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descriptionDocteur Valmys ou comment j'ai appris à aimer le lémurien en moi et à ne plus m'en faire [Valmys] EmptyDocteur Valmys ou comment j'ai appris à aimer le lémurien en moi et à ne plus m'en faire [Valmys]

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*Gratte gratte gratte* le son importun continuait encore et encore, irritant, inconvenant et horriblement redondant. Les Graärh étaient exténués aussi bien physiquement que mentalement et n'avaient qu'une hâte, se débarrasser du gêneur et rentrer chez eux. Ils avaient chassé le stymphalis toute la journée et étaient chargés comme des boeufs de peaux et de viande. L'humain qui les avaient abordé avait lui aussi chassé une bête et s'était introduit comme un voyageur qui cherchaient à découvrir les légendes et coutumes locales. S'il avait semblé plutôt sympathique au départ malgré ses manières humaines étranges de s'exprimer, son flot de paroles innarêtable tapaient désormais sur le système des félins. Il les avaient bassiné pendant plus d'une heure de questions sur la manière de dépecer l'oiseau qu'il avait tué, avait parlé de ses chansons et de sa musique et surtout il n'arrêtait pas de se gratter le bas du dos en se plaignant de visions étranges dans son sommeil et au coin de son regard. Bref les chasseurs commençaient à gronder sévèrement et n'avait qu'une hâte : laisser la créature chez ses semblables chanteurs et partir sur les quatres fers.

"Dîtes... C'est encore loin ? Non parce que je veux bien croire que vous ayez autre chose à faire mais franchement, ça irait plus vite si vous me disiez clairement ce que je veux. On marche on marche et on en voit bientôt le bout mais quand même, vous ne m'oterez pas de l'idée que vous en savez plus sur les esprits-liés que tout autres et que ça irait plus vite si vous m'aviez guidé jusqu'à votre spécialiste. Comment l'appelle-t-on par chez vous d'ailleurs ? Le chaman ? L'apothicaire ? L'alchimiste ? Bon après moi aussi je suis une sorte de guerrier et je peux comprendre que ce genre d'histoire ne vous passionne pas mais croyez moi, vous ne voulez pas que ça vous gratte autant ! Encore que... peut être que comme les chats vous pouvez peut-être vous tordre assez pour allez faire votre toilette aussi loin, Hahaha ! J'en connais des humains qui rêveraient de se pencher aussi bas ! Il ne faut pas croire, un homme peut parfois se reveler plus bestial qu'il n'y parait. Comme vous finalement, quand on commence à vous connaitre on se rend compte que vous êtes vraiment très civilisés. Vous êtes plutôt rustique mais vraiment très appréciables. Je n'aurai pas cru autant de générosité possible de grands félins vous voyez. Vous auriez pu me laisser dans la savane errez jusqu'à un village où on m'aurait peut-être reçu à la pointe d'une lance mais vous, vous vous êtes dit : "ce gentil voyageur je n'ai pas le temps de m'en occupper mais je vais le guider jusqu'à un endroit où il sera pris en charge." Et bien ça je le respecte. C'est quand même pas commun. Moi même je ne sais pas si j'en serai capable. Remarquable vraiment."

L'humain continua son monologue tandis que les chasseurs grondaient de plus en plus fort et accélerant la cadence. Si le doute avait plané un instant au début, le chef en était sûr maintenant : les humains avaient des esprits-liés eux aussi et il se serait coupé les oreilles et la queue si celui ci n'était maudit de l'esprit de la pie ou du perroquet. Avec des regards lourds de sous-entendu à ses compagnons il leur fit comprendre qu'ils devaient tenir bon et que ce serait bientôt fini. Tous les prétextes étaient bons pour mettre le feu aux poudres entre les félins et les humanoïdes de l'archipel et ils n'avaient pas envie de subir un raid si on retrouvait un cadavre humain abattu par des Graärh. Même si le doute était grand quand ils essayaient d'imaginer à qui pouvait bien manquer une telle plaie.

Après une autre demi-heure de marche laborieuse, les chasseurs avaient l'impression que leurs oreilles saignaient mais ils étaient en bonne vue du domaine baptistral. Ils lui donnèrent des indications claires mais surtout très concises et déguerpir en le laissant sur place tandis qu'il leur criait des remerciements, ce qui avait pour effet de les faire accélérer.
L'humain se rapprocha du massif montagneux creusé de constructions discrètes que constituait le domaine des chanteurs magiques.
Archibald était prêt à demander à tous ces zigotos pourquoi son dos le grattait autant et pourquoi il rêvait de singes noir et blancs qui faisaient des cabrioles.

Dernière édition par Archibald Habbot le Sam 17 Mar 2018 - 15:44, édité 1 fois

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Les visiteurs et autres personnes de passage étaient rares au Domaine. Et pour cause: sur cette partie de l'île, il n'y avait qu'eux, en cohabitation sereine et pacifique avec les Graärh. Venir les voir impliquait de traverser l'océan. Rien qui ne se fasse au hasard, normalement. Aussi ceux qui se rendaient auprès d'eux étaient souvent attendus, depuis un temps assez long pour que le mot passe auprès de tous les Enwrs. Quelques exceptions existaient néanmoins. Rares, toujours intrigantes, elles attiraient bien vite l'attention des êtres pacifiques de Néthéril. La plupart d'entre eux étaient d'un naturel curieux, pouvait-on leur en vouloir ?
Valmys était de ceux-là. Si ce n'était guère l'ennui qui menaçait d'avoir sa peau, la curiosité le pourrait un jour où l'autre. De retour depuis peu sur l'île des siens, il avait moult affaires qui n'attendaient qu'à être élucidées par quelque esprit avide de vérité: il s'inquiétait des veinules sur son corps et de leur nature, de ce qui était arrivé à son défunt maître, de la meilleure façon de sympathiser avec des êtres vivants non-humains/non-elfes, du meilleur chemin à prendre afin d'explorer les îles et tracer tout ce qu'il pourrait y trouver sur du velin. Il ne voulait s'attarder en ces lieux, malgré toute l'affection qu'il avait pour les siens. L'habitude de ne jamais voir les mêmes éléments du jour au lendemain devait être trop ancrée en lui, sans doute.

En revenant dans le mont creusé qui abritait le Domaine, Valmys s'était attendu à des journées relativement paisibles, soigneusement rythmées. Un peu de repos ne faisait jamais de mal, et il avait assez à conter aux Cawrs, aux Enwrs, et à recevoir d'eux, pour ne pas s'ennuyer.
La fin de journée approchait, les températures se montraient doucement plus clémentes. Les moussons n'étaient pas encore arrivées... Valmys aurait pourtant souhaité voir à quoi elles ressemblaient, et comment leur nouvel environnement y réagissait. Tant pis. Il en profitait, en tout cas, pour proposer à Shi'Ry, sa jument, de se balader un peu avec lui, dehors. Pour une raison qui lui était obscure, la jument préférait ne pas être trop loin de lui. Ses tentatives de l'inclure dans le troupe qui paisait déjà en Néthéril n'avaient pas été fructueuses. Il fallait du temps pour ce genre de choses... Et de l'envie. La jument semblait très à son aise au sein des troupeaux d'humains. Plus que son compagnon bipède.

Alors ils s'étaient installés là, non-loin de chez eux. La jument mangeait sans souci, confiante envers son bipède. Ledit bipède était assis sur un bout de caillou, matériel de dessin en main, doigts noircis de graphite, charbon et plomb. Techniquement, il s'en était aussi mis sur le nez. Il ne le voyait pas. Cela ne faisait qu'accentué son air bariolé, avec ses veinules qui traversaient sa figure comme des ombres de ramures d'arbres. Il était concentré, cherchant à capter tant l'ensemble de l'émotion qui se dégageait de sa jument et de son environnement que les infimes reflets de lumière qui la dessinaient.
Enfin, il avait été concentré, c'était plus juste. Un bruit persistant l'avait troublé. D'abord lointain, incompréhensible. Valmys commençait à avoir l'habitude de son audition affinée par l'immaculation. Il s'y était énormément attaché, en très peu de temps, et espérait secrètement pouvoir conserver cette forme, et ses attributs. Les arts étaient plus fascinants encore, plus subtils, avec ces sens exacerbés. Chaque peinture dévoilait davantage de sentiments, chaque note de musique vibrait juste dans son coeur, et même les odeurs contaient une infinité d'histoires en plus. Comment était-il possible que tout cela ne lui ait manqué plus tôt ? Comment était-il possible d'ailleurs que les elfes laissent l'humanité survivre avec de telles atrophies ? Valmys avait développé une sorte de compassion pour ce peuple qui avait été à moitié le sien. Mais il n'y avait rien qu'il puisse pour eux sur l'heure.

Le bourdonnement lointain, il l'avait d'abord passé outre, le mettant au même rang que les multiples bruits "parasites" que sa conscience découvrait avec sa nouvelle sensibilité. Mais le bruit s'était rapproché, formant le son d'une voix humaine. Les silhouettes au loin étaient apparues. Beaucoup de graärh autour d'un humain. Valmys avait froncé les sourcils, soucieux, espérant que ce n'était pas là le début des ennuis, qu'un étranger au Domaine n'était pas venu troubler les fragiles paix et équilibres qui faisaient la terre des baptistrels.
Au fur et à mesure que l'ombre de ce groupe s'approchait, son inquiétude se muait lentement en incrédulité. De toute évidence, l'intrus n'avait pas été assez dangereux pour que les Graärh le malmènent et le baillonnent. Plus le temps passait, plus ce simple fait se révélait être un véritable acte de bienveillance du peuple félin. Valmys ignorait si lui aurait tenu aussi longtemps sans user d'un sort de mutisme, pour le bien de son crâne. Le déroulement de paroles continuait, encore et encore... Ce n'était pas même un chant, cela n'avait pas même le rythme d'une ballade. Seconde après seconde, le jeune immaculé se trouvait un peu plus médusé par cette capacité unique, et son regard s'arrondissait. Sa jument, le voyant immobile, lui jeta un bref coup d'oeil. Elle ne ressentait pas d'inquiétude venant de lui, et il surveillait le potentiel danger au loin. Elle ne s'inquiéta pas davantage.

Les Graärh abandonnèrent le moulin à paroles. Par les Huit, jamais Valmys n'avait croisé aussi prolifique et généreux en matière de voix. Même Aldaron, pourtant bavare, avait plus de retenue. Fascinant, et terrifiant à la fois, et... Il venait vers lui, là, non ? Oh... Que l'Esprit-Dragon aie pitié de lui, et que cet individu ne vint pas pour le Domaine: ni Valmys ni ses congénères n'étaient prêts à affronter cela. Son corps se raidit. Il jeta un coup d'oeil à Shi'Ry, et à son matériel de dessin. Si ce dangereux personnage approchait de lui, il risquait de lui parler de tout ce qui passerait à sa portée, et Valmys n'avait pas envie de montrer ses dessins et l'entendre les commenter un par un jusqu'à la tombée du soir. Hâtivement, il commença à ranger son matériel dans sa besace. Il fermait tout juste cette dernière lorsqu'en relevant le regard il vit que l'individu était à sa hauteur. Il déglutit avec difficulté. Chaque journée présentait son lot d'épreuves... Celle de ce jour était particulièrement rude. Au moins ne semblait-il pas vicieux, et si la tension qui habitait l'Enwr à la vue de congénères ne le quittait pas, son esprit restait relativement clair. Il baffouilla, tant qu'il avait encore l'occasion de parler:

"- S-salutations... Puis-je quelque chose pour vous ?"

Sa voix portait de fines notes joviales qui étaient la marque de sa personnalité et de son éducation, ne voulait se montrer froid ou désagréable. Concrètement, il ne s'enthousiasmait pas à l'idée de se faire enfouir sous un éboulement de paroles, ne sachant que faire de ses dix doigts pendant ce temps. Il s'était rapproché de sa jument, comme pour se rassurer. Malgré lui, le regard qu'il posait sur l'inconnu était toujours médusé, le dévisageait toujours comme s'il s'agissait d'une nouvelle espèce qui lui était supérieure, dont il n'avait jamais entendu parler avant. L'inconnu n'était pas beaucoup plus grand que lui, et cela lui allait fort bien. Sa tenue semblait indiquer le voyage, là où celle de Valmys indiquait... Pas grand-chose. C'étaient les habits bruns sans formes qu'il s'était cousus à la va-vite en arrivant, nu, sur Néthéril. Ils étaient spécialement conçus pour ne pas le mettre en valeur. Ils n'indiquaient ni son rang, ni son appartenance à l'Ordre. Pour une fois, son psaltérion n'était pas avec lui, et seule une besace pendait contre son flanc. Son vis-à-vis, en revanche portait un instrument. Oh non. Pitié, pas un nouvel Enwr, pas lui, l'Ordre n'avait rien fait pour mériter cela.
Le regard de Valmys s'attarda sur la hache de ce personnage, légèrement trop longtemps. Elle n'infirmait pas fatalement son hypothèse, mais ne l'aidait pas à se mettre à son aise face à cet inconnu, potentiellement dangereux sur bien des points.

