Nous étions à quai depuis quelque jour, et, force était de constater que Caladon m’avait profondément manqué. Je n’y avais pas posé les pieds depuis notre départ d’Ambarhùna et la vivante cité cosmopolite n’avait pourtant pas changé. Certes, les habitations, les commerces, les rues et les avenues étaient totalement différentes de l’ancienne cité libre, mais l’âme qui l’habitait était toujours la même. Et c’était cette âme qui m’avait toujours étreint le cœur durant ma vie de serviteur de la Caste, et qui m’avait toujours fait me sentir chez moi. C’était donc nostalgique que j’arpentais ces nouvelles rues, en détaillant chacun des recoins comme par le passé, en attendant que le navire des aigles soit fini d’être chargé. Il serait sans doute temps de repartir en exploration bientôt, mais il me restait encore quelques jours pour profiter de la cité marchande.
Après une longue journée passée à découvrir de nouveaux lieux, je pris le cap de notre embarcation afin d’y passer la nuit. A peine arrivé, je fus accueilli, par Amon, un des jeunes hommes qui avait rejoint les aigles lors de notre arrivée dans la cité libre. Il se présenta à moi avec un salut militaire formel qui m’arracha un léger sourire.
« Bonjour Commandant. Une missive est arrivée pour vous en début d’après-midi. » Dit-il, en me tendant un papier portant le sceau du Bourgmestre. Je récupérais la lettre, avant de lui répondre.
« Merci Amon. Et je t’en prie, Seö suffira, nous ne sommes pas dans l’armée. » Lui lançais-je, tout en commençant à ouvrir la lettre. Une fois fait, je la balayais rapidement la fine écriture à l’encre noire, légèrement surprit par son contenu. Une convocation au palais du Bourgmestre pour le lendemain, qui m’était, surtout, personnellement adressé. Dans une ville aussi marchande que Caladon, il était fréquent que les capitaines de navires destinés à importer et exporter des produits se voient reçus, puisqu’après tout, ils étaient source d’enrichissement matériel et politique, mais nous n’avions pas ce statut. Je n’avais pas ce statut tout du moins, aussi, j’étais étonné que la lettre soit directement adressée à mon nom. Dans tous les cas, il aurait été de mauvais ton de refuser. D’autant plus que ma curiosité était piquée au vif. Leweïnra, j’avais déjà entendu le nom du Bourgmestre quelque part. Conscient d’avoir été plongé dans mes pensées depuis quelques minutes, je reportais mon attention sur le jeune homme qui me faisait face.
« Alors ? Il y a un souci ? » S’inquiéta-t-il.
« Pas le moins du monde, ne t’inquiète pas. Mais je m’absenterais demain pour la journée. » Répondis-je avec un sourire.
Le jeune homme ne s’en étonna pas. Durant ces périodes de pause, je restais très peu avec les aigles et leur laissais la plus grande des libertés. Une liberté méritée par la confiance que je leur portais. Ils n’étaient pas des mercenaires classiques, ni de grands combattants, aussi, je savais qu’ils ne causeraient aucuns problèmes à la cité en mn absence, et seraient là pour le départ lorsque ce dernier serait fixé. Ce fût donc l’âme perdu dans les limbes de mon esprit que je passais la soirée, tâchant de trouver dans mes souvenirs celui qui me parlerait du nom du Bourgmestre, sans succès toutefois.
Le lendemain matin, je me rendais à l’endroit où l’on m’avait convoqué, ayant pris un peu d’avance pour profiter d’une balade dans l’immense marché qui faisait, en partie, la réputation de Caladon. Les effluves des épices, les couleurs des tissus… Comme autant de choses qui me rendaient nostalgique de l’époque où je fréquentais plus régulièrement la cité. L’heure approchait et je mis alors volontairement fin à mes pérégrinations pour rejoindre le palais du Bourgmestre, où m’attendait probablement ce dernier. La nuit n’avait en rien entaché ma curiosité, et j’avais, inconsciemment, hâte de découvrir ce que pouvait bien me vouloir l’homme le plus influent de Caladon. J’avais laissé la totalité de mon équipement sur mon navire, optant simplement pour une tunique de lin claire et unie, qui, même si elle était de bonne fabrique, contrastait beaucoup avec l’équipement qui m’épaulait d’habitude. Mais les armes et armures n’avaient pas vraiment leur place dans une rencontre diplomatique.
