Ces faucons qui ne chassent que pour eux. - Seo.

J’étais parti tard de la grande bibliothèque de Caladon, ce soir-là, et j’avais encore l’esprit embrumé par toutes les recherches que j’y avais menées pour Aldaron. J’avais l’impression d’avancer sur une piste d’une complexité extrême, mais, au moins, il me paraissait progresser en bonne voie. Et j’étais d’autant plus motivé qu’en plus de rendre service à un ami qui m’était cher, j’étais proche de quelque chose qui nous dépassait, de loin, tous les deux. Un anneau avec des glyphes comme je n’en avais jamais vues jusqu’alors. Profondément lié aux dragons-liés et à leurs dragonniers. Il y avait une poésie, un songe, derrière toutes les traces magiques qui émanaient du bijou, et l’étudier était une aventure comme je n’en avais encore jamais vécu. Aussi, je me laissais souvent prendre de court par l’heure tardive et, malgré les longues journées estivales, il faisait souvent nuit lorsque je regagnais l’embarcation dans laquelle je séjournais. Je n’avais pas, de toute façon, le luxe de prendre mon temps et de rentrer plus tôt. Nous allions bientôt repartir au fil de l’eau, et le support que je pouvais apporter à Aldaron s’amoindrirait alors. Même si ce dernier m’offrait d’emporter tous les ouvrages que je pourrais bien porter, être loin de l’objet originel allait complexifier sa traduction.

Le Bourgmestre eut rapidement vent de mes heures tardives et, même si mon ami ne pouvait pas vraiment m’empêcher d’étudier une partie de la nuit, il avait exigé que je porte sur moi armes et armures, en tout temps, et surtout lorsqu’il serait question de traverser la ville lorsque l’obscurité était tombée. Aldaron n’était pas dupe et savait pertinemment que je refuserais toujours la moindre escorte, mais il avait au moins réussi à me faire promettre ceci. Le seul problème, était que, maintenant qu’Alvis avait apposée à nouvel alliage aux mailles de tissu de mon Sticharion, mon armure paraissait plus claire, et, surtout, une aura dorée m’entourait dès lorsque je la portais. Et, la nuit, j’étais ainsi tellement repérable que s’en était effarant, surtout pour quelqu’un comme moi qui ne souhaitait pas attirer l’attention. Enfin, le trajet n’était pas bien long, et, ces quelques jours, mon apparence avait plus l’air de dissuader le tout-venant que l’inverse.

Cette nuit ne ferait surement pas exception à la règle. Du moins, c’était ce que je pensais. De toute manière, les ruelles de Caladon étaient soit vide, soit parsemées d’ivrognes bien trop imbibés pour ne serait-ce que remarquer ma présence. Et, pour cette fois, tout cela m’allait plutôt bien. Jusqu’à ce que, d’un coup, cette tranquillité ne bascule totalement. Une minuscule rixe, entre visiblement deux personnes alcoolisées, avait éclaté. Il n’y avait rien de méchant, et, sans doute que le plus lucide d’entre eux essayait de maintenir l’autre contre les pierres refroidies par la nuit afin de le forcer à se calmer. Un spectacle auquel j’avais eu droit quelque fois lors de mes balades nocturnes et qui ne me surprenait finalement pas tant que ça.

Je passais donc à leur niveau, sans leur prêter plus d’attention, mais un infime détail attira mon regard. Je croisais, l’espace d’un instant, le regard de celui qui maintenait l’autre. Première chose surprenante, ce n’était pas un homme, mais une femme, qui contrôlait sans problème un homme certes alcoolisé mais d’une carrure bien plus imposante que celle de son assaillant. En réalité, vu la pénombre, c’était le genre de chose que je n’aurais pu déceler d’un simple coup d’œil. Mais la lumière dorée produite par mon armure se refléta sur un support métallique, au niveau de la gorge de l’homme pressé contre le mur. Et le troisième détail était la lueur que je percevais dans le regard de la femme armée. Non pas qu’elle fut particulièrement assassine, mais je la connaissais. Et je savais pertinemment en quel termes.

