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descriptionPeluches, saumons et morts EmptyPeluches, saumons et morts

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Musique

Un chant-nom, et une respiration lente, profonde. Ce furent ses premières perceptions. Elles étaient sereines, son âme les suivit. Il voulut respirer à son tour, et fut surpris de retrouver aussi rapidement ce réflexe, et n'avoir pas oublié le bonheur de l'air frais se glissant dans les poumons. Il se souvint de la vue, et cela lui offrit une apparence. Rouvrant ses grands yeux gris, il les porta sur ses mains, comme pour vérifier que tout était vrai. Ses mains étaient bien là, ses fins doigts d'artiste, immaculés comme s'ils n'avaient connu ni guerre ni tourment. Un instant, leur porteur fut surpris d'avoir autant de doigts. Il vérifia: ses côtes et son ventre, ses bras et épaules... Tout était indemne. Étrange. Il s'était attendu à ce qu'au moins quelques animaux aient pris le temps de se repaître de lui.

Les questions commencèrent à venir, des questions évidentes et normales pour quelqu'un dans sa situation. Des "pourquoi", des "comment". Les questions allaient demeurer en lui tout du long. Par chance, il y avait en lui une étincelle de pertinence qui allait le pousser à en faire fi, et ne pas chercher les réponses en priorité. Il comptait bien vivre au présent, comme il l'avait toujours fait, et accepter ce qui venait à lui.
Intrigué, il passa un coup d’œil sur son environnement. C'était très... Visuel. Le maître des lieux devait être attaché au monde des images. Lui, il avait parfois fait des rêves sans couleurs, juste avec de la musique. Ici régnait un silence parcouru de légers clapotements d'eau.
La salle était très grande, surtout pour une salle de jeux. Les murs n'en étaient pas visibles, il y avait tout juste des colonnades ici et là pour soutenir un plafond haut, percé de trous ronds et ovales, où s'écoulait tantôt la pluie, tantôt des rayons de soleil, tantôt des fragments de nuit. Les murs étaient dorés, couverts de tableaux, tentures, et, oh, des statues. *Je lui avais pourtant dit de s'en méfier*, songea l'elfe, avec un sourire attendri. Lui aussi appréciait les statues. Un peu trop pour son propre bien. Le sol était un carrelage aux grandes dalles de marbre, parfois arrangées en spirales. Ici et là, quelques arbres poussaient. Il y avait une sorte de bac à sable, dans un coin, où une neige tiède tenait lieu de sable. À d'autres endroits, il y avait quelques petits bassins, où l'eau courait comme dans un lit de rivière. Là où se tenait le visiteur, il y avait beaucoup, beaucoup de coussins. Un amoncellement de coussins, même. D'autres se présentaient, plus sobrement, à l'horizon.

Si cela avait été son sanctuaire, il l'aurait arrangé différemment. Davantage de cailloux, d'herbe et de terre, et quelques braseros. Moins de toit, moins de colonnades, davantage de feuillages... Mais il n'était pas chez lui. Un bref instant, il songea que son hôte aurait sans doute apprécié de le voir assorti au décor. Il décida d'être vêtu de teintes chaudes. Le bandeau qui retenait ses cheveux dorés se fit bordeaux, et un tissu d'amarante vint s'enrouler autour de son torse et de ses hanches, comme une toge. Il se plut, ainsi, et regretta de ne pas avoir davantage essayé jadis. Son sourire habituel, tout doux, vint se dessiner sur ses lèvres. Bon... Où était l'hôte ? Il chercha l'origine du chant-nom. Cela se fit presque immédiatement plus dur. D'autres chants-noms venaient de les rejoindre. Oh ? Étrange... Mais fort plaisant ! Son cœur se teintait déjà d'une joie encore tranquille.

Il parvint néanmoins à trouver l'origine du chant-nom, après s'être un instant débattu avec son propre esprit, qui n'avait pas changé, et s'intéressait toujours à trop d'éléments à la fois. Pour sa défense, même s'il n'avait été ainsi, quiconque à sa place aurait sans doute eu beaucoup à penser. Il fut un peu surpris quand, en lieu et place d'origine du chant-nom de Valmys, il trouva un petit caillou, blottit au milieu de quelques coussins.

"- ...Besoin de douceur ? Et d'un sanctuaire ?
- Oui", avoua, penaud, le chant-nom du caillou. "Les pirates ont été horribles avec moi. Je suis heureux de te voir."

L'enchaînement chaotique des notes ne choqua pas le visiteur. Délicatement, il prit le caillou en main.

"- Alors allons te trouver un peu de douceur."

Sans hâte, cherchant à blottir le caillou dans son affection, il se dirigea vers le bac à sable de neige. Là, il mit un genou à terre, plongea sa main dans la neige, pour en sortir une peluche. C'était une jolie peluche, à base de coussins moelleux, en forme d'hermine. Le tissu était noisette, avec des points blancs. L'elfe observa tour à tour le caillou et la peluche. Oui, c'était ce qu'il fallait faire. Il mit le caillou contre le coeur de la peluche, et cette dernière l'absorba. Peu après, elle ouvrait ses yeux faits de billes, brillantes de joie, et commençait à lui sauter dessus pour lui lécher la joue. Le bipède lui caressa le haut du crâne.

"- Moi aussi je suis heureux de te voir. Cet endroit est joli, félicitations !"

La peluche bomba le torse, dressée sur ses pattes pourtant toutes molles. Valmys s'était découvert récemment un goût pour la création d'environnement, et était ravi que cela puisse plaire. Mais comme il se pavanait ainsi, singeant une fierté exagérée, un "ploc" se fit entendre. Le visiteur tourna la tête vers l'un des bassins d'eau. Chant-nom... Il reconnut celui-là, Un chant-nom plus lumineux que des milliers de soleils. Son regard s'habilla d'étoiles, son coeur pétilla d'excitation et de bonheur. Il se précipita vers l'eau, y plongea son bras sans même réfléchir, et en retira le coeur de peluche d'où émanait le chant-nom de Luna. Il le serra contre lui.

"- Cela me semble faire une éternité. Tu brilles toujours autant..."

Il l'écarta un peu de lui. Elle avait grandi, encore, hélas. Un jour il irait voir le Temps, et tirerait les oreilles de ce dernier. Il n'avait pas le droit de faire de l'effet à la princesse des lumières.
Le chant-nom de Luna était bien différent de celui de Valmys. Elle... Il sentait qu'elle se libérerait plus facilement de son carcan pelucheux, si elle le souhaitait, pour reprendre forme humaine.

"- ...Mais d'abord, retrouvons ton corps de peluche."

C'est que ledit corps pouvait être n'importe où, dans un endroit aussi grand. Et une peluche d'oreiller, dans un endroit avec autant de coussins, cela pouvait être compliqué. Comme pour apporter son soutien, la Valmyluche commença à plaquer son museau tout mou contre le sol, reniflant ce dernier, à la recherche d'indices. Son visiteur eut un très léger rire, amusé. Il restait un dernier chant-nom, qu'il avait vaguement entendu, qui revint au premier-plan. Sitôt qu'il l'eut reconnu, l'elfe s'y dirigea. Tout ce monde, tout ce beau monde... Était-ce son anniversaire ? Fêtait-on seulement les anniversaires, dans son cas ? À moins que, tous les trois réunis, aient tenté quelque obscure manipulation ? Il espérait juste que rien de sombre n'allait leur arriver.
Directement, et sans lâcher le cœur de peluche, il prit Aldaron dans ses bras, avec un long soupir de ravissement. Lorsqu'il s'écarta, et prit vraiment le temps de regarder ce congénère tout particulier, ses yeux étaient humides, mais son sourire ne parvenait pas à partir.

"- Oh, ça te va bien aussi !"

Ses doigts attrapèrent une mèche de cheveux pâles. Toujours aussi soyeux. C'était bien Aldaron.

"- ...As-tu songé à les teindre en bleu ?"

Il était certain que cela lui irait très bien. Un roucoulement bizarre se fit entendre. La Valmyluche essayait de pousser son visiteur à se concentrer un peu. Cela fonctionna. Comme reprenant ses esprits, Dawan s'agita d'un coup, montra le petit coeur de peluche de Luna à Aldaron.

"- Aldaron, nous devons retrouver le corps de peluche de Luna ! Est-ce que tu aurais vu quelque chose qui y ressemble ?"

Il avait l'air assez préoccupé pour que le bourgmestre puisse aisément comprendre qu'il ne plaisantait pas, et que cela lui tenait très à coeur. Ils avaient tous besoin d'un corps, s'ils voulaient pouvoir... Prendre le thé ? Jouer dans la neige ? Manger des étoiles ?
Spoiler :

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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    Où était-il ? Voilà bien longtemps qu'il ne rêvait plus. Plus ainsi. Son imagination, jadis oisive, s'était trouvé captive dans une cangue d'acier et s'était flétrie comme une fleur restée trop longtemps au soleil. Les seuls rêves qui soient siens n'étaient que les reviviscences cauchemardesques venues tout droit de Morneflamme. Alors Aldaron était dérouté par cet endroit ravissant, tel un sanctuaire où il pourrait se reposer... Avait-il enfin réussi à recréer ce genre de chose ? Avait-il cessé d'être une coquille vide ? L'espoir était naïf autant que vain alors il se contenta de savourer le décor, le dévorant du regard avec envie. Comme il jalousait le créateur de ce havre. Ses prunelles d'émeraude balayaient les immenses colonnades, puis la voûte percée qui laissait passer les splendides éclats du temps et des saisons. Il aurait aimé un ciel ouvert, une nuit pleine d'étoiles sur le fond de ténèbres marines. Alors il se plaça sous l'un des orifices du plafond, et contempla l'ersatz nocturne de ce qu'il aurait préféré. L'ovale devint plus grand, lentement, progressivement... Ce n'était qu'à peine perceptible à l’œil nu mais bientôt il put sentir un rayon de lune éclairer sa rétine....