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"Ah ! Hé là messire Baptistrel ! Je cherchais justement l'un des membres votre noble ordre ! Vous allez sans doute pouvoir m'aider !" s'exclama Archibald avec un grand sourire. Il se sentait en vacances, tout ce qu'il découvrait de la savane de l'île exotique le mettait dans un monde joyeux où la viande affreuse des locaux devenait "un peu corsée", et où les dangereux smilodons n'étaient plus des prédateurs géants et sanguinaires mais des "curiosités ethniques du paysage naturel". Archibald vivait actuellement dans un monde étrange guidé par une curiosité naïve qui n'était pas étrangère à ses récentes rentrées d'argent et à son goût du voyage et de la découverte. Ou alors, c'était lié à la quantité obscène d'herbes psychotropes qu'il avait ingéré lors d'une escale à Athgalan il y a quelques jours et qui semblait elle même subir ses propres effets tant elle mettait du temps à s'évacuer de son corps. C'était l'hypothèse qui lui avait semblé la plus probable car elle aurait aussi pu expliquer les visions rigolotes.

Cependant Archibald était un vétéran dans la pratique. Il flirtait avec l'alcoolisme et les drogues en tous genre depuis quelques années déjà, profitant de chaque arrêt dans les ports, de chaque déception amoureuse et de chaque fête organisée à l'improviste, pour replonger son cerveau dans les brumes enchanteresses. Il se connaissait assez pour savoir que, s'il avait été encore complètement défoncé, jamais il n'aurait engagé une suite d'actions aussi compliquée que : préparer un itinéraire sécurisé le long de la côte, marcher jusque chez les graärh sans se perdre, et une fois là bas de demander de l'aide intelligiblement sur ses étranges symptômes. Et bizarrement, savoir qu'il pouvait se trouver dans un tel état sans aucune intervention de substance dans l'équation, arrivait presque à l'inquiéter. Mais il était trop enjoué par son voyage pour s'en soucier actuellement.

Cette jolie bulle de joie et de positivisme fut néanmoins un peu chamboulée quand il vit le visage de son interlocuteur se distordre pour former un ersatz de poisson cru qu'on aurait jeté devant un chat. Ses yeux étaient des billes extatiques, sa bouche fébrile bafouillait une formule de politesse bateau tandis que son corps, tout en restant dans la même position, semblait se ratatiner dans ses vêtements. Archibald tenta un petit sourire plus rassurant avec moins de dents et plus de lèvres. Il remarqua alors les traits fins, les veinules dorées qui lui parcouraient le visage et les traces d'encre noire. Pas de doute sur son identité, les baptistrels étaient généralement des artistes un peu fantaisistes dans l'âme et celui là avait le physique de la profession.

"Voyez-vous, les graärh se sont montré peu coopératif avec ma demande d'aide et comme vous autres êtes connu pour votre altruisme, je me suis dit que vous pourriez m'aider avec mon problème de démangeaison et de visions étranges. Je vous rassure tout de suite, il ne s'agit de rien de salace, je m'y connait trop en la matière pour ne pas reconnaitre un début d'herpès ou d'hallucinations rémanentes ha ha ha !" C'était sans doute pour briser la glace qu'il tentait cela mais la probabilité d'effrayer encore plus son interlocuteur montait à chaque mots.
"J'ai l'impression que c'est lié à un de ces esprits-totem. Vous pourriez peut-être trouver de quoi il s'agit avec votre chant non ?"

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Etonnamment, Valmys ne se fit pas ensevelir sous le flots de paroles qu'il avait attendu. Cela le détendit un peu, subtilement, au départ. Et puis, un problème de démangeaisons et de visions... C'était gentil, non ? Venir voir les baptistrels n'avait rien qui manquât de pertinence dans ce genre de cas. Resterait à voir également s'il n'avait pas d'autres symptômes qu'il n'avait pu percevoir.
Ce qui fut dommage, c'est qu'en voulant le rassurer sur son absence d'envie salace, l'inconnu mit tout de suite son soigneur sur ses gardes. Salace ? Comment ça il s'y connaissait trop ? A combien d'Enwrs et jeunes gens avait-il donné de l'herpès ? Il avait une hache... Etait-ce un pirate ? Un pirate qui venait le ramener sur le bâteau maudit de l'elfe gris ? Etrange, son visage ne disait rien à Valmys. Cependant, l'Enwr n'avait pas envie de faire confiance à sa mémoire pour ces souvenirs-là. D'autant plus que la plupart des marins, il ne les avaient pas vus habillés. Raidi par cette hypothèse, Valmys se rapprocha encore un peu de sa jument, posant une main sur elle. Ce n'était pas l'idée du siècle. Déjà la belle commençait à se montrer plus attentive, oreilles dressées, comprenant que quelque chose n'allait pas. N'ayant pas encore moyen de confirmer ou infirmer ses hypothèses, Valmys se fendit tout de même d'un sourire et d'un petit rire, qu'il essaya de rendre aussi naturels que possible.

Son interlocuteur revint sur les maux qui l'amenaient ici. Les tourments de valmys l'empêchèrent de mettre de côté une potentielle identité piratesque secrète. Paranoïa ? Oh, non... C'était totalement réaliste d'imaginer cet homme lui tendre un piège, avoir joué le jeu devant les Graärhs, et avoir en plus des camarades embusqués, prêts à lui bondir dessus. Tout ça pour avoir à nouveau leur passe-temps favori sur leur bâteau croupi. Normalement, Valmys avait sa magie pour se défendre, en cas de besoin. Il préférait tout de même ne pas avoir à en arriver là. Pour se protéger, il avait bien une idée.

"- Les Cawrs ont accès aux chants-noms. Je ne suis qu'apprenti. Mais je peux vous conduire auprès d'eux ! Suivez-moi."

Malgré de légers tremblements dans sa voix, il avait réussi à rendre ses explications relativement douces, finement nuancée de jovialité. Il avait déjà eu à donner ces informations, maintes fois. Le Domaine ne cachait jamais son fonctionnement, mais ils étaient peu nombreux, et l'information circulait encore mal. C'était bien fréquent d'entendre les non-baptistrels confondre apprentis et maîtres. Cela donnait parfois des situations gênantes, d'ailleurs. Des situations où les Enwrs se faisaient malmener sans raison, et des situations où quelques personnes cherchaient à les rejoindre pour des pouvoirs... Qu'ils n'auraient sans doute jamais. Valmys ne se faisait pas d'illusions à ce sujet. Il avait beau apprendre vite, et bien, il avait beau avoir récupéré cent quarante ans de savoirs, sa propre espérance de vie lui restait un mystère qui l'empêchait de se projeter dans un avenir lointain. Il devait se contenter du présent, et du pas-tout-à-fait présent.

L'apprenti n'attendit pas, et commença à prendre le chemin vers le mont percé de grottes qui était l'abri du Domaine, après avoir appelé sa jument pour qu'elle songeât à les suivre. Le mont était juste derrière eux. En une dizaine de minutes, ils auraient rejoindre l'entrée un peu camouflée qui permettait de rejoindre l'intérieur depuis cet endroit. On la reconnaissait d'ici, néanmoins: bien qu'invisible, un chemin d'herbes plus courtes y menait. Quand ils seraient là-bas, en compagnie d'autres personnes... L'inconnu ne pourrait s'en prendre à lui, non ? Pas sous des yeux témoins, et pas à portée de personnes qui étaient de vrais radars à douleur.
Les premiers pas que Valmys fit sur le trajets furent silencieux. Ses sens étaient totalement aux aguets, guettant même un frottement de tissu ou d'acier qui aurait pu initier le début d'un affrontement. Sa magie était prête, armée, comme une véritable pulsation de chaleur autour de lui. Il ne forçait rien de cela, ce n'étaient que des réflexes, que de l'angoisse. Bien vite, néanmoins, le silence le gêna. Pirate ou non, cet individu bruyant avait le mot plaisant et sympathique, et sa propre éducation, autant que les soupirs de son identité bafouée par les pirates, murmuraient de le remercier en lui tenant la même compagnie, ou au moins en faisant semblant. Aussi ne tarda-t-il pas à reprendre la parole, tournant légèrement la tête pour n'avoir pas trop à hausser la voix:

"- Ceci dit, je puis peut-être déjà commencer à vous éclairer. J'ai connu beaucoup de personnes, avec des esprits-liés différents... Peut-être pourriez-vous me dire: vos démangeaisons, sont-elles localisées ? Et vos visions, ont-elles des points communs ? Est-ce que tout à commencé depuis un événement en particulier ? Et avez-vous eu l'impression que quelque partie de votre caractère s'en trouvât changée également ? Peut-être êtes-vous plus sensible... Plus bavard ? Si les démangeaisons ne vous ont pas rendu irritable, c'est peut-être un indice également. Mangez-vous toujours autant, et de la même façon ?"

Après tout, même s'il y avait esprit-lié sous roche, rien n'empêchait de tomber malade. Sur ce dernier point, le Domaine pouvait l'aider, avec tous les guérisseurs qu'il contenait. S'il n'y avait qu'un esprit-lié dans l'histoire, la solution serait simple, et n'aurait besoin de baptistrels.
Valmys était prêt à entendre à nouveau le moulin à paroles. Mais cette fois, une partie de lui comptait sur ledit moulin, pour que les mots viennent le rassurer, et éteindre les angoisses qui le tourmentaient, l'empêchaient de se montrer aussi hospitalier qu'il aurait pu l'être, quelques mois plus tôt. Il était attentif. Sa jument aussi. Elle suivait l'humain, intriguée par ce dernier, et ne comprenant pas en quoi il était effrayant.

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"Oh ! Je vais avoir l'honneur de rentrer dans le domaine et de rencontrer un Cawr ! C'est merveilleux ! Je vous en suis d'ores et déjà très reconnaissant messire. J'aime beaucoup voyager vous savez, et sur le vieux continent ça a toujours été un de mes plus grand regret de ne pas avoir eu l'occasion de me déplacer jusqu'au domaine baptistral pour le visiter. On raconte tant et tant de choses sur vous autres et sur les pouvoirs étranges de votre musique que ça ne pouvait qu'attiser ma curiosité. Vous êtes d'ailleurs, je crois, le premier de votre ordre que je rencontre vraiment. Il m'est déjà arrivé d'en croiser un ou deux de loin mais je n'ai jamais eu le loisir d'avoir une discussion avec eux." dit le troubadour d'un ton guilleret pour papoter.

L'attitude du baptistrel était timorée et hésitante. Archibald finit par le remarquer quand même. Il aimait bien discuter et il avait finit par comprendre au bout de quelques années, que ça signifiait aussi parfois qu'il fallait laisser un peu de place à son interlocuteur pour avoir un vrai échange. Alors il fit un effort pour réduire son débit.
Archibald retint donc qu'il valait mieux se montrer doux et calme pour ne pas mettre le chanteur plus sur ses gardes qu'il ne l'était déjà. La blague sur l'herpès n'était pas si bien passé et avait jeté un peu de malaise sur la conversation alors il ne fallait surtout pas en rajouter. Qu'à cela ne tienne, il était plutôt habitué en présence d'homme a assumer fièrement sa virilité, mais il pouvait également se faire courtois et maniéré en présence de nobles ou de femmes séduisantes. Il se savait capable de jouer ce rôle à merveille car il n'en était pas à sa première rencontre de haute société. De plus, la comédie lui devenait naturelle, puisqu'il exerçait de plus en plus de spectacles lors de ses soirées de détente en mer ou dans les ports. Peut-être qu'il aurait dû se faire acteur... peut-être aurait-il dû former cette fameuse troupe de théâtre et de musique avec les artistes rencontrés pendant l'exil. Des images de théâtre ambulant, de scène, d'acrobates, de chanson, d'orchestre défilèrent dans son esprit, au-milieu desquelles vinrent se glisser subliminalement les habituelles visions de singes bicolores, tandis que les démangeaisons dans le bas de son dos redoublaient d'intensité.
Il porta la main pour se gratter et se rendit compte de l'impolitesse de son geste et se força à arrêter en espérant que le baptistrel ne l'avait pas vu. Il le suivit sur le chemin herbeux en se taisant, comprenant qu'il valait mieux le laisser briser le silence pour qu'il soit plus à l'aise. Tandis qu'ils marchaient, la jument les suivaient doucement et finis par se rapprocher de lui pour le renifler un peu. Archibald avait l'habitude des chevaux, il avait passé toute son adolescence à s'en occuper et à les chevaucher. Il avait vécu dans une caravane de marchands et dans ce genre de communauté, un garçon se devait de toucher à tout et de donner un coup de main à tous. Il laissa l'animal se rapprocher doucement et présenta sa main lentement à ses naseaux. Peut-être allait elle se laisser flatter l'encolure si elle voyait qu'il n'était pas hostile...

