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Mat du berger.
.. Chapitre II - Part 1.


23 Aout, 1762.

Les mondanités avaient toujours fait partie de la vie des Dalis, le genre choses qui plaisaient uniquement à la noblesse sans doute, luxe et opulence. Un jeu où chaque parti cherchait à se montrer le plus fort, le plus influent, le plus riche. Un jeu qui d'ordinaire déplaisait particulièrement à la jeune vampire, mais ces derniers temps elle portait une attention toute particulière à cette activité qui pouvait se montrer tout autant lucrative que de tuer. Et finalement la séductrice qu'elle était se plaisait aux jeux de pouvoir, d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'agrandir l'influence des Dalis à travers les différentes îles.

Depuis leur demande en mariage la vampire pérégrinait bien moins, elle se montrait comme la fille et la femme que son géniteur aurait toujours souhaité, même si elle gardait le sang chaud, elle était aussi plus à l'écoute, mais pas plus soumise - une véritable maîtresse de maison. Une certaine façon de le remercier pour avoir accédé à sa folle demande.

Bien entendu, ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait à Caladon, ni même la dernière, pour des activités plus ou moins légales, mais qu'importe, la galante s'était plu de visiter une partie de la cité libre au bras de son époux. Le couple d'une élégance rarement égalée, était néanmoins diamétralement opposé que ce soit aux niveaux des couleurs et de leur caractère, la jeune vampire arborait des cheveux noirs attachés dans un chignon flou, et des yeux d'un gris argenté, surnaturel. Un maquillage léger et naturel. Sa tenue étant une robe aile-de-corbeau évasée, possédant une légère traîne et un châle transparent dans la même teinte le tout assorti à quelques bijoux d'argent et d'améthyste.

Elle incarnait à merveille l'image qu'on pouvait se faire d'un représentant de la famille Dalis, retenue, beauté captivante, élégance, dignité naturelle, maintient noble, mais elle semblait lunaire, quelque chose de sauvage et de mystérieux se dégageait d'elle. À l'image du cygne noir, symbole de la famille.

La demeure de l'extérieur n'avait rien à envier à leur lieu de vie, loin, dans le royaume vampirique, mais était sublimée par la nuit. Elle jetait un coup d'œil entendu à son géniteur, avant de s'avancer, le curieux duo aurait pu ressembler à n'importe quel couple se rendant à une quelconque mondanité, mais les apparences étaient parfois trompeuses, sous ses airs la dame des cendres était armée est prête à en découdre au besoin, ombre-croc, dissimulée sous l'apparence d'un bijou élaboré sur son avant-bras droit, se fondant dans la masse des bijoux de la femme, prête à décocher un carreau magique et mortel. La reine serait seule pour protéger son roi et elle serait prête à tout pour le protéger, seul celui qui connaissait son cœur saurait sentir la tension en elle.

Un serviteur - sûrement apprêté pour l'occasion - venait les accueillir et les faire pénétrer dans la demeure, elle faisait mine de s'intéresser à la décoration avant de reporter son attention sur leur tâche, ce n'était pas une visite amicale après tout. On les conduisit ensuite en direction des salons plus 'privés'.


Equipement :

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Sa course effrénée continuait, elle avait commencé dans l’empire Sélénien avec l’empereur Nolan Kohan, puis elle avait continué avec son ancien rival, Bohémond… Désormais, c’était avec le bourgmestre de Caladon avec qui le conseiller allait avoir affaire.

Cependant, cette fois-ci, il ne serait pas seul, sa chère et tendre l’accompagnait pour cette rencontre. Depuis que le vampire avait accepté de l’épouser, il avait pu remarquer un certain changement de comportement. Son sublime enfant semblait plus docile et adoptait des comportements bien plus digne pour une Dalis, bien sûr elle gardait cette fougue relative à sa jeunesse, mais elle se montrait plus intéressé au besoin de la famille plutôt qu’au sien. Comprenait-elle enfin l’importance des mondanités ? Qu’il y avait bien d’autre manière que de prouver sa force que dans la violence et le meurtre ? Sans aucun doute, que ce mariage n’apporterait que puissance pour la famille, il avait fait le bon choix, encore une fois.

La famille gagnait en puissance interne de par leur union qui apportait une certaine cohésion qui manquait à la nouvelle branche Dalis qu’il représentait, ce qui lui permettrait d’avantage de rivaliser avec l’autre branche, bien plus nombreuse. Cependant, il devait continuer ce qu’il avait commencé à Calastin, il devait par tous les moyens renforcer la puissance externe des Dalis et pour cela, il avait besoin d’allié, de connaissance influente, de contact. Rien ne pouvait être négligé et surtout pas le dirigeant d’une ville aussi mercantile de Caladon, le vampire savait très bien que le bourgmestre pouvait représenter un atout de poids.

Par conséquent, c’était de ses plus belles robes qu’il avait revêtis pour l’occasion, une robe longue sans manche, au décolleté bien dessiné qui, malgré l’absence d’une poitrine féminine, renforçant justement ces aspects de femme car mettant en valeur ses courbes. Le vêtement était de soie fin de couleur blanche et zébrée de très discrètes et fines parties transparentes le tous formée d'un drapé qui serpente tout le long du corps pour se finir en longue traîne. Le vampire était également maquillé avec soin, ses lèvres étaient d’un rouge garance, du fard à paupières léger aux teintes rougeâtres presque rose le tout couronné par sa longue chevelure parfaitement blanche, toujours détaché entourant son visage tel un halo de pureté. Enfin, avec tout cela, il portait ses bijoux fétiches, son amulette de protection et sa « tentacules ombrés », qui avait pour atout de lui offrir un support défensif permanent ainsi qu’un renfort dans son élégance naturelle. Ses autres bijoux, bien qu’élégant n’avait quant à eux pour seul atout leur beauté, boucle d’oreille argentée, ainsi que plusieurs bagues, arborant plusieurs pierres précieuses, telles que des rubis ou des améthystes

Il faisait un contraste plus que sublime avec son amante, qui avait choisi une thématique bien plus sombre pour cette entrevue. Il représentait à la perfection les deux faces de la famille, il était blanc comme la lumière, car il était la face visible des Dalis, le subtil politicien s’affichant au monde entier de par sa prestance. Elle, au contraire, était noire comme l’ombre, la face cachée aux yeux monde, l’impitoyable tueuse à laquelle nul n’échappait. Soleil et lune, ils illuminaient tous les deux ce monde à leur manière.

Tous deux s’échangèrent un regard complice une fois devant l’imposante et élégante demeure de leur hôte pour la soirée, avant de finalement ce laisser guider par l’un des serviteurs des lieux.

À la différence de sa fille, Toryné était relativement serein, et cela, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il avait une confiance aveugle en sa fille, il connaissait ses capacités ainsi que les siennes, d’autant plus que lui et le bourgmestre Aldaron n’avait aucun grief entre eux, le risque de menace était donc minime. De plus il n'en restait pas moins sa mère, ainsi que la matriarche de la famille, il se devait par conséquent de garder une prestance rassurante en tout bon dirigeant qu'il était. Ensuite, il était empli d’une certaine excitation ce qui inhibait sa méfiance habituelle pour tout ce qui n’était pas Dalis. Après tout Toryné avait toujours été amoureux de Caladon, il ne fallait pas oublier qu’il avait vécu dans l’ancienne Caladon durant un certain temps avant que l’ancien prince vampirique ne vienne le chercher pour qu’il intègre le conseil de son royaume, sinon sans nul doute, qu’il serait resté das la cité. D’autant plus qu’il s’agissait de première visite dans la nouvelle Caladon, donc oui, on pouvait le dire, le conseiller était joyeux.

