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6 juillet


Un dernier faisceau de lumière baignait le bureau d'une lueur écarlate. Il soulignait délicatement le bois vernis du pupitre auquel était accoudé la jeune conseillère. Elle dégagea une mèche brune pour la ranger tranquillement avec les autres qui roussissaient au soleil. Son doigt s'arrêta sur une ligne passablement raturée de la missive qu'elle lisait et relisait sans vraiment en comprendre le sens. Avec un soupir elle se laissa aller sur le dossier de sa chaise et rejeta sa tête en arrière pour refermer lentement ses paupière sur les yeux fatigués par une journée de travail éreintante. Caladon avait beau se porter à merveille, comme toutes les villes au sein de ces nouvelles terres, tout y était à refaire. Et en mieux si possible. Alors la jeune Ostiz faisait de son mieux pour honorer son poste dans l'espoir de faire rougir de jalousie ses prédécesseurs. Néanmoins elle n'en restait qu'une jeune femme de 23 ans, e qui n'était rien comparé aux centenaire du Bourgmestre. Elle se demandait des fois si sa course au pouvoir n'était pas vaine quand elle faisait face à des ennemis capable d'ignorer son existence ne représentant qu'un grain de poussière dans celle de l'univers. Un sourire fendit ses lèvres à cette pensée. Elle était vraiment fatiguée.

Rebouchant son encrier soigneusement, son attention se porta sur la porte menant au bureau adjacent. Cela ne faisait pas quelques mois qu'elle travaillait dans ce bureau mais jamais elle n'avait ne serait ce entrouvert cette porte. Dissimulée dans un coin de la pièce, elle semblait ne servir qu'au extrêmes urgences, comme un passage dérobé vers de vieux sous terrains. Pourtant elle savait pertinemment ce qu'elle apercevrait si elle soulevait le loquet. Un autre bureau, surement identique au sien, à quelques détails près, puisqu'il appartenait à une personne occupant la même fonction qu'elle. Quelque part la demoiselle n'aimait pas l'idée de ne pas être unique. Aussi, si elle ne prenait pas ses coéquipiers pour des rivaux, elle avait tendance à les ignorer. Néanmoins depuis qu'elle était arrivée à Caladon elle sentait la solitude peser sur son coeur. Après la fuite des terres de leurs ancêtres, elle avait bien vu que les amitiés qu'elle avait soit disant liées avec les nobliaux étaient futiles et superficielles. Elle avait tenté de se recentrer sur ce qui lui restait mais comme tout un chacun ici bas, il ne persistait plus grand chose à part son nom et son ambition. Loin de sa famille, de son amant, seul le Bourgmestre lui portait le réconfort qui lui nécessitait. Elle ne voyait pas d'un bon oeil non plus qu'une autre soit sa protégée.

Elle l'avait déjà vu, cette crinière cuivrée, au détour d'une réunion ou d'un discours. Il lui avait semblé en dégager une légèreté et une grâce infime qu'elle avait surement jalousement observé. La demoiselle reposa le dossier qu'elle finissait de trier sans détacher son regard de la cloison qui les séparaient. Elle abandonna la paperasse sur son écritoire et dans un élan de courage s'empressa vers la porte d'un pas décidé. La main sur la poignée Eleonnora se maudit d'être aussi nerveuse pour une simple entrevue, même à but personnel. Ce n'était pourtant pas son genre de se tracasser pour une simple collègue qui, en soit, n'avait rien d'intimidant. Cependant pour une fois elle ne se fichait pas d'avoir l'air trop sèche ou trop hautaine. Pour une fois, elle voulait faire bonne impression auprès d'une collègue. Était-ce symptomatique de sa solitude ou bien juste un changement qui s’opérait en elle depuis son arrivée? Elle ne s'en alarma pas, se disant que ceci était bien volontaire, que si elle devait reconstruire sa vie ici, elle le ferait mais en meilleur. Elle vérifia alors que sa coiffure, bien tressée ne soit pas trop débraillée, et que son corset fut bien serré sans entacher aux plis de sa robe de satin.

Trois coup sec résonnèrent et elle ouvrit la porte avec un sourire avenant. Sérieusement penchée sur son secrétaire, son aînée ne semblait pas avoir fini sa journée. Des piles de paperasses et de dossiers s'y empilaient de la même manière que sur le sien. Elle ne fut pas surprise de rencontrer une personne sérieuse à la tâche; Le Bourgmestre ne s'entourait pas de bons à rien de toute façon. Elle attendit que son hôte lève les yeux de sa lecture pour la saluer proprement d'une légère révérence.

« Bonsoir Dame Falkire! » Sans réellement  avoir été invitée, la jeune femme prit la liberté de s'avancer vers son interlocutrice.
« Je ne vais pas m'excuser de venir vous déranger, car c'est bien mon but...Mais regardez, le soleil se couche déjà, peut être devriez vous poser votre plume pour aujourd'hui, qu'en pensez vous? Oh, n'allez pas me prendre pour une fanfaronne qui dénigre son travail, loin de là! Je ne fais que penser à votre bien être... »Elle eu un sourire gêné, priant pour ne pas avoir fait trop mauvaise impression. Elle avait beau maîtriser la diplomatie, l'art de la rhétorique, lorsque cela en venait au domaine de l'intimité elle était vite perdue.
« Je ne crois pas m'être présentée à vous personnellement; Eleonnora Ostiz, fille de Crissolorio Ostiz, votre collègue au siège du conseil de la ville de Caladon. Enchantée de faire affaire avec vous.» Encore une révérence.

En y réfléchissant bien, elle n'avait jamais appercu, voir même entendu parler d'elle avant son entrée au conseil...comment une personne aussi mystérieuse avait-elle pu intégrer l'équipe d'un personnage aussi important qu'Aldaron? « Nous ne nous sommes jamais rencontrée, n'est ce pas? Il ne me semble pas vous avoir déjà vue...Vous débutez  dans le milieux de la politique peut-être? » Elle eu une expression tintée de doute. Etait-elle une intime de l'elfe? Il était fréquent dans la politique de s'entourer de ses proches. Mais alors quelle relation entretenait-elle avec lui? Elle s'interdit de continuer à faire des conclusion hâtive, sans quoi elle serait déjà ennemie avec sa collègue avant qu'elle ne prononce un mot.[

Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Jeu 5 Avr 2018 - 0:15, édité 4 fois

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La plume qui faisait des cercles dans sa danse s’arrêta nette lorsque les coups retentirent à sa porte. Autone haussa un sourcil, fronça de l’autre, mouvement inconscient et récurrent. Elle se redressa sur sa chaise, sans poser sa plume. « Entrez. »

Elle resta assise, lorsque la jeune conseillère franchit la porte de son bureau. D’abord surprise, puis elle sourit brièvement, poliment en esquissant un hochement de tête. Son sourire était sincère, mais ses yeux, fatigués, regard qui s’était emparé d’elle bien avant son arrivée. Son sourire s’élargit, sa poitrine fit une petite secousse dans son rire muet. Seul un souffle se fit entendre. Elle était si jeune, son cœur était frais. Un courage de prononcer ce que l’on pense.

« À votre grande déception, Dame Ostiz, Je n’abandonne pas mes papiers tant que mon travail n’est pas complété. C’est ainsi que je suis toujours parvenue à être efficace. » Elle leva un sourcil en observant sa plume un moment. « Cependant… » Elle posa l’objet et se leva, ses mouvements semblaient toujours être d’une légèreté surnaturelle. Ils l’étaient. « J’ai commencé à utiliser cette méthode il y a bien des années. Avant d’avoir une famille et des enfants. » Elle pouvait se permettre d’oublier un repas et de négliger son propre sommeil, mais pas d’expliquer à ses enfants qu’elle avait trop de travail pour rentrer avant qu’ils ne soient déjà au lit.

Eleonnora Ostiz, fils de Crissolorio Ostiz. Autone fût fort surprise, lorsqu’elle apprit son nom la première fois. Si l’homme fut jadis son ennemi, le rossignol n’en tenait pas rigueur à l’enfant. Elle trouvait bien drôle que la jeune femme vienne s’informer sur ses origines de manière aussi directe. Il était vrai que du point de vue d’une jeune femme de la noblesse, elle sortait de nulle part et était déjà très bien intégrée dans Caladon. Mais c’était seulement parce que tout pouvait se vendre, ici, qu’elle s’était installée aussi facilement. Autone fit un peu de rangement dans ses papiers, séparant ce qui était déjà fait du travail qui serait à reprendre le lendemain. « Je suis marchande depuis…Plus de trois ans, si ma mémoire est bonne. Cela m’a fortement aidé à gagner mon élection. Le soutien du Bourgmestre, également. Vous pourriez dire que je débute en politique. Mais qu’est ce que la politique chez les Kohan, sinon des hommes et des femmes pratiquant l’influence qui leur a été donné par le hasard de leur naissance. » Elle avait prononcé ces mots sans hargne, bien qu’à une époque, la haine aurait coulé dans son discours. « La famille de mon mari a obtenu ses titres de noblesses par fait d’armes. Par conséquent, je ne suis pas un stratège militaire et… » Elle s’arrêta un moment, elle regardait le vide, inexpressive, puis reprit un sourire plus ou moins sincère. « Être la femme du commandant des armées d’Aldaria ne m’aurait pas permis de faire entendre ma voix. »
Autone se dirigea vers la porte de son bureau. Tout près y reposait sa ceinture, sur laquelle était accroché une sacoche ainsi qu’une dague : On pouvait reconnaitre Printemps étrange. Elle l’attacha autour de sa taille et attrapa sa cape.
« Je pourrais profiter de compagnie pour prendre le thé. » L’invita-t-elle, d’un sourire bienveillant.


