions et cela suffit. Son épaule ne rencontra que de l’air et il passa à travers l’elfe.

Il s’arrêta juste derrière lit et sans se retourner donna un coup d’estoc vers l’arrière avec la hampe de son arme. Mais Seö semblait retenir les leçons ou les conseils, et malgré la force que l’ours donnait à Erdrak, il ne fit pas broncher l’elfe, qui entamait déjà sa contre-attaque. Zut, on est foutu. Erdrak eut un petit sourire. En se retournant il tendit la main droite vers Seö et l’ouvrit. La petite explosion eut le bon goût de déstabiliser l’elfe, laissant à l’humain le temps de se remettre en place. Ne te fie pas trop à tes enchantements, ça te jouera des tours. Et le combat reprit de plus belle.

Il dura longtemps avec un important niveau d’agressivité. Les deux adversaires compensaient leurs faiblesses avec celles de l’autre. Vitesse pour Seö, allonge pour Erdrak. Agilité pour l’elfe, maniement pour l’humain. Expérience contre expérience, technique contre technique. Il est trop prudent, on ne pourra jamais passer sa défense efficacement. Je pourrais lui donner des petits coups mais son armure et sa constitution n’y changerait rien. Par contre, je pense qu’il peut nous avoir à l’endurance. Si seulement tu ne lui avais pas refilé des conseils. Il apprend vite le bougre. Il ne reste qu’une seule solution. Non, je ne veux pas te laisser le contrôle pour les duels de recrutements, on en a déjà parlé. Je sais bien. Je parle de l’autre solution.

Asmo fit une rapide charge dans l’esprit du Loup solitaire, le temps d’une parade et d’un tour sur lui-même et de rompre le combat encore une fois. Un mouvement inutile et dangereux à première vu mais qui avait servit au plan d’Asmo. Erdrak sentit immédiatement les effets. Rien que dans le ton de sa Colère, bien moins agressif et moqueur. C’est mignon, il est amoureux. Il doit être tellement gentil, ce sera dommage de trop l’abîmer. La nature de la seconde personnalité du Loup Solitaire combattait les effets de l’enchantement, on ne voyait pas bien si il était sincère ou sarcastique. Mais très vite, Erdrak sentit beaucoup de douceur et de tendresse venir d’un lieu dans son esprit où il n’y aurait dû avoir que de la Colère et de la Violence. Cela risquait de compliquer aussi le combat pour Erdrak. L’esprit de l’elfe était bien plus fort que celui d’Asmo.

L’anneau dans la main gauche du Loup solitaire, aors sous contrôle d’Amsmo, avait frôlé l’elfe, L’effet fut rapide sur Asmo, et Erdrak attendait avec une légère appréhension la réaction de Seö. La Colère avait absorbé tout ce qu’elle jugeait être un défaut : compassion, pitié, douceur, prudence et peur. Chez l’elfe il n’en restait rien, tout était parti dans la Colère du Loup Solitaire. Le combat risquait de devenir violent.[/i]

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J’avais pris le combat à la légère, c’était indéniable. Mais très vite, je compris qu’il n’en était pas de même pour le Loup Solitaire. Il était beaucoup plus agile que je ne l’aurais pensé, et sa dextérité à la lance était indéniablement plus grande que la mienne. J’en connaissais la partie théorique, mais c’était bel et bien tout, et mon expérience manquait cruellement quand on la comparait à celle d’Erdrak. Plus curieux encore, sa force était l’égale de la mienne, sans que je ne puisse réellement savoir pourquoi. Toujours était-il qu’il m’obligea rapidement à accélérer la cadence, découvrant naturellement dans ma garde des faiblesses que seule l’impératrice était arrivée à punir. Si j’étais plus rapide que lui, grâce à mes traits raciaux, sa maitrise martiale parfaite lui permettait largement de rivaliser avec moi.

Le combat était serré, et le loup solitaire se permettait quelques courtes pauses, pour me prodiguer des conseils. D’aucun aurait pu prendre ses paroles pour des provocations qui soulignaient une éventuelle supériorité, comme les rires qui résonnèrent à ce moment là me le firent entendre, mais je ne m’en formalisais pas. C’était assez simple, il disait juste, et n’était pas la première personne à me faire la remarque. Aussi, je corrigeais ma garde selon ses conseils, ce qui me permit de moins me laisser dépasser par les attaques précises du chef de la meute.

Pourtant, aucun de nous ne parvenait à prendre le dessus sur l’autre, ni à se montrer dangereux. Comme à mon habitude, j’observais une attitude strictement défensive, ne cherchant à attaquer que lorsqu’Erdrak manquait de précision dans l’un de ses assauts. Le combat pouvait donc durer un moment ainsi, sans que l’un d’entre nous ne puisse réellement parvenir à vaincre l’autre. Curieusement, je me prêtais au jeu, me concentrant davantage, et oubliant totalement avoir voulu faire en sorte que le combat ne dure pas trop longtemps. Au vu du niveau déployé par Erdrak, ce n’était simplement pas que pour que je fasse preuve de mes capacités que nous combattions, et je me forçais à me plier à son avis.

Il mit alors en exergue un second défaut, alors que je tournoyais, je fis une erreur dans mon jeu de jambe. Une erreur infime, ne laissant alors qu’une demie seconde d’opportunité. Une erreur qu’aucun homme n’aurait pu exploiter, sauf que le Loup solitaire l’avait vu, et avait fait glisser la hampe de son arme vers ma jambe, après avoir feinté au niveau de ma tête. Légèrement déséquilibré, et ne pouvant pas me permettre de retirer la jambe qui était alors mon seul appui, je n’eu d’autre choix que d’utiliser l’enchantement de mon armure. Juste à temps, et la lance de mon adversaire battit alors le vide. Le loup solitaire s’arrêta à nouveau, alors que je venais de dévoiler l’un de mes atouts, se permettant alors un nouveau commentaire. Encore une fois, ce dernier était juste, c’était indéniable, et je le suivais une nouvelle fois, me remettant en position.

L’affrontement reprit, toujours plus intense. Je fus surpris de la soudaine proximité que m’imposait le loup, lui qui avait visiblement tant cherché à m’empêcher de m’approcher. Etait-ce une erreur, où avait-il quelque chose en tête afin de contrer l’enchantement qu’il venait de voir à l’œuvre ? Mais le combat était toujours plus serré, et je n’avais pas le temps de me poser ce genre de questions. Je vis alors une faille, l’une des rares que la garde de l’homme avait pu laisser passer, et je m’y engouffrais. Je changeais mon mouvement circulaire, emmagasinant son énergie cinétique pour porter un rapide coup d’estoc. La garde était passée, et je pensais avoir réussi à remporter notre duel, mais il n’en fut rien. A la place de parer, l’homme dévia le coup à l’aide de l’armure qui couvrait son avant-bras. Au vu de sa vitesse, je fis à la fois une grimace qui trahissait une certaine compassion pour sa douleur, mais aussi une légère déception. Encore raté, tout était à refaire. Mais je pressentis soudain que la manœuvre avait été manigancée depuis le début par l’homme, et, lorsque je vis son épaule de plaque se diriger sur moi, j’activais à nouveau ma brume, et Erdrak passa à travers moi. Avant de ressortir de mon état éthéré, je m’étais retourné, et, lorsque la hampe arriva sur moi, j’étais prêt à la parer. L’homme était alors de dos, vulnérable, et je lançais une contrattaque tournoyante. Mais le loup lança alors sa main fermée en arrière, et, lorsqu’il l’ouvrit, j’esquivais in extremis une légère explosion, reculant prestement d’un pas. Il avait déjà eu le temps de se relever, et le combat était donc loin d’être fini.

La remarque sur mes enchantements et mes glyphes me surpris. Je n’étais pas vraiment sur de ce qu’il voulait dire, mais je devais bien avouer être en désaccord avec lui sur ce point. Mes glyphes faisaient partie intégrante de mon style de combat, qui avait été conçu autour d’elles. Mais, comme lors des précédentes remarques, je ne m’en formalisais pas, prêt à reprendre nos assauts.

Curieusement, petit à petit, je prenais l’avantage. J’avais oublié, l’espace d’un instant, qu’Erdrak était un humain, et, par conséquence, moins endurant que moi. Maintenant que je respectais à la lettre ses conseils, mes mouvements étaient plus surs, plus précis, et ma garde s’en était vue renforcée. La sienne ne cédait pas davantage, pourtant, quelques signes de fatigue étaient à présent visibles. Les visages des mercenaires du loup, qui avaient arboré des sourires amusés au départ, étaient maintenant plus graves, et plus concentrés. Le combat était rapide, et difficile à suivre pour quelqu’un d’extérieur. Mais soudain, le corps d’Erdrak bougea d’une façon inattendue. Pris au dépourvu, je sentis la main du loup frôler ma poitrine, avant qu’il ne se retourne. Je faillis arrêter le combat, pour lui demander si tout allait bien, mais je fus brutalement interrompu.

Je portais brutalement la main à ma poitrine, ne comprenant plus ce qui était en train de m’arriver. Une force irrépressible était en train de me vider de mon énergie vitale. Non, ce n’était pas ça. Je n’étais pas plus fatigué, mais la sensation me suffisait à deviner qu’Erdrak avait à son tour utilisé un enchantement, dont je ne comprenais pas la nature. Là où mon esprit était calme, apaisé, comme un long fleuve tranquille et immuable, il n’y avait que tempête. Je sentais mon âme essayer de se raccrocher à ne serait-ce qu’un fragment de douceur, mais elle était malmenée dans ce tumulte. Je me vidais, non pas d’une vulgaire énergie, mais de tout ce qu’il y avait de bon en moi. Douceur, tendresse, amicalité… et amour. Ce dernier constat me souleva le cœur, alors que l’image d’Aurore semblait brûler avec le reste, ne laissant dans mon être qu’une noirceur sans nom. Je relevais les yeux vers Erdrak, haletant, une lueur de haine innommable dans le regard. Je ne comprenais rien, mais la seule chose dont j’étais sûr, c’est qu’il venait de me voler ce que j’étais, et ce que j’aspirais à être. La contradiction entre mon âme, et le faux-esprit dans laquelle elle paraissait enfermée me causait une douleur innommable, et le sentiment d’avoir perdu mon amante le rendait encore pire. Je voulais simplement me venger, lui faire autant de mal que ce qu’il venait de me faire, et lui reprendre par la force ce qu’il m’avait si lâchement soutiré.

