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¤ Voyage ¤

11 Août de l’an 1762 du troisième âge

L’histoire des morts était désormais derrière lui. Verith était revenu de l’au-delà en entier ? Presque ? Physique oui, mais mentalement il n’en était pas tout à fait sur. Ce n’était pas un voyage ordinaire peut-être que cela aurait des répercussions à l’avenir. En tout cas il ne le saurait que le moment venu, dans l’immédiat il avait bien d’autres chats à fouetter. Ou plutôt au  vu de la rencontre qu’il restait de faire aujourd’hui, l’expression d’autres affaires à régler serait préférable. Le dragon rouge se préparait. Il se préparait au combat et à la guerre. À celle qui avait lieu, à celles qui auraient lieu. Les Chimères, comme les dieux et le Tyran Blanc n’étaient rien de plus que des retardements. Des retardements fort déplaisants. Mais malheureusement il fallait les régler en priorité sans quoi il ne serait plus là pour s’occuper de ses autres projets. Le lien et les bipèdes, ou plutôt leur destruction, extermination, annihilation étaient ses futurs projets. Une fois la menace Chimères passée, il s’en occuperait à plein temps. Voilà près de dix années déjà qu’il avait remis ça à plus tard en raison d’évènement indépendant de sa volonté. Et il commençait à en avoir profondément assez.

Aussi fort le dragon soit-il, il n’était pas tout-puissant et des éléments imprévus venaient s’ajouter sur sa route. En bien comme en mal d’ailleurs. L’arrivée sur cette nouvelle terre avait apporté son lot de nouveaux éléments. Cependant il restait à déterminer lesquels étaient bons, lesquels étaient mauvais. Et c’est pour cette raison que le colérique quitta l’île de Néthéril pour rejoindre l’île de Nyn-Tiamat en passant rapidement par l’île de Tiamat et son volcan semblant être endormis. Durant son séjour sur l’Île du Sud-ouest il avait pu survoler les plaines et de nombreux petits villages de ses créatures autochtones peuplant l’archipel. Il n’était point directement allé à leur rencontre, ayant l’histoire de l’au-delà à régler en priorité. Mais une fois celle-ci faite, il s’était brièvement renseigné à leur sujet auprès d’un Baptisral. Le rouge n’avait que très brièvement parcourut les îles, ne les connaissant pas dans leur moindre détail. Aussi était-il temps pour lui de corriger cette erreur. Il fallait connaitre le territoire, le champ de bataille. Alors pourquoi commencer avec Nyn-Tiamat ? En raison des indigènes Tiamarantien.

Il se doutait que la venue d’étranger sur la terre de quelqu’un n’était jamais bien vue. Et il savait que celles des bipèdes l’étaient encore moins. Il en avait pour preuve les faits histoires avec l’arrivée des bipèdes sur le territoire d’Ambarhùna. Il savait que tôt ou tard, par la faute des bipèdes bien sûr, tout ceci allait dégénérer. Il fallait donc en tirer profit. Mais Verith n’était pas prioritairement motivé par l’intérêt purement égoïste et tactique. Il était curieux, comme tout dragon. Mais il était aussi bienveillant. Si on méritait sa bienveillance bien entendu ! Les Graärh semblaient être une race intelligente, autant que les bipèdes. Mais aussi et surtout, ils étaient innocents. Jamais ils n’avaient rencontré de dragon, jamais ils n’avaient donc commis de crime contre eux. Verith n’avait donc à leur égard aucune haine. Pas le moindre ressentiment. Simplement de la curiosité et de la bienveillance. Leur apparence animale les éloignait beaucoup des bipèdes chassant les aprioris que le colérique pouvait avoir. Mais sa bienveillance était ici aussi le plus grand danger. Car si trahison il y avait, alors sa rage n’en serait que plus terrible. Cependant, encore fallait-il qu’ils arrivent au niveau des bipèdes. Et autant dire qu’il y avait pas mal de marge !

Du coup, pourquoi Nyn-Tiamat ? Car c’était ici que les vampires s’étaient installés. De toutes les espèces bipèdes, elle était la plus honnie, car c’est en ces rangs que l’assassin de son frère était issu. Pour avoir longuement étudié les vampires pour mieux les détruire, il savait que ceux-ci pratiquaient l’esclavage. Une chose diamétralement opposée aux valeurs de Verith pour qui la liberté était au sommet de toute chose. Pourquoi Nyn-Tiamat ? Car les autochtones qui vivaient là-bas seraient sans nul doute les plus réceptifs à son message. Il est plus facile de convaincre qu’un voisin est mauvais quand celui-ci est un vampire, comme en Nyn-Tiamat, plutôt que quand celui-ci est un baptistrel, comme sur Néthéril. C’est donc dans les terres gelées du Nord-est que tout commencerait. Il fallut six jours au colosse de flamme pour rejoindre l’île de glace et un jour pour gagner la moitié du territoire. Il survola la forêt enneigée, ressentant à l’intérieur la puissante puissance magique de certaines créatures sans pour autant s’en sentir menace. Lorsqu’il vit au loin la forteresse vampirique, il commença un détour. Il n’était pas là pour s’intéresser à eux. Son crochet l’amena au-dessus de la toundra où ruminaient paisiblement de grosses créatures velues et à la grande corne. Voyant le début de la chaine de montagnes au loin, il ne put s’empêcher de décider de faire une pause à l’écart de tout pour reposer ses ailes, mais également se sustenter.

Verith piqua alors rapidement, surgissant des nuages. Il passa au-dessus d’un troupeau de rhinocéros laineux qui furent soudainement pris d’affolement face à cet immense prédateur céleste inconnu. Ses griffes avant se refermèrent sur la première qui fut à portée avant de reprendre rapidement de l’altitude avec sa proie. Il lui brisa le cou pour mettre fin à ses souffrances avant d’accélérer en direction des monts enseignés.

L’une des montagnes trembla soudainement lorsque le colérique se posa à flanc de celle-ci. Le bruit résonna entre les pics, provoquant une avalanche. Alors que le rouge s’apprêtait à goûter le fruit de sa chasse, le bruit du phénomène montagneux l’alerta. Une vague de neige arrivant en sa direction avec violence. Il observa quelques instants ce spectacle pour le moins magnifique. Il n’était pas un grand amateur des régions polaires, préférant largement les régions chaudes. Le canyon de Néthéril lui rappelait celui de sa terre natale. Il avait l’intention de s’y installer tôt ou tard. Ignorant encore qu’il était déjà habité. Verith finit par sortir de ses pensées et ricana intérieurement en voyant l’avalanche. Elle ressemblait à un défi que la nature lui imposait pour espérer pouvoir manger sa proie en paix.

L’enfant de l’orage prit une inspiration alors que sa chaleur corporelle augmentait subitement. Sa gueule vint se nimber de flamme et il les relâcha un puissant souffle en direction de la neige. Le choc fut violent, mais le feu fut plus fort que la glace. Lentement, la déferlante neigeuse s’épuisa contre le souffle de flamme qui la transforma en eau puis en vapeur.

Le silence finit par revenir la montagne alors qu’une fumée blanche s’élevait de la position du dragon. Bien, il avait remporté se défit. Il pouvait désormais manger !

