aramis a écrit:30 Septembre au domaine
Les derniers jours avaient été surchargés et lourds en émotions pour la chantebrise, que ce soit à cause de l'attaque du domaine par les chimères ou les discussions du conseil en rapport avec une réaction appropriés contre cela, l'impératrice ne pouvait pas se plaindre de n'avoir rien eut à faire. Mais son domaine… Celui de son ordre, de sa famille... Elle était amère à la simple pensée des morts que devait maintenant déplorer la rhapsodie dans ses rangs, mais surtout qu'il faille à nouveau partir en guerre alors que la paix avait été si chèrement gagnée. Un nouveau combat à mener pour qu'elle soit restaurée, un combat qu'elle mènerait jusqu'au bout…
Et c'est ainsi, qu'elle se trouvait au domaine en ce jour pour superviser certaines choses et finir de rendre hommage aux quelques rhapsodiens qui avaient périt. Mais aussi pour s'assurer que ceux qui avaient été présents au domaine lors de cette attaque s'en remette à terme, car le choc avait dû être grand, notamment pour les jeunes enwrs qu'elle aurait aimée pouvoir préserver de tels dangers…
Mais aussi pour son frère Ilyanth, celui-ci qui avait été traumatisé par la bataille de Sandur avait dû grandement souffrir de tout ceci, de cela mais aussi de la disparition de leur frère enwr glacernois… C'était une véritable tragédie et elle ne pouvait que comprendre la douleur de son ancien élève. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle n'avait guère tardé en ce jour à rejoindre ce dernier qui se trouvait au sanctuaire du vent, d'un pas léger comme le vent elle annonça sa présence de sa voix douce comme la brise du printemps.
« Ilyanth ? Comment vas-tu ? Puis-je faire quoi que ce soit pour toi mon frère ? » Elle disait cela avec une certaine prévenance en posant sa main droite sur l'épaule gauche du chantefeu, ce avant d'ajouter songeuse qu'elle était en contemplant du regard le sanctuaire où ils se trouvaient.
« Qui aurais pu penser que le domaine se ferait à nouveau attaquer et ainsi ? Je suis désolé pour tout ce qui a pu arriver, si seulement j'avais pu être là pour vous aider de mon mieux... » Dans les faits, elle avait été occupée à Estellïn pour des affaires politiques, mais elle regrettait en effet de ne pas avoir été aux côtés de ses frères lorsque tout ceci était arrivé… Néanmoins, ce n'est pas pour autant qu'elle n'avait pas fait de son mieux pour soutenir ses frères et qu'elle ne continuerait pas à le faire. C'était son devoir de rhapsodienne après tout et elle ne tenait pas à ce que sa grande famille souffre injustement. Comme elle avait pu souffrir il y a seulement quelques jours de cela...
Cette froide journée de Septembre, où la pluie n’en finissait pas de tomber, s’annonçait particulièrement mélancolique pour le jeune Elfe. Quelques jours auparavant, son frère et ami, Ascheriit, s’était fait enlevé par ces créatures nommées chimères et nul ne savait ce qui adviendrait de lui…
Ilyanth ressentait un immense chagrin que rien ne paraissait pouvoir apaiser. Le domaine Baptistral pansait ses plaies mais partout où il tournait le regard, il ne voyait que des larmes et n’entendait que des lamentations.
L’heure était grave et il le savait. Sans cesse, les paroles de la chanteciel, Aléria Blanchécume résonnait dans son esprit…Les Armandéens avaient commis une erreur, mais laquelle ? Depuis toutes ces années, ceux-ci s’étaient évertués à entretenir la paix et à construire un monde plus harmonieux. Par Dracos, en quoi avaient-ils pu bien faillir ?
Hélas, nul ne possédait la réponse à cette lancinante question et, désormais, les esprits n’étaient plus là pour les guider…
Fort heureusement, le Dracos subsistait et le Baptistrel ne doutait pas du fait que celui-ci interviendrait à l’avenir pour venir au secours des Armandéens, comme il l’avait fait maintes fois par le passé.
L’attaque avait causé de nombreux morts et blessés parmi la population du domaine, et le cœur du chantefeu se serra à la pensée des Enwrs décédés et il songea avec tristesse et amertume à la souffrance de leurs familles. Ceux-ci étaient venus dans ce lieu sacré afin d’y trouver la paix et n’y avaient rencontré que la mort. L’existence pouvait parfois se révéler si injuste et une profonde affliction l’envahit à l’idée qu’une nouvelle guerre venait de débuter.
Armanda était-elle prisonnière d’une inexorable destinée qui poussait les êtres à livrer d’innombrables combats, encore et toujours ?
Ilyanth se questionnait à ce sujet et n’eut été les flammes de l’espérance qui brûlaient en lui ; celui-ci aurait sombré dans le désespoir le plus noir.
Alors qu’il avançait, hagard, dans les allées du domaine, ses pas le menèrent jusqu’au sanctuaire du vent. Neolenn appréciait ce lieu paisible où il ressentait une profonde sérénité et où soufflait un vent de liberté.
Il se perdit dans une contemplation méditative des quatre dolmens, lorsque soudain des pas feutrés retentirent derrière lui et l’elfe entendit une voix aussi douce que le chant des rivières.
C’était celle de sa sœur Aramis qui venait s’enquérir de ses nouvelles. D’un geste plein de douceur et de sollicitude, elle posa la main sur son épaule, déplorant les tragiques évènements qui frappaient le domaine. Le chantefeu gardait en mémoire le traumatisme du carnage de la bataille de Sandur et celui de la destruction du premier domaine.
Cette nouvelle attaque ravivait des blessures pas encore cicatrisées. Les prunelles émeraude de la chantebrise étaient emplies de tristesse et Neolenn esquissa un sourire, tentant de la rassurer. Mais son ravissant visage arborait des traces de fatigue et ses yeux étaient rougis par les nombreuses larmes versées :
- En vérité ma sœur, je ne vais pas très bien moralement depuis que ces monstres nous ont attaqué, mais je ne veux pas que tu t’inquiètes à mon sujet. Tu as déjà tes propres soucis…
Ilyanth déposa lentement sa main sur celle d’Aramis posée sur son épaule et lui dis d’une voix douce :
- Je pense que tu n’as pas à te culpabiliser de ne pas avoir été là, tu ne pouvais pas deviner que le domaine serait attaqué. Sans oublier que cela aurait été terrible si tu étais tombée entre leurs mains…Nous avons tenté de nous défendre mais…ces créatures créaient de mystérieux portails et utilisaient une force capable d’absorber la magie…même les vibrations du monde semblaient avoir disparu. C’était vraiment horrible comme sensation…
aramis a écrit:Aramis tenait bon comme toujours, elle tenait bon et elle continuerait à avancer que ce soit pour honorer la mémoire de ceux qui étaient tombés ou sauver ceux qui pouvaient l’être. Néanmoins, ce n'est pas parce que la chantebrise avait une détermination infaillible qu'elle ne pouvait pas prendre un temps pour pleurer les morts, mais surtout pour poser un regard amer sur ce qui aurait pu être fait pour éviter autant de tragédies, ne serait-ce que pour empêcher cela si cela venait à devoir se reproduire un jour…
« J'ai mes propres soucis en effet, mais serais-je une bonne sœur si je ne m'inquiétais pas pour mes frères et sœurs baptistrels suite à ce genre d’événements ? Vous êtes ma famille et une famille se soutient, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments. » Répondit-elle calmement à Ilyanth et ce en lui souriant alors qu'il déposait sa main sur la sienne, Aramis resta silencieuse quelques instants, puis ajouta avec douceur elle aussi.