    … Et un corps de peluche. L'astre de la nuit avait mis en évidence celui-ci... Ou était-ce une duperie à ses yeux. Il se pencha pour l’attraper et une fois redressé, il contempla sa trouvaille, sans savoir encore de quel enchantement cela pouvait bien être. Lorsqu'il observa autour de lui, à nouveau, il se retrouva face à ce qu'il prit pour un fantôme, ou un revenant. « D-Dawan ? » bégaya-t-il, perplexe. Il le prit dans ses bras, par réflexe, lorsque le baptistrel en fin de même. Ça y est : il devenait fou. Il se doutait bien que cela viendrait un jour, mais il aurait préféré bénéficier d'une anosognosie, car le savoir était profondément effrayant. Il eut un sourire en le voyant toucher ses cheveux : pas de doute, c'était bien le même Dawan qu'il avait connu : « Hm... Merci et... » Il arqua un sourcil : « Non... » Non, il n'avait jamais songé à se les teindre en bleu. Il n'était pas un excentrique, son habillement avait toujours été très simple et sobre, même si de bonne facture. Il vaquait souvent entre des teintes blanches et brunes, parfois grises ouvertes mais... Non, il n'était pas le genre d'homme à avoir des cheveux bleus. L'idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit.

    Il regarda le corps de peluche qu'il avait ramassé plus tôt et le tendit à Dawan sans un mot, ignorant si c'était effectivement cela que le jeune elfe cherchait. « C'est Luna ? Et... » Il regarda autour de lui : « Où sommes nous ? Que fais-tu là et... » Ses prunelles vertes se posèrent soudain sur la peluche qui était encore en train de renifler le sol : « Qui est-ce ? » Au fond, si l'autre corps de peluche, c'était Luna, celui-ci devait bien être une personne également.

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Lunapeluche, c’était tout ce qu’il y avait de plus mignon et dans cette apparence, l’ancienne humaine se sentait parfaitement bien. Aucun doute, aucune crainte et aucun ressentiment, c’était ce qu’elle était et c’était la normalité dans ce rêve dont elle ne réalisait même pas avoir. Elle était d’une petite taille pour être aisément prise dans les bras d’un bipède, ses grands yeux brillaient de joie et de curiosité et sa queue avait l’étrange forme d’un oreiller. Son pelage doux était d’un lilas aux reflets bleutés. Elle était enfin entière. Merci à Dawan qui avait ramassé son cœur en bouton et l’avait tint contre lui et merci  à Aldaron qui avait trouvé son corps.

- Dawan? s’enquit-elle, toujours dans ses bras.

Le visage de son grand frère gagna la bavure de sa large langue pelucheuse. Elle se blottit contre lui, enfouissant sa tête contre son torse. Elle avait cru qu’elle l’avait perdu à jamais et voilà qu’on lui avait menti : il était là!

- Aldaron? Demanda-t-elle ensuite.

Mais quelle agréable surprise! Ses grands yeux bleus se posèrent sur l’elfe et ses lèvres esquissèrent le plus grand des sourires, laissant entrapercevoir de toutes petites dents. D’un bond, elle quitta les bras de Dawan pour se retrouver dans ceux du bourgmestre. Il n’existait aucune autre option que celle de l’attraper et de la serrer fort dans ses bras!

- Je suis si heureuse de vous voir! S’exclama-t-elle. Mais qu’est-ce que vous faites comme cela… ?

C’est eux qui étaient bizarres à être des elfes au lieu d’être de merveilleuses et choupinettes peluches. En réalité, Luna se savait pas trop comment cela fonctionnait, mais ce qu’elle savait pour sûr, c’était que c’était bien mieux en peluche.

Son attention fut attirée par une autre peluche au sol. Elle sauta au sol pour le renifler. Elle ne connaissait pas cette odeur. C’était un nouvel ami?! Elle le poussa doucement avec son museau. Elle voulait jouer!

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Dommage qu'Aldaron n'eut songé à teindre ses cheveux en bleu. Dawan lui offrit un de ces fins sourires dont il avait volé le secret à sa soeur. Secrètement, il espérait que l'idée ferait son chemin dans le coeur de son ami... Ou qu'il essayerait au moins une fois, en sa mémoire. "Mon anniversaire est le premier novembre." Pour lui, le lien était évident. Pour les autres, peut-être pas. Mais cela, il n'en avait conscience.
Ravi, et enthousiaste, le chanteciel s'était saisi de la jolie peluche lilas. Il ne pouvait pour l'instant répondre à son ami aux cheveux blancs (et soyeux), il devait d'abord vérifier que le coeur et le corps de la peluche correspondaient bien. Au vu de cette dernière, il était néanmoins difficile de douter. Du bout d'un doigt, Dawan mit le coeur en bouton sur le ventre de la peluche, et l'y garda posé. Lentement, très lentement, le coeur sembla fondre en elle. "Nous sommes dans un rêve. J'aime beaucoup les rêves. J'ai souvent pensé que c'était un royaume que nous créions avec nos esprits... Imagines-tu tout ce que cela signifie ?" D'immenses possibilités s'offraient à partir de là. Des voyages, des oeuvres d'art, des partages, mais également des transferts et communications. Oh, sans doute y avait-il aussi des possibilités plus sombres. Mais Dawan ne voulait pas y penser. Mieux valait s'accrocher à l'idée que cet endroit était réservé aux personnes qui ne chercheraient à attaquer les gens par leur esprit. Dawan jeta un coup d'oeil au "qui" qui intriguait Aldaron, cette peluche d'hermine qui avait posé ses deux papattes avant sur les jambes du Cawr, et essayait d'observer ce qu'il faisait à sa copine peluche. "Lui ? C'est le maître des lieux. C'est Valmys... J'ai fait de mon mieux pour qu'il hérite de mes connaissances. Je suis sûr que vous vous entendriez bien ! Il te ressemble un peu." Leurs chants-noms partageaient des notes en commun, dans ce qui les composaient.

Le coeur de peluche avait fini de se glisser dans la peluche. Sous les doigts de Dawan, la vie revenait, comme une pulsation nouvelle, et un tourbillon de renouveau, d'énergie. Il se saisit un peu mieux de la peluche. Sa joue devint humide. "C'est mooooi !" Répondit-il à l'interrogation qui n'en était pas une, avant de servir de tremplin pour aider la peluche à rejoindre les bras d'Aldaron. Il allait être content: la Lunaluche était vraiment toute douce, et très agréable à câliner ! La recevoir contre soi, c'était immédiatement se sentir rassurer. Les cauchemars n'étaient pas en option avec une Lunaluche !
A sa question, le petit elfe resta un instant muet, songeur, la tête légèrement penchée sur le côté, le regard dans le vide. C'était un peu effrayant. Mais il avait besoin de réfléchir. Autant savait-il pourquoi lui avait forme humaine, autant il ignorait ce qu'Aldaron faisait ainsi. Au bout d'un moment, il comprit que l'autorisation dont il avait besoin ne viendrait pas seule, et qu'il pouvait sortir du cercle vicieux dans lequel il avait perdu ses pensées. "Aldaron, puis-je écouter ton chant-nom, s'il-te-plait ?" Il fit confiance au lien qui les unissait, et à la confiance mutuelle qu'il y avait entre eux. Etrangement, Aldaron n'avait nullement besoin d'être maître baptistrel pour savoir ce qui constituait le petit être blond qui lui faisait face; il savait que rien en lui ne le pousserait à lire des notes qui ne l'aideraient pas, ou à vouer ce qu'il apprenait à un mauvaise usage. L'elfe au coeur d'Homme accepta. Dawan ferma alors les yeux.

Il écouta le chant-nom de son ami, essayant d'en retirer le moins de détails possibles. Il ne lui fallut guère de temps pour trouver les notes qui empêchaient Aldaron d'être une peluche. Elles étaient graves, et si lourdes que Dawan s'estima heureux de ne trouver au sein de ce chant les notes de la fin de ses jours. Aldaron était courageux, bien plus que lui. Néanmoins, au nom du lien qui les unissait, le chanteciel ne pouvait le laisser ainsi. Ses mains prirent celles de son aîné.

"- Je regrette de n'avoir su t'aider de mon vivant, Aldaron. Laisse-moi essayer de soigner tes blessures. Laisse-moi essayer..." Il devait lui offrir son regard. Il s'apprêtait à le faire. Mais son regard capta un mouvement qui ne lui plaisait pas. "Valmys !" Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas fait attention aux peluches, et ces dernières étaient de vraies enfants. Le jeu avait dû dégénérer, car désormais la Valmyluche courait après Luna pour lui mordre sa queue-oreiller, avec sa mâchoire sans dents. L'Enwr cessa néanmoins lorsque le Cawr le reprit, pour s'assoir sur son derrière moelleux, avec un sourire faussement innocent. Sitôt que Dawan détourna le regard, Valmys commença à mettre, en douce, de petits coups de papattes à Luna, pour la pousser. Jouer ! Il voulait jouer, profiter de son corps tout doux et tout mou, et cette Luna était une excellente camarade de jeux ! Les deux autres étaient trop sérieux.

Dawan ferma les yeux, les mains sur son coeur, dans une grande concentration. Son souffle était calme, lent. Il récupèrait en lui tout ce qui faisait son regard; son optimisme, sa conviction que chaque être était fondamentalement bon, son amour et sa tendresse, son envie d'assortir son monde à une musique plus douce. Il chercha tout cela, et en fit une petite sphère de lumière, qu'il détacha de son coeur, pour la poser entre les deux yeux d'Aldaron, jusque la lumière se soit totalement engouffrée en lui.

"- ...Sens-tu une différence ?" demanda-t-il, inquiet.

