Le groupe d’aventuriers, ou peut-être d’inconscients, est parvenu à se rendre bien qu’ils n’en soient pas conscients, dans un autre plan d’existence. Un plan parallèle à tous les autres qui, suivant la route empruntée, permettait d’accéder aux différents mondes pouvant exister. Celui des vivants, celui des dieux, et en l’occurrence, celui des morts. C’est non sans mal que les six parvinrent à surmonter les épreuves, venant s’échouer sur la rive où se dressait la porte menant à leur destination. Était-ce pour autant la fin du voyage ? Non. Leur périple comportait un billet d’aller et de retour. Une fois leur mission accomplie de l’autre côté du miroir, ils devraient s’en aller … sans quoi ils demeureraient pour l’éternité dans le royaume des défunts ou encore … à errer entre les plans sans jamais pouvoir revenir chez eux.

Non loin du navire échoué, et alors que l’équipage se dépêchait de débarquer, des silhouettes apparurent à la surface de l’eau. Les créatures cadavériques semblaient les avoir poursuivies. Cependant, il n’y avait aucune raison de s’attarder. Sans attendre, les membres du groupe passèrent un à un le portail.

Un grand flash lumineux les éboulis et une cacophonie instrumentale les assourdit. Puis, aussi soudainement que le bruit était apparu, le silence s’abattit. Lentement, la lumière aveuglante commença à disparaitre.

« Croa ! Croa ! Croa ! … Croa ! Croa ! Croa ! … Croa ! Croa ! Croa ! »

Le corbeau au sommet du portail se mit à croasser avec force, il croassa jusqu’à ce que le dernier des aventuriers n’apparaisse dans ce nouveau lieu. L’aveuglement disparut enfin, leur permettant de voir ce nouveau monde qui les entourait.

Tout d’abord, ce plan était plongé dans un crépuscule éternel, une chaude lumière orangée illuminant l’atmosphère. Dans le ciel d’un gris argenté, les nuages défilaient avec une rapidité parfaitement inhabituelle. Une brise d’été réconfortante soufflait, venant faire danser telles les vagues d’une mer les épis de blé. Jusqu’à perte de vue, le monde était recouvert de champ de blé. Était-ce pour autant des champs ordinaires ? Non. Le blé était tout à fait spécial. Chaque grain des épis semblait fait en diamant et luisait d’une douce couleur orangée, peut-être reflétaient-ils la lumière du soleil crépusculaire.

Les croassements du corbeau résonnèrent dans l’infini. Petit à petit l’écho se fit plus lointain, si lointain qu’il finit par mourir.

Le groupe d’aventuriers et l’équipage se tenaient au centre d’un gigantesque champ. Derrière eux se dressait un portail similaire à celui qu’ils avaient emprunté pour venir ici. À l’exception près qu’il n’était pas actif. Aucun vortex ne dansait en son centre. Tout ce que l’on pouvait voir au travers, c’était la continuité du champ de blé. Le chemin de retour était inaccessible. Face à eux se tenaient deux personnes, deux individus. Le premier était un dragon mesurant un peu plus de trois mètres au garrot, ses écailles étaient blanches et ses yeux étaient de saphir. Le deuxième était une créature inconnue, du moins pour presque tous les aventuriers. Il s’agissait d’un Tarenth. Sa taille dépassait presque les deux mètres, il était vêtu une robe noire semblable à celle d’un mage, ses cheveux étaient d’un blanc presque transparent, sur chaque partie visible de sa peau l’on pouvait voir des veinules argentées qui scintillaient faiblement. Le regard de l’homme étrange se posa sur les nouveaux arrivants, un air bienveillant baignant sur son visage. Lentement, il écarta et tendit quelque peu les bras en direction des aventuriers. Sa voie s’éleva, elle était mélodieuse, presque envoutante.

« Bienvenus voyageurs. Aujourd’hui, je pense que vous êtes, après moi, ceux qui méritent le plus ce titre. Vous devez sans doute être épuisé après cette traversée, malheureusement nous n’avons que peu de temps … »

La Tarenth coupa sa parole, son regard balaya l’assemblée, venant se poser sur celui qui le maudissait littéralement du regard, avant de reprendre.

« Non, nous avons un peu de temps devant nous, reposez-vous et soignez vos blessés ».

Aurore Lapsida tente de lancer un sort de soin sur Sighild.

Compétence utilisée : Magie niveau Très Bon. Taux de réussite 65.

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Humain = 0

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 65 ou moins réussite.
- 66 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

Après une traversée pleine de périls, au milieu d’une immensité glacée, le groupe d’aventuriers parvint devant un mystérieux portail. Était-ce la fin de leur voyage ? Rien n’était moins sûr. Sitôt le vaisseau de cristal échoué sur les berges de cette terre sépulcrale, un bruit assourdissant déchira l’atmosphère et un flash éblouissant les enveloppa de son dôme lumineux. Sentant la menace des créatures cadavériques toujours présente, les membres de l’équipage s’empressèrent de passer le portail, accompagnés par la sinistre mélodie des croassements d’un corbeau, funeste gardien de ce pays interdit. De l’autre côté, une fois que les effets de l’aveuglement induit par l’éclair de lumière se dissipèrent, un mystérieux spectacle s’offrit à leurs regards médusés. Cette autre partie du plan astral baignait dans la lumière orangée d’un crépuscule éternel et le firmament, couleur d’écume argentée, était empli de nuages qui défilaient à toute vitesse.

La dragonne de Quartz n’avait jamais rien vu d’aussi singulier et observait ce spectacle avec un mélange de curiosité et d’incrédulité. En se retournant, la saurienne aperçut un vortex inactif, semblable à celui qu’ils venaient d’emprunter, derrière lequel on devinait les contours d’un champ de blé. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose, la porte de retour demeurait infranchissable pour l’instant et ils ne possédaient aucune autre alternative que celle de poursuivre leur route.

Tout d’un coup, ses écailles se hérissèrent et elle remarqua la présence de deux créatures inconnues : un dragon et un bipède. L’écailleux inconnu affichait une teinte nacrée et ses prunelles bleutées fixaient les nouveaux arrivants ; Keetech l’observa attentivement et remarqua avec un certain étonnement que les cornes de ce dernier ressemblaient à s’y méprendre à celles de Verith…Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Quant à l’homme, d’une taille imposante pour un bipède, sa chevelure vaporeuse, d’un blanc opalescent s’écoulait en cascade soyeuse le long de son dos et sa peau arborait des veinures argentées et scintillantes, semblables à des poussières de diamant. Vêtu d’une longue robe noire, tel un mage, le bipède se tenait face à eux et leur adressa un sourire empli de bienveillance avant de prendre la parole d’une voix mélodieuse, aux sonorités envoûtantes.