« Je pense que j'aurais pu faire la différence, tomber entre leurs mains ? Peut-être... Même si je pense que je serais arrivée à m'en sortir. » Elle restait une grande guerrière après tout, même si elle ne tuait pas bien entendu, elle aurait sans doute pu se défendre, mais surtout défendre les siens, quoique avec la magie affaiblie.... Après elle n'aurait probablement pas fait la différence à elle seule de toute manière, mais ça aurait pu aider.... « De toute manière, il est bien trop tard maintenant pour savoir si j'aurais réellement pu changer quelque chose ou non à ce qu'il s'est passé… Et si la magie a été affaiblie, en effet cela n'a pas aidé. » Elle semblait pensive, elle regardait son frère silencieusement, sentant la tristesse de ce dernier irradiait par son chant nom. La chantebrise se mit devant lui et le prit dans ses bras pour l'éteindre avec affection et surtout sollicitude, ce avant d'ajouter d'une voie mélangeant amertume et espoir.
« Si je peux faire quoi que ce soit pour soulager ta peine mon frère, ne serait-ce que t'écouter la confier, sache que je le ferais avec joie. J'ai certes moi aussi mes propres préoccupations, mais je serais toujours là pour toi, comme je serais toujours là pour venir en aide à chacun de nos frères et sœurs rhapsodiens. Nous sommes une famille, nous ne sommes pas seuls et c'est ensemble et unis que nous triompherons de cette épreuve et honorerons la mémoire de ceux qui sont tombés. » Elle l'invitait ainsi à dire ce qu'il avait sur le cœur s'il le désirait, après tout des fois cela faisait du bien de juste laisser sortir ce genre de choses. Surtout qu'en tant que chantefeu, Ilyanth vivait pleinement ses émotions et ses passions. Elle préférait donc faire preuve de sollicitude envers ce dernier, ce avec une attitude maternelle qui la caractérisait souvent quand elle interagissait avec ses amis et ses frères et sœurs baptistrels. Après tout son dévouement envers l'ordre était indiscutable et elle était sans doute prête à tout les sacrifices pour le bien de sa famille, tant que bien entendu ces sacrifices n'allaient pas à l'encontre des valeurs défendues par la rhapsodie et l'impératrice.
Le chant-nom de l’impératrice irradiait de chaleur et de compassion et Ilyanth puisa un peu de réconfort dans sa présence et ses paroles bienveillantes.
Depuis l’attaque des chimères et la disparition d’Ascheriit, celui-ci ne faisait que ruminer ses sombres pensées et sa douleur, au point d’en perdre le sommeil. Assurément, ce n’était pas la meilleure chose à faire pour apaiser son esprit tourmenté. Pourtant, ce dernier ne parvenait pas à chasser l’image de son ami se sacrifiant pour le sauver de son esprit. Pourrait-il jamais se pardonner une telle chose ?
- Ascheriit a disparu, l’une des chimères qui nous a attaqués l’a enlevé…J’étais là mais je n’ai rien pu faire. C’était moi qui aurais dû me trouver à sa place mais notre frère s’est interposé…pour me sauver.
Le chantefeu sentit le barrage qu’il avait érigé pour contenir ses émotions céder et les larmes ruisselèrent sur ses joues. Puis lorsqu’il retrouva un peu la maîtrise de lui-même, le jeune elfe s’adressa à sa sœur :
- Merci ma sœur de ta gentillesse et de ta sollicitude, je te remercie de me proposer ton aide et d’être là pour moi et pour chacun de nos frères et sœurs. Je pense que tu as raison, nous sommes une famille unie et je dois me remettre et continuer la lutte, ne serait-ce qu’en mémoire de tous nos morts. Je ne veux pas que ceux-ci aient versé leur sang en vain…
Aramis avait envers lui une attitude toute maternelle et le maître barde sentait qu’il pouvait lui confier sans crainte les chagrins de son âme.
- Notre frère me manque terriblement…depuis sa disparition, je peine à trouver le sommeil et les rares moments où je parvins à m’assoupir sont entrecoupés de cauchemars…Je revois le visage grimaçant de cette chimère et celui d’Ascheriit, juste avant qu’il ne disparaisse, emporté par ce portail. Ces visions je voudrais tant les effacer mais j’ignore comment faire…
aramis a écrit:« Il tient à toi autant que tu tiens à lui. Il a fait pour toi ce que tu aurais fais pour lui. Si c'était toi qui t'étais interposé, ce serait lui je pense qui serait en train de culpabiliser au sujet de ta disparition en ce moment. » Répondit Aramis avec sa voix apaisante et un léger sourire, en effet ils étaient comme une véritable famille et elle ne doutait pas qu'Ascherit tenait autant à Ilyanth que ce dernier tenait à lui et elle espérait sincèrement de tout son cœur qu'ils arriveraient à le retrouver…
« Nous avons tous le droit de pleurer Ilyanth et il est normal que tu soit affecté par la disparition de notre frère, mais vois cela aussi comme une raison supplémentaire d'être déterminé à le retrouver et à empêcher que cela arrive à nouveau. Nous ne pouvons malheureusement pas changer le passé mon ami, mais l'avenir est encore à forger. Retrouver Ascherit, empêcher que notre ordre soit à nouveau victime d'une telle tragédie, voilà certaines des possibilités qui se présentent à nous si nous sommes vigilants et déterminés. » Elle essaya de lui inspirer une certaine assurance et un désir de rendre l'avenir meilleur par ses paroles, ce en soulignant le fait qu'il était tout à fait possible de changer le futur.