Il eut à peine le temps d'entendre la réponse. Le Valmys, comme jaloux de tant d'attention, et comme ennuyé de tant de sérieux, avait décidé que le sol sous leurs pieds était d'un banal affligeant. Le dallage se déroba sous leurs pieds et pattes, pour laisser place à une piscine pleine d'une mousse savonneuse, assez dense pour pouvoir les soutenir mieux encore que de l'eau. Certaines bulles faisaient mine de s'envoler. Valmys, sous le rire cristallin de Dawan, montra à Luna comment jouer avec ces bulles: il se hissa sur les épaules d'Aldaron pour éclater entre ses lèvres molles une bulle qui s'envolait.
Oh, saveur fraise ! Sa préférée !

Dernière édition par Valmys Neolenn le Ven 11 Mai 2018 - 11:35, édité 1 fois

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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    Le bourgmestre arqua un sourcil, légèrement, lorsque l’elfe trépassé lui rappela sa date d’anniversaire. Si l’acte était étrange de la part d’un mort, il n’en demeurait pas moins vrai qu’Aldaron avait suivi le raisonnement éthéré du Chanteciel. Il y songerait peut-être, le premier novembre, ou au moins aurait-il une pensée et une prière pour son ami d’antan. A défaut de se teindre les cheveux en bleu, il se tracerait une croix en peinture azurée sur la main, pour que depuis les cieux, Dawan sache qu’il pensait à lui. L’avoir à ses côtés, en ce moment, l’empêchait de songer à son absence, mais qu’en serait-il de lorsqu’il se réveillerait ? Égoïstement, il aurait voulu continuer de rêver, s’enfermer dans ce mirage confortable où siégeait en reine la paix à laquelle il aspirait tant. La réponse de Dawan apporta son lot d’explications et de nouvelles questions dont certaines l’intriguaient plus que d’autres : « Comment se fait-il que nous partagions le même rêve ? Toi, moi, Luna et… Valmys ? Oh, je le connais déjà. Nous nous entendons effectivement bien, nous avons passé un peu de temps ensemble lorsque je me suis rendu sur Keet-Tiamat et sa compagnie était préférable à celle de bien des elfes. » fit-il en roulant des yeux. Et c’était peu dire. Le peuple aux oreilles pointues avait la rancune tenace. Le bourgmestre les comprenait : il avait abandonné femme et fils. C’était un acte impardonnable pour une race qui avait jadis tant eu du mal à enfanter. « Comment Valmys peut être notre hôte ? Il nous a invoqué dans son univers ? » Il fronça les sourcils, très pragmatique. Pourquoi se posait-il toutes ces questions ? Ne pouvait-il pas simplement profiter de cet instant magique plutôt que de le détruire en décortiquant ce qui se tramait derrière le rideau du décor ? Non. Visiblement, non. Et ça le chagrinait d’être devenu à ce point terre à terre.

    Il cligna des yeux lorsque la peluche s’anima pour faire la fête au baptistrel. Qu’était ce nouvel enchantement ? Pourquoi essayait-il encore de comprendre ? Il chassa le désir d’explication rationnelle et réceptionna la douce Luna pour l’étreindre légèrement, comme s’il craignait d’endommager son corps tout mou. « C’est un plaisir de te retrouver aussi, Luna. » Il ferma les yeux pour savourer sa présence et se gorger de ce bonheur qui avait tant de mal à rester en son cœur. Leur chemins s’étaient séparés avec le destin des Hommes. Il n’était pas facile d’entretenir une amitié quand leurs deux patries se faisait la guerre. Le rêve devenait cette merveilleuse échappatoire, celle qui permettait de réaliser ce que le réel n’octroyait pas véritablement. Il mit du temps à comprendre la question de la dragonnière avant qu’il ne réalise qu’il s’agissait sûrement de leur état humanoïde alors que les deux autres, pétris d’une âme d’enfant, avaient pris la forme de peluche. Il acquiesça d’un signe de tête entendu lorsque Dawan demanda à écouter son chant-nom, sachant tout à fait ce que le défunt allait trouver. Morneflamme avait dévoré son essence et avait emporté au loin son oisiveté. Il ignorait encore s’il se relèverait complètement. Son combat pour la paix l’aidait à tenir bon, il gardait cela comme ligne d’horizon et marchait, marchait encore, cherchant à être utile à son peuple à défaut de parvenir, encore, à se sauver lui-même. Chacun avait sa manière de vivre après Morneflamme. Beaucoup, comme Autone qui s’était installée aussi à Caladon, avaient fait le choix de l’oubli et du déni : ça n’avait pas existé. Mais dans leurs vies heureuses et artificielles, ils écartaient, pour leur propre bien, tout les rudes enseignements que leur avait gracieusement offert l’affreuse prison. Aldaron n’oubliait pas. Il en souffrait terriblement, mais il refusait d’enfouir cela dans les limbes de l’omission.

    Mains prises dans celles de Dawan, il s’intrigua de ce qu’il pouvait avoir comme idée pour le soigner. Pour être honnête, il ne l’aurait pas empêché de l’aider même si son présent équilibre précaire lui faisait craindre une chute impromptue mais, de toutes évidences, leur hôte avait décidé de pourchasser la Lunaluche. Il adressa un regard paternel à Valmys, bien heureux de le voir jouer comme un enfant à Noël. C’était bien plus plaisant que son existence morne. Quelque part, il l’enviait. Il reporta son attention sur Dawan, l’observant faire, et ne chercha pas à s’échapper à sa lumière. Quelque chose contrebalança les avis noirs de son cœur, mettant un poids sur l’autre côté de la balance jusqu’alors vide. Il savait que ce n’était pas ses propres sentiments, c’était la façon de voir de Dawan à la fois niaise et merveilleuse… Mais il fallait au moins cette puissance d’optimisme pour que le bourgmestre en perçoive l’existence. Écoutant cette petite voix, faite de notes de musique mélodieuses, il se sentit être extirpé, peut-être trop brutalement, de la cangue d’horreur et de défaitisme. Il ravala sa salive, retenant le haut de cœur de ses émotions qui venaient de faire un grand huit, avant de parvenir à stabiliser la situation. Il expira l’air très lentement de ses poumons, comme s’il craignait que son souffle ne fasse tomber le château de cartes. Ses prunelles d’émeraude se couvrirent d’une fine pellicule aqueuse, fragile et brillante, comme un lac aux eaux d’un vert limpide. Il inspira longuement, levant la tête comme pour s’obliger à être fort, à rester droit et debout.

    La chute vertigineuse fut soudain physique alors qu’il s’enfonça d’une vingtaine de centimètres dans de la mousse. Ne s’y attendant pas, il perdit l’équilibre et tomba sur le dos, dans un plouf de mousse. Il se redressa lourdement, assis, bras ballants couverts d’une mousse blanche et épaisse, un chapeau immaculé couvrait sa chevelure. Il eut un sourire, observant ce nouveau sol, incrédule avant que Valmys ne se serve de lui comme un escabeau pour accéder aux bulles qui s’envolaient. Il se mit à rire, amusé, et pour une fois depuis longtemps, il sentait réellement l’amusement irradier dans son corps, comme s’il n’avait plus rien d’un simulacre. Ça lui faisait du bien. En ultime vengeance, il attrapa Valmyluche et le plongea dans la mousse pour qu’il soit tout aussi recouvert que lui. Il le ressortit bien vite pour constater le parfait résultat et se mit à rire de plus bel : « Ça t’apprendra ! » s’écria-t-il avant de soudain disparaître dans un petit plouf au milieu de la mousse : il était devenu une brillante pièce d’or qui attendait son corps de peluche.

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Comment cela se faisait-il que Dawan, Valmys, Aldaron et elle partageaient le même rêve? C’était une excellente question et pourtant, la Lunaluche n’y pensait même pas. La jeune femme connaissait Aldaron, elfe qu’elle appréciait grandement, mais dont elle n’avait pas eu la chance de revoir depuis bien longtemps. C’était un élément à corriger dans le futur, c’est-à-dire une nouvelle rencontre, mais pas dans un rêve cette fois. Et que dire de la présence de son grand frère elfique? Ça, c’était la plus belle des surprises. Il était lié à Valmys, de ce qu’elle comprenait. Mais qui était ce cher Valmys? Son compagnon de jeu, bien sûr ! Ce n’était pas important qu’elle ne l’ait jamais vu auparavant.

Dans cette forme, aucun souci ne venait effleurer son esprit. À part peut-être un seul : voudrait-on jouer avec elle? Pendant que les deux bipèdes échangeaient, les deux peluches s’amusaient ensemble. On pouvait dire qu’elles se chamaillaient, plutôt. Mais il n’y avait pas de mal. C’était Lunaluche la plus dangereuse avec ses petites canines! Pas qu’elle s’en servirait pour faire du mal, mais c’était un élément qui enjolivait son sourire.

Soudainement, tout n’était devenu que bulles et plaisir. C’est que les bulles sentaient et goûtaient bons! Celle-là, elle avait un goût de vanille et l’autre, juste là, de biscuits aux pépites de chocolat. Luna se rapprocha de Dawan et d’Aldaron qui servit de tremplin à Valmys pour sauter bien haut. Son rire cristallin résonna dans la pièce bulleuse tandis que l’elfe donnait une leçon à ce dernier.

- Dawan ! Regarde ! S’exclama-t-elle.

C’était un peu inutile, car il voyait déjà la pièce dorée apparaitre sans son aide. Rapidement, elle se jeta sur l’endroit où l’elfe était pour tasser toutes les bulles avec son museau. Il ne fallait surtout pas le perdre! Il attrapa le cœur du bourgmestre entre ses lèvres.  

- I’ lui fow un caw. Prononça-t-elle difficilement.