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Quelle plaie! Pensais-je intérieurement tandis que je perforais de mes griffes d’aciers le thorax mal protégé d’un autre bipède-à-la-peau-lisse. Le corps retomba dans la neige telle une poupée de chiffon, désarticulé après avoir eu plusieurs os brisés par mes soins. Je ne pris toutefois pas le temps de m’appesantir sur le sort de ma victime car un second attaquant se profila dans mon dos et entailla, d’un coup d’épée, la chair de mon bras droit. La blessure me fit glapir de douleur, moi qui ne portais pas d’armure comme ces lâches, et je me retournais vivement, entaillant d’un geste le torse de cette femme-morte tandis que, de ma puissante queue, je lui fauchais les jambes. Elle rejoignit son camarade dans la neige, bien en vie pour sa part, mais mes crocs ne tardèrent pas à se frayer un chemin jusqu’à sa gorge et ce fut avec la satisfaction non feinte que je l’entendais rendre son dernier soupir tandis que le sang sombre giclait de sa blessure et maculait ma belle fourrure.

Une fois de plus, mes ennemis étaient morts. J’étais victorieux et un puissant rugissement – qui trouva source dans ma poitrine – quitta ma gueule grande ouverte en direction du ciel. Cette montagne, ce territoire, était le mien et je comptais bien en avertir quiconque osait s’en approcher…

Mais peut être devrais-je apprendre à partager ? Un puissant tremblement me fit soudainement perdre mon équilibre et je me rattrapais d’une patte dans la neige, mes griffes raclant la terre gelée se trouvant au-dessous. La poudreuse recouvrit partiellement les corps de mes deux victimes en glissant tandis qu’elle fondait soudainement à mon contact, me laissant une ainsi une marge de manœuvre supérieure qui me permit de rester debout.

Je levais alors mon museau vers le sommet de la montagne. Ce qui se dressait fièrement sous mes yeux était d’une beauté sans nul autre pareil. J’avais face à moi, je le savais au plus profond de mon coeur, le prédateur ultime. D’un rouge rubis, ce dragon était immense et dominait les pics enneigés. Je ne voyais que lui, il était éblouissant, et ce fut mon erreur. J’entendis trop tard le bruit produit par l’avalanche qui venait vers moi à la vitesse d’un cheval au galop. Mais le dragon relâcha une nuée de flammes ardentes qui vinrent faire fondre la neige… et qui manquèrent de me brûler vif. J’eus tout juste le réflexe de les détourner de ma personne puis, dans un laps de temps serré, prendre mon envole sous ma forme ailée.

Depuis les cieux, tournoyants au-dessus de ce qui restait de l’avalanche, j’observais le dragon engloutir son repas en une bouchée. Il s’agissait plutôt d’un en-cas pour lui, tandis qu’une bête de cette taille aurait nourrit plusieurs des miens pendant quelques jours. Poussé par le désir d’en savoir plus sur cette immense créature, je m’approchais en quelques battements d’ailes, mais restais tout de même à une respectueuse distance. D’un œil, je détaillais cette cuirasse naturelle que ses écailles formaient. Elles brillaient mais portaient aussi les stigmates de combats contre… les siens je supposais. Il y avait aussi ce carcan métallique propre aux bipèdes-à-la-peau lisse qui venait gâcher ce magnifique tableau qui s’offrait à moi. Pourquoi un tel colosse avait-il besoin d’une armure d’êtres si répugnants ?

Je finis par me poser doucement sur les branches de la cime d’un sapin épargné. Le vent jouait doucement avec mes plumes d’un blanc éclatant, cette couleur qui m’offrait un camouflage dans cette contrée, mais qui se teintait doucement de rouge à cause de ma blessure… Que j’avais complètement oublié. Le saurien m’avait-il vue ? Sentit ? J’avais cru comprendre que les dragons avaient la faculté de sentir les esprits autour d’eux. Mais était-ce vrai? Quoi qu’il en soit, je devais soigner cette blessure.

Je changeais donc de branche, optant pour une position plus basse, mais sur un support bien plus solide. Là, je repris ma forme originelle. Mon bras me lançait mais j’avais connu pire, aussi décidais-je de m’appuyer contre le tronc de l’arbre pour lécher consciencieusement cette énième plaie. Ensuite, j’allais devoir laver ma fourrure encore couverte de sang par endroit.

descriptionLa vérité vient du ciel [PV Vaakin Lene'Tamaasik] EmptyRe: La vérité vient du ciel [PV Vaakin Lene'Tamaasik]

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¤ Premier contact ¤

La montagne était un environnement capricieux, surtout celles enneigées. Ils suffisaient d’un bruit un peu trop fort, d’un tremblement de trop pour qu’elle se réveille et se mettre à grogner. Chute de pierres ou avalanche. Oui la montagne était vraiment un environnement capricieux. C’est sans doute pour cette raison qu’il ne l’appréciait pas plus que ça. Et puis c’était peut-être aussi trop proche du ciel. Un dragon pouvait voler et passer la majorité de son temps là-haut, il fallait faire une coupure de temps à autre. C’est comme un pêcheur qui vivrait constamment au bord de l’eau. Plus sérieusement, le rouge du faire face au mécontentement de la montagne en usant de son souffle ardent afin de stopper l’avalanche provoquée. Dans son action, il n’avait pas fait le moins du monde attention aux êtres vivants aux alentours. Il n’y avait pas pensé à vrai dire. Il avait agi instinctivement. Il s’était posé pour manger tranquillement un morceau et reposer ses ailes, l’avalanche arrivait et menaçait sa tranquillité, alors il la détruisait dans l’immédiat sans chercher plus loin.

Quoi qu’il en soit, une fois ce problème résolu, le colérique put enfin commencer à se repaitre du fruit de sa chasse. Du moins si on pouvait réellement appeler ça une chasse. Le museau du grand rouge s’approcha de la carcasse, il y planta et ses crocs et vint en arracher un morceau de chair. Aussitôt, il le balança violemment en l’air. Sa gueule se gorgea de flamme et il les cracha sur la viande qui commençait à retomber. Après en avoir subi le souffle quelques instants seulement, suffisamment pour la cuire au goût du dragon, Verith déploya son cou pour venir la happer avant qu’elle ne touche le sol. Avalant goulument le morceau. Il recommença une deuxième fois puis une troisième fois. Laissant lentement son esprit se répandre aux alentours. La viande de cet animal n’était pas mauvaise. Elle serait sans doute meilleure sans tous ces poils.

Alors que son esprit venait couvrir la zone, il décela une présence. Celle d’une chouette. Outre le fait qu’un animal revienne aussi rapidement près de lui après tout le tapage qu’il venait de produire était déjà étrange, c’était la signature énergétique qui émanait d’elle qui l’était encore plus. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un volatile ordinaire, ressentant la présence d’un esprit bien plus avancé, mais inconnu. La signature énergétique s’intensifia et la chouette se métamorphosa en une créature félidée. Ainsi eux aussi maniaient cette magie propre aux bipèdes qu’ils appelaient les esprits-liés. Verith ne savait pas trop quoi en penser. Ce n’était pas une magie à proprement parler bipède, puisque créer par les dieux. Aussi n’importe quelle créature pouvait l’utiliser. Sauf les dragons, peut-être parce qu’il n’en avait pas besoin, ou alors peut-être parce que la manière dont ils interagissent avec la magie ne le permet pas. Ça n’avait au final presque aucune importance.

Plus important, le rouge venait de mettre la main sur ce qu’il était venu chercher. La chance lui souriait une fois de plus, il n’aura pas eu à chercher trop longtemps. Lentement, l’esprit du dragon rouge vint toucher celui du félin. Le premier contact fut … particulier. Sans doute le serait-il beaucoup plus pour le Graärh pour qui cela devait être la première fois. Pour Verith c’était uniquement la première fois avec un membre de cette espèce.