Je plantais alors brutalement Ahavarion dans le sol, tapant dans mes talons pour activer la glyphe contenue dans mes bottes. Rien n’existait en dehors d’Erdrak et moi. Plus aucune règle, plus aucune consigne, plus aucun enjeu, à part celui de le voir à terre. Je dégainais alors mon bâton à la tête de loup, hasard et paradoxe qui aurait pu me faire sourire si mon être ne souffrait pas de cette douleur, me hurlant de me jeter sur lui et de lacérer sa peau de ma lame.

« Racànylwë. – Loup de Givre, Elfique - » Grognais-je, pointant le sceptre sur Erdrak. Une sorte de cercle arcanique se forma alors, puis un énorme loup blanc aux griffes glacées passa le pas de la porte éthérée.

Je ne laissais alors plus à personne le temps de réfléchir sur ce qui se passait, et encore moins à l’homme en face de moi. Propulsé à grande vitesse vers lui, j’accélérais au maximum, le gros loup chargeant à mes côtés. Je fus rapidement à son contact, et mon loup fit claquer ses mâchoires en direction de sa cuisse. J’avais appris à combattre avec cet enchantement, mais jamais dans le but de tuer, ou de blesser particulièrement un être humain. Pourtant là était ma seule intention. Juste avant l’impact, je pris alors appui sur mon loup, passant au-dessus du loup en une habile acrobatie, et portant un coup circulaire visant à lui trancher les tendons qu’il para in extremis. Mais mon loup avait déjà profité de l’occasion pour ouvrir ses mâchoires géantes et enfoncer ses crocs-glacés dans ses côtes protégées par l’armure de plaque, du côté de son bras d’arme. Le loup poussa alors ce qui me semblait être un rugissement de douleur, mais je ne m’y attardais pas. Dans cette position, Erdrak était coincé. Utilisant ma vitesse drastiquement augmentée, je me plaçais dans un angle d’attaque idéal, volontairement à sa vue. Je voulais qu’il sente sa mort arriver, qu’il ait le temps de regretter en vain son exaction. Je me propulsais, lame pointée vers son cœur, activant ma glyphe de lame d’énergie pure, susceptible de traverser chaque matière et armure comme si elles n’existaient pas. Il ne pourrait esquiver ce coup d’estoc, et j’allais me venger de ce qu’il venait de m’infliger, qu’il en ait conscience ou non.

Mais soudain, alors que ma lame allait s’enfoncer dans le poitrail de mon ennemi, je ressentis une brutale vague fraiche inonder mon esprit, comme lavant brutalement tous les sentiments sales et inhumains qui m’habitaient, et effaçant l’effet que l’enchantement semblait avoir eu sur moi. Tout me revint comme un flot de réminiscences qui flashaient dans mon esprit, alors que mon âme se libérait de sa prison de haine. Je me retrouvais, goutant à nouveau à la douceur et la tranquillité qui m’habitait, mais, surtout, je retrouvais les sentiments que j’éprouvais pour mon âme sœur, et sa simple vision apaisa mon cœur endolori. Mais mon esprit me rapporta instantanément à la réalité. J’allais tuer un homme avec qui je ne faisais que m’entrainer. Comme un réflexe, in extremis, ma main dévia la lame brillante d’énergie, plus haut, et plus à droite que ca cible. Cette dernière ripa alors de justesse, laissant une trace brillante et vide dans le haut de l’épaulière, puis je percutais brusquement le loup solitaire, nous envoyant tous les deux bouler au sol.

Hébété, je mis un instant à me relever, constatant que tous les regards étaient tournés vers nous.

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Erdrak s’attendait à une réaction violente. Asmo avait déjà expérimenté cette technique sur une jeune fille il y a peu. Mais le caractère de la jeune fille ne se fit que plus agressif, car elle était déjà bien imprudente et stupide. Là, le Loup Solitaire se tenait devant un elfe, de nature calme et d’une force autrement plus importante que cette Cendre. Asmo avait ouvert une boite, sans savoir quel fléau il allait y trouvait. Pourtant le stratège qu’était Erdrak ne pouvait qu’approuvait la stratégie de sa Colère. Ce n’était pas la meilleure, mais en forçant Seö a devenir agressif, il augmentait les chances de le voir faire une erreur et ouvrir sa garde. Mais d’une autre part, il augmentait les probabilités de mourir. Mais non, on ne peut pas mourir petit frère, pas contre lui en tout cas.

Peu rassuré par les propos d’Asmo,, Erdrak profita du temps de pause marqué par Seö pour reprendre un peu son souffle. Profiter de cet instant de faiblesse était tentant, mais rien ne dit qu’au moment où le Loup Solitaire passera à l’attaque, l’enchantement ne prendra pas effet. Et il ne voulait pas être surpris par un elfe enragé, au corps à corps. Sur ses gardes il regarda la réaction de l’elfe qui ne se fit pas tarder. Erdrak avait bien fait d’attendre.

Les mouvements sont rapides et fluides. Il plante son arme dans le sol, ce n’est pas bon signe car Asmo a absorbé toute envie de se rendre. Il sort un bâton et prononce un nom en elfique. Comme un appel, un loup de givre apparait. C’est bon tu as gagné, je te le laisse. Non, c’est ton combat. Je n’ai pas de raison d’y participer. Erdrak fut surpris par un tel manque de velléité de combat de la part de sa Colère avant de se souvenir qu’Asmo était sous l’influence des sentiments positifs de Seö. L’elfe était profondément pacifique. Tant pis, Erdrak s’en occuperait seul et sans problème.

Les deux nouveaux adversaires chargèrent. L’action se déroula si vite qu’aucun Loup ou Aigle ne put réagir. Erdrak eut le temps de baisser son arme en position de contre charge, que déjà le loup de givre refermait sa mâchoire sur sa cuisse. Il sentit les dents riper sur la plaque puis commencer de la pression, qui cessa aussi vite qu’elle avait commencé. Sans la présence de l’armure, la jambe du Loup Solitaire n’aurait été que de la charpie et sans son anneau, il aurait souffert énormément sous la poigne du loup. A la place, Erdrak sentit la magie affluer au point d’impact et dans sa bague. Il libéra l’explosion qui chassa le loup, surpris par la douleur dans sa patte arrière et par la réaction magique. On peut être une créature magique et ne pas s’entendre à subir la douleur qu’on afflige.

Cette réaction naturelle des équipements du Loup Solitaire lui permit de se focaliser plus vite sur l’elfe, qui allait le tuer. Il en avait la certitude rien qu’en voyant son regard. Cela allait être compliqué à contrer. Erdrak fut trop lent pour mettre sa pointe face à l’elfe. La lame de la hallebarde vient frapper avec force les côtes de l’elfe mais ne le désarçonna pas. Il est crai qu’Asmo trouve la douleur stupide et il a du lui retirer ça aussi. Au moins, j’aurai gagné. Il regarda l’elfe froidement, droit dans les yeux. Il ne pouvait même pas lever un bras pour le repousser un peu, car il tenait encore Solstice qui continuait d’ailleurs à mordre la chair de Seö.

Les deux combattants se percutèrent et roulèrent. Erdrak sentit la magie parcourir son armure et renvoyer les dégats qu’elle avait subi. Etrange, le Loup ne se sentait pas mort. Il regarda l’elfe se relevait, hébété. Je vais le tuer. Je vais le tuer, laisse-moi le tuer. Un brasier ardent s’enflamma au cœur d’Erdrak, mais grâce à l’enseignement des baptistrels, Erdrak réussit à contenir sa Colère.

Il vit que tous ses hommes avaient tiré leurs armes et s’apprêtaient à passer à l’attaque. Alors il désamorça la situation en éclatant de rire. Ce qui lui attira des regard surpris. C’était bien tenté et bien la réaction que j’attendais suite à cet attaque magique. Peut-être pas aussi forte, mais bien ce que je voulais. Et il semblerait, que j’ai gagné. Erdrak se releva sous les regard surpris. Je ne vois aucun problème à ce que tu rejoigne l’unité d’exploration des Aigles, Seö Wenmeril. Tu es capable de te défendre mais aussi de faire preuve de contrôle de toi. Bienvenu parmi nous. Mais avant tout chose, Doc.

Le médecin s’approcha accompagné d’un autre homme. Les cheveux grisonnants, ce dernier s’avança et pris Seö dans ses bras avec une vigueur qui détrompait les rides sur son visage. Je suis fier de vous compter dans mon unité, maître Seö. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre quelqu’un qui tient tête au Loup solitaire avec autant d’aplomb. Bah quoi les gars, restez pas là comme ça. Vous préférez qu’il se barre et rejoigne la concurrence ? C’est un Aigle maintenant. La réaction ne se fit pas attendre et les Loups se reculèrent devant la vague des explorateurs, venus saluer leur nouveau camarade. C’est un elfe, très violent mais c’était sous le coup d’un enchantement du Loup Solitaire, mais ce dernier l’avait accepté avec le sourire, ce ne pouvait t’être que pour de bonnes raisons. Pris dans la foule, le médecin réussit toutefois à soigner rapidement et magiquement l’elfe avant d’être emporté au lieu par la vague de guerrier.

Erdrak pour sa part demanda à ce qu’on envoie Seö dans sa tente une fois que toute cette agitation sera retombée. Puis il laissa ses hommes à la fête.

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Je peinais à remettre en ordre mes pensées, alors que je me relevais, une douleur légère à la hanche. Mais qu’est-ce qui avait bien pu me passer par la tête pour tenter d’asséner un coup mortel lors d’un simple entrainement que je ne voulais être qu’une simple formalité. Pourquoi, l’espace d’un instant, il m’avait semblé perdre tout ce qui avait de la valeur à mes yeux, comme mes sentiments, ou mes convictions ? L’effet d’un enchantement, très certainement, mais quelle horrible nature dans ce cas. Je n’aurais jamais critiqué cet usage en parlant de tricherie, puisque j’avais moi-même utilisé mes glyphes, mais, à mes yeux, Erdrak avait commis une erreur. Mon totem l’avait sauvé, c’était aussi simple que ça. Je l’avais senti combattre aux côtés de mon âme pour l’aider à reprendre sa place, pendant que seules la haine et la colère semblaient avoir guidé mon bras. Une sensation effroyable, qui ne m’avait pas étreint depuis de nombreuses années. Je me posais de nombreuses questions au sujet du Loup. Etait-ce de la bêtise ? De l’orgueil ? Préférait-il être tué plutôt que de perdre un simple duel avec un aspirant, alors que je me serais fait joie de lui concéder une victoire qu’il pouvait, il fallait l’avouer, mériter fortement ? Non. Cet enchantement, et tout le reste également. La sensation que j’avais eu, proche de celle de Lewyn, au moment ou ma lame ripait de justesse sur son épaulière, manquant volontairement son cœur. Vengeance. C’était signé. Couplé au reste de son équipement, long en était dit sur sa manière de se battre. Encaisser, jusqu’à la mort, et causer à l’ennemi d’autant plus de dommages en ripostant. Mortellement efficace, et je n’osais imaginer les blessures qu’il m’aurait infligée si j’avais porté un coup fatal. Même protégé par le Sticharion, ce simple échange aurait pu nous tuer tous les deux. Par sa simple faute.

