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descriptionD'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil] EmptyD'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil]

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Après notre déconvenue dans le désert Sud de l’île, il fallait prendre une décision, et la décision s’avérait difficile. Nous ne pouvions pas continuer l’exploration de la zone aride au vu de ce qui c’était passé, c’était une évidence. Déjà, moralement, et mentalement, aucuns des aigles n’étaient prêts à revivre cette expérience. Il était vrai qu’à la manière d’un océan, les dangers qui se cachaient sous le sable, invisibles et prédateurs, pouvaient être terrifiants. C’était un lieu inhospitalier et hostile dont nous savions trop peu de chose pour l’explorer en toute sécurité. La deuxième raison, était la découverte de l’enfant elfe que nous ne pouvions décemment pas envisager d’emporter avec nous dans cette aventure. S’il avait eu besoin de soin, il avait maintenant besoin d’un foyer, et d’y attendre le probable reste de sa famille. Nous ne savions rien de lui, aussi, le choix de le confier au domaine baptistral nous paraissait, pour le moment, le plus pertinent.

Mais, au vu de la zone où nous nous trouvions, et de la proximité du cratère, je ne voulais ni laisser Aurore retourner seule au domaine, ni abandonner certains de mes hommes pour lui fournir une escorte. Il ne fallait tout simplement pas nous séparer, et, surtout, nous rendre à l’évidence : cette expédition était notre premier échec. Trop soucieux de la vie des explorateurs placés sous ma responsabilité, je décidais donc que nous remonterions tous ensembles jusque-là capitale Elfique pour y accompagner Aurore et l’enfant, et, qu’une fois fait, nous retournerions explorer les abords du désert pour décider d’un meilleur angle, et d’un meilleur plan pour sa découverte. Toute la compagnie sembla approuver, et nous pliâmes bagage en direction de la capitale.

Fort heureusement pour les âmes de chacun de mes partenaires, ainsi que de mon amante, nous ne rencontrâmes aucun danger durant toute la durée du trajet, rejoignant donc assez vite notre destination au grand soulagement de mes hommes. Ces derniers prirent alors quelques jours de repos au sein de la capitale, alors que j’en profitais pour rester auprès d’Aurore pour les quelques moments qui nous restaient avant notre prochaine séparation. Une fois que je fus sur qu’elle soit en sécurité dans l’embarcation qui se dirigeait vers Nétheril, je rassemblais la compagnie pour un nouveau départ en direction du Sud. Ces quelques jours leur avaient fait le plus grand bien, et la bonne humeur c’était de nouveau installée au sein de notre convoyage. Je restais toutefois attentif à ce que nos chemins ne diffèrent pas de ceux conseillés par les Loups, afin de diminuer les éventuels dangers qui pourraient survenir. Pour le moment, tout se passait finalement bien, à mon plus grand soulagement, et surement au leur.

Nous avions alors établi le campement bien à l’est du cratère, afin d’en éviter la flore agressive, pour cartographier les environs durant quelques jours. Nous étions très proches du bord de mer, aussi, les grands espaces nous permettaient d’effectuer rapidement notre tâche. S’il y avait effectivement quelques animaux sauvages, nous n’étions victimes d’aucuns incident. Les Aigles avaient bien repris quelques-uns de mes enseignements et ne prenaient aucun risque. Après tout, nous n’étions en rien une compagnie guerrière. J’étais, un début d’après-midi, accompagné de Läna dans la tente de commandement, cherchant à définir notre prochain itinéraire, lorsque des éclats de voix retentirent dans le camp. Nous sortîmes prestement, pour conster le visage en pleur de Julia, une nouvelle recrue, qui bafouillaient des paroles totalement incompréhensibles malgré l’insistance de ses pairs. Je m’approchais d’elle, et elle me lança un regard implorant.

« Je… T-tom… » Commença-t-elle. Je remarquais alors un soupçon de frayeur dans ses yeux. Pourtant, Julia été réputée pour sa témérité hors du commun, qui faisait presque d’elle, malgré son physique, un véritable garçon manqué. Je ne l’avais pour ainsi dire jamais vue dans cet état, aussi, il n’était pas difficile de savoir ce qui n’allait pas. Quant au nom qu’elle avait prononcé, c’était celui d’une autre recrue de son âge avec qui elle paraissait partager des affinités. Je fronçais les sourcils, posant une main apaisante sur son épaule, et parlant avec douceur.