« Tu portes l’odeur du sang sur toi, Harfang. »

La tête du dragon rouge bougea alors, venant se tourner en direction de l’arbre dans lequel se trouvait le Graärh. Ses immenses prunelles dorées se posant alors sur la personne du félin. Le détaillant, le scrutant. Son regard ardent semblant percer sa chair, ses os, son esprit, son âme. Les naseaux du colosse de flamme bougèrent légèrement, humant l’air, mémorisant l’odeur de la créature et de son sang.

« L’odeur nauséabonde du sang caillé de ces pantins articulés de magie. L’odeur inconnue du sang qui est le tient. »

Les paroles de l’enfant de l’orage étaient apaisées, son ton était presque chaud. Ses pupilles rétrécirent en se concentrant sur la blessure dont souffrait la créature inconnue. Mh, cela semblait être le fait d’une arme, pas de crocs.

« Tu ne sembles pas avoir été mordu. Quel soulagement. Il aurait été fort dommage que je sois obligé de tuer la première créature de ton espèce que je rencontre pour l’empêcher de devenir l’une de ses choses. »

Le rouge inspira avant de souffler en direction du pelage blanc, son souffle se transformant en sorte de paillettes dorées qui vinrent entourer le bras blessé du félidé. Disparaissant doucement, venant refermer lentement la blessure. Lentement, le rouge se redressa, commençant à se tourner pour se mettre face au Graärh, trainant sa proie à demi-manger avec lui du bout de la queue. Son regard de feu était toujours posé sur l’homme bête face à lui, ne le quittant pas un instant des yeux.

« Je suis Verith de l’ire. Le Dragon libre. »

L’enfant de l’orage se présenta à l’inconnu, prenant soin de donner le titre qu’il s’était lui-même donné auprès des races bipèdes et auquel il apportait une importance toute particulière.

« Comment te nommes-tu, Harfang. »

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Le goût du sang ne m’avait jamais dérangé avant, mais celui des morts-qui-marchent avait une odeur et une saveur particulière que je n’appréciais pas du tout. Le sang permettait de préparer de bons repas comme du boudin, mais il était certain que je ne comptais pas m’y essayer avec celui-ci. Leur chair me suffisait et demandait tout de même une certaine préparation pour la rendre savoureuse, là où celle des autres bipèdes pouvait simplement être grillée ou même mangée crue. Cette pensée me fit doucement songer à Asshaal, qui avait été la première à goûter mon ragoût de vampire. La recette devait encore être améliorée, mais ce repas avait été bon.

Ce fut à cet instant que je ressentis comme un picotement à l’arrière de ma nuque. Avais-je été blessé sans m’en rendre compte ? Non, impossible. J’expirais fortement par le museau lorsque j’entendis la voix du dragon. Comment savais-je qu’il s’agissait de la sienne ? Impossible à dire, cela semblait simplement être une évidence. Grave, caverneuse, puissante et sage … Mais cette intrusion fit naître chez moi un puissant mal de crâne et je lâchais malgré moi un couinement, les dents serrées. Toutefois, cette sensation disparue progressivement à mon grand soulagement, ne laissant qu’une étrange sensation.

Je fis alors attention aux paroles du dragon. Au moins, étions-nous d’accord sur l’odeur du sang vampirique. Sans le savoir, j’étais en train de lui répondre sans mot, lui transmettant dans ce premier échange télépathique que je ne contrôlais pas encore ce que je pensais de ce sang immonde mais aussi ce que j’avais déjà fait de la chair des morts-qui-marchent. Par la suite, ce fut la colère qui naquit en moi. Je n’aimais pas les menaces, même si celles du dragon sonnaient aussi comme un avertissement : attention aux crocs des vampires. Cela me fit songer à mes premiers combats contre eux et, à bien y penser, j’avais déjà été mordu. Cela avait été douloureux mais je ne m’étais pas… Transformé. Encore une fois, cette pensée fut transmise au dragon pendant que j’y songeais, lui délivrant là ce que j’ignorais encore être une précieuse information.

Le dragon était si proche qu’il me semblait en percevoir la chaleur du souffle. Souffle qui se changea en une pluie de paillettes dorées qui vinrent entourer mon bras blessé. Une douce chaleur se répandit alors en moi et je sentis littéralement mes blessures commencer à se refermer.

Pour la première fois, je me tournais vers la créature immense. Il m’observait d’un unique œil – curieux – et je lui rendis son regard sans un mot. J’appris alors qu’il se nommait Verith. Et bien que son titre ne fît pas écho en moi, je devinais qu’il revêtait une importance certaine. Y avait-il vraiment des dragons enchaînés ? Je les avais vus, parfois, survoler mon île et ils m’avaient tous semblé être les maîtres des cieux. Comprenant plus ou moins comment fonctionnait ce système de communication, je laissais mes pensées s’envoler vers Verith, curieux d’en apprendre davantage et de comprendre la signification de ce titre.

Je devais maintenant me présenter. Il aurait été déshonorant de ne pas lui répondre maintenant que je connaissais son nom. Toutefois, avant de lui décliner mon identité, je quittais ma branche. Agilement – et en me servant de mes griffes – je grimpais au sommet du sapin dont la tête penchait doucement sous mon poids. Je savais toutefois reconnaître un arbre capable de me supporter et ne m’en inquiétais donc pas.

Nous étions maintenant face à face. De ce nouveau poste d’observation, je pouvais voir Verith au complet, ou presque. Il était si grand que j’apercevais à peine le bout de sa queue, où pendait la carcasse à demi-dévorée. Ses grandes prunelles enflammées m’observaient et il aurait été si facile de s’y perdre tant ce regard était puissant. Je me sentais dépouillé, disséqué et évalué de toutes les façons possibles.
Doucement, mes griffes se rétractèrent et je lâchais la cime de l’arbre. Dans un équilibre parfait, je me relevais et, à cause de l’angle prit par le sapin, me retrouvais dressé en direction du dragon. Un vent glacial que je ne ressentais pas venait doucement caresser ma fourrure. C’était une sensation agréable et je prenais plaisir à exposer mon torse nu à cet air vivifiant.

- Je suis Vaakin. L’on me connaît aussi sous le nom de Grand’griffes.

Celui qui a tué le prince des vampires, pensais-je avec un plaisir non-fin.

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¤ Chasseur de chaines ¤

Le froid régnait sur l’île de glace et la moindre brise avait de quoi vous faire geler le sang. Un faible vent s’élevait sur cette rencontre, sifflant par moments lorsqu’il passait entre les écailles du colérique. Les deux yeux dorés du dragon étaient maintenant braqués sur le félidé, le regardant avec une intensité sans pareil. Son regard était dur, peut-être avait-il définitivement adopté cette forme à force d’être défiguré par la colère et la haine envers ceux qui avaient fait du mal à son espèce. Cependant, en dépit de cette dureté il n’y avait aucune haine et aucune colère qui transpirait à l’égard de l’être devant lui. Le harfang était un innocent et son espèce était innocente. Il n’avait aucune raison d’être mauvais envers lui. Jamais l’enfant de l’orage n’aurait pensé être ainsi envers quelqu’un d’autre que sa propre race. Une certaine curiosité brillait dans les prunelles du colosse de flamme. Pour la première fois, il rencontrait une nouvelle espèce, non pas intelligente, mais douée de conscience. Ce qu’il ressentait là, peut-être que ses aïeux l’avaient ressenti lorsqu’ils avaient vu débarquer sur les côtes d’Ambarhùna les elfes, les vampires et les humains. Verith ne pouvait qu’espérer qu’une seule chose. Que cela ne se passe pas comme avec les bipèdes. Il serait dommageable d’ajouter une espèce supplémentaire sur sa liste de chose à exterminer.

