Musique
Un chant-nom, et une respiration lente, profonde. Ce furent ses premières perceptions. Elles étaient sereines, son âme les suivit. Il voulut respirer à son tour, et fut surpris de retrouver aussi rapidement ce réflexe, et n'avoir pas oublié le bonheur de l'air frais se glissant dans les poumons. Il se souvint de la vue, et cela lui offrit une apparence. Rouvrant ses grands yeux gris, il les porta sur ses mains, comme pour vérifier que tout était vrai. Ses mains étaient bien là, ses fins doigts d'artiste, immaculés comme s'ils n'avaient connu ni guerre ni tourment. Un instant, leur porteur fut surpris d'avoir autant de doigts. Il vérifia: ses côtes et son ventre, ses bras et épaules... Tout était indemne. Étrange. Il s'était attendu à ce qu'au moins quelques animaux aient pris le temps de se repaître de lui.
Les questions commencèrent à venir, des questions évidentes et normales pour quelqu'un dans sa situation. Des "pourquoi", des "comment". Les questions allaient demeurer en lui tout du long. Par chance, il y avait en lui une étincelle de pertinence qui allait le pousser à en faire fi, et ne pas chercher les réponses en priorité. Il comptait bien vivre au présent, comme il l'avait toujours fait, et accepter ce qui venait à lui.
Intrigué, il passa un coup d’œil sur son environnement. C'était très... Visuel. Le maître des lieux devait être attaché au monde des images. Lui, il avait parfois fait des rêves sans couleurs, juste avec de la musique. Ici régnait un silence parcouru de légers clapotements d'eau.
La salle était très grande, surtout pour une salle de jeux. Les murs n'en étaient pas visibles, il y avait tout juste des colonnades ici et là pour soutenir un plafond haut, percé de trous ronds et ovales, où s'écoulait tantôt la pluie, tantôt des rayons de soleil, tantôt des fragments de nuit. Les murs étaient dorés, couverts de tableaux, tentures, et, oh, des statues. *Je lui avais pourtant dit de s'en méfier*, songea l'elfe, avec un sourire attendri. Lui aussi appréciait les statues. Un peu trop pour son propre bien. Le sol était un carrelage aux grandes dalles de marbre, parfois arrangées en spirales. Ici et là, quelques arbres poussaient. Il y avait une sorte de bac à sable, dans un coin, où une neige tiède tenait lieu de sable. À d'autres endroits, il y avait quelques petits bassins, où l'eau courait comme dans un lit de rivière. Là où se tenait le visiteur, il y avait beaucoup, beaucoup de coussins. Un amoncellement de coussins, même. D'autres se présentaient, plus sobrement, à l'horizon.
Si cela avait été son sanctuaire, il l'aurait arrangé différemment. Davantage de cailloux, d'herbe et de terre, et quelques braseros. Moins de toit, moins de colonnades, davantage de feuillages... Mais il n'était pas chez lui. Un bref instant, il songea que son hôte aurait sans doute apprécié de le voir assorti au décor. Il décida d'être vêtu de teintes chaudes. Le bandeau qui retenait ses cheveux dorés se fit bordeaux, et un tissu d'amarante vint s'enrouler autour de son torse et de ses hanches, comme une toge. Il se plut, ainsi, et regretta de ne pas avoir davantage essayé jadis. Son sourire habituel, tout doux, vint se dessiner sur ses lèvres. Bon... Où était l'hôte ? Il chercha l'origine du chant-nom. Cela se fit presque immédiatement plus dur. D'autres chants-noms venaient de les rejoindre. Oh ? Étrange... Mais fort plaisant ! Son cœur se teintait déjà d'une joie encore tranquille.
Il parvint néanmoins à trouver l'origine du chant-nom, après s'être un instant débattu avec son propre esprit, qui n'avait pas changé, et s'intéressait toujours à trop d'éléments à la fois. Pour sa défense, même s'il n'avait été ainsi, quiconque à sa place aurait sans doute eu beaucoup à penser. Il fut un peu surpris quand, en lieu et place d'origine du chant-nom de Valmys, il trouva un petit caillou, blottit au milieu de quelques coussins.