« Julia, écoute-moi. Calme-toi et respire. Je vais t’aider, mais, pour ça, j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe. Quel est le problème avec Tom, il s’est blessé ? » Lui demandais-je, tâchant de la raisonner. Cela sembla fonctionner puisqu’elle se mit alors à respirer profondément, calmant son souffle entrecoupé de sanglots. Elle leva ensuite ses yeux terrifiés vers moi, tâchant de m’entretenir au mieux de la situation.

« Je… Nous étions au niveau de la plaine, vers les falaises… Nous étions en train de cartographier la zone… » Commença-t-elle, faisant de son mieux pour être intelligible. « Tom… On a entendu un grand rugissement, et… Et il m’a plaquée au sol. Quand je me suis retournée… Il y avait… Il y avait… » Elle éclata de nouveau en sanglot, avant de finir par se reprendre. « On s’est enfuit, mais Tom… Il était blessé à la jambe… Et quand je me suis retournée je ne l’ai pas vu derrière moi… » Je fronçais les sourcils, tâchant de réfléchir au mieux à ce qui avait bien pu les attaquer dans cette région. Le prédateur devait être visiblement particulièrement impressionnant, pourtant, il ne me semblait pas que la région soit peuplée de tels monstres. Je lui répondais alors.

« On va aller le chercher Julia, ne t’en fait pas. » Elle en avait assez, fait, et, visiblement en état de choc, elle devait se reposer. Mais sa réaction fut encore pire que ce que j’avais pu imaginer, et elle accrocha vivement mon bras.

« Non ! N’y allez pas… Vous ne comprenez pas… » Reprit-elle, ses larmes reprenant de plus belle. « Je… C’était… C’était un Dragon ! » Je fis un mouvement de recul, écarquillant les yeux, alors qu’un silence pesant s’était installé brutalement. Je n’avais aucune raison de remettre en doute la parole de la jeune femme, et, même si c’était le cas, nous ne pouvions abandonner Tom ainsi. Je structurais alors rapidement les choses dans mon esprit, avant de me relever, et d’annoncer sur un ton calme, mais sérieux.

« Amon, scelle ton cheval et prépare-toi à transporter un blessé. Läna, tu prends le commandement du camp en mon absence. Je veux qu’il ne reste qu’une seule tente encore debout, celle destinée à soigner Tom lorsqu’il reviendra. Faites au mieux suivant sa situation, et levez le camp le plus vite possible. Vous n’avez pas besoin de m’attendre et c’est un ordre non discutable. Dès lors que Tom sera sorti d’affaire, vous retournerez à Endëaerumë, et vous m’attendrez là-bas. Je vous rejoindrais. Amon, tu te contenteras de récupérer Tom, et de retourner au campement pour ses soins. Tu ne reviendras pas sur tes pas. » Mon ton était sans appel, et aucun n’osa s’opposer à mes consignes. Je doutais que, de toute manière, ils aient réellement envie de se frotter à l’un des représentant de la race draconique.

Je tapais alors mes talons l’un contre l’autre, activant la glyphe de mes bottes et augmentant drastiquement ma vitesse. Amon était sur mes talons, et avait lancé son cheval au galop pour ne pas se laisser distancer. Il ne nous fallut pas longtemps pour arriver sur la plaine où se déroulait une scène à couper le souffle.

Tom, blessé à la jambe, rampait désespérément en direction du campement. Derrière lui se trouvait le premier dragon qu’il m’était donné d’apercevoir. Il faisait environ quatre mètres, et semblait prendre son temps, avançant avec sérénité vers sa proie sans défense. Il ne fallait pas être un fin stratège pour savoir que le jeune aigle n’avait aucune chance. L’énorme reptile ailés avait des écailles noires comme la nuit, ce qui lui rajoutait à la fois une esthétique majestueuse, mais aussi cauchemardesque. Je me reprenais en un instant, il n’était pas temps de l’admirer, quand bien même c’était le premier que je voyais. J’arrivais alors à la hauteur de Tom en courant, puis je m’interposais physiquement entre lui et le Dragon, plongeant mon regard ambré dans le sien. Je me rendis alors compte que je connaissais son titre. Il n’y avait pas beaucoup de dragons, et une seule avait les écailles aussi noires que la nuit. Sans la lâcher du regards, et sentant qu’Amon était en train de récupérer Tom, je lançais alors.