Alors que le rouge déversait dans l’esprit du félin blanc les premiers mots de cette rencontre inédite, il put sentir avec une facilité déconcertante les pensées de ce dernier être captées par son esprit. Il n’y avait rien d’étonnant. C’était sans aucun doute son premier échange télépathique, il ne savait pas comment restreindre les circulations de ses pensées dans pareille situation. Et quand bien même c’était possible, face à un dragon comme Verith, s’il désirait savoir quelque chose, il n’avait qu’à se servir.

« Je suis Vaakin. L’on me connaît aussi sous le nom de Grand’griffes. »

Vaakin. Cette espèce n’avait donc pas comme les bipèdes un deuxième nom le rattachant à une famille ? Sans doute. À moins que l’individu face à lui soit une exception. Grand’griffes, quel surnom amusant. Est-ce parce que, en tant que félin, il avait des griffes plus longues que les autres membres de son espèce ? Où était-ce en raison d’un exploit quelconque accompli avec celle-ci ? Un peu comme Verith qui cumulait les deux : ébène pour la couleur noire de ses griffes et lame pour sa capacité à trancher les écailles de ses congénères. Peut-être lui poserait-il la question plus tard.

Quoi qu’il en soit, le rouge prit en considération les pensées du félin qui avaient flotté jusqu’à lui. Ainsi il avait été mordu, mais ne s’était pas transformé. Pourquoi cela ? Était-ce en raison du vampire ou en raison de lui ? Non, un vampire n’était pas en mesure de restreindre son poison. Ce fait devait donc venir du Graärh. Un antidote ? Peu probable, les bipèdes avaient mis très longtemps avant de pouvoir en concocter un. Une immunité alors. Plus probables, certains bipèdes avaient eux-mêmes développé une immunité au venin vampirique, mais il s’agissait d’une évolution naturelle des choses. Une proie qui s’adapte face à son prédateur. Or, cette espèce n’avait jamais rencontré les vampires. Étaient-ils naturellement immunisés ? Possible. Voilà un fait fort intéressant dans ce cas. La race vampirique ne survivrait donc pas à travers eux.

Cependant, quelque chose turlupinait Verith. Pourquoi n’avait-il jamais entendu parler des Graärh jusque-là ? N’étaient-ils pas une création des dieux aussi ? Cependant, dans sa rencontre avec le Tarenth, leur présence n’avait jamais été notifiée. Les Tarenth étaient là pour amener la paix entre les elfes, les vampires et les humains. Fort étrange. Était-ce là une variable que les dieux eux-mêmes n’avaient pas prévue ? Ce ne serait pas étonnant vu comment ils étaient. Cela ne faisait que renforcer le sentiment du colérique. Tout ne se passe jamais comme on le souhaite, aussi puissant soit-on.

« Mh … je vois. Vous ne seriez donc pas sensible aux poisons de ces immondices. Intéressant, étonnant, excellent. »

Le harfang était venu grimper à l’arbre de sorte à pouvoir se mettre un peu plus à la hauteur du rouge. Lentement, le colérique fit prendre un peu plus d’altitude à son museau, de sorte à toujours être un peu au-dessus de lui.

« Je vais répondre à ta question, Harfang. En gage de première rencontre, entre mon espèce, les dragons libres, et la tienne dans le cadre d’un échange équitable pour celle que tu viens de me fournir. »

Le dragon cligna des yeux avant de reprendre.

« Oui il existe des dragons enchainés. Cependant les chaines ne sont pas toujours faites d’acier ou d’un métal divers. Sur nous, elles seraient particulièrement inefficaces. Les dragons enchainés sont appelés les dragons liés, ou encore affranchis comme certains d’entre eux aiment s’appeler après s’être débarrassés d’une des chaines les retenant. Certaines chaines peuvent être faites de magie ou mensonge. Ce sont celles utilisées par les créatures faibles, viles et sans honneurs. Afin d’asservir les créatures plus fortes, plus intelligentes et plus soucieuses des honneurs. »

Verith ferma les yeux quelques instants, lorsque son regard apparu à nouveau, à l’intérieur dansait une lueur dangereuse, empreinte de colère, de haine et d’une soif de sang, de justice et de vengeance si profonde que jamais un tel regard n’avait eu son pareil dans l’histoire de cet archipel jusqu’à aujourd’hui.

« Et ceux qui commettent un crime aussi grave ou son équivalent envers les dragons ne doivent pas s’attendre à la moindre clémence. »

L’atmosphère entière s’alourdit, semblant vibrer sous la puissance de l’esprit colérique du dragon rouge. Puis, tout disparut aussi rapidement que c’était venu lorsque l’enfant de l’orage ferma à nouveau les yeux. Les rouvrant finalement, portant un regard serein à l’encontre du Graärh.

« Toi et ton espèce n’avez rien craindre. Vous êtes innocent de tout crime. Je ne pensais pas voir ça un jour. Je ne pensais pas découvrir une nouvelle espèce douée de consciente non plus. Peut-être est-ce pour le mieux que vous ayez été caché tout ce temps. »

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Paadshail était une terre où il ne faisait pas bon vivre pour les êtres peu préparés. Mais à mon instar, le dragon ne semblait pas ressentir la morsure du froid. Elle qui, pourtant, n’avait fait qu’une bouchée des envahisseurs lorsqu’ils avaient débarqué en conquérants sur les côtes de mon île. Peut-être aurions nous dû les attaquer dès l’instant où leurs étranges pattes dépourvues de griffes frôla la glace de Paadshail, il y a plusieurs mois. Alors, nous n’aurions pas tout ces problèmes et la neige aurait recouvert leurs corps depuis des lunes. Oui, nous aurions dû, nous nous étions montrés naïfs.

Les paroles du grand saurien me parvinrent, mais il semblait davantage pensif que réellement en train de me parler. Toutefois, cela me permit de comprendre aisément qu’il n’aimait pas ces bipèdes-aux-longues-dents. Je parvenais même – me semblais t-il – à ressentir sa haine envers eux. Bien, excellent. Si ce dragon avait une telle inimitié envers eux, peut être était-il leur ennemi. Et l’ennemi de mon ennemi est mon ami, n’est-ce pas? Je devais toutefois continuer à me méfier. Ce dragon avait suivi les bipèdes-sans-poils, après tout…

Mais ce qu’il énonça alors ne laissait pas de place aux doutes. Il n’était pas leur allié et encore moins leur ami. La flamme de la haine brillait au fond de ses prunelles rougeoyantes. J’y lisais la colère et la soif de sang tandis que je ressentais son besoin de justice pour un crime dont je n’avais encore aucune idée. Il était étrange de sentir ces émotions qui n’étaient pas miennes… Mais qui se rapprochaient tant de ce que je pouvais ressentir au fond de ma poitrine. J’étais peut-être banni, mais cela n’enlevait rien à mon honneur – à mes yeux – et à mon désir de protéger les miens coûte que coûte.

« Mon peuple connaît lui aussi le poids des chaînes. Nous sommes un peuple fier, notre honneur est notre plus grand bien. Les morts-qui-marchent sont forts mais ils n’en ont aucun. » Ma colère était palpable. Sous mes yeux grands ouverts défilaient des images de l’attaque de mon village, du massacre et l’enlèvement des miens. « Beaucoup de Graärh sont prisonniers dans leur forteresse, contraint de les services et réduit à l’état de bête. Mais nous ne sommes pas des animaux ! » Les poings serrés, mon regard était encré dans celui du dragon. Pourquoi voyais-je en lui un potentiel allié alors qu’il avait sans aucun doute traversé l’océan en leur compagnie ? Lui, toutefois, n’avait pas attaqué.