"- ...Besoin de douceur ? Et d'un sanctuaire ?
- Oui", avoua, penaud, le chant-nom du caillou. "Les pirates ont été horribles avec moi. Je suis heureux de te voir."
L'enchaînement chaotique des notes ne choqua pas le visiteur. Délicatement, il prit le caillou en main.
"- Alors allons te trouver un peu de douceur."
Sans hâte, cherchant à blottir le caillou dans son affection, il se dirigea vers le bac à sable de neige. Là, il mit un genou à terre, plongea sa main dans la neige, pour en sortir une peluche. C'était une jolie peluche, à base de coussins moelleux, en forme d'hermine. Le tissu était noisette, avec des points blancs. L'elfe observa tour à tour le caillou et la peluche. Oui, c'était ce qu'il fallait faire. Il mit le caillou contre le coeur de la peluche, et cette dernière l'absorba. Peu après, elle ouvrait ses yeux faits de billes, brillantes de joie, et commençait à lui sauter dessus pour lui lécher la joue. Le bipède lui caressa le haut du crâne.
"- Moi aussi je suis heureux de te voir. Cet endroit est joli, félicitations !"
La peluche bomba le torse, dressée sur ses pattes pourtant toutes molles. Valmys s'était découvert récemment un goût pour la création d'environnement, et était ravi que cela puisse plaire. Mais comme il se pavanait ainsi, singeant une fierté exagérée, un "ploc" se fit entendre. Le visiteur tourna la tête vers l'un des bassins d'eau. Chant-nom... Il reconnut celui-là, Un chant-nom plus lumineux que des milliers de soleils. Son regard s'habilla d'étoiles, son coeur pétilla d'excitation et de bonheur. Il se précipita vers l'eau, y plongea son bras sans même réfléchir, et en retira le coeur de peluche d'où émanait le chant-nom de Luna. Il le serra contre lui.
"- Cela me semble faire une éternité. Tu brilles toujours autant..."
Il l'écarta un peu de lui. Elle avait grandi, encore, hélas. Un jour il irait voir le Temps, et tirerait les oreilles de ce dernier. Il n'avait pas le droit de faire de l'effet à la princesse des lumières.
Le chant-nom de Luna était bien différent de celui de Valmys. Elle... Il sentait qu'elle se libérerait plus facilement de son carcan pelucheux, si elle le souhaitait, pour reprendre forme humaine.
"- ...Mais d'abord, retrouvons ton corps de peluche."
C'est que ledit corps pouvait être n'importe où, dans un endroit aussi grand. Et une peluche d'oreiller, dans un endroit avec autant de coussins, cela pouvait être compliqué. Comme pour apporter son soutien, la Valmyluche commença à plaquer son museau tout mou contre le sol, reniflant ce dernier, à la recherche d'indices. Son visiteur eut un très léger rire, amusé. Il restait un dernier chant-nom, qu'il avait vaguement entendu, qui revint au premier-plan. Sitôt qu'il l'eut reconnu, l'elfe s'y dirigea. Tout ce monde, tout ce beau monde... Était-ce son anniversaire ? Fêtait-on seulement les anniversaires, dans son cas ? À moins que, tous les trois réunis, aient tenté quelque obscure manipulation ? Il espérait juste que rien de sombre n'allait leur arriver.
Directement, et sans lâcher le cœur de peluche, il prit Aldaron dans ses bras, avec un long soupir de ravissement. Lorsqu'il s'écarta, et prit vraiment le temps de regarder ce congénère tout particulier, ses yeux étaient humides, mais son sourire ne parvenait pas à partir.
"- Oh, ça te va bien aussi !"
Ses doigts attrapèrent une mèche de cheveux pâles. Toujours aussi soyeux. C'était bien Aldaron.
"- ...As-tu songé à les teindre en bleu ?"
Il était certain que cela lui irait très bien. Un roucoulement bizarre se fit entendre. La Valmyluche essayait de pousser son visiteur à se concentrer un peu. Cela fonctionna. Comme reprenant ses esprits, Dawan s'agita d'un coup, montra le petit coeur de peluche de Luna à Aldaron.