« Salutations, Dragonne d’obsidienne. Sachez d’abord que j’ai un immense respect pour vous et votre race, mais, malheureusement, cet homme est sous ma responsabilité, et je ne peux vous laisser faire passer sa vie à trépas. » Mon ton était calme, et respectueux, malgré le tumulte qui résonnait dans mon âme. Je ne devais pas faillir, pas tant qu’Amon et Tom ne soit repartis plus loin. Gagner du temps, simplement, même si je savais que ce ne serait surement pas suffisant. Dans tout ce chaos, une chose simplement était sure : Quand elle l’apprendrait, Aurore allait me tuer. Cette pensée aurait pu m’arracher un sourire, mais la situation était bien trop grave pour ça.

descriptionD'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil] EmptyRe: D'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil]

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L'astre diurne se reflétait à peine sur les écailles noires, polies et fines, elles absorbaient toute la chaleur du soleil, et elle était si intense que cela en gênait réellement la dragonne d'obsidienne. Elle avait découvert cette île bien longtemps auparavant. Keet-Tiamat, mais jamais osé y pénétrer aussi profondément. Son désert était aride, peut être plus encore que celui qu'elle connu sur l'ancien continent. Ses écailles chauffaient et lorsqu'elle devait voler longtemps, elle s'épuisait plus vite qu'à la normale. Pourtant, Aïasil aimait l'exploration, elle aimait les décors de cette île, si cet archipel devait accueillir les nouveaux peuples, si il était censé être les nouvelles terres des dragons, ne se devait-elle pas de découvrir les moindres secrets de cet endroit qu'elle devrait alors appeler... maison ?

Que du sable, et de la vermine. Même si ces grandes étendues désertiques avaient leur charme, elle ne pouvait que recenser le tragique passé de la dragonne. C'était ici que les elfes avaient élus domicile, les elfes, les plus arrogants sans doutes d'entre tout les bipèdes. Que de la vermine... Pourquoi était-elle venue ici ? Ce paysage si unique, si puissant, cette chaleur accablante, quelque chose remuait à l'intérieur d'elle, suscitait sa mémoire draconique. Un dragon était déjà mort ici.

Silaraë, maîtresse du ciel, l'étoile polaire. C'était au milieu d'un sable parfaitement similaire qu'elle s'était laissée allée à l'agonie, lente, dévorée par le chagrin et le désespoir, ne résistant que par amour pour ses filles et son fils le temps de leur transmettre la dernière perle de vie qu'elle cachait en elle. Le destin de sa mère rattrapait toujours la petite obsidienne, de même que son meurtrier : Achroma, le lien. Les derniers mots de Silaraë lui revinrent en mémoire.

" Et n'oublie pas ceci "

Ses mots furent confiés à Ashy, mais c'était à elle, Aïasil, qu'ils étaient destinés. Mais que ne devait-elle pas oublier ? Lorsqu'elle était petite, Aïasil cru que c'était tout son amour qu'elle ne devait pas oublier, maintenant elle doutait, n'était-ce pas plutôt ce condensé de souffrance ? N'était-ce pas plutôt son ignoble agonie ? Son suicide au dessus des grandes eaux. Et la cause de tout ceci, le lien, les bipèdes, ces sales petit êtres traîtres, forts en nombre, mais en tout point ridiculement faibles et inférieurs  lorsqu'ils étaient réduits à l'individu. Ces horribles bestioles qui avaient tout pris à sa mère, puis à elle même, la grande traqueuse qu'était la dragonne d'obsidienne avait-elle vraiment pu être conditionnée pour autre chose que de chasser les hommes ? Elle, elle ne se posait pas plus la question de la moralité de son action, lorsqu'elle décida qu'elle allait faire des humains qu'elle voyait son repas.
C'était ce qu'elle aimait après tout, des cibles peu nombreuses et isolées des villes et des agglomérations elfiques, c'était exactement ce qu'elle cherchait. La dragonne, planant au dessus du désert, ne tarda pas à remarquer la présence de deux âmes perdues. Deux humains, elle ressentait déjà plein de choses d'eux, de l'excitation, du bonheur, de l'amour aussi. Ce sentiment ingrat qui blessait et provoquait la dragonne, et enfin, de la terreur lorsqu'ils la virent. Elle atterrit à coté d'eux, et son rugissement leur intima très certainement de courir. Aïasil en attrapa un et laissa l'autre fuir, un seul humain suffirait à son bonheur. Innocemment, elle se mit à jouer un peu avec lui, le relâchant, le regardant courir, le rattrapant, le blessant de ses griffes, le temps du moins qu'il fallait pour que les renforts viennent à son secours : Les deux tourtereaux n'étaient pas seuls au milieu du désert n'est-ce pas ? Ils avaient sans doutes un campement avec d'autre des leurs un peu plus loin. Aïasil ne s'attendait pas à ce qu'ils soient si rapide, mais ils n'étaient que deux. Elle n'aurait donc pas de problèmes à se débarrasser d'eux si l'envie lui en prenait, mais pour l'instant, elle était plutôt intriguée par le jeune elfe qui s'interposa entre elle et sa proie.