« Comme nous ne pensions pas voir débarquer sur nos côtes trois races belliqueuses, irrespectueuses et sans le moindre honneur. Ils prennent tout ce qu’ils trouvent comme si cela leur revenait de droits, ils n’ont aucun respect pour la nature et les Esprits. »

Un grognement animal s’échappa de ma gorge tandis que mes poils se hérissaient de colère. Les oreilles couchées en arrière, je tournais le regard vers la mer tandis que ma queue fouettait l’air. J’avais omis les dragons de mon propos car ces créatures, peu nombreuses, semblaient bien plus intelligentes que ces bipèdes-à-la-peau-lisse… Et surtout, plus sensible à leur environnement. Enfin, il existait des exceptions à ce que je venais d’énoncer, comme Irina, mais cette dernière était encore à l’épreuve. S’il n’y avait pas de résultat, il était certain que je n’hésiterais pas à saisir son cou entre mes griffes et le lui briser comme si elle n’était rien d’autre qu’un vulgaire poulet.

« Pourquoi les avoir suivis jusqu’ici si tu les hais ? Dans l’unique but de pouvoir les détruire ? Je sais qu’ils ont navigué sur les eaux des mois durant, pourquoi ne pas avoir simplement coulé leur flotte pour ensuite les observer se noyer depuis les cieux ? » demandais-je en tournant mon regard vers l’Ecarlate. Si les événements s'étaient déroulés de cette façon, nous n'aurions pas tout ces problèmes... Ce dragon, malgré sa haine, portait lui aussi sa part de responsabilité dans l’asservissement de mon peuple.

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¤ L’histoire se répète ¤

Les Graärh eux aussi subissaient les affres des bipèdes. Des afflictions semblables à celles qu’avaient subies les dragons dans les premiers temps de leur rencontre avec ces trois espèces. Des souffrances qui n’iraient qu’en s’aggravant si rien n’était fait. À l’époque, les dragons avaient accueilli ces misérables, pris de pitié pour eux, mais rapidement ils avaient subi les conséquences des problèmes bipèdes. Leurs guerres. Leurs expansions. Leurs soifs de sang et de pouvoir. Et plus encore. Si à l’époque, l’ancestrale race avait décidé de s’élever contre les bipèdes pour les punir comme il le devait, les choses n’auraient pas empiré jusque-là. L’enfant de l’orage aurait apprécié naitre à cette époque. Sans doute aurait-il pu changer empêcher tant de désastres. Malheureusement ce n’était pas le cas. Aujourd’hui il devait subir les conséquences des décisions des anciens et de ce fait, il avait bien l’intention de faire table rase de tout cet infâme passé en annihilant les bipèdes. Il était légitimement en droit de le réclamer et de l’accomplir.

Ce qui était arrivé au dragon pouvait arriver aux Graärh. Verith en était même intimement convaincu. Tout commençait de la même manière. Les bipèdes avaient fui sur la mer, et trouvaient finalement refuge sur une nouvelle terre. Ici, ils s’établissaient sans la moindre vergogne. Alors même que ce lieu était déjà habité, ils occupaient leur territoire de force sans même demander leur avis. Et plus encore, il réduisait en esclavage ces derniers. Oui, le début de ce qui se produisait ici était pratiquement en tout point semblable avec ce qui s’était produit pour les dragons. Si les Graärh ne voulaient pas connaitre les mêmes souffrances que sa race, alors ils devraient agir vite, ne pas tergiverser, agir d’un seul et même corps, ne pas se laisser aller à de possibles dissensions. Sans, les Graärh se déchireraient entre eux comme les dragons l’ont fait entre lié et libre.

Le colérique allait délivrer une partie de sa connaissance à ces derniers et voir leurs réactions. S’il était en mesure d’éviter qu’un drame se produise, alors il le ferait. Toutefois, il ne forcerait pas ces créatures. Si elles souhaitaient son aide, alors elles devraient lui demander. Des Graärh étaient donc retenus captifs par les vampires. Il n’y avait rien d’étonnant à cela. Il s’agissait de la pire de toutes les races. De véritables sangsues qui n’apportaient rien à personne, ne faisant que prendre. La seule chose pour laquelle elle était bonne, c’était pour la boucherie. Le Tyran Blanc lui-même le savait, c’est pour cette raison qu’il utilisa les vampires dans ses batailles.

« Si tu sais où sont très frères de fourrure, alors pourquoi ne vas-tu pas les libérer ? Pourquoi ne vas-tu pas voir les tiens pour mener l’assaut et contraindre les vampires de les libérer ? Pourquoi ne vas-tu point les punir pour leur crime ? »

L’enfant de l’orage était assez intrigué de savoir pourquoi il n’y avait pas encore eu d’actions. Peut-être y en avait-il en préparation. Il le saurait bien assez tôt quand le félin lui répondrait.

« De toutes les créatures que j’ai pu rencontrer, les bipèdes sont les pires. Qu’ils soient elfes, vampires ou humains. Ils sont arrogants et ils sont vicieux. Ils n’apprennent jamais et mordent la main qui les nourrit. »

Un petit ricanement s’échappa du dragon rouge alors qu’il se repositionna, venant se mettre dans une position plus confortable et plus adapter à la discussion.

« Je hais les bipèdes, c’est un fait indéniable, et jamais je ne pourrais les pardonner pour ce qu’ils ont fait. Je désire leur destruction plus que quiconque parmi tous les mondes pouvant exister. Je vais te répondre à tes questions avant de te raconter une très ancienne histoire, Harfang. Les bipèdes ont pris la mer pour fuir un ennemi effroyable ne pouvant être vaincu par des moyens conventionnels. C’était effectivement l’occasion rêvée pour les tuer, ils étaient tous réunis au même endroit, cela aurait été terriblement simple : ils étaient à terre, il suffisait simplement de donner le coup de grâce. Cependant, ce n’est pas moi qui les ai mis à terre. Mon action aurait été dépourvue de tout honneur. Cela n’aurait été que de la lâcheté. Ce sont peut-être mes ennemis, je l’ai hais peut-être plus que tout. Mais aussi méprisable soit mon adversaire, je me dois de le vaincre avec honneur. Car c’est comme ça que les dragons libres se comportent, avec honneur. »

Verith marqua une pause avant de reprendre.

« C’est une des raisons pour lesquels je les ai accompagnés. Afin de pouvoir, les détruire avec honneur le moment venu. Mais plus encore je devais m’assurer qu’ils ne s’éparpillent pas. Je devais m’assurer qu’aucun d’entre eux ne trouve le continent d’où je viens et où les miens ont élu domicile. »

Le continent sauvage était un sanctuaire pour les dragons, une terre qu’aucun bipède ne devait violer. Tant qu’il vivrait, il empêcherait cela.

« Maintenant, laisse-moi te raconter une histoire. Je pense qu’elle te sera profitable. Car à l’allure où vont les choses, ta race risque de connaitre les mêmes affres que la mienne. Il y a fort longtemps, les dragons vivaient en paix et en harmonie sur le continent d’Ambarhùna. De par leurs grands nombres, les dragons assuraient une nature et une magie florissante. Puis un jour, des navires arrivèrent. Une race inconnue accosta sur nos côtes : les elfes. Ils étaient épuisés, affamés, mourants. Ils avaient erré pendant d’innombrables jours sur les flots inconnus, fuyant leur terre natale ravagée par une terrible malédiction. La seule chose qu’ils ignoraient, c’était que cette malédiction les avait suivis. À bord de leur grand navire se trouvaient des passagers clandestins : les vampires. Très rapidement, la guerre, que c’était mené ces deux races sur une autre terre et qui avait conduit au dépérissement de celle-ci et donc à leur fuite, reprit. Elfes et Vampires se déchirèrent. C’est alors que quelque chose se produisit. »

Le colérique marqua une pause, faisant grincer ses crocs.