Je fus accueilli par les gardes qui, une fois que je leur eus présenté la convocation, me laissèrent passer sans problème, et un serviteur vint me conduire auprès du dirigeant. Ce ne fus que lorsque je l’aperçu qu’un sourire commença à se dessiner sur mon visage, alors que je maudissais ma stupidité. Evidemment que je connaissais le nom de famille de l’homme qui venait m’accueillir. J’avais simplement, par le passé, prit l’habitude de l’apeller par son prénom plus que par son nom. Il avait été, à une époque, un frère d’arme et un ami qui m’était cher, et, bien qu’il se fût installé une légère surprise en le voyant à présent à un poste aussi élevé, ce n’était avec le recul pas si étonnant que ça.
J’avais connu Aldaron alors que nous étions tous les deux membres de la Caste. Il était bien plus âgé que moi, mais nous partagions tous les deux les mêmes valeurs et idéaux, ce qui nous avait immédiatement rapproché. Même appartenant au même ordres, nous ne nous voyions assez peu. Il était un diplomate et un commerçant hors-pairs, alors que je combattais pour ma part aux côtés de Lewyn. Aussi, nous n’avions pas la même fonction, ce qui ne nous empêchait nullement de collaborer et, plus encore, de nous lier d’amitié. Après tout, plus qu’un guerrier, j’étais également un artisan et nous avions eu souvent l’occasion d’échanger à ce sujet. Je lui adressais alors un grand sourire, avant de m’avancer vers lui pour une solide accolade. Je me reculais alors, avant d’ouvrir la discussion.
« Et bien ! Si je m’attendais. Tu as pris du grade depuis le temps Alda’, et je dois t’avouer que ça ne me surprend finalement pas tant que ça. » Lançais-je sur un ton légèrement amusé, avant de reprendre. « Alors, tu m’as fait venir pour prendre des nouvelles ou tu as quelque chose de plus précis en tête ? ».
A vrai dire, c’était une question purement rhétorique. Je connaissais Aldaron et je savais que, bien qu’il puisse être également content de me voir, il avait probablement quelque chose derrière la tête. C’était un diplomate et un commerçant de génie, aussi, il ne plaçait jamais de coups inutiles. Il devait être occupé, trop occupé pour simplement convier un ami à une simple rencontre officielle.
Après une longue journée passée à découvrir de nouveaux lieux, je pris le cap de notre embarcation afin d’y passer la nuit. A peine arrivé, je fus accueilli, par Amon, un des jeunes hommes qui avait rejoint les aigles lors de notre arrivée dans la cité libre. Il se présenta à moi avec un salut militaire formel qui m’arracha un léger sourire.
« Bonjour Commandant. Une missive est arrivée pour vous en début d’après-midi. » Dit-il, en me tendant un papier portant le sceau du Bourgmestre. Je récupérais la lettre, avant de lui répondre.
« Merci Amon. Et je t’en prie, Seö suffira, nous ne sommes pas dans l’armée. » Lui lançais-je, tout en commençant à ouvrir la lettre. Une fois fait, je la balayais rapidement la fine écriture à l’encre noire, légèrement surprit par son contenu. Une convocation au palais du Bourgmestre pour le lendemain, qui m’était, surtout, personnellement adressé. Dans une ville aussi marchande que Caladon, il était fréquent que les capitaines de navires destinés à importer et exporter des produits se voient reçus, puisqu’après tout, ils étaient source d’enrichissement matériel et politique, mais nous n’avions pas ce statut. Je n’avais pas ce statut tout du moins, aussi, j’étais étonné que la lettre soit directement adressée à mon nom. Dans tous les cas, il aurait été de mauvais ton de refuser. D’autant plus que ma curiosité était piquée au vif. Leweïnra, j’avais déjà entendu le nom du Bourgmestre quelque part. Conscient d’avoir été plongé dans mes pensées depuis quelques minutes, je reportais mon attention sur le jeune homme qui me faisait face.