Elle n'était ni aveugle ni stupide, elle voyait bien son compagnon récupérer l'humain qu'elle avait blessé, elle voyait bien que l'elfe gagnait du temps, cependant elle respectait son geste, en s'interposant entre le dragon et son repas, il se plaçait lui même entre les griffes de la bête, et s'il ne tirait pas l'épée c'était très certainement parce qu'il savait qu'il n'avait aucune chance d'en sortir par ce moyen. Aïasil recula, et resta de marbre, portant son regard, le mettant au défit de plonger ses yeux dans ceux d'un dragon. Ses yeux étaient beaux, il avait toute l'élégance d'un elfe, mais il avait quelque chose de plus, une force, en lui, magique, qu'on ne retrouvait pas chez les autres bipèdes, son œil perçant ne tarda pas à distinguer les veinules cuivrées qui parcouraient sa peau. Était-ce un sortilège ? Il n'était pas vampire, son cœur battait  toujours, mais s'il n'était pas elfe, qu'était-il ? Elle pensa, un instant, qu'elle avait mit la patte sur ce qu'elle était venue chercher sur cette île.

Elle patienta quelques instants, suffisamment pour que le blessé soit scellé sur le cheval de l'autre humain, durant lesquels elle se décidait. Devait-elle punir ce nouvel individu pour son insolence ? Tous les massacrer ? Devait-elle en faire son repas pour lui avoir privé d'un autre ? Ou alors devait-elle se laisser aller à la curiosité, renouer un contact avec les bipèdes, se permettre d'en apprendre plus ? Un peu de tout cela, supposait-elle.
Alors sans prévenir, elle s'avança et posa l'une de ses pattes sur son abdomen, avant de brutalement y basculer son poids, il ne fallut pas longtemps au bipède pour vaciller et tomber sur le dos, écrasé par sa force. Chacune de ses serres le clouant au sol, ses griffes arquées agissant comme lien l'emprisonnant contre le sol brûlant et craquelé. Et alors, son esprit vint s'enrouler autour du sien, sans aucune douceur, avec sa brutalité caractéristique, elle s'introduisit de force en lui, et de ses milles voix féminines, impénétrables, elle incendia son crâne.

« Mais peux-tu seulement m'en empêcher, bipède ? »

Ses yeux d'argents plongés dans les siens, la fente de sa pupille acérée et rivée sur lui, ses lèvres écailleuses dévoilait quelques crocs d'ivoires, trop acérés pour craindre une quelconque armure. Pourtant, elle ne le tuait pas.

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Le dragon ne bougeait pas. Ou plutôt, la dragonne, dans le cas présent. Si j’aurais pu m’en contenter en actant que je gagnais suffisamment de temps pour que les deux humains sous ma protection s’en sortent, je savais pertinemment que ni elle, ni moi, n’étions dupes. Elle avait tous les avantages possibles et imaginables sur notre petit groupe, et elle aurait pu intervenir dès lors qu’elle l’aurait souhaité. Pourtant, elle se contentais simplement de défier mon regard, que je ne détournais en rien. A la manière de deux félins se disputant un territoire, aucun de nous ne souhaitait briser ce contact le premier. Il était le seul rien qui rattachait la temporalité en un instant d’éternité, et qui, pour l’instant, semblait parvenir à réprimer l’éventualité d’une future effusion de sang.