Keetech ne le quittait pas des yeux, troublée par l’atmosphère hypnotique et inhabituelle qui émanait de ce mystérieux deux-pattes. Jamais auparavant, l’orageuse n’en avait rencontré de semblable et ce dernier faisait naître en elle un sentiment ineffable…Ce ressenti était-il causé par son intuition draconique ou par la nature de l’homme qui lui faisait face ? Qu’avait-il de si particulier pour éveiller en elle un tel trouble ?

Soudain, un mauvais pressentiment arracha la reine des nuées de ses pensées et elle se tourna en direction de l’écarlate. Ce dernier se dressait en posture de combat, les écailles hérissées de rage, et prêt à bondir à la gorge du deux-pattes. Les prunelles dorées du Rouge brûlaient de haine et jamais Keetech n’avait vu une telle fièvre meurtrière consumer son mâle.

Les mires d’azur de la dragonne s’agrandirent et c’est alors qu’elle se remémora les paroles de son bien-aimé et la raison pour laquelle il tenait autant à ce que Quartzécaille soit à ses côtés.

« Aujourd’hui j’ai donc besoin de leur concours. Mais j’ai surtout besoin du tien. Si le voyage est une réussite. Si nous parvenons jusqu’au plan des défunts. Alors j’aurais besoin de toi pour me contrôler. Là-bas, je retrouverais mon frère. Peut-être même ma sœur et ma mère. Je voudrais peut-être essayer de les ramener avec moi.

Mais ce n’est pas le plus à craindre. De l’autre côté de trouve un homme. Je t’ai dit avoir trahi ma colère à un seul instant … l’être que j’ai épargné se trouve déjà de l’autre côté. Je pourrais essayer de trouver un moyen de le détruire une fois de l’autre côté et ma colère ne me fera pas voir les conséquences que cela pourrait entrainer. Empêche-m’en, s’il te plait. »

La peur s’insinua dans le cœur de la dragonne. Et si c'était un piège ?  Verith ! Elle devait l’empêcher de céder à l’appel de sa colère et d’attaquer ce bipède ! Keetech ignorait l’identité de ce dernier mais pressentait qu’un terrible pouvoir sommeillait en lui et que les conséquences en seraient dramatiques !

- Verith ! Arrête je t’en prie ! Ne commet pas un acte irréfléchi en l'attaquant !

Malgré la douleur encore lancinante de ses écailles fondues, la reptilienne se précipita en direction du Colérique, interposant son corps entre lui et le deux-pattes pour l’empêcher de bondir.

Puis, elle plongea ses mires d'azzurites dans celle de son mâle et s’adressa à lui d’un ton apaisant :

- Verith, s’il te plait contient la colère qui sommeille en toi et qui menace d’éclater. Je sens la haine qui brûle en toi et le désir de tuer cet homme, mais souviens toi tes paroles passées à son sujet…Les conséquences pourraient être désastreuses…Pour nous et pour la réussite de cette quête garde ton sang-froid…

La fille des tempêtes mettaient toute son affection et sa force de persuasion dans ces paroles, espérant empêcher son bien-aimé de commettre l'irréparable. Elle se tourna ensuite vers cet étrange bipède, dont elle ignorait l’identité et lié à l'enfant de l'orage par un mystérieux secret.

- Bipède, qui es-tu et que nous veux-tu ? demanda-t-elle d’une voix posée, mais teintée de méfiance.

Parler de traversé eusse été un euphémisme. Cette journée s'annonçait comme une catastrophe. La prise de bec avec ce dragon arrogant, les mort qui sortent de nul part, l'attaque d'un rayon magique provenant de nul part et les blessures qui en avaient résulté... Autant d'indice comme quoi, cette mission promettait encore de nombreux problème à venir.

L'équipage avait franchit le portail, récupérant les blessés qu'ils pouvaient, et ils arrivèrent dans d'immense champs de blé, brillant sous un soleil orangé. En regardant de plus près, Soreïn put remarque que les épis semblaient être fait de diamant. Ce qui, évidemment, ne manqua d'attiser le désir qui coulait dans ses veines de pirates. Mais il ne manqua pas de se souvenir d'une chose. Ils étaient dans le Domaine d'un Dieux. Qui sait ce qui pouvait arriver à qui prenait les possessions de pareille entité?
Le vieux loup de mer leva son regard et remarqua qu'il n'était pas le seul à avoir remarquer la particularité des céréales de ce monde.

-MÊME PAS DANS VOS RÊVES, LES GARS. ON NE TOUCHE A RIEN ICI. SI JE SURPREND UN SEUL D'ENTRE VOUS AVEC L'UN DE CES ÉPIS, JE SERAIS LE PREMIER A LE BALANCER AUX MORTS QUI MARCHENT. JE ME SUIS BIEN FAIT COMPRENDRE? C'EST LE DOMAINE DES DIEUX. JE N'AI PAS ENVIE DE RAMENER UN MAUDIT DIVIN DE PLUS.

Lorsqu'il évoqua un maudit, il était clair qu'il parlait de son état de vampire. Il ne s'en plaignait pas, mais il ne souhaitait cet état à personne. La soif était un état qu'il n'avait connu que rarement, mais il en savait suffisamment pour en connaître les dangers. Il était donc hors de question de prendre le risque de voir l'un de ses hommes subir une malédiction supplémentaire pour un désir de richesse malvenu.
Dans le même temps, le Capitaine vit le Rouge se dresser, prêt à attaquer deux autres silhouettes que le vampire n'avait pas franchement vu jusque là. L'autre dragon s'interposa pour l'arrêter. Et après, c'est lui qui traitent les autres comme des idiots??? Cela ne fit que confirmer l'opinion que le vieux marin avait à l'égard du dragon. Il décida de les laisser gérer leur situation. La part de la mission pour le Capitaine était plus ou moins terminé. Le reste était du ressort des terriens, comme ils s'amusait à les appeler.
Soreïn s'approcha de son second.

-Vois à ce que les blessés soient soignés. Pour les mort, je crains que se ne soit trop tard. On s'arrangera pour aller piller un navire après. Et au pire, je piocherais dans mon trésor personnel pour payer tous le monde. Mais on ne touche à rien tant que nous ne sommes pas revenu dans notre monde. Fais passer le mot à tous le monde. J'ai déjà beaucoup de reproche envers le Rouge, que l'on ne m'oblige pas à engueuler d'autres personnes pour leur stupidité.

Le jeune officier hocha de la tête et répéta l'ordre pour qu'il soit retransmit aux différents groupes, tandis que les autres officiers présent se rapprochait de Soreïn, l'elfe se massant la gorge.

-Que fait-on Capitaine?
-On attend. Ce n'est plus de notre ressort. Maintenant, nous suivons et nous assurons notre survie. Du moins, jusqu'à ce que l'on nous montre qu'il y a encore un navire à piloter.

Les officiers acquiescèrent et reportèrent leur regards sur l'étrange duo qui attendait également la suite.