« Je sais comment tu peux effacer ces visions mon frère, du moins sur le long terme. Il faut que tu partes à la recherche de notre frère dès que possible et que tu te fixes cela comme but jusqu'à ce que tu l'ai retrouver… Tu n'as que rarement quitter la compagnie des nôtres, mais je pense qu'il est venu le temps pour toi de partir explorer Armanda, mais aussi d'accomplir ta première véritable mission à l'extérieur du domaine. J'aurais bien voulu que celle-ci soit différente, mais je te fais confiance pour y arriver, à mes yeux ce n'est qu'une question de temps avant que tu retrouves Ascherit et le ramène entier au domaine. » Elle lui dédia un sourire confiant en disant cela, ce avant de conclure avec calme.
« Qu'en penses-tu ? Pour ma part je pense qu'il vaut mieux faire ainsi que de ne rien faire et de regretter. Ilyanth, ce n'était pas ta faute selon moi si notre frère à disparu, mais il appartient à toi de le retrouver si tu le désires et si tu y arrives, tu n'auras pas à t'en vouloir. Ascherit a besoin de toi, que tu soit déterminé à le retrouver, non que tu pleures sa disparition. » Elle espérait bien avec ces quelques paroles bien placées raviver la flamme de vie et de détermination de son frère pour ainsi pousser ce dernier à marcher de l'avant et non à stagner à cause du regret et de l’apitoiement, après tout il valait bien mieux que ça à ses yeux.
Ilyanth prêtait une oreille attentive aux paroles de sa Cawr et sentait au plus profond de son être à quel point elles étaient criantes de vérité. Si le lié du feu avait été enlevé à la place d’Ascheriit, c’est ce dernier qui verserait des larmes amères et serait consumé par la culpabilité et la douleur de perdre un frère. Neolenn désirait-il voir un être aimé en proie à l’affliction causée par sa disparition ? Bien sûr que non !
D’un geste sec, l’elfe du soleil sécha ses larmes et répondit :
- Je pense que tes paroles sont pleines de sagesse ma sœur, en me disant cela, tu m’as fait comprendre qu’en ce moment je me morfonds, ne pensant qu’à ma souffrance et désirant qu’Ascheriit ne se soit pas sacrifié pour moi. Mais peut-être est-ce seulement la douleur de la perte et la culpabilité qui me font penser ainsi…Si j’avais été enlevé, cela aurait représenté une immense perte aux yeux de ceux qui m’aiment et leur faire enduré une telle peine serait certainement égoïste de ma part. Par ailleurs, ce qui est fait est fait, je ne peux pas changer le passé…
De sa voix douce et apaisante, la chantebrise poursuivit en lui disant qu’il avait le droit de ressentir de la tristesse et de verser des larmes. En vérité, ce sentiment était naturel en raison des tragiques événements qui venaient de frapper le domaine Baptistral. Du reste, le jeune Chantefeu n’avait jamais su réprimer ses émotions ni les dissimiler, elles jaillissaient dans son cœur, tel le feu d’un volcan ou les eaux d’un fleuve tumultueux emportant tout sur son passage.
Ilyanth était un être de passion plutôt que de raison et celle-ci s’exprimait dans toute son intensité, pour le meilleur ou pour le pire, dans les flammes du bonheur ou les abîmes de la mélancolie.
L’impératrice Elfique tentait de lui insuffler l’espoir d’un avenir meilleur afin que celui-ci ne se laisse pas gagner par le découragement. D’un ton encourageant, elle l’exhorta à partir en quête de son frère disparu et de revenir auprès des siens qu’une fois cette mission accomplie.
- Mon cœur me dit la même chose, répondit le maître barde en souriant et en prenant les mains de sa sœur dans les siennes. Une part de moi est rongée par une terrible souffrance à l’idée de ce que notre frère subi en ce moment et la peur déchire mon âme. Mais en dépit de ces sombres sentiments, la lumière de l’espérance rayonne encore en moi et si je la laisse m’envahir, je sais qu’elle me donnera la force de braver tous les dangers et de traverser Armanda à la recherche de notre frère bien-aimé.
A présent le Bapistrel se sentait rasséréné et empli d’optimisme tandis qu’une franche détermination s’affichait sur son ravissant visage à la peau dorée.
- Ma chère Aramis…Je vais partir à la recherche d’Ascheriit, il est vivant j’en suis convaincu et cette tâche m’incombe. J’ai l’impression d’être le seul en mesure de le retrouver et de le ramener parmi nous. Je pressens que cette quête sera très ardue et j’ignore ce que ces monstres ont l’intention de faire de lui mais je n’ai pas l’intention de rester ici, les bras croisés, alors qu’il subit peut-être les plus effroyables tortures…Je ne sais pas non plus si j’ai la moindre chance de réussir car je ne dispose d’aucun indice ni d’aucun moyen de retrouver sa trace, mais je veux lutter de toute mon âme pour y parvenir…
Le jeune Elfe était déterminé à secourir son frère et cela malgré la crainte qu’il ressentait et l’immensité de monde qu’il n’avait encore jamais parcouru seul…Mais la peur n’éloignait pas le danger et elle s’insinuait dans nos veines, tel un poison, tandis que le courage représentait un feu qui embrasait, nous rendant plus fort et décuplant notre ardeur. Et le Rhapsodien voulait lutter afin de ne plus jamais perdre une chose qui lui était cher…Ce monde était le sien et il ne laisserait jamais les chimères s’en emparer sans combattre….
aramis a écrit:Aramis écouta avec calme et compréhension son frère qui semblait se reprendre et qui comprenait parfaitement où elle avait voulu en venir. Visiblement les choses s'arrangeaient de ce côté-ci et ce n'était vraiment pas pour déplaire à Thredë qui espérait qu'Ilyanth se reprenne pleinement pour pouvoir suite avancer avec confiance et détermination sur le chemin de l'avenir. Car oui, si le passé ne peut être changé et le futur est toujours à bâtir, c'est dans le présent qu'il faut agir si l'on veut espérer rendre ce monde meilleur et en tant que rhapsodiens tel était leur but.
Et elle était à sa manière fière de lui et contente de pouvoir l'aider et le soutenir. C'est ce qu'elle pensa en tout cas lorsqu'il lui prit les mains et continua à se confier. Oui, lorsque la génération de Thredë ne serait plus de ce monde, au moins serait-elle satisfaite de laisser celui-ci entre les mains d'elfes comme son frère. Car ainsi l’œuvre de la rhapsodie se poursuivait et elle aurait l'assurance que la lutte qu'elle avait menée toute sa vie se poursuivrait, certes différemment, certes par des gens différents, mais qu'au final le but serait le même et les résultats de cela tout aussi bénéfiques.