« Elfes et Vampires se tournèrent vers les dragons, demandant leur assistance dans cette guerre, se liant à eux afin de les enchainer. Dès lors, les dragons contraints, ceux par la suite aujourd’hui dragons liés, participèrent à leur guerre. Elle fut dès lors plus violente, plus dévastatrice. Et pour la première fois de leur existence, les dragons se déchirèrent entre eux. Ceux qui avaient décidé de ne pas prendre parti, de rester à l’écart des affaires des bipèdes, les dragons libres, se contentèrent d’observer, chassant les bipèdes lorsqu’ils approchaient un peu trop prêt. Jamais ils n’intervinrent pour faire cesser cette folie, en dépit des leurs incommensurable puissance. Parce que la simple idée de se déchirer avec leurs propres frères leur était insupportable. Alors que la guerre continuait, de nouveaux navires firent leur apparition. »

L’enfant de l’orage marqua une pause supplémentaire, avant de reprendre.

« Cette fois-ci, ce sont les humains qui accostèrent. Ils entrèrent automatiquement en guerre contre les vampires, afin de ne pas finir comme du bétail et être un à un transformé en cadavre articuler par la magie. La guerre gagna en intensité et en barbarie. Bientôt, elfes, vampires et humains se tournèrent vers les dragons libres, les attaquants, n’hésitant pas à les tuer, afin de voler leurs œufs et asservir leur progéniture pour mener leur guerre. Ambarhùna, terre natale des dragons, ne fut bientôt plus qu’un continent gorgé de sang. Les humains construisirent leur empire, détruisant la nature afin de s’étendre, repoussant les dragons libres avec la complicité des dragons liés. »

Un soupir triste s’échappa de Verith.

« Jamais les dragons libres ne prirent la décision de combattre. Jamais ils ne décidèrent de s’abaisser au niveau des bipèdes. Jamais ils ne décidèrent de se déchirer avec les leurs. Aussi, un autre choix fut fait. Les bipèdes avaient sombré à la folie, alors celle-ci causerait leur perte. Un à un, les dragons partirent. Ils quittèrent Ambarhùna pour d’autres rivages. Rapidement, il n’y eut plus de dragons libres. Les dragons liés, eux, moururent un à un durant la guerre. Bientôt, il ne resta plus un seul dragon. Seulement, les dragons apportent la magie, aussi celle-ci se mit à péricliter sur le continent. Les races s’affaiblirent une à une. »

Un grognement de colère s’échappa du dragon rouge.

« Tous les dragons avaient abandonné les bipèdes. Tous sauf un, qui avait décidé de leur accorder une dernière chance. Avant le départ des libres, ils avaient convaincu certains dragons de laisser ici certains de leurs œufs, afin d’offrir une chance aux bipèdes. Le départ des dragons leur causerait une grande affliction, et ils devraient apprendre de cette dernière. Il conduit alors les bipèdes à trouver les œufs. Ceux-ci éclore et les bipèdes se lièrent à eux. Mais que s’est-il passé ? La guerre a repris. Et les jeunes dragons, offerts en tant que dernière chance pour ces races folles, moururent. Mon frère était l’un d’entre eux. Certains dragons liés parvinrent à survire et à sa reproduire, donnant naissance à d’autres dragons qui furent entrainés dans la folie des bipèdes. »

Verith termina son récit en marqua une pause longue et grave.

« Moi, je suis né sur le continent où les anciens dragons ont trouvé refuge et se sont reconstruits. Cependant, contrairement aux anciens et à certains des miens. Je n’ai pas oublié et je n’ai pas pardonné. Les bipèdes ont eu leur chance et ils ont craché dessus. Il est donc temps qu’ils paient pour leur crime et pour leur folie. Et c’est pour cela, pour tout le mal qu’ils ont fait aux miens, que je les hais et que je les détruirais. »

L’enfant de l’orage plissa des yeux, observant avec une rare intensité le Graärh blanc.

« Et aujourd’hui, je vois face à moi, une espèce inconnue, naïve et ignorante des atrocités des bipèdes. Une espèce dont les membres se font capturer et réduire en esclavage. Une espèce qui voit son territoire violé et occupé par des intrus. Aujourd’hui, je vois devant moi l’histoire en train de se répéter, mais pour une autre espèce. Bientôt, ils vous tromperont. Bientôt ils vous retourneront contre les uns contre les autres. Malheureusement, vous êtes bien plus faible que les dragons. Vous périrez sous leurs barbaries. Vous n’aurez qu’une chance face à eux et elle sera décisive. Tendez-leur la main et ils vous l’arracheront, souilleront votre honneur, votre territoire, votre esprit et vos corps. Tendez-leur le glaive et vous leur survivrez. »

Le colérique dodelina de la tête.

« C’est bien là le meilleur conseil que je peux donner au vu des très nombreuses connaissances que j’ai les concernant. Nous sommes nécessaires à leur survie et pourtant cela ne les a même pas arrêtés. Alors vous … Mais c’est à vous de voir. Vous êtes désormais prévenu. L’erreur vous serait fatale. »  

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« Que puis-je faire seul? » Répondis-je en écartant les bras, impuissant. La question de Verith était toutefois rhétorique. La réponse une évidence. « Notre légion est composée de tribus éparpillée. Les rivalités entre clans sont nombreuses. Et je ne parle même pas de nos rapports avec Vat’Aan’Ruda. » Poursuivis-je. « Et la dernière fois que mon peuple fut uni… Ce fut notre âge d’or et notre destruction. »

Je baissais le regard sur mes pattes. Les légendes Graärh étaient nombreuses. Certaines étaient très connues, d’autres presque oubliées. La fougue de la jeunesse m’ayant quitté depuis des lunes et des lunes, je m’étais intéressé aux légendes de mon peuple avant d’être banni de ma tribu, ou du moins de ce qu’il en restait. Un vieux félin m’avait ainsi conté la légende de l’or et des cendres, ainsi que le mythe du bâoli. Celle-ci était sans doute ma préférée, celle qui m’intriguait le plus. Toutes légendes n’ont telles pas de réels faits comme base ? Mais trop peu de personne pour s’en souvenir?

Je relevais le regard vers le rouge qui se repositionna sur la montagne. La vallée n’était pas particulièrement large, il était vrai, du moins pour un dragon de sa taille. Je manquais d’ailleurs de tomber de mon perchoir, mais plutôt que de choir de ma branche, je m’envolais tranquillement avant de rencontrer le sol, fusse t-il couvert de poudreuse. Mes ailes me portèrent près du dragon, dont je fis tranquillement le tour pour mieux en admirer la beauté. Je revins ensuite me poser près de lui mais demeurai en ma forme animale. J’avais compris qu’articuler n’était pas nécessaire pour dialoguer avec un dragon et cela m’arrangeait beaucoup car ce n’était pas très aisé pour moi. La morphologie de mon espèce permettait de parler la langue « commune » des envahisseurs, mais certainement pas en étant parfaitement à l’aise.

Verith semblait être un dragon très estimable. S’il disait la vérité, alors il était un digne. L’honneur semblait aussi important pour lui qu’il l’était pour moi et je ne pouvais qu’apprécier cela chez lui. Sa force, bien entendu, entrait également en ligne de compte, mais pas autant que son honneur. Toutefois, je n’étais pas naïf et je ne le croyais pas sur parole. Les actes, dans ce genre de cas, valent tous les mots du monde. Cependant, je ne le coupais pas dans son monologue et le fixais tranquillement de mes grands yeux devenus jaunes.