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Non, Dawan n'avait pas pu contempler la transformation d'Aldaron en jolie pièce, occupé qu'il était à se tenir les côtes en riant. Qu'y pouvait-il ? Voir Aldaron enfin se prêter au jeu l'avait rendu plus léger, et voir les papattes arrières de Valmys s'agiter hors de la mousse, mécontentes d'un tel traitement, l'avait achevé. Son rire n'avait pas changé malgré la mort, comme si le souvenir de sa respiration était encore assez vivace. Aussi aiguë et doux que sa voix, il appelait à une joie sans ombre, si bien que la Valmyluche ne put que pardonner à Aldaron, lorsqu'elle sortit la tête de l'eau, un chapeau de bulles la recouvrant. De fines larmes perlaient au coin des yeux de Dawan. Elles semblaient se changer en bulles.

Le chanteciel s'apaisa peu à peu lorsque son amie pelucheuse l'interpela, observant tant bien que mal ce qu'elle faisait, s'attendant à quelque acrobatie rendue possible par son absence de squelette. A ce titre, il fut surpris de la voir lui présenter le coeur de peluche d'Aldaron. En revanche, que ce dernier soit une pièce d'or ne le surprit pas le moins du monde. Le chant-nom qui en émanait était bien le sien, et... Aldaron avait toujours été un elfe en or. Valmys s'approcha, renifflant la pièce sans obtenir plus d'informations. Dommage, il avait espéré que les peluches aient un odorat plus performant que les bipèdes.

"- Un Cawr ?" fit Dawan, perplexe à la demande de Luna. "Je ne suis pas sûr... Il n'avait pas l'air de vouloir rejoindre l'Ordre. En revanche, je pense qu'il apprécierait un corps pour venir jouer avec vous !"

Le Cawr semblait tout sautillant, tout souriant à l'idée de voir son ami profiter de la vie de peluche. Il avait gentiment pris la pièce d'or en main, et en caressait une des faces, avec un sourire tout de tendresse. La Valmyluche, elle, avait levé les yeux au ciel en comprenant le quiproquo, avant de tapoter l'épaule de sa congénère, dans un bruit assez reconnaissable: "pat-pat". Il n'eut néanmoins pas le temps de faire plus. L'unique bipède des lieux interpela les deux peluches.

"- Qu'attendons-nous ? Son corps ne doit pas être loin !"

En voyant Dawan peiner à s'extraire des bulles pour chercher le corps de peluche d'Aldaron, Valmys eut pitié de lui. Sous eux, le sol redevint meuble: un tapis d'herbes soyeuses, sans cailloux ni orties. Un des soucis était qu'en changeant le sol, il avait également changer tous les lieux aux alentours: les piliers, dallages, et autres plafonds, laissaient désormais place à un ciel clair, diurne, une fraîcheur matinale, moult arbres, quelques bassins et fontaines d'eau... Clairement, ils devaient être dans un jardin. Des buissons et fleurs colorées cachaient parfois l'horizon.
Valmys voulut s'engager en premier dans les recherches. Il s'arrêta vite, néanmoins, avec un jappement de surprise. Un oeuf ? Zut... Il avait pondu ? Oh non, quand même ! Il l'aurait senti ! L'oeuf était tout rond, tout marron, et... Il sentait bon. Il sentait bon cette merveille que l'archipel leur avait offert de découvrir. Du chocolat ! Le museau sans crocs de Valmys s'approcha de l'oeuf.

"- Valmyyyyys ! Pense à Aldaron !"

Ah, oui, Aldaron. En grommelant comme une peluche contrariée, Valmys s'écarta de l'oeuf en chocolat, et retourna chercher derrière un buisson. Eh mais ! Il y avait un autre oeuf !
Abandonnant l'idée d'avoir Valmys pour l'épauler dans ses recherches, Dawan commença à s'aventurer dans le jardin, le nez en l'air. Eh bien ? Il était sûr que le corps de peluche d'Aldaron était en hauteur. Il le sentait, il l'entendait. Suivant son intuition, il arriva jusqu'à un arbre où, à sa hauteur, se trouvait un nid, dont l'unique oeuf, tout doré, ne laissait aucun doute.

"- Valmys ? Luna ? Je crois que j'ai trouvé !"

Appela Dawan, au même moment où Valmys, d'un jappement, appelait Luna à venir derrière un buisson. Il aimait beaucoup Aldaron, mais savait que Dawan n'avait pas besoin de lui. Il savait également qu'il fallait profité que le Cawr ait le dos tourné. La surprise qu'il avait trouvé derrière son buisson en valait la peine: tout un tas d'oeufs en chocolat ! La petite peluche semblait en avoir sur le museau, d'ailleurs. A ses pieds trônait les miettes d'un oeuf éventré, à l'intérieur duquel il avait trouvé un petit, tout petit jouet: une figurine de cheval qui bougeait lorsqu'il tapait dessus du bout de la patte. Les autres oeufs en avaient sans doute d'autres !

N'ayant pas de réponse de Valmys, et une pièce d'or sans corps entre les mains, Dawan n'attendit pas plus longtemps. Il se saisit de l'oeuf doré. Sitôt qu'il l'eut entre les mains, un creux se forma tout en haut de l'oeuf, un trou vers un intérieur trop sombre pour en voir le contenu. L'elfe pâle y mit donc la pièce, puis déposa l'oeuf sur le sol, s'asseyant face à lui. Naître n'était jamais simple. Il encouragea le petit oeuf, frotta de temps en temps sa coquille, tant pour le réchauffer que pour l'encourager. Lorsqu'il vit l'oiseau pelucheux qui en sortait, et en reconnut la nature, tout devint très clair pour lui. Un fin sourire éclaira son visage. La seule fois où l'avenir lui avait semblé aussi évident avait menée à sa perte. Là, cette certitude mènerait à une naissance. Cela le consolait, tout au fond, bien profond, dans son petit coeur de Lié solitaire.

"- J'ai hâte que tu le retrouves."

Il le retrouverait. Dawan en était persuadé, comme si une étoile le lui avait murmuré. De toutes façons, le destin pouvait-il vraiment refuser quoi que ce soit à un tel oiseau ? Du bout du doigt, Dawan lui grattouilla la joue.

"- Tu veux peut-être te voir ? Attends. Ne bouge pas."

Ramenant ses mains, jointes, devant lui, Dawan se concentra un instant. Il savait quelles notes montrer à Aldaron. Ce n'était néanmoins pas un exercice facile que de donner à ces notes une telle forme. Il fallut plusieurs longues respirations, très calmes, avant que Dawan n'écarte les mains: entre elles se trouvait une surface de magie, un miroir pâle, où le petit inséparable se reflétait. Il y avait son petit corps de peluche, avec ses jolies couleurs, et tout ce qui le rendait beau: cette façon qu'il avait de considérer les sgens, les regrets qui prouvaient qu'il avait bon fond, sa générosité, sa patience... Les avait-il déjà vues ?
Dawan lui laissa le temps qui lui serait nécessaire. Sitôt qu'il crut sentir dans les notes de l'oiseau qu'il fallait passer à autre chose, le miroir s'évapora, et le "jeune" elfe proposa son bras comme perchoir. Avec tout cela... Il manquait une peluche. Ou deux peluches ?

"- Allons retrouver les autres ! Peut-être peux-tu les voir, toi qui sait voler ?"

Dawan avait failli savoir, lui aussi. Puis son coeur avait pris une voie qui forçait son totem à ne jamais s'envoler avec lui. S'il en avait des regrets ? Pas vraiment. Pas tant qu'il y avait d'autres personnes pour voler.
Plus loin, derrière un buisson, les coquilles de chocolat craquaient.

Dernière édition par Valmys Neolenn le Ven 11 Mai 2018 - 11:36, édité 1 fois

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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    Le museau de Lunaluche le chatouilla avant qu'il ne soit pris entre les lèvres molles et douillettes de sa sauveuse : *Tu sens la fraise, Luna !* annonça-t-il, car oui, la pièce pouvait respirer, même si cela échappait à toute logique. Depuis quand les rêves avaient une logique ? Quoiqu'il en soit, il appréciait beaucoup cette odeur. Après Morneflamme, toutes les odeurs de fruits et légumes s'étaient vu offrir une adoration sans faille dans le cœur de l'elfe, comme s'il avait pu redécouvrir le bonheur que c'était d'avoir une nourriture adéquate à sa race. Jamais plus le sang. Jamais plus la chair. Il rejoignit les doigts de Dawan, lui faisant une confiance certaine, tandis qu'il réfléchissait ce qu'il pourrait être comme peluche. Peut-être que cela guiderait le cawr.

    Comme c'était confortable, d'être le jaune doré d'un œuf. Il flottait dans son milieu aqueux, paisiblement. Si le côté gluant aurait pu le rebuter, mémoire des tentacules de perles de néant, là, l'ambiance était toute autre, plus chaleureuse et maternelle. Il s'y sentait bien, en pleine osmose. Aurait-ce était faible de sa part de vouloir rester dans le confort factice que lui procurait ce rêve ? Il resta un instant à savourer l'endroit, nonobstant les encouragements de l'elfe qui l'incitait à éclore. Et s'il n'avait pas envie ? Et s'il voulait rester un œuf, là, dans sa coquille, à l’abri de la cruauté du monde ? Et puis le blanc de son œuf était sacrément bon ! Il avait un goût de... Chocolat et d'espoir. Car oui, l'espoir aussi avait un goût, dans ce rêve. Le jaune devint poussin avant de se sentir à l'étroit dans sa coquille dorée. Son bec ébrécha la surface protectrice de l'intérieur puis sa patte crochue fit un second trou. Il secoua ses ailes pour écarter les pans de sa prison. Il se remémorait ce jour où il avait pu s'échapper de Morneflamme, le nouveau souffle de vie qui l'avait traversé, malgré la peur, malgré les larmes. Le petit bout de volatile pelucheux était encore tout blanc et lorsqu'il agita ses fines ailes aux plumes ébouriffées, il en perdit quelques petits morceaux. Il piaillait, comme s'il avait froid et aussitôt, il se mit à grandit. Lorsqu'il avait pu quitter Morneflamme, il avait pu renaître, se reconstruire et grandir avec la brisure qu'il avait en lui.