Mais un autre problème se posait à présent. Nous n’étions que deux hommes au centre d’une foule dédiée à l’un d’entre nous et, pour quelqu’un qui ne maitriserait pas les art magiques, il était bien difficile de comprendre tout ce qui venait de se passer. Au vu de leur regards, je compris rapidement qu’ils n’avaient pas été cherché très loin. Pour eux, je venais simplement de tenter d’assassiner leur commandant avec une violence inouïe, et cela semblait leur suffire. Quelle ironie de me croire assassin, même si je comprenais parfaitement qu’ils puissent le penser. Mais ce fût Erdrak qui réagit le premier, éclatant de rire, me surprenant et surprenant ses hommes. Il cherchait visiblement à désamorcer la situation, ce qui sembla fonctionner. Je me gardais alors de tout commentaires à son encontre, même si sa phrase me fit légèrement tiquer. Il ne s’attendait pas à une réaction aussi forte ? Il ne maitrisait donc pas pleinement un enchantement qu’il venait d’utiliser sciemment lors d’un duel qui n’avait que peu de raisons d’être ? Un choix surement discutable, mais je gardais mes pensées pour moi, hochant simplement la tête en guise de remerciements.

L’homme que j’avais vu précédemment s’approcha alors de moi pour me prendre dans ses bras pour une accolade assez solide, et curieusement vigoureuse compte tenu de son âge. Il était visiblement le capitaine des aigles, et son attitude familière, si elle m’avait surpris de prime abord, m’arracha un léger sourire. Avant d’avoir le temps de réagir, je me vis alors submerger par un flot d’hommes et de femmes globalement assez jeunes qui se pressaient autour de moi, m’assénant de questions. Leur compagnie était certainement plus agréable que le professionnalisme froid des Loups, et je me prêtais au jeu, répondant simplement à certaines des questions que l’on me posait, pendant que le médecin soignait la légère entaille que la lance d’Erdrak avait tracée sur mon flanc. J’espérais, un léger sourire aux lèvres, que la cicatrice disparaitrait rapidement, afin d’éviter toute inquiétude à mon amante lorsque je la reverrais.

Je passais alors quelques temps avec les Aigles qui m’entouraient, dont le flot de question s’était légèrement tari, me permettant de me reposer quelques instants. Ils racontaient leurs histoires communes, légèrement séparés des Loups qui eux restaient en retrait. Il y avait donc une coupure nette entre ce qu’on disait être l’élite et le reste de la compagnie. Professionnalisme ? Vantardise ? Il était encore bien trop tôt pour définir la raison de cette distance, et elle ne me concernait de toute façon aucunement. Un peu plus tard dans la soirée, on me glissa de me rendre dans la tente du commandant, qui voulait s’entretenir avec moi. Je me levais donc pour me rendre à la réunion improvisée, nullement fatigué toutefois par la soirée bien avancée.

« Vous m’avez fait demander ? » Lançais-je alors à Erdrak, qui avait le dos tourné au moment de mon irruption dans la tente.

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Erdrak était allé se réfugier dans sa tente même s’il avait justifié la planification de leur prochain déplacement. Simplement organisée mais vaste, elle présentait un lit de camp dans un coin, un brasero éteint, une large table en bois mais peu épaisse, montée sur tréteau et faîte de plusieurs planches ainsi que de nombreux tabourets. Tout ici étaient transportable aisément et tout aussi facilement remplaçable. La Meute n’avait pas le luxe de s’encombrer de chose inutile, mais le mobilier présent était nécessaire pour établir les plans, lire les cartes, ou simplement réunir les lieutenants du Loup Solitaire.

Ce dernier s’était laissé tomber sur le premier tabouret en poussant un soupir de fatigue. Sa tête le lançait terriblement et il n’aspirait qu’au repos. Au repos ? Mais pourquoi ? Tu t’es à peine battu. C’était bien plus drôle quand j’ai pris les choses en mains, tu ne trouves pas ? J’avoue ma déception de n’avoir pas pu m’affronter, il faudrait trouver une solution à ce problème. Là on s’amuserait vraiment. Nous avons failli mourir par ta faute. Et l’elfe aussi. Certes, ça demande un peu plus de dosage, mais est-ce vraiment grave ? Je veux dire, mourir est grave, mais serions-nous vraiment mort ? Ne l’aurais-tu pas tué en premier plutôt de le blesser ? Ne te moque pas de moi. Ta hallebarde est faite pour ça. Tu as espéré qu’il dévie son coup au dernier moment et j’ai senti ses sentiments repartir et les miens revenir. Tu ne voulais pas le tuer car tu ne voulais pas croire qu’il puisse en faire autant. Mais désolé, je ne crois pas que ta bague, ma bague plutôt fonctionne ainsi. C’est une puissante alliée à double tranchant. Tu aurais dû le tuer quand tu en avais l’occasion. La rage l’aurait fait s’empaler sur ta hallebarde. Et nous aurions été bien tranquille sans. [color=#0066FF]Tais-toi ! |/b]|/color]Le Loup Solitaire s’était exprimé à pleine voix avant de continuer doucement. Tais-toi. Tu as fait assez de mal pour aujourd’hui. Je peux faire bien mieux tu sais ? Je sais, Asmo, je sais.

Alors qu’il se parlait, seul face à sa Colère, le Loup Solitaire entendait les Aigles acclamaient leur nouveau membre. Ils pouvaient être heureux, car cette troupe de cartographe avait de grande difficulté à se défendre. Ils étaient tous des combattant, mais aucun n’était aguerri. Ils étaient là pour découvrir le monde, pas le combattre. C’était le travail de la Meute que d’affronter les dangers de l’archipel. Il se massait le front douloureusement, sentant l’exitation d’Asmo lui chauffer le sang, lorsque Seö entra dans son dos. Il se leva et fit face à l’elfe. Le Loup Solitaire eut une expression fatiguée pendant un instant, lassée mais elle laissa place rapidement à un sourire qui se voulait chaleureux. Pourtant le regard de l’homme ne laissait toujours trahir aucune émotion, annulant l’effet escompté.

Oui, merci de vous être libérés de vos nouveaux frères et sœurs aussi vite. Il fit le tour de la table pour prendre appuis dessus en regardant l’elfe. Vous pouvez vous asseoir. Envie de boire quelque chose ? Je n’ai hélas que de l’eau. Il prit une profonde inspiration et continua. Je tiens à te féliciter pour ton jolie combat et ton entrée dans la guilde d’exploration. Et je suis heureux que tu ais rejoins les Aigles, ils ont besoin de quelqu’un comme toi. Il était passé au tutoiement car ça aller l’aider à dire ce qu’il devait dire. Je tenais aussi à m’excuser pour l’accident. Tu l’as certainement senti, car tu t’en sors toi-même et si la Caste ne s’est pas trompé, tu sais toi-même faire des glyphes, mais j’ai utilisé la magie contre toi. Je suis désolé pour ça. Ce sort est très dangereux et je n’ai pas voulu m’en servir. Je ne l’ai pas fait de ma pleine volonté. J’imagine que tu te souviens de notre première rencontre, de l’état dans lequel j’étais. On ne guérit jamais de cela, même avec l’aide des baptistrels. Je n’ai pu qu’accepter ce que je suis devenu, à moi de perdre une partie de moi. On peut juste essayer de le contrôler. Et il se trouve qu’à un moment du combat, je n’ai pas réussi. Ce que tu as ressenti, ce n’est pas moi qui te l’ai envoyé. Ça vient de quelque chose qui dort, juste à l’intérieur de moi. D’ailleurs, ça ne t’a rien vraiment envoyé. Ça a plutôt absorbé ce que tu avais de mauvais, mais selon sa perception. Oui, sa conception du mal est très différente de la nôtre. Ne te fais pas d’idée, je n’essaye pas de me justifier. Erdrak poussa un nouveau soupir. |b]Je comprends que tu puisses m’en vouloir. Mais je veux que tu saches que l’homme que je suis devenu, le Loup Solitaire, n’est pas parfait, comme tous les hommes mais que j’essaye de le faire le plus juste possible. Je te demande juste de ne pas trop m’en vouloir pour ma faiblesse.


Il baissa la voix et laissa un petit silence avant de reprendre, d’une voix encore plus faible. Tu te souviens de ce que je cherchais. Je l’ai revue. J’ai revu Sinestra. Elle a changé. Je ne saurai dire si elle est heureuse maintenant, mais au moins n’est-elle plus malheureuse. Elle a tué son passé semblait-il. Alors que moi, j’essaye juste de le faire revivre. Il redressa la tête avec un sourire triste. Je ne veux pas attirer une quelconque sympathie fondée sur la pitié de ta part. Je suis juste franc. Mais tu n’as pas à t’en soucier, tu ne seras pas sous mon commandement direct. Et quand bien même, on ne me jure pas allégeance ici. On la jure devant ses frères et sœurs, auprès de ceux qui vont chevaucher à nos côtés.

Le Loup Solitaire quitta sa voix sérieuse et reprendit un ton plus gai. Tu es un excellent combattant, digne des Loups. J’imagine qu’ils ne t’ont pas acclamé comme les Aigles. Ne te fait pas d’idée, ils sont juste jaloux. Personne ne m’a fait tomber, devant eux en tout cas, et surtout ils auraient préféré t’avoir à leur côté. Un combattant aussi rapide que toi dans un monde sauvage où les réflexes sauvent des vies, c’était comme avoir un droit à l’erreur. Tu verras que les Aigles sont bien loin de tout ça. Bien loin des préoccupations de force et de talents guerriers que les Loups. Mais si ce que m’ont dit certains Renards à ton propos est vrai, c’est le meilleur endroit où tu puisses être. Qu’en penses-tu ?

