Même si j’avais eu du mal à me faire à mon rôle de commandant des Aigles, je commençais tout doucement à m’y habituer, et une douce routine commençait à tranquillement s’installer dans mon quotidien. Je me sentais particulièrement à l’aise parmi les hommes et femmes qui avaient placé leur confiance en moi, et, même si je ne me sentais pas toujours digne de cette dite confiance, je tâchais de l’honorer au mieux. Sur bien des aspects, j’avais l’impression de plus être à ma place parmi eux que parmi la Caste. Non pas que la compagnie de Lewyn ne me manquait pas, parfois, mais les Aigles possédaient quelque chose que je n’avais pas trouvé auprès de mes anciens confrères. Ils n’étaient pas des guerriers dans l’âme, tout comme je ne l’étais pas. La vie était donc nettement plus semblable à celle que je vivais lors de mes aventures, plus jeune, et, même si, par sécurité, je les forçais parfois à observer un entrainement un peu plus strict que par le passé, j’insistais bien sur le fait qu’à part pour se défendre, je ne voulais pas qu’ils utilisent leurs armes. Nous étions des cartographes, des armes exploratrices, non pas des guerriers. Et la distinction était, pour moi, essentielle.
Nous étions donc restés un peu plus longtemps que les autres unités sur l’île qui abritait le domaine baptistral. Néthéril était bien vaste et, une fois que les loups d’Erdrak eurent fini de s’assurer que la zone était globalement sûre, il nous restait beaucoup à faire. L’été touchait doucement à sa fin, et quelques averses vinrent nous surprendre parfois, ralentissant considérablement notre progression. Je passais donc quelques soirées avec mes compagnons, et d’autres, seul. Allongé sur un matelas de fortune qui me convenait pourtant parfaitement, je gardais les yeux rivés sur la toile tendue et humide de la tente dans laquelle je séjournais, alors que mes pensées s’évadaient vers celle qui était le centre de mon monde. Je me demandais, un sourire en coin, ce que pouvait bien faire, ou apprendre, mon amante durant son séjour au domaine. La sensation qui m’envahissait durant ces moments était particulièrement étrange. Bien sûr, Aurore me manquait, mais nous étions à la fois si proche et si loin que j’avais du mal à ressentir une quelconque tristesse de ce manque. Je savais qu’elle m’attendrait toujours, quelque part, et cette seule pensée suffisait à atténuer la douleur qu’avait mon âme d’être séparée de son autre moitié. D’autres réflexions, et idées, vinrent s’ajouter peu à peu à cet état si particulier. L’envie de fonder une famille, bien que ce fût compliqué, se fit de plus en plus grandissante, alors que jamais, au cours de mon existence, je ne l’avais une seule fois eu en pensée. Je m’endormais souvent ainsi, l’âme assaillie de question, mais apaisée, dans l’attente de rapidement revoir l’élue de mon cœur. La dernière fois que j’avais vu la baptistrelle, nous étions à la fin du mois de Juin, et, même si nous nous y étions préparés au vue de nos vies respectives, ces quelques mois me paraissaient une éternité, malgré des journées bien remplies.
Vint alors ce début de mois de Septembre, où notre mission sur l’île de Néthéril se termina. Il n’y eut que peu d’accrocs, et le bilan était donc on ne peut plus encourageant. C’était donc dans la bonne humeur que le campement plia les dernières tentes. J’avais reçu, plus tôt, une missive concernant la prochaine zone à explorer. Il s’agissait purement et simplement du sud de l’île de Keet-Tiamat, le berceau de mon peuple. La zone comportait quelques grands dangers, comme par exemple les vers des sables, mais c’était surtout son climat particulièrement rude qui m’inquiétait. Alors que nous remballions nos affaires, il me vint alors une idée, qui pouvait coïncider avec mes nouveaux engagements. Pour quelques jours, le temps de faire le voyage, je donnais le commandement de la troupe à Läna, une quadragénaire énergique qui semblait jouir d’un charisme instinctif envers ses camarades. Elle était réfléchie, et surtout, très peu influençable, ce qui en faisait, en mon absence, une commandante rêvée. Je lui fis promettre d’attendre à une destination convenue, légèrement à l’écart de la grande cité elfique pour ne pas s’attirer de méfiance inutile, pour que je puisse l’y rejoindre. J’accompagnais donc ma troupe jusqu’au port où ils embarquèrent sans tarder.