Je restais lucide, et ne perdais pas de vue une donnée importante. Cet adversaire providentiel était sans doute l’une des créatures les plus puissantes et respectées du continent, mais, surtout, n’agissait ici nullement par haine, si ce n’était pour une certaine forme d’amusement qui m’était encore inconnue. Mais je connaissais trop des légendes qui entouraient le Dragon de l’Ire pour ne pas me méfier. J’avais servi aux côtés des dragons dans la caste, mais Aïasil, la dragonne d’obsidienne, ne faisaient pas partie de ces derniers. Je ne connaissais que légendes sur elle, plus accablantes que rassurantes, et je restais sur mes gardes.

Une idée folle commença alors à naitre dans mon esprit. Etais-je vraiment en train de l’envisager comme un adversaire ? Oui, c’était indéniable. Et cette considération s’était faite naturellement. Nos destins étaient à ce moment opposés, et, même si j’espérais encore pouvoir faire appel à la diplomatie, cette option salutaire s’éloigna dès lors qu’elle fit le premier pas. Si ma main glissa instinctivement dans mon dos pour y décrocher ma lance, je n’eu le temps de la brandir, et me retrouvait bien vite plaqué sur le sol par une immense patte griffue. L’attaque visait donc simplement à assoir sa domination, et j’avais bien fait de ne pas surenchérir. Ma lance si particulière dans la main droite, je jetais un rapide coup d’œil vers l’arrière pour constater que l’homme blessé avait pu être évacué. En ça, c’était une bonne nouvelle. Au moins une.

J’envisageais donc rapidement de la laisser se contenter de sa victoire, en comptant sur l’assouvissement de son jeu pour nous laisser, mes hommes et moi, en paix sans plus de représailles. Mais sa voix, caverneuse, gutturale, et millénaire, me tira de ma réflexion. J’aurais pu voir la panique s’emparer de mon esprit comme une tempête incontrôlable sans la lueur qu’était mon totem et qui protégeait mon âme. Ce dernier m’empêcha d’accuser avec trop de violence la charge mentale que la dragonne venait d’instaurer en moi, ce qui me permettait de rester lucide.

Si, effectivement, je gardais l’esprit clair, mon âme, elle, curieusement, ne demandait que le conflit. Je me surpris alors à voir naitre un soupçon de colère dans ma poitrine. Pas la colère de la proie acculée qui ne fait que nier sa dernière heure arrivée, non, c’était autre chose. Une colère froide, sincère, qui visait simplement l’injustice du comportement de l’obsidienne. Si elle n’avait de considération pour nous qu’en tant que vulgaires gibiers de ses chasses, cela aurait pu faire partie d’une loin immuable de la nature. Mais elle se plaisait, se complaisait dans sa tâche, s’abaissant à des actes dignes des être humains les plus abjectes. Se nourrir, ou mourir, tout était dans l’ordre des choses. Mais prendre plaisir à faire souffrir une proie, par un sadisme éhonté et incompréhensible, était un concept qui m’était inconcevable. Ma dernière pensée fut plus simple. Qu’aurait-il pu advenir si cette scène avait eue lieu quelques jours plus tôt, au moment où c’était Aurore qui suivait, seule, cette route perdue ? Je sentis alors mon sang bouillir légèrement, bien que je gardais la tête froide. La dragonne était une menace, et je n’étais pas sa proie.

Je pris alors mon appui dans le même temps où j’activais mon glyphe de brume, me désistant alors à la poigne qui me maintenait au sol. Affronter un dragon était une folie, une hérésie même, mais ne pas le faire, ce jour, aurait été renier qui j’étais au plus profond de moi. Je n’aimais pas me battre, encore moins blesser, mais, contrairement à d’autres, j’en étais capable. A peine revenu de ma forme éthérée, je n’avais en rien cherché à fuir ou me désister. Ma lance avait tournoyé dans les airs, tranchante et lumineuse grâce au glyphe Gilgalad, pour se stopper en un coup d’estoc à quelques millimètres de l’œil de la dragonne. Son premier coup avait été dissuasive, le mien le serait aussi.

« Je n’en ai nulle idée, noble dragonne. Mais si votre ambition est de nous nuire, je compte bien essayer. » Si le ton était respectueux, il était aussi froid, et sans appel. Je ne comptais pas me soumettre, et comptais bien assumer l’ampleur de mon défi.