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Je devais bien avouer être assez curieux quant à la demande d’Erdrak de me voir aussi vite. Je me demandais bien ce qui pouvait justifier tant d’empressement de sa part à me voir en privé. Il fallait avouer que notre dernière altercation en tête à tête, sur l’ancien continent, ne s’était pas vraiment bien déroulée. Mais je ne m’en inquiétais guère après tout. Nous venions de combattre l’un avec l’autre et, s’il en avait voulu à ma vie, rien ne l’aurait empêché de m’occire sur le terrain d’entrainement. Alors qu’il s’asseyait sur la table, je décidais alors d’opter pour un ton tout aussi courtois que le sien.

« Je te remercie, l’eau m’ira très bien. » Lui répondis-je avec un léger sourire, mon regard d’ambre planté dans le sien. Ce n’était pas vraiment une marque de provocation, car telle n’était pas ma nature, simplement un moyen de signifier poliment que je souhaitais rester debout. J’écoutais ensuite avec attention ce qu’il avait à me dire.

Je tâchais de rester le plus objectif possible durant son discours, me contentant de hocher la tête pour l’inviter à continuer à parler sans que je ne juge utile, du moins pour le moment, de l’interrompre. Il semblait vouloir, à défaut de se justifier, au moins expliquer ce qui s’était passé durant notre affrontement. Si les autres guerriers de sa meute ne semblaient pas en avoir cure désormais, les explications paraissaient tenir à cœur Erdak. Après tout, nous avions failli nous entretuer alors que tel n’était même pas le but de notre combat. Il confirma alors ce que j’avais cru déceler quant à l’utilisation d’un sort, ou d’un glyphe, le concernant. Il s’agissait d’un enchantement relativement connu, mais qui, dans son cas, prenait une tournure toute particulière, ce qui m’aida un peu mieux à comprendre ce qu’il voulait dire. Ainsi donc, cette ambiguïté de personnalité que j’avais perçue chez lui lors de notre première rencontre n’était en rien factice. Il existait bel et bien, au sein de son esprit, deux entités bien distinctes, qui se contredisaient entre elle. La seule différence était que, aujourd’hui, les Baptistrels lui avaient permis de contrôler la part sombre qui l’habitait. Si c’était elle qui avait pris le contrôle de son bras lorsqu’il avait utilisé son enchantement, alors il était logique que mes sentiments « positifs » aient été absorbés par cette entité. Une magie terrifiante à proprement parler, et je ne devais qu’à mon totem de m’avoir permis d’épargner la vie d’Erdrak. Une fois qu’il eut fini, je pris la parole.

« Je comprends mieux mes impressions à ton sujet lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois. Je n’ai aucune raison de ne pas te croire quand tu me dis maitriser à présent cet aspect de ton âme, aussi, j’accepte tes excuses. Toutefois, je ne peux que t’inviter à te méfier de l’usage d’un tel enchantement. La stratégie était risquée, car tu ne dois qu’à un détail que ma lame ait été déviée. Nous serions probablement, dans le cas inverse, morts tous les deux à l’heure qu’il est. Et je suppose que, maintenant, tu as des responsabilités auxquelles tu ne peux te soustraire qui font que tu n’as pas le droit de mourir ainsi. Enfin, je suppose après tout que tu sais ce que tu fais. » Le ton était léger, très différent de celui que j’avais employé avec lui lors de notre première rencontre, et n’était en rien accusateur, ni moralisateur. Au contraire, chose étrange, il était presque… amical, et familier.

Je fus ensuite surprit de l’entendre me parler de Sinestra. Il était vrai qu’elle avait été au centre de notre discussion première, et que j’avais presque oublié qu’elle était sa fille. Fille que j’avais d’ailleurs revue à mon tour lors de mes pérégrinations en compagnie d’Aurore. Elle avait effectivement bien changé, et c’était le moins que l’on pouvait en dire. Mais cette fois-ci, les propos d’Erdrak me paraissaient… Plus sincères, tout simplement. En tout cas, plus proches de ceux d’un père, c’était mon impression. De la même manière, je le laissais finir, avant de lui répondre.

« Je l’ai recroisée aussi, plus ou moins récemment. Au moins, elle parait plus heureuse ainsi, ou du moins c’est ce que j’ai l’impression de voir. Peut être était-il mieux pour elle qu’elle refasse sa vie après tout. Je ne connais rien, ou presque, de son histoire, ou même de la tienne, en revanche, je sais que s’accrocher au passé ne donne jamais rien de bon. Après tout, à présent, tu as ta propre compagnie et tu dois avoir tes propres objectifs, je me trompe ? » Lui dis-je simplement.

Ensuite, il sembla occulter le sujet qui semblait l’affecter, reprenant avec une pointe de gaieté dans la voix. Sa remarque sur les loups me fit légèrement sourire. Il était vrai qu’ils m’étaient encore un peu austères, mais ça m’importait peu. Je n’étais pas un guerrier, du moins pas dans l’âme, aussi, il m’aurait été compliqué de tisser de quelconques liens avec eux. De surcroit, le chef de la meute était visiblement particulièrement bien renseigné quant à mon choix de rejoindre les aigles plutôt qu’un autre groupe.

« Je vois qu’on t’a bien renseigné. Au grand damne de mes compétences en combat, je n’ai aucun attrait pour la chose martiale, ou pour la violence d’une manière générale. Cela vient probablement de la manière dont on m’a entrainé, et de ma vision du monde en général. Je pense donc logique que mon choix ne se porte pas sur un groupe de combattant. » Répondis-je en toute franchise.

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Le Loup Solitaire marcha vers une petite table sur laquelle reposait une cruche et quelques timbales en étain. Il servit deux verres et en tendit un à l’elfe. Cette action lui laissa encore un peu de temps pour préparer ce qu’il avait dire. Seö était un inconnu, mais il avait cru comprendre qu’il était digne de confiance et d’une rare compréhension. Peut-être qu’Erdrak essayait de se convaincre de se dernier point. Le Loup Solitaire devait parler à quelqu’un de toute manière et cette nouvelle recrue était parfaite pour cela. Ils s’étaient déjà rencontrés durant la période sombre de la vie d’Erdrak, il y avait déjà un malentendu entre eux, quelque chose à éclaircir et surtout il fallait faire comprendre à Seö que l’homme devant lui n’était plus tout à fait le même.

L’elfe parut comprendre et accepter ce que le Loup Solitaire venait de lui dire. C’était une bonne chose. Il sourit légèrement aux remarques de l’elfe. Il ne valait pas être condescendant mais il allait rassurer l’elfe sur ses capacités et sa stratégie. Il nous prendrait presque pour un abruti. Les elfes sont tous les mêmes. Des prétentieux arrogants qui sont convaincus que s’ils sont toujours en vie, c’est parce qu’ils sont plus intelligents. Ils ne voient même pas quand on leur fait grâce, ou quand ils sont faillibles. Ils sont répugnants, presque autant que les vampires. Pourquoi tu le gardes ? Jette-le, renvoie-le chez les siens. De plus, pour un elfe, il est faible. Je déteste la faiblesse. Erdrak ignora le discours véhément d’Asmo. Il répondit à l’elfe doucement. Ne te fais pas d’idées. Cette stratégie est dangereuse et encore en perfectionnement, mais la blessure que tu as eu au flanc aurait pu être au milieu du ventre. Je connais beaucoup de mes faiblesses, pas toutes mais beaucoup. Et j’ai commencé à les combler. Tu as dû remarquer ce qu’il se passe lorsqu’on me frappe. Sache aussi que la douleur ne me frôle pas et que les blessures que je subis ne sont que de légers inconvénients. Quant à mourir… J’ai certes des hommes sous mon commandement, mais ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent. Pas ainsi que je veux qu’elle fonctionne dans la Meute au moins. Il y a eu trop de dérives à obéir à un seul homme. Si je meurs, il y a d’autres Loups pour prendre la relève immédiatement, et sans discussion. Ils partagent ma vision, mon rêve. On ne doit jamais se reposer sur une seule personne ou un petit groupe. Mais tu as raison tout de même, mourir bêtement serait… et bien stupide.

Le changement de sujet pour venir à Sinestra fit évoluer les choses. Il y eut une impression de déjà ou presque. Seö avait revu récemment la fille d’Erdrak sans vraiment donner de plus amples informations. Cela ne gênait pas le Loup Solitaire. Il avait accepté l’idée de pas être vraiment son père, de ne pas connaitre entièrement le bonheur familial. Il avait aussi découvert qu’elle n’était pas sa seule enfant. Mais il n’était pas sûr du comportement à tenir avec ce nouvel enfant débarqué de nulle part et lui vouant une grande admiration. Il ne préféra pas répondre sur l’histoire du passé. Il essaye juste de construire quelque chose, de refaire ce qui avait été son enfance avec sa compagnie adoptive mais sans les erreurs du passé. Après tout, les souvenirs servent à ça, à ne pas répéter les sempiternelles mêmes erreurs.

Mes renseignements peuvent difficilement être inexact. Les Renards sont ceux qui recueillent les demandes de service, conservent les cartes, les copient, gèrent l’argent de la guilde. Quelques-uns viennent de la Caste des Dragonniers où ils ont eu la chance, le hasard de te côtoyer. C’est assez réducteur comme vision de la chose, bien qu’elle ne soit pas absolument fausse. Disons que les Loups peuvent le même travail qu’un Aigle ou un Chien. Mais il est vrai que nous sommes mis en danger plus souvent que les Aigles. Mais ne te fait pas d’illusion, même dans les zones que nous pensons calmes, il y a beaucoup de danger. J’aimerai que tu me fasses une faveur. Le capitaine actuel des Aigles est bon, plein de qualités, mais il ne peut pas tous les protéger et les former. Tu sais te battre, alors, s’il te plait, apprends à tes nouveaux frères et sœurs à se défendre. Nous ne sommes pas un ordre guerrier, voué à la guerre. Ce qui nous intéresse, c’est découvrir le monde et venir en aide aux gens pour qu’ils puissent débuter une nouvelle vie en sécurité. Mais le monde ne veut pas nous laisser en paix. Lors de la dernière exploration, ta compagnie a perdu deux hommes dans une attaque de bêtes sauvages. Le bilan n’est pas souvent aussi lourd mais c’est une réalité. On ne peut… Des cris se firent entendre dehors et un homme pénétra dans la tente.

