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descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptySables oubliés [Pv. Aurore]

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Même si j’avais eu du mal à me faire à mon rôle de commandant des Aigles, je commençais tout doucement à m’y habituer, et une douce routine commençait à tranquillement s’installer dans mon quotidien. Je me sentais particulièrement à l’aise parmi les hommes et femmes qui avaient placé leur confiance en moi, et, même si je ne me sentais pas toujours digne de cette dite confiance, je tâchais de l’honorer au mieux. Sur bien des aspects, j’avais l’impression de plus être à ma place parmi eux que parmi la Caste. Non pas que la compagnie de Lewyn ne me manquait pas, parfois, mais les Aigles possédaient quelque chose que je n’avais pas trouvé auprès de mes anciens confrères. Ils n’étaient pas des guerriers dans l’âme, tout comme je ne l’étais pas. La vie était donc nettement plus semblable à celle que je vivais lors de mes aventures, plus jeune, et, même si, par sécurité, je les forçais parfois à observer un entrainement un peu plus strict que par le passé, j’insistais bien sur le fait qu’à part pour se défendre, je ne voulais pas qu’ils utilisent leurs armes. Nous étions des cartographes, des armes exploratrices, non pas des guerriers. Et la distinction était, pour moi, essentielle.

Nous étions donc restés un peu plus longtemps que les autres unités sur l’île qui abritait le domaine baptistral. Néthéril était bien vaste et, une fois que les loups d’Erdrak eurent fini de s’assurer que la zone était globalement sûre, il nous restait beaucoup à faire. L’été touchait doucement à sa fin, et quelques averses vinrent nous surprendre parfois, ralentissant considérablement notre progression. Je passais donc quelques soirées avec mes compagnons, et d’autres, seul. Allongé sur un matelas de fortune qui me convenait pourtant parfaitement, je gardais les yeux rivés sur la toile tendue et humide de la tente dans laquelle je séjournais, alors que mes pensées s’évadaient vers celle qui était le centre de mon monde. Je me demandais, un sourire en coin, ce que pouvait bien faire, ou apprendre, mon amante durant son séjour au domaine. La sensation qui m’envahissait durant ces moments était particulièrement étrange. Bien sûr, Aurore me manquait, mais nous étions à la fois si proche et si loin que j’avais du mal à ressentir une quelconque tristesse de ce manque. Je savais qu’elle m’attendrait toujours, quelque part, et cette seule pensée suffisait à atténuer la douleur qu’avait mon âme d’être séparée de son autre moitié. D’autres réflexions, et idées, vinrent s’ajouter peu à peu à cet état si particulier. L’envie de fonder une famille, bien que ce fût compliqué, se fit de plus en plus grandissante, alors que jamais, au cours de mon existence, je ne l’avais une seule fois eu en pensée. Je m’endormais souvent ainsi, l’âme assaillie de question, mais apaisée, dans l’attente de rapidement revoir l’élue de mon cœur. La dernière fois que j’avais vu la baptistrelle, nous étions à la fin du mois de Juin, et, même si nous nous y étions préparés au vue de nos vies respectives, ces quelques mois me paraissaient une éternité, malgré des journées bien remplies.

Vint alors ce début de mois de Septembre, où notre mission sur l’île de Néthéril se termina. Il n’y eut que peu d’accrocs, et le bilan était donc on ne peut plus encourageant. C’était donc dans la bonne humeur que le campement plia les dernières tentes. J’avais reçu, plus tôt, une missive concernant la prochaine zone à explorer. Il s’agissait purement et simplement du sud de l’île de Keet-Tiamat, le berceau de mon peuple. La zone comportait quelques grands dangers, comme par exemple les vers des sables, mais c’était surtout son climat particulièrement rude qui m’inquiétait. Alors que nous remballions nos affaires, il me vint alors une idée, qui pouvait coïncider avec mes nouveaux engagements. Pour quelques jours, le temps de faire le voyage, je donnais le commandement de la troupe à Läna, une quadragénaire énergique qui semblait jouir d’un charisme instinctif envers ses camarades. Elle était réfléchie, et surtout, très peu influençable, ce qui en faisait, en mon absence, une commandante rêvée. Je lui fis promettre d’attendre à une destination convenue, légèrement à l’écart de la grande cité elfique pour ne pas s’attirer de méfiance inutile, pour que je puisse l’y rejoindre. J’accompagnais donc ma troupe jusqu’au port où ils embarquèrent sans tarder.

Après avoir observé leur bateau s’éloigner doucement à l’horizon, je réajustais alors mon fourreau dorsal et mon sac, avant de prendre la direction du domaine baptistral. Si mon amante y était présente, je lui proposerais de découvrir avec moi la nouvelle cité elfique, que je n’avais encore jamais vue. L’idée de découvrir le nouveau berceau de mon peuple en compagnie de mon âme sœur m’enchantait tout particulièrement et, même si je n’avais pas oublié mes prérogatives quant au commandement que l’on m’avait confié, je n’en restais pas moins une âme éprise de liberté. Ces quelques jours pourraient s’annoncer particulièrement doux et agréables, et la simple idée de revoir mon amante, même si elle ne pouvait ou voulait m’accompagnait, emplissait déjà ma poitrine d’une douce chaleur.

Comme la première fois, je m’essayais à la surprendre. C’était devenu, implicitement, et inconsciemment, un habile jeu entre nous. Aurore était, ce soir-là, dans sa chambre-atelier. Elle semblait s’exercer à utiliser la magie elfique, car j’en ressentais les vibrations dans toute la pièce. En si peu de temps, elle était devenu bien meilleure que moi, et son affinité avec les flux magique ne semblait plus à prouver. Toutefois, elle paraissait trop concentrée pour remarquer ma présence. Aussi, je me glissais derrière elle, comme un ombre, glissant tendrement mes mains sur ses hanches. D’abord surprise, elle se retourna vivement, puis, lorsqu’elle me vit, son visage s’illumina. Nous partageâmes alors de longs et passionnés baisers, avant que je ne puisse lui faire part de la raison de ma venue. Mon amante ne fut pas difficile à convaincre, aussi, après une nuit passée nos âmes lovées l’une contre l’autre, nous partîmes en direction de la nouvelle capitale de mon peuple.

Le voyage fut doux, et nous profitions pleinement de nos retrouvailles. Les longs mois passés loin d’elle n’avait en rien entaché notre affection ni notre passion. Comment l’auraient-ils pu. Je découvrais d’un œil presque amusé que la baptistrelle paraissait particulièrement être à l’aise avec la navigation, aussi, nous passions une grande partie de notre temps sur le pont, à regarder l’océan. Il nous fallut quelques jours pour rallier la capitale, que nous découvrions tous deux avec des yeux émerveillés, explorant paisiblement chacun de ses recoins. Mais il vint rapidement le temps où je devais repartir et retrouver les aigles qui devaient déjà m’attendre depuis quelques jours. Mais, là où je pensais le temps des aux-revoir venus, mon amante me surprit en souhaitant partager durant quelque temps l’aventure que nous vivions.

Bien que sa présence m’enchantait, bien sûr, je ne savais pas s’il était de bon ton pour moi d’accepter. Après tout, je n’avais jamais occupé de postes à responsabilité, et il n’était surement pas bien vu d’emmener sa bien-aimée en mission. Toutefois, devant son insistance, et son argumentaire concernant l’importance que pouvait avoir la présence d’une baptistrelle en cas de besoins, je finissais par accepter, et nous rejoignîmes tout deux le campement des aigles qui attendaient patiemment ma venue.

Ces derniers furent surpris de me voir arriver avec une jeune femme, baptistrelle qui plus est, et il aurait été idiot de nier que notre arrivée fit jaser, me rappelant presque le moment où nous nous étions retrouvés dans la caravane d’Amont. Nous les ignorions alors simplement, sachant pertinemment que la situation se tasserait rapidement. Toujours était-il que la présence d’une nouvelle venue parmi les aigles semblait mettre de bonne humeur les cinquante hommes et femmes qui étaient sous ma responsabilité. Alors que nous voyagions vers le Sud de l’île, je pus remarquer que la jolie baptistrelle, douce et souriante, comme à son habitude, semblait attirer les faveurs de jeunes hommes de son âge. Si j’en ressentais une pointe de jalousie, parfois, je ne le montrais que peu, ayant suffisamment confiance en mon amante pour savoir qu’elle saurait gérer ce léger aspect, même si, parfois, je lui venais en aide, usant gentiment, mais fermement, de mon autorité envers mes hommes, ce qui devait d’ailleurs renforcer drastiquement les rumeurs sur notre relation.

Après quelques jours de voyage, nous arrivâmes devant les immenses dunes de sable si caractéristiques du Sud de l’île. A partir de ce moment s’étendait devant nous un territoire presque inconnu, qui n’attendait qu’à être découvert. Avant de nous enfoncer dans les terres, nous avions établi un petit campement à l’entrée du désert, afin de bien nous préparer. Il faisait déjà une chaleur accablante, et les conditions pour les jours à venir risquaient d’être bien plus difficiles. Mais la présence de mon amante à mes côtés m’apaisait. Bien sûr, c’était sa douceur et les sentiments infinis que j’éprouvais pour elle qui me donnaient cette sensation, mais c’était également car j’avais pleine confiance en ses capacités de guérisseuse, et de magicienne. Son aide était précieuse, et je me réjouissais d’avoir cédé devant son insistance.

Les préparatifs étaient presque terminés, et quelques éclaireurs étaient partis devant, commençant à braver les dangers du désert, lorsque je fus alerté par un premier cri. L’un des hommes qui étaient parti en avance, un dénommé Ràmon, revenait en courant vers nous, le visage blême. Il s’arrêta alors devant nous, reprenant son souffle, avant de relever les yeux vers moi.

« Commandant, on a un problème. Je… nous étions en train de patrouiller, et nous sommes tombés sur une caravane… Il faut que vous veniez voir ça. » Au vu de son visage, il n’était pas difficile de deviner ce qui avait bien pu arriver. Et nous n’avions même pas commencé notre mission. Je jetais un regard inquiet à Aurore. Si nous avions des guérisseurs, elle était tout de même la plus à même de prodiguer des soins de grande envergure.

Suivant le soldat pendant quelques dizaines de minutes à un pas plutôt soutenu, nous arrivâmes bien vite sur le lieu qui avait suscité l’alerte. Au vu de l’état des chariots dévastés, et du sable qui les recouvrais de partiellement jusqu’à presque complètement pour certains, l’incident devait avoir eu lieu quelques jours auparavant. Alors que nous avancions, prudemment, tous nos sens aux aguets, nous décelions rapidement que les dégâts n’étaient pas que matériels. Des corps gisaient dans le sable, sans vie, du sang séché mélangé à la poussière brune qui nous entourait. L’endroit était calme, aussi, j’ordonnais à la dizaine d’hommes qui m’entouraient.

« Cherchez des survivants. » Je me tournais alors vers Aurore, sachant que ce genre de spectacle ne faisait plus partie de son quotidien.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Le retour du royaume des morts fut un soulagement. Ce qui j’y avais vécu avait été éprouvant et m’avait encore plus convaincu que je devais m’entrainer dur pour ne plus dépendre des autres. Il n’était plus question qu’on risque sa vie pour moi sans que je n’aie pu faire plus que mon possible pour me défendre moi-même ou défendre les autres. Comme Aramis me l’avait appris, se défendre peut juste se résumer à immobiliser la menace. Avec l’aide de Valmys, je devrais pouvoir devenir plus forte et très rapidement. Il est un excellent professeur de magie elfique et il y a encore assez de livre pour que je continue à développer mes talents en magie humaine.

Il m’a fallut du temps pour m’en remettre de cette expédition. J’ai dormi longtemps, ne sortant que pour de courtes ballades et des instants de repos dans la fraicheur des bois, en présence du renard. Et puis la sculpture. En me remettant à sculpter, j’ai enfin terminé ce sur quoi je travaillais depuis mon retour au domaine. La colle avait bien prise, mais je fus déçu du résultat. Les courbes étaient irrégulières, la solidité n’était pas là, et le son. Soit il n’y en avait pas, soit c’était une horreur, quoi que je fasse. Je n’avais plus qu’à recommencer. Ce que je fis.

Il se passa un mois ainsi. Entre course dans les bois, lecture, entrainement magique et physique, sculpture et du temps passé avec mes frères et sœurs. Des journées bien remplies, mais tous les soirs, quand j’allais me coucher, je ressentais toujours ce même vide. L’absence d’une présence à mes côtés étaient le plus dur au moment de dormir. Le jour, il me manquait mais le tourbillon de la vie me permettait d’ignorer se manque. Par contre, dans l’obscurité et malgré la chaleur nocturne des mois d’été, j’avais froid. Je sais bien qu’il ne voudrait certainement pas que je me morfonde et je ne le faisais pas. Mais seule, je n’étais pas complète. Mes pensées ne cessaient pas de se tourner vers lui, et ceux en tout temps, jusqu’à devenir insupportable lorsque j’étais au repos.

Parfois, le renard venait me tenir compagnie pour une nuit et c’était comme s’il était là. Nous étions liés tous les trois et avoir le goupil près de moi rongeait un peu ma solitude, mais cela ne rendait que plus mordant les nuits solitaires. Seö. Tous les soirs, comme une prière, une litanie, je me répétais son nom comme si le semble fait de le dire allait le faire revenir. Mais mon amant restait loin de moi.

J’en étais presque venue à redouter cette période calme de la journée, si ce n’était Valmys. L’elfe aux oreilles rondes avait longtemps absent du domaine lui aussi. Mais dès son retour, je suis allée l’accueillir et la confidence est venue d’elle-même. Il a su trouver les mots pour me réconforter et attendre dans l’espoir plutôt que la mélancolie l’elfe qui tenait mon cœur à côté du sien. Nous avons presque le même âge, pourtant il m’avait parlé avec la douceur d’un père et la franchise d’un frère. Grâce à lui, mes nuits et mes jours étaient plus égayés. J’attendais toujours mon amour, mais je ne m’inquiétais plus pour lui, je savais qu’il reviendrait ou que je le retrouverai.