Tout se déroula alors en l’espace d’une fraction de seconde, alors que je dépassais le couple. Je passais l’espace d’une seconde dans son angle mort, et ce fut suffisant pour dégainer Ahavarion de mon fourreau dorsal. La double la pivota alors prestement, fusant en direction de la vampire. Le coup était précis, bien plus qu’il ne l’avait été lors de notre précédente rencontre. Mais je ne la visais pas elle directement, mais simplement le poignard qui était prêt à faire passer la vie de l’homme à trépas. Si elle ne voulait pas subir une importante blessure, il lui faudrait esquiver et abandonner un temps son poignard, ce qui permettrait à l’homme de s’en sortir. C’était toutefois la théorie.

Ahavarion avait fendu les airs de manière naturelle, et je comptais cette fois sur l’effet de surprise pour prendre l’assassin de vitesse. Il était amusant de constater que, cette fois-ci, les rôles étaient presque inversés. J’étais celui qui frappait le premier, la blessant dans sa chaire. Mais en réalité, la différence était trop énorme pour qu’un quelconque rapprochement ne puisse être fait. Je ne l’attaquais pas dans son dos pour ôter une vie mais pour en sauver une. Et cette fois, je ne me laisserais pas surprendre par un tir venu des enfers que je n’aurais pas vu venir. Je ne souhaitais aucunement la mort de la vampire, simplement la vie de cet homme que je ne connaissais pas.

La noctambule au corps d’adolescente n’avait visiblement pas l’intention de lâcher sa cible si facilement, et ma détermination à l’en empêcher n’était pas plus faible. L’homme était peut-être dans un état pitoyable, mais l’idée qu’elle puisse ôter une vie aussi simplement m’était insupportable, qu’importe ce qu’il aurait bien pu faire. Je plongeais alors mon regard ambré dans l’argenté du sien, ne laissant transparaitre nulle émotion ni forme de négociations.

« Oui. Je t’interdis d’ôter une quelconque vie en ma présence, et je ne tolèrerais pas que tu essayes. » Mon ton était neutre, comme l’était mon âme, mais n’en souffrait pas moins de convictions profondément ancrées dans mon être. Il était d’ailleurs curieux de penser que je n’éprouvais pas plus de haine envers la vampire à cause du fait qu’elle ait tenté de me tuer, qu’à cause de ce qu’elle avait fait à Aurore. La simple idée de pouvoir imaginer un être pouvant tuer de manière si désintéressée et désinvolte auprès de mon amante suffisait à attiser une pointe de colère dans ma poitrine, que je tâchais de résorber en répondant à sa deuxième tirade.

« Et ton argent se sauvera, car tu ne le tueras pas. Je ne puis malheureusement te pourchasser, et je n’ai aucunement envie de mettre fin à ton existence, mais, ce soir, tu sembles manquer de chance. C’est aussi simple que ça. Si tu tiens tant que ça à t’arroger le droit de t’emparer d’une vie, aussi minable que tu puisses la penser, alors tu devras, comme lors de notre première rencontre, me franchir. Sauf que, cette fois, tu n’auras nulle occasion de m’atteindre par surprise. » Mon regard ne lâchait pas celui de la vampire, alors qu’elle sortait une seconde arme qu’elle fit tournoyer dans sa main.

Comme une réponse, l’une de mes jambes se plaça légèrement en retrait, alors que mon poids et mon centre de gravité descendaient légèrement pour m’offrir des appuis plus surs, plus dangereux. Il n’y avait aucun doute quant au fait qu’il s’agissait d’une position de combat, d’une garde solide qui ne souffrait d’aucuns défauts ou presque. J’avais progressé de manière drastique depuis notre dernière rencontre, et, même si je ne souhaitais en rien lui ôter la vie ou lui faire un mal quelconque, je devais former un rempart entre elle et l’homme. Je tâchais toutefois de faire le vide, et de ne pas trop penser à Aurore. Je devais rester calme, et ne souffrir d’aucun ressentiment vis-à-vis d’elle, afin de ne pas commettre d’erreurs.