Capitaine ! Des Smilodons, au moins cinq peut-être plus, viennent de bondir dans le camp. Erdrak sortit en trombe et commença à donner des ordres. Solstice à la main, il se précipita en hurlant vers un des fauves à proximité. L’animal remarqua l’homme qui le chargeait et lui bondit dessus. La hallebarde décrivit un mouvement circulaire et vint percuter les côtés de la bête, lui creusant une profonde entaille. Dans le même temps, le Loup Solitaire se décala, s’aida de son arme comme d’un appui pour tourner. Le Smilodon lui passa à côté et s’écroula avant de se relever, du sang coulant abondamment de sa blessure. Il bondit de nouveau et cette fois-ci, le Loup Solitaire ancra ses pieds dans le sol, de même que Solstice. L’arme dressée allait servir de piques et le fauve vint s’empaler dessus. D’autres Loups se précipitèrent, armés de lance et plantèrent à leur tour le smilodon qui soupira et rendit son dernier soupir.

Erdrakse retourna immédiatement pour regarder le combat. Un des Aigles était aux prises avec un prédateur géant, seul. La bête bondit et Erdrak savait qu’il ne resterait rien de cet homme. Mais une silhouette s’interposa. Armé d’un bouclier et d’un marteau, le capitaine des Aigles venait d’éjecter son homme et de prendre sa place. Durant un court instant, le temps ralenti. Les griffes de l’animal percutèrent et lacérèrent le bouclier de bois épais. Il fit son office mais ne le refera plus jamais. L’humain sembla arrêter l’élan du Smilodon, comme s’il allait pouvoir le stopper par sa propre force. Puis ses appuis lâchèrent, et il partit en arrière. Il s’écroula pendant que la seconde patte avant du monstre vint lui lacérer le ventre. L’homme n’avait aucune chance.

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J’écoutais Erdrak sans ciller le moins du monde. Même si je ne le sentais en rien véhément, j’avais l’impression que les paroles que j’avais utilisées à son encontre avaient, d’une certaine manière, heurté son égo. Il n’en avait pourtant pas été mon intention, et je n’allais certainement pas rentré avec lui dans un jeu futile, qui aurait été de savoir qui de nous deux aurait péri le premier. Ce n’était pas là le point important, et ça ne m’intéressait pas le moins du monde. Je ne niais en rien qu’Erdrak était un grand guerrier, qui n’avait certainement pas fini de surprendre en combat grâce à son style et son équipement atypique. Toutefois, quelque chose dans sa façon de se battre me mettait mal à l’aise. Peut être était-ce plus simplement la nature des enchantements qu’il portait. Je n’étais pas un spécialiste en Glyphe funestes, mais je savais en reconnaitre lorsqu’elles étaient proches de moi. La nature exacte de leur utilisation m’était encore, cela dit, assez trouble. Notre échange avait été trop court pour que je ne puisse en déceler tous les aspects, pourtant, en composant mes souvenirs et mes connaissances dans cet art, je pouvais aisément deviner la manière qu’avait choisi Erdrak pour mener ses combats. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres, alors que je lui répondais.

« Je ne mets nullement en doute tes capacités au combat, et je serais surement un fou de le faire. Disons que nos pensées diffèrent énormément sur la façon de mener un affrontement, et cela doit sans doute venir du fait que nous sommes tout deux différents, fondamentalement. Pas meilleurs, juste différents. Mais, du peu que j’ai vu, je peux aisément deviner que tout ton équipement, et la plupart de tes glyphes, sont apposées dans le but de faire subir autant, voir plus, de blessures que l’on ne t’en inflige. Aussi, tant que ton armure tient le choc de l’affrontement, et que tes glyphes fonctionnent, seul un combattant rapide, ou un coup mortel direct pourra te terrasser. » Commençais-je, réfléchissant en même temps à mes propos. « A vrai dire, notre différence vient peut être de ta nature de soldat. Un tel fonctionnement est presque imbattable sur un champ de bataille après tout. Je me doute également que tu as prévu une manière de te soigner instantanément pour parfaire le tout. » Finis-je, sur un ton plus amical. Il était vrai que, dans une bataille rangée, cette manière de faire pouvait s’avérer particulièrement efficace. Mon esprit analytique se posa alors de nombreuses questions, inconsciemment. Erdrak n’était pas mon ennemi, mais je ne pouvais me retenir de me demander de quelle manière ses enchantements fonctionnaient. Je remis ces interrogations à plus tard, me reconcentrant sur ce qu’avait à dire le jeune homme.

Ce dernier avait visiblement une demande pour moi, et je l’écoutais attentivement, un peu surpris. Je ne m’étais nullement attendu à un surcroit d’attention dès mon entrée dans le groupe, pensant que mon intégration se déroulerait de la même manière que dans la Caste. Il me fit donc état de la manière dont s’organisait la meute, et des différents écueils que pouvaient rencontrer cette organisation, puis en vint à sa demande. Cette dernière me surprit encore plus que d’accoutumée. J’en aurais presque rit si le ton d’Erdrak n’était pas aussi sérieux. Je n’aurais jamais envisagé un jour être dans la peau d’un instructeur, moi qui détestait le fait même d’avoir à combattre, blesser, ou tuer. Comme je l’avais dit, mes compétences martiales étaient performante presque contre-naturellement, aussi, en transmettre l’essence ne m’avait jamais paru envisageable. Ceci dit, par égard pour lui, je pris le temps d’y réfléchir. S’il ne s’agissait que d’apprendre à de jeunes hommes et femmes à comprendre des rudiments défensifs, ce n’était finalement pas une charge bien lourde. Je ne souhaitais simplement pas que ce fait ne lui serve plus tard à militariser une branche qui n’était initialement pas faite pour ça. Je ne pouvais avoir aucune certitude à ce sujet, et devrais donc mettre ma foi dans le loup solitaire pour une fois. C’était un dilemme que je m’apprêtais à résoudre, mais je n’eus pas le temps de lui faire ma réponse.

Un Loup entra en trombe dans la pièce, paniqué. Une attaque de smilodon avait visiblement eu lieu, et les troupes peinaient à les repousser. Erdrak sorti alors en trombe de la tente, arme à la main, et je le suivais dans la foulée. Dehors, le chaos s’était installé dans le campement si organisé quelques minutes plus tôt. Le loup fut immédiatement cueillit par un fauve affamé, mais je n’y prêtais pas plus d’attention, analysant d’abord la situation. Le guerrier était surement le plus capable de ses hommes de ce sortir d’une situation si délicate, et les Loups eux aussi plus rompus aux arts du combats semblaient s’en sortir. Mais si, comme l’avait fait remarquer Erdrak, les Aigles étaient eux plus démunis au combat, ils faisaient des cibles de choix. Je vis soudain un Aigle mis au sol par une bête, et j’apercevais ensuite le capitaine des aigles fondre courageusement sur le félin. Malheureusement sa seule force ne suffirait pas à le déstabilisé, et il se vit rapidement coincé à son tour sous l’animal. Plus loin, une jeune femme hurla. Elle et une autre paraissaient bloquées, dos à un mur de fortune en bois, alors qu’un Smilodons aux crocs ensanglantés s’avançait, prédateur, vers elles. L’une des deux était soutenue par l’autre, une plaie profonde à la cuisse. Il fallait donc faire un choix. Ou alors…

Je calculais rapidement les distances, puis j’activais mes bottes enchantées pour augmenter ma vitesse. Je me propulsais ensuite en avant, en direction du capitaine aux prises avec la bête. Dégainant Ahavarion dans le même mouvement, je passais à l’aide d’une pirouette au-dessus de l’animal, tout en décrivant un cercle harmonieux avec mon arme, activant ma glyphe par la même occasion. Sans jeter un regard en arrière pour voir le corps coupé en deux de la bête tomber au sol, et le capitaine s’extirper difficilement de ses restes, je continuais en direction des deux aigles aux prises avec le second félin. Ce dernier s’apprêtait à bondit, aussi, je dégainais dans ma main droite l’un de mes sceptres, avec lequel je lançais une pluie d’éclats glacés en direction de la jambe postérieure visible de l’animal. Cela ne serait surement pas suffisant pour le mettre hors d’état de nuire, mais, comme je l’avais prévu, ses blessures furent suffisantes pour que sa patte se dérobe sous son poids, l’empêchant ainsi d’effectuer son assaut. Je pris alors appui sur une caisse en bois pour m’élancer en sa direction, lâchant le sceptre au sol, et faisant tournoyer ma lance que je pointais alors en direction de son crâne. Ce dernier fut brutalement perforé par l’attaque facilitée par l’élan que m’offrait la gravité, et s’écroula, mort sur le coup.

Je relevais les yeux, observant les deux jeunes femmes terrifiées et encore sous le choc. La blessure était sérieuse, mais pas mortelle, aussi, je tournais plutôt le regard en quête de l’un des félins, afin d’intercepter un éventuel appel à l’aide.

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La lutte était terrible. Le Loup Solitaire se demanda un instant comment autant de bête ont pu arriver dans le camp sans être remarqués avant de tomber sur une partie de la palissade béante. Les smilodon ont sûrement chargé cette zone, passant au-dessus ou tombant dessus jusqu’à ce qu’elle s’écroule. Par contre le nombre d’animaux était surprenant. Le Loup Solitaire n’en avait pas vu autant durant ses explorations et bien qu’il sache que ses prédateurs vivaient en groupe, il était loin de s’imaginer qu’ils puissent chasser en meute. Les smilodons étaient très grand et dangereux et leur rapidité incroyable. Toutefois, contrairement à des loups, ils semblaient attaquer chacun leur cible sans attendre l’aide des autres. D’un autre côté avec leur taille, ils n’avaient pas besoin d’aide pour abattre leur proie. Sauf quand celle-ci sait se défendre.

La surprise passait, les Loups reprirent les choses en main. Les trios se mirent immédiatement en place et il devint facile pour les formations de combats de venir à bout de leurs agresseurs, à tois ou à six. Les Aigles par contre ne s’en sortaient pas aussi bien. Non formés au combat, trop jeune pour certains, la plupart avait cédé à la panique et d’autres étaient blessés plus ou moins gravement. Si seulement ils pouvaient se regrouper. Ensemble, ils formeraient un unité défensive formidable, mais ils s’isolaient seuls ou en petits groupes. Erdrak intervint dans le dos d’un smilodon aux prises avec trois Aigles désarmés. Il planta Solstice dans le dos de la bête qui s’écroula en poussant un ultime hurlement. Regroupez-vous et essayez de vous protéger les uns les autres. Restez hors de portée des smilodons. N’allez surtout pas dans les arbres, ils y sont plus à leur aise. Soyez unis. Les trois cartographes hochèrent la tête, et partirent en quête de leurs frères et sœurs d’armes.