Au bout d'un moment le silence fut brisé et à la demande de son compagnon de marche, le troubadour réfléchit à ses symptômes et les énonça :
"Et bien les grattements sont localisés dans le bas du dos, juste avant le postérieur. Vous comprendrez donc l'inconfort dans lequel je me trouve, cette région là est plutôt sensible et je n'aurai pas voulu me ridiculiser à devoir y porter la main pour me gratter plus longtemps que cela, cela aurait été indécent à la longue.
Mes visions, ce sont de frêles apparitions brumeuses, ou de petites taches qui apparaissent au bords de mon champs de vue, ou dans le flou de ce que je regarde. Ce sont des taches noires et blanches. Parfois c'est une sorte de ligne rayée de noir et de blanc et sinon c'est une sorte d'animal, un mélange entre un corps de singe et une tête de chat aux grands yeux. Je sais que ça peut paraître fou mais pourtant c'est cela que je vois et je me surprend à chaque fois à regarder certains endroits vides en pensant y avoir vu une apparition étrange quelques seconde plutôt.
Quant à mon humeur... et bien maintenant que vous m'en parler je remarque que je pense souvent à mes prestations scénique en ce moment. Je suis marin et mercenaire à la base voyez-vous. Je travaille comme matelot sur des navires marchands et il m'arrive parfois de devoir prendre les armes en mer ou sur terre pour mes employeurs. À côté de cela j'ai toujours eu une attirance pour la musique, le chant, le oud, les histoires de ménestrel et j'en ai fait une grande passion. Et bien depuis l'été dernier, où j'ai d'ailleurs rencontré à nouveau une partie de mes amis artistes musiciens avec lesquels j'ai passé la plupart de mon temps sur les bâteau d'exil, depuis ce temps là je n'arrête pas de penser à faire la fête, à danser, à chanter, à faire des acrobaties. J'aime toujours mon métier mais ma passion envahi constamment mon esprit et depuis quelque temps j'ai l'impression que ça déborde là dedans.
Et je ne me sens pas l'esprit engourdi par une quelconque malédiction, qui d'ailleurs se serait dissipé depuis le temps, alors je ne vois que la piste de l'esprit-lié pour expliquer ces phénomènes. Qu'en pensez vous ?"

Le marin avait un peu "glissé" sur la partie de son métier où il embarquait de l'autre côté du métier, où c'était lui qui attaquait les navires marchands avec les pirates, pour se remplir les poches d'or et de marchandises volées. Mais bon, il n'allait pas s'en vanter maintenant, surtout pas.

descriptionDocteur Valmys ou comment j'ai appris à aimer le lémurien en moi et à ne plus m'en faire [Valmys] EmptyRe: Docteur Valmys ou comment j'ai appris à aimer le lémurien en moi et à ne plus m'en faire [Valmys]

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Dans sa vie, Valmys avait surtout été un voyageur. Il avait connu les ampoules aux pieds et les muscles qui criaient au repos autant que les immenses horizons qu'un monde avait à offrir. Surtout, il avait connu bien des visages. Aux marchés, où ils s'équipaient parfois, sur les routes. Il lui était même arrivé, parfois, de gagner sa croûte en tirant leurs portraits. Les plus généreux n'étaient pas toujours les plus nobles, ni les plus aisés. L'Enwr se souvenait avoir dû tirer le portrait d'une enfant pour un père qui allait devoir voyager loin d'elle. Ils avaient bien mangé, ce soir-là...
Car le point le plus important, dans la vie de voyageur, celui qui repose les pieds et rempli le creux laissé par les heures de marche, c'était tout de même le soir. Parfois ils s'étaient arrêtés non-loin des routes, dans un abri de fortune. Parfois ils avaient emprunté quelque toit chez un habitant, moyennant leurs services. La plupart du temps, Deocyne préférait emprunter les tavernes et auberges, qu'ils étaient sûrs de ne point déranger. Bien peuplés, elles offraient l'occasion de payer leur nuit, et d'autres nuits, contre quelques prouesses musicales.

Que de souvenirs habitaient ces lieux de légendes, sanctuaires de repos des voyageurs ! Que de rencontres ! Parmi ces rencontres, l'une d'elle revenait peu à peu à la mémoire du jeune immaculé. Le souvenir fut d'abord flou, plein d'odeur de repas, de bières, de jeux d'ombres et de lumière. Rien de bien parlant. Plus son patient parlait, plus l'image devenait nette. Noire et blanche, sur fond brun, c'était... Une queue de lémurien posée sur une paire de fesses.
Eh, il n'y pouvait rien si c'était là que s'attachaient les queues, à la suite du coxys ! Le détail avait attiré son attention, tout comme elle avait attiré celle des spectateurs alentours. L'artiste avait un sourire joueur, le verbe plaisantin, et d'incroyable talents pour raconter les histoires, avec moult gesticulations.

Tout en continuant d'écouter son vaillant spirite, Valmys cessa de marcher, posant son sac, sortant à nouveau ses affaires de dessin. Si l'humain s'inquiéta de son comportement, il lui fit vite signe de reprendre son discours. Hâtivement, il étala le graphite sur la feuille. La sincérité avec laquelle il lui contait ses malheurs, et les quelques détails qui rendaient son récit incroyablement réalite, suffisaient à détendre un peu l'apprenti baptistrel. Si son métier de marin le gardait suffisamment prudent pour qu'il ne lâche point totalement sa vigilance, la face artistique de cet homme le confortait dans l'idée qu'il ne pouvait être de l'équipage de l'Orque. Nul là-bas ne pouvait être artiste. Ç'aurait été un affront envers les arts, et les esprits-liés n'auraient su encourager cela.

"- Je pense que votre piste n'est pas mauvaise... Elle est même très vraisemblable."

Peu après les réponses de l'humain, Valmys finissait son croquis. C'était un beau maki catta, avec ses pattes arrières prêtes à bondir, sa queue à rallonge, et son faciès plat. Ses jolies rayures de graphite semblaient douces au toucher. L'Enwr avait déjà eu l'occasion de voir ces créatures, dans l'ancienne forêt elfique.

"- Est-ce que cela ressemble aux singes de vos rêves ?"

Valmys le laissait prendre le dessin s'il le voulait. Lui n'en avait pas besoin. Il rangea distraitement son matériel et ses autres croquis, de paysages et de sa jument. Cette dernière s'était remise à manger, non-loin d'eux.

"- J'ai déjà eu la chance de croiser des spirites liés au lémurien. Ils m'ont paru être naturellement joyeux... Et enclins aux arts du spectacle."

Il laissa à l'humain le temps de peser ces mots, sans savoir si la langue de ce dernier, avide de dialogues, ne seraient pas tentée de prendre le pas sur la réflexion. Ce qu'il annonçait était pourtant très important. Se redressant, et se tournant vers son patient, Valmys avait l'air grave.

"- J'ai la sensation qu'au fond de vous, vous craignez que cet appel prenne le pas sur votre métier. Si vous ne le voulez pas, il n'y a pas de raison pour que cela se fasse. Les esprits-liés nous accompagnent, mais ne nous contraignent pas. Celui du lémurien s'est sans doute penché sur vous, et vous a reconnu comme l'un de ses spirites."

Là, c'était le moment où, si Valmys avait été plus tactile, et si son patient n'avait pas été un homme, il aurait mis une main sur son épaule, ou pris ses mains dans les siennes. Au lieu de cela, il eut juste l'air profondément convaincu:

"- Je ne connais pas de moyen de se défaire d'un esprit-lié. En revanche... Il est probable que l'accepter mette fin à vos démangeaisons. Si vous le souhaitez, il faudra embrasser pleinement cette partie de vous qui vous compose déjà. Elle est là, présente, elle attend juste que vous vous liiez à elle, que vous l'acceptiez. Comprenez-vous ? Il doit y avoir, dans votre nature profonde, ce lien entre vous, et l'esprit-lié des lémuriens."

Valmys avait parlé avec le coeur. S'il n'avait voulu aiguiller le choix de cet humain d'aller ou non vers son esprit-lié, tout en lui transpirait la volonté de le voir s'accomplir plutôt que se rejeter. Et pour cause ! Fréquents étaient les êtres brisés de s'être voulus différents de leur nature, quand ceux qui l'embrassaient rayonnaient d'accomplissement. Être soi, être en accord avec ce qui rêgnait au fond de son coeur... Valmys en savait bien trop l'importance pour ne pas souhaiter à ce spirite d'aler vers son propre bonheur.

"- Vous sembliez apprécier la musique et les histoires. Peut-être pour nouer votre lien vous faut-il vous concentrer sur cet amour. S'il vous semble pertinent me conter une histoire pour ressentir pleinement ce lien, je suis votre auditoire."

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A mesure qu'Archibald parlait son interlocuteur semblait se plonger de plus en plus dans une sorte d'introspection muette. Il n'en prit pas ombrage et se dit que c'était normal après tout, un artiste musicien qui avait des fonctions de médecin devait avoir une manière bien à lui de poser un diagnostic, enfin il le supposait. Les Baptistrels avaient le pouvoir d'entrapercevoir la vie des gens par un "chant-nom" disait-on. Après tout pourquoi pas ? Il n'avait pas chanté et encore mon nom chanté son nom mais peut-être que l'elfe avait entendu quelque chose pendant qu'il parlait, qui le menait sur une piste.

Il fit quand même une petite pause à un moment pour se demander ce qui se passait dans la tête du baptistrel quand celui-ci ressorti son matériel de dessin. Mais apparement tout était normal et il fallait qu'il continue de parler. Bon. Bon bah très bien alors. Parler il pouvait le faire sans problèmes.
Et puis finalement ce n'était pas si bizarre et cela valut même carrément le coup, car quand il vit le résultat du dessin, il écarquilla grand les yeux. C'était lui ! C'était le singe ! Il prit la feuille et la regarda de plus près. Les grands yeux, la fourrure grise, les pattes aux longs doigts, la queue annelée touffue ! C'était ça ! Le dessin n'était pas tout à fait exact et selon son point de vue il ne rendait pas tout à fait justice à la beauté de ses visions, ais il avait le mérite de lui faire un peu ressentir la même émotion de vitalité, d'énergie bondissante et joyeuse qu'il avait quand le singe lui apparaissait.
Au moins désormais il était clairement devant lui et il le voyait de manière tout à fait consciente.
"...Oui c'est totalement lui ! C'est ce singe ! Je... excusez moi mais ça me secoue un peu de le voir presque en vrai depuis tout ce temps..."

Le baptistrel l'informa du nom du totem, le lémurien, et de ses spécificités. Et il n'en fut pas étonné plus que cela. En y repensant, lors de son rituel de l'esprit quand il était petit il avait distingué des formes noires et blanches qui discutaient, qui bavardaient. Bien sûr c'était une pie voleuse qui s'était présentée devant lui en piaillant, mais il s'était toujours demandé avec qui elle avait bien pu discuter. Il avait la réponse maintenant. La pie bavarde représentait son goût pour les langues elfiques et graärh, son sens de la conversation et aussi un attrait pour l'or et les bibelots qu'il mettait de côté depuis quelques temps. Mais que venait faire le lémurien et les arts du spectacle là dedans ? D'accord il savait jouer plutôt bien du oud mais dans les faits il avait été apprenti palfrenier, garde monté, videur de bar alcoolique, mercenaire et désormais marin... il ne voyait pas trop ce que venait faire les arts du spectacle là dedans...

Et bien il semblait bien que l'elfe avait la réponse à cette question et ce n'était pas vraiment celle qu'il attendait. Il avait toujours vécu soit à la dure, soit en se la coulant douce, ce qui ne lui avait jamais laissé beaucoup de temps de faire de la psychologie. Aussi le discours qu'il entendis ne le satisfit pas vraiment. Il allait rembarrer le baptistrel en lui disant que tout ce qu'il racontait sur les parts de lui même à accepter et ses peurs de perdre son métier étaient des sornettes mais il se retint. Comment tout cela allait réussir à soigner ses démangeaisons et l'aider à régler le problème de l'esprit-lié ? N'avait-il pas un sort spécial ou un rituel magique plus efficace ?
L'autre semblait très convaincu de ce qu'il racontait et jusque là il ne s'était pas trompé alors son avis méritait tout de même reflexion.
Il posa sa main sur son menton et réfléchit à ce qu'il venait d'entendre.

D'un côté c'est vrai que j'aime bien rigoler, et que mes collègues m'applaudissent souvent pour mes histoires et mes chansons. J'aime bien boire, bien manger et bien faire la fête sans me soucier du lendemain. Je ne suis pas le dernier à dire que l'argent ne fait pas le bonheur. Mais je ne suis pas non plus le dernier à dire que le bonheur ne remplit pas l'assiette ! Je ne vais pas arrêter mon métier de marin ou mon activité périodique de mercenaire pour me faire bouffon quand même ?! Si ?