"- Aldaron, nous devons retrouver le corps de peluche de Luna ! Est-ce que tu aurais vu quelque chose qui y ressemble ?"
Il avait l'air assez préoccupé pour que le bourgmestre puisse aisément comprendre qu'il ne plaisantait pas, et que cela lui tenait très à coeur. Ils avaient tous besoin d'un corps, s'ils voulaient pouvoir... Prendre le thé ? Jouer dans la neige ? Manger des étoiles ?
Les questions commencèrent à venir, des questions évidentes et normales pour quelqu'un dans sa situation. Des "pourquoi", des "comment". Les questions allaient demeurer en lui tout du long. Par chance, il y avait en lui une étincelle de pertinence qui allait le pousser à en faire fi, et ne pas chercher les réponses en priorité. Il comptait bien vivre au présent, comme il l'avait toujours fait, et accepter ce qui venait à lui.
Intrigué, il passa un coup d’œil sur son environnement. C'était très... Visuel. Le maître des lieux devait être attaché au monde des images. Lui, il avait parfois fait des rêves sans couleurs, juste avec de la musique. Ici régnait un silence parcouru de légers clapotements d'eau.
La salle était très grande, surtout pour une salle de jeux. Les murs n'en étaient pas visibles, il y avait tout juste des colonnades ici et là pour soutenir un plafond haut, percé de trous ronds et ovales, où s'écoulait tantôt la pluie, tantôt des rayons de soleil, tantôt des fragments de nuit. Les murs étaient dorés, couverts de tableaux, tentures, et, oh, des statues. *Je lui avais pourtant dit de s'en méfier*, songea l'elfe, avec un sourire attendri. Lui aussi appréciait les statues. Un peu trop pour son propre bien. Le sol était un carrelage aux grandes dalles de marbre, parfois arrangées en spirales. Ici et là, quelques arbres poussaient. Il y avait une sorte de bac à sable, dans un coin, où une neige tiède tenait lieu de sable. À d'autres endroits, il y avait quelques petits bassins, où l'eau courait comme dans un lit de rivière. Là où se tenait le visiteur, il y avait beaucoup, beaucoup de coussins. Un amoncellement de coussins, même. D'autres se présentaient, plus sobrement, à l'horizon.
Si cela avait été son sanctuaire, il l'aurait arrangé différemment. Davantage de cailloux, d'herbe et de terre, et quelques braseros. Moins de toit, moins de colonnades, davantage de feuillages... Mais il n'était pas chez lui. Un bref instant, il songea que son hôte aurait sans doute apprécié de le voir assorti au décor. Il décida d'être vêtu de teintes chaudes. Le bandeau qui retenait ses cheveux dorés se fit bordeaux, et un tissu d'amarante vint s'enrouler autour de son torse et de ses hanches, comme une toge. Il se plut, ainsi, et regretta de ne pas avoir davantage essayé jadis. Son sourire habituel, tout doux, vint se dessiner sur ses lèvres. Bon... Où était l'hôte ? Il chercha l'origine du chant-nom. Cela se fit presque immédiatement plus dur. D'autres chants-noms venaient de les rejoindre. Oh ? Étrange... Mais fort plaisant ! Son cœur se teintait déjà d'une joie encore tranquille.
Il parvint néanmoins à trouver l'origine du chant-nom, après s'être un instant débattu avec son propre esprit, qui n'avait pas changé, et s'intéressait toujours à trop d'éléments à la fois. Pour sa défense, même s'il n'avait été ainsi, quiconque à sa place aurait sans doute eu beaucoup à penser. Il fut un peu surpris quand, en lieu et place d'origine du chant-nom de Valmys, il trouva un petit caillou, blottit au milieu de quelques coussins.
"- ...Besoin de douceur ? Et d'un sanctuaire ?
- Oui", avoua, penaud, le chant-nom du caillou. "Les pirates ont été horribles avec moi. Je suis heureux de te voir."
L'enchaînement chaotique des notes ne choqua pas le visiteur. Délicatement, il prit le caillou en main.
"- Alors allons te trouver un peu de douceur."