« Tu ne peux pas empêcher les souffrances qu'il ressent possiblement en cet instant Ilyanth, mais tu peux toujours les écourter. Tu peux toujours faire en sorte qu'il ait la vie sauve et c'est sur ce but qu'il faut se concentrer je pense. Par la suite, s'il a besoin que l'on prenne soin de lui, autant physiquement que mentalement, je pense que tu sauras être là pour lui et moi aussi. » Oui, elle tâcherait d'être là pour les soutenir tout les deux, ils faisaient partie de sa famille qu'était la rhapsodie après tout et elle ferait tout pour sa famille. « L'espoir, voilà ce qui nous guide et si tu ne perds pas espoir mon frère, je pense que rien de ce que tu entreprendras ne te seras impossible. » C'était en tout cas ainsi qu'elle avait vécu et elle savait fort bien qu'au final la plus grande des forces, était sans commune mesure la force de l'esprit…
Sur ce elle conclut avec chaleur quand il lui fit part de ses projets, chaleur et fierté. « Tu as ma bénédiction si tu désires partir à sa recherche Ilyanth, ma bénédiction et ma confiance. Je comprend ce que tu ressens à ce sujet et je ne peux que soutenir, certes je m'inquiète pour ta vie à toi aussi, mais je pense que tu sauras t'en sortir et le ramener parmi nous, j'en suis convaincue... » Elle resta silencieuse un instant, puis demanda avec sérieux et bienveillance. « Promet moi juste de revenir vivant. » Une promesse autant faîte par principe que parce que lorsqu'un baptistrel promettait quelque chose, c'était bien parce qu'il comptait tenir à sa parole. Ainsi, si Ilyanth faisait cette promesse, cela serait de bon présage pour sa survie et son avenir. Même si ce n'était qu'une promesse, la promesse d'un batpistrel tout de même.
La chantebrise se tenait face à lui, telle une présence douce et réconfortante, irradiant d’une chaleur toute maternelle. Ilyanth était heureux et comblé de savoir que cette dernière le soutenait et lui prodiguait du réconfort lors de cette douloureuse épreuve qui frappait le domaine. La Rhapsodie représentait une grande famille et un lien infrangible d’amitié et d’amour fraternel unissait chacun de ses membres. Ces nobles sentiments leur permettraient de triompher de tous les obstacles que le destin placerait sur leur chemin ; Neolen en éprouvait l’intime certitude.
La profonde amitié qui le liait à Ascheriit serait son guide sur la route tortueuse, censée le mener jusqu’à lui.
Pourtant, le lié du feu savait que cette quête ne serait pas sans danger et c’est avec solennité que son ancienne Cawr lui demanda de promettre de revenir en vie.
Le jeune elfe hésita avant de répondre car il tenait par-dessus-tout à préserver son serment de vérité. Les Baptistrels sacralisaient ce dernier et un seul mensonge prononcé, même involontairement, annulait toute possibilité de demeurer l’un d’entre eux. Cependant, le chantefeu était aussi conscient que sa détermination et sa foi en l’avenir représentaient ses meilleures armes et que s’il voulait ramener Ascheriit et rentrer sain et sauf, il devait y croire de toute son âme.
- Ma sœur, tu sais très bien que je n’ai pas l’habitude de faire des promesses si je ne suis pas certain de pouvoir les honorer. Mais si je ne peux te promettre de revenir vivant, car nul ne connait l’avenir, la promesse que je peux te faire est celle de lutter de toutes mes forces pour ramener Ascheriit parmi nous et revenir en vie au sein de notre famille. Cela j’en fais le serment, dit-il d’une voix vibrante d’émotions.
Toutefois, en dépit de son ardent désir de secourir son frère disparu, Neolenn réalisa qu’à l’heure actuelle, celui-ci ne disposait que de maigres indices et d’aucun moyen de retrouver la trace des chimères. Ces entités maléfiques se déplaçaient à l’aide de portails et leur repaire pouvait se trouver n’importe où sur le continent, voire dans un lieu inconnu des Armandéens.
Si Ilyanth se lançait dans cette quête à l’aveuglette, il était fort probable que ce dernier revienne bredouille… Mais alors que faire ?
- Aramis…Tu en sais peut-être plus que moi au sujet des chimères. Lors de leur attaque, elles ont créé des sortes de portails d’où s’échappaient des créatures monstrueuses, ressemblant à des loups vampiriques…Et un singe géant nous a attaqué dans l’observatoire des Chanteciels…Est-ce que tu en sais davantage à propos des chimères et connais-tu un moyen de les retrouver ? Peut-être que si nous interrogions les membres du domaine nous récolterions quelques indices ainsi qu’en fouillant dans l’un des livres de la bibliothèque…Notre sœur Aléria a dit que ces monstres sont apparus car les Armandéens ont commis une erreur, mais laquelle ?
aramis a écrit:« Cette promesse me suffit amplement mon frère et je prierai pour ton retour et celui d'Ascheriit. » Répondit-elle avec chaleur et bienveillance à son ami lorsque celui-ci précisa que s'il ne pouvait lui promettre de revenir vivant étant donné qu'il ne savait pas de quoi serait fait l'avenir, il pouvait lui faire la promesse de faire de son mieux pour que ce soit le cas et pour ramener Ascheriit au domaine. Elle espérait dans ce cas qu'il y arriverait, mais elle en était aussi certaine. Après tout il avait été son élève et elle savait de quoi le chantefeu était capable de ce fait. Oui, elle ne doutait point que sa quête serait une réussite.
Et quand il lui demanda si elle en savait davantage au sujet des chimères, elle ne manqua pas d'y réfléchir avec sérieux, avant ensuite de répondre patiemment.
« J'ai bien pu apprendre quelques informations sur les chimères, mais c'était il y a bien longtemps et je pense que ce n'est rien qui t'aidera beaucoup ou que tu ne sais déjà. Que ce soit le fait qu'elles désirent posséder le corps d'un autre être vivant et qu'elles vivaient dans le plan astral avant d'apparaître sur Armanda... » Elle écarquilla les yeux et marmonna avec stupeur. « Si cela se trouve, elle prévoient de posséder Ascheriit... » Ce qui serait un bien sinistre projet, mais assez cohérent avec le fait qu'elles aient enlever ce dernier… Elle ajouta sur ce avec réflexion. « Je pense que poser des questions à nos frères et consulter la bibliothèque du domaine ne serait pas une mauvaise chose, quant aux chimères… Je pense en vérité qu'elles sont apparues car la mort des esprits leur a laissé le champ libre, je ne saurai donc dire si cela est dû à une erreur des Armandéens… Mais c'est une piste à creuser, même si je ne peux pas te garantir que nous puissions trouver la réponse ici. Sauf peut-être dans la bibliothèque de l'observatoire céleste. » Surtout qu'elle avait déjà consulté presque tous les ouvrages de la bibliothèques depuis le temps, elle l'aurait donc remarquer si l'un d'entre-eux abordait le sujet des chimères… Mais qui sait ? Peut-être qu'ils pourraient trouver quelque chose à l'observatoire céleste par exemple ? Du moins elle n'écartait pas cette hypothèse...