Puis un jour, il était là. Concentrée sur un chant elfique particulièrement complexe, je n’entendais ni ne voyais rien d’autre que les flux magiques que j’essaye de tirer délicatement vers moi. La concentration faisait plisser mon front et un peu de sueur commençait à perler sous l’effort. Soudain, quelque chose se glissa sur mes hanches, brisant ma concentration et me ramenant dans la réalité. Sursautant, je fis volte-face pour voir le visage tant attendu et tant aimé. Suspendue à son cou, nous avons collé nos lèvres l’une contre l’autre, comme si nous avions été séparés depuis des années.

Collée contre lui, écoutant son cœur battre, je l’écoute m’explique la raison de sa venue. Je viens avec toi. Ma réponse était sans appel et il n’avait même pas fini de parler. Je vois à son sourire que c’était bien son idée et le mien devient encore plus grand. Je l’embrasse de nouveau avec fougue. Je suis pleinement heureuse et mes moments d’angoisse et de solitude me paraissent bien loin. Maintenant que Seö est là, j’oublie qu’il partira un moment, que nous serons de nouveau séparés. Seul l’instant compte.

Le voyage, moi à cheval et lui courant, est assez étrange mais délicieux. De même que le trajet en bateau. J’aime le bateau, j’adore la mer. Ajouter mon amant à tout ça et c’est le rêve. Je lui raconte mes aventures dans l’autre monde, il me raconte ses débuts tonitruants parmi les Aigles. A peine arrivé, déjà capitaine. Je savais qu’il était extraordinaire. Puis la nouvelle capitale des elfes est en vue.

Elle n’a rien à envier à Estellin, bien qu’elle ne soit pas encore terminée. Les elfes ont une certaine douceur et majesté dans tout ce qu’ils font. Emerveillé, j’entends alors Seö me dire qu’il va devoir repartir rejoindre les Aigles pour sa mission d’exploration. Je comprends qu’il ait des devoirs, et qu’il se doit de les respecter. Mais je ne suis pas d’accord. Je viens avec toi. Et il n’y a pas de mais. Je n’ai pas traversé une mer pour te voir repartir à l’aventure sans moi pendant que je repars seule au Domaine. Il en est hors de question. Je viens avec toi et tu vas devoir me supporter encore un peu. Et ne t’inquiète pas pour ma sécurité, je sais me défendre et de plus, les Aigles ne vont jamais dans un endroit dangereux sans que les Loups ne passe d’abord et donne leur feu vert. Oui, je me suis renseignée sur ta nouvelle guilde. Et puis, si c’est dangereux, tu seras bien content d’avoir une guérisseuse à tes côtés, on n’a jamais trop de soigneurs. Alors je t’accompagne. Ma voix est autoritaire, ça doit en être presque ridicule car je n’arrive pas à me montrer sérieuse avec mon amant. Pourtant je le vois hésiter un court moment, très court avant d’accepter. J’ouvre alors de grands yeux surpris avant de sourire. C’est vrai ? Tu veux bien ? Merci ! Je me jette dans ses bras en riant. En route pour l’aventure avec mon amant.

Nous entrons dans le cas, et tout de suite les regards se pose sur nous. Je baisse la tête et rougis devant l’insistance de hommes et des femmes et la surprise de certains. Je suis tout de même soulagée d’avoir perdu l’habitude de voyager en robe. Je me rends bien compte que c’était un peu, même très stupide comme attitude. Je reconnais certains visages à qui je souris et qui me sourirent en retour. Ils vont bien mieux que la dernière fois que je les ai vus et ça le rassure. Je suis juste surprise de les voir toujours porter les armes, certains sont pourtant assez jeunes pour faire autre chose de leur vie.

Par respect pour l’autorité de Seö, je ne montre rien de notre relation intime, la muant en une amitié de façade. Je sais que cela pourrait affaiblir son autorité et que certaines personnes n’acceptent pas les relations entre humains et elfes. Ca ne me gène pas, sa simple présence suffit à me combler. Et puis, rapidement, je reprends les habitudes que j’avais avec l’armée d’Aldaria. Les Aigles deviennent vite mes amies et comprennent que je ne suis pas une combattante mais que mes capacités sont beaucoup plus précieuses.

Nous voyageons quelques jours. Je regrette d’avoir forcé le renard à rester domaine, il se sera probablement plut ici. Ou peut-être pas. Mais en tout cas, il aurait été avec nous. Il doit bien se sentir seul en ce moment, à moins qu’il n’en profite pour rencontrer d’autres renards, j’en ai vu quelques-uns dans la région.

Nous montons finalement le camp aux abords de la zone à explorer. Je participe activement à sa mise en place, ayant réussi à me greffer à l’organisation huilée de cette compagnie. Les Aigles agissaient instinctivement et c’est à peine si Seö avait besoin d’ordonner autre chose que monter le camp et de désigner les patrouilleurs. La vie active avec ces hommes et ces femmes me réjouit au pus au point. La vie au domaine est bien trop calme par moment et si pour étudier c’est bien intéressant, j’ai besoin de vie plus chaotique et mouvementée que cela.

Des éclaireurs reviennent, annonçant être tombés sur une caravane mais que le capitaine devrait venir voir par lui-même. Seö me regarde inquiet mais je comprends son message. Et puis même s’il m’avait demandé de rester au camp, il n’en était pas question. Il aurait eu besoin de moi là-bas plus qu’au camp. Je cours jusqu’à mon cheval et suis prête en même temps que l’escorte qu’il a formée. Je vois sur leur visage de l’inquiétude et de la détermination. Ils sont tous sur le qui-vive. Leur regard fouillant les environs.

Nous arrivons à notre objectif et mon cœur rate un battement. Ce n’est pas une caravane, c’est un odieux carnage. Les chariots sont presque tous explosés et renversés, plus un seul ne pourra être utilisé. Le sable en recouvre certes partiellement ce qui voudrait dire deux choses. Soit cette caravane et là depuis longtemps, soit elle a été attaquée par des vers des sables. Il ne me faut pas longtemps pour déceler le premier membre desséché par la chaleur et le semble. La guerre m’a fait observer des choses horribles, mais je ne m’y suis jamais vraiment habituée, j’ai plutôt pris l’habitude d’isoler mon esprit pour ne garder que l’espoir de sauver des vies. Mais là, c’est si soudain et inattendu, que j’en ai un haut le cœur. Mon teint blêmit bien que j’arrive à me contrôler. Il y a d’autres corps et morceau qui gisent de ci de là. C’est un horrible massacre que le vent à sécher qui s’étale sous mais yeux. Un corps globalement intact fait apparaitre des oreilles pointues. Ce sont des elfes. Rien d’étonnant dans leur royaume, mais l’image de Seö, invincible et immortelle vient se superposer à ma vision d’horreur.

Cette fois, c’est trop fort pour moi. Mon estomac se contracte et son contenu remonte. Je sens la brûlure dans ma bouche alors que je vomis mon dernier repas. Je ne sais pas ce qui est le pire dans cette scène. Tous ces morts ? L’absence de vie ? Ou l’absence de l’odeur ? Il n’y a que l’odeur du sable et un léger relent d’azote qui flotte dans l’air. Rien de ce qui devrait aller avec ce charnier. Une main charitable se pose sur mon épaule. C’est un des Aigles qui me sourit doucement et me tend une outre d’eau pour me rincer la bouche. Je le remercie et prend une gorgée que je recrache, puis me désaltère un peu avant de lui rendre avec un sourire qu’il me rend.

Je continue mon exploration, cherchant des survivants lorsque je perçois un léger bruit et un léger mouvement. Là dans l’ombre, sous ce chariot, il y a quelqu’un. Je me précipite à ses côtés en appelant à l’aide. L’elfe est en mauvaise état. Il est complètement déshydraté et ses lèvres sont gercés, sa peau est craquelée, sa respiration sifflante. Ne vous inquiétez pas. Nous sommes là pour vous aider. Tenez bon, je vais vous aider. Tenez, buvez, ça va vous aider. Mais l’elfe détourne la tête. Lapsë. Lapsë. Son murmure est difficile à comprendre et à entendre, mais son bras semble pousser un panier, mais il n’a pas la force de le déplacer d’un millimètre. Intriguée, je soulève doucement le drap qui est dessus.

A l’intérieur se trouve un enfant. Il semble dormir et à entre quatre et cinq ans. Lui aussi semble déshydraté et je lui verse doucement de l’eau sur les lèvres avant de me tourner vers l’adulte. Tout va bien aller, nous allons nous occuper de vous deux. Vous êtes en sécurité. Ëlemir. Sauve mon Ëlemir. Sa poitrine se soulève une dernière fois avant de retomber. Mon cœur est déchiré entre lui venir en aide et m’occuper de l’enfant. Mais les Aigles arrivent et je les laisse s’occuper de l’adulte. D’un rapide chant, j’ausculte l’enfant. Il manque juste d’eau et de nourriture. Je commence à l’hydrater doucement et lui prodiguer des soins. De ma sacoche je sors une fiole d’une solution nutritionnelle que je lui fais boire. Il faudra du temps pour qu’il reprenne des forces.

Je sens la présence de Seö dans mon dos. Qu’est ce qui a pu faire ça à cette caravane ? Qu’est-ce qui a pu venir à bout et mettre dans un tel état un groupe d’elfe ? Je ne comprends pas comment on peut vaincre des créature aussi puissante. Cette enfant a besoin de beaucoup de soin et d’attention si on veut qu’il vive. Il est trop faible et je ne suis pas sûre de pouvoir le garder. Et sans communauté, il n’aura nulle part où aller. Il y a de la détresse dans ma voix. Je me retourne encore vers l’enfant et recommence à le soigner, réhydratant sa peau, le forçant à boire encore un peu. Il bouge doucement, c’est bon signe. Je me met à chanter pour le plonger dans un sommeille réparateur, en espérant qu’il puisse récupérer plus vite ainsi.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Comme je le redoutais un peu, mon amante avait eu du mal à voir ce spectacle. Nous étions à des milliers d’années-lumière des guerres qui avaient dévasté le vieux continent, et de toutes leurs horreurs pourtant, même sur cette terre de promesse et d’espoir, ce genre de spectacle pouvait subsister. J’étais un idéaliste, mais réaliste. Pourtant cette vision me fendait le cœur. Ces hommes et femmes n’avaient ni armes, ni moyen de se défendre. Rien n’expliquait vraiment leur présence ici, pourtant, elle ne pouvait ni être belliqueuse, ni véhémente. Je vis alors l’un des aigles s’approcher d’elle, pour s’en occuper, et je repartais à l’aide de mes compagnons, à la recherche d’éventuels survivant même si, et je devais bien l’avouer, je n’avais guère d’espoir. Pourtant, je ne voulais pas les laisser ainsi, oubliés au milieu du désert. Ils devaient avoir de la famille quelque part, des connaissances qui voudraient savoir ce qui leur était arrivé. Je me tournais alors vers Josh, et Yäm, les deux hommes qui m’accompagnaient.

« Allez chercher les autres. On ne laisse personne ici. » Dis-je d’une voix neutre, mais sans appel.

Ils hochèrent la tête et, alors qu’ils allaient chercher de l’aide, je retournais vers Aurore, visiblement concentrée sur quelque chose qui se trouvait en dessous d’un chariot dans la plupart des roues avaient été détruites. Une légère agitation sembla l’entourer alors que, soudainement, quelques aigles arrivèrent de part et d’autres pour tenter de soulever le bois sec, cherchant visiblement à décoincer quelque chose. J’arrivais au pas de course, les aidant rapidement à soulever la caravane détruite, avant de la laisser retomber brutalement, soulevant une gerbe de sable. Mais mes partenaires avaient réussi à dégager l’elfe qui se trouvait en dessous. Je me portais à son chevet, avec douceur, mais il était trop tard. Il nous avait déjà quitté, et devait avoir rendu son dernier souffle alors qu’il était encore sous le chariot, épuisé par la fatigue, la faim et la soif. Je revins alors vers Aurore qui avait été témoin de ses derniers instants.

Mes yeux s’écarquillèrent alors lorsque je découvrais que mon amante était en train de s’occuper d’un petit être aussi affaibli que son ainé. Comme ses congénères, il s’agissait d’un elfe très jeune, petit être que je n’aurais jamais pensé pouvoir trouver ici tant ce phénomène était rare chez les miens. Une curieuse pensée traversa mon esprit, alors que je la voyais prendre soin de l’enfant. Bien que beaucoup ne verraient surement qu’une Baptistrelle soignant un patient, j’observais curieusement le douceur d’une mère envers son nourrisson, ne pouvant m’empêcher de penser combien mon amante pourrait revêtir cette robe à la perfection. Ses paroles me tirèrent de mes pensées, et je posais une main aimante sur son épaule, lui répondant avec douceur.

« Je n’en sais rien, mais nous allons les emmener loin de ce désert, parmi les leurs. Nul ne mériterait d’être abandonner ici, au milieu de nulle part, et loin des siens. » Lui glissais-je, sincèrement, avant de reprendre. « Quant à l’enfant, je ne peux que me dire que j’ai bien fait d’accepter que tu sois là, et pour bien des raisons. Lanä et Isyon vont t’accompagner au campement, tu seras plus à l’aise là-bas pour le soigner. Je vais rester avec les autres le temps de vérifier que nous n’avons oublié aucuns de ces malheureux, et nous vous rejoindrons par la suite. » C’était le choix le plus logique, car la santé du survivant était réellement la priorité, d’autant plus que voir l’enfant dans cet état me fendait le cœur.