"Écoutez messire baptistrel, je ne voudrais pas vous paraitre irrespectueux mais je doute que vous ayez trouvé la bonne solution. Il me faudrait peut-être quelque chose de plus concret comme solution. Si toutes les personnes à qui il arrivait de se gratter le derrière se retrouvait à vraiment réfléchir à ce qu'elles voulaient vraiment faire dans la vie, je vous garantis que la population aurait des problèmes d'alcoolisme, d'obésité et d'augmentation démographique autrement plus conséquents !
Escusez le trait d'humour mais...
Mais attendez...
Mais oui c'est ça, cette blague là... Elle est sortie toute seule ! Je n'ai pas eu à réfléchir ça m'est venu comme ça ! Et pendant que je la disais j'ai eu l'impression que ça me grattait moins !"


Il tourna sa tête par dessus son épaule pour regarder ses fesses pour voir si rien n'avait changé mais non, il ne semblait rien être arrivé... C'était l'humour la clé ?

"Bon attendez je vais essayer quelque chose, écoutez bien, vous êtes prêt ?" il était très concentré et très agité tout d'un coup, il regarda le baptistrel droit dans les yeux et lui posa l'enigme suivante :

"Qu'est ce qui est vert, et qui possède des roues ?"

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Valmys avait haussé un sourcil, un subtil sourire, un peu forcé, illuminant son visage jusqu'alors inquiet ou grave. Le spirite du lémurien croyait encore devoir revoir son avenir professionnel... Avait-il été ambigu en énonçant que ce n'était pas nécessaire ? Peut-être. L'Enwr prévoyait déjà une autre façon d'apaiser ces craintes, ces doutes qui bloquaient ce brave humain dans sa quête de soi, se notait consciencieusement de faire cela lorsqu'il aurait fini de parler, ne désirant interrompre si enjoué discours. La route qui se dessinait, vers la lumière rayée et sautillante de l'esprit-lié, c'était avant tout à lui de l'emprunter, d'en dessiner le chemin. L'apprenti baptistrel ne faisait que donner quelques vagues pistes et indices.

Le trait d'humour le fit sourire encore un peu plus, souffler du nez un peu fort, dans un rire retenu. Rire aurait impliqué de baisser sa garde totalement, et même si l'humain face à lui paraissait de plus en plus sincère, de moins en moins dangereux, l'âme brisée du petit Enwr ne pouvait s'empêcher d'imaginer quelques pirates tapis dans les buissons.
La réaction du future spirite fut bien plus franche, faisant hausser les sourcils à Valmys. Il le croyait sur parole, même si ce n'était ce à quoi il s'était attendu. Après tout, il n'avait jamais été expert en esprits-liés. Jamais il n'aurait cru, néanmoins, que l'esprit-lié du lémurien avait un humour aussi... Euhm. Peu commun pour les mortels. Moui, au final, ce n'était pas sans logique. Le peu de souvenirs qu'avait l'immaculé de ces créatures concordait également avec ce genre de boutades.

Il s'amusa un peu de la tentative de son patient du jour d'observer son arrière-train. Sa mimique rappelait des créatures non-humaines, ou des humains de plus jeune âge. Sur un tel adulte, c'était... Attendrissant ? Un peu. Valmys essaya de sourire un peu moins quand à nouveau le brave homme se tourna vers lui, ne voulant paraitre moqueur quand ce n'était le cas.
L'énigme l'intrigua, et éveilla le propre instinct joueur en lui. Après tout, il avait été un jeune homme plutôt jovial, avant de subir un malheureux passage sur un bateau. Il avait entendu des boutades de tavernes autant qu'il avait pu lire de subtils traits d'esprit. Mais celui-là... Ne lui disait absolument rien. Il avait bien quelques hypothèses, en fouillant dans la logique qu'il pouvait déduire de ce qu'il connaissait, mais rien qui ne le convainquait vraiment. Se tenant le menton entre pouce et index, son autre main soutenant son coude, il prit un bref temps de réflexion, l'air très sérieux. On ne plaisantait pas avec l'humour. Ce pouvait être... Un verrou, une charrette peinte en vert ou, euh... Un petit pois à roues.. Ou un haricot. Mais la blague aurait davantage senti le légume si ç'avait été une de ces dernières hypothèses. Il chercha également dans le registre des maladies s'il n'y avait pas quelque chose, mais aucune lumineuse idée ne l'éclaira. Quelque part, il valait peut-être mieux que ce soit ainsi, ou il risquait de briser l'instant où le spirite accomplirait enfin cette sorte de destin que lui semblait être l'énonciation de la blague.

"- Je... Ne sais pas ?"

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Pendant ce temps, le vent soufflait sur la plaine de néthéril, portait les nuages pleins de pluie venus de la mer, qui irrigeraient les rivières et erroderaient les montagnes. Pendant ce temps des Graärh fatigués de leur journée rentrait chez eux pour nourrir leur famille du fruit de leur chasse tandis que le troupeau de stymphalis qui s'était vu dépeuplé de quelques individus couraient vers un nouveau nid pour pondre leurs oeufs. Pendant ce temps à Athgalan des esclaves subissaient des traitements affreux tandis que des pirates esclavagistes dépensaient tout leur solde dans les bordels. Pendant ce temps des centaines d'humain partout sur leur nouvelle île continuaient à batir de nouveaux édifices, de nouveaux villages et aménagaient leur nouveau territoire. Sur Nyn-tiamat des graarh luttaient pour leur survie au jour le jour contre le blizzard tandis que les vampires, terrés dans leurs cités de pierre s'abreuvaient de sang et ourdissaient de sombre complots. Sur Keet-tiamat les elfes tentaient d'apprivoiser leur désert mortel et leur fleuve capricieux. En mer des marins bravaient des tempêtes ou des récifs, serrés dans les cales de bois des navires ou pendus aux cordages dans les matures. Peut-être même qu'en ce moment même, sur Ambarhuna, des survivants se cachaient dans l'espoir d'échapper aux forces écrasantes des chimères, attendant des sauveurs qui ne viendraient jamais. Peut-être aussi que les dieux, tout morts qu'ils étaient, préparaient leur retour dans l'univers connu après des années d'absence.

Peut-être mais pendant ce temps il se passait quelque chose sur la plaine de stymphale sur néthéril, tout près du domaine baptistral. Archibald Habbot allait dire une blague. Alors ça vaut ce que ça vaut, et peut-être qu'il y a des choses plus importantes dans l'univers. Mais j'attire quand même votre attention sur cette blague. Car il se peut qu'elle soit drôle. Et ce serait dommage de la manquer. Alors voilà.

A la question "Qu'est ce qui est vert et qui a des roues ?" La réponse est :


L'univers pouvait reprendre son cours désormais. Et le comique de se tenir droit comme un i pendant quelques secondes de silence pesant.
Avant de s'effondrer au sol, la tête en avant, évanouï. Peut-être la blague était elle trop condensée pour la charge magique psychologique qu'elle portait ou peut-être bien qu'un tel niveau d'absurdité comique avait fait fondre le cerveau du troubadour. Toujours était il qu'il était allongé la tête dans l'herbe, droit comme un piquet et totalment immobile. Totalement ?
Non une sorte de battement l'agitait. Des soubresauts réguliers des muscles au niveau du bassin. Comme si quelque chose poussait pour sortir du derrière.
Enfin pas comme d'habitude.

HRP :

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La plupart de ses congénères bipèdes ne pouvaient s'empêcher de mentir, et nombreux étaient ceux qui ignoraient que les mensonges blessaient les Cawrs. Plus nombreux encore étaient ceux qui le savaient, mais avaient grandi en mentant si aisément qu'ils ne faisaient même plus attention. Valmys avait côtoyé toutes ces personnes bien plus qu'il avait pu côtoyer de confrères baptistrels.
La blague le fit pouffer de rire, le poussant à mettre une main devant sa bouche, par réflexe et mimique humaine. Il aurait pu rire davantage, et enchaîner sur une autre boutade de sa connaissance, si l'attitude de son vis-à-vis n'avait pas été aussi étrange. Se tenir aussi droit ressemblait mal au guilleret plaisantin qu'il avait vu jusqu'alors. Valmys porta sur lui un regard perplexe, intrigué, avant de laisser échapper un couinement paniqué en voyant l'humain tomber à terre. Squeee ! Il avait cassé quelqu'un ! Il avait cassé un spirite du Lémurien ! Par les Huit, il pria que cela ne soit pas trop grave, avant d'hâtivement se pencher sur lui.

L'Enwr vérifia les signes vitaux de son grand malade. Jusque là, tout avait l'air d'aller. C'était au moins cela. La voix tremblante d'inquiétude, il chanta pour porter secours à la pauvre tête molestée de cet homme. Quelle idée de tomber sur la tête, en même temps ! Alors qu'il y avait plein d'autres endroits plus pratiques, et moins douloureux/dangereux sur lesquels tomber ! Lorsque le retour de magie indiqua à Valmys qu'il ne pouvait rien faire de plus, il cessa de chanter, mais pas de trembler. Il avait déjà soigné des gens, y compris des gens en beaucoup moins bon état, mais jamais seul. Son regard passa frénétiquement autour de lui, à la recherche d'une aide qu'il ne trouva pas, et qui ne vint pas. Sa jument les observait, placide.

Ce fut en la voyant se diriger à l'ombre d'un grand arbre au feuillage étendu que l'apprenti baptistrel songea à un conseil qu'il n'avait que peu eu l'occasion d'entendre et d'appliquer, tant il était neuf. Mieux valait effectivement abriter son grand malade, afin que le soleil ne vienne pas lui retirer la santé qu'il cherchait à maintenir. Usant à nouveau de magie, il fit léviter le corps de l'humain, et le porta à ses côtés jusque sous l'ombre du baobab, où il le déposa avec douceur. Pfiou. Même magiquement, l'humain pesait son poids. Valmys tâcha de l'allonger sur le côté, comme il le put.
Ce fut à ce moment-là, enfin, qu'il remarqua les mouvements étranges sous le pantalon d'Archibald, à la base de son dos, trop concentré qu'il avait été sur son état général pour le constater plus tôt. Urgh. C'était trop haut pour être un besoin physiologique potentiellement salissant, n'est-ce pas ? Un éclair de génie vint honorer la cervelle de l'immaculé, qui comprit ce dont il s'agissait... Mais pas comment lui devait agir. De toute évidence, il fallait que ça sorte. Valmys avait beau ne pas souhaiter déboutonner le pantalon d'un homme, il était suffisamment professionnel pour savoir faire la différence entre des circonstances médicales et intimes. Il allait bien devoir faire quelque chose !

Par chance, il eut une meilleure idée. Entonnant brièvement un chant elfique, il laissa la matière du pantalon de cet humain se réduire à l'état de poudre, dans un cercle d'abord étroit, à l'endroit où la peau de l'humain semblait s'agiter. Cela ne parut pas suffire. Bon... Il continua son chant, agrandissant le trou, et espérant très fort être sur la bonne voie. Si l'humain se réveillait, le haut de la raie de ses fesses en évidence, mais sans queue de lémurien, tous deux auraient l'air stupide, et Valmys comprendrait aisément que l'on veuille alors l'étrangler.
Bon, là, le trou était normalement assez grand, mais la queue de lémurien ne venait pas. Inquiet, l'Enwr se pencha vers le fessier de l'humain, avançant sa main pour observer plus magiquement le phénomène...

Avant de vivement reculer, avec un éternuement, lorsque d'épais poils rayés bondirent pour chatouiller son nez. Oh le goujat, oh le farceur ! Valmys frotta son petit nez, comme pour en retirer les poils qui s'y seraient cachés pour le démanger. La queue du lémurien était douce, et portait une forte odeur de magie. C'était assez attrayant. La politesse empêcha néanmoins Valmys de reniffler la queue de l'humain comme une fleur.
L'observant à nouveau, Valmys constata que son patient avait une très longue queue, pour un lémurien. Il était quasiment certain qu'elle lui plairait, et qu'il saurait en user à son avantage. L'Enwr constata également que le trou qu'il avait fait dans son pantalon, à la base de la queue, était un peu trop grand. Oups... Eh bien... Il cacherait ce qu'il avait à cacher avec ses poils, ou apprécierait cette nouvelle aération, sans doute. Chantant à nouveau, dans l'espoir d'étirer la matière, Valmys parvint à sauver quelques meubles, sans être pour autant satisfait du résultat.