Dernière édition par Autone Falkire le Mar 13 Mar 2018 - 22:34, édité 1 fois

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Autant dire que collègue était le terme qu'elle employait pour cette jeune femme qui lui faisait face et tout ceux qui travaillaient avec elle car la demoiselle ne daignait leur adresser la parole uniquement dans le cadre de leur travail commun. Mais le Bourgmestre avait su chambouler sa vision des choses et sa limite entre relation professionnelle et intime s'était vue brouillée. Avant qu'elle n'arrive, les êtres de confiances qui l'aidaient dans son entreprise étaient tenu par des engagements communs où chacun des partis s'y retrouvaient. Pour gagner la fidélité d'un homme il suffisait de le payer plus que les concurrents. Ou de le menacer, cela allait de soi. Elle avait toujours suspecté les sentiments d'être instables et imprévisible. Voilà pourquoi elle restait quelque peu méfiante avec cette inconnue.
Eleonnora réalisa qu'elle en savait peu à propos des collègues qu'elle côtoyait depuis déjà quelques mois. Elle savait bien qu'elle était son aînée mais de là à savoir qu'elle avait des enfants, une famille qui attendait son retour chaque soir. La nostalgie la submergea à cette idée. Il fut un temps où elle aussi avait eu une famille similaire. Dorénavant elle n'était plus une enfant, elle se devait d'avancer seule. Elle eu une pensée pour son père qui, peu importe où il était, avait fait éclater la famille Ostiz par son absence. Le noyaux autour du quel son monde gravitait. De toute façon, sans nouvelles de ses frères et sa soeur s'étant installée à la cour aux côtés de son bourgeois de mari, la cadette était la seule à pouvoir faire perdurer le nom de l'ancien de régent. Finalement, ne s'en sortait pas si mal sans lui?

Elle se demanda d'ailleurs si son interlocutrice était impressionnée lorsqu'elle avait prononcé son nom? Elle le savait surement avant qu'elle vienne se présenter mais cela faisait toujours son petit effet. Au demeurant elle ne détestait pas se faire remarquer alors cela lui fit esquisser un sourire. Néanmoins au delà des apparences, que savait-elle de ce qui pouvait traverser l'esprit de dame Falkire lorsqu'on énonçait le nom du vieux régent. Il était certes respecté mais comme tout politique avait autant d'ennemis que d'amis. Sa fille savait pertinemment qu'il aurait essayé de protéger sa famille de l'influence de sa réputation mais comme par rébellion elle ne pouvait s'empêcher de le rappeler.

Ce n'était pas réellement surprenant que la conseillère soit issue du commerce. Toujours aussi compréhensible que sa benjamine ne l'ai pas connue. En tant qu'aristocrate elle avait été habituée à ne côtoyer que le haut du panier, restant dans sa tour et faisant de son mieux pour éviter le monde d'en bas. Bien que cette vision quelque peu contreproductive avait changée, notamment par l'intermédiaire de son capitaine favori, cette dernière avait encore du mal à se mêler à la foule. A Caladon les rangs sociaux restaient présents de façon symbolique dans les esprits. Cependant ils étaient souvent déjoués par les bourses les plus remplies. Aussi la jeune Ostiz ne pu que sourciller à la remarque de son homologue. La visait-elle? Bien évidemment qu'elle avait gagné les élections grâce à la réputations de son nom, le soutiens du Bourgmestre mais aussi grâce aux capacités qu'elle avait acquise à force de travail. Elle connaissait cette animosité qu'avaient ceux qui partaient de bas pour la haute société. Elle ne leur en voulait pas pour penser ainsi mais ce n'était pas elle qui allait plaidoyer pour changer le cours des choses. Au contraire, elle se complaisait avec ses privilèges et serait prête à se battre pour les garder tels quels, contrairement à certains .

Aussi, elle aurait pu être irritée par cette réflexion mais le nom de l'empereur sut la détendre. Bien que la haine n'était pas palpable dans ses propos, la femme qui lui parlait avait sans aucun doute eu des différents à propos de leur dirigent. Autant de raisons de piquer la curiosité de la demoiselle. Elle fut bien heureuse de voir que le conseil de Caladon ne semblait, en général, pas favorable à la position des Kohan. L'avenir dira bien ce qu'il advient de ce petit prince.

« C'est bien pour ça que Caladon aspire chaque jour à devenir un peu plus indépendante. Il ne reviendra qu'à nous de reconnaître la valeur de ceux avec qui nous faisons affaire. » C'est avec un sourire mesquin qu'elle parlait de la royauté. Elle n'était pas prête à faire entendre le fond de sa pensée quand à Nolan Kohan mais on pouvait deviner son dissentiment à son égard.

« Votre mari...» Elle se tut, plaquant sa main sur sa bouche.  Le commandant des armées Aldariennes...n'était-il pas...mort? Comme beaucoup de soldats. Comme son frère. Et peut-être son père. Elle comprit alors d'où venait l'air las de dame Falkire. Elle baissa les yeux, gênée par les mots qui auraient pu sortir de sa bouche. « Toutes mes condoléances...»

On avait tous perdu un peu de soi sur la terre de nos ancêtres. Des familles avaient été brisées, des amants séparés, des enfants abandonnés...A chaque fois qu'elle devait faire face à cette réalité la jeune fille réalisait un peu plus à quel point ce départ avait pu être dévastateur. Alors quelque part elle comprenait sa douleur et décida de ne pas épiloguer sur le sujet. Elle fut d'ailleurs quelque peu impressionnée par la force de cette femme qui paraissait pourtant si légère.

« J'en serai ravie mais, ne vais-je pas déranger vos activités?» Simple politesse; Elle était réellement excitée à l'idée de rendre visite à cette femme mystérieuse.

La jeune conseillère attendit à peine que cette dernière lui réponde pour lui demander d'attendre quelque secondes, le temps qu'elle ailles chercher sa capeline et verrouiller son bureau. Elle se précipita à la recherche de ses affaires, passa devant son secrétaire, ralenti en hésitant devant la pile de dossiers et passa son chemin en haussant les épaules. Elle pouvait bien oublier la paperasse pour ce soir. Un grand sourire enthousiaste aux lèvres, elle retrouva son aînée devant son bureau.

descriptionPremier contact- Autone EmptyRe: Premier contact- Autone

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Elle sourit pour rassurer la jeune dame, ne voulant lui faire croire qu’elle était la cause d’un sujet si délicat. Elle semblait bien choquée de cette information, mais surtout étrangement informée. Elle eut envie de lui demander si elle était de ceux qui avaient rendus son corps à ses proches. Mais elle n’en fit rien et soupira avant d’incliner légèrement la tête. “Merci.”  

Le rossignol ricana de manière bienveillante lorsque la petite Ostiz se montra timide de son invitation. Elle était drôle et douce de s’en préoccuper. Néanmoins, il s’agissait de son invitation et Autone était bien seule. Les soeurs de Matis animaient la maison, les trois enfants qui y résidaient aussi. Mais ces gens, elle pouvait les voir tous les jours alors que c’était la première fois qu’elle avait l’occasion de prendre le thé avec la jeune Ostiz. “Aucunement.”  Autone eût à peine le temps de répondre, l’enfant partait chercher ses possessions de manière précipitée. Elle Passa sa cape autour de ses épaules et attacha l'agrafe devant son cou.

Elle attendit que la jeune fille passe devant elle puis referma la porte de son bureau. Autone sortit un clé d’une pochette de son corset, vieille habitude, et verrouilla la poignée avant de replacer le petit objet métallique.

“Je possède une maison, dans le quartier intérieur. J’y habite avec les soeurs de mon mari, ainsi que la famille de l’une d’elles. J’espère que vous n’avez rien contre les enfants.” Lança-t-elle, légèrement. Elle prit un moment pour apprécier la douceur du vent de juillet. Le soleil faisait grâce de ses derniers moments de lumière et la terre le remerciait en reflétant ses teintes dorées. C’était la plus belle heure de la journée, qui se répétait tôt le matin et en début de soirée.

Il n’y que quelques minutes de marche avant d’arriver devant la maison des Falkire. Elle était suffisamment grande pour permettre le confort de chacun, mais humble dans sa décoration. Rien à voir avec la maison dans laquelle elle s’était mariée, mais il était visible que cette maison abritait une famille noble. La veuve ouvrit la porte de sa résidence sans avoir à la déverrouiller: Yolande et Satie étaient déjà à la maison. Elle n’eût le temps de retirer sa cape que deux petites silhouette sautaient vers elle. Elle n’était pas suffisamment  forte pour les soulever dans ses bras. Jadis, Matis le faisait à sa place, mais maintenant leur nourrice était celle qui l’aidait.

Le rossignol s’accroupit pour serrer ses deux enfants dans ses bras à la fois, puis se glissa derrière eux avant de pouvoir se relever. “ Odélie, libère un peu le passage s’il te plait.” L’enfant marcha vers sa mère pour laisser passer l’inconnue. Les jumeaux regardaient l’Ostiz avec des grands yeux ronds. Autone ricana doucement en enlevant sa cape. “Layla je te prie.” appela-t-elle. La nourrice arriva et emmena les enfants plus loin. Une servante prit soin de venir chercher les capes des jeunes femmes et les accrocha. Elle en profita pour lui demander de servir le thé.

“Satie, j’ai une invitée. Yolande?”  

Elle sourit aux deux jeunes femmes qui jouaient aux échecs dans le salon. Yolande gagnait, comme à son habitude. Je vous présente Eleonnora Ostiz, elle conseillère auprès du Bourgmestre de Caladon. Les jumelles s’inclinèrent légèrement, restant assises. Autone invita sa collègue à la suivre en se dirigeant vers le boudoir. Elle s’assied sur un fauteuil devant une petite table où la théière était déjà disposée. La veuve pointa le fauteuil de l’autre côté de la table et servit le thé dans la tasse de sa collègue.