La jeune femme sembla hésiter, et je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Il était vrai que certaines de nos sorties avait failli être dramatiques, mais, cette fois, je n’étais pas seul, et la situation ne présentait pas de dangers imminents. Nous allions partir peu de temps après eux, avant d’aviser plus profondément la situation. Pour une fois, les rumeurs sur le désert semblaient fondées, et il était visiblement un endroit plus que dangereux. Aurore finit alors, non sans mal, à accepter ma proposition, et, alors qu’elle se relevait, une mine légèrement inquiète, le bébé dans les bras, je lui volais un doux baiser l’espace de quelques secondes. Le geste n’avait été qu’un réflexe, et, lorsque je pris conscience que mes hommes avaient pu me voir, je sentis une douce chaleur monter au niveau de mes joues, sensations nostalgiques qui me rappelait mes retrouvailles avec celle qui partageait désormais ma vie. Nous nous écartâmes, et je la regardais partir un instant, bien accompagnée, avant de reporter mon attention sur les hommes qui inspectaient minutieusement chaque recoin de la caravane détruite.

Nous mîmes quelques minutes à réunir une demi-douzaine de corps dans une ambiance macabre. Ne pouvant pas décemment faire venir un autre chariot, ou une roulotte, dans le désert, nous étions en train de réfléchir à une solution lorsque, soudain, mes sens se mirent en alerte. J’avais entendu, non, senti quelque chose. Le sol tremblait légèrement, et je me redressais brutalement, commençant doucement à comprendre ce qui avait causé un tel massacre.

« Capitaine ? Quelque chose ne va p-… » Commença à me demander l’un de mes hommes, que je coupais instantanément.

« Tous à vos chevaux. On se replie. » Leur lançais-je, sur un ton net et sans appel.

« Mais les corps ? On les abandonne comme ça ? » Me demanda-t-il, incrédule.

« Vous m’avez entendu. On doit partir mainten-… » Je fus alors coupé à mon tour par un rugissement effroyable, puis un autre. Mon visage blêmit, comme celui des soldats autour de moi. Ce qui m’inquiétait davantage, c’était que les deux rugissements semblaient venir de deux endroits différents. J’exhortais alors mes hommes à se dépêcher, adoptant une attitude qu’ils n’avaient pas l’habitude de me voir adopter.

« Dépêchez-vous, c’est un ordre ! » Leur hurlais-je. Bien aidés par la peur qui devait leur étreindre la poitrine, ils se précipitèrent vers leurs chevaux, s’organisant rapidement, et laissant derrière eux les corps issus de notre malheureuse découverte. Je répugnais à les laisser ainsi, mais les vivants avaient la priorité. Je lançais alors à Frederik, notre meilleur cavalier. « Allez prévenir l’avant d’accélérer le pas ! Nous allons bientôt les rejoindre, et nous devons sortir de ce désert le plus vite possible ! ». Je frappais sur la croupe de son cheval, et le cavalier parti à toute vitesse dans la direction empruntée par le groupe de mon amante.

C’est alors que je les vis. Deux immenses vers des sables approchaient, plongeant et sortant à intervalles réguliers du sable qui les entouraient. Nous étions sur leur territoire, dans leur domaine, et nous devions en sortir le plus vite possible. Frappant les talons l’un contre l’autre, je m’élançais à la suite de mes hommes, les rattrapant bien vite pour me retrouver en tête de peloton. Mais je sentais que les deux monstruosités s’approchaient mètre par mètre.

Soudain, j’entendis un cri, et je tournais le regard vers sa provenance, derrière moi. Une jeune cavalière, visiblement peu expérimentée, n’avait pas réussi à maitriser sa monture et avait chu dans le sable, derrière nous. Elle se relevait péniblement, et boitillait dans notre direction. Je freinais alors brutalement, courant alors vers elle. Elle faisait partie de l’unité que l’on m’avait confiée, et je ne pouvais pas la laisser se débrouiller seule. J’étais plus rapide que leurs montures, surtout sur le sable, et je pensais pouvoir y arriver à temps.

Et ce fût presque le cas. Presque. J’étais arrivé à sa hauteur, constatant que sa cheville était tordue dans une position peu naturelle. Les larmes aux yeux, à cause de la frayeur et de la douleur, elle me jeta un regard implorant. Je lui souriais doucement, pour la rassurer, mais je déchantais bien vite. Détruisant les dunes de Sable, les deux vers des sables s’approchaient dangereusement, et nous pouvions alors constater de près leur taille monstrueuse. Ils étaient incroyablement rapides, et nous semblions être directement la cible de leur rage. La jeune femme, plus jeune encore qu’Aurore, poussa un cri de terreur, et, pour la calmer, j’empoignais son visage dans mes mains.

« Chloé, écoute moi. Tu vas rejoindre les autres, et monter avec Josh. » Pendant que je parlais, j’entendais la troupe qui nous hurlait de nous dépêcher, s’étant arrêtée pour nous attendre. « Tu vas leur dire que je leur ordonne de continuer, et que je vous rejoindrais rapidement. Ne vous arrêtez que lorsque vous serez sortis du désert. C’est compris ? » Lui dis-je, sur un ton calme, mais ferme. Elle me regarda d’un air incrédule et perdu, et j’insistais. « C’est compris ? » Repris-je sur un ton plus ferme. Elle hocha alors la tête, alors que le vacarme que provoquaient les deux vers s’intensifiait.

« Mais comment allez-v-… » Je ne la laissais pas finir sa question. Je l’attrapais par le bras et, à l’aide d’une puissante rotation, je l’envoyais de toute mes forces et le plus loin possible en direction de la compagnie, dans une scène irréelle. J’entendis son hurlement s’éloigner alors que j’observais sa trajectoire. Son atterrissage fut certes rude, mais amorti par le sable. Ainsi, si elle risquait simplement de se fouler ou casser un bras, elle était toutefois nettement plus en sécurité. Je regardais alors le groupe reprendre sa route après avoir récupéré la jeune femme, et je m’apprêtais alors à prendre leur suite, mais je perdis brutalement l’équilibre, ainsi que la vue sur mes hommes. Les deux vers des dunes m’avaient rattrapé, et m’encerclaient à présent dans un puissant nuage de sable.

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J’entends un puissant soupir, presque signe de soulagement. Mon regard se pose sur l’elfe adulte, que les Aigles ont réussi à libérer des débris du charriot. Le feu de la vie s’est éteint en lui. Malgré la chaleur du désert, le froid va maintenant étreindre son cœur, alors que son âme quittera son corps pour rejoindre le royaume des morts. Le vent charrie du sable et assèche la gorge. Il souffle sans merci sur ce décor, comme il a soufflé sur la flamme vacillante de la bougie qu’était la vie de cet elfe. Ou plutôt le flambeau qu’elle était. Maintenant, la voie est de nouveau libre, et ce brave elfe ne se perdra plus dans les limbes. Il a lutté contre les torpeurs de la mort, dans l’espoir de voir venir quelqu’un. Une personne qui viendrait sauver son enfant. Maintenant son esprit est comblé et sa libération permet à son corps d’abandonner la lutte. Son visage, même brûlé par le soleil est tellement paisible maintenant, et je peux presque y discerner un sourire. Du moins, est-ce que j’aimerai bien y voir. Je jure à son âme courageuse de trouver à cet enfant une famille qui saura s’occuper de lui.

J’ai le cœur emplit de détresse. Ma voix tremble devant les questions qui s’impose à mon esprit. Même en revenant du royaume des morts, la fin de la vie reste un mystère et une source instinctive de crainte pour la mortelle que je suis. Ma la vision de mon amant m’ancre de nouveau dans la réalité. Le contact de sa main sur mon épaule me réchauffe le cœur. Il me rappelle tout le bonheur que nous avons vécu ensemble et tout celui qui reste à venir. Il me redonne force et courage et la certitude que l’avenir, bien qu’inconnu, n’est pas à craindre. Sa voix douce et son regard plein d’amour me font sourire malgré moi. Il est mon rocher, mon ancrage dans ce monde qui ne demande qu’à revenir à l’harmonie. L’existence même de Seö me pousse à rendre ce monde meilleur, à l’image de cet elfe magnifique que rien ne semble ébranler. Je vois scintiller dans ses yeux l’espoir de jours meilleurs. Ils le seront pour moi, tant qu’il sera à mes côtés.

Sa solution est logique. Retourner au camp, là où j’aurai de la logistique, de mains, de matériel pour venir en aide à l’enfant. Où d’autres personnes pourront s’occuper de lui. Je ne pense pas pouvoir faire beaucoup plus pour lui, seul le temps le pourra. Mais je dois le mettre en sureté, et dans un confort plus grand. Pourtant mon cœur est retissant à l’idée de quitter mon amant même pour un court moment, dans un territoire aussi dangereux. Mais je me raisonne. Seö sait se défendre et il n’est pas seul. S’il estime qu’il n’y a pas de danger, alors je me devais de lui faire confiance.

Je me relève, le bébé dans le panier dans les bras, et pendant un court moment, je regarde fixement Seö dans les yeux. L’ambre de son regard m’hypnotise comme il l’a toujours fait. Je lui souris tendrement et le vois me voler un baiser. Je ferme les yeux au contact fugace de ses lèvres, savourant ce moment unique. Il n’a pas le même goût que nos autres baisers. Le même amour, oui. La même passion aussi. Mais, la retenue dont nous faisions preuve devant les Aigles, la tension de vivre l’un à côté de l’autre sans oser vraiment se regarder, tout cela vole en éclat. Les apparences tombent et me replonge dans le passé, il y a presque un an. Tout y est, le vent chaud du désert m’amène les douces odeurs des forêts de Calastin, l’odeur des sapin et du feu de camp, pendant que je sors de la caravane, suivant le renard dans les sous-bois et dans la nuit, pour retrouver celui qui hantait mes rêves sans vraiment le savoir, celui qui était l’étoile de mes jours, le soleil de mes nuits, mon seul et unique amour.

Ce baiser, à peine effleuré, fait remonter notre voyage à travers l’île des hommes, lorsque l’hiver est venu, et le rouge de l’automne fut supplanté par le blanc de la neige. Seul les verts conifères trompait l’ennui de leur inébranlable feuillage, regardant, le long froid de décembre s’installait sur le monde, mais qui n’a en rien refroidit le feu de notre amour. Ces joyeux moment d’innocence, Seö, le renard et moi, partagés dans un amour simple et pur. Les jeux dans la neige, les bonhommes de neige plus ou moins humanoïde, les lacs transformés en patinoire pour nos cœurs aguerris par notre amour, la traque des rennes avec le renard, sa frayeur et notre fuite quand ses derniers avaient estimé que la plaisanterie avait assez duré, les chariot transformés en traineau à cause de l’absence de route, les festivités que les colons amenaient avec eux de leur ancien village, quand ils dansaient sous les guirlandesde bougies et de lanternes qui décorait le convoi. Les voyageurs retombaient en enfance, libre enfin de vivre selon leurs règles. Mais après tout, l'enfance c'est de croire qu'avec le beau sapin et trois flocons de neige, toute la terre est changée. Ce serait tellement plus simple ainsi, mais la vie n’aurait pas le même goût peut-être.

Puis le printemps arrive, le retour des beaux jours, des oiseaux, le rire des enfants, les poursuites dans les bois. Les marchands ambulants reprenant leur voyage pour ravitailler les villages reculés, ou allant de ducasse en ducasse, pour proposer leur fourniture exotique, de l’épice rare au bonbon bariolé. Les trouvères aiguayant les routes et les soirées de leurs chants, cloche et clochette à leurs souliers d’où dépassaient des chaussettes aux couleurs si vives qu’elles en brulaient les yeux des passants. Toutes ses nuits, l’un contre l’autre, juste à nous aimer, sans penser au reste.

Ses lèvres ont à peine effleuré les miennes qu’elles s’éloignent déjà, brisant la magie de notre amour un instant consumé. Je vois le rouge monter à ses joues, mais je ne ressens aucune gêne pour ma part. Je l’aime tellement que le montrer ne me parait pas une faiblesse. Je sais qu’il ne faut pas qu’on le montre, que sans saper son autorité, le fait d’être là, d’être extérieure à son unité et d’être son amante pourrait être comme un passe-droit qu’il s’octroie. Mais ça n’a pas d’importance à mes yeux. Ce simple baiser, à peine donner vaut plus que toutes les déclarations du monde. Et je n’en ressens que plus d’amour pour lui. Ma vie a été comblée, mais je pense qu’il est le plus beau cadeau que le monde m’ait donné. Je voudrai lui dire que je l’aime, que je l’adore, que je ne vis que pour être à ses côtés, qu’en son absence je n’aspire qu’à son retour malgré moi. Mais ce n’est pas le moment. Qu’après un instant si doux, il n’y a rien à dire. Juste à sourire timidement en ne détachant pas mon regard du sien. Qu’il est beau. Comme je voudrai lui faire comprendre ô combien il faut mon bonheur

Comme il me l’a demandé, je remonte sur mon cheval, en prenant soin d’Elëmir. Je jette un regard à mon amant. Ne restez pas trop longtemps. Le danger peut toujours rôder. Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Les Aigles sont capables de se défendre et d’explorer sans mes conseils. Mais c’est un moyen pour moi de montrer que je tiens Seö. Je ne peux pas lui dire à quel point je l’aime comme ça. Alors je lui dis de prendre des précautions. J’espère qu’il me comprendra. Puis, accompagnée de Lanä et d’Isyon, je me dirige vers le campement, au pas pour ne pas secouer l’enfant.