Après avoir observé leur bateau s’éloigner doucement à l’horizon, je réajustais alors mon fourreau dorsal et mon sac, avant de prendre la direction du domaine baptistral. Si mon amante y était présente, je lui proposerais de découvrir avec moi la nouvelle cité elfique, que je n’avais encore jamais vue. L’idée de découvrir le nouveau berceau de mon peuple en compagnie de mon âme sœur m’enchantait tout particulièrement et, même si je n’avais pas oublié mes prérogatives quant au commandement que l’on m’avait confié, je n’en restais pas moins une âme éprise de liberté. Ces quelques jours pourraient s’annoncer particulièrement doux et agréables, et la simple idée de revoir mon amante, même si elle ne pouvait ou voulait m’accompagnait, emplissait déjà ma poitrine d’une douce chaleur.
Comme la première fois, je m’essayais à la surprendre. C’était devenu, implicitement, et inconsciemment, un habile jeu entre nous. Aurore était, ce soir-là, dans sa chambre-atelier. Elle semblait s’exercer à utiliser la magie elfique, car j’en ressentais les vibrations dans toute la pièce. En si peu de temps, elle était devenu bien meilleure que moi, et son affinité avec les flux magique ne semblait plus à prouver. Toutefois, elle paraissait trop concentrée pour remarquer ma présence. Aussi, je me glissais derrière elle, comme un ombre, glissant tendrement mes mains sur ses hanches. D’abord surprise, elle se retourna vivement, puis, lorsqu’elle me vit, son visage s’illumina. Nous partageâmes alors de longs et passionnés baisers, avant que je ne puisse lui faire part de la raison de ma venue. Mon amante ne fut pas difficile à convaincre, aussi, après une nuit passée nos âmes lovées l’une contre l’autre, nous partîmes en direction de la nouvelle capitale de mon peuple.
Le voyage fut doux, et nous profitions pleinement de nos retrouvailles. Les longs mois passés loin d’elle n’avait en rien entaché notre affection ni notre passion. Comment l’auraient-ils pu. Je découvrais d’un œil presque amusé que la baptistrelle paraissait particulièrement être à l’aise avec la navigation, aussi, nous passions une grande partie de notre temps sur le pont, à regarder l’océan. Il nous fallut quelques jours pour rallier la capitale, que nous découvrions tous deux avec des yeux émerveillés, explorant paisiblement chacun de ses recoins. Mais il vint rapidement le temps où je devais repartir et retrouver les aigles qui devaient déjà m’attendre depuis quelques jours. Mais, là où je pensais le temps des aux-revoir venus, mon amante me surprit en souhaitant partager durant quelque temps l’aventure que nous vivions.
Bien que sa présence m’enchantait, bien sûr, je ne savais pas s’il était de bon ton pour moi d’accepter. Après tout, je n’avais jamais occupé de postes à responsabilité, et il n’était surement pas bien vu d’emmener sa bien-aimée en mission. Toutefois, devant son insistance, et son argumentaire concernant l’importance que pouvait avoir la présence d’une baptistrelle en cas de besoins, je finissais par accepter, et nous rejoignîmes tout deux le campement des aigles qui attendaient patiemment ma venue.
Ces derniers furent surpris de me voir arriver avec une jeune femme, baptistrelle qui plus est, et il aurait été idiot de nier que notre arrivée fit jaser, me rappelant presque le moment où nous nous étions retrouvés dans la caravane d’Amont. Nous les ignorions alors simplement, sachant pertinemment que la situation se tasserait rapidement. Toujours était-il que la présence d’une nouvelle venue parmi les aigles semblait mettre de bonne humeur les cinquante hommes et femmes qui étaient sous ma responsabilité. Alors que nous voyagions vers le Sud de l’île, je pus remarquer que la jolie baptistrelle, douce et souriante, comme à son habitude, semblait attirer les faveurs de jeunes hommes de son âge. Si j’en ressentais une pointe de jalousie, parfois, je ne le montrais que peu, ayant suffisamment confiance en mon amante pour savoir qu’elle saurait gérer ce léger aspect, même si, parfois, je lui venais en aide, usant gentiment, mais fermement, de mon autorité envers mes hommes, ce qui devait d’ailleurs renforcer drastiquement les rumeurs sur notre relation.