C’est d’ailleurs avec plaisir qu’il admira la décoration de son hôte, se faisant un premier avis sur les goûts de l’elfe qu’il allait rencontrer. Cependant, il ne put s’attarder sur cet élément aussi longtemps qu’il l’aurait voulu, quelque chose de bien plus important l’attendait dans des quartiers un peu plus privés.

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    Deux coupes d’argent finement travaillées abritaient un liquide carmin raffiné. Point de vin pour ses invités, c’était le fluide vital de l’humanité qui y reposait, préservé de la coagulation par l’enchantement de son récipient. Les prunelles, aussi froides que l’émeraude, de l’elfe s’étaient ancrées dans la contemplation morne et morbide de la surface purpurine, qui luisait à l’éclat des flammes tremblantes des bougies en cire blanche, siégeant royalement dans les chandeliers d’argent. Le souvenir était encore vivace dans son esprit, comme s’il ne datait que d’hier et en son for intérieur, Aldaron savait qu’une partie de son âme restait toujours et à jamais enfermée dans l’infâme prison de Morneflamme, là où avaient été détenus les opposants du Tyran Blanc. Trois années de sa vie résumées à la pourriture brûlante ne pouvaient être oubliées, il était convaincu que cela viendrait encore le hanter pour les siècles à venir. L’odeur de la chair calcinée, l’éclat de terreur dans les yeux de chaque prisonnier, la folie latente à leurs corps décharnés, maigres et carencés. Il avait été de ces êtres réduits à l’état de bestialité, dormant peu, tuant assez de ses pairs pour ne pas l’être. Il avait fait ce choix troublant de l’inhumanité, un choix qu’il ne parviendrait jamais à accepter, à se pardonner. Tant étaient morts, tant avaient été détruits, annihilés que l’air qui entrait dans ses poumons aujourd’hui était chargé de douleur et de culpabilité. Et le sang… Il en avait toujours le goût métallique sur la langue, ignoble. Lui qui était né du peuple des bois s’était nourri de chair humaine. Si l’acte pouvait être barbare pour quelques humains, il était complètement contre nature pour un elfe dont le corps même, au-delà de l’aspect psychologique, n’était pas fait pour ingérer une pareille nourriture. Il avait eu du mal à s’en remettre, au moins physiquement. Si autrefois il avait arboré une carrure parfaitement équilibrée, ses joues étaient aujourd’hui encore un peu creusées, ses cheveux avaient pris la couleur de son défunt amant, blanc comme la neige. Il détourna ses yeux verts des coupes de sang avant que l’écho des cris de douleur et de désespoir ne hante trop son esprit maltraité.

    Tourner la page, reconstruire. C’était ce qu’il avait espéré avec la Caste des Dragonniers et avec la Triade. Mais là, en cet instant, il était seul. Seul pour diriger Caladon et seul pour apaiser les tourments de la solitude. Les iris au vert intense tremblaient tandis qu’il observait les deux bagues à sa main droite, uniques bijoux qu’il portait et qui pulsaient d’une magie qu’aucun elfe, aucun vampire, aucun humain, aucun dragon n’usait. C’était une magie singulière et sibylline qu’il s’évertuait à comprendre et dont il parvenait à user. Deux reliques d’un peuple disparu, celui des Tarenths. Deux artefacts en soutien à sa cause, celle qu’il devait faire renaître des cendres… Mais ce qu’Achroma Seithvelj avait porté sur ses épaules de dragonnier, comment pouvait-il le porter, lui ? Quelle légitimité, quelle poigne ? Ses paupières se fermaient et son esprit lui donnait la sensation de parcourir leur île. Son pouls s’apaisait, ses pensées se focalisaient et sa psyché se détachait progressivement de son enveloppe corporelle pour aller où bon lui semblait. Il perdit la notion du temps et de l’espace, comme si ces deux vecteurs n’avaient plus aucun sens, aucune raison d’être. *Luna ?* souffla-t-il dans le creux de l’esprit de la jeune femme, pas tout à fait certain de ce qu’il était en train de faire. Mais pourtant, il avait reconnu son esprit, comme s’il lui était familier, comme si un lien indicible le nouait à la dragonnière. Un battement de cœur plus tard, il ouvrait les yeux sur son serviteur qui avait une main sur son épaule et le secouait doucement. « Vous allez bien, monsieur ? » Aldaron cligna des yeux, l’air hagard, visiblement encore loin. Il reprenait ses esprits : « O-oui, merci Linrë. » L'elfe se passa une main sur le visage, loin d'avoir rassuré son domestique, et observa l'une des bagues qu'il portait, composée de trois alliances enchevêtrées, une noire, une blanche et une d'or. « Vos invités sont arrivés. » Il releva ses prunelles vers l'entrée de la pièce pour apercevoir les deux élégantes silhouettes. Comme sa bague : une noire, une blanche et l'or du mariage pour les lier invisiblement.

    Il reprit rapidement contenance, un sourire s'éveilla sur ses lèvres assez naturellement alors qu'il se levait pour venir à leur rencontre. « Je croyais ne jamais vous retrouver après que vous ayez été arraché à Caladon. » fit-il à Toryné en inclinant poliment la tête pour le saluer, parlant évidement du rôle qu'il avait au sein du royaume vampirique. Ses longs cheveux blancs passaient par dessus ses épaules, tombant, lisses, dans le mouvent. Il tendit une main vers Sintharia afin de saisir délicatement la sienne et la conduire vers lui pour un baise-main où ses lèvres ne firent qu’effleurer, autant que sa respiration chaude, sa peau glaciale. Ses prunelles d'émeraude avisées notèrent l'alliance en délivrant la dextre qu'il avait empruntée pour les besoins de la courtoisie : « Mes hommages, Madame Dalis. » Il arqua un sourcil, intrigué alors que son regard coulait sur Toryné : « Étrange... Je n'ai pas eu vent de votre union. » Il doutait fort qu'un personnage comme lui ait endigué ce bel événement sous le secret de quatre témoins. « Conclurais-je à tord qu'il s'agit des prémisses d'une annonce imminente ? » Celle d'un mariage à venir, une évidence qui crevait les yeux au premier regard. Du moins pour celui d'Aldaron. D'un geste net de la tête, sourire paisible aux lèvres, il les invitait à avancer dans la pièce alors que lui-même se détournait pour revenir au cœur du salon. La salle était assez vaste sans pour autant avoir des allures de château, bien au contraire. Les murs et plafond était laqués de bois coûteux et habilement travaillés, d'une teinte sombre aux nervures ambrées. Le parquet, lustré, était couvert de larges tapis brodés de fil bleu et d'argent. Les sofas étaient confortables, et la décoration générale était riche mais sobre. Elle recelait de matières premières de très bonne qualité, que ce soit dans le choix des bois ou celui des métaux, mais les lignes étaient dénuées d'arabesques ou de fioritures. La demeure était à son image : Aldaron était un homme humble qui avait connu la rue et qui avait monté son affaire à partir de rien. Il avait été anobli, s'était élevé socialement, et si ce qu'il portait et ce qui l'entouraient avait la marque de sa richesse, rien n'était ostentatoire et son style était très épuré, se contentant de son confort et des nécessités. Ainsi portait-il des vêtements aux coupes simples, taillés sur mesure dans des tissus coûteux de fine épaisseur pour lui permettre de supporter l'été. Des souliers et un pantalon gris, une tunique blanche surmontée d'une ceinture de cuir cendré.