Nous nous faisions face, dans une sérénité absolue. Il n’y avait ici nul rapport de force inégal, simplement de prédateurs qui se tournaient autour. Un simple regard, une faute d’inattention, ou un défaut dans la garde suffirait à déclencher les hostilités. La vampire avait déjà réussit à prouver son habileté au combat à distance, et sa rapidité d’exécution. Elle connaissait une partie de ma façon de combattre au vu de la soirée que nous avions passée dans les bois. Aussi, nous étions tous deux sur un pied d’égalité, et savions parfaitement à quoi nous attendre. Mais je ne démordais pas de ma position instinctive. Il n’y avait plus de place pour le regret. Mais elle brisa le silence la première, visiblement particulièrement affectée et frustrée de mon refus d’obtempérer. Ses paroles m’arrachèrent un léger sourire en coin, bien que je lui répondisse sur un ton neutre.

« Il n’y a que toi qui accorde tant de crédit et de noblesse à mes actes. Je ne fais que respecter mon fil de pensées et ce que je suis, et n’en recherche nulle gloire chevaleresque. Il n’y a rien de glorieux à se dresser ainsi pour quelqu’un qui, comme tu le dis, ne le mérite peut-être pas. Mais c’est ainsi que je suis fait. C’est aussi simple que ça. Pourrais-je te demander de ne plus avoir soif ? Non, c’est quelque chose d’inaltérable tout autant que le sont mes valeurs. » Dis-je simplement, le regard toujours plongé dans le sien.

La suite de ses paroles ne m’atteint pas spécialement. Non pas qu’elles n’étaient pas juste, au contraire même, mais c’était simplement que, gravé au fond de mon âme, c’était une donnée que je me refusais à oublier. Du sang sur les mains, j’en avais déjà plus qu’il n’en fallait, malgré les vœux de mon esprit à ne faire que le bien. Afin de suivre mes convictions, afin de protéger, afin de me battre pour ce en quoi je croyais, j’avais déjà sacrifié une partie de mon âme. Ce n’étaient en rien des excuses, simplement des choix que j’avais fait. Ces derniers pesaient, sur mes épaules et sur mon être, mais je l’avais toujours gardé pour moi, et continuerais sans aucun doute à le faire. Après tout, tout ça ne concernait que moi et moi seul. J’étais convaincu que le destin n’avait pas une mission lumineuse pour chacun d’entre nous, et que, pour certains, nous étions voués à sacrifié ce que nous étions profondément, sans concession, afin de prôner nos valeurs. Mais, aujourd’hui, je pouvais m’en passer, ou plutôt, je voulais m’en passer, en dissuadant seulement la vampire d’avancer. Ce serait amplement suffisant. Je lui répondais alors.

« Si tu crois que tes paroles vont me faire réagir, tu te trompes lourdement, Cendres. J’assume ce que je suis et les choix que je fais, et tout ce que tu me dis, je le sais déjà. Depuis longtemps. Et tu fais une lourde erreur en me prêtant l’image d’un naïf idéaliste, ou alors, tu me sous-estimes, tout simplement, ce qui est peut-être encore plus dangereux pour toi. » Mon ton était toujours neutre, mais mon regard, lui, était sans appel.

Mon attitude calme et implacable semblait profondément perturber Cendres. Hésitait-elle à attaquer ? Non, surement que non. C’était un assassin, pas une guerrière, et elle le savait. Lors de notre première rencontre, elle avait attendu un moment d’inattention et de paix pour s’assurer de supprimer sa cible en une seule attaque, et avait bien failli réussir. Mais là, c’était différent. Aurore n’était pas là, et il n’existait personne en dehors de moi et mon adversaire ce qui, il fallait bien l’avouer, simplifiait grandement les choses. Enfin, me simplifiait surement les choses plus qu’à elle. Mais je restais concentré sur la vampire. Penser à ce qui c’était passé avec Aurore ne ferait que risquer de me mettre en danger, et je ne devais en aucun cas perdre mon sang froid, et continuer de laisser couler la sérénité dans mes veines. Je gardais mon regard plongé dans le sien, avant de lui répondre sur un ton neutre.