Après quelques jours de voyage, nous arrivâmes devant les immenses dunes de sable si caractéristiques du Sud de l’île. A partir de ce moment s’étendait devant nous un territoire presque inconnu, qui n’attendait qu’à être découvert. Avant de nous enfoncer dans les terres, nous avions établi un petit campement à l’entrée du désert, afin de bien nous préparer. Il faisait déjà une chaleur accablante, et les conditions pour les jours à venir risquaient d’être bien plus difficiles. Mais la présence de mon amante à mes côtés m’apaisait. Bien sûr, c’était sa douceur et les sentiments infinis que j’éprouvais pour elle qui me donnaient cette sensation, mais c’était également car j’avais pleine confiance en ses capacités de guérisseuse, et de magicienne. Son aide était précieuse, et je me réjouissais d’avoir cédé devant son insistance.
Les préparatifs étaient presque terminés, et quelques éclaireurs étaient partis devant, commençant à braver les dangers du désert, lorsque je fus alerté par un premier cri. L’un des hommes qui étaient parti en avance, un dénommé Ràmon, revenait en courant vers nous, le visage blême. Il s’arrêta alors devant nous, reprenant son souffle, avant de relever les yeux vers moi.
« Commandant, on a un problème. Je… nous étions en train de patrouiller, et nous sommes tombés sur une caravane… Il faut que vous veniez voir ça. » Au vu de son visage, il n’était pas difficile de deviner ce qui avait bien pu arriver. Et nous n’avions même pas commencé notre mission. Je jetais un regard inquiet à Aurore. Si nous avions des guérisseurs, elle était tout de même la plus à même de prodiguer des soins de grande envergure.
Suivant le soldat pendant quelques dizaines de minutes à un pas plutôt soutenu, nous arrivâmes bien vite sur le lieu qui avait suscité l’alerte. Au vu de l’état des chariots dévastés, et du sable qui les recouvrais de partiellement jusqu’à presque complètement pour certains, l’incident devait avoir eu lieu quelques jours auparavant. Alors que nous avancions, prudemment, tous nos sens aux aguets, nous décelions rapidement que les dégâts n’étaient pas que matériels. Des corps gisaient dans le sable, sans vie, du sang séché mélangé à la poussière brune qui nous entourait. L’endroit était calme, aussi, j’ordonnais à la dizaine d’hommes qui m’entouraient.
« Cherchez des survivants. » Je me tournais alors vers Aurore, sachant que ce genre de spectacle ne faisait plus partie de son quotidien.
Nous étions donc restés un peu plus longtemps que les autres unités sur l’île qui abritait le domaine baptistral. Néthéril était bien vaste et, une fois que les loups d’Erdrak eurent fini de s’assurer que la zone était globalement sûre, il nous restait beaucoup à faire. L’été touchait doucement à sa fin, et quelques averses vinrent nous surprendre parfois, ralentissant considérablement notre progression. Je passais donc quelques soirées avec mes compagnons, et d’autres, seul. Allongé sur un matelas de fortune qui me convenait pourtant parfaitement, je gardais les yeux rivés sur la toile tendue et humide de la tente dans laquelle je séjournais, alors que mes pensées s’évadaient vers celle qui était le centre de mon monde. Je me demandais, un sourire en coin, ce que pouvait bien faire, ou apprendre, mon amante durant son séjour au domaine. La sensation qui m’envahissait durant ces moments était particulièrement étrange. Bien sûr, Aurore me manquait, mais nous étions à la fois si proche et si loin que j’avais du mal à ressentir une quelconque tristesse de ce manque. Je savais qu’elle m’attendrait toujours, quelque part, et cette seule pensée suffisait à atténuer la douleur qu’avait mon âme d’être séparée de son autre moitié. D’autres réflexions, et idées, vinrent s’ajouter peu à peu à cet état si particulier. L’envie de fonder une famille, bien que ce fût compliqué, se fit de plus en plus grandissante, alors que jamais, au cours de mon existence, je ne l’avais une seule fois eu en pensée. Je m’endormais souvent ainsi, l’âme assaillie de question, mais apaisée, dans l’attente de rapidement revoir l’élue de mon cœur. La dernière fois que j’avais vu la baptistrelle, nous étions à la fin du mois de Juin, et, même si nous nous y étions préparés au vue de nos vies respectives, ces quelques mois me paraissaient une éternité, malgré des journées bien remplies.