Le chantefeu hocha la tête et adressa à sa sœur un sourire chaleureux, heureux qu’elle accepte sa promesse.
A cet instant, le cœur du jeune Elfe se sentait empli d’une folle espérance, de celles qui vous donne des ailes et vous font croire que l’impossible devient soudain à portée de main. Gonflé par cette force intérieure, Ilyanth se sentait prêt à affronter tous les dangers pour accomplir cette quête périlleuse, comme si l’amour porté à son frère lui permettait de surmonter ses propres peurs et de terrasser ses démons intérieurs.
- Merci ma sœur, je ferais l’impossible pour ne pas te décevoir et tenir mon serment, dit-il avec douceur.
Aramis posait sur lui un regard si plein de bienveillance et de fierté ; comment pourrait-il laisser ses prunelles d’émeraude se remplirent de larmes ? La chantebrise lui était trop précieuse pour que son âme soit déchirée par la perte de deux êtres chers.
Ilyanth frissonna quand sa sœur évoqua la possibilité qu’avaient les chimères de prendre possession du corps d’une créature vivante. Ces entités issues du plan astral ne possédaient pas d’autre moyen de s’incarner dans leur monde que d’user de cette technique infâme.
- Ainsi à leurs yeux, nous ne serions que vulgaires réceptacles, juste destinés à leur permettre d’envahir notre univers…Cette idée me glace d’effroi et pourtant elle est la plus sensée, je ne vois pas d’autres raisons pour elles d’enlever un maître Baptistrel et surtout de le garder en vie…Elles convoitent la magie Baptistrale, peut-être en raison de sa puissance et utilisent l’énergie du Néant pour nous empêcher d’user de la trame…Sentir la disparition de toute magie et du lien qui m’unissait à mon totem fut une expérience épouvantable, semblable à un déchirement, à une amputation…Je suis si habitué à sentir sa présence ainsi que celle des vibrations du monde que j’ai eu l’impression de perdre une part infiniment précieuse de moi-même.
Ensuite, Threde suggéra d’interroger leurs frères et sœurs ainsi que de consulter des ouvrages de la bibliothèque de l’observatoire des Chanteciels, afin d’y chercher l’un ou l’autre indice. Le fils du soleil acquiesça de la tête.
- Je suis d’accord avec toi, je pense également que ce sont des pistes à creuser. Qui sait, peut-être que quelqu’un a vu ou entendu quelque chose qui nous a échappé ou qu’un ouvrage rare, évoquant les chimères, se trouve enfermé dans la réserve de la bibliothèque de l’observatoire.
Le domaine renfermait tant de savoir et les rayonnages des bibliothèques comportaient tant de livres que même une longue vie d’elfe ne suffisait pas en parcourir l’étendue. Le Rhapsodien espérait trouver entre les pages jaunies de l’un d’entre eux les réponses qu’ils recherchaient tant…
Ils se rendirent donc en direction de l’observatoire céleste et en chemin, ils croisèrent des mines affligées et des yeux rougis par les larmes. L’atmosphère de cette journée de fin septembre, pluvieuse et mélancolique, faisait écho au chagrin et aux larmes versées par tous les habitants du domaine. Chacun ici avait perdu un être cher, un frère ou un ami…
En marchant, Neolenn baissait les yeux, tentant de refluer les émotions qui l’assaillaient et qui menaçaient de l’engloutir dans un torrent de tristesse. Enfin, ils parvinrent à l’entrée de l’observatoire des Chanteciels et le Cawr remarqua que le bâtiment portait encore les stigmates de l’attaque des chimères.
Après avoir demandé l’autorisation, ils gravirent les escaliers afin de se rendre à la bibliothèque et Ilyanth constata que celle-ci se trouvait toujours dans le même état qu’après l’offensive chimérique, c’est-à-dire sans dessus-dessous.
Son cœur se mit à battre plus vite et des flash-backs de la scène de l’enlèvement d’Ascheriit firent intrusion dans son esprit.
- C’est…c’est ici que c’est arrivé, que ce monstre l’a enlevé…murmura-t-il d’une voix éteinte, en s’appuyant sur l’épaule de la chantebrise.
aramis a écrit:« Je te fais pleinement confiance pour cela mon frère. Je n'ai jamais douté de toi. » Répondit-elle avec douceur elle aussi à Ilyanth lorsque celui-ci la remercia, contente de voir qu'il s'était ressaisit, elle fut par contre un peu plus soucieuse lorsqu'ils abordèrent plus avant le sujet des chimères…
« Oui, je sais ce que c'est de se sentir coupé des vibrations du monde, pendant 3 ans j'ai été privée d'elles à Morneflammes. Cette expérience fut amère, mais je pense qu'au moins cela m'a préparée à la revivre à nouveau si cela devait se renouveler. Je n'ai pas été au domaine quand les chimères sont venus, mais je saurais à quoi m'attendre et je tâcherai de faire au mieux. » Morneflammes avait été une expérience horrible, une expérience qui néanmoins ne l'avait pas brisée, mais rendu plus forte au final.
« Il ne nous reste dans ce cas là qu'à obtenir l'autorisation de nous y rendre et nous montrer prudent. Si les livres de l'observatoire ne sont pas accessibles à tous, c'est pour une bonne raison après tout. » Autorisation qu'ils na manquèrent pas d'aller demander, ce après avoir traversé un domaine en deuil, un deuil qui saisissait le cœur d'Aramis et la remplissait de détermination dans l'optique que cela ne se renouvelle point. Ainsi en tout cas était la chantebrise, déterminée…
Et ils finirent donc par atteindre la bibliothèque de l'observatoire qui était malheureusement sans dessus-dessous. Mais ce qui rendit le plus amer la chantebrise, ce fut de voir que son frère semblait se remémorrer l'enlèvement d'Ascheriit. Par réflexe elle lui posa une main sur l'épaule et murmura avec douceur.
« Et c'est ici que nous allons peut-être trouvé des indices qui nous permettrons de le retrouver. » Elle resta silencieuse quelques instants, puis demanda avec prévenance. « Pense tu y arriver ? Si tu veux tu peux attendre dehors que je trouve quelque chose ou aller te reposer. Je sais que cela a été dur pour toi et si cela te bouleverse, peut-être qu'il vaudrait mieux ne pas trop tirer sur la corde. » Elle ne sous-estimait pas après tout la gravité d'un tel traumatisme, surtout pour un chantefeu fils de la passion. Elle préférait donc le ménager si possible.