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Aïasil ne s'attendit pas réellement à une riposte, du moins pas une dont elle pouvait se soucier. La dernière fois qu'elle était venue aux bipèdes ainsi, on n'avait menacé que d'errafler quelques unes de ses écailles à l'aide d'un morceau de métal pointu, mais guère plus menaçant que leur petites pattes dépourvues de griffes. Cette fois, elle sentit curieusement une petite partie d'elle, infime, être absorbée par cet individu sous ses griffes. Non seulement il ne cédait en aucun cas son esprit à ses ronces, mais en plus, il consumait l'énergie de la trame pour se soustraire de son emprise, et la menacer avec une habileté honorable.

Elle demeurait de marbre, l'oeil rivé sur la lame qui menaçait de transpercer son oeil, la tuer, d'un simple mouvement de poignet de l'elfe. Tricheur, c'était la qualification la plus adéquate pour désigner cette race à laquelle il appartenait, changer, détourner, corrompre, c'était ce qu'ils faisaient. Hypocrites et imbus d'eux même, à l'inverse de l'humain précédent, Aïasil ne s'était pas attendue à quelconques supplices de la part de l'elfe, ils étaient trop fiers pour ça. Maintenant elle pouvait sentir ces artifices consummer l'énergie qui émanait de son esprit et qui nourissait le monde. Jusqu'à de son propre corps, il se nourissait d'elle, plus que n'importe quel autre être vivant, et maintenant il se servait de cette énergie pour la retourner contre elle.

“Corruption”

Murmura la dragonne dans l'esprit du jeune homme. Il n'avait pas besoin d'user de sa langue primitive pour lui faire part de son désir de la combattre, la menace qu'il lui présentait pesait suffisamment sur Aïasil. Pourtant, cette menace l'intriguait. L'homme qu'elle avait blessé était déjà parti s'abriter, pour son adversaire, c'était une victoire, les enjeux de leur combat s'étaient envolés. Alors pourquoi continuait-il de se battre ? Etait-ce parce qu'il savait qu'elle n'aurait aucun mal à les retrouver, lui et leur campement, et à menacer chacun de ces habitants ? Pourtant ils étaient sans doutes plus nombreux, il serait d'autant plus risqué pour elle d'y aller. Et pourquoi ne pas essayer de parlementer ? Rien ne satisfaisait plus la dragonne que la proie qui tentait d'amadouer son prédateur en lui promettant nourriture et richesse. On pourrait la traiter de sadique, mais même si elle n'acceptait pas toujours ces marchés, elle en apprenait à chaque fois un peu plus sur les bipèdes.  Or celui là ne désirait que ce battre, Aïasil sentit son petit coeur battre plus vite et plus fort, une idée lui inspirait la colère. Il se battait pour quelque chose d'autre, une cause ? C'était intriguant, et elle pouvait tenter de s'approcher de son idée, essayer en vain de la comprendre, et sans aucun doutes la découvrir futile, pour ensuite pouvoir la dévorer de la puissance de sa cause à elle, sa colère, et la détruire en même temps qu'une partie de son adversaire. Par le tortueux chemin qu'elle avait traversé, devant la force de son esprit , la puissance de sa haine, aucune idée ni cause ne se tenait, pas même la pitoyable notion de justice. Dans le monde dans lequel elle plongeait ses proies, Aïasil régissait les lois, et la seule idée qu'elle tolérait, c'était celle de la proie se défendant contre son prédateur. Alors elle le lui dit, liée à son esprit, elle ne tentait pas de le faire souffrir, il semblait de toute manière capable d'endurer le contact de son esprit, c'était suffisant.

“C'est ton droit.”

Sans aucun avertissement supplémentaire, elle se désolidarisa de sa lance en pivotant brusquement sur elle même, à une vitesse innatendue pour un être de sa taille, et vint brusquement le frapper au niveau des poumons de sa queue effilée et tranchante, à l'instar d'un fouet, mais assez puissant pour le propulser dans les airs : Il l'avait prise de surprise, elle pouvait le faire aussi. Et elle n'attendit pas qu'il retombe dans le sable, une petite dizaine de mètres plus loins, pour se précipiter vers lui, griffes et crocs sortit, laissant une ouverture à qui serait assez prompt et résistant pour préparer une riposte après un coup pareil.