« Il n’y avait nulle dame à secourir, je ne peux simplement te laisser ôter une vie devant moi, c’est aussi simple que ça. Mais ce n’est pas parce que c’est toi plus qu’un autre. Nous sommes simplement des opposés dans notre nature et nos convictions même. Tu tues sans distinction ni état d’âme, je préserve de la même manière. Après tout, tout n’est-il pas question d’équilibre ? » Dis-je, continuant d’observer les mouvements désormais bien moins vindicatifs de la jeune femme.

Sa réaction suivante eu le don de me surprendre. Comment devais-je bien l’apeller dans ce cas ? C’était le nom qu’elle avait donné à Aurore, le seul que nous connaissions de notre ennemie de ce soir-là. En soit, je n’en comprenais donc surement pas l’ampleur, mais il m’était bien impossible de la nommer autrement. Et puis, la nommer autrement n’était pas non plus ce qui m’intéressait le plus. Je souhaitais simplement l’empêcher d’exécuter sa cible et c’était chose faite, aussi, dès lors qu’elle se serait fait une raison, je prendrais le chemin retour vers le bateau dans lequel je dormais.

« Je n’ai nul autre nom à te donner que celui-ci. C’est ainsi que tu t’es présentée à Aurore ce soir là et donc le seul patronyme que je te connais. Je n’en connais ni la provenance, ni l’impact, mais c’est ainsi que tu m’apparais, tout simplement. Et puis, de ce que je peux constater, tu n’as pas suffisamment changé pour mériter que ce surnom que tu sembles abhorrer ne retombe dans les limbes de l’oubli. » Là encore, le ton était neutre et sans appel, et mes yeux ne quittaient pas la vampire en face de moi.

La vampire se trompait lourdement, j’étais bien loin d’être le genre d’homme à vouloir se venger parce que quelqu’un avait attenté à ma vie. La vérité, c’était que je ne lui en voulais pas vraiment, ou, du moins, pas vraiment pour ça. Finalement, elle avait laissé Aurore s’en sortir sans l’attaquer, et lui avait ainsi permis de me sauver la vie. Même sans ça, je ne me laissais que peu atteindre par le ressentiment vengeur dans la plupart des cas. Il y avait bien certaines choses capables de me déstabiliser, mais attenter à ma vie n’en faisait pas le moins du monde parti. Il n’y avait donc nul cliché à respecter en cet instant. L’affaire n’était pas personnelle, il s’agissait simplement de convictions.

« Je ne fais pas de toi quelqu’un de mauvais. Simplement quelqu’un d’opposé à mes propres principes. Le bien et le mal ne sont qu’une question d’opinion, finalement, et je ne te connais pas assez pour prétendre pouvoir te juger. Il n’y a nul ressentiment dans cette affaire, nulle haine et nulle fureur. Simplement deux idéaux qui s’opposent. Le fait que tu ais tenté de me tuer ne change rien, je pourrais même affirmer ne pas t’en tenir rigueur. Aussi, ne vois pas en moi le bras armé de la justice ou de la vengeance, car tu te tromperais lourdement. Je ne veux que le bien, le bien selon mon point de vue, que ce soit pour toi ou pour tout autre. Aujourd’hui, malheureusement, je m’oppose à toi simplement pour préserver une vie, pas le moins du monde pour en prendre une. Il n’y a rien de compliqué, et je ne changerais pas d’avis. » Lançais-je sur un ton calme et neutre.

Je ne lâchais alors pas des yeux la vampire qui semblait beaucoup plus détendue en cet instant, m’octroyant même un sourire qui me fit lever un sourcil d’étonnement. Sa réaction à son surnom ne se fit pas attendre, et je l’écoutais sans broncher, les yeux toujours rivés dans sa direction. Pour moi, la jeune femme se trompait tout de même sur un point important. Elle disait ne pas être qu’un assassin, mais aussi une mère et une épouse, ce dont je ne doutais pas. Mais elle oubliait que, des deux rencontres fortuites dont nous avions fait l’objet, je n’avais jamais connu que la facette obscure de sa personne, dont je ne m’étais que trop peu méfié la prochaine fois. Et je ne commettrais surement jamais cette erreur une seconde fois.