“Vous me posez des questions sur mon ascension à ce poste. Cependant vous êtes la plus jeune conseillère que je connaisse Dame Ostiz.”  

Moins jeune que l’empereur Kohan, certes, mais c’était tout de même notable.

“Je ne voudrais pas attribuer vos faits à votre père, mais cela doit être déterminant. Je ne l’ai pas vu depuis que j’ai quitté à Gloria, bien avant le pouvoir du tyran. A-t-il rejoint les forces de Caladon?”  

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Eleonnora avait été quelque peu surprise de savoir que sa collègue abritait plusieurs familles au sein de sa demeure. On lui avait enseigné que cette pratique était courante chez les gens de basse condition, n'ayant pas de quoi se payer plusieurs logements. Des fratries entières logeaient alors dans la même ferme même après leurs mariages respectifs. Elle comprenait ce sens de la famille qui pouvait unir les êtres du même sang, étant elle même une fervente servante de son nom, mais avait du mal à appréhender une telle vie. Il était vrai qu'elle avait vécu longtemps aux côtés de son père mais elle aimait avoir un espace privé, ce qui était sans aucun doute un luxe dans cette période de reconstruction. En effet, elle vivait seule dans son manoir, qu'elle avait fait construire aussi grand que le permettait le bon gout et  ses moyens qui étaient désormais plus limités que jamais. Jamais l'idée de demander à sa sœur et sa famille emménager à ses côtés ne l'avait effleurée. Mais après réflexion cette dernière lui avait proposé asile dans sa propre demeure à Sélénia. Cultivant avec fierté son indépendance naissante la demoiselle avait gentiment refusé cette proposition. Elle aurait eu peur qu'elle ne la prenne pour son troisième enfant maintenant qu'elle était la dernière famille qui lui restait. De toute façon elle n'avait pas d’affinité particulière avec son sélénien de mari.

Néanmoins elle comprit ce qui lui manquait tellement dans sa grande maison. L'agitation était palpable ici. Des manteaux sagement suspendus dans l'entrée suffisaient à faire éprouver la vie qui animait la demeure. Des petits pas vifs se firent entendre à leurs côtés et avant que la jeune Ostiz ne s'en aperçoive deux petits garnements se jetaient dans les bras de leur mère. Cette scène attendrissante la fit sourire tendrement. Avoir quelqu'un qui attende son retour, voilà ce qui lui manquait.

Néanmoins elle ne s'était jamais vue en mère de famille comme son aînée. Surtout lorsqu'on voyait à quel point elle pouvait être à l'aise avec les enfants. Elle eu un sourire embarrassé en direction de la petite créature qui la fixait maintenant depuis quelques secondes, ne sachant comment réagir. Ces êtres imprévisibles avaient tendance à lui faire perdre ses moyens plus qu'autre chose. Une domestique la débarrassa de sa capeline et elle en profita pour se glisser hors du champs de vision de ses grands yeux remplis de curiosité.

Suivant son hôte au sein de son foyer, elle pu admirer la sobriété de ses appartements, pourtant assez vastes pour que l'on puisse deviner le rang de la maîtresse de maison. En entrant dans le salon elles croisèrent deux autres femmes, qui devaient être les sœurs, si elle avait bien suivit. Occupées à jouer, elles ne s'étaient pas levées pour saluer la jeune femme. Celle-ci se mordit l'intérieur des joues, s'interdisant toute remarque. Elle n'allait pas remettre à leurs place les sœurs de son hôte au coeur de son propre logis. Il n'y aurait pas eu plus grossier. Ne fallait-il pas oublier qu'à Caladon l'étiquette n'avait de valeur que lorsqu'on parlait d'argent? Des fois cela lui manquait de ne pas voir s'incliner plus bas ceux qui croisaient son chemin...Elle se contenta de les saluer d'une légère révérence appuyée par un sourire poli.

Dans le boudoir où elle avait suivit sa collègue, la jeune conseillère avait ramassé ses jupons pour prendre place sur un confortable fauteuil tandis que la propriétaire lui servait une tasse de thé. Elle la remercia aimablement avant de prendre la coupole de porcelaine entre ses doigts. La pièce était relativement plus calme que le reste de l'habitation. L'ambiance semblait alors suspendue de la réalité inhérente à cette habitation. Cela en ferait un endroit parfait pour discuter.

"Vous me flattez, Madame. Mais je vous en prie, appelez moi Eleonnora. Nous allons travailler ensemble désormais, alors sans vouloir être trop familière, je ne pense pas que nous devrions nous encombrer de trop de courtoisie. Par ailleurs, je ne pense pas être la seule à avoir un parcours remarquable parmi ceux qui régentent ce monde." Elle remuait lentement le liquide fumant, faisant tinter sa cuillère sur les bords finement taillés de la tasse. " Je ne pourrait pas nier que la réputation de mon nom ait pu m'aider dans la quête de mes ambitions mais, cependant, ce poste ne m'est pas tombé tout chaud entre les mains. Peut-être avons nous plus de mérite que n'importe quel empereur?"

Son ton était à la plaisanterie néanmoins elle ne pouvait cacher l'animosité qu'avait fait naître cette pensée. Elle ne savait pas ce que sa collègue avait à reprocher à la royauté, après ils avaient tous une raison bien précise d'avoir le royaume en grippe mais à son énonciation quelque temps plus tôt sa curiosité n'avait fait qu’accroître. Elle avait peine à s'enlever de la tête cette histoire. Car si elle n'avait jamais vu  sa collègue auparavant, elle connaissait de réputation son mari, Matis Falkire. A vrai dire, ce nom lui avait fait tilter la première fois qu'elle l'avait entendu, sans réellement avoir donné de suite à son interlocution. Ce qu'elle trouvait bien étrange c'est de voir sa femme au siège de Caladon, emportant à ses côtés la famille de son défunt mari, loin de l’empereur que servait sans faille l'ancien commandant de l'armée Aldarienne. Il y avait là une chose qui lui échappait surement...Elle ne manquera pas de lui poser la question, tout aussi délicate doit-elle être. Aussi délicate que le sujet de la disparition de son père. Même si elle pouvait faire bonne figure après son entrevue avec son supérieur, ce sujet avait tendance à la gêner plus qu'autre chose.

"Mon père...a quitté le monde politique." Elle se mordilla la lèvre. Même la conversation houleuse qu'elle avait eu avec le Bourgmestre n'avait pas réussi à effacer totalement cette sensation qui lui compressait la poitrine à chaque fois qu'elle s'apprêtait à annoncer la vérité. A chaque fois qu'elle était honteusement contrainte d'avouer qu'elle ne savait pas ce qu'il était devenu. "A vrai dire, je ne sais pas réellement ce qu'il est advenu de lui. Mais n'enterrez pas Crissolorio Ostiz aussi vite que ses concurrents...il pourrait bien vous surprendre." Quitte à passer pour une illuminée, elle refusait de prononcer le deuil de son père. Elle avait même engagé des mercenaires à sa recherche...les résultats n'étaient pas probants. Le connaissant, il ne donnerait pas signe de vie avant de l'avoir voulu. Elle soupira et sirota son thé d'un air absent.

" Il n'était pas encore le régent éminent à l'époque du tyran, loin de la. Mais il a toujours su rester fidèle à lui même...Je suppose qu'il a toujours été froid et intransigeant. En particulier avec les jeunes recrues. Vous vous êtes surement connu dans le domaine du commerce?" La demoiselle hésita un instant, relevant son regard vers la maîtresse de maison. "Ou dans des des circonstances plus...nébuleuses?"

Elle faisait référence aux nombreuses organisations avec lesquelles avait du fricoter les Ostiz pour assurer leur survie et monter en grade malgré son intégrité légendaire. Eleonnora était bien consciente que sa collègue ne devait pas avoir eu une vie de marchande anodine sinon elle n'aurait jamais tapé dans l'oeil d'Aldaron. Cependant elle ne pouvait pas la blâmer, personne n'était pur dans cette histoire. Elle avait elle même trempé dans des histoires louches, peut-être uniquement pour se rebeller ou bien par curiosité, allez savoir? Elle n'était encore qu'une enfant à cette époque. Par ailleurs elle était assez curieuse quand à son interlocutrice. Elle était bien plus mystérieuse qu'elle n'aurait pu le penser au premier abord.

Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Mer 4 Avr 2018 - 22:14, édité 1 fois

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La veuve remplit sa petite tasse après avoir servi Eleonnora. Ses doigts étaient graciles sur le couvercle de la théière, elle reposait presque sans son l’objet sur la table. Les propos de la jeune conseillère la firent sourire. Jusqu’à ce qu’elle réponde au sujet de son père. Pas qu’elle semblait garder animosité envers cet homme. Elle observait le visage de la Ostiz, suffisait d’être un peu sentimentale pour comprendre la perte dans ses yeux. À la manière dont la jeune dame parlait, il avait disparu et pas seulement politiquement. C’est comme si elle ne pouvait pas donner nouvelles de son père.

Le rossignol prit le temps d’emmener la tasse à ses lèvres et de faire descendre l breuvage chaud dans sa gorge.
« Peu importe leurs agissements et leurs absences, une partie de nous a besoin d’eux toute notre vie, n’est-ce pas? »  
Les pères. Son ton était doux, maternel. Elle tentait là de montrer de la compassion à sa collègue. Elle se souvenait de son père. Il l’aurait vendu, s’il avait eût temps de le faire. Malheureusement pour cet homme, la petite Autone s’était montrée moins que soumise. Et une partie d’elle encore lui murmurait parfois que la vie serait plus facile si elle eût encore son père et sa mère. Mais pas comme ça. Cette voix, elle réclamait des parents, mais différents.

La petite veuve baissa les mains sur ses genoux où elle tenait toujours le thé.