Lanä est une fille très jeune, presque plus jeune que moi. Son armure en cuir légère a dû être faite sur mesure pour contenir ses formes féminines et elle tient une lance finement sculptée à la main dont la pointe est enveloppée dans une chaussette pour la protéger du sable. Ses cheveux roux ondulés sont maintenus en place par une queue de cheval et ses yeux verts sont d’ordinaire plein de malices et de joie. Mais maintenant sur son cheval, elle avait du mal à retenir ses larmes devant le carnage dont nous avons été les spectateurs. Je comprends mieux la rumeur à propos de la guilde d’exploration. De jeunes et inexpérimentés guerriers pour la plupart dit-elle. J’ai vu les Loups, et s’ils sont jeunes, ils sont loin d’être inexpérimentés, quant aux Aigles, ce ne sont pas des guerriers, ce qui explique l’état de choc de Lanä. Je place mon cheval à côté du sien, puis d’une voix douce, j’essaye de la consoler. Il n’y a de honte à pleurer. Ce qui leur est arrivé est horrible et ce sentiment de profonde tristesse qui fait de nous des humains. Mais sache que là où ils vont, le chemin est clair et paisible. Leur âme n’est pas perdue. Si leur trépas a été douloureux, maintenant ils sont au repos. Et puis, un enfant vivra. Chez les elfes c’est assez rare de les voir enfanter. Qu’il survive devrait nous emplir de joie. Nous devrions fêter cela plutôt que les pleurer.

Elle renifle bruyamment et me fait un sourire contrit. Maman disait toujours : « Y a pas de vrai fête sans quelqu'un qui pleure. » D'habitude c'est moi. Aujourd’hui, je ne ferai pas exception. Et puis, c’est un tout. Je sais bien que la mort, bien que terrible pour ceux qui reste n’est pas mauvaise en soi. C’est un tout. Et puis, ma famille me manque. Je viens d’une cité libre, ma famille s’est battue contre l’empereur. J’aime l’exploration mais le pays me manque. Là-bas, je sais juste que quelque chose m’attend au pays. Le pays ? Mais qu'est-ce qu'il sait le pays sur ce qu'on souffre ici ? Je vais vous dire moi, je me suis senti plus proche des gens normaux, que ceux qui crient " Mort aux Impériaux" chez eux bien au chaud devant leur dinde aux marrons !! Isyon intervient d’un ton sec et agressif. C’est deux là semblait s’entendre pourtant, mais il y a un gros différent entre eux. Son intervention a le don de faire se ressaisir Lanä.

Ma famille n’a jamais pu s’offrir une [b]dinde[/d]. Et je trouve ça très déplacer comme remarque venant d’un type de Caladon qui s’agenouille devant un homme sous prétexte que… Doucement. Calmez-vous, vous allez réveiller le petit. Et ce n’est pas la peine de se disputer pour ce genre de chose. Vous êtes frère et sœur aujourd’hui. Votre guilde n’est-elle pas neutre ? Les deux Aigles baissèrent les yeux un peu honteux. Et marmonne des excuses. Je leur réponds d’un sourire indulgent. Ca me fait étrange de me dire que je suis probablement l’ainée de ses deux Aigles, moi qui ne traine généralement qu’avec des elfes bien plus âgé que moi.

Je vérifie que le jeune elfe na pas été gêné, et en profite pour le réhydrater. Je remarque alors qu’à côté de sa tête se trouve un objet de bois. Je le prends délicatement l’objet. Il s’agit d’un cygne finement sculpté, probablement un jouet pour l’enfant. Je le repose délicatement à côté du petit. Il respire mieux maintenant et sa peau reprend des couleurs plus vivantes. Il s’en sortira. Isyon toussa discrètement.

Fille de l’Ondée, je voudrai vous remercier. Je n’ai pas eu le courage de le faire avant de peur, de peur de votre réaction. Je ne sais pas laquelle, c’est stupide. Mais je voudrai vous dire merci du fond du cœur car sans vous, je ne serai pas ici. Sur Ambarhuna vous m’avez sauvé la vie et prodigué la douceur dont j’avais besoin en ces moments de troubles. Alors merci. Je rougis violement et détourne le regard gênée. J’essaye de balbutier un « ce n’est rien » mais je ne fais que bafouiller un son inintelligible. Lanä rigole accompagnée rapidement de Isyon.

Et hum, sinon… vous et le capitaine vous… Lanä pose la question d’une petite voix et mes joues piquent un fard encore plus grand. Où est donc passé l’assurance que j’avais tout à l’heure au moment du baisé, à ce moment de bonheur intense. La jeune femme rigole de nouveau mais après l’éclat d’Isyon. Je dois être aussi rouge qu’il est humainement possible de l’être.

Soudain, le ventnous apporte le bruit de sabots amoindri par le sable. Je me retourne pour voir le reste des Aigles arrivés au galop. Mon amour est déjà de retour. Mon sourire s’efface au profit d’une ride de froid. Il y a de grand mouvement derrière et alors que les cavaliers approchent, je ne vois pas Seö. Mon regard s’agrandit. Lanä, amène l’enfant au camp, je reviens. Surprise, la jeune femme le prend sans protester. L’enfant est hors de danger, et n’a plus besoin de mes soins spécifique.

Je lance ma jument au galop en me rapprochant des Aigles je distingue une forme au loin. Il ne peut s’agir que de Seö. Et les créatures qui l’accompagnent me font froid dans le dos. Des vers des sables. Deux exactement. Je n’entends pas les Aigles qui me disent de m’arrêter et traversent leur rang au galop. Il ne me faut pas longtemps pour arriver au niveau de mon amant, et encore moins pour calmer les bêtes sauvages et agressive. Je libère la magie enfermée dans le corset qui ne quitte jamais hors du Domaine. Le chant du vêtement se libère dans ma tête et autour de moi. Elle apaise les esprits et les vers s’arrêtent de faire leur ronde menaçante, pour finalement s’arrêter et repartir de là où ils viennent.

Je passe au niveau de Seö et me laisse tomber dans ses bras. L’enlaçant à l’étouffer. Je remarque seulement à quel point j’ai eu peur pour lui et auquel point j’ai grandi. Il y a encore un an, j’aurai été paralysée par cette vision, incapable d’agir. Tu vas bien ? Tu n’as rien ? Pourquoi tu n’as pas suivi les autres ? Pourquoi tu as voulu faire l’appât ? Tu m’a fait si peur. Tu n’es pas blessé tu es sûr ?

’objet’ :

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Tout autour de moi n’était qu’une tempête informe de sable volant. Le désert ne m’avait jamais paru aussi inhospitalier, même lorsque j’avais traversé celui d’Ambarhùna pour la première fois. Il fallait dire que la situation était loin, très loin d’être idéale. Les deux immenses vers des sables m’avaient encerclé, se mouvant autour de moi comme un serpent autour de sa proie. Ils me coupaient toute retraire, et leur taille monstrueuse m’empêchait de voir d’éventuels renforts. Mais je ne regrettais pas d’être ici, au centre de cet orage ensablé. Non. Pas le moins du monde. J’avais pu sauver une aigle qui n’aurait surement eu aucune chance si elle avait été bloquée. Mes troupes n’étaient pas des combattants, et, si j’exigeais tout de même d’eux une pratique martiale régulière pour certains cas délicats, et pour pouvoir se défendre, je répugnais à les mettre dans des situations de conflit.

Finalement, lorsqu’on y repensait, j’étais le seul membre de mon unité à même de pouvoir me débrouiller dans la situation catastrophique dans laquelle je me trouvais à présent. Le problème principal venait du fait que nous ne connaissions que trop peu ces créatures gigantesques, car il était évident que trop peu d’âmes ne tendaient à s’aventurer dans le désert pour qu’il n’y ait au sujet des vers des informations exploitables. Alors que les deux créatures se hissaient en rugissant, me dominant de leur hauteur, je dégainais avec une étrange sérénité l’arme qui se trouvait dans mon dos, sans vraiment savoir d’où venait cette étrange sensation. Peut être avais-je moi aussi changé. Non pas en devenant téméraire, ou trop idiot pour voir le danger, mais sans doute avais-je simplement davantage confiance en moi. A y réfléchir, la raison en était toute trouvée. Ce n’était pas une quelconque bêtise, ou de l’inconscience d’où résultait cette sérénité. Je savais juste ce dont j’étais capable et que, quel que puisse être les éléments extérieurs qui voudraient m’en empêcher, j’arriverais à retrouver mon amante. Je me sentais comme un ruisseau serpentant entre les rochers d’une montagne enneigée, s’adaptant, louvoyant pour finalement retrouver le calme d’une rivière avec qui il arpenterait les dernières lieues qui le séparait de l’immense océan. Tout semblait clair, limpide, et, bien que mon esprit analysât avec attention chacun des détails qui nous entouraient, je savais que je parviendrais à en déjouer toutes les embuches, jusqu’à rejoindre celle qui avait ravi mon cœur. Je ne laisserais jamais rien occulter le bonheur de mon âme sœur, y compris une blessure ou une disparition précipitée. Non, j’avais trop à perdre désormais pour ne m’autoriser ne serait-ce qu’une seconde d’un tel comportement.

Alors que les vers s’apprêtaient à fondre sur moi, et moi à bondir, un puissant chant retentit, comme un écho d’une promesse lointaine. Je sentis alors en moi une sensation que j’avais déjà ressentie, en d’autres circonstances. Une chaleur brulante dans la poitrine, et une sensation d’apaisement intense, comme si le poids et les guerres du monde qui nous entourait s’étaient brutalement envolés. Je tournais alors les yeux vers la cavalière qui approchait au galop, montée sur un magnifique destrier elfique. Une vision quasi-angélique, de laquelle s’échappé une clarté radieuse et magique, qui semblait subjuguer même les deux monstruosités. Courageusement, Aurore s’était élancée pour me prêter main forte. Non, elle n’était pas une combattante, et c’était sans doute ce qu’elle avait de plus précieux. Sa seule présence, et sa seule magie, avait suffit à dissuader les vers d’attaquer et, après un instant d’hésitation, ils étaient repartis d’où ils étaient venus. L’élue de mon cœur passa alors près de moi, et se laissa tomber de cheval pour atterrir dans mes bras, m’enserrant, je le devinais, de toutes ses forces. Je lui rendais son étreinte, profitant du contact de son corps contre le mien qui me faisait tant défaut lorsque nous étions séparés. Je respirais ses cheveux couleur blé, profitant de son doux parfum, et repensant à la chance que j’avais qu’Aurore soit mon âme sœur. Elle ne s’en rendait pas encore compte, mais elle était en réalité tellement plus forte, tellement meilleure que moi. Elle aspirait à ce à quoi j’aspirais, et pourtant, elle servait la cause de la paix avec plus de brio que n’importe qui sur le continent. Si j’avais fait le choix de sacrifier une partie de mon âme, en blessant, et donnant parfois la mort, pour essayer d’apporter mon aide dans la recherche de la sérénité parfaite, elle réussissait, elle, à hisser cet édifice bien plus haut que je ne pourrais jamais le faire, et ce par sa simple présence.

Ses remarques m’arrachèrent un sourire alors que je constatais qu’elle n’avait même pas conscience d’être si prodigieuse, me reprochant, sans doute à juste titre, sa frayeur passée. Nous étions désormais seuls dans le désert, et j’en profitais pour lui voler un nouveau et tendre baiser, avant de lui répondre, plongeant l’ambre de mes yeux dans l’océan des siens.

« Un appât ? Tu me crois donc aussi bête pour me retrouver dans une situation aussi périlleuse en vain ? » Lui souris-je, amusé, la taquinant sans le cacher. « Je n’ai rien, ne t’en fais pas, tu es arrivée juste à temps. Une cavalière avait chuté, et je suis simplement parti la récupérer. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de fuir avec le reste de mon unité. Mais je t’assure que tout va bien. » Je ne prenais pas l’inquiétude d’Aurore pour un manque de confiance, car, malgré la force et la puissance que je ressentais couler en elle, je ne pouvais m’empêcher d’être épris des mêmes sentiments lorsqu’elle était en danger.

Mais ce que nous vivions n’avait rien à voir avec ce que nous avions vécu lors de nos retrouvailles. Nous étions tous les deux plus forts, plus confiants, et c’était également cette raison qui m’avait poussé à accepter qu’Aurore nous rejoigne. Bien sûr, voyager aux côtés de l’élue de mon cœur était un bonheur difficilement comparable, mais je savais également que je pouvais compter sur elle autant qu’elle pouvait compter sur moi. Je lui retournais alors sa question.

« Et toi, tu n’as rien ? Il faudra vraiment que tu m’expliques comment tu es capable de telles prouesses. Ce que tu as fait été prodigieux. » Je lui souriais avec tendresse, replaçant l’une de ses mèches derrière son oreille, ma voix trahissant une pointe d’admiration.

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Seö allait bien. Il n’avait rien, je suis arrivée à temps. L’angoisse de le voir être blessé avait été terriblement grande. Je me rends compte que j’ai eu plus peur pour lui que pour moi. En un sens, j’ai toujours fait passer la vie des autres avant la mienne, mais cette terreur qui m’avait enserré le cœur quand je l’ai vu encerclé par les vers des sables. Est-ce nocif ? Notre amour, du moins l’amour que je porte à cet elfe merveilleux n’est-il pas dangereux pour moi ? Pour ma santé, physique et mentale ? Comment je réagirai s’il lui arrivait malheur ? Ou pire, s’il disparaissait, tout simplement. La réponse à ses questions me sont inconnues et m’inquiète. J’ai peur de perdre ce qui fait de moi ce que je suis. J’ai peur d’en perdre le goût de vivre.

Je me rends compte que depuis que notre première rencontre jusqu’à nos retrouvailles, ma vie paraissait longue, tranquille et lente. Comme avant, sauf que cette fois, je sentais qu’il y manquait quelque chose, un manque qui ne s’était pas fait sentir avant. Aujourd’hui, je n’imagine pas un monde sans Seö. Et ça me fait peur. L’amour est-il à ce point dangereux ? Au point de perdre le goût du reste si l’autre meurt ? Si c’est ça, je préfère ne pas y penser. Je respire l’odeur de Seö. Sa peau est légèrement collante contre la mienne à cause de la chaleur qui la fait légèrement perler de sueur. Son contact m’apaise, m’aide à me concentrer sur l’instant présent. Je l’aime, il m’aime et nous sommes ensemble. Voilà ce qui compte. Le contact de ses lèvres contre les miennes et de la puissance de ce que l’on ressent l’un pour l’autre. Voilà ce qui brille plus que le soleil de ce désert et me réchauffe plus que l’été en ces lieux.