Le calme ambiant qui régnait dans ce lieu depuis des millénaires venait subitement, et pour la première fois, être troublé par l’arrivée de nouveaux habitants. Des nouveaux locataires qui étaient toutefois un peu en avance dans la mesure où ils étaient encore en vie. Chose assez farfelue quand on sait que ce lieu et le royaume des morts et que, de ce fait, les vivants n’ont pas leur place ici. En dépit de cela, rien ne se passa en dehors de cette légère agitation. Le ciel n’avait pas commencé à cracher des éclairs pour venir abattre les fous venus ici illégalement. Aucune monstruosité n’était apparue pour les chasser. Ce dernier point n’était pas entièrement vrai cependant, non sans être une monstruosité, un troisième individu était apparu, mais personne encore ne faisait attention à lui.

Un corbeau à l’apparence singulière se tenait posté sur l’un des cadavres de pirates. Ses yeux semblables à des perles et il était difficile de dire ce qu’il regardait et ce qu’il ne regardait pas, étant intégralement couvert d’un voile nacré. De son bec d’onyx, le corbeau au plumage rubis tapotait le cadavre sur lequel il se tenait. Le mort sembla bouger, ouvrant la bouche et une lueur fantomatique commença à en sortir. L’animal vint la saisir de son bec et tira dessus de toutes ses forces. Lorsque l’âme fut extraire de cette l’enveloppe charnelle, elle, fut aspirée par l’un des nombreux épis de blé aux alentours alors que le corps, lui, s’effritait devenant poussière. Sans attendre, le gardien des lieux passa au cadavre suivant, sous couvert de l’agitation.


L’homme aux veinules d’argent observait avec une certaine peine le dragon rouge dont transpirait de tout son être moult et moult malédiction à son égard. Le regard de l’antique créature se posa tour à tour sur les arrivants, s’arrêtant sur la dragonne qu’il n’avait jamais rencontrée. Il n’y avait aucun des siens ici. En même temps, en appelant le Verith à la rescousse il aurait été bien étrange qu’un dragonnier l’accompagne. Un soupir s’échappa de lui, les choses étaient compliquées. Il ne pourrait pas se débiner cette fois par quelques paroles.

« Je suis ou plutôt j’étais, avant de trépasser, un Tarenth. Cela ne vous dira rien noble dragonne, la partie de la mémoire des dragons mentionnant la coexistence des votre, des miens et des déesses sur Ambarhùna a été scellée par ces dernières lorsque la race Tarenth fut bannie de ce continent. Nos races ont longtemps été amies, et c’est grâce à cette amitié que les miens n’ont pas été massacrés par la colère des déesses, vous avez pris notre défense en dépit de notre crime et du danger. »

Le Tarenth marqua une pause avant de reprendre.

« Quant à savoir quel Tarenth j’étais, bien que je sois mort, je pense que cela a encore de l’importance pour celui que vous tentez de retenir. Je suis le créateur du lien et premier dragonnier. Pour ceux non concernés par ce détail, j’étais le lié au Tyran Blanc et je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour ne pas avoir été en mesure de l’arrêter moi-même et d’avoir été obligé de faire porter sur vos épaules la charge de mettre fin à ses jours pour mettre un terme à sa folie. Je suis également l’un de ceux, par la faute de qui, ma race a été bannie par les divinités. »

Un soupir s’échappa de la créature argentée.

« Je suis un Tarenth qui a commis beaucoup d’erreurs. Certaines impardonnables. Certaines que je ne considère pas comme telles. Certaines que je ne regrette pas. J’ai été jugé pour cela. J’ai tenté de corriger mes erreurs en dépit d’interdictions divines. »

Le Tarenth finit par balayer la main.

« Mais ce que je suis aujourd’hui dragonne n’a plus d’importance. Je ne suis qu’un mort qui parle à un vivant. Je n’ai plus de compte à rendre à qui que ce soit. Et je n’attends rien de vous. Je ne suis pas celui qui a émis l’appel. Je ne fais qu’aider celui qu’il l’a fait. »

Lentement, la main aux veinules d’argent vint désigner le dragon blanc à côté de lui. Ce dernier finit enfin par sortir de son silence.

« Je suis Cymbor, c’est moi qui ai émis cet appel de détresse. J’ai demandé à mon frère de faire venir ici des individus prêts à risquer leur vie pour le bien commun. Je vous remercie d’avoir répondu  à sa demande. »

Le regard du dragon se porta en direction du capitaine vampire.

« J’ignore comment sont les choses aujourd’hui parmi les vivants. Lors de ma mort, je menais aux côtés des elfes une guerre contre les vôtres. Votre prince m’a tué. J’espère que nous serons capables de collaborer en dépit du fait que nous soyons ennemis, car ce qui se passe ici nous concerne tous. »

Le dragon blanc se retourna en direction d’une butte un peu plus loin qu’il pointa du museau.

« Avec le trépas des dieux, ce plan d’existence a été fortement fragilisé. Les morts se retrouvent bloquées dans les limbes, incapables d’arriver jusqu’ici, et ne peuvent connaitre le repos et la félicité. Mais ce n’est pas le pire. Nos croyances étaient vraies, chaque être peut-être amené à éprouver la réincarnation. Son âme peut revenir sur le monde des vivants. Malheureusement, ce processus est aujourd’hui paralysé. Les âmes sont bloquées ici et celles devant subir ce phénomène lors de son arrêt brutal ont commencé à se corrompre. On peut craindre qu’in fine, toutes celles du royaume subissent la même chose. J’ose à peine imaginer ce qui pourrait se produire si cela arrivait. Autant pour ce plan, que pour le votre. Car ils sont étroitement liés. »

Cymbor se tourna en direction des aventuriers.

« J’ai besoin de votre aide pour permettre au mécanisme magique de fonctionner à nouveau. En tant que mort, il nous est incapable d’intervenir dessus. Mais vous, vous êtes vivant. C’est donc une autre histoire. »

En entendant que l’on parlait de lui, le corbeau redressa le bec et croassa à l’encontre de la jeune nordienne. Ses vociférations pouvaient presque ressembler à des brimades à l’encontre de l’humain. Comme si le volatile lui reprochait ses paroles ainsi que sa présence. Le regard de l’animal singulier se tourna vers les autres et il croassa à nouveau à leur encontre avant de finir de s’occuper du dernier mort du corps expéditionnaire. Le dragon blanc, lui secoua quelque peu la tête.

« Vous faites fausse route, humaine. Vos camarades ont connu la mort dans un lieu où ils n’auraient jamais dû se trouver. Le gardien tente simplement de sauver ce qui reste d’eux. Que leur lueur d’existence ne soit pas perdue à jamais. Chacune des plantes ici, représente une âme dans l’attente de la réincarnation. Certaines attendent patiemment, d’autres dorment, ou d’autres encore revivent des moments de leurs vies antérieures, ou simplement un moment de félicité. Il est possible pour elles de s’extraire pour visiter ce plan, mais toutes ne le souhaitent pas forcément, ou alors ne le peuvent pas. »

Le dragon se retourna lentement pour commencer à marcher en direction de la butte.