Les spasmes qui avaient agité son patient semblaient désormais calmés. Voilà qui apaisa un peu le soigneur, et lui permit de s'adosser à l'arbre. Il avait usé de beaucoup de magie, et avait besoin de repos et de réflexion avant de faire quoi que ce soit d'autre. Fouillant ses affaires, il sortit une flasque d'eau, qu'il porta à ses lèvres. Devait-il emmener un potentiel menteur au Domaine ? Ce n'était pas contre lui, mais il semblait vraiment enclin à ne pas faire attention à ses mots. Néanmoins, si son état ne s'améliorait pas, rester dehors, même à l'ombre, était un danger. Devrait-il alors le porter, par télékinésie encore, ou aller chercher quelqu'un ? Le laisser seul n'était pas une bonne idée... Mais il était lourd, quand même ! Peut-être pouvait-il demander de l'aide à Shi'Ry. Cela semblait être la solution la plus simple...
Rafraîchi et ravigoré par sa gorgée d'eau, il se tourna à nouveau vers le beau au bois dormant. Instinctivement, il revint vers lui, pour porter un peu d'eau à ses lèvres, et veiller à ce que même dans l'inconscience il ne se trouvât point déshydraté. Dans une tentative de le réveiller, il glissa également quelques gouttes d'eau fraîche sur son front. Valmys se donnait environ un quart d'heure. Un quart d'heure qu'il passerait sans doute à chantonner dans l'espoir de l'éveiller. Après cela, s'il n'était toujours pas revenu parmi eux, il l'emmènerait au Domaine, dans une des chambres vides vouées aux invités et voyageurs.

Spoiler :

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La charge magique et mystique qui reposait sur cette blague était trop forte, bien trop forte. Et la pauvre boutade était bien trop mauvaise pour qu'Archibald n'en ressentent pas un retour de baton violent. L'esprit des lémuriens était capricieux. Il était monté à la tête, avait enroulé sa longue queue annelée autour de son cerveau et avait affermi son emprise, enfonceant ses pouces opposables psychiques dans la matière. Cet énergumène méritait l'agilité et le sens du spectacle de l'animal totem mais il fallait payer le prix. La queue devrait faire son chemin et ce ne serait pas agréable.

Archibald se sentit très lourd, comme si ça tête était un étau brulant, surtout à l'arrière du crâne. Puis la douleur reflua. Il entendait un chant doux et apaisant. Il aurait presque pu sommnoler à sa guise s'il n'était pas en train de délirer. Il était dans la jungle, au sol et ses yeux se levaient inévitablement vers la canopée. Là-haut dans les branches, il y avait des insectes croustillants, des larves juteuses et de délicieux fruits sucrés. Il en salivait d'avance mais ses pieds semblaient être pris dans le sol, ils ne lui obéissaient pas quand il leur ordonnait de bouger. Un petit cri aigu et rieur retentit alors dans le bois. Derrière un tronc d'arbre, deux grands yeux oranges le fixait.
Puis il lui sembla qu'il s'envolait, son corps devint léger et il se mit à flotter vers les hauteurs. Les branches et les feuilles défilaient à travers la masse verte de la jungle. Naturellement il attrapa une branche et s'y accrocha comme s'il avait fait cela toute sa vie. Puis il tenta d'attraper une autre pour se déplacer mais cela ne marchait pas. Il pouvait l'attraper mais quelque chose dans le balancier de son poids n'allait pas du tout. S'il tentait de passer d'une branche à l'autre dans cet état il ne ferait que s'écraser au sol il en était sûr. Plus question de redescendre dans la fosse avec les autres spectateurs, il était sur les planches, dans les branches, il y resterait.

Son derrière s'agita, la queue poussait, poussait mais ne parvenait pas à sortir. Les grands yeux oranges du congénère qu'il avait vu plus tôt s'étaient rapprochés et l'avaient suivi dans son ascenscion. Il voyait le singe dans son intégralité désormais. Et celui-ci était hilare en montrant Archibald s'agiter le popotin devant lui, accroché à sa branche comme un bébé.
"Tu vas voir qui est le bébé ! Tu vas voir qui n'a pas de queue ! C'est celui qui dit qu'y est !"
Le spirite se vit sauter vers l'animal, d'une poussée flamboyante. Il sentit ses muscles s'éveiller. Ses jambes pouvait maintenant faire des sauts prodigieux, ses mains et ses bras pouvait le suspendre à presque n'importe quelle surface, son buste semblait enfin pouvoir se plier et se tordre à sa convenance et surtout, son bassin était capable de déhanchés vertigineux, accompagné du poids adéquat. Sa queue était là ! Ce bond était incroyable, le frisson de l'accrobatie lui donnait une sensation d'extase et de danger incomparable. Il passa au travers du lémurien qui s'évapora en fumée et qui fit disparaitre tout ce décors qu'il avait bati dans son esprit.

Il lui semblat qu'il tombait pendant un temps infini, pourtant son sommeil effectif ne dura que 5 minutes. Ses rêves se tournaient vers les bananes, les insectes, les arbres et les singes noirs et blancs qui riaient de bons coeur dans leurs communautés. C'était doux, c'était drôle, c'était excitant.
Mais sa chute prit fin. L'important c'est l'atterissage, et ici en l'occurence, le réveil. Ses yeux s'ouvrirent, il refit le chemin dans sa tête de la journée qu'il avait passé mais c'était assez confus. Des images de Graarh couverts de sang de stymphalis, d'elfe baptistrel et de jument se superposèrent et réveillèrent son instinct de survie. Il bondit sur ses pattes, non, c'était des pieds. Des pieds ? Et qu'est ce que c'était que cette odeur de cheval qui lui montait au museau ? Un nez, souffla le bon sens du fin fond de son esprit. Ses yeux écarquillés observèrent tout autour de lui et trouvèrent l'équidé en question. Celui-ci était accompagné d'un très grand singe sur ses deux pattes, sans fourrure. Il était au sol ?! Oh non ! Mais au sol il y a plein de prédateurs, c'est super dangereux ! Vite dans l'arbre !
Ni une ni deux, le spirite grimpa agilement à l'arbre, prenant appui avec ses bottes sur le tronc, aggripant des branches et se hissant à la force de ses bras, il monta jusque dans les hauts feuillage et regarda aux alentours. L'arbre était seul aux alentours et il était près d'une montagne. C'était dangereux. Non c'est chez les baptistrels, ça va aller, dit le bon sens au fin fond de son esprit, d'un ton exaspéré, ça te dérangerai de te comporter comme un humain comme avant s'il te plait ?
Un humain ?
Oh.
Ah oui... c'est vrai.
Il regarda en bas, les yeux toujours écarquillés, un peu confus.
"Euh... je... hmm... désolé de vous avoir surpris, je crois que je me suis un peu laissé... emporter... Je crois que... je vais rester ici un petit moment pour bien vérifier que cette queue est réelle, ça vous dérange si vous restez là et que vous me parlez pour que je sois sûr que je ne devienne pas fou ? S'il vous plait ?"
C'était trop bizarre.
Et en plus il avait un peu froid au fesses, ce qui ne le rassurait pas.

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Le grand singe sans fourrure chantonnait sagement, en jouant avec un brin d'herbe, s'en faisait une moustache, puis une broche, puis un monosourcil, puis un poil d'oreille... Eh bien ? Quoi ? Il était seul, il devait s'occuper ! Il avait le droit ! Et ce n'était pas Shi'Ry qui allait le juger. La jument avait la sagesse, supérieure aux bipèdes, de ne pas se moquer de lui.
Le chant cessa sitôt qu'un léger son, autre que le bruissement des feuilles et herbes, effleura ses rondes oreilles. Ah ? Lémurien éveillé ? C'était une excellente nouvelle ! Le regard de Valmys se tourna vers lui, et alors qu'il s'apprêtait à lui sourire et lui parler, l'Enwr eut la surprise de le voir paniquer. C'était bien peu commun pour lui et sa bouille d'amour de faire peur. Même au réveil, il gardait davantage l'air d'une proie que d'un prédateur. Son brave lémurien sortait-il d'un cauchemar ? Les rituels qui liaient aux esprits étaient parfois spéciaux, mais le cauchemar restait rare. Quel manque de bol, pour un spirite aussi gai !

Ce fut avec de grands yeux ronds de perplexité que Valmys observa l'homme à la queue touffue escalader l'arbre. Il dut lui reconnaitre une agilité qu'il n'aurait attribuée à un humain, d'autant plus équipé d'armes et d'instruments. Ses interrogations et sa surprises se muèrent vite en admiration. Son expression ne suivit pas.
Les bras croisés, il observa l'ascension vertigineuse du spirite nouvellement lié. Jusqu'où comptait-il aller ? Jusqu'à ce que les feuilles ne soient qu'un lit pour lui ? L'apprenti baptistrel était-il SI effrayant ? Par chance, les arbres de ces lieux étaient plus larges que hauts. Valmys n'eut pas de souci à entendre les excuses et la demande du lémurien sauvage. Ou peut-être était-ce lié à ces veinules qui ornaient sa peau... Il ne savait pas trop. Les comparaisons étaient difficiles à faire, dans ce genre de cas. Enfin ! La terreur de son camarade bipède semblait n'avoir été que passagère, et sans doute liée à une vision à laquelle lui n'avait pas accès. Si ce n'était que cela, tant mieux. Valmys décroisa les bras, s'approcha du tronc, sur lequel il mit la main. Il força alors sur sa voix:

"- Ne vous en faites pas ! Vous avez tout votre temps pour profiter de votre nouvel attribut, désormais !"

Un instant, le petit immaculé resta en contrebas, sage, à regarder alentour. Tout de même... Ça avait l'air fort sympathique de grimper aux arbres. Et quand le lié du lémurien s'en occupait, cela paraissait si simple ! Sa demande avait paru à ses oreilles comme l'envie de ne pas être seul, plus qu'une incitation à rester au pied de l'arbre, comme une démarcation de territoire. C'était compréhensible. Face au changement, avoir quelque accroche était rassurant. La seule accroche de ce marin au milieu de Néthéril étant son congénère...
Une énergie étrange picotait dans les membres de Valmys. Il en avait envie. Là, tout de suite. Son instinct de primate le dérangeait, et le poussait à rejoindre le lémurien, en hauteur. Dans toute sa logique, il n'avait pas de raison de rester au sol. Laissant ce qui pouvait l'encombrer ou se briser au sol, le jeune immaculé commença à se hisser sur le tronc, avant d'attraper ses premières branches. Oh. C'était plus simple que dans son souvenir ! S'il n'avait l'agilité et l'aisance du lémurien, il s'en sortait mieux qu'un humain, au moins: ce n'était plus le pénible et maladroit effort que ç'avait été. Grimper demandait de la réflexion, de l'observation, mais physiquement, quelque chose passait mieux. Quelque chose qui l'empêchait d'avoir l'air stupide en s'enroulant autour d'une branche à chaque fois qu'il voulait aller plus haut. Il ignorait ce qu'avaient fait ces veinules... Mais de plus en plus, il s'y attachait.
Après un moment, l'Enwr parvint à rejoindre son vaillant compagnon. Le contact du bois sous ses mains lui avait été agréable, là où jadis son aspect rugueux l'aurait gêné. L'exercice lui avait beaucoup plus, et il ne doutait pas que pour un lié du lémurien, ce devait être encore mieux. Ce fut avec un sourire qu'il s'installa sur la même branche que l'humain, sans se soucier de leurs deux poids cumulés sur un si étroit support.

"- Alors ? Elle vous plait ?"

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Son instinct lui disait que toute cette histoire s'était passé dans une sorte de précipitation inhabituelle, que le chemin pour accepter son esprit-lié était une pente douce, longue et sinueuse mais que lui, par une sorte de détours étrange de la nature, avait pris le raccourci express, celui qui passe par les ronciers.
Son instinct lui disait également qu'il n'était presque jamais grimpé aux arbres et que il serait bon ton de s'en inquiéter.
Mais il ne l'écouta pas. Fini l'instinct pour aujourd'hui, fini les rêveries étranges et les sauts de cabris dans les branches. Il avait besoin de concret, de rationalité. Il refit le cours de la journée dans sa tête et remit les événements en place. Il regarda la savane et la montagne néthérilienne, senti le parfum des herbes porté par le vent des plaines, ainsi que le soleil réchauffer sa peau. Cette dernière sensation le mit en joie et le détendit, son corps appréciait beaucoup cela, notamment son nouveau membre.
Lentement, Archibald amena sa main vers le bas de son dos. Ses doigts s'enfoncèrent dans la douce fourrure et il le sentit. Il caressa, il serra, il tira un peu, il la tordit dans dans tout les sens. Les sensations était étranges et naturelles à la fois mais elle émanaient bien de là, il pouvait sentir les mouvements et le toucher. Mieux, il lui semblait qu'il pouvait la bouger tout aussi facilement.
Il tenta quelques moulinets infructueux qui remuèrent les rameaux aux alentours, cela allait demander un peu d'entrainement pour la manier comme il fallait mais cela ne lui faisait pas peur. Il était emerveillé par la force et les capacités uniques que pouvaient lui offrir sa queue. Il la fit mouliner encore un peu, l'elfe avait raison, il fallait en profiter !
Il ferma les yeux et se concentra uniquement sur les mouvements de son appendice caudal, tentant de fluidifier les mouvements saccadés qu'elle faisait, sans doute à cause de l'excitation. Puis il lui sembla qu'il venait de passer sur une branche étrange... zut ! Le baptistrel qui montait à l'arbre ! Faites qu'il ne soit pas allergique aux poils !
"Oh ! Je vous prie de m'excuser ! D'abord je vous importune avec mes histoires mais ensuite je vous met le nez dans mes poils, je suis désolé !"