Je te crois assez stupide pour rester en arrière et te sacrifier pour que le plus grand nombre puisse survivre. Tu es un héro mon amour. C’est pour ça que j’ai peur pour toi, à chaque fois que tu es loin de moi. Parce que je ne suis pas là pour te réparer quand tu décides de sauver des vies. Ma voix est calme et douce. Ce n’est pas un reproche. Ca aurait pu être dit sur le ton de la plaisanterie, mais, son contact est trop doux. Est-ce que je pourrais lui reprocher quelque chose un jour ? S’il fait quelque chose qui me déplait, pourrai-je me mettre en colère contre lui ? J’ai doute fortement. J’ai déjà du mal à le faire avec n’importe qui, donc avec Seö ce sera clairement impossible.

Je me laisse aller contre son torse. Qu’importe que les Aigles nous voient ainsi, je veux profiter de mon amant. Qu’est-ce que tu veux que j’ai ? Le seul moment dangereux fut quand je suis tombée du cheval dans tes bras, il y a des actions plus dangereuses que ça dans le monde. Comme affronter deux vers des sables au milieu du désert. Quant à ce que j’ai fait… Je me suis contentée de chevauchant mon cheval et d’activé un glyphe. Tu n’es pas le seul à posséder des objets magiques mon cher. Je n’ai rien fait de prodigieux, juste eu la chance de posséder ce corset. Le chant que tu as entendu est celui des baleines, amplifié et qui a le don de calmer les esprits belliqueux. Je suis convaincue que tout peut être arranger de façon diplomatique et douce. Alors je me suis équipée pour me permettre de réaliser ces discussions. Je sais bien que je ne suis pas une guerrière et l’idée de me battre me révulse, bien que je sois prête à le faire quand c’est nécessaire. Alors il faut que je puisse choisir mes champs de bataille. Nous avons assez trainé comme ça. Rejoignons tes hommes, qui doivent s’inquiéter. mon cheval se rapproche comme s’il avait compris. Tu rentres en courant ou tu partages mon cheval ?

Plus loin les Aigles nous attendaient, la mine inquiète. Nous rentrons au camp et je me précipite au chevet du nourrisson, placer dans une tente à part. Je remercie les deux Aigles qui m’ont accompagnée et qui se sont occupés de lui pendant que j’allais secourir Seö. Il reprend des couleurs, il n’est plus en danger mais peut-être a-t-il un traumatisme que je n’ai pas encore détecté. Je chante pour l’ausculter magiquement. Non, il n’a rien de physique, j’espère juste qu’il n’a pas de traumatisme mental. Ca, rien ne pourra vraiment le guérir avec certitude. Il ouvre les yeux et me regarde de ses yeux verts profonds. Il a l’air tellement fatigué. Je lui souris tendrement et lui caresse la tête lentement en chantant. Il s’endormira bien plus profondément et récupérera plus vite avec ce sort elfique. Puis je le porte dans mes bras et le berce. Je ne veux pas le laisser seul.

Je me dirige vers Seö. De nombreuses questions se bouscule dans ma tête, mais une seule à la priorité pour le moment. Seö, qu’est-ce que va devenir l’enfant ? Il n’a plus de famille, plus de parents, plus de communauté. Comment ça se passe chez les elfes ? Les humains ont des orphelinats mais ce n’est pas un endroit pour un effet, encore moins pour un jeune elfe. Peut-être que… non. Ce n’est pas… Enfin… Que faut-il faire de lui ? On ne peut pas l’abandonner comme ça.

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La phrase d’Aurore m’arracha un léger sourire, et, bien que je ne la contredisse pas, je n’étais pas vraiment d’accord. Je n’étais pas un héros et, plus que ça, je n’en avais pas l’âme. J’agissais par instinct, un instinct certes calculé, mais un instinct tout de même. Et la situation actuelle n’échappait en rien à cette règle immuable. Si j’étais resté, et que j’avais sauvé la jeune femme, c’était tout simplement parce que j’avais mes chances alors qu’elle n’en avait surement aucune. Ce n’était pas une pensée très héroïque, car je n’arrivais pas à définir si, dans le cas où moi-même n’avait aucune chance de vaincre face au danger, je serais tout de même intervenu pour la sauver. Mais je cachais ces pensées légèrement honteuses à mon amante, trop heureux de pouvoir la serrer quelques instants dans mes bras, profitant de la douce chaleur de sa peau et de son souffle léger. Ces instants me manquaient trop, et je n’aurais jamais pu imaginer que voyager à ses côtés, sans toutefois pouvoir profiter de nos étreintes, me soit si difficile. Bien sûr, rien n’occultait la joie que sa présence m’apportait, mais le souvenir de nos voyages à travers l’hiver froid, la neige, et la magie qui en avait résulté était trop fort pour être ignoré.

Toutefois, je gardais, alors même que mon amante était blottie contre moi, un pied dans la réalité. Si j’appréciais la compagnie des aigles, je m’apercevais maintenant d’une lacune martiale évidente les concernant. Ces hommes et femmes n’étaient pas des guerriers, ils n’en avaient pas les compétences mais, surtout, ils n’en avaient pas l’âme. En tant normal, tout ça n’aurait pas dû être un défaut pour moi, car je n’appréciais guère de guerroyer à tout va, mais il était évident que la plupart d’entre eux ne savaient pas réagir face au danger. Et, à ce titre, Aurore avait raison. Je ne pouvais me contenter de leur sauver la vie à la moindre escarmouche, car il adviendrait un jour où je ne serais tout simplement pas capable de le faire. Et, à présent, j’avais trop à perdre pour que ce soit quelque chose d’envisageable. Et puis, je ne serais surement pas toujours à leur côté non plus. Le problème majeur était que leurs vies m’importaient, que je m’en sentais particulièrement responsable, ce dont je n’avais pas du tout l’habitude. Enfin, j’aurais surement le temps d’en discuter avec eux plus tard, et je me reconcentrais sur le contact de la jeune femme lovée contre mon torse.

Ses paroles, comme un murmure, m’arrachèrent comme souvent un nouveau sourire. Je ne pouvais m’empêcher de pensais que la jeune femme n’avait pas fini de m’étonner. L’enchantement qu’elle possédait était vraisemblablement d’une puissance incroyable pour arriver à ainsi calmer deux immenses bêtes comme celles qui avaient eu l’envie de m’attaquer. Mais elle avait raison, la diplomatie était un art bien plus efficace que la guerre. Le peu des enchantements que je la savais posséder semblaient tourner autour de cette idée, qui lui seyait particulièrement. Je me demandais d’ailleurs quelles sensations pouvaient découler de son flux magique. Il serait surement assez semblable à celui de l’impératrice, qui était, à mon souvenir, la seule personne pour qui je n’avais jamais créé une glyphe associée à son âme, moi mis à part. Je répondais finalement à mon amante, regardant avec une moue hésitante sa monture qui revenait vers nous. J’avais déjà pu admirer sa jument elfique, mais je n’étais guère à l’aise avec la race équidé. Je fis alors un sourire à la jeune femme.

« Je vais courir un peu, ça m’ira très bien. Je n’ai rien contre ta jument mais… je n’ai jamais été très à l’aise avec les chevaux. » Lui dis-je alors, légèrement amusé.

Nous ne mîmes pas très longtemps à rentrer, et je fus rapidement assaillis de questions venant des hommes et femmes qui paraissaient si inquiets. Heureusement, l’essentiel était là, puisqu’Aurore avait pu immédiatement se rendre au chevet de l’enfant. Je répondais alors distraitement, préoccupé par l’état du jeune elfe. Le camp était en émoi, encore retourné par ce qui venait d’arriver. Visiblement, ce n’était pas le moins du monde une situation qu’ils avaient l’habitude de voir. Il faudrait surement y remédier, mais, pour l’heure, il y avait plus grave. Le camp était en sécurité, hors du désert, et trop loin du cratère pour que nous soyons sujets à la flore agressive de la jungle. Je donnais donc quelques consignes simples pour garder les esprits occupés. Je parvins à me retrouver rapidement tranquille, alors qu’Aurore revenait vers moi, la mine légèrement inquiète, l’enfant endormi dans ses bras.

J’aurais bien voulu la rassurer, mais je devais admettre être aussi perdu qu’elle sur le sujet. Même s’il appartenait à mon peuple, il y avait beaucoup de choses que j’ignorais, et la situation était tout de même assez inhabituelle. Il y avait très peu d’enfant elfes, et la plupart étaient choyés et protégés par l’ensemble du peuple. Aussi, un orphelin n’était pas vraiment quelque chose que nous avions l’habitude de voir, contrairement aux humains. Si l’important avait d’abord été de s’assurer de sa bonne santé, mon amante avait raison. Il fallait réfléchir à l’avenir de cet enfant, et il n’était pas plus clair pour moi que pour elle.

« Et bien… Je t’avoue que je n’en ai aucune idée. C’est une situation extrêmement rare chez nous, et je ne suis pas vraiment au fait des règles à suivre dans ce cas là… » Je me tus un instant, continuant de réfléchir. « Je pense que le mieux serait de le ramener au domaine baptistral. Il s’agit d’un endroit neutre, et saint, dans lequel il pourra retrouver ses forces. Et puis, ça nous laissera le temps de trouver s’il a de la famille ou non, et de le remettre entre les mains du peuple elfique le cas échéant. » Lançais-je avec un sourire rassurant.

Je me retournais alors vers l’ensemble du campement, toujours en ébullition. Les hommes et femmes s’affairaient autour de nous, dans des activités quelques fois futiles mais qui, au moins, canalisaient leur énergie. La journée arrivait tranquillement à son terme, et la fraicheur de la nuit allait énormément contraster avec la chaleur du jour. Je me tournais à nouveau vers Aurore.

« En tout cas… Je ne sais pas bien quoi leur dire pour ce qui s’est passé. Je crois que très peu d’entre eux ont déjà connu la guerre, ou ce qu’elle représentait. Pourtant, ce ne sont pas les dangers qui manquent, et, il faut être réaliste, ce n’est surement pas la dernière fois que nous y serons confrontés. Je ne sais pas mais… tu penses que je devrais être plus dur avec eux ? Pour les préparer à ça ? » Demandais-je alors à mon amante, me grattant l’arrière du crâne, légèrement gêné par ma question.

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Je sens que Seö est perturbé, que quelque chose l’embarrasse. Est-ce son commandement ? La situation ? Le fait de ne pas savoir quoi faire ? Si je ne m’abuse, il est encore très jeune pour un elfe. Je me rapproche et me colle à lui. Il n’y a personne et qu’importe. Je suis toute aussi perdue que lui et j’ai besoin de sa présence mais surtout de sa force. Son étreinte me rassure et m’aide à chasser les images que je viens de voir, même si je sais qu’il faudra que je les affronte un jour, seule. Mais pour l’heure, je peux les faire fuir par la présence de mon amant.

Je pense aussi que l’emmener au domaine est une bonne solution. Ou alors le déposer à la capitale elfique mais ses parents semblaient vouloir s’en éloigner. Peut-être sera-t-il mieux au domaine. Il n’y manquera pas d’amour c’est sûr. Et si le reste de sa famille et une communauté veut le récupérer, alors ils viendront le prendre. Mais… je m’occuperai de lui en attendant. Il a beaucoup souffert, et je pense qu’il a besoin d’énormément d’attention et d’amour. Peut-être même que tu en seras jaloux. Je regarde mon amant en souriant. Un rapide coup d’œil alentour et je lui vole un court baiser. Les tendresses sont une chose mais elles n’ont pas toutes les mêmes importances.

Ne te trompe pas, ils ont tous connu la guerre et vu des atrocités. Et certains se sont battus même, je reconnais plusieurs visages que j’ai soigné ou vu dans les hôpitaux de campagne. Tous savent ce qu’est un combat mais ils ne savent pas forcément se battre. Ils ont juste voulu fuir le passé et ses horreurs et essayent de l’oublier, d’avancer. Ils sont sûrement ici par curiosité pas pour se battre mais pour découvrir le monde. Je ne pense pas qu’ils craignent les dangers ni devoir affronter des monstres, ils ont l’air conscients des risques. Ils ne s’attendaient certainement pas, cependant, à croiser des morts au détour d’un chemin. Je crois même qu’ils seraient tous prêt à mourir pour l’un des leur et même pour toi ou pour moi. Pour n’importe qui. Ils n’ont juste pas imaginé arriver trop tard. Je le regarde droit dans les yeux, essayant delui offrir tout mon amour. Il parait si jeune finalement, si enfantin. Il est tellement plus âgé que moi, qu’on oublie finalement que ce n’est pas un homme, mais un elfe. Qu’ils ne vivent pas comme nous. Ne soit pas trop dur avec eux. Juste ferme. Prépare-les à se protéger les uns les autres. Comme nous nous protégeons tous les deux. Aide-les, entraine-les. Et ne soit pas trop dur avec toi-même. Comme eux, tu n’es pas fait pour la guerre. Tu ne veux pas te battre ni être un héros. N’est-ce pas ? Tu ne veux pas être un héros de guerre ? De ceux qui meurent pour sauver les autres. Dis-moi ? Ma voix s’emplit d’une légère inquiétude alors que je ne le veux pas. Toutefois, le voir se tenir seul devant ses vers des sables pour avoir sauvé une vie. J’aurai fait pareil mais savoir qu’il pourrait disparaitre pour permettre à d’autre de vivre me terrifie. C’est la chose la plus naturelle et évidente qu’il ferait, comme je le ferais. Mais je ne peux pas imaginer un monde où il n’existerait plus. Et je le connais suffisamment bien pour savoir qu’il serait prêt à perdre la vie pour en protéger d’autres, car nous sommes tous les deux ainsi fait.