Sans hâte, cherchant à blottir le caillou dans son affection, il se dirigea vers le bac à sable de neige. Là, il mit un genou à terre, plongea sa main dans la neige, pour en sortir une peluche. C'était une jolie peluche, à base de coussins moelleux, en forme d'hermine. Le tissu était noisette, avec des points blancs. L'elfe observa tour à tour le caillou et la peluche. Oui, c'était ce qu'il fallait faire. Il mit le caillou contre le coeur de la peluche, et cette dernière l'absorba. Peu après, elle ouvrait ses yeux faits de billes, brillantes de joie, et commençait à lui sauter dessus pour lui lécher la joue. Le bipède lui caressa le haut du crâne.
"- Moi aussi je suis heureux de te voir. Cet endroit est joli, félicitations !"
La peluche bomba le torse, dressée sur ses pattes pourtant toutes molles. Valmys s'était découvert récemment un goût pour la création d'environnement, et était ravi que cela puisse plaire. Mais comme il se pavanait ainsi, singeant une fierté exagérée, un "ploc" se fit entendre. Le visiteur tourna la tête vers l'un des bassins d'eau. Chant-nom... Il reconnut celui-là, Un chant-nom plus lumineux que des milliers de soleils. Son regard s'habilla d'étoiles, son coeur pétilla d'excitation et de bonheur. Il se précipita vers l'eau, y plongea son bras sans même réfléchir, et en retira le coeur de peluche d'où émanait le chant-nom de Luna. Il le serra contre lui.
"- Cela me semble faire une éternité. Tu brilles toujours autant..."
Il l'écarta un peu de lui. Elle avait grandi, encore, hélas. Un jour il irait voir le Temps, et tirerait les oreilles de ce dernier. Il n'avait pas le droit de faire de l'effet à la princesse des lumières.
Le chant-nom de Luna était bien différent de celui de Valmys. Elle... Il sentait qu'elle se libérerait plus facilement de son carcan pelucheux, si elle le souhaitait, pour reprendre forme humaine.
"- ...Mais d'abord, retrouvons ton corps de peluche."
C'est que ledit corps pouvait être n'importe où, dans un endroit aussi grand. Et une peluche d'oreiller, dans un endroit avec autant de coussins, cela pouvait être compliqué. Comme pour apporter son soutien, la Valmyluche commença à plaquer son museau tout mou contre le sol, reniflant ce dernier, à la recherche d'indices. Son visiteur eut un très léger rire, amusé. Il restait un dernier chant-nom, qu'il avait vaguement entendu, qui revint au premier-plan. Sitôt qu'il l'eut reconnu, l'elfe s'y dirigea. Tout ce monde, tout ce beau monde... Était-ce son anniversaire ? Fêtait-on seulement les anniversaires, dans son cas ? À moins que, tous les trois réunis, aient tenté quelque obscure manipulation ? Il espérait juste que rien de sombre n'allait leur arriver.
Directement, et sans lâcher le cœur de peluche, il prit Aldaron dans ses bras, avec un long soupir de ravissement. Lorsqu'il s'écarta, et prit vraiment le temps de regarder ce congénère tout particulier, ses yeux étaient humides, mais son sourire ne parvenait pas à partir.
"- Oh, ça te va bien aussi !"
Ses doigts attrapèrent une mèche de cheveux pâles. Toujours aussi soyeux. C'était bien Aldaron.
"- ...As-tu songé à les teindre en bleu ?"
Il était certain que cela lui irait très bien. Un roucoulement bizarre se fit entendre. La Valmyluche essayait de pousser son visiteur à se concentrer un peu. Cela fonctionna. Comme reprenant ses esprits, Dawan s'agita d'un coup, montra le petit coeur de peluche de Luna à Aldaron.
"- Aldaron, nous devons retrouver le corps de peluche de Luna ! Est-ce que tu aurais vu quelque chose qui y ressemble ?"
Il avait l'air assez préoccupé pour que le bourgmestre puisse aisément comprendre qu'il ne plaisantait pas, et que cela lui tenait très à coeur. Ils avaient tous besoin d'un corps, s'ils voulaient pouvoir... Prendre le thé ? Jouer dans la neige ? Manger des étoiles ?
Spoiler :