« Nous vous guiderez dans cette quête pour la mener à bien, autant que nous le pourrons. »

Cymbor et le Tarenth s’étaient tournés en direction de la colline, il fallait y aller, le temps pressait, car à chaque instant les choses empiraient et le danger grandissait. Alors qu’ils s’apprêtaient à prendre la tête pour guider le groupe vers le tertre, une petite voix s’éleva, celle un peu timide d’une jeune femme. Le dragon blanc et la créature d’argent tournèrent la tête vers cette dernière qui se mit alors à parler, à parler de plus tout en prenant de l’assurance. Le dragon fut le premier à prendre la parole.

« La route est bloquée, voilà pourquoi ils ne peuvent pas venir ici. Sans un guide, les âmes sont incapables de trouver le portail permettant de venir ici. Elles sont bloquées dans une étape de transition. Cette attente anormale leur est insupportable, elles deviennent alors pleines de ressentiment et cela les corrompt. À l’inverse, vous y êtes parvenus parce que vous étiez en possession d’un objet vous permettant d’ouvrir la voie. Oui, un morceau de verre issu du jardin des miroirs de la déesse de la mort. »

Il marqua une pause puis reprit.

« Ce qui est arrivé là-bas arrivera aussi ici si nous ne faisons rien. Dans ce lieu, les âmes connaissent la félicité dans l’attente de leur réincarnation, elles n’ont de ce fait pas conscience de leur attente, du moins pour le moment. Mais cela n’est pas le cas des âmes qui étaient sur le point de connaitre ce phénomène, leur ressentiment est donc puissant. Elles sont extrêmement dangereuses. »

Le dragon blanc se tue et le Tarenth repris peu de temps après.

« Lorsque nous étions vivants, nous avions de grands pouvoirs. Mais aujourd’hui nous ne les avons plus. Je ne suis plus qu’une âme, je ne peux donc pas agir physiquement. Il m’est impossible d’ouvrir le portail pour permettre aux âmes errantes de venir ici. Il m’est impossible de lui guider, car de l’autre côté,  j’aurais moi-même besoin d’un guide. Ce lieu n’a pas été fait pour que nous nous occupions des choses, mais pour que l’on s’occupe de nous. C’est un lieu de repos. Les capacités non utiles ne nous sont donc pas accordées. »

Un petit soupir s’échappa de l’antique créature.

« Les voies des dragons sont impénétrables. Les choix qu’ils font sont hors de votre compréhension. Un dragon fait son choix et il ne vous appartient pas de les remettre en question, vous n’avez pas été conçu ainsi. Si Verith vous a choisi, s’il t’a choisi, c’est qu’il y a nécessairement une excellente raison. Un dragon ne se trompe jamais. J’ai créé le lien pour de nombreuses raisons, et percer ce mystère en était une. »

Le Tarenth marqua une courte pause.

« Nous parlerons du mécanisme plus tard, pour le moment nous devons nous hâter. »

La créature argentée se tourna vers le champ de blé qui avoisinait la colline, une partie s’agitait de plus en plus. Le dragon et le membre de la race bannie reculèrent.

« J’ai peut-être la réponse à votre question, apprentie. Si vous avez été choisie, c’est peut-être pour que vous nous préveniez quand le danger arrive. »

Une série claquement bruyant se fit entendre, comme des dents qui claquaient les unes contre les autres à répétition et à rythme régulier. Des mouvements en zigzag se firent dans le blé, se rapprochant du groupe, avant de s’arrêter. Quelque chose se redressa alors, sortant des plantations afin de se rendre visible. Une ombre noire avoisinant les deux mètres cinquante et au visage blanc se dressa sur leur route. Les claquements émanaient d’elles. Bientôt, des mains et des jambes griffues sortirent de l’ombre alors que la créature inconnue dodelinait de la tête, semblant observer avec une certaine malveillance les intrus.

« Une d’entre elles est déjà sortie … »

« Un corps … un corps … UN corps … un CORPS … UN CORPS ! OU EST MON CORPS ! »

Une foule de questions se bousculait dans l’esprit de l’orageuse tandis qu’elle bondissait afin de s’interposer entre son bien-aimé et le bipède, nimbé d’une aura éthérée, qui venait de faire son apparition, en compagnie d’un dragon aux écailles lactescentes et dont la ressemblance avec l’écarlate l’intriguait.

Inquiètée par l’étrange tournure des événements et sentant qu’il s’agissait d’une rencontre déterminante et d'un moment d'importance, elle darda ses mires azurées sur le deux-pattes et l’interrogea sur son identité et les desseins qu’il nourrissait à leur encontre.

Le mystérieux inconnu prit alors la parole et Keetech l’écouta sans prononcer un seul mot, abasourdie par le poids de ses révélations. Un Tarenth ? Une race aujourd’hui disparue ? Le créateur du lien ? Ainsi cet être mystérieux représentait la clé qu’ils recherchaient, celui qui avait conçu cette chose honnie dont elle et le Colérique cherchaient à se débarrasser pour le salut du peuple draconique. La mémoire ancestrale des dragons avait été scellée, effaçant le souvenir de la cohabitation de cette ancienne race et des siens des millénaires auparavant.

Désormais, la saurienne comprenait mieux le charisme hypnotique de cet  individu et la raison pour laquelle ces paroles aux sonorités envoûtantes faisaient apparaître un tel trouble en elle… Quant au dragon diaphane qui l’accompagnait, ce dernier n’était autre que Cymbor, le frère disparu pour qui Verith avait abandonné sa patrie, sa compagne et son enfant à naître…

- Ainsi tu es Cymbor, le frère de Verith qui était demeuré sur Ambarhùna. J’avais remarqué la ressemblance entre tes cornes et les siennes, sans deviner qui tu étais. Je suis heureuse de faire ta connaissance, même si j’aurais préféré que cela soit dans d’autres circonstances…dit-elle d’un ton empli à la fois d’amertume et de regrets.

Cependant son cœur ne connaissait pas la paix, pas encore. Le seul qui désormais pouvait l’apaiser et lui donner les véritables réponses qu’elle attendait n’était autre que l’enfant de l’orage. La reine des nuées se tourna vers lui et fit résonner sa voix télépathique, s’adressant à lui et à lui-seul.

- Verith…A présent, je pense pouvoir mieux comprendre la raison de ta haine envers cette créature, ce Tarenth…mais je voudrais entendre d’autres explications de ta bouche. Tu es le seul en qui j’ai véritablement confiance et j’en ai assez de tous ces non-dits, de ces secrets qui créent un fossé entre nous…Existe-il d’autres choses que j’ignore entre toi et ce bipède ou que je devrais savoir pour la suite de cette quête ?

