29 juin
Un douce brise caressa la joue de la jeune femme, incitant ses jupons à suivre son mouvement ondoyant. Eleonnora reteint une mèche rebelle qui s'était échappée de sa coiffure pourtant parfaitement épinglée. Les odeurs d'épices piquèrent son petit nez qui se retroussa alors qu'elle passait au pied d'une goélette qui déposait sa cargaison. Le clapotis des vagues étais contre la berge était recouvert par la cacophonie ambiante, les marins qui se hélaient d'un pont à l'autre, les poulies qui crissaient sous le poids des cordages et les caisses qui martelaient le sols à leur arrivé au sol. Alors que l'activité battait son plein comme à son habitude, la demoiselle passait totalement inaperçue. La demoiselle, arrivée il y a peu au sein de cette nouvelle ville, mettait un point d'honneur sur la connaissance méticuleuse de ses moindres recoins. En effet, tout droit venue de la capitale, elle s'était promise de faire carrière au sein de la dernière survivante de son ancien monde. La politique, elle avait ça dans le sang, disait-elle, mais c'était surtout parce qu'elle commençait à ressentir la monotonie des jours passés dans une vie sans ambition qu'elle entreprenait cette nouvelle course au pouvoir. Aussi, la fille du régent de la vieille Gloria avait profité des relations de son père pour se faire recommander au poste de conseillère. On pouvait la traiter d'opportuniste, peu importe. Ni une ni deux, elle n'avait pas hésité une seconde. Le jour suivant elle se trouvait déjà en route pour Caladon la survivante. Elle considérait la citadelle avec un semblant de nostalgie, n'ayant toujours pas fait le deuil de la terre des anciens; Comme la plupart des autres habitants avait-elle remarqué. Néanmoins cette nouvelle aventure commune avait eu le don de raviver une soif de connaissance et une frénésie de tout les peuples que l'on avait peu vu à travers les âges. Car elle n'avait surement pas abandonné ses affaires de contrebande, et était désormais à la recherche des perles rares que ramenaient les aventuriers sur les quais puisqu'elle savait à qui les vendre. "En Caladon l’argent est roi et tout se vend." Une cité où le bruit des pièces remplaçait les barrières ethniques, la jeune Ostiz ne pouvait rêver mieux! Les affaires fleurissantes lui mettaient le sourire aux lèvres.
Se faufilant le long des embarcadères avec discrétion, évitant au passage de se prendre les pieds dans le cordage ou de trébucher contre une bite d’amarrage, elle parvint enfin au bout du quai. Là se trouvait se trouvait les grands entrepôts où étaient placées les précieuses cargaisons. Elle marcha d'un pas décidé, le long des allées où l'activité se faisait moins pressente. Sur son sillage elle faisait bien attention à noter les numéros peints sur les grandes portes...23...34...42! La jeune fille s'arrêta avec un air satisfait devant le mercenaire qui semblait piquer du nez sur le pallier de l’entrepôt. En plus d'être cadenassé, il était gardé...eh bien, ça ne devait renfermer de la camelote. Le garde paru se réveiller en apercevant la demoiselle qui le fixait avec insistance.
"Mhm...qu'est ce qu'il y a ma jolie?"
Eleonnora roula des yeux et sorti de sa sacoche un parchemin qu'elle mit sous son nez. C'était bien un document officiel avec le cachet du bourgmestre attestant qu'elle pouvait remplir ses fonctions au plus tôt...même si son investiture n'avait pas encore été déclaré. Il lui avait semblé que ces affaires administratives avaient été faites à la va vite. Enfin, les pots de vins avaient aidés à accélérer les processus. Voilà une ville où il ne fallait pas avoir honte de ce genre d'actes.
"Conseillère Ostiz s'il vous plait. Je viens simplement faire un état des lieux quand à la verrière qui a été implantée ici."
Le mercenaire plissa des yeux devant le parchemin, il regarda tour à tour le parchemin et la demoiselle pour finalement hausser les épaules avec un air convenu. Le regardant ouvrir le cadenas, elle fut étonnée de la facilité avec laquelle elle put s'introduire dans l'entrepôt. Une fois au bureau, elle s'assurera qu'aucun autre conseiller fasse la même chose qu'elle. Aucun mandat d'entrée, un simple abus de pouvoir? Car, en elle n'avait strictement rien à faire ici cette petite menteuse.
Elle ne regretta pas le moindre du monde son abjecte mensonge lorsqu'elle eu la raison de sa visite sous les yeux.
Là ou devrait se trouver d'innombrables rangées de caisses s'élevait de grandes parois de cristal reflétant les rayons de soleil s'échappant du toit qui semblait avoir été ouvert pour l'occasion. Dans cette ambiance féerique la masure de cristal paraissait capter chaque rayon de lumière, laissant le reste de l'entrepôt dans l'ombre. Un mouvement attira l'attention de la jeune femme et du soldat qui l'accompagnait de près. Ce eu un air inquiet et posa sa main sur son arme, prêt à se défendre.
"Qu'est ce que c'était?"
Il regarda autour de lui, suspicieux. Cependant on distinguait à peine les formes qui se mêlaient à la pénombre. Il lui fit alors signe de rester sur place tandis qu'il se dirigeait lentement mais surement vers ce qu'il avait cru percevoir dans l'obscurité.
Eleonnora haussa un sourcil. Tellement paranoïaque celui là. Mais cela l'arrangeait bien! Sans un bruit, elle se faufila alors dans la verrière dont la porte était déjà ouverte en grand. Elle eu à peine franchit le pallier qu'un nouveau monde s'ouvrit à elle. Une jungle luxuriante, un jardin miniature s'offrait à ses yeux écarquillées. Des végétaux comme elle n'en avait jamais vu auparavant, des plus belles fleurs aux herbes sauvages les plus banales, un monde entier semblait contenir dans cet endroit. Les aventuriers ramenaient ici leurs trouvailles avant qu'elles soient envoyées dans les jardins royaux, vendus aux alchimistes ou à de nobles amateurs de botanique. Tout cela devait coûter une fortune. La demoiselle se délectait de tant de nouveauté, parcourant une allée fleurie qui menaient surement à l’extrémité des murs de verre. Cependant quelque chose attira son attention derrière un bosquet des plus exotiques. Une cage. Une énorme cage même. Quel animal sauvage pouvait bien être retenu ici? Était-ce légal? Elle n'avait rien entendu à ce sujet. Elle s'approcha avec prudence pour ne pas embêter l'animal; Mais quelle fut sa surprise lorsqu'elle constata que le bosquet, dont l'autre face était saccagée, ne dissimulait aucune bête. En effet, la cage était tout à fait vide et sa porte grande ouverte.
Elle sursauta quand un cri résonna à l'autre bout de l’entrepôt suivit d'un grand fracas.
La jeune femme avait cru reconnaître la voix du mercenaire.
Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Sam 20 Jan 2018 - 22:40, édité 1 fois