Revenir dans la bibliothèque de l’observatoire céleste, après l’attaque des chimères, ravivait des souvenirs douloureux chez le chantefeu. Mentalement, il revoyait le visage grimaçant du babouin qui les avait attaqué et enlevé leur frère Baptistrel. Autrefois ce lieu calme et paisible évoquait les longues matinées passées à étudier, mais désormais cet événement traumatisant entachait ces moments paisibles. Pourrait-il jamais revenir ici sans se remémorer ce qui s’y était déroulé ?
Pleine de sollicitude, la chantebrise lui proposa d’investiguer elle-même la bibliothèque, à la recherche d’un indice pendant que son frère se reposerait et l’attendrait dehors. Ilyanth secoua la tête négativement :
- Je te remercie pour cette délicate attention, mais je pense qu’il est préférable que nous cherchions à deux. J’étais présent lors de cette attaque et de l’enlèvement d’Ascheriit et en revenant à l’endroit même où il a disparu certaines choses peuvent me revenir à l’esprit et nous aider à le retrouver.
L’elfe était prêt à prendre sur lui, quitte à se faire violence si cela leur permettait de découvrir un moyen de secourir leur ami. Le lieu était désert et un silence austère planait, rendant l’atmosphère pesante et lugubre. Une partie des rayonnages s’était effondrée lors d’une explosion, répandant leur contenu livresque sur le sol. En s’avançant dans la salle, Neolenn retrouva l’endroit où Amaury avait été blessé et sur lequel se trouvaient des tâches de sang. Un malaise l’envahi lorsqu’il parvint enfin à l’endroit précis où la chimère avait créé un portail, avant de s’y engouffrer avec Ascheriit.
- Nous nous étions réfugiés dans la bibliothèque et cette chimère nous poursuivait. Elle avait l’apparence d’un grand singe mais pouvait s’exprimer distinctement. A cause de l’énergie du Néant nous ne pouvions pas nous défendre car la magie ne fonctionnait plus et nos corps étaient prisonniers d’une étrange torpeur. La chimère m’a empoigné…et a fait apparaître ce portail. Elle voulait m’emmener et je me débattais, quand…Ascheriit est intervenu…il m’a agrippé et délivré de la chimère juste avant que le portail ne s’effondre et qu’il disparaisse….
Narrer un tel récit était aussi douloureux pour le Rhapsodien que ressentir des pointes acérées s’enfoncer dans son cœur. Le destin lui semblait si cruel et si injuste et son visage angélique se couvrir d’un voile de tristesse.
- Parler de tout cela me fait si mal, dit-il simplement. J’aurais tant voulu que tout cela n’arrive jamais. Pourquoi la vie était-elle parfois si dure et si injuste ? Ascheriit était si bon, si courageux, il ne méritait pas un tel sort…
aramis a écrit:« Je vois, ton aide sera précieuse en effet selon moi, mais j'espère que devoir faire les recherches ici ne te seras pas trop pesant. » Répondit-elle avec une douceur non feinte, en effet elle se rappelait très bien que des fois son ami pouvait être gravement touché moralement parlant. Comme après la bataille de Sandur où il était resté dans un état proche de la catatonie pendant plusieurs jours, ça avait été une dure épreuve pour lui, une épreuve qu'elle espérait ne pas le voir trop souvent subir, du moins pas sans y être préparé.
Elle écouta donc avec une certaine attention son frère lui faire un récit des évènements, ce alors qu'ils se trouvaient là où Ascheriit s'était malheureusement fait enlevé. Dans quel état retrouveraient-ils ce dernier ? Vivant espérait-elle et d'ailleurs s'il se faisait posséder… Elle se disait que c’était peut-être pour le mieux, dans le sens que les chimères ne le tueraient ou tortureraient pas dans un tel cas…
« Je vois, c'est donc l'intervention de notre frère qui t'as empêché d'être kidnappé pour ta part... » Rumina t-elle à voix basse, comprenant parfaitement la raison pour laquelle Ilyanth se sentait coupable de ce fait… Elle ne manqua pas d'ailleurs d'ajouter d'un air pensif.
« C'est une belle preuve d'amour de sa part et je pense qu'il ne regrette rien, mais il sera heureux de te revoir lorsque tu le sauveras. Car je pense que pour ma part tu es destiné à le retrouver Ilyanth, ne me demande pas comment, mais je le sens au fond de moi. Cette certitude qui fait que je ne peux douter de ceci. » Elle posa à nouveau sa main sur son épaule et ajouta avec détermination.
« La vie n'est pas toujours juste et douce, elle est. C'est à nous de faire en sorte de lui donner des contours plus agréables et généreux, c'est notre devoir. Le monde est un ensemble fort complexe, un ensemble qui à la fois vie indépendamment de ceux le foulant, mais aussi d'une façon dépendante. Dans tous les cas je pense qu'il ne faut pas voir le fait que la vie peut-être dure et injuste comme une fatalité, mais comme un fait contre lequel il faut lutter et c'est autant dans mes moyens de le faire que dans les tiens. » Après tout, tel n'était pas le devoir de la rhapsodie d'une certaine manière ?
Un sourire mélancolique s’afficha sur le visage doré du Baptistrel lorsque Threde lui dis que le sacrifice d’Ascheriit représentait une preuve d’amour à son égard, et que ce dernier ne regrettait probablement pas son geste. L’elfe plongea ses prunelles de saphir, semblables aux profondeurs de l’océan dans celles de son ancien mentor avant de répondre :
- Je crois que tu as raison, lui et moi étions très proches. Bien entendu, j’aime chacun de nos frères et sœurs mais Ascheriit et moi nous entendions vraiment bien. Nous partagions certains traits de personnalité, comme une certaine douceur, de l’altruisme et la haine de la violence et du combat. Il était pour moi un confident et un ami fidèle et j’espère de toute mon âme pouvoir à mon tour lui prouver mon amour en le délivrant des griffes des chimères. Je compte m’y employer de toutes mes forces et veux croire en une issue positive à cette sordide histoire !