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Le temps s’emblait s’être un instant arrêté, alors que la dragonne et moi nous jaugions. Mon attitude combattive semblait, l’espace d’un instant, l’avoir suffisamment perturbée pour ôter sa parole. Elle n’avait pas encore contrattaqué, et, curieusement, ne gagnerait pas à le faire. C’était un paradoxe. Un bipède qui tenait tête à un des immenses reptiles volants qui peuplaient autrefois Ambarhuna n’était pas une chose commune, mais, qu’il puisse être l’espace d’un instant en position de force était une hérésie. Pourtant, si d’autres en auraient profité pour assoir leur suprématie, je n’en faisais rien. Tout simplement parce que, même la mort d’un adversaire certain et d’une menace aussi profonde qu’elle ne m’était ne pouvait me satisfaire. J’espérais juste, simplement, et surement naïvement, que mon aplomb ne suffise à la faire reculer et abandonner une chasse aussi dangereuse.

Mais il n’en fût absolument rien. Dans mon angle mort, l’appendice caudal du dragon lui fit usage de fouet, percutant violemment mon abdomen sans que je n’ai la moindre chance d’esquiver l’attaque. Le choc me coupa le souffle, et, plus encore, m’envoya voler dans les airs comme un vulgaire fétu de paille. Je finissais ma chute dans le sable de la plage, rebondissant et roulant à plusieurs reprises, avant de parvenir à planter Ahavarion dans le sol, freinant ainsi ma folle course dans un nuage de poussière ensablé. Je peinais à reprendre mon souffle, totalement aveuglé par l’élément que j’avais soulevé. La dragonne était forte, mais surtout extrêmement rapide. Mais je n’eu pas davantage le temps de m’interroger sur une éventuelle stratégie. Alors que le sable retombait progressivement, j’aperçu l’immense forme sombre se précipiter sur moi. Dans une autre condition, et si j’avais pu m’apercevoir de son attaque plus tôt, une contre-attaque aurait certainement été jouable, quoique risqué. Mais là, ça n’était plus risqué, c’était du suicide. Le reptile était proche, bien trop proche pour que je ne puisse, en plus d’esquiver, tenter de la blesser.

En dernier recours, j’activais donc l’enchantement de ma cape. Le tissu se transforma rapidement en deux grandes ailes d’aciers qui se refermèrent sur moi au moment où les crocs de la dragonne venaient faire leur office. Ils furent alors bloqués par la solidité de l’enchantement, alors que j’encaissais l’élan de la guerrière, cramponné à ma lance toujours fermement plantée dans le sable. Après quelques secondes, notre mystérieux duo finit par s’arrêter, et je profitais de ce calme avant la tempête pour m’adresser à la dragonne.

« Je ne souhaite pas réellement me battre, mais je ne peux laisser courir à mes hommes un risque comme votre présence. Même si je me répugne de devoir utiliser cet argumentaire, nous ne sommes pas les seules proies existant ici, et je suppose que vous avez également compris que votre entêtement nous coûterait cher, à tous les deux. » Dis-je, soutenant le regard abyssal du dragon noir, tâchant, grâce à mes appuis et à mes ailes, de ne pas céder sous son poids, prêt à utiliser à n’importer quel instant mon enchantement de brume pour ne pas finir écraser.

Si nous continuions sur cette voie, il était évident que l’un d’entre nous deux allait l’emporter sur l’autre, mais que, dans n’importe quel cas, ce serait au prix fort. Je ne comptais pas me laisser défaire sans me défendre, et je me doutais que ce n’était pas son cas non plus. Restait à savoir qui, de sa faim ou de sa fureur, finirait par prendre le dessus.

