¤ Le temps des aveux ¤
Il n’avait pas eu le temps de regarder l’environnement, il n’avait pas eu le temps de ressentir ce nouveau lieu, il n’avait pas eu le temps de profiter de la découverte que cette aventure l’amenait à faire. Le dragon rouge aimait l’aventure, il aimait les découvertes, et ici, il pouvait combler cette passion. Cependant, il n’en avait pas le temps, ou plutôt, il n’en avait pas le luxe. Cette opportunité, il ne pouvait la saisir. Et tout son corps lui disait qu’il ne devait pas la saisir. À l’instant même où il était apparu de l’autre côté du portail, à l’instant même où il avait mis une patte dans le royaume des morts, à l’instant même où son regard s'était posé sur l’un des deux protagonistes qui les attendaient ... son sang n’avait fait qu’un tour. Les pupilles du colosse de flammes s’étaient contractées, ces écailles s’étaient hérissées, et son corps avait bougé de lui-même pour se mettre dans une posture à la fois défensive et agressive. Il était là ! Cet individu ! Cette créature ! Ce monstre ! Cette erreur divine ! Cette abomination ! Les crocs du rouge se serraient si fort les uns contre les autres qu’un grincement en résultait. Toute la haine et la colère de l’enfant de l’orage semblaient fusionner, s’incarnant dans une lueur de pure malveillance reposant dans ses yeux, braqués droits sur l’antique créature. Lui ! C’était lui ! Il était là ! Devant sa personne ! Dans ce lieu ! Comment ? Comment ?! Et surtout pourquoi ?!! Cette créature, la plus honnie de toute la création. Cette abomination, ce menteur, ce traitre ! L’infamie personnifiée se tenait là, où l’on vient connaitre la paix. Mais lui ! Lui … il ne méritait pas le repos ! Il ne méritait pas la paix ! Jamais il ne le méritait et jamais il ne le mériterait. Toutes les bonnes actions du monde ne sauraient racheter ces crimes. IL N’ÉTAIT QU’UNE CALAMITE !
Comme il s’y attendait, sa rage prit le dessus, comme ce jour devant Vie. Peu importe sa taille, peu importe sa forme, peu importe le danger, peu importe les contraintes. Il lui ferait lui-même payer ses actes atroces ! Les griffes du rouge se plantèrent dans le sol et ses ailes s’apprêtaient à s’étendre. Il était devenu beaucoup plus puissant depuis la dernière fois. Sa magie ne pourrait plus rien pour lui, il n’était qu’un bipède aussi misérable que les autres à présent ! Tout son être criait justice, justice pour ce que sa race avait subi et pour ce que lui avait subi par SA FAUTE !
Au moment où Verith s’apprêta à bondir pour charger ce le misérable Tarenth, quelqu’un s’interposa. Qui ? Qui osait encore une fois se mettre entre lui et ce criminel ? Qui osait encore prendre la défense de cet individu honnie de tous ! Qui s’alliait à ce traitre !!!
C’est alors que les pupilles et les oreilles du colérique décelèrent parmi la malveillance qui l’aveuglait et l’assourdissait, la présence de Keetech. Sa noirceur s’évanouit en quelques instants, revenant au plus profond de lui-même pour dormir, écraser par la raison. C’est vrai, il n’était pas venu ici pour ça ... il était venu pour voir son frère … comme quand il était venu sur Ambarhùna. Lentement le regard du rouge glissa vers le blanc, un grand sentiment de soulagement l’envahissant. Au point qu’il ne put dire mot et détacher son regard de lui. Sans nul doute pour le mieux. Il entendit à peine les paroles du Tarenth lorsqu’il confessa ses crimes, minimisant leur gravité. Quand bien … il y en avait certains que le dragon pouvait comprendre … ce qui l’avait conduit à prendre l’antique créature à pitié. Mais c’est bien en raison de ces quelques crimes qu’il pouvait comprendre que la situation était devenue aussi dramatique avec les bipèdes ! Ces immondes avaient une part des responsabilités, mais larme d’argent aussi !
« Verith…A présent, je pense pouvoir mieux comprendre la raison de ta haine envers cette créature, ce Tarenth…mais je voudrais entendre d’autres explications de ta bouche. Tu es le seul en qui j’ai véritablement confiance et j’en ai assez de tous ces non-dits, de ces secrets qui créent un fossé entre nous…Existe-il d’autres choses que j’ignore entre toi et ce bipède ou que je devrais savoir pour la suite de cette quête ? »
Les paroles de Keetech lui vinrent à nouveau. Son esprit s’enroula doucement autour du sien.