L’enfant pousse un léger râle, me ramenant à la réalité. Tout en parlant à mon amant, je m’étais collée à lui. Malgré ses problèmes, je me sentais si bien contre son torse, que j’en avais oublié le monde autour de nous. L’enfant se met à pleurer. Je me détache de mon amant et prend l’enfant dans mes bras, le berçant doucement. Il a les joues roses et me regardes de ses yeux bleus, une fois ses pleurs arrêtés. Ses petites mains s’agitent un peu, et je lui tends une des miennes et il s’en saisit. Il a l’air si innocent, comme si le drame qui vient d’avoir lieu ne l’avait pas atteint. C’est tellement merveilleux. La vie, les enfants. J’aimerai tellement le protéger. Faire plus pour lui. Lui rendre ses parents. Personne ne devrait vivre ce qui vient de se passer. Est-ce que les elfes ont comme les humains, une absence de souvenir avant un certain un âge ? Ce serait horrible pour lui de grandir en gardant les images du massacre. Je pense que le Domaine sera un excellent endroit pour lui. Il y sera en sécurité, entouré d’amour et surtout, de paix. Il pourra y faire toutes les bêtises qu’il veut. Et je ferai tout pour qu’il soit heureux.

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Beaucoup de sentiments et de pensées se bousculaient dans ma tête, mais le contact du corps blotti d’Aurore contre le mien apaisa bien vite le tumulte de mon âme. Nous étions tout aussi perdu l’un que l’autre dans ce qui venait de se passer, et dans la manière dont nous allions devoir réagir à présent. Il y avait trop de choses nouvelles et importantes d’un coup, et, seul, j’aurais bien eu du mal à m’en sortir. Mais heureusement, la flamme qui embrasait mon cœur était là, tout contre moi, et le monde qui semblait chaotique quelques instants plus tôt redevint calme et apaisant. Aurore partageait mon idée de le confier aux Baptistrels dans un premier temps, à mon grand soulagement. Je le savais là-bas bien plus en sécurité et, surtout, il allait pouvoir jouir d’une tranquillité et d’un cadre harmonieux pour se remettre de sa terrible perte. La dernière remarque d’Aurore m’arracha un léger sourire, alors que mes bras étaient toujours refermés sur son être, ma joue pressée contre ses cheveux couleur des blés.

« Je n’ai aucun doute qu’avec toi il reçoive tout ce dont il a besoin. Je sais que ta tendresse et ton amour lui seront aussi bénéfiques qu’ils l’ont été pour moi. Et puis, tu sais, en tombant amoureux d’une femme telle que toi, je m’étais attendu à un peu de concurrence. » Je répondais à sa provocation amusée par une autre, et, pourtant, je le pensais. J’avais confiance en elle, et je la savais mon âme sœur, mais la baptistrelle était envoutante, et aussi insaisissable qu’elle était belle. Je déposais un doux baiser dans sa chevelure dorée, après avoir senti la douceur de ses lèvres contre les miennes, la laissant continuer.

Encore une fois, elle avait raison. Les hommes et femmes qui avaient choisi de m’accompagner n’étaient pour la plupart pas plus innocents ou plus inexpérimentés que je ne l’étais moi-même. Ils avaient simplement, comme moi, fait le choix de ne plus se battre, et de ne plus causer ni souffrir de plus de violences. Mais ce n’était pas pour autant qu’ils étaient fragiles, simplement, peut-être, plus sensibles à ce genre de spectacles. Mais, en définitive, n’était-ce pas pour le mieux ? S’habituer à ce genre de chose était peut-être ce qui pouvait leur arriver de pire, et le fait qu’ils puissent encore en être choqués me rassurait quant à ce qu’ils étaient profondément. Un groupe de cartographe, courageux, mais aucunement un ordre de guerriers. Cette pensée simple me rassura. La voix d’Aurore, elle se fit plus tremblante, et l’inquiétude commença à étreindre son ton. Je plongeais alors mon regard dans le sien, lui offrant un sourire comme une promesse rassurante.

« Tu as raison pour les Aigles. Et le fait qu’ils soient encore choqués par ce genre de spectacle me rassure. Je ne veux pas diriger une unité guerrière, et cela prouve qu’ils partagent encore des valeurs qui me sont chères. Mais je ne veux pas que l’un d’entre eux ne meure. Je ne peux pas l’envisager, comme je ne peux envisager de te perdre toi, par-dessus-tout. Je ne veux pas non plus que des gens souffrent à cause de ce que j’aurais pu faire, ou décider, et je ne veux pas être un héros de guerre. Je veux simplement être digne de la confiance que ces hommes et ces femmes ont placée en moi. Alors, s’il faut pour cela les protéger, je dois le faire, et je sais que tu comprends, car nous sommes tout deux épris de cette intention. Et c’est pour cela que mes sentiments pour toi sont aussi forts, mon amour. » Je lui souriais doucement, avant de reprendre. « Mais, par-dessus-tout, je t’ai fait une promesse, celle de toujours revenir à tes côtés. Et je l’honorerais, aussi, quelque soient les épreuves qui se présenterons à moi, dangereuses ou non, je serais assez fort pour les surmonter tant que tu seras là pour m’attendre. » Je déposais alors un nouveau baiser sur ses lèvres, reconduisant ainsi cet accord amoureux que nous avions passé quelques mois auparavant.

Notre baiser fut rompu par les pleurs de l’enfant. Je laissais alors Aurore s’écarter de moi afin de prendre dans ses bras le tout petit elfe. Je regardais le duo avec tendresse, m’approchant alors et glissant aux côtés de mon amante, observant le petit être innocent qui se trouvait contre elle. J’ôtais délicatement l’un de mes gants pour glisser ma main sur la joue de l’enfant, tournant ensuite mon regard vers la femme que j’aimais.

« Nous ne pourrons pas faire plus pour lui que de lui donner tout l’amour qu’il mérite. Je ne sais pas s’il se souviendra de cet épisode de sa vie mais, même si tel est le cas, alors il faudra simplement être là pour lui permettre de transformer cette douleur en une force tranquille. Sa vie vient de commencer et je sais qu’avec toi, il pourra parvenir à avancer et devenir tout ce dont il a envie. » Le contact de ma main sur la joue de l’enfant sembla apaiser ce dernier, qui se blotti alors contre elle, une douce chaleur envahissant ma poitrine. « Il sera un grand elfe, j’en suis persuadé. »

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Je rougis au compliment de mon amant. Ce doit être ça l’amour, être convaincu que l’autre est un être extraordinaire. Dans le cas de Seö, c’est vrai. Il est fort, doux, attentionné est surtout ouvert d’esprit, prêt à aller vers les autres et les protéger. Dans mon cas, je ne vois pas ce qu’il me trouve de spécial. Je ne suis qu’une simple guérisseuse, ma puissance magique n’a rien d’unique et je ne suis qu’une simple humaine qui passe. Qu’il se soit attaché à moi me rend tellement heureuse, bien que je ne comprenne pas ce qu’il me trouve. De même, sa remarque à propos d’une potentielle concurrence me laisse perplexe. De quel genre de concurrence parle-t-il ? Parle-t-il d’un concours entre nous deux ? Mais un concours sur quoi ? Peut-être pense-t-il que je voudrai le conserver toujours prêt de moi, ce qui est vrai, mais au détriment de sa liberté. J’aimerai le rassurer, lui dire que je préfèrerai toujours son bonheur au mien mais il ne me laisse pas lui répondre.

Ses paroles me réchauffent le cœur et chassent mes inquiétudes aussi efficacement que le baiser qui les suit. J’ai confiance en lui, et je sais qu’il fera tout pour tenir sa promesse, bien que je sache aussi que son caractère le poussera toujours à risquer sa vie pour sauver celles des autres. Je ferai pareil et c’est ce que j’aime chez lui et c’est pour ça qu’on s’aime, qu’on est si bien ensemble. Nous sommes les deux faces d’une même pièce, fait d’un morceau mais avec des facettes différentes. Je serai toujours là pour toi, à attendre ton retour. Pas toujours au même endroit, mais je t’attendre. Quoi que non, je viendrai te chercher, lorsque l’attente sera trop longue. A mon tour de te faire une promesse. Où que tu sois, je te retrouverai toujours. Mais je t’aimerai, toujours. Comme je sais que tu feras un capitaine extraordinaire pour ces hommes et femmes et que tu feras toujours le bon choix, je sais que le monde, l’équilibre, a voulu que nous nous rencontrons et soyons liés. Je n’ai aucun doute là-dessus. Je réponds à son baiser jusqu’à ce que le bébé nous interrompt.

Dans mes bras, son corps est tiède et il se calme. Sa peau est douce, et maintenant son visage serein. La caresse de Seö sur sa joue semble encore plus l’apaiser. Mon regard quitte le poupon pour mon amant, et alors qu’il observe l’enfant, je me prends à rêver. Se seulement c’était possible. Maman m’en avait parlé, qu’un jour, je trouverai comme elle un homme, et qu’avec lui, je voudrai fonder une famille, créer un monde à notre image. Faire fleurir et éclore quelque chose d’encore plus beau. Maman a rencontré Papa plus tard que moi j’ai rencontré Seö, mais elle a toujours su que c’était avec lui qu’elle fera fleurir le monde. Dans mon amour pour Seö, c’est le seul nuage. Nous ne ferons jamais fleurir le monde. A moins que… Et si cet enfant… Et si ce n’était pas un hasard, ou plutôt et si c’était le Hasard, qui l’avons mis sur notre chemin. D’une tragédie sort toujours un bien. Mon esprit jeune et fécond se complait dans cette idée. Pour tout bien, il y a un mal équivalent mais l’inverse aussi.

L’idée folle qui germe dans mon esprit me séduit et m’effraie. Je pourrai m’en occuper personnellement, le garder, l’éduquer. Seö pourra m’y aider, j’en suis certaine, il en sera certainement très heureux. Mais serai-je capable d’être une mère ? Ai-je seulement le droit de le faire ? L’enfant n’est pas de mon peuple. Il sera à peine adulte que je mourrai. Est-ce juste de lui infliger ça ? Oui. La présence de Seö, son regard, sa confiance, tout me fait croire que oui.

Ce sont finalement les paroles de mon amant qui finisse de me convaincre. Je suis convaincue qu’à nous deux, nous pourrons lui donner la vie qu’il mérite. Mais il sera ce qu’il voudra. Un grand elfe, ou non. Un héro comme toi, ou un guérisseur comme moi. Un fermier, un artisan, un musicien. Nous ferons ce qu’il faut pour qu’il puisse vivre son rêve, tout comme je vis les miens un peu plus chaque jour à tes côtés. Il deviendra un marchand ou un pirate s’il le désir. Peu m’importe, car à lui, comme à tous les enfants dont j’ai eu à m’occuper pendant la guerre, il sera unique et merveilleux. Je ne comprends pas la volonté qu’on les gens à vouloir que leur progéniture devienne quelque chose de grand d’extraordinaire. Peut-être parce que petite, mes parents n’ont jamais rien attendu de moi que d’être heureuse et de rendre les gens autour de moi heureux car le bonheur des autres fera le mien. Cette philosophie est vraie, puisque le bonheur de Seö me rend complètement heureuse.

Mais le nuage plane toujours sur mon cœur, et il faut que j’en parle. J’essaye de prendre un ton qui ne trahi pas mon inquiétude mais ce n’est pas très réussi. Seö… Que se passera-t-il quand… Enfin, tu vois ? Je suis humaine… et tu es un elfe. Que se passera-t-il quand mon temps passera ? Quand tu seras encore jeune et moi déjà vieille ? Enfin, ce n’est pas ce que je veux dire. Ce n’est pas à ça que je pensais vraiment. C’est… Est-ce que tu penses que ce petit elfe pourrait être l’enfant que nous ne pourrons jamais avoir ensemble ? Mes idées sont confuses et mon trouble visible. J’ai évoqué un point que je ne voulais pas, à savoir notre avenir sur le long terme. Cette question me fait encore peur et je veux savourer chaque instant avec mon amant sans y penser. Mais les mots sont partis sans que j’y prête attention. J’attends donc la réaction de Seö, devant les seules inquiétudes qui occupent mon esprit.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Les douces paroles de mon amante apaisèrent la tempête qui tonnait dans ma poitrine. Chacune de ses phrases, je les avais imaginées, espérées en silence, mais les entendre m’en donnait la certitude profonde. Je savais qu’elle m’attendait et m’attendrait, car nous ne pouvions ni l’un, ni l’autre, imaginer une vie ou nous serions séparés, car nos âmes ne faisaient qu’une. Le destin nous avait réuni pour une raison, ou juste par pure logique. Même si différents, nous étions en réalité les mêmes, respirant par le même souffle et aspirant à la même paix. Je profitais du doux contact de ses lèvres contre les miennes pour mesurer ma chance, le bonheur que j’avais de simplement exister et revêtir une telle importance à ses yeux.

Mais, à présent, une curieuse sensation s’emparait doucement de moi, alors que j’étreignais Aurore en même temps que je caressais la joue de l’enfant. La sensation que notre étrange et disparate trio ne formait désormais plus qu’un, illuminés par les chatoyantes couleurs du crépuscule qui embrasait le campement. J’avais presque toujours eu une vie solitaire, et, si je pensais qu’elle me convenait à merveille, je mesurais à présent l’envergure de mon erreur. Ma rencontre avec Aurore, puis nos retrouvailles et finalement notre union m’avaient profondément changé. Cette nouveauté radicale, pourtant, ne m’effrayais pas, car, au fond de moi, je la savais juste et tellement plus belle que ce à quoi je pensais être promis. Mais, peu à peu, mon amour pour la baptistrelle s’était renforcé avec douceur et, d’un fleuve d’émotions furieuses et douces à la fois, nous étions passés à un doux océan utopique, que je n’aurais jamais pu croire exister un jour. Il était né de notre idylle de nombreuses et paisibles envies, celle de pardonner, et de réunir ma famille, de revoir mes parents mais, aussi et surtout celle de voir éclore une nouvelle branche de ma vie. De notre vie.