Vint alors ce début de mois de Septembre, où notre mission sur l’île de Néthéril se termina. Il n’y eut que peu d’accrocs, et le bilan était donc on ne peut plus encourageant. C’était donc dans la bonne humeur que le campement plia les dernières tentes. J’avais reçu, plus tôt, une missive concernant la prochaine zone à explorer. Il s’agissait purement et simplement du sud de l’île de Keet-Tiamat, le berceau de mon peuple. La zone comportait quelques grands dangers, comme par exemple les vers des sables, mais c’était surtout son climat particulièrement rude qui m’inquiétait. Alors que nous remballions nos affaires, il me vint alors une idée, qui pouvait coïncider avec mes nouveaux engagements. Pour quelques jours, le temps de faire le voyage, je donnais le commandement de la troupe à Läna, une quadragénaire énergique qui semblait jouir d’un charisme instinctif envers ses camarades. Elle était réfléchie, et surtout, très peu influençable, ce qui en faisait, en mon absence, une commandante rêvée. Je lui fis promettre d’attendre à une destination convenue, légèrement à l’écart de la grande cité elfique pour ne pas s’attirer de méfiance inutile, pour que je puisse l’y rejoindre. J’accompagnais donc ma troupe jusqu’au port où ils embarquèrent sans tarder.
Après avoir observé leur bateau s’éloigner doucement à l’horizon, je réajustais alors mon fourreau dorsal et mon sac, avant de prendre la direction du domaine baptistral. Si mon amante y était présente, je lui proposerais de découvrir avec moi la nouvelle cité elfique, que je n’avais encore jamais vue. L’idée de découvrir le nouveau berceau de mon peuple en compagnie de mon âme sœur m’enchantait tout particulièrement et, même si je n’avais pas oublié mes prérogatives quant au commandement que l’on m’avait confié, je n’en restais pas moins une âme éprise de liberté. Ces quelques jours pourraient s’annoncer particulièrement doux et agréables, et la simple idée de revoir mon amante, même si elle ne pouvait ou voulait m’accompagnait, emplissait déjà ma poitrine d’une douce chaleur.
Comme la première fois, je m’essayais à la surprendre. C’était devenu, implicitement, et inconsciemment, un habile jeu entre nous. Aurore était, ce soir-là, dans sa chambre-atelier. Elle semblait s’exercer à utiliser la magie elfique, car j’en ressentais les vibrations dans toute la pièce. En si peu de temps, elle était devenu bien meilleure que moi, et son affinité avec les flux magique ne semblait plus à prouver. Toutefois, elle paraissait trop concentrée pour remarquer ma présence. Aussi, je me glissais derrière elle, comme un ombre, glissant tendrement mes mains sur ses hanches. D’abord surprise, elle se retourna vivement, puis, lorsqu’elle me vit, son visage s’illumina. Nous partageâmes alors de longs et passionnés baisers, avant que je ne puisse lui faire part de la raison de ma venue. Mon amante ne fut pas difficile à convaincre, aussi, après une nuit passée nos âmes lovées l’une contre l’autre, nous partîmes en direction de la nouvelle capitale de mon peuple.
Le voyage fut doux, et nous profitions pleinement de nos retrouvailles. Les longs mois passés loin d’elle n’avait en rien entaché notre affection ni notre passion. Comment l’auraient-ils pu. Je découvrais d’un œil presque amusé que la baptistrelle paraissait particulièrement être à l’aise avec la navigation, aussi, nous passions une grande partie de notre temps sur le pont, à regarder l’océan. Il nous fallut quelques jours pour rallier la capitale, que nous découvrions tous deux avec des yeux émerveillés, explorant paisiblement chacun de ses recoins. Mais il vint rapidement le temps où je devais repartir et retrouver les aigles qui devaient déjà m’attendre depuis quelques jours. Mais, là où je pensais le temps des aux-revoir venus, mon amante me surprit en souhaitant partager durant quelque temps l’aventure que nous vivions.