Plusieurs questions me vinrent à l’esprit, telle la façon dont les dragons s’étaient liés aux sans-poils. Ils ne portaient pas de chaînes, alors comment un bipède-à-la-peau-lisse pouvait-il avoir le dessus sur un dragon? Ou le dragon était-il tout simplement d’accord, tel un partenariat? Il me semblait ressentir la haine de l’Ecarlate au travers de son regard, je devais donc garder à l’esprit que son avis sur la question était fort probablement biaisé. Il me faudrait un autre avis, mais trouver un dragon n’était pas si simple malgré leur taille…

Un autre élément me fit relever la tête. La magie venait des dragons? Mais il n’y avait pas de dragons dans notre archipel et pourtant nous avions la magie. Bien entendu, nous étions nombreux à nous appuyer sur les Esprits-liés, moi le premier, mais j’étais également capable de magie. D’autres, aussi, et bien plus puissamment que moi.

« Je te remercie de m’avoir conté cette histoire, Verith le dragon libre. Je comprends mieux ta haine envers eux. Toutefois, j’aimerais comprendre comment des êtres tels que les dragons ont été asservis. Vous passer des chaînes serait aussi futile que de vouloir arrêter le vent, alors comment les bipèdes-à-la-peau-lisse ont pu avoir l’ascendant? » Demandais-je sans arrière pensée, cherchant réellement à comprendre. « Vous êtes doués de votre propre volonté, tout comme nous, alors est-ce que cela ne fut pas le choix de certain de tes semblables ? Aussi fou soit-il de tendre le bâton pour se faire battre...» fis-je, bien amer. « Il y a également un point de ton récit qui me trouble et réchauffe à la fois mon coeur. Tu dis que les dragons apportent la magie, pourtant celle-ci était bien présente dans les îles avant votre venue. Cela voudrait-il dire que les légendes sont vraies ?  » terminais-je pour moi-même, mon esprit voguant vers la légende du Bâoli. Ah! Que j’aurais aimé en savoir plus!

« Quoi qu’il en soit, ton récit fait office de mise en garde. Suite à la destruction de ma tribu par les vampires, j’ai été banni car jugé trop faible pour combattre. Et même si mes blessures physiques sont aujourd'hui guéries, mon honneur est entaché et ma parole n’a que peu de valeur pour nombre des miens. Accepterais-tu de m’accompagner et conter ton histoire à mon peuple? »

Toutefois, contrairement à Verith, j’avais vu que certain bipèdes-sans-poils étaient capables de faire le bien. Mais pour cela, encore fallait-il accepter l’existence d’une telle possibilité. Ce n’était, toutefois, pas un débat que je souhaitais avoir avec le Rouge. Si ce dernier pouvait faire réagir les miens, c’était déjà suffisant pour moi. Mais en définitive, mon peuple passait avant tout le reste. Et si je devais trahir la parole que j’avais donnée à Irina pour les sauver, il n’y avait pas matière à tergiverser.

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¤ Conseil ¤


Verith prodiguait ses conseils et ses connaissances au Graärh à la fourrure de neige. Ses paroles faisaient cependant office d’avertissement. Plus encore, elle était presque prophétique, annonçant le prélude d’un grand malheur, pire d’une extinction pour la race féline. Le dragon n’était clairement pas neutre dans ses propos, cependant en dépit de la haine envers les bipèdes, son ton laisser présager aussi bien la vérité qu’une forme d’inquiétude. Oui, il était inquiet, en quelque sorte, pour les Graärh. Il ne souhaitait de mal à personne ne le méritant pas. L’enfant de l’orage garda le silence laissant le membre du nouveau peuple face à lui répondre. Ses premières réponses le surprirent néanmoins. Que pouvait-il faire seul ? La réponse était épineuse. S’il répondait comme un dragon alors elle ne serait pas adaptée. S’il répondait comme voulant se mettre à sa place, alors elle serait insultante.

« Une personne seule peut faire de grandes choses, je le pense. Qu’elle soit petite comme un Graärh ou grande comme un dragon. La question resterait toujours celle de la force. Mais point de la force magique ou de la force physique. Elle serait celle de la force de l’esprit, celle de la volonté et de la détermination d’arriver au bout de son objectif. Que l’on soit un Graärh ou un dragon doté de cette force de volonté, le résultat ne variera pas. Seuls le chemin, les obstacles et les moyens varieront. Pendant longtemps, j’ai cru que seule la force physique comptait, mais je me suis lourdement trompé. Je l’ai payé le prix fort, mais j’ai appris, je me suis relevé, et j’ai vaincu. »

L’enfant de l’orage leva une griffe.

« Il existe plusieurs forces en ce monde. Elles peuvent toutes contrecarrer les autres. Mais s’il y a bien une différence entre celles-ci, c’est leur honorabilité. Certaines forces sont plus honorables que d’autres. Et c’est toujours la force la plus honorable qui vaincra. En définitive et peu importe le temps que cela prendra. Toujours. C’est une vérité ancrée dans la magie elle-même. Trouve cette ou ces forces qui te correspondent et emprunte leur chemin. »

Le rouge leva une deuxième griffe.

« Tu es un Graärh. Ne prends pas cela ce que je vais dire pour une insulte. Mais à mes yeux tu es petit et faible. Je pourrais t’écraser d’un seul coup de patte. Je doute qu’avec des moyens conventionnels, tu sois en mesure de repousser ma patte pour l’empêcher de t’écraser. Tu vas donc avoir besoin d’aide. Être capable de rassembler autrui autour d’un même objectif est une force. Être capable d’être un rassembleur est une force. Une force honorable. »

Le colérique leva une troisième griffe.

« J’ai effectivement remarqué en survolant l’île de Néthéril et celle-ci de nombreux petits nids Graärh. Sans toutefois y prêter encore beaucoup d’attention. Réunir un peuple est une chose que l’on commence seul et il faut déployer une grande chose pour y parvenir. Tes paroles laissent cependant planer une ombre. Je ne connais pas l’histoire de votre peuple, mais à toute destruction il y a une cause. Celle-ci peut être autant d’origines externes qu’internes. Il ne faut pas s’apitoyer dessus, mais apprendre de ce qui s’est passé pour éviter que cela ne recommence. Les bipèdes sont incapables de cela, mais le Graärh, eux, je pense qu’ils peuvent y parvenir. »

Verith leva une quatrième griffe.

« Enfin, la destruction ne doit pas constamment être perçue comme un mal. Car elle fait partie d’un tout, d’un grand cycle. Sans la mort, il n’y a pas de vie. Sans destruction, il n’y a pas de construction. Une plante ne peut pousser s’il y a déjà une autre plante là où elle désire s’épanouir. La destruction laisse toujours place au renouveau. »

Le colérique suivit de son esprit le félin qui se transformait en Harfang pour faire le tour de lui et ainsi mieux l’observer. Il ne pouvait lui reprocher cela, son espèce n’avait jamais vu de dragon, il est normal qu’il fasse preuve de curiosité. Après tout, lui aussi avait détaillé ce dernier.

« Les chaines avec lesquelles sont entravés les dragons sont issues de la magie du lien. Il s’agit d’une magie complexe. Mais elle est aussi une magie d’une grande perfidie. Tu le remarqueras peut-être plus tard, si tu en rencontres un, mais tous les dragons liés existants ne sont plus âgés que sept ans. Les chaines de la magie du lien leur sont mises alors qu’ils sont encore dans leur œuf. À peine éclos, ils sont déjà l’esclave des bipèdes. Les dragons n’ont jamais eu leur mot à dire. Ils sont toujours vécus dans la servitude. Comment peut-on donner un bâton à quelqu’un si on n’a pas conscience qu’il existe ? »

Le dragon de l’ire marqua une petite pause.