¤ Tout … tout est de sa faute. Pas seulement le lien … mais tous les maux qu’on connut les nôtres à cause des bipèdes. C’est à cause de lui. Son avidité l’a poussé à franchir les limites interdites. Son espèce peut voir l’avenir … en s’associant à un dragon il peut voir plus loin encore … mais cela ne le satisfaisait pas … alors il créa un objet avec les flammes des nôtres et la puissance dérobé des dieux. Dès lors il put voir un avenir, un avenir extrêmement lointain. Celui d’Ambarhùna, terre des dragons, ravagé par la folie des bipèdes, et où sa race n’était plus … comme ce fut le cas. Outré, il a colporté sa vision, soulevant sa race contre les dieux, les blessant. À ce moment-là, il a scellé sa vision. Les Tarenth devaient être avec nous, pour accueillir elfes, vampires et humains. Ils devaient leur permettre de vivre en paix. Toutefois, en attaquant les dieux, il a provoqué le bannissement de son espèce et a scellé à tout jamais le destin des bipèdes. Je t’ai dit que les bipèdes sont incapables d’apprendre … la vérité, c’est parce qu’ils ne le peuvent pas. Ils sont condamnés à être en proie à leur folie. Et nous dragon à la subir. Sauf si nous y mettons fin en les exterminant, car tel est notre seule chance, car notre mission n’est pas de les mener à la paix. Et les échecs des dragons liés ne font que le mettre en évidence. ¤
Verith marqua une pause, s’enroulant un peu plus autour de l’esprit de sa douce.
¤ Lorsqu’il m’a compté sa vision, c’est sa volonté de protéger sa race et de vouloir justice face aux espèces barbares que sont les elfes, les vampires et les hommes qui m’ont conduit à avoir pitié de lui. J’ai alors essayé de l’aider dans sa quête, et je lui ai apporté mon soutien dans sa pensée, ayant jugé les bipèdes nuisibles en raison de leur action, le défendant même face à un dieu. Puis … il fut forcé de me révéler être le créateur du lien. Dès lors j’ai absolument tout compris. Il est à l’origine de tous les maux de notre espèce, il en porte la plus grande responsabilité. J’ai réclamé justice et je l’ai attaqué. Il était un homme considéré comme un criminel par les dieux eux-mêmes. Pourtant … Pourtant la déesse de la Vie s’est mise en travers de mon chemin, l’a défendu. Abusant de sa position supérieure, elle a osé juger mes actions, elle loin des réalités, remettant en cause ma liberté. Et elle m’a maudite. Par la faute du Tarenth, je dus subir les affres d’une terrible malédiction. Qu’ai-je alors fait ? Je me suis opposé à lui, et à sa quête. Je voulais l’amener devant moi et l’obliger à endosser la responsabilité de ses crimes. Alors que j’ai sur le point d’y arriver, la déesse du Feu est intervenue pour le défendre une fois encore. Ces sois disant divinités a défendu un criminel ! Je fus blessé et amoindri, pire encore, livrer en pâture à la plus infâme des créatures existantes. ¤
Un grincement s’échappa des crocs du dragon rouge alors qu’il se remémorait ces terribles épreuves.
¤ Mais … j’ai au final triomphé. Avant de mourir, Vie a reconnu son erreur et à retirer sa malédiction. Allant contre la volonté divine, j’ai soigné la blessure de Feu. Et je me suis libéré de l’emprise du Tyran Blanc à qui je fus jeté en pâture. Malheureusement … le Tarenth n’a jamais reçu le châtiment qu’il méritait ! Et pire encore, je n’ai pas été en mesure de lui arracher les informations concernant le lien pour ainsi libérer les nôtres. ¤
Le colérique retira son esprit de celui de la dragonne d’orage. Il lui avait tout dit, ou presque, il avait en tout cas répondu à sa question. Sans quitter son frère du regard, le rouge lança une remarque acerbe et pleine de reproche au Tarenth.