Nous étions ainsi, silencieux et côte à côte, songeant à ce que pouvait représenter ce nouvel arrivant tombé du ciel. Pour moi, mais aussi pour elle, et pour nous. L’idée d’un jour avoir des enfants avec mon âme sœur m’avait effleuré l’esprit, bien sûr, mais j’avais rapidement écarté cette douloureuse envie. Même si nos âmes chantaient à l’unisson, et en criaient la volonté, nos corps, eux, restaient limités par l’essence de nos existences même, et en étaient incapables. Cela ne ternissait en rien mes sentiments pour la jeune femme, mais je sentais qu’il s’agissait pour nous deux de notre seule déception. Faits pour être ensembles, sans toutefois pouvoir fonder de vraie famille. Et il était donc d’autant plus merveilleux de contempler ce lumineux petit être qu’Aurore chérissait dans ses bras. Du chaos, et de la peine, avait naquis la vie et la sérénité. Et, tout en gardant ma main posée sur la joue de l’enfant, je coulais un doux regard en direction d’Aurore, qui semblait convaincue par mes paroles.

Les siennes m’arrachèrent un doux sourire, et je comprenais que mes paroles l’avaient portée à confusion. Je ne souhaitais en rien être comme mon père lorsqu’il m’avait éduqué. J’avais trop appris de mes erreurs, de ses défaites, pour en être une copie. Ma vision des choses était profondément différente de la sienne, aussi, la grandeur dont pouvait parler mon géniteur n’avait pas le même sens que la grandeur dont j’avais parlé. Nos idéologies étaient même radicalement opposées, aussi, je souriais, légèrement amusé, à mon amante, avant de lui répondre.

« Je suis d’accord avec toi, mon amour, mais ne te méprend pas. Je n’ai nulle envie de forcer ce petit être à devenir quelque chose qu’il ne veut pas être. J’en ai moi-même trop souffert et je ne commettrais jamais cette erreur une deuxième fois. » Commençais-je sans m’épandre, avant de reprendre. « Pour moi, il y a de la grandeur dans tout ce qui existe sur cette terre et l’ancienne. S’il devient ce qu’il a toujours été au fond de lui, et qu’il trouve sa voie, c’est là pour moi le principal et, à mes yeux, il sera, par ce seul fait, un grand elfe. Je ne demande pas plus que ça. » Finis-je avec un sourire.

Mais soudain, dans le ton de mon amante sembla s’ajouter une pointe plus sombre, une inquiétude, une douleur et une peur qu’elle paraissait peiner à formuler. C’était une crainte logique, et prévisible au vu de notre union, et il allait falloir que nous en parlions un jour ou l’autre. Je lui souriais tendrement, plongeant mon regard ambré dans l’azur de ses yeux, ne pouvant m’empêcher de songer à quel point l’amour semblait irrationnel et impétueux. Il était complexe, insaisissable. Il aurait été tellement plus logique et responsable pour nous de tomber amoureux d’individus de notre propre race, mais pourtant nous ne pouvions envisager une vie l’un sans l’autre.

« Ton âme ne changera en rien avec le temps mon amour, et c’est de cette âme dont la mienne s’est éprise. Je te trouve et te trouverais toujours magnifique. Le temps qui passe est une impression bien inconnue à mon peuple, et ce sentiment de grandir, d’avancer et de vieillir me semble bien plus beau que celui de rester éternellement jeune. J’ai envie de le vivre, à tes côtés, car je sais que rien ne changera jamais la jeune femme dont je suis si éperdument tombé amoureux. Qu’importe le reste, je ne peux et ne veux pas vivre sans toi Aurore. Je le pense aujourd’hui et je sais que je le penserais toujours, quoiqu’il arrive. » Je déposais un doux baiser sur son front, avant de poursuivre, regardant tendrement l’enfant. « En ce qui concerne ce petit elfe, je ne peux te dire si le destin en a voulu ainsi, car je ne peux me résoudre à ce qu’il puisse être cruel à ce point. Ce que je sais, c’est qu’il appartenait à une famille nomade et qu’il vient de la perdre. Alors, c’est sans doute une idée précipitée, et un peu folle, mais je dois t’avouer que je me plais à croire que nous pourrions être sa nouvelle famille. Je… J’ai toujours souhaité que nous puissions vivre cette vie ensemble, Aurore, et j’ai envie de croire qu’il puisse être cette occasion que j’ai tant espérée. » Répondis-je, la voie légèrement nouée par une émotion nouvelle.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Je serre l’enfant un peu plus contre moi avant de me coller dans les bras de mon amant. J’ai besoin de son étreinte, de sa présence et alors qu’il m’enlace et parle, une larme coule sur ma joue. Puis d’autres suivent. Je ne sais si c’est la fatigue, le soulagement, la joie, le bonheur ou la tristesse, mais je me sens vidée, incapable de contrôler ce flot de sentiments. Ils doivent sortir. La balance n’est pas faite et pourtant le monde est parfait. Seö, Lapsë et moi. L’un contre l’autre. Les bruits du camp disparaissent, il n’y a que nous trois. Et la possibilité de fonder une famille. Maman m’avait dit qu’un jour, je voudrai arrêter les voyages, qu’un jour, il n’y aura rien d’intéressant dehors, ou rien qui ne demande de tout quitter. Je pensais que ce jour viendrait, j’en étais convaincue, car si maman le dis, c’est que c’est vrai. Elle l’a bien vécu avec papa. Mais je croyais que ce jour ne viendrait que bien plus tard.  

Mais aujourd’hui, dans les bras de Seö, je suis heureuse. Et je n’ai plus peur. Je sais que tout ira bien. Mon cœur s’emballe encore plus alors qu’il finit de me rassurer. Je sèche mes larmes pour sourire, admirative à mon amant. Une famille. L’elfe que j’aime rêve lui aussi d’une famille. Est-ce qu’il va… ? Est-ce qu’il veut vraiment fonder une famille avec moi ? Je me formule cette question juste pour sentir tout mon être y répondre, en chœur, oui. Le doute n’est pas permis. Je dois lui répondre quelque chose, mais quoi ? Seö… Un baptistrel ne peux pas mentir. Je t’aime. Ma voix est douce, presque soufflée. Comme si les mots prononcés étaient trop légers pour être dits à voix haute. Comme s’ils n’étaient réservés qu’à nous trois. C’est la première fois que je lui dis ces mots pourtant si simple et si beau. Je n’en étais peut-être pas sûre avant, ou alors j’avais peur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Nous restons un instant en silence, enlacés l’un contre l’autre. Moi contre Seö, Lapsë contre moi. Je voudrai une famille. Je voudrai avoir une famille avec toi. Et j’aimerai que tu rencontres la mienne. Je voudrai partager mon bonheur avec eux. Je voudrai… Ma phrase reste en suspens. Non, je ne peux pas encore le dire. Pourquoi ? Je ne sais pas. Tant de questions se bousculent dans ma tête quand je parle avec Seö, quand je pense à lui. Tant d’absence de réponse. J’aimerai avoir quelqu’un à qui me confier en plus de Seö, pour pouvoir y voir plus clair, sans obscurcir notre amour par mes questions. Je ferme les yeux et décide de me laisser envahir par la chaleur de son corps.

Juste me concentrer sur son contact, sur sa présence. Sentir ses bras à travers ma tenue, la pression qu’il exerce contre moi, contre Lapsë. L’enfant sent le sable chaud, l’été, le soleil. Seö sent l’herbe fraîche, l’humus et l’automne. Je nous vois courir, loin, loin de tout. Juste nous trois, libre de la guerre, libre du danger. Pourtant cette image est faussée, elle ne me plait pas. Je continue à m’enfoncer dans les bras de mon amant, plus loin dans mon cœur. Je trouve ce que je veux. C’est loin des descriptions des romans mais je nous vois, chevauchant, allant de ville en ville, le jeune elfe jouant avec les hommes, moi soignant les blessés. Certaines sont graves, d’autres non. Il n’y a pas forcément de paix dans mon rêve, juste du bonheur parce que nous sommes à trois.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Alors qu’Aurore se blottissait contre moi, je resserrais mes bras sur son dos, mes mains se glissant dans le creux de ses hanches pour raffermir notre douce étreinte. Je me mis alors à ressentir quelque chose de nouveau. Non pas la chaleur du corps de la Baptistrelle qui m’était devenu aussi familière que vitale, mais une sensation d’absolution, de renouveau comme de plénitude. La présence de Lapsë venait ajouter une touche chantante à mon bonheur déjà largement comblé par l’amour de la jeune femme. Si mon père avait toujours voulu que je devienne ce qu’il n’avait jamais réussit à devenir pour être fier, je comprenais maintenant plus clairement son erreur, et l’occasion que l’univers me donnait de la réparer à tout jamais. Former une famille, éduquer un enfant pour qu’il puisse s’épanouir comme il l’entendait, qu’il ait une enfance heureuse, aimante, entouré d’une mère et d’un père qui l’aimaient plus que tout au monde, pour enfin qu’il devienne ce qu’il avait envie d’être… Peut-être était-ce la manière de rattraper quelque chose qui ne pourrait sans doute plus être défait. Non, c’était plus fort que ça, beaucoup plus puissant qu’une simple revanche. Je ne le connaissais que depuis quelques heures pourtant j’aimais déjà ce petit être. Comme j’aimais la Baptistrelle, et l’idée de fonder une famille à ses côtés.

Ses paroles vinrent ajouter un point d’orgue à cette douce utopie. La Baptistrelle ne m’avait encore jamais déclaré son amour de cette façon auparavant. Je n’en doutais pas, et n’en avais jamais douté, seulement, les entendre de sa part fit naitre une nuée de papillons dans ma poitrine. Il était vrai qu’ils étaient doux, et incroyablement puissants, ces quelques mots. Je l’enserrais doucement, glissant ma main le long de son dos à mesure qu’elle continuait à parler. Je n’avais besoin de parole pour consentir à ses pensées, car elles étaient également les miennes. Il n’y avait qu’elle qui faisait tourner mon monde, et maintenant, il y avait Lapsë. Nous formions une petite famille et, même si je ne savais pas encore ce que l’avenir pourrait nous réserver, je le savais radieux. Une seule chose manquait à ce tableau, et, si j’y avais d’ores et déjà songé depuis longtemps, les propos d’Aurore me rappelaient quelque chose dont je devais m’acquitter avant de faire ce long et grand pas dans l’inconnu. Mon amante parut hésitante un instant, et j’en profitais pour achever la course de ma main qui s’arrêta en une caresse derrière sa nuque pour m’emparer de ses lèvres.

Nous échangeâmes ainsi un long baiser passionné, oubliant le reste du monde autour de nous. Aurore était mon âme sœur, et je n’avais jamais eu aucun doute à ce sujet. Nous étions destinés à nous rencontrer, à nous aimer, et à avancer ensembles dans ce nouveau monde comme dans les prochains. Et de l’unisson de nos souffles découlaient tout cette amour et cette reconnaissance envers l’univers pour nous avoir assemblés. Il n’y avait nul endroit sur cette terre où je préférais être, car ma place était ici, tout simplement. Notre échange dura une éternité, jusqu’à ce que nos lèvres finissent par se séparer, notre union maintenue par nos regards encore unis. J’offrais alors un doux sourire à Aurore, avant de détacher mon regard du sien.

Mes yeux s’écarquillèrent lorsque je vis qu’une grande partie de l’escouade des aigles s’étaient approché pour nous observer, faisant monter une légère chaleur au niveau de mes joues. Je les observais tour à tour, remarquant que, si les hommes se jetaient des regards amusés, les jeune femmes, elles, semblaient plus émerveillées qu’autre chose. Ce fut Lanä qui sortit la première du mutisme ambiant, pour lancer.

« Ah hum… Désolé capitaine mais… On voulait savoir qu’est-ce que vous comptiez faire de l’enfant, et, je veux dire, on ne voulait pas vous déranger. » La jeune femme paraissait mi amusée, mi gênée, se frottant l’arrière de la tête, pendant que je tentais de me reprendre au mieux.

« Je… Lapsë retournera au domaine Baptistral avec Aurore. Il a encore besoin de soins, et surtout d’une attention bien particulière. C’est la meilleure solution. Nous retournerons donc rapidement en direction de la capitale Elfique, préparez-vous à partir. » Leur lançais-je, tâchant de faire fit au mieux de la situation, ne me rendant pas compte, que ma main était instinctivement restée posée sur la hanche d’Aurore.

Lanä hocha alors la tête, faisant signe à nos spectateurs de la suivre, nous laissant ainsi quelques instants en paix

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Quelle douce félicité. La sérénité qui m’habitude maintenant est absolument. La peur s’en est allée, le futur, l’incertitude, les questions, tous ont disparu alors que le tendre contact des bras de Seö sur mon corps diffuse une douce chaleur bienveillante. Malgré la température du désert, rien ne me détacherait de mon amant. Pas après lui avoir avouer mon amour aussi clairement. Pas depuis qu’il a avoué vouloir fonder une famille avec moi. Pas depuis qu’il a accepté de servir de père à Lapsë. Je ne sais pas si je suis à la hauteur, à mon âge, de l’éducation à apporter à un enfant. Mais Seö est si sûr de lui, sa confiance déteint sur moi.

Un profond baiser. C’est étrange comme un geste si simple, peut procurer autant d’émotion. Nos lèvres serrées l’une contre l’autre semblent être un pont d’où circule notre amour. Ou bien est-ce le dernier maillon d’une étreinte ? Lui contre moi, moi contre lui. Un échange mutuel de nos corps qui se conclut par les lèvres. Les yeux fermés, je distingue tout de même son visage. La petite boule de chaleur contre mon ventre s’agite doucement. L’enfant semble vouloir partager notre amour, car malgré notre étreinte, j’ai fait bien attention de ne pas trop le presser entre nous. Il est encore si faible, si fragile. Si seulement je pouvais lui donner de la force. Mais ça viendra.