« Premièrement, ne te méprends pas. Si mon but avait été de t’ôter la vie par vengeance, notre combat, qu’elle qu’en soit l’issu, aurait déjà été terminé à cette heure. Je ne suis pas ce type d’homme-là. Quant à ton nom, en plus d’être le seul que je te connais, n’oublie pas que nous nous croisons pour la deuxième fois seulement et que tu revêts à nouveau le même manteau bourreau et assassin que tu portais à notre rencontre. Tu as raisons, je ne connais ni l’épouse ni la mère, seulement celle prête à tout pour sa famille. Aussi, je ne vois nulle raison de t’apeller autrement que par ce surnom. » Là encore mon ton était calme, et en rien mené pour provoquer la vampire.

J’observais calmement la vampire s’approcher. Il était assez curieux d’avouer que je ne m’inquiétais pas vraiment de la voir réduire la distance qui nous séparait tous les deux. Pour la simple et bonne raison que ma logique était simple. Si elle avait voulu tenter de s’en prendre à moi, il aurait été bien plus facile pour elle de tenter sa chance à l’arbalète et d’éviter le contact corps à corps avec moi, où, là, j’avais l’avantage. Et puis, depuis quelques minutes, son comportement était radicalement différent. Légèrement plus amical, ou du moins plus adouci, elle semblait laisser transparaitre finalement ce dont elle m’avait parlé un peu plus tôt. Une épouse, et une mère respectable, pas qu’un simple bourreau sans âme qui se complaisait dans la douleur des autres.

Comme une réponse silencieuse, je rengainais mon arme dans mon dos alors qu’elle ramassait sa dague, me permettant même une faille dans ma défense. Après tout, si elle était sincère, elle méritait cet égard. Elle ne me menaçait plus et ouvrait une fenêtre plus douce sur ce qu’elle était vraiment. Elle n’avait eu aucune obligation de le faire, et un simple abandon de sa part m’aurait suffi, mais je préférais nettement cette nouvelle vision que j’avais de celle qui avait essayé de me tuer. Je n’aurais pu dire que je la pardonnais, car il n’avait à mes yeux rien à vraiment pardonner. Je ne pus m’empêcher de sourire en pensant à ce qu’Aurore pourrait dire en me voyant ainsi discutant avec celle qui avait failli me tuer, mais n’était-ce finalement pas en partie grâce à ça que nous nous étions rendu compte de la complémentarité de nos âmes ? Je reportais alors mon attention sur la vampire pour lui répondre.

« Je ne peux te dire ce qu’il est d’être un vampire, car je n’en ai aucune idée. Et je ne te jugerais surement pas sur ce fait puisque le gout du sang et la faim que ta race peut ressentir me sont inconnues. Comme je te le dis, je fais simplement ce que je crois juste, et je respecte qui je suis. Il n’y a rien de personnel là-dedans. Crois-moi. Et je préfère nettement celle que je vois devant moi à celle que j’ai rencontré dans les bois, il y a presque un an de cela. »

Je marquais un temps d’arrêt, légèrement surprit de sa demande, alors qu’un sourire en coin se dessinait au coin de mes lèvres. Je devais bien avouer être curieux, et, si elle avait fait un premier pas vers moi, il aurait été grossier de ma part de ne pas en faire autant. Après tout, si elle m’invitait, c’était qu’elle avait sans doute envie de montrer qu’elle n’était pas ce que beaucoup considéraient qu’elle était, et je ne pouvais me soustraire à l’envie d’accepter.

« Je n’ai nul doute que, si nous nous étions rencontré plus tôt, notre relation aurait été différente. Mais rassure toi, je n’ai pas d’avis figé, et je ne suis pas suffisamment stupide pour prétendre connaitre quelqu’un en une seule rencontre. Aussi, j’accepte ta proposition, rencontrons nous demain, et discutons à cœur ouvert. Je n’ai nul envie de te forcer à respecter mes valeurs, mais, au moins, je connaitrais davantage les tiennes. Pas celles que j’ai vues, celles qui te muent réellement. Je serais donc là demain. »

Je l’observais s’éloigner, avant de moi-même reprendre ma route, indiciblement curieux à l’idée d’en apprendre plus sur la dénommée Cendre.