« Je n’ai jamais été sa recrue. S’il avait besoin de quelque chose, il payait. Et il n’a jamais été cruel. Moi, en revanche... »  

Elle ricana doucement.

« J’étais jeune et je détestais tous les hommes que portait le continent. Je n’ai pas toujours été gentille. Non, si votre père doit revenir en politique, il ne sera pas mon ennemi. Mais je ne crois pas être sa meilleure amie. »  

Une manière douce de dire que le vieux bourgeois ne lui faisait pas peur.

« Je ne sais pas ce qui est advenu de lui pendant le règne du blanc. J’ai été enfermée à Morneflame, à cette époque. Et je n’étais pas dans la politique. Trop occupée à filer l’amour parfait…avant d’être enfermée. »

Nouveau ricanement, plus mélancolique. Autone porta la tasse à ses lèvres à nouveau. Puis, elle releva la tête et s’encouragea à sourire, en croisant le regard de la conseillère.

« C’est à cet endroit que j’ai rencontré Aldaron. Quand nous nous sommes revus à Caladon…il m’a parlé de rester forte. De ne pas laisser Vraorg m’abattre, moi qui avait envie de m’affamer. Et personne d’autre ne m’as parlé de résister, au-delà des murs de la prison. Comme si tout combat à mener était déjà terminé…

J’imagine que, avec les années, j’ai réellement pris force et confiance. Et j’ai voulu avoir une voix politique. Un poids. Je suis…un peu idéaliste. »  

Là étaient ses motivations à devenir conseillère, comme sa collègue les lui avait demandées plus tôt. Sa patience avait payé.

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Le ton d'Autone était doux comme le miel, chaud et rassurant. La demoiselle se répéta mentalement la remarque de son interlocutrice dont les gestes lents et délicats rappelaient ceux d'un ange. Eleonnora, malgré la mélancolie qui la consumait à chaque fois que l'on évoquait son père, ne pu empêcher ce menu sourire de flotter sur ses lèvres. Pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un avait posé des mots sensés à propos de ce qu'elle ressentait. Et ces derniers n'étaient pas tranchants comme ceux du Bourgmestre. Le poids qui pesait sur sa poitrine s'évapora et elle se sentie soulagée. Ainsi elle hocha timidement de la tête à cette question rhétorique en se cachant derrière sa tasse. Elle sirota lentement le liquide miellé en écoutant la suite de ses propos.

Maintenant que son père était 'parti' la jeune femme s'était prise de curiosité pour son passé. Elle voulait en savoir plus sur cet homme qui inspirait tantôt respect, tantôt haine. Elle écoutait alors chaque récit, chaque bribe de son existence comme si elle le découvrait à nouveau. Tout ces détails auxquels elle n'avait pas prêté attention dans sa jeunesse. Ces mercenaires et hommes d'états qu'elle avait vu défiler dans le grand bureau. Ces longs voyages de 'vacances' à la campagne, loin des affaire du régent, qu'elle prenait pour un jeu. Qui sait, peut-être avait-elle déjà croisé le regard de cette jeune femme qui lui fait maintenant face comme elle avait déjà joué avec le Bourgmestre alors qu'il n'était qu'un roturier à la recherche de considération.

En posant sa tasse désormais dans un léger tintement, elle salua la force de caractère dont pouvait faire preuve son interlocutrice. Même si elle se doutait bien qu'elle avait été durement forgée par la vie pour en parvenir jusqu'ici, les apparences étaient trompeuses. Qui pourrait penser qu'une aussi élégante jeune femme puisse tenir tête au vieux régent? Il se dégageait d'elle une aura de maturité qui avait surement remplacé la fougue qu'éprouvait encore la jeune conseillère. Pourtant, à sa manière, elle n'en démordait pas et montrait bien qu'elle serait prête à affronter l'ancien régent encore une fois. Cela ne déplaisait pas à la fille de Crissolorio; Bien au contraire. Elle savait ce qu'était la condition des femmes, malmenées, sous estimées, elle pouvait cependant donner d'innombrable exemple de celles qui avaient pu déjouer le destin et montrer au hommes de quel bois elles se chauffaient.

Après tout elle aussi avait du vivre avec ses obstacles. Surtout lorsqu'on la considérait comme une fille à papa, seulement bonne à marier et dépenser. Mais ces petits malheurs valaient ils bien ceux des gens qui l'entouraient? Mornefalme...Elle ne pouvait pas prétendre connaitre la souffrance des gens, la sueur, la maladie, le sang. C'était surement ce manque d'expérience que lui reprochait son protecteur. Car alors qu'elle se plaignait de l'enfance désabusée d'une jeune fille essuyant ses larmes dans la soie, certains avaient vécu l'enfer sur terre. Elle n'avait cependant pas pour habitude de  céder à la culpabilité, privilégiant la félicitation de sa vie privilégiée, même dans ses malheurs. Pourtant cela l'embêtait bien pour ses amis. Elle avait pu lire la sombre mélancolie dans tandis que leurs regards se croisaient à nouveau. Elle détestait se sentir minable ainsi. Elle avait vu les ravages qu'avait fait cette prison infernale à l'elfe, elle ne pouvait nier l'atrocité de ces conditions. Ce n'était surement pas le meilleur endroit pour se faire des relations mais elle ne doutait pas qu'un lien s'était formé entre le Bourgemestre et son aînée. A cette pensée, Eleonnora fronça imperceptiblement, sentant une pointe de jalousie piquer son cœur. Elle avait beau estimer sa collègue, et encore plus depuis le début de cette conversation, néanmoins elle restait assez possessive. Elle aurait du mal à appréhender que l'elfe ai d'autres protégées...Cependant elle savait à quel point les sages propos de ce dernier pouvaient inspirer. Inspirer au point de rallier une citée d'utopiste à son pouvoir. Il y avait de quoi faire de grande choses. Requinquée par l'ambition qui  allumait chez elle une flamme, elle borda une expression de solidarité;

« Il n'y a aucun mal à être idéaliste. Ne sommes nous pas tous les pionniers d'un nouvel idéal dans ce monde? Il ne tient qu'à nous de l’ériger. Vous êtes, non, nous sommes sur la bonne voie, je peux vous l'assurer. »    Les yeux de la demoiselle brillaient, mut par la passion qui brûlait encore en elle. Elle entrevoyait ce futur merveilleux où sa pierre serait fermement posée à la base de l'édifice. « Je suppose que c'est aussi pour ça que vous avez choisi Caladon...enfin, pas uniquement pour suivre les pas de notre cher Bourgmestre. » Elle eu un petit rire à ses mots.  

« Pourtant...quelque chose m'échappe. Voyez excuser ma curiosité, mais est ce vraiment pour ça que vous n'avez pas tenté votre chance au sein de l'administration du royaume? Une belle place vous y était sans aucun doute réservée...»   Elle avait implicitement mentionné son défunt mari sans oser en prononcer le nom ou le titre. «L'empereur est loin de proposer un système aussi libéral que notre belle citée mais vous aviez surement une vie assurée et stable là bas.»   De quoi pouvoir élever ses enfants dans le calme, loin des remous politiques qui attirent bien des ennuis. « Je comprends, votre envie de changer le monde, placer votre pierre à l'édifice; Mais étiez vous prête à sacrifier une vie de quiétude pour vos convictions? Ou bien...aviez vous d'autres raisons de fuir le royaume? »
La demoiselle arrêta son flot de questions, surement toutes aussi indélicates les une que les autres. Il semblait que sa curiosité ai dépassé les limites de son esprit. Elle gratifia son aînée d'un sourire maladroit et désolé. Ce n'était pas pour autant qu'elle renonçait à écouter les réponses qu'elle aurait à lui proposer.

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Autone avait vu l’expression sur le visage de la jeune Ostiz qui montrait un désagrément. Elle se garda de lui demande ce qui la troublait ainsi. Bien qu’elle savait déchiffrer les visages et porter attention à ces détails, elle ne voulait pas être indiscrète. Qui plus est, ce genre d’informations était bien plus utile lorsqu’on les amassait que lorsqu’on confrontait immédiatement.

Elle sourit, devant ces propos plus qu’enthousiastes. Elle gloussa doucement, avant que son sourire ne s’éteigne devant des mots moins discrets. Autone levait son sourcil gauche en croisant le regard de la jeune femme. « L’administration? » souffla-t-elle entre deux phrases. Elle posa sa tasse sur la petite table en comprenant un peu mieux ce dont elle parlait. Être conseillère, de l’autre côté de Calastin. Elle laissa le silence retomber, réfléchissant à sa réponse. Pas qu’elle avait peur des choses qu’elle pourrait dire en trop, mais c’était une question qui impliquait plus que ce que la jeune femme ne pouvait le croire.

Une vie de quiétude…

Elle releva la tête et dans le même mouvement, la pencha sur le côté de manière réflective.
« Mais je n’ai jamais eu une vie de quiétude. »

Sa main se porta à sa bouche, son index fermé posé près de ses lèvres, toujours dans cette allure de réflexion.  « Enfin. Peut-être était-ce tranquille, au tout début mais…C’était un cauchemar. J’ai toujours porté haine à la quiétude. »

Et cette idée qu’elle devait rester sage, gentille, se marier aussitôt qu’on le lui ordonnait et produire des héritiers pour son père. Il était hors de question de rester sage pendant que sa vie défilait de manière lente et ennuyante.

« Il ne s’agit pas d’opportunisme. Je ne crois pas qu’une place m’était réservée au conseil de Selenia. Et même si j’aurais pu jouer de mes contacts pour l’obtenir, ce n’est pas ce que je désire. Je crois fervemment que si je peux poser ma pierre à la construction de ce monde, c’est ici. Je ne veux pas participer à ce monde qui choisit les nantis et les misérables au hasard. »


Elle se souvenait de l’explication qu’elle avait donné à Aldaron, lorsqu’elle était arrivée à Caladon avec des armes à leur fournir. Au risque de se répéter, elle lui expliquerait aussi.