Un nouveau coup d’œil alentours apprit au Loup Solitaire que la partie était gagnée. Certains fauves commençaient à s’enfuir. Une demi-douzaine des prédateurs gisait au sol. De même que des hommes des deux unités, mais déjà d’autres hommes et femmes leur venaient en aide. Son regard tomba sur un corps en particulier. Le capitaine de Aigles se tenait le ventre, assis contre une palissade. Erdrak vint s’agenouiller à ses côtés. L’homme le regarda. Je suis désolé Capitaine. Je vais devoir vous faire faux bond. Et… Il ne put finir sa phrase. Son corps se détendit et ses mains tombèrent, révélant le trou béant laissé par l’animal. Erdrak l’avait vu se sacrifier pour sauver un de ses hommes. C’était ça l’idée de la guilde, mais ce n’était pas l’objectif. On devait se sacrifier pour les autres, certes, mais pas au point d’en mourir aucune vie ne vaut plus qu’une autre. Erdrak serra la main de son compagnon mort. Arrête, c’est ridicule. Tu le connaissais à peine, et de toute façon il est mort. Il ne sait rien de ta tristesse ridicule et inutile. Il a voulu mourir sinon, il ne se serait pas jeté sous la bête. Ce genre de comportement est indigne de ceux qui veulent survivre. Comme d’habitude, l’héroïsme et le don de soi ne faisaient pas partie des préoccupations principales d’Asmo. Peut-être s’offrait-il un dernier combat digne de l’épique. Ne me dit pas que tu rechignerais à affronter à de ses gros chats. Non, je n’y rechignerai pas, mais à la différence de lui, je gagnerai.

Le combat se termina aussi vite qu’il commença. Rapidement, les hommes et les femmes prirent des civières et transportèrent les blessés sous une grande bâche qui servait à prendre les repas à l’abri du soleil ou de la pluie. On avait dégagé les tables faîtes en rondin de bois pour y dresser des lits de camps. Le Loup Solitaire envoya chercher des Baptistrels au Domaine, soulageait de la proximité du lieu. Ses guérisseurs pourraient s’occuper des blessés seuls, mais de l’aide des chanteurs ne sera pas refusé. Les blessés étaient placés en unité afin de pouvoir rapidement faire l’appel. Les morts étaient alignés aussi sur des lits. Le Loup Solitaire se tenait debout au milieu des morts, le visage grave. Comme à son habitude, son regard ne laissait rien filtrer mais il avait les épaules légèrement voutées, comme s’il était accablé par le poids des morts.

Capitaine, notre capitaine est mort, et beaucoup de nos camarades le sont aussi ou blessés. Qu’est-ce qu’on va devenir ? La voix était douce, faible et timide. Elle venait d’une jeune femme, à peine adulte. Elle était accompagnée par une trentaine d’Aigles encore debout. Elle avait raison, sur les huit morts, sept étaient des Aigles et presque tous les blessés graves étaient des cartographes. Quinze blessés dont huit graves. C’était beaucoup trop. Dois-je seulement continuer cette entreprise ? Continuer à risquer la vie de ses hommes et femmes ? [color:05b6=FF0000]Ils sont là en sachant ce qui aller leur arriver. Et regarde-les. Ils ne veulent pas partir. Ils veulent rester. Quand on commande, il faut savoir que certains vont mourir, tu devrais le savoir mieux que quiconque ici. Alors arrête de geindre et va de l’avant. Sinon je le ferais.

Le Loup Solitaire regarda chacun des hommes et femmes réunis. Il y avait de la tristesse dans leur regard, de la peur aussi. Mais surtout de la détermination et le besoin d’être guidé. Vous pouvez arrêter l’exploration, il n’y a pas de honte à ça. La vie est précieuse et personne ne vous en voudra de vouloir protéger la vôtre. Sinon je pense qu’il vous faudra un nouveau capitaine. Vous pouvez le choisir vous-même dans vos rangs, et j’accepterai ou non votre décision. Il venait à peine de finir sa phrase que tous les regards se portèrent sur Seö. Erdrak et Asmo sourirent intérieurement. Ce n’était pas étonnant qu’ils se tournent vers cet elfe capable de se défendre et de tuer deux smilodon en presque un coup. Il était puissant mais il paraissait aussi doux, gentil et réfléchi. Eerdrak n’aurait pas passé à lui tout de suite, mais c’était un bon choix. La question était : est-ce une bonne idée de mettre une nouvelle recrue aussi talentueuse soit-elle, à la tête d’une unité de débutant. Oui. Il allait le faire. Maître Wënmeril ! Il semblerait que vos nouveaux frères et sœurs aient besoin de vous, comme capitaine. Acceptez-vous cette charge ? Une fois le commandement passé, nous pourrons rendre pleinement hommage à nos morts, pour qu’ils puissent reposer en paix en sachant que nous continuerons à aller de l’avant et que leur sacrifice ne fut pas vain.

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Le calme était brutalement retombé sur le campement. Fort heureusement, les loups, ainsi qu’Erdrak, avaient été particulièrement efficaces aussi, devant le nombre important de leurs congénères morts, les bêtes sauvages avaient décidé de battre en retraite. Je me relevais, soufflais un grand coup, puis je raccrochais Ahavarion à mon fourreau dorsal pour observer le campement autour de moi. Des deux jeunes aigles que je venais d’aider, une était déjà en train d’appliquer les premiers soins à sa consœur, qui, malgré la douleur, n’avait pas l’air plus en danger que cela. Si c’était, pour elles, une bonne nouvelle, tout le monde n’avait pas eu la chance de s’en sortir indemne.

Comme l’on pouvait logiquement s’y attendre, la plupart des victimes étaient des aigles, blessés ou mort. Contrairement aux loups, et cela se comprenait, ils avaient rapidement cédé à la panique devant les fauves, et avaient tenté de fuir le combat plutôt que de se regrouper et faire face. Si procéder ainsi aurait pu laisser penser à une forme de courage mal placé, c’était en réalité beaucoup plus logique que de prendre la poudre d’escampette. Malgré leur apparence imposante, les Smilodons chassaient souvent plus facilement les proies isolées que les grands groupes d’animaux, car elles étaient des cibles beaucoup plus faciles. Mais la peur avait surement empêché les jeunes aigles de raisonner ainsi. Une triste victoire, donc, surtout au vu des jeunes hommes et femmes qui avaient péri au cours de l’incident. Tiamaranta était décidément un archipel particulièrement hostile, malgré même le fait que nous nous situions à côté du domaine baptistral.

Logiquement, Erdrak demanda alors à ce qu’on aille quérir l’aide des Baptistrels. Un choix logique compte tenu de là où nous nous trouvions. Je ne pus évidemment pas m’empêcher d’avoir une pensée pour Aurore, espérant tout de même qu’elle n’ait pas vent de cet incident. C’était sans doute égoïste de ma part, car son aide aurait été plus que bienvenue, mais je ne pouvais pas me résoudre à l’inquiéter outre mesure. Et se fut en posant les yeux sur le chaos désormais redescendu autour de moi que je pris conscience que, curieusement, la caste, et le combat désespéré contre les chimères avaient opéré un profond changement en moi. Il aurait été assez étrange de parler d’habitude, car c’était même l’inverse, mais la douleur que j’avais en posant les yeux sur ses hommes et femmes qui venaient d’émettre leur dernier souffle semblait beaucoup plus pressante qu’auparavant. Peut-être était-ce parce que, pour la première fois de ma vie, sur Ambarhùna, j’avais été témoin de la défaite profonde et amer qui nous avait forcé à l’exil, et que j’avais pris conscience de l’importance fondamentale qu’avaient toutes ces vies, connues ou non. Si j’avais cru que je pourrais un jour m’habituer à ce spectacle, je savais désormais que ça ne serait jamais le cas. Je n’étais fondamentalement pas fait pour les champs de batailles, c’était une évidence.

Soudain, un attroupement se forma autour du Loup Solitaire. Désormais membre de sa « meute », je fis de même et je constatais l’inquiétude de mes nouveaux frères d’armes. J’appris ainsi que le capitaine avait succombé à ses blessures malgré mon intervention, et ce seul fait me fit serrer les dents. Qu’importe ce qu’on pouvait dire, la force était décidément le pire des moyens pour régler la plupart des situations sans malheur. Perdu un instant dans mes réflexions, je sentis alors le poids des regards s’être posé sur moi, et j’en cherchais la cause. Face à moi, Erdrak semblait en proie à une intense réflexion, et je commençais à doucement comprendre ce dont il était question. Avant même que j’ai pu ouvrir la bouche pour émettre une quelconque contestation, il avait pris la parole. Je devais bien avouer que la situation me laissait particulièrement perplexe. Commander ? Moi ? S’il y avait bien une chose que je n’avais encore jamais expérimentée, c’était bel et bien celle-là. Et je ne savais, pour le coup, pas comment réagir. Je notais les regards presque implorants des membres me lançaient. Je ne pouvais pas me parer d’une réponse hésitante, surtout pas devant eux. Ils espéraient, il n’y avait que ça à dire, qu’une figure bienveillante ne soit là pour les protéger quand le danger se montrerait, afin de ne pas revivre ce qui c’était passé cette nuit. Bien sûr, il était parfaitement illusoire qu’une telle responsabilité n’arrive sur mes épaules, mais je ne pouvais pas non plus leur refuser de croire en un peu de sécurité sur ce nouveau continent. Toutefois, s’il y avait dilemme, c’était surtout parce que je savais que, paradoxalement, mon inexpérience dans le commandant pouvait tout aussi bien les mettre en danger. Essayant de faire la part des choses, et ayant pris ma décision, je relevais rapidement les yeux vers Erdrak.

« Je… Si tel est le choix de mes nouveaux compagnons, alors j’accepte cette charge. » J’en revenais à peine d’avoir prononcé ces mots, que tous les aigles poussaient une sorte de soupir de soulagement. Le temps n’était cependant pas aux exultations de joie, ce qui m’allait très bien, et ils repartirent rapidement en direction des blessés pour aider au soin, ou pour remettre le campement d’aplomb. J’en profitais alors pour me rapprocher d’Erdrak, maintenant isolé.