« Alors ? Il y a un souci ? » S’inquiéta-t-il.
« Pas le moins du monde, ne t’inquiète pas. Mais je m’absenterais demain pour la journée. » Répondis-je avec un sourire.
Le jeune homme ne s’en étonna pas. Durant ces périodes de pause, je restais très peu avec les aigles et leur laissais la plus grande des libertés. Une liberté méritée par la confiance que je leur portais. Ils n’étaient pas des mercenaires classiques, ni de grands combattants, aussi, je savais qu’ils ne causeraient aucuns problèmes à la cité en mn absence, et seraient là pour le départ lorsque ce dernier serait fixé. Ce fût donc l’âme perdu dans les limbes de mon esprit que je passais la soirée, tâchant de trouver dans mes souvenirs celui qui me parlerait du nom du Bourgmestre, sans succès toutefois.
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Le lendemain matin, je me rendais à l’endroit où l’on m’avait convoqué, ayant pris un peu d’avance pour profiter d’une balade dans l’immense marché qui faisait, en partie, la réputation de Caladon. Les effluves des épices, les couleurs des tissus… Comme autant de choses qui me rendaient nostalgique de l’époque où je fréquentais plus régulièrement la cité. L’heure approchait et je mis alors volontairement fin à mes pérégrinations pour rejoindre le palais du Bourgmestre, où m’attendait probablement ce dernier. La nuit n’avait en rien entaché ma curiosité, et j’avais, inconsciemment, hâte de découvrir ce que pouvait bien me vouloir l’homme le plus influent de Caladon. J’avais laissé la totalité de mon équipement sur mon navire, optant simplement pour une tunique de lin claire et unie, qui, même si elle était de bonne fabrique, contrastait beaucoup avec l’équipement qui m’épaulait d’habitude. Mais les armes et armures n’avaient pas vraiment leur place dans une rencontre diplomatique.
Je fus accueilli par les gardes qui, une fois que je leur eus présenté la convocation, me laissèrent passer sans problème, et un serviteur vint me conduire auprès du dirigeant. Ce ne fus que lorsque je l’aperçu qu’un sourire commença à se dessiner sur mon visage, alors que je maudissais ma stupidité. Evidemment que je connaissais le nom de famille de l’homme qui venait m’accueillir. J’avais simplement, par le passé, prit l’habitude de l’apeller par son prénom plus que par son nom. Il avait été, à une époque, un frère d’arme et un ami qui m’était cher, et, bien qu’il se fût installé une légère surprise en le voyant à présent à un poste aussi élevé, ce n’était avec le recul pas si étonnant que ça.
J’avais connu Aldaron alors que nous étions tous les deux membres de la Caste. Il était bien plus âgé que moi, mais nous partagions tous les deux les mêmes valeurs et idéaux, ce qui nous avait immédiatement rapproché. Même appartenant au même ordres, nous ne nous voyions assez peu. Il était un diplomate et un commerçant hors-pairs, alors que je combattais pour ma part aux côtés de Lewyn. Aussi, nous n’avions pas la même fonction, ce qui ne nous empêchait nullement de collaborer et, plus encore, de nous lier d’amitié. Après tout, plus qu’un guerrier, j’étais également un artisan et nous avions eu souvent l’occasion d’échanger à ce sujet. Je lui adressais alors un grand sourire, avant de m’avancer vers lui pour une solide accolade. Je me reculais alors, avant d’ouvrir la discussion.
« Et bien ! Si je m’attendais. Tu as pris du grade depuis le temps Alda’, et je dois t’avouer que ça ne me surprend finalement pas tant que ça. » Lançais-je sur un ton légèrement amusé, avant de reprendre. « Alors, tu m’as fait venir pour prendre des nouvelles ou tu as quelque chose de plus précis en tête ? ».
A vrai dire, c’était une question purement rhétorique. Je connaissais Aldaron et je savais que, bien qu’il puisse être également content de me voir, il avait probablement quelque chose derrière la tête. C’était un diplomate et un commerçant de génie, aussi, il ne plaçait jamais de coups inutiles. Il devait être occupé, trop occupé pour simplement convier un ami à une simple rencontre officielle.