« Les Falkire ont acquis leur noblesse par faits d’arme. Matis était un enfant soldat, car tous les fils de cette famille étaient soldat dès qu’ils étaient en âge de tenir une arme. Et croyez-moi, l’âge qui vous viens à l’esprit à présent est bien plus vieux que l’âge auquel mon mari a tenu une épée pour la première fois.

J’ai un fils, Eleonnora. Évidemment, Matis ne l’aurait jamais envoyé à la guerre. Jamais sans qu’il ne le fasse de son plein gré. »

Elle fronça les sourcils.  « Vous comprendrez peut-être si vous aurez des enfants. Lorsqu’on porte un être, qu’il s’est crée dans notre ventre, qu’on le mène à la vie… Il est facile de se révolter que les souverains s’approprient les vies de nos enfants aussi facilement. Servants de la nation, tant de morts au front pour…La guerre d’un seul homme. Je n’y crois pas. Chacun mène le combat auquel il croît. Celui de Matis était pour Korentin Kohan, le mien est de liberté.

Et Caladon est revenante de liberté. »


Morneflame, en tentant de briser les âmes et les corps, avait forgé de son marteau des âmes des combattants. Car elle avait fait l’erreur de les enflammer de rouge volcan.

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Eleonnora pu se reconnaître, avec une certaine surprise, dans l'aversion de la quiétude de la jeune femme pourtant si calme d'apparence. Ses gestes posés, ce regard calme et imperturbable lui rappelait celui du Bourgmestre. Une mélancolie fixée à jamais dans les attitudes des victimes de Morneflamme. Un souvenir qui avait ébranlé leurs âmes si profondément qu'il restera encré même s'ils en venaient à perdre la mémoire. Mais n'était ce pas là la marque de ceux qui avaient côtoyé les démons de l'humanité? Or celle qu'elle à qui la jeune Ostiz faisait face ne s'était pas pour autant laissée submergée. Elle contenait encore la flamme sacré qui animait son esprit avec bravoure, sans relâche; Alors même après Morneflamme, même après la mort de son mari, même avec ses enfants, elle ne sentait aucune envie de prendre du repos. Et même après avoir fréquenté l'horreur elle gardait foi. La jeune conseillère qui l'écoutait avec sérieux, en son fort intérieur, se trouvait admirative d'un tel comportement. De renoncer à une vie peut-être plus aisée pour l'avenir non seulement de ses enfants, mais aussi du monde qu'elle connaissait; La demoiselle ne pouvait que s'incliner.

Elle, n'avait pas connu ces malheurs. Perchée du haut de sa tour d'ivoire, elle voyait les soldats comme des chiffres, les morts comme des statistiques. Un vision surement trop froide et irréaliste du monde mais, elle le savait, nécessaire. Pourtant la jeune fille abritait également cette flamme embrasant les passions et les convictions, poussant son hôte vers l'avant. Elle ne se bâtait cependant que par opportunisme, ne servant que la situation la plus avantageuse. Néanmoins elle sentait le doute l'envahir devant ces paroles de paix et d'espoir. Allait-elle les décevoir si un jour le camp adverse servait davantage ses ambitions?

.« Je trouve vos ambitions admirables...et votre bravoure fort inspirante. Je ne sais comment une jeune âme telle que la mienne pourrait se situer dans un discours semblable. Car il est fort probable que je n'ai pas assez vécu pour connaitre cette ferveur à défendre la paix. »  Elle se sentait minuscule face à l'aura de son aînée. Elle soupira.

.« Voyez vous, il y a peu, je n'avait qu'à me préoccuper de moi même et de ma famille. Malheureusement, désormais seule et unique héritière de mon nom, j'ai du trouver de nouveaux alliés dans la tourmente de la vie. Et il se trouve que la réalité ne pas en phase avec ce que l'on exigeait de moi...ou du moins ce que je faisais pour attirer l'attention de mon père.»  Le seul être qui avait réellement compté pour elle avant qu'il ne disparaisse.. « J'étais la politicienne parfaite, calculatrice et intrépide à la fois...mais c'est en rencontrant des gens comme vous, comme Aldaron que j'ai entrevu, peut-être, quelque chose qui avait autant d'importance que mes ambitions.» Elle n'aimait pourtant pas tant que ça douter sur ses propres avis. Cependant, depuis que son père l'avait abandonnée, elle avait comprit que sa vie ne serait plus la même. Alors, elle commençait à se faire au changement. Ce n'était pourtant pas pour ça qu'elle allait renoncer à ses rêves de grandeur. Elle n'allait pas se rallier à des avis que les cœurs des hommes forgeaient au feu de la révolte et d'une égalité utopique.

.Et après votre discours...je comprends pourquoi le Bourgmestre vous à engagé à ses côtés, tant vous êtes unis dans le même combat.»  Un combat pour la paix, autant qu'un combat contre la douleur qui les avaient marqués au fer rouge. « Néanmoins je retrouve moins d'enthousiasme chez lui... » Peut-être bien puisqu'il avait tout perdu à sa sortie...personne pour le consoler, pour l’accueillir. .« Il n'a pas toujours été ainsi, sachez le! Je vous le dit à voix basse mais il était un véritable garnement dans sa jeunesse. Toujours à batifoler à droite, à gauche! Cela ne m'étonnerait pas qu'il soit toujours aussi tombeur d'ailleurs...ne remarque tu pas comment elle le regardent ces demoiselles du secrétariat? » Elle eu un petite rire taquin. Après tout, maintenant qu'elle avait quelqu'un à qui confier les anecdotes qu'elle gardait. De plus cela ramenait une précieuse touche positive à la discussion.

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Autone eut un sourire un peu distant face à la remarque un peu enfantine. Les ragots, il y avait longtemps qu’elle ne s’en souciait plus. Elle qui avait si peur, avant son mariage, qu’on médise de sa naissance. Elle qui avait entendu bien des chuchotements et bien des moqueries. Là, ce n’était que des rumeurs innocentes et en l’occurrences, Autone avait en effet déjà entendu parler de l’attitude d’Aldaron avant son séjour à Morneflame. On l’avait souvent qualifié de coureur de jupons, qui avait bien calmé ses ardeurs après la guerre. Elle gloussa, en repensant aux dames de Selenia, si outrées qu’elle soit tombée enceinte avant de se marier. La surprise dans les yeux de l’empereur elfique lors de son mariage. Et elle avait fini par se dire que certaines de ses dames qui médisaient à son égard étaient jalouses. Après tout, elle avait eu des jumeaux. Et bien des femmes de la cour n’étaient là que pour se marier, fournir des héritiers. Elle qui venait tout droit du bordel donnait deux héritiers à Matis avant de se marier. Des rumeurs, elle en avait entendues de toutes les couleurs. Mais il ne fallait pas croire tout ce que les gens disaient.

Autone était heureuse que Eleonnora soit protégée par Aldaron. Elle comprenait qu’ils étaient proches, au travers de ses mots. Pas quelque chose d’amoureux, cela lui rappelait le lien serré qu’elle avait tissé avec Saemon. Aujourd’hui il était une lame qui servait sa famille. Cette jeune femme devrait faire attention aux ennemis qui ont dans le passé haï son père. Autone reconnaissait quelque chose de cet esprit bourgeois. Le rossignol se promit de garder un œil sur la jeune femme. Certes, elle lui rappelait Crissolorio, mais elle était innocente. Encore bien trop jeune pour être aussi corrompu que lui. Elle se souvenait comme l’homme léchait les bottes de Fabius, même si cet empereur s’alliait aux serviteurs du néant sans égard pour les Gloriens.

« Je croyais que vous aviez un frère. »

Lança-t-elle, calmement. « Je suis désolé si c’est indélicat ou si je me trompe. » Elle ramena sa tasse près de ses lèvres et en vida de contenant. Autone se resservi et observa la tasse de sa collègue avant de constater qu’elle n’était pas encore vide.
« Avez-vous déjà été amoureuse Dame Ost…Eleonnora? Peut-être avez-vous un partenaire à ce moment même. » Elle sourit chaleureusement, une lueur maternelle dans les yeux alors qu’elle soutenait le regard de la Ostiz. « Pour ma part, je n’ai eu qu’un seul amour… Je me suis souvent demandé si c’était réel, tellement c’était beau. » Son regard prit une teinte mélancolique alors qu’elle baissait les yeux. Elle aurait dû voir le piège avant d’y sauter à pieds joints.

« Je n’ai jamais aimé avant Matis. Les hommes me dégoutaient. Tous…Je n’ai même pas compris que je l’aimais lorsque je l’ai rencontré. Ça a pris des mois avant que j’arrive à seulement l’embrasser. Je me demande parfois si j’aimerai encore, un jour. Pour l’instant, une partie de moi ne veux rien de tout ça…C’est lui ou rien, vous comprenez? »


Par conséquent, c’était rien. Il n’y avait aucun moyen de ramener Matis. Son corps s’était envolé dans le brasier et il restait des cendres, quelque part éparpillés dans la mer.