    D'un geste ample et mesuré du bras, il leur indiqua les sofas dans lesquels ils pouvaient prendre place à leur guise. « Installez-vous à votre aise, vous êtes ici comme chez vous. » Non pas que la demeure soit du même apparat que ce qui se trouvait dans le royaume vampirique, le message était d'avantage celui d'un hôte qui permettait à ses invités de vaquer à leurs désirs sans qu'on lui demande telle ou telle permission pour ce faire. « Je ne suis pas surpris. Le lien entre un vampire et son infans est d'une force aussi indescriptible que l'amour unique et éternel d'un elfe. » Les elfes n'aimaient qu'une fois de toute leur existence. Une force autant qu'un fardeau lorsque l'aimé venait à disparaître. Il avait aussi vu les liens très forts entre vampires affiliés, du même acabit magique et indéfinissable. Il n'était dès lors que très peu étonné de voir ces deux-là dans une proximité qu'il avait toujours qualifié d'admirable. Il avait saisi les deux coupes d'argent pour les tendre à ses hôtes vampiriques, rempli d'une boisson qui ne pouvait que les satisfaire. Cercëe, son défunt frère de cœur, lui avait expliqué comme choisir le sang qu'il ne buvait pas à la gorge de ses victimes. Si cela était surprenant de la part d'un elfe, cela était évident de la part de celui qui fut jusqu'à l'année dernière Aldaron Triade. Il prit place dans l'assise confortable d'un canapé et prit une troisième coupe contenant un alcool ambré et raffiné qu'il leva : « A votre intriguant retour à Caladon. » Car oui, il était intrigué. On lui avait rapporté le voyage diplomatique de la lignée Dalis sur Calastin, lui permettant légitimement de se demander si cette entrevue n'était d'un étape ou une lignée d'arrivée. « Irina Faust aurait tord de vous mettre à la porte. Venez-vous me voir en son nom ou pour le vôtre ? » demanda-t-il finalement.


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La vampire tendait poliment sa main en direction de l'homme, connaissant les usages.

- Monsieur, je les reçois avec plaisir.

Elle laissait transparaître une certaine douceur, lui accordait même un de ses sourires radieux, inclinant légèrement la tête, elle donnait ainsi un côté plus chaleureux à la conversation qui pourrait en découdre. Et si elle pouvait piquer un peu son futur époux de jalousie, elle n'hésiterait pas, par simple jeu. Néanmoins, cela restait infiniment discret, elle savait que les deux hommes de part leurs âges et leurs expériences pourraient facilement débusquer toute tentative - du bas de ses dix-sept années de vie et de ses cinq années de non-mort, elle ne faisait clairement pas le poids - et clairement elle savait que si elle se faisait prendre, elle aurait l'excuse de son jeune âge. Mais elle ne pouvait rester indifférente aux charmes elfiques, un peuple qui savait exalter ses sensations et émotions même si elle préférait la noblesse des femmes elfes, leurs hommes n'avait rien à leur envier.

Pour le reste, elle suivait l'elfe tout en continuant la conversation, glissant ensuite un regard curieux dans cette nouvelle pièce.

- C'est encore très récent, nous préférons rester dans le secret le temps de trouver une date, nous comptons bien sûr sur votre présence.

Sintharia invitait ainsi poliment l'homme à rejoindre les festivités quand elles auront lieu, cela ne pourrait que redorer d'avantage le blason de la famille Dalis, et sceller un peu plus les liens de la famille avec Caladon, qui était leur ville de cœur - même si pour elle, c'était plus parce que le crime y était facile, et le côté commerce de la ville était tout à fait pratique pour s'acheter divers ingrédients.

Elle venait ensuite s'installer dans un des sofas présenté par leur hôte, elle savait que la soirée serait particulièrement intéressante et longue, alors elle préférait s'installer confortablement. La manière dont l'homme présentait l'amour aurait pu la faire rire ou plutôt le terme éternel la faisait sourire intérieurement, clairement ce n'était pas le genre de valeurs auxquelles elle croyait, mais elle respectait cette vision romantique de la chose.

Celle qui était née des cendres, laissait son homme répondre aux questions de l'elfe, hormis au sujet du mariage, cette dernière avait beau avoir été particulièrement bien éduquée, elle n'était pas la cheffe de famille, et lui laissait donc retrouver cette connaissance, s'effaçant pour mieux sublimer l'androgyne. Elle n'avait pas oublié malgré que ce soit une visite de courtoisie, le côte très politique qui pourrait en découdre et elle avait quelques lacunes à ce niveau-là.

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Il suivit son hôte accompagné de sa fille, non sans sourire devant les légères provocations de cette dernière, mais après tout n'était-ce pas là quelque part que se trouvait l’esprit Dalis ? N’était-ce pas ainsi qu’il l’avait élevé ? Bien sûr que si. Après tout Sintharia incarnait désormais à perfection le rôle qu’elle devait jouer et qu’elle allait devoir jouer à l’avenir, bientôt, il pourrait se reposer pleinement sur elle pour qu’elle l’assiste dans la direction de la famille. Il n’eut même pas besoin de s’exprimer quant à son mariage à venir, Sintharia s’en occupant pour lui. Cela pouvait sembler anodin, mais le vampire voyait déjà la puissance qu’en gagnerait la famille, mais il en aviserait plus tard, il devait rester concentrer sur la tâche en cours.

Il le leva son verre avec l’elfe, pour son “intriguant” retour à Caladon et ce commentaire n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’était attendu, il savait très bien que son hôte s'interrogeait sur sa présence, une personne de son rang avec de tel responsabilité était entouré en permanence de vautour en tout genre. Il était donc important de savoir trier et de classifier son entourage, d’autant plus que malgré tous ses artifices, Toryné restait un politicien, et cela, il ne pouvait le cacher. Il trempa donc ses lèvres dans le breuvage qu’on lui avait servi, l’un des nombreux avantages d’être un membre de sa race était qu’aucun poison ne pouvait l’affecter, un élément de moins pour lequel il n’avait pas à s’inquiéter et cela n’était pas négligeable.

-Je ne pouvais décemment ne pas revenir à Caladon et contempler sa renaissance, il s’agissait du classique “jolie” mensonge ou de la semi-vérité. Ce genre d'introduction habituelle pour lui, cela en devenait presque une politesse, il n’y avait même aucune fourberie quelconque derrière ce genre de parole, car l’exagération en était totalement évidente et aucunement dissimulée, hélas nous sommes désormais séparés par les eaux, ce qui, soyons honnête, ralentis fortement mes déplacements. Effectivement d’une certaine gêne pour lui, en effet à l’époque, il n’avait qu’à décider de partir de Dureroc et il partait sous escorte dans les jours qui suivaient. Désormais, il devait emprunter un bateau du royaume, préparer la traversée en mer et en subir les aléas, d’autant plus qu’il trouvait ça bien plus dangereux que les voyages par voies terrestres.

Il porta de nouveau son verre à ses lèvres, savourant une nouvelle fois le breuvage qu’on lui avait servi, au moins savourait-il d’avantage d’être assis sur un bon fauteuil en savourant allègrement une bonne coupe de sang.

-On ne se débarrasse que de ceux que l’on craint, bien que cette règle ne s’applique pas à ceux aveugler par leur orgueil... et puisque vous le demandez, ce n’est pas au nom de la princesse Irina que je suis présent dans votre ville aujourd’hui, bien qu’elle en soit en parti responsable, mais en mon nom, il se tourna vers sa fille en lui adressant un tendre sourire, et en celui de ma famille. Comme dans la majorité de ses actions en vérité. Renouez avec la sublime Caladon et ses, tout autant sublimes, habitants, voilà une chose qui me tient à mon cœur mon ami. Je ne sais pas encore combien de temps durera notre séjour ici, hélas mes obligations pour le royaume vampirique m’obligeront tôt ou tard à repartir, comme vous devez vous en douter. Mais je m’égare, comment vous portez-vous depuis le temps très chère ? Comment est la vie à la Caladon aujourd’hui ? Le commerce est-il toujours aussi prospère ? Que ce soit en terme de diversité des produits et en terme de rentabilité bien entendu.