Ses lèvres s’éloignent des miennes doucement. La quiétude s’envole avec elle. J’entrouvre les yeux puis les fixe dans ceux de l’elfe sue j’aime. Je retrouve mon univers dans ce regard et répond à son sourire. L’instant est éternel et tellement beau que j’en oublie le reste du monde. C’est Seö qui regarde aux alentours et voit ses yeux s’agrandirent de surprise. A mon tour, je porte mon regard sur ce qui nous entoure. Les Aigles sont là, à nous regarder. Ce n’est pas très gentil de leur part d’être restés pendant notre moment d’intimité. Certains semblent gênés en effet d’être témoins, d’autres sourient d’un air entendu, d’autres encore semblent sous le charme de notre couple. La surprise, contrairement à l’habitude, me pousse contre le torse de Seö. Sentant sa main se resserrer contre ma hanche, je me détends et pose ma tête contre son torse. Je sens le rouge me monter aux joues. C’est étrange, cette gêne que nous ressentons tous les deux quand notre amour est visible en public. Comme si ça ne devait appartenir qu’à nous.

Les Aigles se dispersent après les ordres de leur Capitaine. Nous devrions nous préparer aussi. Et j’aurais besoin de matériel pour le voyage, pour Lapsë. Viens m’aider. Le camp n’aura pas été installé très longtemps. Pourtant personne ne se plaint une seconde. Le spectacle dont certains ont été témoins et dont les autres ont entendu les récits, a retiré l’envie d’explorer la région à l’unité la plus pusillanime de la garde d’exploration. Ce n’était pas des combattants après tout, ils étaient juste des cartographes. Bien que le danger fasse parti de leur quotidien, ce n’est pas pour autant qu’ils souhaitent lui faire face.

Je charge donc ma jument de différents éléments nécessaires pour mon voyage retour. Je sais avant même qu’il ne me l’annonce que Seö ne rentrera pas avec moi. Sa mission n’est que partie remise, et les Aigles devront faire ce pourquoi ils sont venus. Mais avant, leur capitaine les laisse accepter ce qui les attend. Il me manquera de menus choses, mais je pense pouvoir m’en passer jusqu’au Domaine.

Nous chevauchons jusqu’à la capitale, mais à la différence du trajet, nous ne nous cachons plus. Nous ne nous exhibons pas non plus. Disons que nous partageons la même tente de façon officielle, mais que nous ne nous tenons pas la main en public. Ceux qui vivent avec nous connaissent notre idylle, un étranger ne la verrait pas. C’est mieux ainsi, c’est plus sain. De toute manière, notre amour n’est pas passionnelle, il est simple et naturel.

Je fais quelques provisions, suffisamment pour que Lapsë ne manque de rien sur tout le trajet retour, aux cas où je ne trouverai pas ce qu’il faut dans mes étapes. Pour moi c’est plus simple, et moins encombrant, mais je ne préfère pas trop me charger, je peux me passer de repas par moment si nécessaire. Je me fabrique à l’aide de bandes de tissus, une espèce de harnais pouvant accueillir Lapsë et me laisser les mains libres.

L’heure des au revoir est venue. Mon amant m’accompagne un peu sur le chemin, pour une dernière étreinte, loin des regards de son unité. J’aurai voulu qu’elle dure éternellement et que mon amant accepte de venir avec moi, vivre au Domaine. Mais je ne lui en parle pas et ne le souhaite pas. S’il acceptait, il perdrait ce qui fait de lui Seö. C’est un elfe libre, et même s’il m’aime, sa vie perdrait en couleur en restant contenu à ma proximité. Je le sais car c’est un de nos points communs. Bien qu’ayant des devoirs au Domaine, je suis libre de partir quand bon me semble aussi longtemps que je le souhaite, sans demander à quelqu’un. Je romps finalement notre étreinte et notre baiser, dépose un baiser sur la joue de mon amant en me mettant sur la pointe des pieds et grimpe à cheval. Tout en lui faisant signe de la main, je m’éloigne. Puis il disparait au détour du chemin, ou est-ce moi qui disparait ? Je ressens une pointe de tristesse, mais vite effacé par l’espoir de le revoir bientôt, et par le devoir que j’ai de m’occuper du petit elfe.

Sur la route, je regarde régulièrement un nouveau bijou. Ce collier acheté à la capitale elfique, que j’ai lié à mon amant me permet de savoir qu’il va bien tout le temps. Un rapide regard sur sa couleur et sa teinte dansante entre le jaune, le mauve et le blanc, me rassure toujours. Il va bien. J’ai un peu honte de l’espionner ainsi, surtout que s’il ne va pas bien, s’il est en danger, je ne pourrais rien faire pour le secourir. Ce n’est peut-être pas une si bonne, car s’il me rassure, ce collier fait planer aussi la crainte de le voir changer de couleur. Je me force donc à ne pas trop souvent le regarder.

Mais au troisième soir, alors que Lapsë s’est endormi bercé par un chant que maman me chantait souvent et que nous reprenions à l’unisson, je me perds dans la contemplation de cet étrange artefact. Puis mon cœur se serre à la vision d’un changement de couleur. Je blêmis et retient un cri de détresse en le voyant devenir complètement bleu, bleu foncé, un bleu profond. Sans m’en rendre compte, j’équipe ma jument et tenant Lapsë dans mes bras, je rebrousse le chemin, au galop mais prenant garde à ne pas secouer trop l’enfant. Heureusement que ma jument est puissante et endurante. Ce qu’il m’a fallu trois jours à parcourir, je ne le fais qu’en un seul. Je ne regarde pas le collier, trop inquiète à l’idée de le découvrir noir. Craignant toutefois que les Aigles se soient déplacés pendant les quatre jours, je me guide à l’aide d’une boussole qu’Illyanth m’a offerte, avant mon départ. Je ne sais pas comment le Cawr du feu a eu cette idée, mais elle ne me sera probablement jamais plus utile que maintenant.

J’aperçois le camp dans lequel j’entre en trombe. La nuit vient à peine de tomber et de l’écume coule sur ma jument, mais elle a compris ma détresse et n’a pas renâclé. Une partie de mon esprit note qu’il faudra que je la remercie et la soigne pour son courage. La boussole m’indique une tente dans laquelle j’entre brutalement, Lapsë toujours dans mes bras. Seö se tient debout. Sans m’arrêter, je me jette dans ses bras. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je ne remarque pas tout de suite les veinules argentées qui traverse son corps et visage tant mes yeux sont emboués de larmes.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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J’avais reçu, depuis quelques heures, la visite de bon nombre de mes hommes et femmes, qui, inquiets, étaient venues constater ma bonne santé, et repartaient tous avec un air surpris et ébahi, incapable de comprendre ce qu’il venait de se passer. Il fallait dire que ce que je venais de traverser n’avait rien de commun, et surtout, était encore parfaitement inconnu, même de la doctoresse de notre jeune troupe, qui, malgré ses inspections, ne parvenait à trouver aucune réponse. Je contemplais dans le miroir toujours positionné devant moi, les veinures cuivrées qui étaient venues striller ma peau.

Pourtant, je me sentais bien, surtout comparé à l’enfer bouillonnant que j’avais traversé quelques heures auparavant. Ma santé ne semblait pas altérée, et, plus que ça encore, je débordais soudain d’énergie, ce qui était plus étonnant étant donné que la journée avait été plutôt riche en émotion. Je rassurais donc rapidement la jeune femme à mon chevet, observant toujours, torse nu, l’ensemble des arabesques qui se dessinaient sur mon nouveau corps. Car c’était le mot. Même s’il ne m’était pas complètement étranger, je sentais ne pas encore totalement m’y reconnaitre, ni même reconnaitre quelque chose qui m’était plus proche : la magie qui m’habitait. En attestaient d’ailleurs les enchantements que je portais encore sur moi. Même en me concentrant comme je le faisais d’habitude, j’étais parfaitement incapable de les activer. Et c’était bien la première fois que je ressentais un pareil blocage. Il n’était pas comme celui que j’avais pu expérimenter auprès des chimères, qui empêchaient purement et simplement la magie de souffler autour de nous. Non, c’était davantage comme si une clé tentait de forcer une serrure qui n’était pas la sienne, comme si le glyphe n’était pas fait pour fonctionner avec n’importe quel réceptacle. En soit, c’était logique. J’avais toujours accordé mes objets à ma magie d’une manière complexe, si bien qu’ils m’étaient intimement liés. Si j’avais changé à ce point, et bien que je ne puisse en comprendre la raison, alors mon propre équipement ne me reconnaissait plus comme son propriétaire légitime. La seule question n’était pas de savoir s’il serait possible de corriger cet aspect, mais plutôt de savoir ce qui se passait réellement. Sans cette réponse, je n’allais simplement pas risquer de réactiver mes enchantements.

Un bruit de galop se fit alors entendre à l’extérieur. Je ne me souvenais pas avoir envoyé de quelconques éclaireurs durant les dernières heures, et malgré leur bravoure générale, la plupart sont encore trop expérimentés pour prendre des initiatives. Mais je n’eu guère le temps de me poser plus de question, alors qu’une jeune femme blonde que je connaissais bien faisait irruption dans la tente. J’eus à peine le temps de me retourner pour l’accueillir qu’elle se jetait dans mes bras. Si le bonheur de la revoir était bel et bien présent, je ne comprenais pas la raison de sa présence ici. Je fronçais les sourcils, songeant à une attaque qui aurait pu la forcer à rebrousser chemin. Mais, lorsque j’entendis ses premiers mots après notre étreinte, je restais perplexe. Comment avait-elle su ? C’est alors que je remarquais le bijou qui pendait autour de son cou, et me rappelait lui avoir justement prêter ma magie. Mon amante avait dû sentir et voir la détresse qui s’était emparée de moi, et avait fait demi-tour pour s’assurer de ma bonne santé. Je raffermissais mon étreinte, la rassurant immédiatement.

« Je ne sais pas moi-même, je dois te l’avouer. » Dis-je, avec un léger amusement. « Mais je vais bien, tu n’as plus à t’inquiéter. Il faudra simplement que je passe à la capitale, à moins que, toi, tu ais une idée ? »

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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Seö me serre contre lui. Cela fait à peine quelques jours que nous avons été séparés mais son étreinte est un délice, comme si on m’en avait privée pendant plusieurs mois. L’inquiétude que j’ai eue pour lui, ce que j’ai vu dans mon médaillon, la terreur de le voir m’être arraché ou tout simplement l’idée qu’il souffre ne fait qu’amplifier le bonheur de le savoir en bonne santé et vivant. Son odeur était merveilleuse, la chaleur et la force de ses bras sont de doux trésors.

Je sens la peur et l’inquiétude disparaitre, loin de moi. Je me rends compte que ma vie était bien plus douce avant cet amour. Je ne me souviens pas avoir ressenti pareils soucis pour quelqu’un. Bien sûr, je me soucie des autres, mais pas autant que je me soucis de Seö. J’étais bien plus insouciante, mais bien moins heureuse. Car rien ne peut égaler le réconfort qu’apporte le contact de la peau de la personne qu’on aime contre la sienne. Le battement de son cœur finit de chasser les nuages noirs qui assombrissaient mon esprit et mon cœur se met à l’unisson du sien. Entre nous, Läpse respire paisiblement, comme si lui aussi était réconforté.

Après un instant dans cette position. Je prends un peu de recul, glissant ma main dans celle de mon amant. Je le regarde et remarque enfin les veinules qui recouvre son visage. Une fugace stupeur traverse mon visage vite remplacé par un sourire tendre, alors que je retourne me blottir contre lui. Je ne suis plus du tout inquiète, car je sais ce qu’il lui est arrivé. Je ne sais pas pourquoi ni comment il a subi cette transformation, mais ce n’est pas la première fois que je la vois. Je le regarde en souriant.

Nous pouvons aller à la capitale des elfes si tu veux. Et si ton devoir t’y autorise. Ou bien je peux d’expliquer ce qui vient de t’arriver, du moins ce que j’en sais. Te voir en bonne santé ne m’inquiète plus et pour ce que j’ai compris, ce qu’il t’arrive n’est pas nocif. Valtalyn a connu le même sort, après un voyage qui semble avoir libérer une puissante magie endormie. Tu viens d’en découvrir les affres j’en ai bien l’impression. Je n’ai pas remembrance de douleurs, peut-être Valtalyn a gardé ce passage sous silence volontairement. Cependant….

Mon regard se fait vague, tandis que mon sourire se fade légèrement. Je pose les yeux sur le petit elfe que j’ai décidé de garder et d’élever. Oui, j’espère pouvoir l’élever comme mon fils et celui de Seö, en compensation de notre impossibilité à en avoir réellement de nous, nous en aurons un réellement à nous. Läpse dort paisiblement dans mes bras son visage est doux, paisible, mais qui sait si la magie ne va pas le frapper à son tour. Si la transformation ne lui sera pas aussi douloureuse, peut-être trop douloureuse. A travers le médaillon, j’ai cru que mon amant allait mourir, alors qu’il est fort et en pleine possession de ses moyens. Qu’en sera-t-il d’un bébé ? D’un nourrisson ? Non, il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour Läpse, une fois au domaine ou à la capitale des elfes, peut-être que plus d’aide nous sera apportée.

Tu as raison sinon. Nous devrions aller à la capitale elfique, afin d’en savoir plus. Le petit pourrait le subir aussi et les conséquences sur son organisme déjà affaibli par la rudesse du désert ainsi que son jeune âge. Cela m’inquiète quand j’ai vu perçu la douleur que tu as eu par cette transformation.

descriptionSables oubliés [Pv. Aurore] EmptyRe: Sables oubliés [Pv. Aurore]

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