Son précieux aide le rejoint sur sa branche qui gémit un peu sous le poids des deux bipèdes. Archibald alla accrocher sa queue autour d'une branche plus en hauteur et tira juste ce qu'il fallait pour alléger son appui sur la branche. Bien enroulée, elle pouvait sans doute supporter son poids total pendant quelques dizaines de secondes et avec de l'entrainement, et bien, qui sait quelle force elle atteindrait ?
"Je pense que c'est arrivé un peu vite mais que cela en vaut largement la peine. Je ne crois pas que ce soit très courant comme esprit-lié et que je vais sans doute me faire regarder bizarrement, mais j'ai l'habitude d'attirer l'attention sur moi. Et puis les sensations sont vraiment extraordinaires ! Je peux la bouger dans tous les sens, je sens avec quelle force je peux fouetter l'air et sentir le soleil la réchauffer, c'est exquis. Comme une sorte de bain de soleil, c'est très relaxant, je me sens beaucoup mieux."
Il ferma les yeux et se laissa aller, enfin détendu. Il repensa à son rêve et se souvint d'une sorte de musique qui flottait en arrière plan, une musique apaisante.
"Vous avez chanté pendant mon sommeil non ? Je vous ai entendu au fin fond de mon rêve, vous preniez soin de moi pendant ce temps là. Vous êtes vraiment généreux d'aider un fou comme moi, et cela malgré mon attirail de guerrier. Merci beaucoup. Comment vous appelez-vous ?"

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"- Hmpf !"

Il avait voulu suivre son instinct, grimper innocemment aux arbres, à l'image de son congénère. Désormais, il se retrouvait à élaborer une théorie à base de magnétisme entre les poils de lémuriens et la peau des humelfes-veinulés. C'était la deuxième fois que l'appendice annelé venait rencontrer son visage ! Il avait tout de même des raisons de croire à un lien, à un attrait ! Peut-être même que la queue de lémurien n'était apparue QUE parce que son charmant minois s'était juste assez approché du fessier où elles se terrains !
Passant son poignet sous son nez, cherchant à y retirer les poils qu'il croyait encore sentir, l'apprenti baptistrel marmonna:

"- Y a pas de foufi."

Avant de retirer les poils qui s'étaient incrustés entre ses lèvres. Ils étaient vraiment soyeux... Et ne s'accrochaient que mieux à lui.
Avec un sourire entre l'amusement et l'attendrissement, et un regard plein de curiosité, il admira la manoeuvre du spirite nouvellement lié pour se hisser un peu plus haut dans les arbres. Effectivement, cela avait l'air plus simple avec un membre en plus. Surtout: l'humain avait l'air de se l'être appropriée bien vite, et de savoir ce qu'ils pouvaient faire ensemble. C'était toujours émouvant, les rencontres entre les êtres et leurs natures profondes, enfouies ou latentes. De plaisants moments se dessinaient dans l'avenir du marin, en accord avec lui-même, avec toutes les possibilités que cela lui ouvrait. Valmys se souvenait encore du sentiment de complétude que lui avait apporté son propre rituel, et le regard doux de l'hermine posé sur lui. Il ne connaissait qu'un seul autre lié à ce totem, en la personne du Cawr Amaury. Des lémuriens, il en avait vus davantage... Tout dépendait sans doute des endroits où ils cherchaient. Sur les bateaux, les totems marins devaient davantage être légion. Peut-être, oui, que l'humain allait se faire remarquer sur le navire où il travaillerait. En même temps, n'allait-ce pas être admirable que de pouvoir s'accrocher aux divers mâts avec sa jolie queue ? Les autres marins allaient être jaloux de ses capacités à s'occuper des voiles, des filets, peut-être même des Enwrs nouvellement capturés... Non. Il ne fallait pas y penser maintenant. Cet humain-là était trop sympathique pour être pirate, de toutes façons, non ?

Lentement, prudemment, n'ayant rien pour assurer sa sécurité s'il tombait, Valmys s'installa un peu mieux sur la branche, adossé au tronc de l'arbre, ses bras appuyés sur des branches adjacentes. Son regard se tourna vers l'humain à la longue queue annelée au-dessus de lui.

"- Valmys Neolenn. J'ai un peu chanté par précaution, la magie elfique proposant un chant de soin, et un peu dans l'espoir de vous ramener à la conscience... J'avais espéré que cela puisse, dans le même temps, vous rassurer. On dirait que cela n'a pas marché !"

Il faisait allusion à la panique précipitée qui avait suivi l'éveil du lémurien. Au petit rire qui lui échappa, on devinait qu'il ne lui en tenait pas rigueur, et qu'au contraire, il était soulagé de pouvoir en parler d'un ton aussi badin, désormais.

"- Vous ne me semblez pas plus vou qu'un autre, rassurez-vous. Je suis sûr que vous saurez utiliser votre nouvel atout à bon escient, et le faire remarquer pour quelques prouesses. Essayez juste de ne pas le laisser trainer dans des magasins de porcelaine, il m'a été raconté que ce pouvait être dangereux."

S'installant mieux, avec un soupir de contentement, Valmys reconnut que le lémurien avait au moins la pertinence de choisir de bons endroits où vivre. L'intérieur des branchages offrait une sensation de fraîcheur rare, en ces terres. Le fait d'avoir aidé quelqu'un avec brio jouait peut-être, sans doute. L'instant était plaisant, doux, presque autant qu'un jour de printemps sur le continent maudit, quand tout le monde était encore vivant. Aujourd'hui, c'était ce copain lémurien qui était vivant. Peut-être pouvaient-ils s'amuser de pareille façon ?

"- Et vous, quel est votre nom ? Et n'auriez-vous pas quelque chanson ou musique de votre composition à me présenter ?"

L'humain pourrait voir cela comme une sorte de paiement s'il le souhaitait. Pour Valmys, c'était surtout l'occasion d'apporter des connaissances en plus au sein de son ordre et, selon le chant, se distraire un peu.

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Que d'émotions !
C'était vraiment une jolie expérience, un peu effrayante par moment mais tellement intense...
Et en très charmante compagnie d'ailleurs.
"Et bien Valmys, je me prénomme Archibald Habbot, mais vous pouvez m'appelez Archi, c'est un diminutif que tout mes amis aiment employer et je pense que vous avez largement mérité le droit d'en être." dit-il en souriant. Il était peut-être un peu cavalier d'être aussi familier avec quelqu'un qu'il avait rencontré le jour même mais c'était dans sa nature. Il semblait attirer à lui les circonstances exceptionnelles et farfelues, et finissait par y entraîner des personnes contre leur gré mais avec qui il finissait par sympathiser.
"Quand j'étais dans l'inconscience, j'ai fait un rêve très étrange... Je me souviens d'une jungle, de lémuriens, et de branches auquelles je m'accrochaient et aux arbres auxquels je devais grimper. C'était une jungle très verdoyante et les rayons du soleils perçaient le feuillage et formaient des tâches aux sols et elles me réchauffaient, comme le soleil actuellement." Il ferma à nouveau les yeux, savourant la sensation. Il devrait faire ça à chaque sortie du soleil, c'était une bénédiction. Il reprit avec un ton apaisé, doux et solennel.
"Mais je me souviens surtout de votre musique. Quand je suis tombé et que je me suis retrouvé dans mon rêve, je me suis senti complètement perdu et je ne comprennais pas ce qui m'arrivait. Pourtant, à travers la magie spirituelle, elle m'est parvenue. Elle m'a bercé, elle m'a calmé et j'ai pu prendre confiance en moi pour affronter l'épreuve qui m'attendait. Sans vous, je pense que cela aurait été beaucoup plus douloureux et beaucoup plus long. Merci beaucoup Valmys."
Il était des plus sincère et il voulait que ça se voit.
Il sortit son Oud de sa sacoche et se mit en position pour jouer. Il n'avait pas besoin de se tenir avec ses mains.
"Puisque vous me le demandez si gentiment, je me vois obligé de vous dédier une chanson de mon cru qui me semble tout à fait à propos. Je l'ai composé à l'origine lorsque je fus tombé gravement malade et que je dus me reposer dans feu, la cité d'Elenia. À l'époque l'invasion almarréenne nous avait mis nous autres marchands sans le sou et je fus très content de trouver des gens généreux sur mon chemin d'alors.

"Elle est à toi cette chanson
Toi l'Elenien qui sans façons
M'as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M'avaient fermé la porte au nez
Ce n'était rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un feu de joie
Toi l'Elenien quand tu mourras
Quand le croque-mort t'emporteras
Qu'il te conduise à travers ciel
À Mort l'éternelle  

Elle est à toi cette chanson
Toi l'hôtesse qui sans façons
M'as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'amusaient à me voir jeûner
Ce n'était rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un grand festin
Toi l'hôtesse quand tu mourras
Quand le croque-mort t'emporteras
Qu'il te conduise à travers ciel
À Mort l'éternelle  

Elle est à toi cette chanson
Toi l'étranger qui sans façons
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de me voir amener
Ce n'était rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un grand soleil
Toi l'étranger quand tu mourras
Quand le croque-mort t'emporteras
Qu'il te conduise à travers ciel
À Mort l'éternelle"

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Oh, c'était flatteur tout ce que l'humain lui disait là ! Un instant, Valmys ne sut pas vraiment où se mettre, se contentant de sourire, un peu gêné, les joues rosies, son regard évitant celui d'Archi. Seule l'idée d'être perché à plusieurs mètres du sol l'empêchait de trop gigoter sur sa branche. Avait-il donc tant fait, pour ce nouveau spirite ? N'exagérait-il pas un peu ? Lui n'avait pas la sensation d'avoir fait quoi que ce soit d'exceptionnel, ou qui requit de lui de forcer sa nature. Ceci dit, il croyait se souvenir que les non-baptistrels ne connaissaient pas fatalement les mêmes réflexes en matière de fraternité et de soin apportés aux autres. Les gens de la mer, encore moins. De là pouvait provenir la réaction de son patient du jour.

Pourtant cette hypothèse ne suffit pas à retirer le rose de ses joues. Il fallut qu'Archibald continuât de parler pour que peu à peu l'Enwr se sentit plus à l'aise. C'est que ce qu'il racontait sur son rêve, son rituel... Valmys n'y avait jamais vraiment pensé, et cela changeait sa façon de voir le chant qu'il aurait dû prodiguer. Effectivement, ce genre d'instants pouvait, plus que le soin, nécessiter encouragements et soutien. C'était une bonne information à prendre en compte, pour ceux qu'il pourrait avoir à aider à l'avenir. Une information qu'il devrait sans doute partager auprès des membres de son Ordre. Il imaginait déjà le sourire entre l'amusement et l'attendrissement des Cawrs, qui auraient sans doute déjà deviné ce qu'il allait dire, et le sérieux d'autres élèves, plus attentifs.

Archibald sortant son instrument, Valmys attacha immédiatement son regard à ce dernier. C'est que les Oud n'étaient pas les instruments les plus répendus, et devaient encore moins l'être après l'exil. Celui-ci semblait avoir de l'âge tout en ayant été chôyé. Une belle pièce, que le Domaine aurait sans doute apprécié de pouvoir conserver. Oh, il n'était pas question de le lui ôter. Pas tout de suite, en tout cas. Il en usait trop bien pour cela. Un sourire passa sur les lèvres de Valmys, comme il l'écoutait chanter et jouer. Vraiment plaisant. Il revoyait se dresser devant lui les murs de la Cité, et ses passants. Il pouvait presque sentir le froid, la faim, la poussière de la ville, le brouhaha, et les regards. Ouais ! Ce lémurien-là avait quelque chose dans les doigts et la voix. Rien de surprenant à ce que des personnes aient été généreuses avec lui, s'il leur avait offert quelque chant. Rien de surprenant à ce qu'elles continuent à l'être, si lui suivait cette voie.
Quand la chanson s'acheva, que les cordes de l'Oud cessèrent lentement de vibrer, et que Valmys sentit que son avis était requis, il ne se sépara pas de son sourire.