« Nous sommes tous faibles, je crois, lorsqu’il s’agit de nos cœurs. Je crois que si Aldaron a encore des aventures, c’est qu’il sait encore aimer…Peu importe de quelle manière. Si cette partie de lui est encore en vie, c’est chanceux. Peut-être un jour vais-je enterrer cette partie de moi. Si l’amour peut dormir…Je crois que je le laisse prendre du repos. »
Elle rit doucement à cette image plus que naïve. Son regard restait mélancolique mais elle était calme, elle savait se contenir.[/color]

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La jeune femme ferma les yeux un instant. Ses frères. Étrangement leurs disparitions n'avaient pas été aussi dure que celle de son père, dieu savait où il était. Elle s'en voulait un peu de ne pas ressentir autant de tristesse à l'idée que, eux, avaient péri lors de l'attaque des chimères. Il n'y avait aucun doute là dessus. Orion, le marchand, avait brisé tout contact avec la famille bien avant ces événements, et Thomas...Cette époque où elle avait eu un frère paraissait si lointaine. Il semblait que ces souvenirs passés appartenaient à une autre vie qui n'aurait pas été la sienne. Thomas, vaillant soldat avait décidé, malgré les avantages qu'auraient pu lui rapporter son nom, de commencer au plus bas de l'échelle. Son départ du foyer avait déchiré la petite Eleonnora et froissé le vieux Crissolorio. Elle sentait sous ses jupons la lame, qu'elle avait fait affiner, orner, protéger au fil du temps, mais qui était toujours restée la même; Son unique cadeau de départ. Elle l'avait gardée toutes ses années telle une amulette protectrice. Mais à quoi tout cela se résumait-il? Sans descendance pour parler en son nom, elle et sa sœur emporteraient la preuve de sa courte existence dans sa tombe. On pourrait penser qu'elle avait le coeur froid et sec pourtant la cadette refusait d'attacher le nom des Ostiz à une mort aussi futile. La famille Ostiz entrait dans une nouvelle aire en ayant une femme à sa tête.

« Ne vous excusez pas, la famille Ostiz ne compte plus sur ses hommes. »

La demoiselle bu d'une traite la fin de son thé. Elle aimait la place de chef de famille qu'elle avait hérité de son père à sa disparition. En tant que femme elle s'en félicitait même si le souvenir douloureux de l'abandon y était attaché. Car c'est son père que l'on voyait à travers elle dans ses fonctions, sa position, sa prospérité...Mais peu importe que Crissolorio soit encore en vie, il avait abandonné son nom. S'il avait le malheur de revenir, il ne serait rien d'autre qu'un personnage de second plan. Le malheur, façon de parler, avant de se jeter dans ses bras sa fille lui réserverait de quoi regretter de lui avoir causé autant de tort.

Et en parlant d'homme, la conversation prit naturellement ce tournant qu'elle aurait peut-être aimer évité tant le sujet avait tendance à lui faire perdre ses moyens. Pourtant le giron tendre et doux de cette aura l'enveloppait de telle sorte qu'elle se sentait apaisée, là, à ses côtés. Et alors que cette lueur curiosité brillant dans ses yeux se transformait en un miroitement mélancolique, la demoiselle sentit son sa poitrine se serrer. Elle écouta avec une certaine gêne les sentiments d'une veuve dont le cœur criait souffrance. Eleonnora esquissa un mouvement vers cette dernière avant de se raviser. Aucun remède n'existait pour les âmes en peine. Elle baissa les yeux, indisposée de par son inutilité.
Surement avait-elle raison; Le coeur n'était que source de faiblesse...En y repensant elle même avait rejeté ses valeurs et enseveli ses rêves en tombant amoureuse de cet homme sans argent ni nom. L'amour a le pouvoir de conférer noblesse et beauté aux choses viles et ordinaires qui n'ont aucune valeur.

« Je...n'ai jamais été très à l'aise pour livrer ce que je ressens...» Elle tentait de dissimuler sous des airs imperturbables son embarras pourtant trahis par ses joues rosies. «...et l'amour reste encore pour moi quelque chose de bien mystérieux dont l'essence m'échappe encore. Il est peut-être quelque chose dont nous ne connaissons pas l’ampleur mais s'il ne s'incarne pas dans cet être unique on le retrouve dans l'appui de nos parents, le réconfort de nos proches, le regard de nos enfants...le respect de nos morts...enfin, ce que je veux dire par là, c'est qu'il est avant tout notre plus grande force. » Elle esquissa un sourire qui se voulait réconfortant, espérant que son interlocutrice « Mais l'amour-passion dont vous parlez là...oui, je crois le ressentir.»

Elle pensait s'arrêter à cette confession mais sentait sur elle peser le regard avide de sa nouvelle compagne. Elle s'en trouva bien embêtée mais du se résoudre à en dire d'avantage. Après tout ne lui avait-elle pas elle même livré ses états d'âme?

« Il se trouve que ce n'est pas un amour dont je suis prête à faire l'étalage...publiquement je veux dire. Car figurez vous que celui dont je suis éprise est...un roturier. » Un rire amère confirma son embarras. La maîtresse de maison avait été de ce monde alors surement n'y voyait-elle aucun ridicule. Et peut-être rigolerait-elle de la misère de sa collègue. [font=Times New Roman][color=#ff9966]« Evidemment, je ne le blâme pas pour ce qu'il est...mais il n'est certainement pas le parti le plus approprié pour une personne de mon rang...» Elle avait juste l'impression de s'enfoncer. Comment aborder ce sujet sans vexer les origines de sa nouvelle amie?

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Certains des Ostiz avaient donc déçus leur famille, peut-être posé des actes indignes de leur rang? Dans tous les cas, si Eleonnora avait un héritier, il porterait le nom de son père. Autone était mitigée entre l’indignation de cette tradition et l’indifférence de ces histoires de titres. Elle-même avait abandonné son nom, auquel elle ne tenait pas le moins du monde, pour prendre celui de Matis. De toutes manières, Falkire lui allait bien mieux et l’avantageait beaucoup plus. Elle crachait sur son père, peu importe où il était à présent.

Elle sourit doucement à la jeune femme qui se trouvait un peu embarrassée de partager ses tourments. Elle ne la pressa pas et lui laissa le temps de trouver ses mots. Elle n’avait pas à se livrer si là n’était pas son désir, Autone ne voulait pas la forcer. Ce n’était que des confidences amicales, des confidences que seules les femmes se font. Quelque chose lui disait qu’Eleonnora avait peu d’occasions d’avoir ce genre d’échanges. Elle semblait à mi-chemin entre une demoiselle de la cour et une reine qui n’avait pas de temps pour les demoiselles de compagnie.

Son sourire s’élargit avant de s’étirer dans un rire tranquille. Rien de moqueur, plutôt maternel.

« Un rang … Comment dire? Votre père était un bourgeois quand je l’ai rencontré. Qu’est-il devenu? Régent. Et vous? Désormais conseillère, noble et ce n’est pas votre père qui vous a mis dans cette position.

L’amour est une chose précieuse, si elle n’est pas poison. Si le votre est pur, votre roturier aura toute une vie pour prouver sa valeur et élever son rang. De toutes manières, avez-vous vraiment envie d’un mariage arrangé? Si vous voulez mon avis, profitez de cette liberté. »


Cela l’avait changé, d’aimer et ça l’avait changé à nouveau de perdre Matis.
« Ça peut vous rendre plus fort, plus tendre, ça peut vous retourner de tous les côtés…Mais je pense que les moments où j’ai été le moins vulnérable sont les moments où j’étais avec lui. Je suis peut-être naïve, mais je crois qu’il faut se battre pour ça. »

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Eleonnora secoua la tête, un tendre sourire sur les lèvres. A vrai dire, elle admirait ceux qui s'étaient fait une opinion sur l'amour comme si ce dernier était un vieil ami. Ces personnes avaient une connaissance qui la dépassait, et dieu savait ce qu'elle détestait se sentir aussi inférieur. Néanmoins elle voyait en cette jeune veuve, quelqu'un dont elle pouvait se nourrir de l’expérience. Elle avait une vision tellement pure de la vie malgré tout ce qu'elle avait pu traverser. Quelque part cela relevait du miracle se disait-elle. Peut-être que ces cruautés de l’existence avaient le don de révéler la véritable face d'une âme, et que celle d'Autone était irréversiblement pure.Mais jusqu'où irait la lubie pacifiste de son aînée?  

. « Vous avez raison...je me fait peut-être trop de soucis; J'aimerai qu'Aldaron soit aussi prévenant que vous. Je me tarde de lui faire rencontrer cet homme mais j'appréhende cette confrontation tant ses espérances sont élevée. Néanmoins, il ne sera évidemment pas question de mariage. »   Elle devrait y mettre du sien pour qu'Artane fasse bonne figure devant son nouveau protecteur...mais quelque part cela l’ennuyait. La demoiselle était tombée amoureuse d'un malfrat, pas d'un nobliau quelconque. C'était sa liberté qu'elle aimait éprouver, sa soif d'aventure et les frissons qu'il lui procurait. Son interlocutrice parlait de liberté plus tôt; Pour la jeune femme il n'y avait pas plus contraignant que ce genre de contrat. Oh, pas qu'elle ait un comportement libertins, elle laissait ceci aux frivoles dames de cours mais la jeune Ostiz y voyait plus d'un désavantage. Mais cette situation ne pouvait pas durer éternellement si elle ne voulait pas que son indécrottable coureur de jupon aille draguer quelques minette à la sortie du port. Voilà qu'elle se retrouvait dans un inadmissible casse tête dont elle ne voyait pas le bout. L'Amour, avec un grand A lui avait été vendu moins difficile à vivre. « Jamais ma descendance ne portera un autre nom que le mien, et il semble que la justice en ce bas monde n'accepte pas qu'une femme garde son nom de jeune fille. N'est ce pas une raison qui démontre que le contrat de mariage est stupide? Oh, ce n'est pas pour vous offencer, mais le romantisme ne vaut pas la peine que je fasse un contrat dont il ne me revient aucun avantage. »  Le mariage n'était qu'en faveur des hommes et femmes sans attaches et de ceux qui organisent des arrangements à des fins peu scrupuleuses. Le nom des Ostiz était tout ce qui lui restait, au delà de sa fortune et sa réputation, il était le seul véritable héritage qu'elle gardait de son père, de son ancien monde. Il représentait tout ce qu'elle possédait. Aussi, tant que la responsabilité de ce nom reposerait sur ses épaules, il n'était pas voué à disparaître.
Voilà qu'elle avait dévié le sujet de l'amour vers les affaires. Indécrottable.