C’est alors que Keetech remarqua le comportement bizarre d’un corbeau, occupé à aspirer l’âme des cadavres...Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Soudain, rompant avec sa reverse habituelle, la jeune fille aux cheveux d’or prit la parole et questionna le Tarenth à propos de l'endroit où ils se trouvaient et de la raison de leur présence au sein de cet univers dédié aux défunts.

Et les explications de ce dernier apportèrent de nouveaux éclaircissements à la dragonne de l’orage ; ainsi, leur quête consistait à rouvrir le portail afin de permettre aux âmes des trépassés d’accéder à nouveau au cycle des réincarnations, qui était bloqué depuis la mort des divinités. Néanmoins, une terrible menace planait en ces lieux et certaines entités, prisonnières du monde du l’outre-tombe s’étaient laissées corrompre par un immense ressentiment et une haine incommensurable à l’égard des vivants.

Alors que la troupe d’aventuriers allaient emboiter le pas au Tarenth et suivre ses directives pour mener cette mission essentielle à terme.
Quartzécaille sentit un frisson lui parcourir l’échine et ses écailles se hérissèrent sous l’influence d’une puissante magie, imprégnée d’une aura maléfique…Quelque chose approchait, faisant résonner une série de claquements et des vagues de mouvements se mirent à agiter la surface du champ de blé…

Quelques minutes plus tard, une silhouette d’une taille imposante, aussi noire que l’ébène se redressa dévoilant une face blafarde et des membres hérissés de griffes acérées. Son regard malveillant ne laissait que peu de doutes quant à ces intentions et bientôt sa voix sépulcrale retentit :
« Un corps … un corps … UN corps … un CORPS … UN CORPS ! OU EST MON CORPS ! »

Était-ce l’une de ces âmes damnées, incapable de trouver le repos et errant dans l’entre-monde, sans l’espoir d’une ultime rédemption ? Probablement. La fille des tempêtes se remémora les paroles du Tarenth, le processus était bloqué et eux-seuls avaient le pouvoir de le réactiver, afin d’apporter la paix aux âmes captives…

Mais cette forme ténébreuse, réduite à n’être qu’une ombre semblait vouloir se mettre en travers de leur route ou s’en prendre à eux, bouillonnante de rage et de ressentiment face aux vivants. Valait-il mieux la détruire ou au contraire tenter de la raisonner, en admettant que la folie ne se soit pas entièrement emparé de son esprit ?

L’écailleuse ignorait tout de sa nature et des règles qui régissaient l’univers des morts, une âme corrompue pouvait-elle être détruite ? Si Keetech l’attaquait, disparaîtrait-elle à jamais sans possibilité de se réincarner ? Outre ce torrent de noirceur, une profonde douleur émanait de la silhouette nimbée d'un voile couleur de jais, comme si celle-ci était en proie à un insupportable tourment.

En dépit de son apparente sévérité, la saurienne possédait un cœur plein de bonté et ne désirait pas tuer, à moins d'y être forcée par la cruelle nécessité.

- Ame perdue, je connais le supplice que tu endures depuis que le processus de réincarnation a été bloqué et la raison pour laquelle tu erres en ce lieu sans pouvoir jamais connaitre la sérénité ni le repos de l’âme. Je peux sentir la colère et la haine qui te consument et la raison pour laquelle tu es pleine de ressentiment. La vie circule en nous alors que tu n’es plus qu’une coquille vide, privée de corps…Nous sommes ici pour rétablir le processus. Ne te mets pas en travers de notre route, pour ton propre bien et celui des âmes damnées qui endurent le même tourment, laisse nous partir et il ne t’arrivera rien que du contraire, tu retrouveras la paix.

La dragonne gardait ses prunelles rivées sur la silhouette patibulaire et mettait dans sa voix toute la force de persuasion qu’elle possédait. Puis celle-ci poursuivit d’un ton plein de détermination :

- En revanche, si tu refuses d'entendre raison et que tu décides d'interférer dans notre quête ou si tu représentes un danger…alors, je déchaînerais sur toi les flammes de ma colère. Crois-moi si je dois te sacrifier pour notre salut et celui de milliers d’âmes je n’hésiterais pas un seul instant…

Les écailles de Quartzécaille étaient hérissées et sa gueule béante, prête à déverser le feu destructeur, selon la prochaine réaction de la créature des ombres.

Keetech tente de raisonner l'âme en proie à la corruption.

Compétence utilisée : Beauté/charisme niveau Très Bon. Taux de réussite 65.

Modificateur =>

Race = Dragon : +10

Grande frustration = l'âme ne sera pas facile à raisonner et à convaincre : -15

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 60 ou moins réussite.
- 61 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

« Pourquoi n’y a-t-il que vous deux? »

Kälyna tente d'utiliser un sort contre l'âme en proie à la corruption.

Compétence utilisée : Magie niveau Exceptionnel. Taux de réussite 95.

Modificateur =>

Race = Elfe: +5

Résultat =>

- 10 ou moins réussite critique.
- 95 ou moins réussite.
- 96 ou plus échec critique.

¤ Le temps des aveux ¤

Il n’avait pas eu le temps de regarder l’environnement, il n’avait pas eu le temps de ressentir ce nouveau lieu, il n’avait pas eu le temps de profiter de la découverte que cette aventure l’amenait à faire. Le dragon rouge aimait l’aventure, il aimait les découvertes, et ici, il pouvait combler cette passion. Cependant, il n’en avait pas le temps, ou plutôt, il n’en avait pas le luxe. Cette opportunité, il ne pouvait la saisir. Et tout son corps lui disait qu’il ne devait pas la saisir. À l’instant même où il était apparu de l’autre côté du portail, à l’instant même où il avait mis une patte dans le royaume des morts, à l’instant même où son regard s'était posé sur l’un des deux protagonistes qui les attendaient ... son sang n’avait fait qu’un tour. Les pupilles du colosse de flammes s’étaient contractées, ces écailles s’étaient hérissées, et son corps avait bougé de lui-même pour se mettre dans une posture à la fois défensive et agressive. Il était là ! Cet individu ! Cette créature ! Ce monstre ! Cette erreur divine ! Cette abomination ! Les crocs du rouge se serraient si fort les uns contre les autres qu’un grincement en résultait. Toute la haine et la colère de l’enfant de l’orage semblaient fusionner, s’incarnant dans une lueur de pure malveillance reposant dans ses yeux, braqués droits sur l’antique créature. Lui ! C’était lui ! Il était là ! Devant sa personne ! Dans ce lieu ! Comment ? Comment ?! Et surtout pourquoi ?!! Cette créature, la plus honnie de toute la création. Cette abomination, ce menteur, ce traitre ! L’infamie personnifiée se tenait là, où l’on vient connaitre la paix. Mais lui ! Lui … il ne méritait pas le repos ! Il ne méritait pas la paix ! Jamais il ne le méritait et jamais il ne le mériterait. Toutes les bonnes actions du monde ne sauraient racheter ces crimes. IL N’ÉTAIT QU’UNE CALAMITE !