Des questions plutôt classique, le conseiller tâtait simplement le terrain Caladonien, après tout le grand intérêt de cette cité mercantile était bien son commerce et sa richesse et malgré son attachement certain pour la ville, il n’en restait pas moins un politicien intéressé. Sa tâche serait également de voir si Aldaron montrerait quelconque signe de mensonge dans la réponse qu’il lui donnerait, après tout aucun bourgmestre n'avouerai facilement si sa situation était critique et si Toryné sentait quelconque élément l’aiguillant dans ce sens… alors sûrement adopterait-il des stratégies plus… adaptés.

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    Elle était ravissante dans sa manière de sourire et de se comporter. L'elfe eut pour réponse un sourire en coin avant que ses prunelles d’émeraude ne se posent sur Toryné, diverti par le jeu de séduction et de jalousie qui s’opérait, comme une complicité à la fois enfantine et prédatrice entre les deux liés. Il s'avouait amusé d'être l'objet par lequel elle s’évertuait à faire ses griffes enjôleuses, ne craignant pas tant les difficultés. Sa parole avait été maintes fois une alliée remarquable pour le sortir de l'embarras... Et puis, ce n'était pas complètement une entrevue politique, il pouvait se permettre de jouer. N'était-ce pas à cela que servaient les mondanités ? « Oh. » fit-il, feintant à peine la surprise, sa risette attestait qu'il s'attendait à avoir visé juste. « Dans ce cas, vous pouvez compter sur mon silence aujourd'hui, autant que sur ma présence demain. » Demain était employé de façon évasive pour désigner ce futur inconnu qui ne semblait être daté mais qui se verrait l'honneur d'unir ces deux affiliés. « Je suis honoré par votre invitation et je m'en réjouis. » C'était poli mais pas moins sincère. Il préférait mille fois ce genre de relation que les guerres redondantes qui frappaient leurs peuples.

    Savourant l'alcool à sa juste valeur, il écouta son invité avec attention, sélectionnant mentalement les parties de son discours sur lesquelles il pourrait rebondir, d'une façon ou d'une autre. Il était fort exercé à cet art et le faisait machinalement. « Le commerce est toujours prospère lorsque la Triade s'en mêle. » répliqua-t-il, un tant soit peu amusé. Il n'avait pas tord sur ce point. La Triade avait fait ses preuves et en était devenue extrêmement célèbre. Le trio marchant tirait les ficelles de l'économie visible et invisible, comme des marionnettistes qui, en bout de course, empochaient les bourses remplies d'or. Un jeu aisé, plaisant et épanouissant, qui avait vu l'elfe paria des siens sortir de ses nuits sous les ponts pour s'élever au rang de noblesse. Mais de la Triade, il ne restait plus que lui. Son frère puis sa sœur de cœur avaient trouvé la mort dans les vagues de danger secouant leur ancien continent. En cela, sa réponse était de ces 'jolis' mensonges. Le même genre de réponse qui n'était qu'une demie-vérité, une parade ouverte mais... C'était de bonne guerre, non ? Il le lui rendait bien. « Il était, en effet, inévitable que vous reveniez à Caladon. Je n'ai, en revanche, pas souvenir que Selenia se soit vu renaître de ses cendres.... » laissa-t-il en suspens. Si Caladon avait pu éveiller le souvenir ancien d'une cité vivante et captivante, Sélénia n'était la résurrection d'aucun idéal, à peine celui de Gloria... Et pourtant, le vampire s'y était rendu autant qu'il était présent maintenant devant lui. Il l'interrogeait implicitement sur les motifs qui avaient conduit les pas de Toryné dans l'empire ennemi à l'Alliance des Cités Libres.

    Il lui avouait également être au courant de son voyage. Les commerçants parlaient beaucoup et... Les Dalis n'étaient pas le genre de famille à passer inaperçu. « Vous êtes un ami, Toryné. Du moins ai-je la naïveté de le croire mais je dirige Caladon à présent, je ne peux me reposer sur une candeur innocente pour protéger ceux qui m'ont demandé d'assurer leur... Prospérité. » Étrange comme ce mot lui revenait, en parfaite adéquation de sa situation. « Si la Princesse Irina Faust vous craint, ne serais-je point fou de ne pas en faire autant ? » Il eut un sourire, songeur avant d'ajouter : « Et si elle vous craint, dois-je en conclure que vous n'avez guère de loyauté à son égard ? Dans ce cas, de quelle obligation seriez vous affublé pour devoir quitter Caladon ? » Cette fois, son sourire devenait complice, parangon de politique.

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Elle n'hésitait nullement à rappeler l'engagement de l'elfe, jouant sans honte sur la corde sensible.

- Nous risquerions de souffrir de votre absence, ser.

N'était-ce pas là un simple jeu innocent ? Captivant les sens et l'esprit de la jeune vampire - et encore plus si la cible veillait à être docile et tout autant amusé -, veillant tout de même à respecter les règles de bonne conduite. Elle n'avait pas vraiment l'habitude que la gent elfique se prête à ce genre de jeu. Néanmoins, elle se détachait rapidement de l'elfe pour se placer derrière une fenêtre assez loin de l'odeur de sang qui éveillait en elle des instincts plus primaires - une odeur qui malgré les années lui paraissaient toujours ambivalente agréable et désagréable à la fois. Elle se retournait en entendant les mots de son époux à l'égard du royaume et de sa dirigeante, observant les deux hommes bras croisés, affichant un air plus sérieux et un peu fermé.

- J'ajouterais une raison un peu moins politique, aux siennes, Aërthia est nullement une ville faite pour qu'une enfant y vive, le climat y est rude pour les vivants sans parler de la menace que représentent les autochtones. Ajoutons ensuite à cela la méfiance de la couronne envers notre famille.

Elle posait un constat bien moins neutre que son futur époux, plus sentimental et féminin, les craintes d'une mère pour l'avenir de son enfant, quelque chose de finalement très humain, elle le mettait ainsi lentement au secret comme si c'était quelque chose que tout le monde savait - mais cela ne servait qu'à endormir la méfiance de l'elfe, alors qu'au contraire, l'existence de la jeune humaine Dalis au sein du royaume vampirique était gardée sous silence. Donnant ainsi plus de poids aux paroles de son géniteur. Il n'y avait rien de surprenant à ce secret, un enfant non-vampire n'avait rien à faire dans le royaume, et encore le royaume peinait à se statuer au sujet des enfants non-vivants.

Irina était à des années lumières des inquiétudes de la dame des cendres, et sans doute qu'il en était de même pour la princesse du royaume vampirique.

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Toryné écouta silencieusement les paroles d’Aldaron et de sa fille, les yeux fermés comme s’il était sujet à une intense réflexion. Il avait plusieurs choses à analyser, son esprit analysait et traitait chaque information le plus rapidement possible. Cela ne présentait pas un défi en soi, c’était par l’esprit que le vampire avait non seulement survécue, mais qu’il s’était également élevé parmi les siens. C’était l’une des premières que la vie lui avait appris, la beauté ne sert rien sans un esprit pour la diriger.