    Gagnant les quinze centimètres, l'oiseau devint adulte sans s'en rendre compte et il observait Dawan s'extasier de sa transformation. Il ne s'en inquiéta pas outre mesure : Dawan avait la faculté incroyable de s'extasier sur tout et n'importe quoi. Si bien qu'il pouvait très bien être simplement heureux de voir le petit caillou blanc sur lequel les pattes de l'oiseau reposaient. *Retrouver quoi ?* demanda-t-il pour éclaircir les paroles sibyllines de son ami. Il avait perdu quelque chose ? Il déploya ses ailes pour vérifier s'il ne lui manquait pas un morceau à retrouver. Il termina ses vérifications dans le miroir que lui proposait Dawan. Il était beau. Son plumage était d'un vert émeraude aux reflets dorés qui luisaient doucement à la lumière pâle de l'aurore. Son visage d'oiseau avait une teinte vermeille à l'éclat qui rappelait les écailles cuivrées d'Alkhytis. Son bec, rouge, avait une fêlure : Brisé. Il était un être brisé et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, littéralement... Pour autant, il était fier de cette ébréchure. Car malgré celle-ci, il se trouvait oiseau splendide et puis... Attendez.... N'était-il pas un inséparable ?

    Fronçant les sourcils qu'il n'avait pas, il se percha sur le bras de Dawan et commença à battre des ailes. Il volait ! C'était merveilleux de voler. Il fit quelques cercles autour du baptistrel, pour savourer le vent dans ses plumes. Il savait instinctivement comment cela marchait, comme si cela était gravé en lui, comme s'il l'avait déjà fait... Puis il se décida à rechercher les autres. Il repéra le cachottier derrière le buisson et fondit en piquée avant d'atterrir devant Valmys. Il pioupiouta joyeusement avant de lui transmettre ses pensées : *Toi aussi tu trouves que le chocolat a un goût d'espoir ?* demanda-t-il pour savoir si sa boîte à musique avait la même sensation sur sa langue. Il tapa du bec sur un œuf et en récupéra un morceau : *Plus on en mange, et plus on se sent bien, tu trouves pas, Luna ? Il ne faut peut-être pas en manger trop...* Il était dubitatif sur la question tandis qu'il avalait un morceau et que de son œuf surprise sortait une petite figurine animal. Oh ! Un autre inséparable ! *Dawan ! C'est lui qu'il fallait que je trouves ?* demanda-t-il en se mettant presque à plat ventre pour observer la petit chose de plus prêt. Il fronça les sourcils, qu'il n'avait toujours pas, et demanda aux trois : *Il y a un esprit lié, pour cet oiseau, non ?*

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Aldaron n’aurait pas pu être autre chose que de l’or. En tout cas, cette forme lui allait à ravir. Tout en douceur, la Lunaluche l’avait fièrement rapporté à Dawan qui se prit un air renfrogné parce qu’il ne comprenait pas ce qu’elle lui disait. C’était simple pourtant, il lui fallait un corps! Pas un Cawr! La petite peluche n’avait pas réalisé qu’avec Aldaron dans sa bouche, ses paroles étaient déformées. Elle acquiesça frénétiquement à ses paroles.

- Oui! Un corps pour jouer avec nous! Jouons!

Malgré l’incompréhension du départ, l’important c’était de partir à la quête du fameux corps pour que l’elfe. Il pourrait enfin venir s’amuser par la suite. Qu’est-ce que la Luna avait hâte. Mais tandis qu’elle partait sur cette quête, elle se fit distraire par Valmyluche. La voix de Dawan qui l’interpellait et disait qu’il croyait avoir trouvé résonna en vain dans ses oreilles pelucheuses. Elle rejoignit son compagnon peluche derrière le buisson pour découvrir un incroyable trésor : des œufs en chocolat. À l’intérieur se trouvait des surprises en plus ! Valmy le chanceux avait trouvé un jouet cheval. Quelle chance !

Son chocolat avait un goût délicieux. Elle allait ouvrir la surprise lorsqu’elle vit Aldapeluche les rejoindre. C’était un majestueux oiseau.

- Viens manger avec nous ! s’exclama-t-elle joyeusement. Dawan, viens nous rejoindre! Il y a pleeeiiiiiin de chocolats!

Partager ces délicieux aliments remplis de douceur était une idée agréable. C’était bien mieux de partager cette joie que de vouloir garder tout pour soi.

- Ça a un goût de plaisir et d’étoiles, je trouve ! C’est si réconfortant. Si merveilleux!

Du bout de son museau, elle poussa un deuxième œuf en chocolat vers Aldaron.

- Trop ? Peut-on se sentir trop bien? Je ne crois pas… Je ne crois pas qu’on peut en manger trop. Répondit-elle.

C’était plein de sagesse ce qu’elle disait, non? Oh! Mais c’est qu’elle en oubliait sa surprise. Retournant vers son restant de chocolat, elle découvrit sa surprise : c’était un long ruban à la couleur de rêve et qui brillait majestueusement. Elle se tourna vers Valmys, une idée en tête, et un regard rempli de malices. Elle attendit qu’il baisse la tête vers son chocolat pour lui sauter dessus et le plaquer au sol. Tenant le ruban avec ses dents, elle l’enroula autour de son cou.

- Tu vas être si beau avec ça ! dit-elle. Elle le pensait réellement. C’était un cadeau pour lui. Dawan, j’ai besoin de tes mains pour lui faire une jolie boucle!

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Le chanteciel avait posé un regard attendri sur ses petits, et sur les cadavres chocolatés qui jonchaient le sol. Ils pouvaient en manger trop. Ici, ils ne craignaient rien, si ce n'était une overdose d'espoir que l'autre monde aurait eu tôt fait d'écoper. Il espérait néanmoins qu'ils parviendraient à en garder, au moins un minimum, au moins de quoi se préparer face à ce qui les attendait, au moins de quoi éviter qu'ils le rejoignent là où la peur ne pouvait exister.

En silence, le regard un peu vide, perdu dans ses pensées, l'elfe sans âge s'était rapproché des peluches. Du bout des doigts, il caressa les têtes toutes douces d'Aldaron et de Luna, comme pour les encourager sur leur gourmand chemin. Par endroits, son corps commençait à se faire moins opaque, dévoilant un intérieur fait d'un bleu profond et d'étoiles. Cela ne semblait pas le gêner le moins du monde. Un doux sourire fut la première réponse que reçut Aldaron à sa question sur la jolie figurine d'inséparable. "Si je te dis tout, où sera la surprise ?" Une vie toute tracée, valait-elle encore la peine d'être vécue ? Il en doutait. En tout cas, les émotions auraient été autres, et Dawan ne voulait influer sur les puissants sentiments d'un inséparable retrouvant sa moitié. C'était important... D'autant plus aux yeux d'un être qui avait de son vivant suivi les chemins dictés par son coeur.

La peluche aux allures d'hermine était allongée sur le dos, son petit bidou tout doux arrondi par ses folies, ses babines et son museau couverts de chocolat. Un grand sourire sans dents ornait son visage au regard joueur, et ses petites pattes fouettaient l'air gaiement. Un oeuf en chocolat flottait au-dessus de lui, comme pour le narguer. Lui, en bon prédateur, il jappait pour lui ordonner de venir dans sa bouche.

C'était effectivement le moment idéal pour le couvrir d'une jolie boucle. Il ne se rendrait compte de rien ! Mais outre le fait qu'agir dans le dos des gens était de relativement mauvais aloi lorsqu'ils étaient amis, quelque note émanant de la petite hermine indiquait que l'attache pouvait ne pas être si amusante que cela. Restait tout de même un moyen d'user du ruban, et embellir l'hermine, sans trop la molester. D'un geste grâcieux de la main, Dawan noua le ruban en un joli noeud papillon, qui voleta jusqu'à la tête de Valmys, et s'y déposa... Pour mieux se changer en véritable papillon, aux ailes iridescentes, qui resta accroché dans toute sa légèreté au front pelucheux de l'hermine.

"- Ca lui va bien, en effet !"

L'oeuf en chocolat tomba dans la bouche de l'hermine, qui s'occupa de le réduire en miettes et de l'avaler par une magie inconnue. Un grand sourire niais éclaira son visage, avant qu'il ne remarque les petites ailes dans un coin de son champ de vision. Ooooh, joli ! C'était Luna, la jolie peluche, qui le lui avait offert, non ? Se redressant, Valmys vint frotter sa tête à celle de Luna... Y étalant moult papillons colorés.
Et pendant que les peluches se papouillaient, Dawan porta son regard sur l'horizon, inquiet. Ces vibrations-là n'étaient pas de celles qui réconforteraient le petit immaculé. Les grondements de l'océan, les silhouettes effilées et sombres au loin... A moins que. Cette fois, Valmys n'était pas seul. Il était une terrible peluche, accompagné de dangereux compagnons ! Il pouvait s'en sortir. Mais Dawan avait juste quelque chose à dire aux autres avant. Il écarta le navire, glissant entre ce dernier et eux une nuée de... Lapins.

"- Faites attention, c'est la période de migration."

Une foule de lapin envahit le décor, si bien que l'elfe dut attraper les trois peluches et les emmener un peu plus loin, pour que nul ne se fasse emporter dans le flot torrentiel des léporidés. A l'abri d'un arbre aux feuilles d'un bleu luminescent, parcourues de veinules brillantes, il s'assit, déposant ses trois amis non-loin de lui. Valmys avait l'air un peu dépité d'être ainsi éloigné du nid-à-chocolat. Mais sa mine triste était peu crédible, avec les papillons qui commençaient à se multiplier sur le haut de son crâne. Les doigts légers du Cawr passèrent sur le haut des différents crânes pelucheux, pour être sûr qu'aucun ne s'inquiète.