« Je ne sais pas à quelle légende tu fais référence, Harfang. Mais oui, les dragons apportent la magie et sans magie il n’y a pas de vie. Cependant, la vie existence ici, vos terres sont fertiles. L’air de l’archipel est imprégné de magie. Autre chose doit apporter la magie en ce lieu. J’ignore cependant quoi, où et comment. »

Verith leva une patte jusqu’à sa tête, venant gratter entre ses deux cornes, en écoutant les dernières paroles du félin, l’air quelque peu dubitatif.

« Banni en raison de sa faiblesse. Voilà une chose qui me paraît saugrenue. Là d’où je viens, les dragons éprouvent leur force les uns aux autres à l’aide de duels. Tous n’ont pas la même force et tous n’ont pas le même niveau au sein de la même force. Cela peut être l’origine de brimade, mais jamais nous ne condamnerions quelqu’un pour sa faiblesse. Au contraire, certains forts les protègeraient. »

Les Graärh étaient complexes et avaient leurs propres mode de fonctionnements. Il pouvait comprendre le système que semblait évoquer le félin blanc, mais il ne cautionnait pas pour autant.

« Si tu es redevenu fort depuis ta guérison. Peut-être devrais-tu commencer par retrouver ton honneur bafoué. N’existe-t-il pas un moyen ? »

Verith marqua une petite pause avant de reprendre.

« J’apprécie ton invitation, Harfang. Mais je ne peux pas encore l’accepter. J’aimerais observer un peu plus les tiens avant d’effectivement aller vers eux en me rendant jusqu’à l’un de vos nids. »

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Étais-je un meneur, un rassembleur ? Étais-je en mesure de fédérer mon peuple pour mener un même combat et reprendre nos terres ? Je partais avec un très grand handicape : Mon statut de banni. Plus de tribue, encore moins de légion, j’étais condamné à errer seul dans la toundra de mon île natale. Si je voulais être entendu, je devais être en mesure de prouver mon honneur, de retrouver mon statut d’antan… J’ignorais encore comment, bien que ceci fût l’un de mes désirs.

J’avais encore beaucoup de questions. J’étais curieux de rencontrer un dragon lié et entendre ce qu’il avait à dire. Les paroles de Verith réconfortaient mon vieux coeur, c’était certain, mais je ne pouvais passer à côté de la haine que ce dernier ressentait et qui, je le craignais, obscurcissait son jugement. Cela me rappela l’enseignement d’un mentor : un chef, un guerrier, doit être capables de séparer ses sentiments de son devoir. Cela pouvait paraître être un exercice simple, mais il s'agissait bien du contraire.

— Ainsi est faite la loi des tribus Graärh, dragon rouge, répondis-je par l’esprit. A ton avis, si tu es incapable de défendre ceux dont la protection est ton devoir, mérite tu de vivre ? Je n’ai pas été condamné à mort, mais une vie de solitaire sur cette île n’est pas un choix enviable. Fort heureusement, comme tu peux le voir présentement, je possède quelques atouts qui m’aident grandement, expliquais-je en désignant ma capacité de métamorphe d’une pensée. Si je souhaite retrouver mon honneur perdu, je vais devoir accomplir un grand acte, à la hauteur de la défaite qui m'a privé de ma réputation.

A bien y réfléchir, peut être que la libération des Graärh de la forteresse Vampirique avait déjà commencé à m’y aider sans que je m’en rende compte. Cet acte pouvait également jouer en ma défaveur puisque j’avais pactisé avec une Vampire pour l’accomplir. Je ne serais fixé qu’en retournant auprès des miens…

— Peut-être ai-je déjà commis cet acte, en vérité. Verith de l’Ire, tu viens de me donner foi. Je crois qu’il est temps que je quitte cette montagne et me rapproche de mon peuple afin de voir ce qu’il en est réellement. Si tu souhaites parler aux Graärh, cherche le plus grand nid, au nord de cette île.

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¤ Acte ¤

Il était bien étrange pour un dragon tel que Verith d’encourager, de réconforter un individu qui n’était pas lui-même un dragon. Pourtant le colérique le faisait en cet instant même avec un Graärh. Et s’il pouvait être honoré de telle parole de la part du Feu de l’Ire, c’est bien en raison de son statut d’innocent. Le discours aurait sans douté été bien différent si Vaakin avait été un bipède et non un félin. Le destin avait voulu qu’il n’en soit pas un, et c’était sans nul doute une grande chance pour lui, surtout si on croisait la route du grand rouge.

« Ainsi est faite la loi des tribus Graärh, dragon rouge. »

Le harfang lui répondit ainsi et l’enfant de l’orage se garda bien de répondre pour donner tout jugement de valeur. Pour lui, cette loi n’était pas bonne. Mais les Graärh l’avaient choisi pour régir leur vie, et lui n’avait aucune intention de leur imposer quoique se soit. Alors qu’il en soit ainsi. Cependant, ce n’est pas pour autant qu’il ne viendrait pas en aide à quelqu’un ayant subi les frasques de cette mauvaise loi. Bien entendu, en prenant toujours le contexte en considération. Or, là, le seul crime de l’individu face à lui était sa faiblesse. Et aux yeux de l’ancestrale intelligence d’un dragon, il ne s’agissait pas là d’un crime. Toutefois, le félidé blanc vint apporter des éléments pour défendre cette loi ainsi que le caractère infractionnel de son crime. Ce qui obligea le rouge à réfléchir quelques instants.

« Tout dépend de l’ampleur de ta défaillance. S’il ne te reste plus rien à défendre, alors probablement la mort reste ton seul droit. A moins de choisir la voie de la justice ou de la vengeance. En revanche, si malgré ton échec il te reste quelque chose à protéger, alors ta mission n’est pas terminée, il te faut continuer à la remplir d’une manière ou d’une autre en tirant les leçons de l’expérience de cet échec. »

Il ne fallait pas s’arrêter au premier obstacle, c’est ce que le colosse de la flamme voulait dire par là. Nombre de fois il avait rencontré des obstacles, certain bien plus puissant que lui, si bien qu’il s’était violemment écrasé dessus. Pourtant il avait appris, était devenu plus fort, et avait détruit ces obstacles. Vaakin continua en expliquant un moyen de retrouver son honneur, un moyen de surmonter l’obstacle face auquel il se trouvait. L’accomplissement d’un acte. Sans doute un acte propre à monter sa force, sa détermination, sa bonne foi, de nature à redorer son blason.

Le rouge ferma les yeux un instant tout en hochant de la tête en signe d’assurance.

« C’est toujours en plaisir de venir en aide à ceux qui le méritent. De ramener dans le droit chemin ceux qui se sont égarés. Je te remercie pour ton conseil, je me rendrais donc dans le nord après avoir plus amplement observé les tiens. En fonction de ce que je verrais, je remettrais aux tiens les souvenirs de mes ancêtres sur ceux qui sont arrivés sur vos terres, afin que vous ayez toutes les cartes en mains pour prendre vos propres décisions quant à votre destin. »

Verith secoua légèrement ses ailes, venant chasser la neige qui avait pu doucement s’accumuler dessus.

« Si tu n’as rien de plus à me demander ou à ajouter, je vais prendre mon envol et m’en aller observer les tiens, Harfang. Puisses-tu retrouver l’honneur que tu as perdu et revenir auprès des tiens. »

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