-Je vous l’accorde, Sélénia n’a pas connu une renaissance quelconque, mais en revanche, on peut parler de naissance, n’est-ce pas ? Ne vous y trompez pas, je ne fais en aucun cas du favoritisme pour l’empire, j’étais non seulement curieux de découvrir cette cité,mais j’avais également certain devoir s’accompagnant de ma position de conseiller à remplir, la paix est une amante capricieuse qui réclame sans cesse qu’on s’intéresse à elle. En vérité, bien que son séjour eût été sous des aspects officiels, il en avait principalement profité pour son propre intérêt, ce qui l’importait bien plus que le maintien d’une paix aussi fragile. Quant à la suite de votre pensée, je vais me montrer claire. Je vous estime comme un ami également, cependant, comme vous venez de le préciser, vous dirigez Caladon, quant à moi, je fais partis de l’élite vampirique, nous avons nos intérêts qui nous sont propres, il y a des terrains d’entente, parfois, il n’y en a pas, il n’y rien de personnel, juste les affaires. Pour faire simple, je vous dirais une chose, vous pouvez faire confiance à l’ami, mais méfiez vous du conseiller vampire, une chance que ce soit l’ami qui soit devant vous aujourd’hui, conclut-il avec un radieux sourire. Ce monologue n’était que pur mensonge, on ne pouvait faire confiance à Toryné, à moins d’être de sa famille et encore, de sa branche et pas d’une autre. Et je parle de crainte, car c’est toujours ainsi qu’a fonctionné le royaume des vampires, tout prince ou princesse, digne de ce nom, se doivent de craindre leur entourage s’ils veulent conserver leur place, d’autant plus que j’étais un proche ami du défunt prince Soen. Ami, selon les critères Dalis bien sûr, même s’il devait bien le reconnaître, il lui devait sa position actuelle et bien d’autre chose.

Cependant, le vampire avait un sens bien particulier de la reconnaissance, s’il se montrait exigeant envers ceux ayant une dette envers lui,pouvant attendre jusqu’à plusieurs décennie avant de réclamer son du, alors que lorsqu’il se retrouvait redevable envers qui que ce soit, le conseiller ne se montrait pas aussi… prompt à régler l’affaire,si cela ne l’arrangeait pas bien entendu.

-Et pour rebondir sur les paroles de ma fille, cette fois-ci, il avait nommé Sintharia comme étant sa fille et non sa future épouse, cela pour par simple professionnalisme, il réaffirmait sa position de matriarche de la famille et donc de dirigeant incontesté, il est vrai que notre peuple n’est pas des meilleurs voisinages quand il s’agit d’élever un enfant, humain qui plus est… En effet, bien qu’à l’heure actuelle, il avait bien d’autre occupation, l’éducation de sa fille restait néanmoins un sujet d’intérêt actuel à ses yeux. Elle avait désormais 6 ans et si Toryné lui avait conféré la meilleure éducation que son érudition lui avait permis, mais il n’était pas instructeur, de plus il savait qu’il n’aurait bientôt plus le loisir d’accorder de son temps à cette tâche. Mais surtout, savoir sa fille loin d’Aerthia, faciliterait certaines choses. Il s’agit d’une enfant adorable, mon portrait craché sans vouloir m’en vanter, je serais ravie de vous la présenter à l’occasion. L’amour maternel, les enfants, deux éléments rendant “humain” ceux les employant, ce qui baisse le capital méfiance qu’on pourrait avoir à leur égard, en général du moins. Et pour une fois, il n’y avait aucun mensonge derrière ses paroles, Toryné était très fière de fille.

Petit à Petit donc, Toryné dévoilait le fond de sa pensée, il serait stupide de penser que le vampire n’avait qu’une seule idée en tête et encore plus de pensée que d’autre ne viendrait au fil de cette soirée. Son esprit calculait les probabilités, les possibles résultats et les différentes voies qu’on lui présentait, quelque part à sa manière, il scrutait l’avenir, et c’est ainsi qu’il avait pu étendre son influence à travers les âges. Cependant, il avait tout de même un fil directeur et c’était toujours avec grand plaisir qu’il voyait l’évolution de ce dernier, devenant par moment une véritable pelote de laine dans laquelle s’entremêlait malice et aléas de l’existence. Quel nœud allait donc apporter son vieil ami ? Il brûlait d’impatience de le savoir.

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    Par honnêteté envers lui-même, Aldaron devait s'avouer déçu, autant qu'il s'attendait à cela mais la réalisation de ce qu'il appréhendait ne faisait que renforcer la déconvenue de la situation. L'elfe était un manipulateur, mais il orientait cet art à des fins qu'il jugeait bénéfiques. S'il bernait ses ennemis, ce n'était que pour préserver la cité libre et s'il illusionnait ses amis, ce n'était que pour les orienter dans une voie salvatrice. Il était parvenu à ce point de réussite et d'échec où il pouvait agir de manière désintéressée, sans penser à se servir le premier ou à tirer la couverture à lui. Le bénéfice lui venait d'ailleurs : de l'amitié réciproque. Il eut un sourire courtois : « Il me tarde de la rencontrer. » fit-il au sujet de l'enfant. Trois Dalis. Là était toute la famille et pour autant, ce n'était pas le sujet qui le préoccupait.

    Il poussa un soupir et se redressa dans son assise. Il entama avec une franchise qu'un ami pouvait avoir avec l'un de ses pairs : « Sauf votre respect, Toryné, votre manière de concevoir l'amitié ne vous a guère réussi jusqu'alors. » Il n'y avait qu'à voir comme inspirer la crainte ne lui avait octroyé aucun trône... Et Aldaron était persuadé qu'il avait été brigué. Le ton de sa voix avait été sec, sans être agressif ou moqueur. C'était un constat dans son éclat le plus brut. « S'il est coutume au sein du peuple vampire de fonctionner par la méfiance et la terreur, je n'en fais pas partie et si vous veniez à m'accorder un tel traitement, notre amitié ne ferait que s'achever ce soir, hélas. » S'il était ferme, il n'en demeurait pas moins vrai que cela le chagrinerait un tant soit peu. Il ne pouvait toutefois accepter qu'on joue double jeu à son égard. Qu'il s'agisse du comportement de Toryné à l'encontre d'autrui : il le respectait. Mais pour ce qui était du lien, de la relation qu'il avait avec lui, c'était à eux de décider de ce dont il serait composé... Et Aldaron n'était pas homme à faire dans la demie mesure lorsqu'il s'agissait de la qualité de ses fréquentations. Des politiciens, il y en avait un grand nombre à Caladon et il trouverait bien des alliés d'une toute autre manière.

    Il marqua un pause, pour que ses convives saisissent la profondeur de ses mots avant de reprendre : « Pour être honnête avec vous, en parlant de vous craindre, j'espérais que vous me détrompiez. J'ai eu nombre de contacts qui, jadis, vivaient au sein de la Théocratie, mais qui, par amitié, participaient à leur manière à renforcer le Protectorat. D'aucun ne m'opposait le masque de la nation ennemie pour parer mes demandes ou pire, me poignarder dans le dos, au nom de son rôle dans une autre peuplade. » Et s'il ne l'avait pas accepté à l'époque où les temps étaient durs, ce n'était pas aujourd'hui qu'il changerait de ligne de conduite : « Et quand cela venait à être le cas, je n'avais que quelques accords à prendre pour que son entreprise, son marché, soient réduits à peau de chagrin. » La menace était sourde et pourtant réelle. L'or était le nerf de la guerre et permettait bien des choses... En particulier de faire tomber la famille Dalis. Du moins à Caladon pour commencer. « Je ne vous crains pas, Toryné. Vous, comme bien d'autres. » conclut-il. Si Irina Faust se devait de craindre la famille Dalis, ce n'était que par les coutumes de son peuple. Aldaron en avait cure et l'expliqua le plus simplement possible : « Que me feriez-vous ? »

    Il haussa les épaules avant de couler un regard vers la sombre prédatrice qui rodait autour de leur entretien. Sintharia avait cette aura protectrice qu'il présentait, lui qui connaissait si bien les bipèdes et leurs sentiments : « Me tuer ? » lui proposa-t-il avant de répondre sombrement : « Je suis déjà mort depuis longtemps, ma chère. » Il lui avait été octroyé de vivre encore, mais Morneflamme avait tué son essence. Il n'était plus qu'une coquille vide qui errait en espérant faire ce qui était juste pour ce monde. Il eut un sourire triste : « M’arracher des êtres chers ? » Ses prunelles d'émeraude revinrent se poser sur le maître de la famille avant de répondre sans animosité : « Je crains que vous n'arriviez trop tard pour cela. » Achroma, Cercëe, Corine... Ils avaient tous franchi le voile de la mort, alors quoi ? « M'intimider ? » Il levait les sourcils et un sourire carnassier et amusé venait marquer sombrement ses lèvres : « J'ai regardé le Tyran Blanc dans les yeux lorsqu'il m'a demandé allégeance, et je lui ai dit d'aller se rhabiller. » Et personne n'arrivait à la cheville de ce monstre.