« Tu m’as mis devant le fait accompli, mais tu aurais du savoir que je n’ai jamais commandé la moindre unité. Je risque de les mettre en danger bien plus que de les protéger. » Lui dis-je, non pas sur un ton accusateur, mais inquisiteur. Il devait le savoir, il avait du y penser, et je me demandais bien ce qui l’avait poussé à prendre une décision si illogique.

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Seö semblait hésiter. Erdrak n’en était pas surpris, car il comprenait pleinement que le jeune elfe ne pouvait pas imaginer se retrouver à la tête d’un groupe d’humains qu’il ne connaissait pas, dont il ignorait le fonctionnement. Pourtant, Erdrak ne pouvait s’empêcher d’être énerver devant cette hésitation. Probablement à cause d’Asmo qui bouillonnait de rage. Il veut quoi, qu’on s’agenouille devant lui pour accepter de protéger cette bande de chiots. Regarde-moi cette tête d’ahuri. On dirait un enfant devant une charge de cavalerie. Cette dernière phrase fit remonter de terribles images dans l’esprit d’Erdrak et la rage d’Asmo s’éteignit immédiatement. Même la Colère ne supportait pas ces souvenirs lointains. Celui de la naissance de cette seconde personnalité. Le jour où Erdrak avait tout perdu. Je suis désolé. Je ne voulais pas dire ça pour ça. Au moins, Erdrak aura une accalmie dans sa colère permanente.

L’elfe accepta finalement la cherche de capitaine des Aigles. A contrecœur, c’était certain mais il l’avait acceptée. Les Aigles poussèrent un soupir de soulagement, convaincus d’avoir un nouveau commandant compétent qui saura les protéger comme le précédent, mieux peut-être. Le Loup Solitaire savait que ce sera plus compliqué. Il n’y eut pas d’effusion de joie, ce qui était normal. Ils passèrent tous devant Seö pour lui témoigner leur soutient, leur sympathie ou simplement le remercier. Il n’y avait pas encore de cérémonie fixe pour introniser un nouveau capitaine, ou de signes distinctifs. La guilde était encore trop jeune et en accroissement trop rapide pour pouvoir faire quelque chose de viable sur le long terme.

Le Loup Solitaire se détourna de cette scène pour regarder de nouveau ses pertes. Il s’agenouilla auprès d’une jeune femme blessée et inconsciente. Une Aigle, qui comme beaucoup d’autres n’avait pas su réagir devant une telle attaque. Erdrak ferma les yeux en serrant la main de la femme. Pourquoi es-tu si désolé ? Si triste ? Tu ne la connaissais pas et elle ne savait pas se battre, c’est normal qu’elle soit dans son état. Elle pourrait être ma fille. Laquelle ? Celle qui t’a rejeté ? Ou celle qui a failli te tuer avec ta propre arme ? Parce que, pour la seconde, je pense que si elle se retrouve dans cet état, c’est qu’il devait y avoir au moins deux cents Smilodons et surtout qu’aucun n’en a réchappé. Malgré la plaisanterie d’Asmo, la tristesse qui emplissait le cœur d’Erdrak ne partait pas. C’était le poids du commandement de voir mourir ses hommes. Mais c’était encore plus terrible de voir le résultat.

Le Loup Solitaire entendit Seö arrivait mais Erdrak était trop accablé et en train d’imaginer un moyen de limiter encore ces accidents et pertes que ce fut Asmo qui accueillit l’elfe. Tu ne peux pas te contenter de ce que tu as et de ce qu’on t’offre ! Tu ne peux pas accepter ce qu’on te donne. Le Loup Solitaire avait parlé d’un ton agressif, une lueur malveillante et pleine de colère dans le regard. Cette lueur disparut presque immédiatement alors que l’expression du Loup Solitaire redevint triste et son regard inexpressif. Désolé. J’étais perdu dans mes penser et je me disais que ça aurait pu être bien pire et que je devais accepter ce tribu bien plus léger. Mais ça m’est très difficile. Tu m’as partiellement surpris alors tout ce que tu viens d’entendre n’est rien d’autre que le débat intérieur entre ma culpabilité et mon acceptation. Il se leva et invita l’elfe à le suivre. Ils se dirigèrent vers la tente de l’ancien capitaine des Aigles en faisant un petit détour. Le Loup Solitaire garda le silence un instant.

Seö, regarde ses jeunes gens. Regarde-les bien. Tu as vu ce qui s’est passé, tu as vu les civières. Tu as vu le sacrifice du l’ancien capitaine. C’était mon ami, il est venu avec moi d’Armanda, nous étions ensemble sur le bateau et nous avons combattu les chimères côte à côte. Il n’avait jamais commandé avant que je le mette chez les Aigles. Il y a toujours une incertitude à confier un commandement, mais je n’ai pas vraiment hésité. Tu parles de les mettre en danger plus que de les protéger. Mais aujourd’hui, qui as-tu mis en danger et qui as-tu protéger ? Où as-tu fui pendant l’attaque ? Quelle magie t’as permis de te camoufler des prédateurs ? Aucune. Je t’ai vu venir en aide à ceux qui en avait besoin. Et j’ai surtout senti ce que tu as fait à Asm… Ce que je t’ai aspiré. Il y a beaucoup de bonté en toi et de la modestie. Mais tu as vécu plus longtemps que presque la totalité des Aigles mit bout à bout. Et tu sais te battre. Regarde-les. Aucun n’arriverait à commander efficacement pour l’instant. Je pourrais bien mettre un Loup ou un Chien expérimenté à leur tête. Mais ce ne serait plus les Aigles. Ce sont des hommes et des femmes qui peuvent donner des éclaireurs d’élite dans l’armée, mais dont la plus grosse envie est de ne pas se battre. Ils manquent de rigueur, et savoir dans les arts martiaux. Mais leur mettre un commandant d’une autre unité serait dénaturée la leur. Tu es le seul à pouvoir le faire. Contrairement à d’autres, tu n’as qu’à apprendre à commander. Et je n’ai aucun doute là-dessus. Ce n’est pas donné à tout le monde mais tu as ma confiance. En grande partie grâce à notre première rencontre. Tu m’as prouvé que tu savais réfléchir avec ton cerveau mais aussi avec ton cœur.

Les deux hommes arrivèrent à la tente de l’ancien capitaine des Aigles. Erdrak y entra sans hésitation et se dirigea vers un sac. Il le prit, l’ouvrit pour vérifier ce qu’il y avait dedans et le tendit à Seö. En acceptant ce sac, tu acceptes officiellement de prendre la tête des Aigles. Tu jures de rester fidèle au code d’honneur de la Meute : la neutralité devant les royaumes, la fidélité à la guilde, à tes compagnons, frères et sœurs, mais jamais à un seul homme. Si tu te sens prêt à accepter cela et refuser de choisir ton propre intérêt au détriment de la meute, alors ce sera avec plaisir que je te nommerais chef de l’unité des Aigles. Bien sûr, ce n’est pas à vie. Rien ne t’empêchera de partir, de tout arrêter. C’est d’ailleurs pour ça qu’une de tes missions, en plus d’apprendre à tes frères et sœurs à se battre, ce sera de former plusieurs successeurs. Qui tu veux. Juste au cas où. Encore un détail. Ce que tu as vu aujourd’hui vient du concept de combat des Aigles. Tu as dû remarquer que les Loups se sont vite regroupés pour faire face ensemble. Le Loup tire sa force de la Meute et la Meute tire la sienne du Loup. C’est ainsi qu’ils ont été formés. Pour les Aigles c’est différent. L’Aigles volent seuls. La stratégie de cette unité non combattante est la dispersion rapide et le combat à distance, par harcèlement. Mais libre à toi de leur instiguer d’autres méthodes. C’est toi le chef. Acceptes-tu toujours ce poste ? Tu trouveras alors dans ce sac une pierre de communication, qui te garderas en contact avec les Renards. Ils te donneront les destinations et les objectifs des missions. Ou serviront de liaisons avec une autre unité.

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J’acceptais avec une neutralité pensive les félicitations et salutations des hommes qui étaient désormais les miens. Tout c’était déroulé très vite, entre mon combat contre Erdrak et son sort qui avait failli nous coûter la vie à tous les deux, mon intégration, les smilodons et maintenant ça, je devais bien avouer être légèrement perdu. Toutefois, je comprenais, sur certains aspects tout du moins, le choix du Loup solitaire. Ils étaient trop jeunes, trop inexpérimentés, et surtout, encore sous le choc, pour qu’il ne puisse en décider autrement. J’étais le plus âgé d’entre eux, aussi, sans doute le plus rompu aux arts de la guerre bien qu’elle ne fût pas au centre de ma manière de combattre ni de mon âme. J’avais déjà trop vu de batailles pour ne pas les détester.

Lorsque je rejoignais Erdrak, se fut un ton radicalement différent qui m’accueillit. Très proche de ses paroles aux alentours d’Estëlin, il y avait quelques années de ça auparavant. Ainsi, il ne contrôlait pas totalement celle qu’il appelait sa colère bien que, contrairement à lors de notre première rencontre, il se reprenait bien vite. Je m’étais promis de ne pas en faire état ou jugement, aussi, j’ignorais simplement le ton, même si le fond me fit légèrement tiquer. Un don ? Sa colère pensait réellement qu’il était un cadeau de commander des hommes et des femmes ? Le côté pragmatique et réfléchi de son hôte n’influait-il même pas sur cette dernière qu’elle pensait qu’une telle décision pouvait se prendre à la légère ? Je ne voyais pas en quoi, sans être carriériste dans des armées officielles, commander pouvait être attrayant. La notion de pouvoir était bien vite occultée par celle des responsabilités, qui prenait alors la part la plus importante dans une vie. Je ne m’étais jamais retrouvé dans cette position, et, surtout, je n’aurais jamais pu un jour penser m’y trouver.