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L'elfe ne fut pas assez rapide pour riposter ni même esquiver la contre attaque éclair de la dragonne, mais il le fut assez pour la bloquer, usant d'une igénierie magique dont Aïasil n'avait encore jusque là rien vu de semblable puisque ce sont de vértiables lames d'acier qui sortirent de son dos pour glisser entre ses crocs. Des ailes solides qu'elle ne put briser malgrès tout la force de ses puissantes mâchoires, à défaut de se blesser. Dans un crissement assourdissant, ses crocs glissèrent contre le métal pour y laisser les marques de leurs passages, et des traînées de salive chaude. En parfait équilibre sur ses quattre pattes, elle rejetta violemment le bouclier sur le coté, testant ainsi  sa force et les appuits de son adversaire, qui aurait pu s'en retrouver déstabiliser et laisser paraître une nouvelle ouverture, mais non, aucune. Sa défense était impénétrable.
Du moins pour un parfait bipède, elle était un dragon, l'essence même de la magie, à l'esprit aussi brûlant qu'étendu, elle transcenderait la matière pour aller chercher sa chair s'il le fallait. Ici, la dragonne ne faisait que jouer. Or pour que le jeu puisse continuer, elle n'avait pas d'autre choix que de respecter sa défense et si il n'avait plus envie de riposter, s'il voulait parlementer, elle allait accepter cette temporaire trêve et l'écouter...

Elle recula donc pour laisser une distance respectable entre eux et quitta sa position de combat pour une posture plus tranquille, assise sur ses deux pattes arrières, ses pattes avant ancrées dans le sable devant son ventre, sa queue se rétracatant autour d'elle à la manière d'un félin. Elle le scrutait de toute sa hauteur, de ses écailles noires qui absorbaient la totalité des rayons du soleil et de sa taille, elle lui faisait ombrage. Décelables sur ses écailles seulement quelques reflets de soleil, et les deux yeux d'argent qui plongeaient en lui.

“Si c'était “tes hommes” que je voulais, ils seraient déjà morts, tu ne protèges personne ici.”

Elle parla enfin, comme si ses paroles étaient sa signature de la trêve accordée à ce combat. Jusque là, elle ne lui avait fait part que de quelques mots de la langue parlée, et rien que le nécéssaire pour répondre à ses rétorsions. De manière générale, elle ne disait toujours que le nécéssaire. C'étaient ses yeux qui parlaient.
La fente de sa pupille semblait s'élargir et s'amaincir tour à tour en un rythme très court, elle pulsait, la dragonne, aiguichée par ces quelques échanges, mourrait d'envie de poursuivre cet affrontement. À l'intérieur de son regard se mélangeaient le désir de sang, de dévorer cet insolent qui prétendait pouvoir lui tenir tête, et en même temps, la seule raison pour la quelle elle avait accepté cette trêve : la curiosité.

“Heureusement... C'est toi que je veux”

On pouvait désormais presque y lire un rire, un sourire, l'équivalent de l'humain qui plisse les yeux en montrant ses dents, en étirant sa bouche d'un air hautement satisfait. Il se baladait toujours sur son visage, observant ses cheveux blancs, ses traits fins, sa peau parfaite, à l'exception près de ces étranges veinules cuivrées qui la questionnait tant, de son aura magique différente.

“Tu as décidé de prendre la place de l'humain entre mes griffes, pourquoi ?”

La question était pouvait sembler naïve et stupide, d'ailleurs, elle l'était, mais elle s'expliquait facilement du fait qu'Aïasil, âme brisée et torturée, était dévorée par un manque cruel au coeur et à l'esprit, un vide aussi spirituel que charnel qui menaçait continuellement toute sa structure de s'éffondrer, qui avait engloutit tout ce qu'elle avait constuit, son intégrité. Il lui fallait tout rebâtir, tout remettre en question, prendre pieds sur un nouveau chemin. Le précédent ayant été mis en échec, Aïasil devait comprendre le monde qui l'entourait, pour y chercher sa place. Connaître ses proies pour mieux les traquer, le monde pour mieux y reposer au sommet. A chaque fois qu'elle rencontrait une anomalie, comme cet elfe qui sauvait un humain. Cet elfe, un elfe, cette créature immortelle aux aspects nobles en réalité fourvoyés par l'hypocrisie et le mensonge,  qui sauvait un humain, l'éternel enfant, l'innombrable mais le stupide, le puant, le bétail. Ce n'était pas commun, même si il pensait pouvoir la défaire, qui défierait un dragon pour sauver une larve d'insecte ?

“C'est un ami ? Tu l'aimes ?"

C'était la seule théorie qui puisse tenir. Ça serait écoeurant, mais Aïasil voulait savoir si malgré des centaines d'années de vécu, les elfes étaient encore capable de faire des erreurs qu'elle a su éviter en deux ans seulement.

descriptionD'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil] EmptyRe: D'obscurité et d'étoiles [Pv. Aïasil]

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