    Il referma sa main sur sa coupe d'argent : « Me manipuler ? » Il porta l'alcool à ses lèvres, savourant une gorgée : « Faites, vous en profiterez le temps où je ne m'en rends pas compte. » Avant de basculer dans la liste de ses ennemis, et il n'était pas tendre avec ses ennemis. « La confiance... » Lorsqu'elle était sincère pouvait être si bénéfique. Et si elle était biaisée, elle était la voix de la rage destructrice. « Est quelque chose de plus précieux encore que la crainte. Je ne suis pas un roi : je ne tiens ma place ni par ma naissance, ni par la force. Je la tiens parce qu'on m'a confié ce rôle. Parce que chaque marchand de cette ville bénéficie au quotidien de la dévotion que j'ai à leur égard. Et en retour, je suis convaincu qu'ils me suivraient dans la pire des folies. » Songeur, il poursuivit : « La confiance, c'est à la fois grisant et effrayant. » Très effrayant. Il était bien avisé de cela et en dosait le mérite. « Ne croyez pas que je sois utopiste. J'ai constaté combien l'on pouvait devenir inhumain et combien les figures de vertus peuvent aussi être capable du pire... Si bien que j’exècre cela. Y compris chez moi. » Il n'oubliait pas l'état de bestialité auquel il avait été réduit dans la prison de Morneflamme. Il avait découvert des parts très sombres de lui-même qu'il détestait et étouffait : « Y compris chez vous. »

    Il poussa un soupire équivoque qui trahissait le fond de sa pensée avant d'ajouter : « Votre fille pourrait grandir et s'épanouir à Caladon. Ici, il n'y a pas de noblesse, rien de plus que des êtres qui s'élèvent à l'art de la politique et du commerce. Ne trouvez-vous pas que cela puisse être un terreau fertile à son apprentissage ? » Il porta son regard sur la vampiresse, attendant là sa réaction avant de conclure avec honnêteté : « Encore faut-il que les Dalis soient bienvenus à Caladon. » Aldaron ne pourrait pas les laisser prospérer dans la cité libre à leur guise s'ils y venaient avec la possibilité au cœur de les trahir pour ces fameuses 'affaires'. Dusse-t-il mettre un terme à son amitié pour cela.

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La jeune femme avait laissé de longues secondes filer avant de répondre à la question en sous-texte de l'elfe, gardant une attitude finalement passive, assez détachée de la conversation des deux hommes, comme si elle estimait qu'elle n'avait pas sa place dans leur joute verbale. Avait-elle des choses à dire ? Bien entendu. Garderait-elle sa pensée pour elle-même ? Certainement pas. Néanmoins, elle ne jouait ni le jeu de son géniteur qui fonctionnait sur la crainte, ni celui de l'elfe qui n'était pas dupe. Elle resterait neutre.

Elle avait jeté un regard intrigué en direction du bourgmestre, avant de se tourner dans sa direction, se détournant presque à contre cœur de la fenêtre, elle ne marquait aucun stress, dépourvue d'agressivité.

- Personne ne tuera qui que ce soit ce soir, Aldaron, nous ne menaçons ni votre vie ni celle de vos proches. Caladon n'aurait pas pu tomber entre de si bonnes mains tout comme j'ai un grand respect pour la race elfique, je trouve que vous êtes une personne droite et juste, vous disposez d'un œil averti et des mots qui savent se montrer incisifs, presque effrayants.

Elle avait adopté naturellement une attitude peu menaçante, arborant un sourire entendu, opposant à la crainte de l'elfe un obstiné sang froid, un calme et une douceur que certains auraient pu décrire comme purement féminins. Elle qui avait été passive lors des derniers échanges maniait à présent les mots avec franchise, arrondissant les angles provoqués par les mots de son géniteur, un calme qui tranchait singulièrement avec sa nature de nouveau-né - puisqu'elle ne vivant que depuis six ans en tant que vampire. Posant ses yeux clairs dans les émeraudes de l'homme, sans ciller une seule seconde, dévoilant une certaine empathie à l'égard de l'elfe. Avant de finalement baisser ses prunelles argentées dans un geste presque soumis, acceptant la réaction de l'homme.

Toute cette communication non-verbale était parfaitement claire, elle ne se posait pas ce soir en tant que menace, mais tout simplement en tant qu'amie, nullement en tant que simplement femme et fille du conseiller.

- Je souffrirais qu'il vous arrive quelque chose, autant que s'il vous prenait l'envie de vous battre avec mon époux. Continuons plutôt cette soirée de manière plus cordiale, qu'en dites-vous ? Laissons de côté la politique, au moins ce soir.

Pour le reste, elle semblait ne pas y faire attention, se contentant de faire quelques pas, observant avec une certaine attention la décoration de la pièce, puis portait un regard sur son futur mari, un regard pour lui rappeler que tout ce qu'il dira ne sera pas que retenu contre lui, mais contre eux, les Dalis même !

- Il est difficile de trouver des bons précepteurs en dehors de Caladon, je crois d'avantage qu'éduquer les nouvelles générations permettra une paix durable. Et je dois avouer qu'à ce niveau-là, les vampires ont toujours eu du retard, Aërthia, n'est pas une capitale créée pour cela, elle très militarisée, c'est une terre propice à rien.

Elle ne cherchait nullement à attendrir l'elfe, mais expliquer son choix, elle avait suffisamment fréquenté les autres pays pour se rendre compte de certaines choses, même un imbécile aurait pu s'en rendre compte. Et elle savait très bien que les amitiés et les traités étaient des terrains propices à la traîtrise. Néanmoins, elle prenait soit d'ajouter :

- J'ai vécu quelques mois à Endëaerumë, une ville fort sympathique, mais je dois avouer, que j'ai du mal à m'y sentir à ma place, les enseignements y sont stricts et les vieilles rancœurs sont tenaces, encore plus face à des créatures qui se nourrissent de ce genre de choses.

Et pour appuyer ses propos, elle soulevait tout simplement sa coupe à hauteur de son épaule - à laquelle elle n'avait toujours pas touché. En effet, n'était-ce pas entre autres à cause du régime alimentaire des vampires qu'ils se mettaient en marge des autres races ? Elle pouvait le comprendre facilement. De part sa nature, elle avait des sensations contraires à l'égard du liquide écarlate, une profonde attirance et en même temps un profond dégoût. Sintharia laissait de ce fait filtrer de nombreuses informations.

Quant à la capitale elfique, elle aurait pu inventer un long récit, mais en réalité à par obtenir de nouvelles relations et récolter une marque qui lui semblait encore douloureuse aujourd'hui, le reste n'avait pas été spécialement intéressant.

-
Néanmoins plus qu'une Dalis, je suis une mère prête à tout pour son enfant. Et c'est quelque chose qu'on retrouve chez toutes les races, vous devriez facilement le comprendre.