"- Ne sois pas chagriné, Valmys. D'autres heureuses découvertes vous attendent. Votre nouvelle maison a l'air si riche en nouveautés !" Ses doigts gratouillèrent les peluches sous le menton. "Des épreuves vous attendent également. Mais je crois en vous, et je sais qu'il y a en vous tout ce qu'il faut pour les affronter. Aldaron..." Au creux de sa main, la figurine d'inséparable ré-apparut, comme s'il avait pensé à l'emmener dans une poche secrète de son corps onirique. Du bout du doigt, il dessina quelques lacets sur la peluche inséparable. Il y coinça la figurine. "Il y a beaucoup d'amour en toi. Etendre cet amour n'est pas toujours simple, ceux qui t'entourent ne sont pas toujours réceptifs, mais... Je sais que tu parviendras trouver l'exacte façon de toucher leurs coeurs." Un doux baiser se posa sur la tête d'Aldaron, y faisant pétiller des étoiles.
"Luna... Oh. J'aurais dû me douter que tu prendrais cette voie. Tu vas avoir bien du travail, tu sais ?" Il attrapa la peluche, la mit sur ses genoux, lui gratouilla le ventre. "Tu as toujours été un rayon de lumière. N'oublie pas de leur apprendre à allumer les bougies, plutôt que chasser l'ombre..."

Il voulut attraper Valmys. Mais quand il jeta un coup d'oeil dans la direction du petit Enwr, il ne vit qu'un lapin, un peu égaré. Il dut regarder à nouveau Aldaron pour trouver le petit immaculé, occupé à pincer les ailes du pioupiou, et bavouiller un peu dessus. "Eh, toi !" La télékinésie mit Valmys au-dessus du sol, le faisant patiner un peu dans l'air, avant de le rapprocher de Dawan. "N'hésite pas à demander aux Cawrs le cristal que je leur ai laissé. Je ne sais pas ce qu'ils en ont fait." Valmys parut un peu perplexe. Dawan eut un petit rire. "Tu n'as pas besoin de plus, je pense. Et tu es très bien entouré, non ?"

Les lapins étaient partis, vers un autre horizon, vers le pays joyeux des lapins heureux, des carottes jolies. Le bateau était proche, désormais. Valmys le sentait. Sa bouille de peluche s'était faite plus nerveuse, il observait autour de lui, inquiet. Dawan lui colla un baiser sur le front, un sur celui de Luna, et traça un cercle de lumière jaune sur le sol.

"- Prêts à changer les pirates en peluches ?"

...Eh bien ? Deux des quatre participants étant baptistrels, il n'allait tout de même pas être question de tuer des pirates ! Non, les changer en peluche, c'était mieux ! Il déposa les peluches à terre, et se glissa sur le cercle de lumière...

Pour être téléporté sur le bateau, entre deux tonneaux de rhum. Pouah. L'odeur de mauvais alcool était intolérable. Avec une grimace, Dawan passa une main au-dessus des tonneaux. Voilà. Jus de framboises. C'était bien meilleur ainsi. Fermant les yeux, il guetta la venue de ses vaillants compagnons.. Ils avaient sans doute leur propre rythme... L'idéal aurait tout de même été qu'ils parviennent à vaincre avant le réveil de Valmys. Et lui il irait... Mh. Pouvait-il se déplacer dans un autre rêve, ou était-il voué à n'être jamais que le songe de ses amis ?

L'hermine était inquiète. Elle devait y aller. Mais elle savait aussi que seule, pour le moment, elle ne le pouvait pas. Elle avait besoin de cette force qui se puisait dans les présences alliées. Le bout de sa queue s'enroula autour de celle de Luna. Sa tête toute ronde s'approcha de celle d'Aldaron. Il était prêt. Mais avec eux.

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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    La surprise. Il n'était pas certain de vouloir une surprise. Il en avait tellement eu sa dose, des surprises, en particulier des mauvaises, que la prochaine finirait par faire arrêter son cœur de battre. Ses yeux émeraude d'inséparable regardèrent avec un scepticisme mi-blasé, mi-amusé Dawan, avant de retourner à sa contemplation du vol gracieux de la petite figurine animée. C'est qu'elle était belle, tout de même, avec ses sublimes couleurs et ses reflets chatoyants. Il continuait de manger du chocolat tout en la couvant du regard, protecteur. Un malheur était si vite arrivé ! Valmys avait de belles ailes, lui aussi, tout ici semblait féerique. Depuis quand n'avait-il pas fait un tel rêve enchanteur ? Depuis qu'il était petit elfe, il lui semblait. Son départ du royaume elfique, prématurément, avait sonné le glas de son enfance et de son innocence. A regarder Luna, il regrettait de ne pas avoir lui-même gardé cette part lumineuse en lui. Probablement aurait-il eu le cœur moins lourd et sec. C'était vrai... Maintenant qu'il y pensait, il n'aurait jamais pu être l'architecte d'un pareil rêve, et heureusement. Cette fantaisie merveilleuse ne logeait plus au sein de son esprit trop rigide. Les seuls songes à accompagner ses nuits n'étaient que des cauchemars et des reviviscences de Morneflamme. Il avait beau réussir à voler à Valmys sa tartine de petit déjeuner ou les vêtements du masqué, il aurait volontiers troqué cette capacité pour bénéficier de celle de bâtir de tel joyau par sa psyché. L'apprenti baptistrel était bien moins marqué et s'il se satisfaisait de la nouvelle, pour le bien-être que sa boîte à musique, il y avait cette amertume, dans son cœur, qui désespérait de sa propre existence.

    Il se laissa emporter par Dawan avant que la migration de lapins ne vienne perturber leur repas sucré. Il chercha du regard sa petite figurine, inquiet. Les battements de son petit cœur de pièce d'or lui coûtaient cher. Mais Dawan avait pensé à tout. Il regrettait sincèrement ne plus avoir le Chanteciel à ses côtés, pour veiller. Il lui aurait été d'une aide précieuse dans ce nouveau monde. Lacé à lui, la figurine n'irait pas bien loin. Elle était là, protégée, contre son cœur. Il lui adressa un regard en biais, affectueux. C'est qu'il s'attachait à cette petite chose plus qu'il ne le devrait. Ce n'était qu'une petite figurine, non ? Lentement, il relevait ses prunelles sur Dawan avant de les détourner. Si ses plumes avaient pu rougir, elles l'auraient fait. Il n'y avait bien que le Chanteciel pour lui parler du pouvoir de l'amour. Il n'en avait pas plus ou pas mieux qu'un autre. Il avait même brisé des cœurs, perdu des vies. Mais il n'avait pas envie de rentrer en polémique, il avait suffisamment à gérer avec ses conseillers dans le monde réel. Et puis, il n'aurait pas su quoi lui répondre, quel argument brandir, tant c'était vain. Le défunt Cawr avait-il seulement vu quoique ce soit hors des bras chaleureux de l'amour ? Lui prouver le contraire relevait de l'impossible. C'était réconfortant, au fond.

    Il trouvait l'image des bougies et des ombres très poétique. N'était-ce pas ce qu'il espérait faire, depuis Morneflamme ? Beaucoup avait lutté contre l'emprunte horrible laissé par la prison dans leur cœur de rescapé. Lui, il avait cessé de chasser cette ombre. Il tâchait d'allumer de petites lumières. Autant qu'il pouvait... Autant qu'il était certain aussi de battre de l'air pour chasser l'ombre par moment, sottement. Mais humainement. Et en parlant de malheur ! Son pauvre petit était en train de se faire bavouiller dessus par Valmys et l'oiseau peluche qu'était Aldaron protestait vigoureusement à coup de piaillements réprobateurs. C'est qu'il avait l'air moins autoritaire, Aldaron, sous sa forme peluche. *Une pierre de Memoriae, Dawan ?* demanda l'elfe-oiseau au sujet de ce cristal laissé aux Cawrs alors que son regard se portait sur le navire qui approchait et la tête que tirait l'hermine. Se posant sur l'épaule pelucheuse de Valmys, dans laquelle il s'enfonçait un peu, il tâchait de le rassurer par sa présence. Ils furent téléportés entre quelques tonneaux de rhum. Avec envie, il s'apprêta à tremper le bec mais se retrouva bien vite avec du jus de framboise. Il roula des yeux avant de couler son regard sur le Chanteciel. Et ils s'y prenaient comment pour transformer des pirates en peluche ? Visiblement avec des bombes à eau, à en juger par ce que Dawan avait dans la main et avait envoyé droit sur l'un des pirates. Ce dernier eut un rire joyeux et se transforma en peluche de poulpe. Dawan avait des mains, Valmys et Luna avaient des pattes... Et lui... De son bec, il attrapa l'extrémité d'une bombe et se mit à battre vigoureusement des ailes pour décoller, à grand peine d'un peu plus d'un mètre ! Eh beh, il n'allait pas en lancer beaucoup des bombes à eau !

    Il lui fallut quelques secondes de plus pour voler suffisamment haut afin d'être au dessus des gredins et il lâcha son arme... Visiblement sur aucun pirate. Celui-ci s'était déplacé, dans une esquive même pas voulue. Aldaron afficha une mine dépitée, même si bon joueur. Il aurait espéré en toucher au moins un après tant d'efforts ! Mes les autres s'en sortaient bien et le pont du navire se couvrait, petit à petit, de peluches de céphalopodes. Il rejoignit les autres pour saisir une nouvelle fourniture d'attaque mais au moment de prendre l'extrémité de l'une d'elles, il réalisa que sa petite figurine n'était plus là ! Inquiet, il la chercha du regard avant de la trouver en train de combattre ou plutôt de distraire les pirates en volant auprès d'eux, zigzaguant et tournoyant jusqu'à les rendre chèvre. Littéralement. Certains poussaient de très jolis bêlements assortis à leur bouc blanchâtre. *Piou-piou !* s'exclama-t-il en voyant une masse d'un des pirates s'abattre brusquement sur la petite chose fragile. Il crut que son cœur éthéré manqua un battement. Son âme gronda à la vue de l'inséparable inerte qui gisait au sol et dont la dépouille manquait d'être piétinée, d'une seconde à l'autre. Il ne rigolait plus du tout. Le jeu ne l'amusait plus, soudain, les nuages chargeaient le ciel de leur lourdeur grisonnante. L'oiseau redevint l'elfe. Son visage fermé, ses yeux d'un vert tranchant et assassin rivés sur celui qu'il avait appelé piou-piou. Son aura, meurtrière, gagnait les alentours à un point si démesuré et surhumain que tout le monde avait cessé son action, même les pirates.