Lorsque l’homme m’expliqua les raisons qui l’avaient poussé à m’introduire en tant que chef de l’unité, je pus constater que nous avions réfléchi de la même manière, à ceci près que, cette fois-ci, paradoxalement, j’étais celui qui n’était pas objectif. Il avait pensé avec un pragmatisme qui aurait pu être le mien, alors que, moi, de mon côté, j’avais simplement laissé les pulsions de mon âme prendre un instant le dessus. Si Erdrak admettait ne pas être parfait, alors, qu’en était-il finalement de moi ? J’avais objecté et réagit par crainte de la situation. J’avais hésité, alors que je m’étais promis de ne plus jamais laisser ce genre de chose empiéter sur ma logique. Le choix de l’homme était le plus juste, et, contrairement à ce qu’il s’était passé lors de notre première rencontre, l’erreur, et le manque de discernement, venaient tout deux de moi. Je respirais un grand coup, calmant alors mon esprit, avant de plonger mes yeux dans les siens, et de hocher doucement la tête.

« Tu as raison. J’ai manqué de discernement, et ton choix était le seul choix logique dans la situation. Je n’aime pas l’idée que des vies dépendent de mes décisions, mais c’était la seule manière de procéder. Et puis, je ne peux pas fuir éternellement des responsabilités qui semblent pouvoir m’incomber un peu plus chaque jour, aussi, je m’entrainerais à faire en sorte que ta confiance, ou celle de mes nouveaux frères d’armes, ne soient pas placée en moi pour de mauvaises raisons. Je ne mérite pas leur commandement, et ce n’est pas à mes yeux un cadeau, en revanche eux méritent d’être guidés. Aussi, je tiendrais ce rôle du mieux que je le pourrais, pour eux. Et je protégerais chacun d’entre eux. Je n’ai pas plus envie que toi de militariser un groupe qui n’a vocation qu’à explorer le monde. Ce dernier à déjà bien assez souffert sans que nous accumulions de nouveaux ordres guerriers, quand bien même ils seraient nécessaires. » J’avais répondu sur un ton calme, beaucoup plus posé que celui que j’avais employé pour démarrer la conversation. Il était évident que mon point de vue et celui d’Erdrak différaient et différeraient probablement toujours, mais, sur ce point-là, j’étais celui qui m’était laissé emporter.

Je saisissais alors le sac qu’il me tendait avec une once de solennité, constatant qu’il comportait quelques pierres des communications que le Loup devait utiliser pour coordonner ses équipes. J’écoutais alors son discours tout en réfléchissant à ce qu’il venait de dire, et qui confirmait les pensées que j’avais pu avoir quant à cette nomination pressante. Je ne pouvais de toute façon plus reculer depuis que j’avais donné mon accord devant mes nouveaux frères d’armes.

« J’accepte, tout comme j’ai accepté un peu plus tôt. Je tenais simplement à clarifier un point qui me triturait l’esprit, mais, à présent, il est en paix. Je ferais de mon mieux pour m’acquitter de la tâche que tu m’as confiée. Pour ce qui est du combat, je préfère laisser le temps me dire ce dont ils ont réellement besoin. Je ne souhaite en rien qu’ils combattent, pour tout t’avouer, et j’essayerais au mieux de trouver des solutions alternatives. Comme je te l’ai dit, je souhaite simplement ne pas les mettre en danger et pouvoir les protéger au mieux. » Répondis-je simplement.

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Le Loup Solitaire ne connut aucun soulagement, aucune joie, lorsque Seö accepte de nouveau la charge de capitaine des Aigles. C’était une charge qu’il lui imposait. Le Loup Solitaire n’était ni fier de l’elfe ni reconnaissant. Au fond de lui, un chemin de pensée c’était fait. Le Commandant de la Guilde, Erdrak, lui avait ordonné quelque chose, alors l’elfe s’était contenté d’obéir, c’était aussi simple que ça. Erdrak eu un peu doute toutefois. Depuis quand se mettait-il à penser comme ça ? Comment aurait-il réagi face à un refus ? Probablement de la même façon, ce n’était pas les candidats qui manquent pour un poste de commandement. Ce ne sont juste pas les meilleurs qui soient. Alors pourquoi le Loup Solitaire n’était pas heureux de cette nomination ? Probablement à cause de l’occasion de celle-ci.

Tu comprendras rapidement qu’ils ont besoin de savoir se défendre et s’organiser. Sans avoir la rigueur des Chiens, il leur fait une certaine discipline. On ne peut pas se permettre de faire reposer toute une unité sur les capacités d’un seul homme. Voilà ce que tu dois toujours garder à l’esprit. Bien que presque immortel, tu ne seras pas toujours là pour les sauver ou faire les bons choix. Alors trouve toutes les solutions que tu veux, mais n’oublie jamais que tes hommes doivent pouvoir se débrouiller sans toi à tout moment. Dans la guilde, il n’y a pas d’agneaux. Nous ne sommes pas les proies mais les prédateurs. Sans en faire des guerriers et des tueurs, fait en sorte qu’ils survivent par eux-mêmes. Ce sont les ordres sur lequel j’insiste le plus. Maintenant, si tu veux bien m’excuser.

Le Loup Solitaire ressortit de la tente, pour retourner sous le dais infirmerie. Là, un homme vint le voir, le murmura quelque chose et le mena au chevet d’une des deux Aigles que Seö avait secourue. Là, un elfe se tenait. C’était un baptistrel qui avait été dépêché auprès des blessés. Le chanteur hocha négativement la tête et le médecin du camp partit chercher un bol. Le Loup Solitaire s’agenouilla prêt de la jeune femme dont le regard était paisible. Tout va bien Commandant. Je n’ai plus mal, le doc m’a donné du lait de pavot. Il m’a aussi dit ce qu’il allait m’arriver. Je ne pensais pas que c’était si grave, mais si même les baptistrels ne peuvent rien faire, c’est que c’est déjà trop tard. Ils m’ont dit que la blessure était trop profonde et que c’était déjà un miracle si tu es toujours en vie. Mais la magie a ses limites. Est-ce que tu veux quelque chose en particulier ? Je… Tu ne tiendras pas longtemps avec le lait de pavot. Le baptistrel peut peut-être t’isoler complètement de la douleur si… Non, c’est bon. Je vais boire, comme le médecin me l’a proposé. Je veux rester lucide pour la fin, jusqu’au bout. Est-ce que vous resterez avec moi ? Bien sûr. Si tu le demandes, je resterai. Capitaine, j’ai encore une demande. Est-ce que vous avez une famille ? Enfin, je connais la réponse. Je n’ai jamais eu de père. Est-ce que vous pourriez me serrer comme vous serreriez votre fille jusqu’à ce que je m’endorme ? Erdrak fut troublé par cette demande. Il ignorait comme cette femme avait appris pour son lien de parenté avec l’actuelle Capitaine des Chiens ou sur l’existence de Sinestra. Il se demanda même si elle savait qu’il n’avait jamais vraiment était un père. Mais le Loup Solitaire acquiesça tout de même.

La jeune Aigle but à la coupe que lui tendait le médecin. Erdrak la serra dans ses bras, la tête de la jeune femme contre son plastron. Merci. Lentement sa respiration se fit plus lente à mesure que le poison s’instillait dans son corps. Puis elle cessa. Son corps se détendit alors que son visage arborait un sourire serein. Le Loup solitaire resta un instant dans cette position. Huit morts chez les Aigles et neuf au total. Malgré son expérience, le bilan était toujours trop lourd. Il n’en prendrait jamais l’habitude.

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Cette nomination ne me laissait plus perplexe, simplement, elle me laissait froid. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ce que je ressentais. J’aurais pu être fier, j’aurais pu être satisfait, j’aurais même pu être en colère, effrayé par rapport à ce qu’on m’avait confié, mais je n’étais rien de tout cela. Sans doute était-ce une question de mérite, mais, avec du recul, ce n’était pas ce problème non plus. Je m’étais simplement vu confier, naturellement, et sans réellement avoir le choix, une tâche que j’avais évitée toute ma vie, et je ne savais absolument pas comment j’allais bien pouvoir gérer cette nouvelle donnée, ni même ce que l’avenir me réservait.

J’écoutais donc d’une oreille distraite la suite du discours d’Erdrak. En soit, il n’avait pas totalement tort sur beaucoup de points différents. J’étais très loin d’être immortel, et encore plus d’être invincible, et, m’évertuer à protéger seul les autres était quelque chose qui me mettait indiciblement en danger, et l’avait toujours fait. Lorsque j’errais, seul, sur l’ancien continent ou le nouveau, tout ça n’avait finalement pas vraiment d’importance mais, aujourd’hui, tout était différent. Depuis Aurore, depuis nos retrouvailles, je savais pouvoir faire mieux pour ce monde que simplement l’explorer. En réalité, tout était maintenant un peu plus clair. Ma vie avait maintenant autant de valeur pour quelqu’un qu’elle n’en avait pour moi, quelqu’un qui comptait pour moi plus qu’aucune autre personne n’avait jamais compté dans ma longue vie. Quelqu’un à qui j’avais promis de revenir, tout simplement, et me mettre volontairement en danger n’aurait fait que trahir cette promesse. Je laissais donc le chef de la meute sortir de la tente, prenant quelques instants pour rester seul. Ce soir, les hommes auraient beaucoup à faire. Reconstruire le camp, établir des sépultures décentes pour leurs compagnons, il n’était pas temps de leur parler ce soir. Tous avaient trop à penser après ce qui venait de se passer, et je préférais les laisser tranquilles.

Je sortis alors de la tente d’Erdrak pour constater que ce dernier était au chevet de l’une des aigles que j’avais secourue, et que les Baptistrels étaient déjà arrivés. J’éprouvais une pointe de soulagement en voyant qu’Aurore ne faisait pas partie de l’unité dépêchée par le domaine. Bien que la voir aurait surement empli ma poitrine d’un doux sentiment, je ne souhaitais pas la voir avoir à faire, ou, du moins, le moins possible, à ce genre de spectacle auquel, moi-même, je ne m’habituerais sans doute jamais. C’était une vision sans doute un peu égoïste de ma part, mais je ne pouvais m’y soustraire. Mon attention se reporta alors sur le chef de la meute, qui tenait la main de la jeune femme avant de la prendre dans ses bras. Il vivait ce que j’avais toujours refusé de risquer de vivre, et, pourtant, il n’hésitait pas un seul instant. Nous étions tout deux bien différents, mais je devais bien lui concéder une légère admiration sur ce point-là. Après tout, lui aussi vouait ses compétences à une cause qui lui était sans doute plus douloureuse que réconfortante, mais il le faisait sans discuter, et l’assumait sans réserve. Nous ne serions sans doute jamais semblables, ni peut être comparables mais, sur cet aspect de sa vie, il était très, très loin devant moi.

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