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Toryné était resté très silencieux pendant le monologue d’Aldaron et la réponse de Sintharia, cependant, il n’avait pas perdu son sourire et il avait écouté chaque parole attentivement. Intéressant, c’était ce qu’il pensait, Aldaron sur une certaine défensive, Sintharia essayant de calmer une tension qui ne l’atteignait pas, s’il ne savait pas contrôler sa personne, Toryné aurait éclaté de rire.

Cependant le conseiller venait d’obtenir beaucoup de réponse avec les paroles de l’elfe. Premièrement, il savait désormais qu’il n’enverrait très certainement pas sa fille à Caladon, l’empire Sélénien semblait un bien meilleur parti désormais. Pourquoi donc ? C’était simple, Toryné avait beaucoup de projets pour sa fille, son héritière actuelle, par conséquent, il avait besoin de plusieurs choses. Pour commencer, il préférait que sa fille soit éduqué auprès des hommes, ainsi elle n’aurait pas besoin d’être caché de quelconque manière, mais elle pourrait également se familiariser avec la race humaine, chose essentielle pour de nombreuses raisons, qu’elle soit diplomatique ou nutritionnelle. Deux choix s’était donc offert à lui, l’empire ou la revenante, les seules nations humaines où envoyer la fille d’un vampire était véritablement possible.

Caladon avait de nombreux avantage, une ville commerciale avec une grande diversité ethnique, une véritable orgie culturelle et mercantile qui aurait grandement profité à sa fille sans nul doute. Cependant, Aldaron venait indirectement de pointer un détail fâcheux pour lui, ou plutôt plusieurs. L’absence d’une véritable noblesse à Caladon, si le bourgmestre l’avait présenté comme un atout, le conseiller lui voyait cela comme une tare, ne fallait-il pas une noblesse pour gouverner la basse populace ? C’était une valeur nécessaire pour l’éducation de son héritière. Mais si le vampire aurait éventuellement passé outre ce détail, toute l’attitude d’Aldaron dans son discours l’en avait dissuadé. “Quel idiot” fut sa première pensée, Toryné n’avait présenté que la vérité, vérité que tout le monde connaissait, si leur nation respective se trouvait dans une quelconque rixes, nul doute que tous deux soutiendraient leurs peuples, Toryné par intérêt et afin de conserver sa place et Aldaron pour sûrement les mêmes raisons, d’autant qu’il avait élu par vote, il avait donc en plus le poids de la confiance des siens sur les épaules. Était-ce difficile à comprendre ? Peut-être avait-il surestimé son ancien ami, finalement ce n’était qu’une carcasse animée par peu de choses.

-Je n’ai pas grand chose à ajouter que n’est déjà dit ma fille, c’était très révélateur pour ceux qui le connaissait bien, Toryné était non seulement égocentrique, mais surtout tenace lorsqu’il désirait quelque chose. Il n’avait tenté de surenchérir les paroles de sa fille, il ne tentait d’endormir son interlocuteur par quelconque mensonge fallacieux, il n’avait tout simplement rien n’ajouter, ce qui ne voulait dire qu’une chose : c’est fini, tu ne m’intéresses plus.

La conclusion pour Toryné était la suivante, l’empire Sélénien serait bien mieux pour sa fille, une noblesse, des lieux qui restaient cosmopolites, mais surtout un dirigeant qui n’était pas une coquille vide.

-Cependant, si vous souhaitez que ma famille ne soit plus la bienvenue dans votre belle ville, cela ne tient qu’à vous, je ne peux décider des choix du Bourgmestre après tout. Une perche envers Aldaron ? Cela pouvait y ressembler, un moyen pour ne pas couper tous les ponts, peut-être que cette phrase se présentait inconsciemment ainsi, mais pour Toryné, c’était avant tout un rappel, Aldaron serait responsable de ses paroles et de ses choix et donc des conséquences qu’elle entraînerait.

-Je dois cependant dire que je suis vexé Aldaron, que vous puissiez penser que je puisse vouloir vous manipuler, je peux éventuellement le comprendre, vous n’êtes pas le seul à penser de cette manière, mais que je puisse envisager de vous tuer ? Sa voix était emplie d’une déception non dissimulée et pour une fois ce n’était point de la comédie. Cependant le sens de sa phrase pouvait être mal interprété, car Toryné n’était pas déçu qu’on puisse le considérer comme un meurtrier, il en était un après tout d’une certaine manière, non, ce qui le décevait s’était la pauvreté d’une telle idée. Pourquoi le tuerait-il ? Par rage ? Toryné n’agissait que rarement ainsi. Pour déstabiliser Caladon ? Cela profiterait trop à l’empire Sélénien, donc encore une fois, il n’avait aucun intérêt. Où bien pour gagner une quelconque influence sur Caladon ? Pas vraiment, il n’avait d’allier suffisamment puissant qui pourrait prendre le poste de bourgmestre à l’heure actuelle…

-Si je devais vous tuer, ce ne serait que pour protéger ce que j’ai de plus précieux, il regarda Sintharia, je suis moi aussi une mère et cela passe également avant tout… Et sûrement que le vampire n’hésiterait pas à mettre le monde à feu et à sang par tous les moyens pour sa famille. Comprenez vous Aldaron ? Où devons-nous retirer ?

L’ultimatum était posé, coupé les ponts définitivement, ou garder les ruines branlantes encore debout pour un certain temps ?

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    Les prunelles émeraude du bourgmestre se posèrent sur Sintharia et l'éclat dans ses yeux montrait combien il appréciait le doigté impeccable de la jeune femme dans leur discussion. Elle était habile et sa sincérité, même si elle devait être partiellement feintée, se révélait être d'une authenticité sublime. Elle était prometteuse, il lui rendait un sourire affectueux, prêt à pardonner les erreurs de langage de son futur époux, mais encore une fois, Toryné eut le don de le refroidir par son obstination. Qu'il s'agisse du caractère extrêmement bref des excuses reléguées au rang de dispensables, le manque flagrant d'intérêt pour Caladon et la menace – décidément, c'était une manie – des conséquences de la décision d'expulsion du bourgmestre... Passe encore. C'était redondant et vexant mais Aldaron n'était pas un homme à la fierté mal placée et pourrait passer outre... Mais la vexation puérile de son interlocuteur, incapable de réaliser à quel point il avait manqué de tact et d'habilité politique, lui donna presque l'envie de rire et de taper paternellement l'épaule du conseiller vampirique. Quel enfant boudeur ! « Mea Culpa. Je ne dois pas avoir été assez clair... » fit-il finalement. Il était trop pédagogue pour se moquer de lui. « Au fond n'est-ce donc pas le but des mondanités ? Discuter de sujets divers et variés et laisser filer au grès des mots qui l'on est, et où nous allons. Le reste n'est que de la poudre aux yeux, un habillement factice pour décorer le fond d'une conversation plus sérieuse. »

    Il haussa les épaules et retira son masque de politique pour afficher un visage las et désabusé : « Dans ce cas, je vais poser mes questions plus ouvertement, j'espère que vous pardonnerez mon absence de subtilité. Lorsqu'Irina Faust a assis son pouvoir et son emprise sur l'empire vampirique, elle vous a relégué au second rang. Elle vous a écrasé, vous, votre famille, votre honneur. Elle a tari le regard de ceux qui vous croyaient capable de la dépasser, moi le premier. Alors je m'intriguais... Je me demandais si vous aviez accepté de courber l'échine, si vous veniez me voir en son nom ou pour le vôtre. Si vous seriez prêt à me trahir, moi, votre ami, au profit des intérêts d'une princesse qui a placé votre tête sous sa botte et d'un peuple, aussi grand et puissant soit-il, qui l'a soutenue. Et vous m'avez dit que oui, vous le feriez. » Il ne mâchait pas ses mots. Le ton était froid, net, mais sans colère, sans émotion aucune. Il était aussi droit et implacable que la justice dans son élocution, comme s'il exposait des faits, rien que des faits. « Je ne vous interrogeais pas sur une généralité, sur le masque inflexible du devoir qui contraint des amis à se trahir lorsqu'ils n'ont pas le choix. Je vous interrogeais vous. Uniquement vous, car vous avez le choix. Je m'intriguais de la manière dont vous vous relèverez de l'affront qu'elle vous a fait... » Il arqua un sourcil : « Ou pas. »