    Une flèche, un arc et il bandait la corde dans une justesse méticuleuse. Les pirates fuyaient... Mais il était trop tard pour eux. La flèche était partie comme un éclair et gronda à l'impact démesuré comme un coup de tonnerre, explosant d'une lumière blanche, intense et aveuglante, destructrice. Sur le pont du navire, il n'y avait plus personne. Ni Valmys, ni Luna, ni Dawan. Plus un seul pirate. Le bateau ravagé allait à la dérive, sans équipage, et là, sur le plancher sale du pont, sa petite figurine inerte, les ailes et corps brisés. Il ramassa la petite chose, au creux de ses mains. Il savait dès lors qu'il avait quitté le rêve de Valmys pour rejoindre le sien. Lorsqu'il leva ses yeux tristes sur l'horizon, il voyait un volcan, rouge de sa lave, fléau de ses nuits. Il sentait l'odeur du soufre et du sang. Il entendait les râles des suppliants. La coque du navire s'écrasait sur la roche sombre, semant le chaos dans son esprit. C'était sa prison, son fardeau. C'était Morneflamme.


    HRP : C'est une conclu pour moi Razz Merci pour le RP, je vous laisse rep si vous souhaitez bien sûr !

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Les yeux azurés de Lunaluche se posèrent sur la colère qu’émanait d’Aldaron. L’oiseau à l’aura joyeux avait disparu. Quelque chose sur passait sur le pont du bateau jonché de peluches pirates. Elle retint sa respiration, même si c’était inutile dans ce monde, et contempla avec frayeur l’orage qui les englobait. C’était grave. Mais elle ne parvenait pas à saisir l’ensemble de la situation. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Ses poils se hérissaient sur son corps face au danger imminent. Puis elle comprit qu’ils perdaient Aldaron. Avant qu’elle puisse attraper le perroquet, il avait disparu dans un autre monde… Dans un autre songe! Cette réalité la frappa de plein fouet et fut des plus douloureuses.

Le ciel gronda encore et encore.Tout éclata soudainement au même rythme que le tonnerre hurlait. Le bateau, les pirates, le paysage, tout brisait en morceaux comme lorsqu’un miroir cassait.

-  NOOOOOONNNNN!!!

Le cri s’était échappé de ses lèvres pelucheuses. Elle réalisait que ce n’était qu’un rêve et tout pouvait cesser d’un instant à l’autre. Elle craignait désormais de se réveiller plus que tout. Pas encore, ce n’était pas le moment! Elle ne voulait pas que cela cesse. Ce n’est pas parce qu’elle désirait encore des bulles aux mille et une saveur ainsi que du chocolat au goût d’espoir.

Avant que tout n’éclate pour de bon, Luna prit le contrôle du rêve. C’était l’avantage de savoir que ça en était un. L’eau, le bateau et les pirates disparurent. Le monde tourbillonna un instant, puis lorsqu’il se calma, Dawan et Luna se trouvèrent sur son ancien lit du temps où elle était une soldate dans le désert.

- Tu as toujours été un rayon de lumière. N'oublie pas de leur apprendre à allumer les bougies, plutôt que chasser l'ombre... Murmura-t-elle en souriant doucement. Luna avait repris sa forme humaine et avait répété les paroles récentes de Dawan. Dawan… ? Je n’aurais pas pu inventer ces paroles moi-même, n’est-ce pas…? Demanda-t-elle. Est-ce vraiment toi, avec moi…?

La princesse des lumières doutait. Est-ce que tout ceci n’était que le fruit de son imagination? Elle se pensait seule avec son grand frère elfique jusqu’à ce que son attention fut attirée par le bruit sous son lit. Sans même regarder, son intuition lui dit qu’il s’agissait de Valmys. L’avait-elle inventé aussi?

[Merci pour le RP, Alda Very Happy ]

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Chocolat.

Tout ceci manquait cruellement de chocolat. La peluche hermine remua ses lèvres et sa langue pelucheuse, à la recherche de chocolat. Il n'y en avait plus. C'était bizarre. Les derniers souvenirs qu'il avait du rêve comprenaient des pirates changés en peluches avec des délicats coups de papattes sur le nez, ou des bombes à eau pour ceux qui avaient des mains avec pouces opposables, et des tonneaux de jus de framboise dont le bois était fait de chocolat. La jolie peluche était désormais toute tachée de rouge et de marron. Les poulpes et autres calmars n'avaient pas réussi à l'empêcher de commettre son atroce crime, lents qu'ils étaient à se déplacer avec leurs tentacules toutes molles.

S'extirpant vers la lumière, hors de sous le lit, la petite peluche leva vers le chanteciel un regard plein de questions. Il ne savait pas pourquoi le rêve avait si brusquement changé. Le Cawr, lui, semblait le savoir... Mais ne pas daigner lui expliquer. Son regard était perdu dans le vide, songeur. Dawan avait cru avoir soigné Aldaron. Ce n'était pas le cas. Pas encore, pas totalement. Devait-il le rejoindre ? Quelque chose, comme un instinct latent, lui indiqua que le rêve d'Aldaron n'était qu'à une enjambée d'ici. Il en sentait la teneur, comme un bourdonnement lointain. Aldaron avait son propre combat à mener. Peut-être valait-il mieux rester loin pour le moment, et n'intervenir que s'il sentait qu'à nouveau l'elfe aux doux cheveux avait besoin d'un peu de soutien, d'un miroir pour cette partie de lui qui permettait d'affronter ses ténèbres. Il était prêt à intervenir. C'était comme si... Comme si les rêves étaient un peu chez lui, comme s'ils étaient un peu lui.

Après un instant de silence dangereusement long dans un tel univers, Dawan remarqua les deux paires d'yeux sur lui. Il leur offrit un doux sourire, paternel. Est-ce que c'était lui ? Il ne savait pas trop. Est-ce que c'était une partie de lui, et une partie d'autre chose ? Est-ce que ç'avait toujours été lui, mais désormais libre de tout ce qui avait pu l'encombrer ? Il ne savait pas. Il découvrait. Il savait juste que cet état n'était pas celui qu'il aurait dû avoir. Oh, il ne s'en plaignait pas. Il était très bien ici. Pouvait-il y demeurer jusqu'à ce que de rêves il n'y ait plus ? Il l'ignorait. Son appréhension du temps risquait d'être étrange. Pourrait-il revenir dans l'autre monde ? N'allait-il pas pleurer la perte de ce dernier ? Ne serait-il pas mieux à prendre un peu de repos, avant de se réincarner paisiblement ? Il ne savait pas non plus. Ni même s'il avait envie de se réincarner. Peut-être les rêves étaient-ils le seul fragment du monde idyllique qu'ils avaient quitté. Et peut-être que d'ici quelques instants, tout serait fini, et ses questions vaines. Peut-être même qu'il n'avait pas tant de pouvoirs... Etait-ce l'un d'eux qui l'avait amené ici ? Cela lui aurait paru peu probable. Valmys n'était pas si rêveur, et Luna... Luna avait pris les armes.

"- Je ne sais pas," avoua-t-il dans un souffle, un murmure, comme si ç'avait été une nuit dans le désert. "Si c'était moi, et si c'était toi... Que me dirais-tu ? Que ferais-tu ?"

Il se leva, chercha à retrouver dans ses jambes les lourdes sensations qui avaient fait son vivant. Un long soupir amena une brise fraîche dans la chambre, et un filet de flocons de neige passa nonchalamment devant eux. Qu'il avait aimé errer dans les étendues blanches, ses épaules nues, ses sens de jeune maître offerts au monde ! Les vivants devinaient-ils seulement la chance qu'ils avaient, à pouvoir avoir mal, faim, soif, à pouvoir être frustrés, tristes ?
Il avait voulu sa mort. S'il y re-pensait, il ne regrettait pas ce dernier geste. Il regrettait ceux bien plus tôt. Il regrettait de s'être lié, tout en sachant qu'il n'avait rien pu y faire. La glace vint couvrir ses épaules et son torse, comme un second habit. Ô Kaalys... Il irait dans ses rêves, à lui aussi. Au moins une fois, une dernière fois. Après... Après il verrait. Il suivrait la musique, comme il l'avait toujours fait. Pouvait-il en être autrement. Un vague geste de la main en direction de l'apprenti baptistrel rendit à ce dernier une forme humaine... Ou en tout cas, immaculée. Assis par terre, Valmys portait des habits qui n'avaient jamais été siens, des habits du désert bien colorés. Ses veinules étaient devenues blanches. La nourriture ne maculait plus sa peau sombre. Son regard d'ambre se tourna vers Luna. Il la connaissait à peine, savait toutes leurs différences, mais peu de leurs points communs. Si Dawan venait à les laisser seuls, il ignorait ce qu'il pourrait bien lui raconter. Une question passa dans son esprit, effleura ses lèvres. Le chanteciel prit la parole avant lui, laissant la question, une petite sphère à moitié transparente, d'un bleu luminescent, rouler jusqu'à Luna.

"- Si l'espoir venait à renaître, penserez-vous à me prévenir ? J'imagine que vous n'aurez qu'à dormir..."