Comme il s’y attendait, sa rage prit le dessus, comme ce jour devant Vie. Peu importe sa taille, peu importe sa forme, peu importe le danger, peu importe les contraintes. Il lui ferait lui-même payer ses actes atroces ! Les griffes du rouge se plantèrent dans le sol et ses ailes s’apprêtaient à s’étendre. Il était devenu beaucoup plus puissant depuis la dernière fois. Sa magie ne pourrait plus rien pour lui, il n’était qu’un bipède aussi misérable que les autres à présent ! Tout son être criait justice, justice pour ce que sa race avait subi et pour ce que lui avait subi par SA FAUTE !

Au moment où Verith s’apprêta à bondir pour charger ce le misérable Tarenth, quelqu’un s’interposa. Qui ? Qui osait encore une fois se mettre entre lui et ce criminel ? Qui osait encore prendre la défense de cet individu honnie de tous ! Qui s’alliait à ce traitre !!!

C’est alors que les pupilles et les oreilles du colérique décelèrent parmi la malveillance qui l’aveuglait et l’assourdissait, la présence de Keetech. Sa noirceur s’évanouit en quelques instants, revenant au plus profond de lui-même pour dormir, écraser par la raison. C’est vrai, il n’était pas venu ici pour ça ... il était venu pour voir son frère … comme quand il était venu sur Ambarhùna. Lentement le regard du rouge glissa vers le blanc, un grand sentiment de soulagement l’envahissant. Au point qu’il ne put dire mot et détacher son regard de lui. Sans nul doute pour le mieux. Il entendit à peine les paroles du Tarenth lorsqu’il confessa ses crimes, minimisant leur gravité. Quand bien … il y en avait certains que le dragon pouvait comprendre … ce qui l’avait conduit à prendre l’antique créature à pitié. Mais c’est bien en raison de ces quelques crimes qu’il pouvait comprendre que la situation était devenue aussi dramatique avec les bipèdes ! Ces immondes avaient une part des responsabilités, mais larme d’argent aussi !

« Verith…A présent, je pense pouvoir mieux comprendre la raison de ta haine envers cette créature, ce Tarenth…mais je voudrais entendre d’autres explications de ta bouche. Tu es le seul en qui j’ai véritablement confiance et j’en ai assez de tous ces non-dits, de ces secrets qui créent un fossé entre nous…Existe-il d’autres choses que j’ignore entre toi et ce bipède ou que je devrais savoir pour la suite de cette quête ? »

Les paroles de Keetech lui vinrent à nouveau. Son esprit s’enroula doucement autour du sien.

¤ Tout … tout est de sa faute. Pas seulement le lien … mais tous les maux qu’on connut les nôtres à cause des bipèdes. C’est à cause de lui. Son avidité l’a poussé à franchir les limites interdites. Son espèce peut voir l’avenir … en s’associant à un dragon il peut voir plus loin encore … mais cela ne le satisfaisait pas … alors il créa un objet avec les flammes des nôtres et la puissance dérobé des dieux. Dès lors il put voir un avenir, un avenir extrêmement lointain. Celui d’Ambarhùna, terre des dragons, ravagé par la folie des bipèdes, et où sa race n’était plus … comme ce fut le cas. Outré, il a colporté sa vision, soulevant sa race contre les dieux, les blessant. À ce moment-là, il a scellé sa vision. Les Tarenth devaient être avec nous, pour accueillir elfes, vampires et humains. Ils devaient leur permettre de vivre en paix. Toutefois, en attaquant les dieux, il a provoqué le bannissement de son espèce et a scellé à tout jamais le destin des bipèdes. Je t’ai dit que les bipèdes sont incapables d’apprendre … la vérité, c’est parce qu’ils ne le peuvent pas. Ils sont condamnés à être en proie à leur folie. Et nous dragon à la subir. Sauf si nous y mettons fin en les exterminant, car tel est notre seule chance, car notre mission n’est pas de les mener à la paix. Et les échecs des dragons liés ne font que le mettre en évidence. ¤

Verith marqua une pause, s’enroulant un peu plus autour de l’esprit de sa douce.

¤ Lorsqu’il m’a compté sa vision, c’est sa volonté de protéger sa race et de vouloir justice face aux espèces barbares que sont les elfes, les vampires et les hommes qui m’ont conduit à avoir pitié de lui. J’ai alors essayé de l’aider dans sa quête, et je lui ai apporté mon soutien dans sa pensée, ayant jugé les bipèdes nuisibles en raison de leur action, le défendant même face à un dieu. Puis … il fut forcé de me révéler être le créateur du lien. Dès lors j’ai absolument tout compris. Il est à l’origine de tous les maux de notre espèce, il en porte la plus grande responsabilité. J’ai réclamé justice et je l’ai attaqué. Il était un homme considéré comme un criminel par les dieux eux-mêmes. Pourtant … Pourtant la déesse de la Vie s’est mise en travers de mon chemin, l’a défendu. Abusant de sa position supérieure, elle a osé juger mes actions, elle loin des réalités, remettant en cause ma liberté. Et elle m’a maudite. Par la faute du Tarenth, je dus subir les affres d’une terrible malédiction. Qu’ai-je alors fait ? Je me suis opposé à lui, et à sa quête. Je voulais l’amener devant moi et l’obliger à endosser la responsabilité de ses crimes. Alors que j’ai sur le point d’y arriver, la déesse du Feu est intervenue pour le défendre une fois encore. Ces sois disant divinités a défendu un criminel ! Je fus blessé et amoindri, pire encore, livrer en pâture à la plus infâme des créatures existantes. ¤

Un grincement s’échappa des crocs du dragon rouge alors qu’il se remémorait ces terribles épreuves.

¤ Mais … j’ai au final triomphé. Avant de mourir, Vie a reconnu son erreur et à retirer sa malédiction. Allant contre la volonté divine, j’ai soigné la blessure de Feu. Et je me suis libéré de l’emprise du Tyran Blanc à qui je fus jeté en pâture. Malheureusement … le Tarenth n’a jamais reçu le châtiment qu’il méritait ! Et pire encore, je n’ai pas été en mesure de lui arracher les informations concernant le lien pour ainsi libérer les nôtres. ¤

Le colérique retira son esprit de celui de la dragonne d’orage. Il lui avait tout dit, ou presque, il avait en tout cas répondu à sa question. Sans quitter son frère du regard, le rouge lança une remarque acerbe et pleine de reproche au Tarenth.