"- Eus-je été Elenien, je crois que je vous aurais donné une pièce aussi. Votre chant m'a paru transporter émotions et mémoires." Il eut un mouvement pour s'étirer, prudent. "Dans mon souvenir, je trouvais Elenia relativement belle. Néanmoins, depuis que j'ai vu Endëaerumë, je pense qu'aucune autre ville ne peut égaler à mes yeux la beauté architecturale de cette dernière." En même temps, les autres villes ne faisaient pas d'efforts. Peut-être pouvait-il soumettre quelques plans à Aldaron. Le Domaine était très beau, mais Valmys ne le considérait pas vraiment comme une ville. Plutôt comme une seule et même maison, divisée en plusieurs bâtiments. "L'avez-vous déjà vue ? Vous me donnez l'impression de beaucoup voyager, mais j'ignore ce que vos équipages vous ont amené à voir jusqu'alors." Les voyages étaient son sujet de prédilection. Et pour cause...

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"Encore une fois vous brillez sans le vouloir par votre générosité. Vous êtes une touche de fraicheur dans mon monde de brutes vraiment... parfois j'aimerai qu'il y ai plus de gens d'autant de valeur que vous dans le monde."
Archibald soupira, la gentillesse du baptistrel l'attendrissait et le rendait aussi un peu triste. C'était une attitude et une manière de voir le monde qu'il ne pourrait jamais se permettre d'avoir, lui était déjà destiné depuis tout jeune à la vie dure, gagnée par le fer et désormais il ne pourrait que vivre en mer ou dans les ports entre deux voyages, sans avoir d'autre rêve que celui de trouver une bonne taverne à la prochaine étape pour pouvoir se souler tranquillement. Enfin il ne fallait pas trop y penser à ça et continuer à chanter pour toujours faire passer le mauvais temps. La mélancolie pouvait vite le reprendre dans ses filets et cela se sentit.

"Mais pour un Elenien généreux, pour un Valmys attentionné, combien de guerriers arrosant les campagnes de sang, de pirates remplissant les abysses des carcasses de bois ?
Il y a des beautés dans le monde, c'est vrai, mais le monde est trop grand et trop brutal pour les conserver hors de portée du mal en nous. Je n'ai pas vu Endëarumë encore mais on m'a raconté ses jardins florissants, ses statues et ses fontaines d'or et sa pyramide majestueuse. Les elfes doivent parfois nous voir comme de sacrés barbares nous autres pauvres humains."

Il se rappela son précepteur de son adolescence, Ingolmo, l'herboriste dont la roulotte était la plus belle et la plus chargée de toute la caravane. Il se rappelait de ses séance d'apprentissage de l'écriture humaine, puis elfique entre les murs décorés de gravures et de peintures. Les odeurs de vieux livres, de plantes séchées, de tisanes et d'encens. À l'époque il ne savait pas apprécier ces moments de calme et de douceur et il se disait que si son ancien maitre le voyait aujourd'hui, il serait peut-être un peu déçu de ne pas voir les talents de son protégé pour les langues, la littérature et la chanson aussi mal exploités.

"J'ai appris l'elfique et certains savoirs de ce peuple quand j'étais adolescent et je me souviens très bien du sentiment que j'avais alors. Je trouvais ma bouche et mon esprit trop pataud et balourd pour manier des outils si raffinés. C'est la manufacture elfique et leurs chansons qui m'ont toujours le plus étonné et, je dois l'avouer, rendu jaloux. Je n'ai jamais mis les pieds dans les domaines elfiques encore, j'ai trop peur de passer pour un imbécile ou un stupide primate avec mon crin-crin et ma grosse hache. Pour l'instant je préfère me contenter d'animer les soirées des ivrognes dans les ports miteux des humains et saluer de loin les dents-longues. Mais peut-être un jour..."
Oui peut-être... Peut-être qu'un jour il arrêterait tout, qu'il mettrait au ratelier sa hache et irait vivre chez les elfes pour prendre le soleil et un repos bien mérité. Mais ce n'était qu'un rêve malheureusement.

"Les ports se ressemblent presque tous aujourd'hui, mais je trouve formidable ces nouvelles cités que nous avons tous réussi à construire aussi rapidement. De nouveaux édifices magnifiques ont poussé du sol, que ce soit les hauts-quartiers de Sélénia, les places du marché de Caladon, les murailles de Délimar, les citadelles pointues et glacées d'Aerthia et les bicoque biscornues sur pilotis d'Athgalan, ce nouveau monde n'est pas pour me décevoir même si Ambarhuna me manquera toujours. Ne rêvez vous pas qu'un jour nous montions une expédition d'éclaireurs pour voir ce qu'il est advenu de nos anciens foyers ?"

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La seule mention du mot "pirate" fit se fâner le sourire de Valmys. Il aurait pu au moins être soulagé et déduire que son interlocuteur venait de signer pour avouer ne pas être de ces tristes sires. Il ne voyait que le Maelstrom, le sang versé, les cales sombres, l'épuisement d'humains sous-nourris, la fureur des Graärh en cage. Malgré le temps qui passait, il persistait à se sentir coupable de s'être enfui, seul, lâchement, sans même un geste pour les aider, quand bien même il savait que ce qu'il aurait pu faire n'aurait pas fatalement tourné à leur avantage. Aurait-il dû rester avec eux ? Peut-être. Il ne savait pas. Venait alors le moment où il éloignait la question de son esprit pour se protéger, et éviter d'imaginer que Nathaniel l'avait remplacé. Se reconstruire lui demandait trop d'efforts pour les effacer ainsi. Et si sa guérison passait par un geste envers le Maelstrom ? Ce serait potentiellement en accord avec son serment, avec sa philosophie même. Mais... Les exceptions et contradictions construisaient les êtres. Il en parlerait à ses maîtres, au moins pour soulager son crâne.

Archibald eut le bon goût de partir sur un autre sujet, au moment où Valmys efforçait ses pensées à ne pas trop partir dans le sens qui les abattait. Un "félicitations !" sincère, accompagné de sourcils haussés, répondit à la déclaration du lié au lémurien quant à son apprentissage de l'elfique. La langue était difficile, de surcroit pour ceux qui ne l'avaient pas en langue maternelle, encore plus pour ceux qui ne l'apprennaient pas dans leur tendre enfance. Même en tant que jeune humain, Valmys avait peiné à maîtriser la langue du peuple dont il portait pourtant le sang. Au moins pouvait-il remercier son défunt maître de l'avoir emmené à temps auprès du beau peuple, et feu son enseignant chanteciel d'avoir achevé de consolider cet apprentissage. En tant qu'adolescent, Archibald avait dû peiner à s'approprier les subtiles notes de l'elfique. Qu'il y soit parvenu dénotaient de qualités intellectuelles certaines, qu'il était dommage de ne pas voir exploitées par simple humilité.

"- Je suis persuadé que toutes les espèces ont leurs qualités et leurs défauts, et ne vois pas pourquoi les humains seraient en reste. Sans cela, pourquoi seraient-ils encore en ce monde ?" Il eut un fin sourire en coin. "Je les trouve attachants, à leur façon. Et je sais que certains elfes vivent ou vivaient mieux auprès des humains que des leurs. Avez-vous entendu parler d'Aldaron Triade ? Ou du dragonnier Elrond Amarië ?" Le premier avait ouvertement vécu avec un vampire et une humaine, avant de travailler pour les Kohan... Et s'en affranchir. Un elfe au coeur d'Homme. D'Elrond, Valmys avait surtout les dires, étrangement peu objective, de Dawan. Cet elfe-là s'était toujours senti mieux auprès des oreilles rondes. "Sans offense, je pense que vous passez à côté d'occasions de briller de toute votre lumière, par crainte de l'ombre." A voix haute, le regard porté sur l'horizon flou de la savane, il songea: "Avec les compétences dont vous me parlez, je vous imagine très bien faire le guide des humains dans la cité des elfes, ou l'interprête... Ou juste colorer leur paysage de nuances qui leur manquent..."

Ce qui était encore plus dommage, c'était qu'ils auraient sans doute pu en parler un moment. Valmys aurait pu encourager son patient, le pousser dans une voie qui l'attirait à demi-mots...  Ils auraient pu parler d'architectue, et Valmys aurait vanté le Domaine et ses constructions encombrées de sculptures, fruits de l'apprentissage et du travail des baptistrels. Ils auraient pu, et la vie aurait été cool. Valmys aurait balayé le sujet de l'ancien continent pour ne pas avoir à en imaginer trop fort la ruine et les morts, avec nostalgie, et le sentiment profond de fatalité qui lui avait été transmis. Mais Archibald avait prononcé un mot, un tout petit mot, huit lettres, trois syllabes, qui avait retenu toute l'attention de Valmys, mettant ses nerfs à vif, lui hérissant le poil, raidissant ses muscles.

"- ...Athgalan ?"

Il avait perdu son sourire, et fixait avec intensité le marin. Il lui vint à l'esprit que, peut-être, la question n'était pas assez explicite.

"- Vous avez été à Athgalan ?"

Bien sûr, ce n'était pas la vraie question. La vraie question était plutôt: qu'avait-il fait là-bas ? Dans quel camp avait-il été ? Avait-il profité de ces butins dont Valmys aurait pu faire partie ? Que le lémurien ne tente pas de se jouer de lui: l'Enwr ne comptait pas porter plus loin la conversation tant qu'il n'aurait pas la réponse à cette question qu'il n'avait su expliciter. Il voulait bien faire des efforts, porter son esprit dans des voies qui l'apaisaient, mais venait un moment où il ne le pouvait plus, où il avait besoin d'aide.

[HJ: si jamais ton perso veut tenter de changer de sujet ou autre, tu peux partir du principe que Valmys insistera o/]

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Archibald vit le teint de son ami s'assombrir et son sourire s'effacer face à ses propos un peu pessimistes. C'était à prévoir, il n'aurait pas du se laisser aller ainsi à parler de choses aussi sombres. Pourquoi cela arrivait-il souvent ? Pourquoi ne pouvait-il se contenter d'apprécier les bonnes choses sans y voir la noirceur ? Pourquoi la tristesse revenait elle si souvent ? Il chassa ces pensées de son esprit, ce n'était pas le moment de se prendre autant la tête.

La discussion continua et Valmys apporta son point de vue sur la différence des deux races. "Peut-être la société elfique est-elle trop stricte pour certains ? Au vu du nombre incroyables de mots pour désigner les différents membres de la société selon leurs rangs je comprend que la société humaine, même si bien moins raffinée, fasse envie. Chez nous on a tous la possibilité de s'élever socialement avec un peu de chance et beaucoup de talent. Les elfes ne manquent ni de l'une ni de l'autre grâce à leurs beaux yeux et leurs longues années d'expérience.
Aldaron dont vous parlez justement en est l'exemple typique, à force de tremper dans les affaires des Kohan, il a acquis suffisament de renommée et d'adresse pour faire fonctionner le Marché Noir qui nous a tous sauvé et a se faire une place politique de premier choix dans l'archipel. Quant à Elrond... J'imagine que lorsqu'on est dragonnier, pas mal de choses changent..."

Les mots de Valmys qui suivirent trouvèrent écho dans le coeur du marin. C'était beau et un peu triste. La lumière, l'ombre, très poétique et très juste. Trop juste. Quelles vies s'interdisait-il ? Combien d'occasion de rendre sa vie "honnête" avait-il déjà manqué ?
Le regard d'Archibald se perdit dans le vide, songeur. Non mais ça allait bien 5 minutes les remises en question à gogo ? La journée n'était-elle pas déjà assez chargée en prises de conscience ? Et pourtant une petite voix qu'il faisait taire, montant de son inconscient, le poussait à explorer un peu plus les raisons internes de ses malheurs. Terrifiante perspective que celle de se rendre compte que l'on est responsable de son propre destin.