Il ne les regardait pas vraiment, fixant les flocons de neige et leur chute aussi dansante qu'aléatoire. Divers appels inaudibles lui parvenaient, comme des chemins qu'il avait tout intérêt à emprunter, avant que le rêve s'évanouisse. Il ne vit pas du tout la petite sphère s'ouvrir, devenir un bout de papier, où une calligraphie simple murmurait à Luna: "Où sommes-nous ?"

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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C’était un rêve, doux et triste à la fois, car Luna savait que tout ceci ne se produisait pas dans la réalité. C’était une réalité différente en tout cas. Ses azurs fixaient l’elfe qu’elle considérait comme son grand frère dans son ancienne chambre.

- Si c’était toi et si c’était moi… Murmura-t-elle doucement.

Était-ce nécessaire de rendre le tout compliqué? Un fin sourire apparut sur son visage. Pourquoi tant de si? Elle avait la réponse au fond d’elle : c’était Dawan, ni plus ni moins. Et même si tout ce songe n’était réellement que le fruit de son imagination et son désir de revoir le Baptistrel, elle ne voulait pas le savoir. Elle le vit se lever et emmener la neige. Comme il aimait cette dernière! Ses azurs se posèrent sur Valmyluche qui reprit sa forme humanoïde. C’était à quoi il ressemblait en réalité? Elle ne voulut pas réfléchir à savoir si c’était elle qui l’avait créé dans son imaginaire.

- Puisque c’est moi et que c’est toi… Finit-elle par dire.

La princesse des lumières s’était rapprochée de Dawan et elle l’enlaça de ses bras en une douce étreinte. Ça lui manquait terriblement. Elle fit signe à Valmys de se joindre à eux. Tout comme la Lunaluche avait voulu l’amitié de Valmyluche, la Luna le désirait également avec Valmys. S’il était là, c’est qu’il y avait une raison, non? Dommage qu’Aldaron ne soit plus là.

- Promis, Dawan. Répondit-elle.

Il avait parlé de dormir… Lui aussi savait qu’ils étaient dans un rêve? Ou peut-être le savait-il parce qu’elle le savait.

- C’est bien Valmys ton nom, je me trompe? Demanda-t-elle à son ami peluche plus peluche. Ici, c’est là où nos coeurs nous mènent et où les limites n’existent pas.

C’était sa réponse à la question “Où sommes-nous?”. L’endroit où ils étaient n’avait pas réellement d’importance, mais les gens présents oui.

- Dawan, ça fait longtemps que j’attends l’occasion pour te le dire… Je suis heureuse qu’elle se soit présentée aujourd’hui. Je voulais te dire… Débuta-t-elle lentement.

La jeune femme avait un peu de mal à trouver les bons mots. C’était un peu hors-sujet emmené comme cela. Comme un cheveu sur la soupe, mais elle ne voulait pas passer à côté de l’occasion.

- Je vais me marier. Avec Orfraie. Je voulais que tu le saches. Et je veux que tu saches que tu y es invité.

Il y serait dans son coeur en tout cas. Elle se tourna vers Valmys et lui sourit.

- Je t’invite également, Valmys. On pourrait faire plus amples connaissances…

Luna avait matérialisé des cartes d’invitation qu’elle offrit à chacun d’eux. Était-ce un peu bizarre de se faire inviter à travers un rêve? Le rêve n’était-il pas bizarre en soi? Pourquoi ne voudrait-on pas un peu de bizarreries à la fin?

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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Dawan avait tendrement répondu à l'étreinte de sa princesse. Dans son imaginaire, elle était encore plus petite que lui. Elle l'était encore dans le rêve, malgré ses traits d'adulte. Pourquoi aurait-elle grandi, de toutes façons ? Il n'en avait pas envie. Et Valmys... Il l'avait trop souvent vu allongé plutôt que debout, pour juger de sa taille. Lui en revanche semblait ne pas avoir vieilli. Son visage était rayé de cuivre, mais cela lui allait plutôt bien.
Le câlin fut tout doux, juste tiède, et rythmé par sa lente respiration. Une de ses mains vint caresser la chevelure de Luna, comme pour la rassurer. L'instant, un peu magique, un peu hors du temps, entre deux fragments de nostalgie et d'amour, cessa bien trop tôt (pouvait-il en être autrement ?), et par un baiser presque paternel de Dawan sur le front de Luna. Il fallait bien qu'elle vive. Leur instant volé avait néanmoins marqué en eux des notes importantes, immuables, blanches et dorées, fraîches et chaudes à la fois.

Tandis que Luna questionnait Valmys -qui répondit d'un signe de tête affirmatif-, le Chanteciel s'amusa à tracer sur son propre visage des veinules d'argent. Une main tendue devant lui; il s'y observa comme si ç'avait été un miroir. Eh, cela lui allait plutôt bien ! Cela faisait un peu Tarenth... Et en or ? Il changea ses veinules pour qu'elles soient dorées. C'était assorti à sa chevelure. Mh... Pas mal ! Il allait les garder, et les changer selon le rêve qu'il rejoignait. Là où Valmys avait les branchages d'un arbre en hiver, il avait quelques subtiles et délicates figrues géométriques. Avec un très léger sourire, qui se lisait mieux dans ses yeux que sur ses lèvres, il se tourna à nouveau vers les deux enfants qu'il accompagnait. Valmys affichait un air profondément perplexe par rapport à la réponse de Luna. Il s'était attendu à quelque chose comme "on est chez moi", "on est à Aigleroc", "sur les terres Séleniennes"... Dawan savait son héritier assez mauvais public de ce genre de poésie. Il lui fit un bref signe de tête. Ses lèvres échappèrent quelques vibrations pour lui indiquer de ne pas s'en faire. L'immaculé eut un frisson, sans savoir d'où il venait, suivi d'un soulagement résigné.

L'attention revint sur le petit bout de lumière, et Dawan lui offrit son attention, sereinement et silencieusement. La nouvelle le laissa un instant totalement immobile. Se marier ? Mais, elle n'était pas un peu jeune pour cela ? Ah, oui, les humains faisait parfois cela assez jeunes. Mais... Avec Orfraie ? Cela lui paraissait bizarre. Il en était resté à sa petite Orfraie qui faisait des bêtises avec Enetari... Un ombre traversa le regard de Dawan. Il n'avait pas de nouvelles d'Enetari, et ne voulait pas déduire ce qui pouvait être déduit. Ses pensées tourbillonnèrent un peu. cela se vit: un tourbillon d'oiseaux multicolores traversa la pièce, dans un pioupioutement musical. Il remua la tête, alors que les derniers finissaient de rejoindre l'extérieur. Au regard qu'il reçut de son ancien apprenti, il comprit que sa réaction pouvait être mal interprétée.

"- Ce n'est rien. Les émotions ont toujours été des oiseaux adeptes des voyages. La plupart manquent juste de sens de l'orientation."

Il eut un léger rire, qui cristallisa certains flocons contre les murs de pierre.

"- Je ne puis rien te promettre. L'avenir est pour moi des questions qui se mélangent. Mais si des portes s'ouvrent pour que je puisse vous rejoindre à cet instant... J'essayerai des les franchir."

Il se tourna vers son apprenti, avec un geste de la main pour l'inciter à apporter sa réponse également. Ledit apprenti avait encore une expression perdue sur ses traits, et venait tout juste de cesser d'inspecter la carte qu'on lui avait tendue. Le mariage risquait de beaucoup occuper Luna, entre les préparatifs et la cérémonie en elle-même, les multiples invités de marque qu'une ancienne régente et actuelle dragonnière pouvait avoir. Néanmoins... Si Valmys se déplaçait, cela ne serait certainement pas pour une seule et simple journée

"- J'essayerai de venir également." Oubliant un bref instant qu'il n'était pas dans un simple rêve, Valmys voulut se tourner vers celui qui lui avait transmis sa mémoire: "Dawan, sais-tu quels cadeaux nous dev... Dawan ?"

Ledit Dawan se stoppa dans son mouvement. Il avait senti comme un flux, une énergie, à l'image de la magie. C'était attrayant. Cela lui ressemblait, le composait, et composait ce qui l'entourait. Naïvement, il s'était dit que c'était le passage dont il avait besoin. En tout cas, c'était comme la suite logique de son existence: cela allait par là, et ses sentiments y étaient appelés aussi.
L'elfe doré avait saisi un livre, dont le halo de lumière pulsait. Son regard -à Dawan, pas au livre- pétillait d'un attrait qui n'avait rien de raisonnable. S'il n'y avait eu son nom, il ne se serait tourné vers ses grands enfants, une ultime fois, un doux sourire sur les lèvres.

"- Mh ? Je crois avoir une première piste. Ne vous inquiétez pas. Prenez soin de vous."

La magie s'étendit d'un coup, s'amplifiant, avalant le petite être doré dans un éclat de lumière, ne laissant à sa place qu'un livre, aux pages parcourues de partitions et d'arabesques. Lorsqu'il cessa de cacher ses yeux de la lumière, trop vive pour lui, Valmys voulut s'en saisir.
Avant même qu'il ait le temps de ressentir une quelconque solitude, le brouhaha de la mer et des cris de marins, trop proches, résonnaient. Il mit un moment à se repérer à nouveau, dans l'espace et le temps. Ah, oui, le bateau, le voyage, le rêve... Et quel rêve ! Il n'avait pas tout compris. Mais le chocolat avait été délicieux. Il était invité à un mariage... Peut-être. Si tout avait été réel. Tout avait paru si réel...
Le mieux était peut-être d'en parler à un potentiel témoin. Après quelques ablutions, et l'enfilage d'habits plus adéquats, Valmys partit le trouver. Cela tombait d'autant plus bien qu'il avait une vengeance à prendre: Aldaron ne l'avait-il pas jeté dans les bulles ?

descriptionPeluches, saumons et morts EmptyRe: Peluches, saumons et morts

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