« Nous avons tous les droits de te juger. Tu minimises grandement l’atrocité de tes crimes. Les déesses t’ont défendu alors qu’elles voyaient elles-mêmes, en toi, un criminel. Dès lors, Océan, Feu, Vent, Végétal, Vie, Mort et Terre ont perdu toute crédibilité. Je ne reconnais donc pas leur jugement outrageusement clément. Pour un individu comme toi, le plus sage est l’anéantissement pur et simple. Comptes sur moi pour trouver ici un moyen de faire en sorte que tu ne reviennes jamais dans le monde des vivants … pas après tout le mal que tu as pu y faire. »
Sans prêter davantage d’attention à ce misérable, il s’adressa directement dragon blanc.
« Cymbor … mon frère … Je suis venu ici uniquement pour te voir. Sur Ambarhùna, les bipèdes m’ont privé de ce plaisir avant que je n’arrive. Une fois que nous aurons fini. »
Le blanc sembla opiner du chef. Pendant ce temps-là, Tarenth prit la peine de répondre à la question de Sombréclat.
« Peu nombreux sont ceux qui sont parvenus à quitter les grains de la félicité. Et nombreux sont ceux qui, lorsqu’ils y parviennent, préfèrent y retourner. Mais cela n’explique pas uniquement notre si faible nombre. Avant de faire appel à vous, nous avons tenté de nous en sortir par nous-mêmes. Malheureusement, certains ont été corrompus et d’autres ont renoncé. »
Les paroles venant se perdre dans la brise du royaume des morts, un évènement perturbateur se produit. Une âme corrompue fit son apparition. Aurore fit remarquer son approche, ce qui permit à certains de réagir rapidement. Keetech tenta de raisonner l’ennemi, sans réussir. Kälyna préféra alors l’immobiliser et cela fonctionne. Pas une minute à perdre. La sommation avait déjà été donnée. Peu importe ce qui arriverait à l’âme désormais. Verith leva une griffe en direction de l’ombre et activa l’un de ses enchantements. Ignorant s’il était capable de la blesser, il essaierait au moins de l’envoyer le plus loin possible afin de leur donner assez de temps pour réactiver le mécanisme.
Spoiler :
Köinzell
Noyé dans la magie, les flammes et le sang du dragon de l’ire, ce qui était autrefois qu’un vulgaire caillou s’est profondément transformé. Submergée par les flammes d’un grand cracheur de feu, la pierre est devenue incandescente et intouchable. Prête à être travaillé. Imprégnée de la magie d’un ancestral, la roche en fusion s’est transformée, prenant la forme d’un joyau. La matière le composant se transforma, devenant en majorité un mithril couleur ébène. Le corps du bijou se fractura, faisant apparaitre des ciselures dont certaines vinrent se recouvrir d’adamantine argentée, mettant en relief ce qui ressemble grossièrement à un dragon. Le cœur du joyau éclata, laissant une alvéole. L’enfant de l’orage se mutila alors pour laisser son sang coulé et vint baigner le joyau à l’intérieur. Le bijou absorba le sang qui se cristallisa à sa pointe pour former deux griffes, dos à dos, l’une plus petite que l’autre. Enfin, le sang se cristallisa également dans l’alvéole, formant une gemme unique, que le mithril d’ébène vint enserrer. Martelant son œuvre avec son esprit maudit, Verith l’imprégna de son ire, de son animosité et de toutes ces émotions parasites que la malédiction de Vie le forçait à ressentir. Bientôt, la gemme de sang vit apparaitre en son sein une brume noire et grenat. Cette brume qui tournoie, prise au piège dans la gemme, semble par moments répondre aux regards de ceux qui l’observent intensément … par un même regard.
(Le joyau viendra se fondre dans l’armure de Verith).
Etat: EQUIPER
- Glyphe 1: Dragon libre : Il est difficile d'imposer sa volonté au porteur du joyau. Quiconque sera tenté devra redoubler d'efforts pour parvenir à le forcer à agir contre son gré. (Fonctionne contre le sort "Autorité" de la magie de l'âme. Je préfère le préciser on sait jamais ^^)
- Glyphe 2: Impalpable épée : A apposer sur un bijou, permet de porter un coup d'une épée magique invisible sur l'adversaire désigné, le coup de type contondant est de puissance égale à la caractéristique force du porteur.
- Glyphe 3: Impalpable bouclier : A apposer sur un bijou ou une cape, permet d'absorber un coup ennemi grâce à un bouclier magique invisible de puissance égale à la caractéristique endurance du porteur.
- Glyphe 4: Résistance : Enchassée dans un bijou ou une armure, elle lui donne la propriété de monter la résistance du personnage d'un rang.