Bien que sa présence m’enchantait, bien sûr, je ne savais pas s’il était de bon ton pour moi d’accepter. Après tout, je n’avais jamais occupé de postes à responsabilité, et il n’était surement pas bien vu d’emmener sa bien-aimée en mission. Toutefois, devant son insistance, et son argumentaire concernant l’importance que pouvait avoir la présence d’une baptistrelle en cas de besoins, je finissais par accepter, et nous rejoignîmes tout deux le campement des aigles qui attendaient patiemment ma venue.
Ces derniers furent surpris de me voir arriver avec une jeune femme, baptistrelle qui plus est, et il aurait été idiot de nier que notre arrivée fit jaser, me rappelant presque le moment où nous nous étions retrouvés dans la caravane d’Amont. Nous les ignorions alors simplement, sachant pertinemment que la situation se tasserait rapidement. Toujours était-il que la présence d’une nouvelle venue parmi les aigles semblait mettre de bonne humeur les cinquante hommes et femmes qui étaient sous ma responsabilité. Alors que nous voyagions vers le Sud de l’île, je pus remarquer que la jolie baptistrelle, douce et souriante, comme à son habitude, semblait attirer les faveurs de jeunes hommes de son âge. Si j’en ressentais une pointe de jalousie, parfois, je ne le montrais que peu, ayant suffisamment confiance en mon amante pour savoir qu’elle saurait gérer ce léger aspect, même si, parfois, je lui venais en aide, usant gentiment, mais fermement, de mon autorité envers mes hommes, ce qui devait d’ailleurs renforcer drastiquement les rumeurs sur notre relation.
Après quelques jours de voyage, nous arrivâmes devant les immenses dunes de sable si caractéristiques du Sud de l’île. A partir de ce moment s’étendait devant nous un territoire presque inconnu, qui n’attendait qu’à être découvert. Avant de nous enfoncer dans les terres, nous avions établi un petit campement à l’entrée du désert, afin de bien nous préparer. Il faisait déjà une chaleur accablante, et les conditions pour les jours à venir risquaient d’être bien plus difficiles. Mais la présence de mon amante à mes côtés m’apaisait. Bien sûr, c’était sa douceur et les sentiments infinis que j’éprouvais pour elle qui me donnaient cette sensation, mais c’était également car j’avais pleine confiance en ses capacités de guérisseuse, et de magicienne. Son aide était précieuse, et je me réjouissais d’avoir cédé devant son insistance.
Les préparatifs étaient presque terminés, et quelques éclaireurs étaient partis devant, commençant à braver les dangers du désert, lorsque je fus alerté par un premier cri. L’un des hommes qui étaient parti en avance, un dénommé Ràmon, revenait en courant vers nous, le visage blême. Il s’arrêta alors devant nous, reprenant son souffle, avant de relever les yeux vers moi.
« Commandant, on a un problème. Je… nous étions en train de patrouiller, et nous sommes tombés sur une caravane… Il faut que vous veniez voir ça. » Au vu de son visage, il n’était pas difficile de deviner ce qui avait bien pu arriver. Et nous n’avions même pas commencé notre mission. Je jetais un regard inquiet à Aurore. Si nous avions des guérisseurs, elle était tout de même la plus à même de prodiguer des soins de grande envergure.
Suivant le soldat pendant quelques dizaines de minutes à un pas plutôt soutenu, nous arrivâmes bien vite sur le lieu qui avait suscité l’alerte. Au vu de l’état des chariots dévastés, et du sable qui les recouvrais de partiellement jusqu’à presque complètement pour certains, l’incident devait avoir eu lieu quelques jours auparavant. Alors que nous avancions, prudemment, tous nos sens aux aguets, nous décelions rapidement que les dégâts n’étaient pas que matériels. Des corps gisaient dans le sable, sans vie, du sang séché mélangé à la poussière brune qui nous entourait. L’endroit était calme, aussi, j’ordonnais à la dizaine d’hommes qui m’entouraient.
« Cherchez des survivants. » Je me tournais alors vers Aurore, sachant que ce genre de spectacle ne faisait plus partie de son quotidien.