    Il poussa un soupir, loin de vouloir aller plus loin dans cette discussion. Ils ne voyaient pas le monde de la même façon. L'avaient-ils seulement eu ? Il en doutait soudain... Rien qu'à le voir accepter passivement la possibilité de lui fermer les portes d'une ville telle que Caladon. Devait-il en conclure que les Dalis iraient à Selenia ? « Vous savez, Toryné, j'ai passé 450 ans auprès des hommes. » Dès siècles... Après son exil du peuple elfique. « 450 ans à gravir l'échelle sociale. J'ai accumulé des titres et les distinctions de noblesse, j'ai gravité autour de la famille royale des Kohan, de génération en génération. A chaque nouveau roi, je renouvelais mon allégeance et je faisais partie des conseils les plus sûrs... Et les plus anciens... » Un sourire amère, éphémère, avant la poursuite nette de sa position : « Pour les Kohan. J'ai mis à leur service mon œuvre la plus plus précieuse et la plus redoutable qui soit. » Le Marché Noir. Si célèbre que la réputation de sa maîtrise exceptionnelle du commerce lui collait à la peau. Sans courroux aucun, mais d'une voix lasse, il demanda : « Et cela pour quoi ? » Il expliqua plus en avant son propos. « Les titres de noblesse... Ont la fâcheuse tendance à mélanger les serviettes et les torchons... L'élite et la médiocrité. Lorsqu'on est traité avec le même égard que des êtres qui n'ont de noblesse que le titre hérité de l'oncle de votre père qui avait miraculeusement gagné une bataille dans le fin fond de la brousse vampirique... On commence à remettre en question cette notion de noblesse, son sens, sa réalité. Sont-ils vraiment les meilleurs ? Sont-ils l'élite ? Est-ce que mon roi remercie à sa juste valeur les qualités de chacun ou se montre-t-il trop égalitaire entre personnes de cette même strate sociale pour faire le coq au milieu de sa cour ? »

    Bien sûr, il s'était remis en question... Mais de tous les nobles de la cour des Kohan, il n'en voyait aucun qui ait autant servi leur lignée que lui. Le Marché Noir avait assuré la survie de Korentin et de Nolan. Il leur avait fourni de l'or, des armes, de la nourriture. Il avait sauvé la couronne qui régnait aujourd'hui, à Selenia. Littéralement. « Pendant 450 ans, j'ai enduré la noblesse. Je l'ai explorée, exploitée et j'ai été déçu. Peut-être avez-vous besoin de vivre et ressentir cela par vous-même pour comprendre ma pensée. Peut-être que la place qui vous a été ravie par Irina Faust incarnera la première écorchure sur l'image tant convoitée des hautes sphères telles qu'elles existent en dehors de Caladon. » De l'espoir. C'était tout ce qu'il avait pour Toryné. Qu'il ouvre les yeux sur ce qu'était Caladon et sur ce qu'était Selenia. « Je cherche des talents. Je ne cherche ni des nobles, ni des roturiers, je cherche l'élite, je cherche les meilleurs pour m'entourer aujourd'hui et me surpasser demain. » Mais Toryné n'en ferait pas partie. Sintharia en revanche... Peut-être, elle avait ce potentiel là, si elle l'exploitait judicieusement.

    « Alors, si clore devant vous les portes de Caladon ne vous fait ni chaud ni froid, peut-être trouverez vous votre bonheur aux pieds d'Irina Faust... Ou peut-être à Selenia. Mais comme nous sommes amis, il me faut vous conseiller de ne pas trop vous attacher à cette dernière. » L'empire de Nolan Kohan pourrait bien être en faillite avant la fin de son mandat, par l'action invisible et véhémente du Marché Noir. Et sa noblesse, qui avait périclité dans l'absurdité, apprendra à mendier le pain dans la rue si elle n'a été à la hauteur de ses titres en ayant l'intelligence de se battre efficacement ou de partir. « Pour le bien de vos enfants. » Son regard s'appuyait sur lui, quelques secondes avant qu'il ne se lève de son assise pour se diriger vers un meuble dont il ouvrit le tiroir : « Je crois que cette entrevue est terminée, Toryné. J'ai reçu, de votre bouche, suffisamment de menaces auxquelles je suis las de répondre et pour lesquelles, ce serait plutôt à moi de me vexer. Aurais-je du accueillir votre... 'Conseil' à me méfier de vous avec des tremblements terrifiés ? Ou baisser les yeux en silence, accepter, comme un dirigeant vulnérable ? » C'était absurde. Il avait un rôle à jouer pour cette cité et un impact à avoir dans l'esprit des autres nations. Il sortit une pipe et des herbes sèches et broyées. Cela faisait toujours mal de perdre un ami. « Votre fille semble avoir mieux compris cela que vous. Ce n'est pas à moi de vous séduire, Toryné. Mon empire est fait, je n'ai rien à vous prouver. Juste à vous tendre une main dans l'adversité et je l'ai fait. » Il referma lentement le tiroir. « Bonne chance. » Oh oui, il lui en faudrait. Ainsi les planta-t-il là. Ils trouveraient bien la sortie tous seuls. Lui, il rejoignait le balcon du premier étape pour fumée. Le temps, c'était de l'argent, et il n'en avait plus à en perdre pour cet homme.... ou plutôt cet enfant-là.


[HJ : C'est une clôture pour moi ^^ Merci pour le RP ! Ce fut riche ! Si vous souhaitez répondre, faites le moi savoir, sinon j'irai placer le sujet dans la chronologie Smile ]

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Les mots de son époux auraient presque pu faire frémir la femme, elle se retrouvait entre deux feux, mais elle n'oubliait pas que l'intérêt des Dalis, était plus haut que celui de son époux, ainsi, se contentait-elle de baisser les yeux, un peu honteusement et si elle était encore vivante certainement aurait-elle longtemps rougi de honte.

Quand son homme sortait, elle s'excusait rapidement de son comportement, sans en ajouter d'avantage, néanmoins, elle semblait traîner d'avantage que son géniteur.

- Mes excuses, sire, pour votre temps. Indiscutablement, le couple de vampires avait abusé du temps du bourgmestre, et elle s'en excusait avec une politesse toute franche, et elle se trouvait même presque pudique d'être devant une telle situation, s'inclinant poliment avant de refermer la porte, non sans poser un regard entendu sur l'elfe, un sourire pâle aux lèvres cependant.

Visiblement, les deux êtres attendaient chacun quelque chose de l'autre, et elle comptait saisir cette opportunité, bien qu'il s'avérait que ce soit un jeu particulièrement dangereux.

Peut-être eut-elle égaré une lettre lors de sa sortie, ou plutôt l'avait-elle glissé discrètement sur le bureau du bourgmestre avant de partir. Une enveloppe simple, bien qu'elle comportât les dorures propres aux écrits de la noblesse, marquée du sceau noir des Dalis. Ainsi était-elle prévoyante à ce point-là ? Certainement.

Contenu de la lettre :


La lettre était bien formée pour quelqu'un qui n'y connaissait pas grand chose à la politique, l'écriture de la vampiresse était parfaite et soignée, elle n'avait eut aucun mal à coucher ses doutes sur le papier.

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