Les paroles suivantes d’Aramis firent également réfléchir le chantefeu et son regard pers se fit lointain et pensif :
- Oui la vie est parfois dure et cruelle, nous perdons des êtres chers, nous sommes chassés des endroits où nous avons grandi, couler des jours heureux et nous n’en comprenons pas toujours le sens. Pourtant malgré ma douleur et mon incompréhension, je crois que les choses arrivent car elles doivent se produire, que notre existence est jalonnée d’épreuves mais que celles-ci ont un but. Peut-être celui de nous faire progresser ? Nous permettre de nous surpasser et d'évoluer spirituellement afin de construire un monde plus harmonieux ? En tout cas, nous les Rhapsodiens nourrissons l’espoir que tous nos efforts ne sont pas faits en vain et qu’un jour le monde dont nous rêvons deviendra un jour une réalité…
Tandis qu’ils inspectaient les lieux à la recherche d’un indice quelconque, Neolenn se remémora certains des enseignements de sa première Cawr :
- Mon premier maitre disait que la vie a toujours raison, qu’il fallait accepter les événements tels qu’ils viennent, avec la souplesse d’un roseau, capable de plier face à une tempête mais sans se briser. Ce qui est fait est fait et je dois l’accepter comme faisant partie de la réalité présente. Il me reste la possibilité d’agir et d’œuvrer pour le futur.
Leurs recherches ne semblaient rien donner et le chantefeu se dirigea vers la réserve dans laquelle les ouvrages rares et précieux étaient entreposés :
- Je pense qu’il serait bon de jeter un coup d’œil à ces livres, peut-être y trouveront nous un moyen efficace de contrecarrer les chimères. Lors de l’attaque, elles ont été mises en déroute par le chant des étoiles d’Aléria Blanchécume, ce qui veut dire qu’elles possèdent sans doute un point faible et que notre magie peut nous aider à les vaincre !
Le maître barde se tourna vers la chantebrise et lui demanda :
- Aramis, tu es maître Baptistrel depuis plus longtemps que moi, est-ce que nos maitres t’ont enseigné certains secrets à propos de cette magie ou connait-tu certaines informations qui me permettront de l’utiliser pour vaincre nos ennemis ? J’ai dans l’idée que cette magie est puissante et peut constituer une arme, bien que je déteste employer ce mot….
aramis a écrit:« Et je pense que tu es destiné à le sauver des griffes des chimères. Peut-être que je fais preuve de beaucoup d'optimisme en pensant ainsi, mais je veux y croire de tout mon cœur. Il n'est pas un mal d'espérer après tout. » Ne manqua pas d'ajouter avec approbation l'impératrice aux paroles de son ami, ce avant de poursuivre calmement et avec réflexion.
« Je ne sais pas si les épreuves qui nous sont imposées ont véritablement un but, n'est-ce pas plutôt nous qui leur en donnons un ? Difficile à dire selon moi, mais il reste qu'à défaut de véritablement connaître un but à toute chose, je suppose qu'il vaut mieux s'en donner un et essayer d'accomplir ce dernier de son mieux. C'est en tout cas pour cette raison que j'ai rejoint notre grande famille. » Son sourire se fit doux, puis elle reprit d'un air songeur.
« Ton ancien maître faisait preuve d'une grande sagesse en disant cela et je pense qu'il avait raison à ce sujet. Pour ma part je dirais la même chose d'ailleurs, mais en prenant pour exemple le vent, j'espère que pour ta part tu as en tête une idée d'exemple avec le feu si jamais tu veux l'enseigner à tes élèves. » Conclut-elle donc d'un ton légèrement taquin avant de se concentrer à nouveau pleinement sur les recherches. Puis ne voyant qu'au début cela ne donnait rien, elle répondit à son élève lorsque celui-ci proposa de jeter un coup d’œil aux livres.
« Si tu veux jeter un œil aux ouvrages, n'hésite point. Néanmoins, tâche tout de même de faire attention, certains d'entre-eux peuvent se révéler dangereux à cause de la magie qu'ils recèlent, il vaut donc mieux les consulter avec prudence. » En effet, s'ils étaient enfermés dans la tour ce n'était pas sans raison. Sur ce elle prit un peu de temps pour réfléchir suite à la dernière demande de son frère, avant de répondre d'un air attristé.
« Malheureusement, je ne connais aucune information de ce genre mon frère, sinon je t'en parlerais avec joie. Par contre, il faudrait peut-être se pencher dans ce cas sur le chant des étoiles pour comprendre en quoi ce dernier a pu avoir une certaine utilité ? Je propose que nous concentrions nos recherches sur celui-ci en tout cas. » Après tout c'était peut-être une première piste solide ? Autant essayer de l'exploiter de ce fait.
Ilyanth acquiesça aux paroles pleines de bienveillance et de compassion de son ancienne Cawr. Et avec un sourire franc, celui-ci lui répondit :
- Je trouve qu’il n’y a aucun mal à espérer, bien au contraire c’est la flamme de l’espérance qui nous pousse à persévérer alors que nous sommes plongés dans la nuit la plus noire. C’est elle aussi qui décuple nos forces et nous permet de ne pas nous laisser abattre par l’adversité. Pour ma part, je crois au pouvoir de l’intuition, à la puissance du cœur et des pressentiments qui parfois nous apprennent des choses que notre raison ignore. Je pense que nous devons prêter attention à ces ressentis et savoir que tu m’accordes à ce point ta confiance et que tu crois en ma réussite me réchauffe le cœur.
L’elfe du soleil écouta avec attention les propos suivants de la Chantebrise ; en effet, c’était un sujet propice à une kyrielle de questionnements et dont nul ne possédait la réponse définitive. De même qu’aucune opinion n’était meilleure qu’une autre.
- A dire vrai, je n’ai pas non plus la certitude absolue quant à un sens transcendant de l’existence, toutefois, il m’arrive de penser que derrière les événements qui nous frappent se cache un grand dessein auquel nous participons chacun à notre façon, et que nos actes et les réponses que nous donnons aux événements contribuent à façonner l’Histoire. Même si nous ne comprenons pas nécessairement ce qui nous arrive, ni le pourquoi des choses, et que, dès lors, nous sommes contraints de leur donner un sens plus subjectif, il y aurait une Vérité profonde qui nous demeure, du moins en partie, inaccessible. De même, je pense que nos consciences individuelles sont des sortes de fragments, de petites flammes participant à la conscience collective et à plus haute échelle à la conscience de l’Univers et d’un grand Tout. Croire en cela apporte une dimension supplémentaire et plus spirituelle à mon existence. De même que participer à l’action de la Rhapsodie me procure le sentiment de contribuer à une œuvre grandiose qui dépasse ma propre individualité.
Neolenn regarda Aramis d’un air espiègle avant de poursuivre :
- Je crois qu’il ne sera pas trop difficile pour moi de trouver des exemples en lien avec le feu, car sa symbolique est riche et on peut facilement comprendre la destruction qu’il produit parfois n’a d’égale que son incroyable pouvoir de création. Peut-être qu'un jour, certains de mes élèves répéterons ce que je leur aurais appris, comme je le fais à présent avec l'enseignement de ma première Cawr.