« Nous avons tous les droits de te juger. Tu minimises grandement l’atrocité de tes crimes. Les déesses t’ont défendu alors qu’elles voyaient elles-mêmes, en toi, un criminel. Dès lors, Océan, Feu, Vent, Végétal, Vie, Mort et Terre ont perdu toute crédibilité. Je ne reconnais donc pas leur jugement outrageusement clément. Pour un individu comme toi, le plus sage est l’anéantissement pur et simple. Comptes sur moi pour trouver ici un moyen de faire en sorte que tu ne reviennes jamais dans le monde des vivants … pas après tout le mal que tu as pu y faire. »

Sans prêter davantage d’attention à ce misérable, il s’adressa directement dragon blanc.

« Cymbor … mon frère … Je suis venu ici uniquement pour te voir. Sur Ambarhùna, les bipèdes m’ont privé de ce plaisir avant que je n’arrive. Une fois que nous aurons fini. »

Le blanc sembla opiner du chef. Pendant ce temps-là, Tarenth prit la peine de répondre à la question de Sombréclat.

« Peu nombreux sont ceux qui sont parvenus à quitter les grains de la félicité. Et nombreux sont ceux qui, lorsqu’ils y parviennent, préfèrent y retourner. Mais cela n’explique pas uniquement notre si faible nombre. Avant de faire appel à vous, nous avons tenté de nous en sortir par nous-mêmes. Malheureusement, certains ont été corrompus et d’autres ont renoncé. »

Les paroles venant se perdre dans la brise du royaume des morts, un évènement perturbateur se produit. Une âme corrompue fit son apparition. Aurore fit remarquer son approche, ce qui permit à certains de réagir rapidement. Keetech tenta de raisonner l’ennemi, sans réussir. Kälyna préféra alors l’immobiliser et cela fonctionne. Pas une minute à perdre. La sommation avait déjà été donnée. Peu importe ce qui arriverait à l’âme désormais. Verith leva une griffe en direction de l’ombre et activa l’un de ses enchantements. Ignorant s’il était capable de la blesser, il essaierait au moins de l’envoyer le plus loin possible afin de leur donner assez de temps pour réactiver le mécanisme.

Verith est-il parvenu à jauger correctement sa force?

Compétence utilisée : Force physique niveau Exceptionnel. Taux de réussite 95

Modificateur :

Race : Dragon = +10
Cible immobilisée : Bonus = +5

Total taux de réussite : 95
Totale taux de réussite critique : 20

Résultat =>

- 20 ou moins réussite critique.
- 95 ou moins réussite.
- 96 ou plus échec critique.

Rapidement, l’attaque de l’ombre fut contrecarrée et l’agresseur repoussé. Cependant, Cymbor et le Tarenth restaient quelque peu sceptiques.

« J’ignore si cela la retiendra longtemps, une chose est sur nous n’en avons pas fini avec elle ainsi que ses semblables. Là où nous nous rendons, il y en aura d’autres. Alors essayons d’être discrets. »

Le groupe s’approcha de la colline pour finir par découvrir une large ouverture parmi le champ de blé. L’ouverture ressemblait à l’entrée dans temple, il y avait un escalier descendant, menant sur une grande salle. L’aura se dégageant de l’ouverture n’était guère rassurante. On pouvait presque avoir l’impression de se tenir face à une plaie purulente. Sauf que le mal qui contaminait cet endroit n’avait rien de biologique. Les deux guides ouvrirent la voie, rapidement le groupe se retrouva à l’intérieur d’une grande salle. Elle était assez sombre, mêlant marbre noir et marbre blanc. Des cristaux incrustés dans les murs émettaient une lueur froide, éclairant ainsi le lieu. La salle était une sorte d’arc de cercle et la partie courbée avait de multiples ouvertures, menant à de longs couloirs. L’endroit promettait d’être un véritable dédale.

Finalement au centre de la pièce, une moyenne pyramide couleur saphir, probablement faite en saphir, se dressait tel un joyau. Le Tarenth pointa du doigt le sommet de celle-ci.

« Regardez, du sommet de la pyramide jaillira bientôt un courant magique. Celui-ci se mettra alors à flotter dans l’air en de nombreux filins avant de se rassembler. Il empruntera l’un des nombreux couloirs et il nous faudra le suivre afin de nous rendre là où nous souhaitons nous rendre. C’est-à-dire au cœur du mécanisme de la réincarnation. Malheureusement … ce sera aussi le moment le plus dangereux, car les âmes corrompues pourront jaillir de ce flux pour nous attaquer. »

Petit à petit, la pyramide se mit à scintiller.

« Restez sur vos gardes »

Le scintillement traversa perpendiculairement et de manière ascendante le bloc de saphir, venant se concentrer à son sommet. Le scintillement finit par s’élever au-dessus de la pyramide en une sphère lumineuse. Celle-ci finit par commencer à se décomposer, de petits filins d’or s’en échappant  et s’élevant encore plus, venant flotter dans toute la pièce.

Malheureusement, au même instant, le scintillement fit échos au morceau du miroir des âmes en possession du dragon rouge. Le fragment fut violemment arraché de l’amure du rouge à laquelle il avait été fondu. La faible lueur qu’émettaient les filins vint se réfléchir sur le miroir et bientôt toute la pièce fut plongée dans une lumière aveuglante. Chacun des sens des membres de l’expédition fut troublé, les plongeant dans la plus profonde désorientation. Tandis que ce lieu fit écho à leur âme …

Tout le monde est désorienté et un évènement secret se produit pour chacun d’entre vous. Sans vous en rendre compte, vous vous mettez à bouger, mais impossible de savoir où vous guident vos pas.

Test de chance !
Tout le monde est à 50 ou moins !

• Aurore Lapsida
  
• Keetech
  
• Kälyna Vallaël
  
• Soreïn Dobern
  
• Sighild Arnbjorn
  
• Verith

Mais qu'est ce qu'il foutait là? Telle était la question que se posait le vieux loup de mer. Pourquoi avait-il embarqué ses hommes dans une aventure dont il ne savait rien?
En faite, il savait parfaitement pourquoi. La promesse de milles récompenses l'avait emporté sur la raison. Et tous autant qu'ils sont, ils étaient tombé dans le panneau. Tout ça pour suivre le Rouge dans un lieux ou ils n'avaient pas leur place pour réparer les conneries des dieux.
Soreïn avait ordonné à ses hommes de ne pas toucher aux épis de diamant qui se trouvaient devant eux. Et les faits devaient lui donner raison quand ils purent voir l'âme de l'un de leur mort rejoindre la multitude, tandis que le Rouge s'emportait, tout juste retenu par l'Enfant des Tonnerres. L'homme qui avait périt avait rejoint l'équipage de l'Espérance bien avant le début de la Grande Fuite. Un homme dont Soreïn se souvenait parfaitement. Toujours le sourire aux lèvres. Toujours prêt à rire, mais aussi toujours le premier dans les bagarres de taverne lorsqu'ils touchaient terre. Combien de fois le vieux Capitaine avait dû aller le récupérer dans les geôles de la garde pour ivresse ou violence sur la voie publique? Il avait arrêté de compter. Pourtant, ce nom viendrait s'ajouter sur la longue liste des noms de ceux qui avaient périt sous le commandement de Soreïn. Ils étaient partis, mais certains ne reverrait pas le soleil. Du moins, pas dans cette vie.