. « Il y a bien des choses que je ne pourrais pas faire par amour...même si il a déjà bouleversé bien de mes valeurs. Mais comme je suis définitivement éprise...je ferai en sorte de prélever ce que sentiment instable à de meilleur à me donner, je suppose. » Histoire de compenser les faiblesses qu'il lui faisait éprouver. . « Vous êtes bien aimable de recueillir mes sentiments d'une telle façon, à vrai dire je ne m'attendais pas à déballer mon cœur sur la table, mais je ne voudrais pas vous embêter...ressasser vos souvenirs...enfin...» Elle rosit d'embarras. Essayent de se cacher à nouveau derrière sa tasse, elle se rendit compte que cette dernière était vide.

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Elle fit une pause en entendant les craintes de la jeune femme et nota ce qu’elle constatait : Elle était plus proche d’Aldaron que Autone ne le croyait. Elle sourit doucement, n’ayant rien vraiment à dire pour la rassurer. La veuve des rivières avait toujours vu Aldaron dans un état calme, depuis qu’ils étaient sortis de Morneflame. En revanche, elle l’avait vu dément et elle l’avait vu briser ses chaines, lorsqu’ils s’étaient évadés. Aldaron, c’était une force calme, alors c’était bien plus effrayant qu’une personne qui crachait constamment sa colère. Elle ne connaissait pas suffisamment cette force tranquille pour pouvoir la rassurer, mais elle comprenait. Autone profita du moment pour resservir la tasse d’Eleonnora.

La petite veuve recula dans son fauteuil lorsque la jeune femme évoqua le mariage. Elle gloussa, un peu pensive et posa un coude sur l’accoudoir, ainsi que sa joue dans sa main.

« J’étais comme vous avant. Et j’ai toujours eu un problème avec les hommes. Plus précisément mon père. C’est la seule raison pour laquelle je fus heureuse de prendre le nom de Matis.

Si vous voulez savoir, je hais mon père. Alors qu’il m’a vendue au premier noble qui fus sur son chemin, Satie et Yolande m’ont accueillie comme une sœur.
Oh, ne vous inquiétez pas, l’homme dont je parle n’est pas Matis. Je ne me suis pas laissé faire. »


Son sourire se confondait entre le mépris et la douleur. Elle en avait payé cher le prix. Parfois elle regrettait absolument toutes ses décisions.
« Un nom…On en prend un lorsqu’on nait, on en prend d’autres au cours de notre vie. J’ai vu des gens qui portaient plus de noms que de doigts. Ce monde veut vous convaincre qu’ils contrôlent tout, mais la vérité est que ceux qui écrivent nos noms répondent de nos ordres. Alors si vous voulez que votre descendance s’appelle Ostiz, ordonnez-le. Qui vous désobéira? Le père? » Elle rit en haussant un sourcil, involontairement. « Si un homme ne respecte pas qui vous êtes et ce qui est important pour vous, il ne mérite pas votre couche et encore moins d’être le père de vos enfants. »
Autone se pencha pour prendre sa tasse avant de reculer à nouveau sur le dossier.

« C’est pour cette raison que j’ai demandé à Matis de me faire un enfant. Enfin, je ne savais pas que deux me tomberaient dessus.
Je me souviens, je tenais exactement le même propos que vous. Un mariage, c’est un peu affreux comme engagement…

Et il a dit oui, dans la même phrase, il me demandait en mariage. Nous nous sommes aimés pendant…quatre ans? Cinq peut-être. Après la guerre, après Morneflame, j’ai réalisé qu’il fallait que je sois avec lui.

Mais vous avez raison, il faut…Il faut absolument le vouloir. Être certaine. Sinon, ça n’en vaut pas la peine. Et vous avez raison d’éviter les contraintes. Le temps parfois crée les certitudes. »

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La jeune femme sourit en écoutant son aînée parler de cette relation tumultueuse qu'elle avait eu avec son père. Et tumultueuse, elle était sympa. Si elle n'avait pas de haine pour son père, elle connaissait les désagréments d'un liens compliqué à bien des égards. Bien évidement, ce qu'elles ressentaient pour la figure paternelle divergeait complètement mais la demoiselle ne pouvait s'empêcher de se comparer, croyant, quelque part, avoir trouvé quelqu'un qui puisse la comprendre. En particulier lorsqu'elle mentionnait son combat permanent contre la gente masculine. Avant de prendre les autres femmes pour des rivales, la jeune Ostiz s'était fait un point d'honneur pour, dans le milieu professionnel, les reconnaître comme des alliées.Car on ne pouvait nier leur sous représentation et leur lutte quotidienne pour se faire respecter. Elle avait connu des guerrières, des diplomates et elle n'étaient pas les plus féroces de leurs castes pour rien. Puisque ce monde s'était dévoué pendant des millions d'années à les rabaisser, elles faisaient en sorte de montrer de quel bois elles se chauffaient. Ses paroles revigorèrent sa cadette. Elle n'avait pas le droit de se positionner en tant que victime lorsqu'elle avait entre les mains le pouvoir d'être le bourreau. Les conseils avisés mais pleins de tendresse lui redonnaient espoir. Se perdant dans ses pensées, elle eu presque l'impression que cette douceur lui était familière.  

« Je ne me lasserais jamais de ces conseils maman...» Elle plaqua sa main sur sa bouche, elle même choquée par le lapsus qui s'était formé involontairement. C'était donc ça... « Veyez m'excuser! Je...je, c'était une erreur de ma part! »  Cette douceur qu'elle avait cru reconnaître...celle d'une mère. Un instant elle cru voir Siphane. Puis elle la vit sur son lit de mort. C'était il y a si longtemps. Elle n'était plus triste pourtant elle pouvait se rappeler de ce vide, ce froid qu'elle avait ressenti. Ce froid que son rigide de père n'avait pas été apte à combler. La maison familiale était devenue si lugubre...il n'était pas étonnant que les aînés aient désertés le foyer peu de temps après ce jour fatidique. La petite Eleonnora avait du dire adieu aux chaleureuses embrassades et du s'habituer à la froideur des repas seule face au masque glacé du patriarche. Elle eu une pensée pour les jumeaux d'Autone qui eux devraient grandir dans l'absence d'un père. Elle espérait que la jeune femme puisse leur donner assez d'amour...les enfants étaient une autre préoccupation évidemment. Quelque chose en plus qui faisait de l'amour un sentiment peu compatible avec les ambitions.

« Je...c'est que j'ai eu un entrain de nostalgie voyez vous...» Elle entortilla une mèche brune autour de ses longs doigts avec embarras. Elle venait d'appeler une de ses collègue "maman"! Elle racla la gorge avant d'entamer sa deuxième tasse de thé. « La famille...à l'heure qu'il est j'ai bien peur que ma carrière ne soit pas compatible avec le projet d'en fonder une et d'ailleurs je loue votre courage. Je suppose que c'était le pas vers une nouvelle vie...pour renier définitivement vos liens du sang...Contrairement à vous je ne porte pas le nom de mon père comme un fardeau, au contraire. Mais il y a encore des choses que j'ignore à son sujet, malgré toutes les horreurs qu'on puisse en dire...je...j'avais une question à ce propos. »  Elle n'avait pas osé la poser plus tôt mais peut-être était-il temps? « Pourriez vous me dire franchement ce que vous pensiez de mon père? Je ne me vexerai pas; Comprenez qu'il faut que quelqu'un me le dise en face un jour, sinon comment puis-je y être préparée? » Elle savait pertinemment que son aînée n'avait pas bonne opinion de l'ancien régent Glorien et elle s'attendait au pire. Néanmoins elle restait réaliste et avait la peau dure. Si ces arguments se fondaient sur de véritables faits, elle ne pourrait pas lui en vouloir.[/color][/font]

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Son cœur se réchauffa au son de ce mot que seul ses enfants prononçaient et avaient appris à dire correctement il n’y a que quelques années. Elle rougit un brin en restant muette sur le coup alors que Eleonnora était complètement embarrassée. Elle se souvenait, maintenant, du refus catégorique de Crissolorio concernant le fait de toucher une autre femme. Elle sourit, alors que ses yeux eux étaient tristes, avant d’échapper un rire cristallin. La jeune veuve attrapa doucement une main de la jeune conseillère entre les siennes.

« Il n’y a pas de mal à pardonner. Ça me fait plaisir d’apprendre que je ne vous casse pas les oreilles avec mes conseils. J’imagine que c’est une déformation professionnelle. »  


Elle soupira alors que son sourire s’effaçait doucement. « Je ne sais pas vraiment…Comment je pourrais seulement le dire. »  Son regard vagabondait, elle la lâcha et se leva, puis s’approcha du volet et dégagea le rideau pour constater que le ciel avait prit de jolies couleurs. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher.

« J’ai envie de respirer. Continuons cette discussion dans le jardin, le voulez-vous? »  


Elle lâcha le rideau et attrapa à nouveau la main d’Eleonnora pour l’attirer avec elle vers la porte arrière. L’air était frais, mais doux. Autone se souvenait avoir semé toutes les graines de ce jardin. Entre les fleurs et les haricots, des fraises et des framboisiers avaient fleuris puis éclos. Elle qui avait voulu travailler pour oublier son deuil, récoltait maintenant les fruits de ses larmes. Souriant sereinement, elle s’avança pour vérifier l’état de ses pousses. La veuve vint cueillir une fraise avant de la croquer immédiatement. Ses lèvres restèrent roses du contact. Elle cueillit quelques autres fruits puis revint à sa collègue. « Que penses-tu de mon jardin? Crois-tu que je devrais y planter des fleurs? J’hésitais à faire des rosiers… »  C’était un peu trop romantique à son goût mais toujours de bon goût.