Une fois dans la remise et après que l’elfette lui ait proposé de les examiner, tout en faisant preuve de prudence, car ces derniers étaient, pour la plupart, protégé par des sorts puissants ; Ilyanth commença à inspecter les rayonnages et à déchiffrer les titres inscrits sur les dos des livres. Soudain, celui-ci en vit un qui attira tout particulièrement son attention et intitulé « le livre des mystères Baptistrels ».
Le Chantefeu le prit avec prudence, car l’épais volume semblait luire d’une étrange lueur dorée, ce qui signifiait qu’il était protégé par un enchantement. Puis, avec précaution, il l’ouvrit et remarqua que les pages jaunies étaient entièrement…vides. L’elfe le regarda avec perplexité, quand soudain la lumière se fit dans son esprit :
- Je crois que j’ai compris ! J’ai déjà entendu parler de ce livre magique, le livre est protégé par un puissant enchantement qui fait que seule une personne au cœur pur peut s’en emparer, sinon il s’éparpille en poussière. Et pour avoir accès à ses secrets, il faut prouver qu’on est bien un Baptistrel. Ma sœur joint ta voix à la mienne et chantons afin que ce livre sacré reconnaisse que nous sommes des artisans de la paix.
Le Rhapsodien se mit à chantonner de sa voix pure et mélodieuse et aussitôt les pages du livre parurent s’illuminer d’une étrange lueur.
- Ça marche ! s’écria le lié du feu. Livre des mystères Baptistrels, peux-tu nous révéler les secrets du chant des étoiles ?
Dès après l’ouvrage se mit à parler d’une voix irréelle, ressemblant au son cristallin de clochettes, et des lettres de lumières apparurent à la surface de ses pages.
aramis a écrit:Aramis ne put que sourire à son frère qui rebondit sur ses propos et parla d'une façon fort poétique au sujet de la beauté, mais aussi de la force de l'espérance. Oui, il avait raison et elle était contente de voir que maintenant la détermination et surtout la volonté d'accomplir ses objectifs avaient prit leur place dans l'esprit de l'elfe solaire.
« Qui sait ? Peut-être as tu raison au sujet du sens transcendant de l'existence ? Qui pourrait prétendre avoir la réponse absolue à ce sujet après tout ? Pour ma part à défaut de savoir s'il y a un but intrinsèque à mon existence, je tâche de m'en donner un par l'intermédiaire de notre ordre. Et si je crois dans les faits que je préférerai l'idée qu'il n'y ait rien d'écrit à l'avance, car cela correspond plus à ma nature de chantebrise. Il reste que nous en connaissons encore trop peu sur le monde qui nous entoure pour vraiment avoir une réponse définitive à ce sujet. »
Mais oui, Aramis était plus portée sur le libre arbitre et la liberté par sa nature même de liée du vent. Comme un chanteciel serait porté vers la méditation et la contemplation pure.
« Si tes élèves répéteront ce que tu leur as enseigner ? Je pense qu'ils s'en inspireront en tout cas, du moins pour forger leurs propres méthodes d'enseignements à l'avenir. Sache que de toute manière mon frère tu marqueras forcément les générations futures par ton enseignement en tant que cawr, ce d'une manière ou d'une autre. Que ce soit directement ou indirectement. » Pour sa part c'était là une vérité qu'elle n'oubliait jamais.
Quant à l'ouvrage qu'avait trouvé Ilyanth ensuite, celui-ci paraissait fort intéressant dans les faits et la chantebrise ne put que répondre amusée quand son élève parla de l’enchantement qui scellait ce dernier. « Voilà un enchantement au final bien inoffensif pour celui qui veut lire l'ouvrage. C'est avec joie dans tous les cas mon frère que je joindrai ma voix à la tienne pour accéder aux secrets de ce livre s'il suffit juste de faire cela. »
Et quand ils firent ainsi… L'ouvrage ne manqua pas de se manifester dans toute sa magie, que ce soit en faisant résonner sa voix ou en faisant apparaître magiquement son texte. Une voix qui d'ailleurs était fort intéressante à entendre.
« Le chant des étoiles ? Il est le chant du tout. Il contient les autres éléments en son sein et représente la globalité. Il est à la fois le tout et le rien. Ce qu'il y a en dehors de ce monde et ce qu'il y a au sein de celui-ci. Il influe donc sur toute chose à sa manière. C'est un chant abstrait et universel très complexe et dont les usages sont innombrables jeune âme. Les secrets de ce dernier ? Ils sont fort nombreux et je peux vous les révéler en effet. Mais lequels désirez vous connaître exactement ? »
Ilyanth rendit son sourire à sa sœur, heureux de sentir sa présence douce et bienveillante à ses côtés. L’attaque du domaine et de la capitale Elfique ainsi que l’enlèvement d’Ascheriit représentaient de rudes épreuves, mais il était heureux de pouvoir l’affronter avec le soutien d’un être cher.
- Je suis d’accord avec toi ma sœur, moi-même je donne un sens personnel à mon existence faute de pouvoir comprendre entièrement le monde qui m’entoure. De même, je crois nos ressentis et nos perceptions donnent une coloration subjective à la réalité qui existe en dehors de nous. Pour le destin, s’il existe, je perçois davantage que des lignes de forces ou des déterminismes plutôt que quelque chose de figé. Un peu comme le fait de naitre dans une société et dans une famille en particulier puisse jouer une influence sur notre manière de penser mais n’annule pas pour autant notre individualité. C’est sans doute, pour cette raison que je pense que destinée et libre-arbitre peuvent coexister harmonieusement sans s’annuler l’un l’autre et agir à des niveaux de complexité différents. Tout comme, bien que lié au feu, je ressens également l’influence des autres éléments sur ma personnalité et mes ressentis.
Neolenn eut un petit rire amusé et répondit avec un air malicieux :
- Quitte à choisir, je préfère que mes apprentis forgent leurs propres idées à partir de mon enseignement plutôt que de le répéter tel quel. Et aussi j’espère au fond de moi qu’ils garderont une petite place dans leur cœur pour leur Cawr.
Après avoir ouvert le livre enchanté, celui-ci se mit à parler afin de leur révéler tous ses secrets. Le chantefeu l’écouta avec attention, avide de découvrir le moindre petit indice leur permettant de retrouver Ascheriit. Puis ce dernier réfléchit un bref instant à la question de l’ouvrage concernant le secret qu’il désirait apprendre en premier.
- Lors de l’attaque des chimères sur le domaine, lorsqu’Aléria Blanchécume a utilisé ce chant les chimères ont fui effrayées. Quel effet ce chant a-t-il sur ces créatures et pourquoi leur fait-il si peur ?