Ils faisaient face à un autre dragon et un être qui, d'après ses propres dire, était celui qui avait crée le Lien. Cette magie si particulier qui unissait les dragons à quelques rares élus. Le vieux vampire tourna un regard vers sa Maîtresse , l'interrogeant du regard. Mais celle ci lui fit une négation de la tête, répondant à la question muette. Elle non plus ne connaissait pas cet être ni même sa race.
L'étranger expliqua ce qui se passait autour d'eux. Le repos qui devenait torture à force de ne plus finir. Puis, ils entreprirent se mettre en route. Enfin, telle était l'intention, car à peine avaient-il fait un pas qu'un mouvement attira bientôt l'attention générale. Une ombre en jaillit, menaçante. Et une tentative de discussion fut entreprise. Mais devait-elle réussir ou échouer, nul ne le saurait car, le Colérique balaya la créature avec une puissante telle que le vieux vampire était bien content, pour le coup, de ne pas être celui qui se prenait l'attaque. En effet, la puissance déployée aurait probablement pu arracher la tête en laissant le reste du corps sur place. Une scène qui aurait pu être macabre. Mais non. La créature entière avait décollé, propulsé vers l'horizon, devenant bientôt un simple point avant de finalement disparaître.
Soreïn haussa un sourcil, se saisit de son sabre et jeta un regard à ses hommes qui, comme lui, attrapaient leurs propres armes, épées, gourdins, lances, arcs, arbalètes et bien d'autres encore. Ils allaient devoir se tenir prêt à combattre pour leur propre survie. Et le Capitaine n'échapperait pas à cela. Il ne comptait, de toute façon, pas laisser sa vie entre les mains des autres. Lors des abordages, il n'avait que rarement à se présenter dans les affrontements. Ses hommes se chargeant allégrement de l'ennemi. Mais aujourd'hui était un jour particulier. Et il ne pourrait pas se permettre de rester en arrière. C'est donc avec un regard chargé de regret qu'il regardait sa compagne de toujours. Il ne l'avait sorti pour le combat depuis bien longtemps, mais aujourd'hui, il laisser à nouveau cet acier noir revenir à la lueur du jour, prête à prendre la vie là ou elle la croiserait.

La troupe se remit en marche, se frayant un chemin entre les épis, jusqu'à, finalement, parvenir en vu de ce qui semblait être, soit un temple, peu probable au vu des petites dimension de l'édifice, soit une crypte. Ce qui, au vu de l'atmosphère pesante et malsaine qui s'en dégageait, était probable. Mais cela restait un lieux que Soreïn ne parvenait à apprécier le moindre du monde. Cela symbolisait pour lui l'enfermement, la privation. Et il savait parfaitement que nombre de ses hommes ressentiraient la même chose que lui. D'une certaine façon, cela était parfaitement à l'opposé le plus total de ce qu'ils étaient. Des hommes de la Liberté. Des enfants navigant sur les mers parce qu'ils n'aiment les contraintes de la terre.
Pourtant, le groupe choisissait de s'enfoncer dans les ténèbres de ce monde étrange. Ils arrivèrent alors dans salle semi circulaire au centre de laquelle trônait une pyramide de cristal. Au delà, les voyageurs pouvaient discerner des portes apparaître sur le mur en face. Des passages vers des destinations encore inconnues. Pourtant, ils devraient en parcourir une pour arriver à la réponse de leur mission. La question était de savoir quelle serait la bonne. Et d'après les deux guides, la réponse viendrait de la pyramide. Soreïn était quelque peu mitigé quand à la confiance qu'il leur accordait, mais à défaut d'autre chose, il ne pouvait que s'en remettre à leur parole.
Et comme annoncé, un éclat lumineux se produisit. Mais au lieux de voir le chemin, le vieil homme sentit son esprit être attiré par les ténèbre d'entre les mondes, comme aspiré hors de son corps.


Il se tenait face à une vaste étendue, le sol recouvert d'innombrables morts. Il était là, regardant les lieux, une arme unique dans la main gauche. Une arme qu'on lui avait confié lorsqu'il s'été dressé pour protéger les siens. Son nom raisonnera avec celui de cette arme dans la mémoire de son peuple. Il n'en doutait pas instant.
Mais alors qu'il observait cette désolation, cri claqua dans l'air, frappant le sol, comme si il s'extirpait du ventre même de la terre. Et, suivant ce bruit immonde, une immense créature insecte s'extirpa des entrailles du monde avant de bondir pour attaquer celui qui se tenait debout face à lui. Il était là et avant même que qu'il puisse dire quoi que se soit, la créature bondissait sur lui, toutes griffes dehors. Le guerrier parvint à retenir l'assaut, mais ne parvint à arrêter un coup qui vint lui entailler la poitrine.
Le brave résista comme il put, mais la blessure avait eu raison de lui. Il tomba au sol, tandis que la créature venait le surplomber pour enfin l'achever. Mais le geste de la monstruosité fut brutalement interrompu par l'attaque d'un graärh qui bondissait pour tuer la menace. Le brave lève une main maculée de sang vers le ciel. Une main de graärh implorant les cieux. Puis les ténèbres se saisissent à nouveau de lui.


Ou est-il? Pourquoi ce lieux lui est inconnu? Soreïn ne comprend plus rien. Il est essoufflé comme il ne l'a été depuis fort longtemps. Ses sens sont hagard et ses membres lourds. Les sons sont assourdis autour de lui. Même la lumière est devenue pâle. Pourtant, il est une chose qui n'a pas perdu son intensité. C'est ce flux au plafond que le vampire regard avec un regard perdu, tandis que des paroles lui reviennent en mémoire.

-Et il nous faudra le suivre afin de nous rendre là où nous souhaitons nous rendre. C’est-à-dire au cœur du mécanisme de la réincarnation.

Il regarda autour de lui, se redressant et essayant de tenir debout sans le soutien de ce mur qui l'avait porté.

-Il nous faut suivre ce courant pour trouver l'issu.

Même ces mots s'échappèrent de ses lèvres avec une lourdeur certaine.
Il chercha à savoir qui se trouvait autour de lui. Qui, de son équipage et des autres voyageurs se tenaient encore là. Mais il se sentait tellement là, tellement fatigué.
Le vieux Soreïn fit un pas pour suivre ce courant qui semblait vouloir l'emporter vers une destination encore inconnue.