« Goûte. »
Souffla-t-elle doucement alors qu’elle approcha une fraise des lèvres de sa cadette.  « Ahhhhhhh »  Fit-t-elle comme pour lui faire ouvrir la bouche, puis se mit doucement à rire lorsque la jeune femme croqua dans le fruit.  « Désolé, j’ai tendance à me laisser emporter par mon instinct maternel. On me dit souvent que je devrais être moins impulsive. »  

Elle marqua un silence, une moue de réflexion au visage, avant de reprendre. « Pour ce qui est de votre père…Je ne l’aimais pas vraiment. Et nous n’étions pas du même côté en ce qui concernait les Kohan, les almaréens… » Elle soupira. « Vous souvenez vous de l’occupation? Nous n’avions même pas le droit d’user de magie! Je crois que c’est le meilleur exemple pour représenter ce dont on parle quand on qualifie les Almaréens d’envahisseurs. Ça et leur maudit verre noir…

Fabius a traité avec eux. C’était…c’était lâche. Oui, peut-être que ça a pu sauver des Gloriens. Mais ce qui aurait réellement sauvé la majorité, aurait été de s’unir contre les fanatiques…

Crissolorio croyait en deux choses. L’or et Fabius. Il n’était pas une mauvaise personne en soit, mais cette indifférence face au petit peuple… C’est aberrant. »  


Elle serra les dents en levant les yeux vers le ciel. « Cela faisait bien trop longtemps que la famine criait dans les bas quartiers de Gloria. Et Crissolorio, lui, y récoltait les taxes sans questionner l’absurdité de ce geste. Alors qu’on demandait au peuple de faire sa part, les bals dans le palais étaient opulents de nourriture, de cadeaux, de …tout ce dont le peuple manquait. Fabius Kohan était un être horripilant. Je ne peux comprendre que qui que ce soit lui voue une fidélité aussi forte que celle que votre père lui a porté. Et de rester à son service, malgré toutes les actions qu’il a posé contre le peuple. »  

Elle soupira, réalisant qu’elle en voulait plus à Fabius Kohan qu’à Crissolorio. Elle ne savait pas comment dire à Eleonnora certaines choses.
« Et puis… sa vision des femmes était… moins qu’humaine. J’ai vu pire, mais j’ai vu mieux. »  

Elle se tourna vers la jeune Ostiz, désolée des mots difficiles qu’elle devait prononcer.  « Je ne veux pas vous blesser… »  

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Malgré sa confusion, la jeune femme fut bien heureuse que sa collègue ne soit pas indignée par ce lapsus. Elle eu d'ailleurs l'air presque flattée. Rassurée, Eleonnora ne put qu'arborer un sourire éclatant, fendant ses joues rosies par  l'embarras. Il semblait qu'elle ai gagné une alliée de choix au sein du conseil. Mais en y réfléchissant cela dépassait de loin les bonnes convenances et le cadre administratif. Quelque part la jeune conseillère était soulagée de voir qu'autour d'elle, il y aurait des gens sur qui elle pourrait compter. Étrangement, elle se sentait prête à recevoir les conseils de cette douce dame qui ne lui inspirait aucune envie de la contredire dans sa façon délicate et paisible de les prodiguer. Car même si elle avait grandi, la demoiselle était restée une forte tête dont la fierté exacerbée l'empêchait souvent de suivre les mots des autres, n'écoutant que son propre cœur. Pourtant les paroles de dame Falkyre ne donnaient pas un instant l'impression d'être des ordres. A l'avenir, même si leurs points de vues divergeront, elle pense qu'il lui sera facile, plus qu'à n'importe qui de prendre ses conseils en considération. Cette aura maternelle qui enveloppait tendrement lui donna la confiance nécessaire pour aborder le sujet de la réputation de son père. Un instant, le doute plana et la jeune femme se demanda si elle eu bien fait de demander telle sottise. Elle n'avait peut être pas estimé que cette question puisse être embarrassante pour son interlocutrice. Néanmoins, l'élan égoïste de son cœur avait cette nécessité e de savoir. Et dans l'état d'esprit où elle se trouvait, elle se sentait assez joviale pour pouvoir pardonner quelques mauvais mots à l'encontre de son père. Surtout s'il les méritait.

Elle se leva de son fauteuil dans un frémissement de mousseline et abandonna sa tasse pour suivre la maîtresse de maison au dehors. Elle demeurèrent parmi les senteurs suaves des boutons de fleur dans la douceur du soir, quand le soleil se couchait, illuminant le ciel de couleurs pastel.  La scène était tout à fait pittoresque. Mais le plus impressionnant dans ce jardin, qui aurait put être mondain à un tel emplacement, était qu'il grouillait de plants en tout genre, germant et fendant la terre tel un champs fertile. Il y avait là de nombreuses variétés de fruits et légumes qu'Eleonnora n'avait jamais vu autre part que dans son assiette. Pour rien au monde elle ne se salirait les mains, courberait l'échine pour une tâche que ferait très bien ses domestiques. Cependant surement était ce là un passe temps dont s'était acquittée son aînée. Fascinée par l'oeuvre qui était la sienne, la cadette se pencha sur un plant d'haricot pour l'effleurer du bout de la main.
« Vous avez fait tout cela par vous même? C'est réellement impressionnant...» Elle suspendit ses mot en la voyant arriver près d'elle, tenant dans sa main quelques fruits frais. Elle pencha la tête sur le côté d'un air curieux à sa proposition. Elle allait manger un fruit tout fraîchement cueillit? Sans préparation, ni cuisinière? Depuis quand n'avait-elle pas fait ça? Amusée, elle entrouvrit les lèvres à la douce injonction de sa nouvelle amie. En croquant dans le fruit, une explosion de saveurs éclata sous son palais. Elle ne put retenir un soupir de contentement. Elle ne pouvait que la complimenter sur la réussite de son charmant jardin. Suite à quoi elle sorti un mouchoir pour s'essuyer les lèvres.
« Ne vous en faites pas! La fraîcheur dont vous faites preuve me change de tout ces hypocrites mielleux de la cours!» Il en était de même pour ces fraises; Elles étaient certainement meilleures à la cueillette, bien avant de passer en cuisine. Autone avait un côté naturel, qui devait lui parvenir de sa naissance surement plus basse que celle de son mari, d'elle et de n'importe quel autre conseiller. Elle avait alors le don d'apporter un regard nouveau aux décisions du conseil.

C'était ce regard dont Eleonnora avait besoin pour juger entièrement de la personne qu'avait été son père. Un regard surement plus objectif que le sien. Aussi, la jeune femme ne fut pas étonnée que sa collègue ne porte pas l'ancien gérant du trésor royal dans son cœur. Après tout, qui pouvait aimer un homme qui ne suivait que les ordres sans faire de sentiments? Il fallait bien que quelqu'un porte le chapeau de bouc émissaire pour que l'ordre soit respecté. On ne pouvait jeter la pierre ni à l'incorruptible taxeur, ni au peuple affamé. Certes il fallut faire des sacrifices lors de l'occupation et son père avait toujours fait en sorte de pouvoir préserver la vie des Gloriens. Ce qu'Autone considérait de lâche... Et puis quel mal à aimer l'or au final? Ce n'était que du bien penser. Néanmoins devait-elle vraiment choisir un camps? Il semblait que ce fut déjà le cas pour son amie. Elle prit son temps avant de prendre la parole d'un air pensif.
« Mon père...Crissolorio Ostiz était quelqu'un de froid, vous avez du le constater...mais c'était la façon dont il se protégeait. Il ne faisait rien qui dérive de la loi. Il était droit, juste et inflexible. Peu importe si cela devait lui coûter l'estime de son propre peuple. Il croyait...il croyait que l'ordre était nécessaire pour la protection de citoyens. Alors il appliquait. » Elle baissa les yeux au sol, contemplant l'absurdité soudaine de ce qu'elle disait. « Certes, ces actions manquaient alors surement de discernement sous l'influence de l'empreur...Mais lorsque Fabius a péri, il a tout de même su reprendre le royaume avec assurance. On ne peut le blâmer pour avoir respecté l'ordre....C'est plus à Fabius Kohan qu'il faudrait en vouloir. » Essayait-elle de se persuader qu'il n'était pas simplement le chien de son ancien empereur?

Elle soupira, essayer de défendre son père, régent d'un royaume qui n'existait plus sur un continent ravagé et à l'abandon était contre productif. Néanmoins un gloussement s'échappa d'entre ses lèvres alors que l'expression peinée de sa collègue se tournait vers elle. Oh, ça elle le savait que son père avait une estime archaïque de la condition féminine. La jeune femme en avait fait les frais en se voyant interdire les armes tandis que ses frères ses défoulaient aux cours d'escrime. Ou bien lorsqu'il s'était lavé les mains du mariage de fille aînée avec un éminent noble Sélénien. La cadette secoua la tête d'un air moqueur. « Il serait bien surpris de voir que la famille Ostiz est dirigée, et mieux que jamais, par une femme. » Et rien que pour ça, elle serait heureuse de le revoir. Pour le malin plaisir de lui cracher sa réussite au visage. On disait souvent que les enfants se construisaient en opposition à leur parents mais si la demoiselle n'avait pas perdu de son caractère rebelle, elle était tout aussi ambitieuse que son père.

C'est en souriant à sa nouvelle amie, qu'elle lui demanda de rentrer. Frissonnant sous l'air qui se faisait frais, elles n'eurent d'autre choix que de retrouver la chaleur du foyer. C'est autour d'une ultime tasse qu'elle discutèrent jusqu'à ce que le soleil au tout à fait disparu et que les premières lumières s'allumèrent dans les ruelles. Eleonnora la quitta sur la ferme intention de ne pas rester indifférente aux conseils de sa nouvelle amie, plus rassurée que jamais de voir qu'elle n'était pas seule.

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