Après avoir parlé de ses voyages dans l'Archipel, il vit le timide sourire de son bienfaiteur disparaitre maussadement et son visage se composer gauchement en une espèce d'air tendu qui contrastait avec le cadre ambiant. Flûte. Tantôt ils devisaient légèrement, perchés sur un arbre, arrosés de soleil et de vent frais, et maintenant l'atmosphère était descendu de quelques degrés.
"Et bien ma foi, quelques bricoles voilà tout." répondit-il gêné avant de déglutir. Hum... Ce n'était pas une très bonne réponse, cela ne ferait qu'empirer l'air de suspicion qui lui pesait lourdement dessus. Quel embarras... C'était une question qui semblait bien moins anodine qu'il n'y paraissait et le troubadour se fit soudain bien plus méticuleux dans le choix de ses paroles.
"Enfin... bon, j'imagine que l'on ne peut mentir ou cacher la vérité à un baptistrel, et encore moins à un ami. Ce ne serait pas très respectueux et vous méritez mieux que cela. Pour tout vous dire, l'histoire de ma visite à Athgalan commence un peu plus tôt, pendant l'exil.
Voyez-vous, parmi les nombreuses compagnies de cirques et de ménéstrels ambulants d'Ambarhuna, une poignée a pu embarquer sur les vaisseaux. J'étais sur le même navire qu'eux et pendant que je me rendais utile péniblement sur le pont, les pauvres bougres se réunissaient dans la cale, exclus de tous. Un soir je suis descendu les voir avec trois pauvres bouteilles de vin médiocre et je les ai partagées avec eux. Nous avons par la suite discuté, chanté, joué de la musique, mais également du théâtre. Hélas dans la cale nous n'y voyions guère et ne pouvions jouer trop fort mais ensemble nous avons soigné notre mal du pays comme nous le pouvions. Je n'avais pas ressenti un tel sentiment d'appartenance depuis au moins dix ans et j'étais presque heureux.
Hélas de nouvelles opportunités et de nouvelles obligations se sont présentées à notre petit groupe et nous avons dû nous séparer pour chacun refaire nos vies dans les mois qui ont suivi. Je suis devenu marin, la plupart ont travaillés sur les constructions et ont obtenus un lopin de terre, certains sont morts, et d'autres sont tombés dans les griffes de la cité pirate.
L'un de ceux-là m'a proposé de venir lui rendre visite et je me suis laissé tenté. Par lettres, il m'a indiqué sur quel navire embarquer et à qui s'adresser. Je suis monté sur ce rafiot un peu bancal et je me suis vite rendu compte que j'étais compté comme membre honoraire de l'équipage, aussi facilement que cela. Une fois arrivé sur les planches humides et boueuses de la ville marécageuse, pendant que je débarquais des caisses de cargaison, j'ai été surpris par la simplicité et la bizarrerie des constructions. La ville semblait avoir été déterrée du marecage et rafistolé à coup de planches et de clous pour former un entrelac de maisonnettes et de huttes parmis les mangroves.
La cargaison, elle, je dois l'avouer, comportait surtout de l'alcool, de la drogue et des objets de valeurs de contrebande. Je passais alors une bonne semaine dans les bordels de la ville à me souler. J'y croisai d'ailleurs plusieurs membres féminins de notre troupe et je m'en retrouvais fort atristé. Mon ami quant à lui était passé de joueur de tambour à petit homme de main de malfrat et vivait dans un taudis. J'eu le loisir de tout de même en apprendre beaucoup sur l'île, ses monstres particuliers, sur les Graärh et bien d'autres choses. Je ne suis pas resté plus longtemps et j'ai ré-embarqué sur le même rafiot et je suis reparti vers Calastin, dépité. Voilà tout. Je me devais de faire ce voyage, je ne le regrette pas car cette ville fait partie de notre nouveau monde et je ne pouvais la rayer de ma carte des destinations. Je sais aussi désormais où sont tous mes anciens compagnons même si je ne reverrais sans doute jamais certains, une sorte de sens du devoir m'empêchait de les oublier et de ne plus me soucier d'eux. Comme je rêve de la cité elfique, je rêve parfois de tous les réunir et de reprendre le voyage avec eux... Mon histoire vous satisfait-elle ?"

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Une quelconque histoire de pirate pouvait-elle satisfaire Valmys ? Il était encore trop tôt. Le temps n'avait pas fait son oeuvre, et l'Enwr ignorait l'étendue de ce qui lui était possible de régénérer, cautériser, ou endiguer. La brûlure était encore féroce, la plaie ouverte. Il suffisait d'appuyer pour que le sang en gicle. Ses cauchemars étaient toujours aussi vifs, avec des précisions trop fines. S'il tolérait à nouveau les voyages en bateau, en bonne compagnie, s'imaginer face à des pirates lui était bien moins supportable. Il les haïssait, viscéralement, autant qu'il les craignait. Pourtant les Huit savaient combien il était complexe d'obtenir la haine du petit être, et de la conserver. Ils savaient également qu'un maître mage n'aurait pas dû craindre que l'on voulut lui porter atteinte.

Nul histoire ne pouvait lui plaire, car c'était lui rappeler que, là où lui était épargné, d'autres ne l'étaient pas. Cela lui rappelait que, sur son raffiot poussiéreux, l'Orque profitait encore d'une vie de luxe crasseux et crapuleux, aux dépends d'âmes brisées et de corps aux mains liées. Et s'il prospérait, c'était parce que, sous ses ordres, quelques médiocres acceptaient de courber l'échine pour lui. Tous ces êtres exécrables étaient des preuves vivantes d'utopies brisées. A l'image des chimères, le symbole de l'échec de trois peuples à atteindre la sagesse.

L'histoire d'Archibald, elle, n'était que la marque plus grande encore de l'étendue des tentacules gluants des pirates. Ils pouvaient atteindre les baptistrels, ils pouvaient atteindre les innocents fils du Lémurien, ils atteindraient d'autres personnes sans doute.

Mais là où Valmys était retenu par ses blessures, Archibald avait des pouvoirs que lui n'avait pas. Une forme d'innocence et de confiance que l'on avait ôtée au petit immaculé, et qui pouvait être nécessaire pour qui voulait sauver le monde.

Le coeur lourd de ses souvenirs, et de ce que lui imposait son imagination en écoutant le ménestrel, Valmys se tourna à nouveau vers ce dernier. Les débuts de l'histoire lui avaient vaguement fait hausser un sourcil (quelle idée d'enfermer les gens d'histoire et de musique, sur un trajet où les esprits avaient tôt fait de tourner en rond !), la suite l'avait poussé à regarder ailleurs, n'ayant pas les ressources pour soutenir le regard du conteur, et cacher ses propres émotions. L'évocation des bordels l'avaient fait grimacer. Désormais, il avait sur les traits un mélange de peine et de fatigue. Au fond, il jalousait un peu Archibald. Il aurait voulu lui jouer quelque air, pour accompagner ses mots. Son instrument n'était pas là. Tant pis. S'appuyant un peu plus contre le tronc de l'arbre, et sans répondre à la question initiale, il demanda, d'une voix assez basse et douce:

"- Me laisseriez-vous vous proposer quelque inspiration pour votre prochaine composition ?"

Il attendit son aval, et continua, lentement, paisiblement, ses mains partant innocemment jouer avec quelques feuilles près de lui:

"- Ce serait l'histoire d'un héros. Il serait né et aurait grandi d'une façon qui lui serait apparue comme commune. Il aurait vu des congénères autour de lui, grands, forts, puissants, intelligents, avec moult pouvoirs, réalisant moult exploits. Il les aurait admirés. Il aurait parcouru le monde, et vu les misères qui rongeaient son monde. Il aurait vu l'ombre, mais n'aurait osé apporter sa lumière, s'imaginant que les autres, les grands, forts, puissants, pouvaient le faire." Valmys se fendit d'un sourire, triste. "Ils ne le pourraient."

N'avaient-ils pas, eux, maîtres mages et dragonniers en leur monde ? Ils n'avaient pas réussi. Les chimères avaient déjà arraché leur destin comme le prédateur arrache les gorges. C'étaient d'autres choses dont ils avaient besoin, l'Enwr en était sûr. Mais il ne pouvait l'imposer. Pour sauver le monde, il fallait un dernier pouvoir, et il était inutile d'insister si Archibald ne l'avait pas.

"- ...Ce n'est qu'une proposition. Si cela ne vous inspire pas, tant pis."

Il commença à esquisser les premiers gestes pour descendre de sa branche. Ses papattes se tendirent vers celle du dessous, s'assurant le poser de son pied, timidement.

"- Vous voyagez donc seul ? Vous êtes venu seul dans cette savane ? Pas d'équipage qui vous aurait accompagné, que vous devriez rejoindre ?" Il réalisa que ses mots pouvaient être blessants, et précisa donc sa pensée. "La journée avance. Si vous préférez voyager de jour, je peux tenter de demander au Gardien si nous pouvons vous accueillir. Sinon, nous trouverons bien un moyen de vous offrir au moins un abri pour ce soir."

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Archibald n'était pas fier.
Si le soleil l'avait réchauffé après son rituel, s'il s'était laissé aller à penser que tout resterai comme avant, Valmys, dans son entiereté, lui faisait l'effet d'une douche froide. Il l'angoissait, il redoutait ses réactions mais il les savait diablement nécessaires et purificatrices. Il ne parlait pas mais ce n'était pas nécessaire. En observant bien les gens on y voyait parfaitement les effets de ses paroles et le reflet de ses actions sur le monde. Dieux qu'ils n'aimait pas cette sensation horrible de s'être fourvoyé... à chaque fois qu'il pensait vivre sa vie de rêve, sans conséquences et sans attache, le destin semblait mettre sur son chemin le bon obstacle ou la bonne personne pour lui rappeler le droit chemin qu'il évitait. Le Talion le poursuivait inlassablement mais il continuait à fuir. Plutôt fuir et envoyer le monde aux flammes et aux chimères que de risquer la perte à nouveau.

Mais sa bonne conscience, toutes ces valeurs que lui avaient enseigné ses parents adoptifs, sur la voie du guerrier, du guérisseur, du guide... Pourquoi ne l'abandonnaient-elles pas ? Pourquoi le souvenir ne s'effaçait-il tout simplement pas pour le laisser vivre sa vie de débauché comme il le souhaitait depuis le début ? Pourquoi les défunts ne quittaient jamais son côté ?

Alors Archibald, après avoir conté son histoire avec un ton plus grave qu'à l'accoutumée et ses mots un peu décousus mais justes et bien à lui, ouvrit vraiment les yeux. Il reconnut un instant dans l'expression de Valmys la même tristesse, la même envie d'oubli, la même perte de quelque chose de précieux dans son passé. Cette sensation fugace et pourtant réelle s'effaça aussitôt en ne laissant derrière qu'une vague trace de compassion envers ce pauvre être torturé à qui il faisait passer un moment peu agréable. Il avait pu le blesser et il ne pourrait pas l'aider ou le guérir d'une quelconque manière, de cela il était sûr, et de cela il ne retenait qu'amertume et culpabilité. Toujours la culpabilité.

"Allez-y." dit-il doucement quand le baptistrel lui proposa une inspiration. Quand bien même il l'aurait voulu, il n'aurait pas pu refuser. Et il ne voulait pas de toutes façons.

Les yeux du troubadour des mers s'embuèrent. Sans doute une poussière...
Cette histoire il la connaissait. Elle résonnait avec fracas avec le flots de souvenirs de son passé et s'accordait à son présent trop justement pour que son coeur ne se serre pas. Mais que faisait-il ? Pourquoi se laissait-il baloter par le destin, impuissant, inactif ? Ses parents adoptifs lui avaient pourtant répété maintes fois qu'il avait de l'or dans les mains alors... Qu'est ce qui clochait ?
L'immaculé se mit à descendre de la branche et eut quelques mots désespérés et dépités. Archibald le suivit avec aisance et avec un feu sincère dans la voix et dans les yeux il déclara.

"Vous ne savez même pas à quel point vous touchez juste... Cette histoire... C'est ma vie ! Je ne me suis jamais permis de prendre en main mon destin ou d'avoir une quelconque ambition. Je me suis toujours laissé vivre et j'ai laissé les événements faire de moi ce que je suis aujourd'hui. Un ivrogne sans morale ni valeurs qui va de bateaux en bateaux sans se soucier du lendemain. Je ne me suis jamais interessé au sort du monde, j'ai toujours vu cette affaire comme étant du ressort des plus puissants et pourtant... J'ai toujours senti cette possiblité de changer les choses... Laissez moi vous faire une promesse Valmys."
C'était peut-être un peu théâtral mais il était comme ça. Il lui fallait ça pour agir vraiment, il avait besoin de chevalerie et des formes qui allaient avec s'il voulait avancer dans la vie. Sinon à quoi bon ?
"Cette chanson, cette épopée que vous me proposez... Je l'écrirai, je la composerai et je vous la jouerai. Car vous la méritez autant que moi."
Il ne savait qu'ajouter mais un souffle de vie l'animait à nouveau, ce n'était pas le soulagement de tout à l'heure mais une joie plus profonde et rassurante. Il s'était enfin fixé un but précis et ça n'était pas arrivé depuis bien longtemps. Une excitation infantile monta dans son esprit qui se mit à bouilloner d'idées.
"Oui je suis seul, je voyage seul et je compose seul, mais j'ai un équipage quelque part. Ils m'attendent, enfin pas tous, mais je saurais les convaincre. Un équipage d'artistes et de musiciens oubliés, et je vais en avoir besoin pour narrer votre histoire. Cette épopée... oulala elle m'inspire déjà j'entend les accords et les vers qui arrivent !"
Le spirite fit une cabriole et sauta avec aisance sur d'autres branches de l'arbre avant de faire une pirouette pour atterrir au sol et de relever la tête avec un grand sourire bienveillant.
"Je me sens beaucoup mieux étrangement ! Vous m'avez vraiment remis les idées en place et ça fait un bien fou ! Vous devriez peut-être trouver quelqu'un qui vous fait le même effet, votre visage serait plus beau s'il n'était pas aussi triste. Je ne pense pas que j'aurai pas besoin de votre hospitalité pour ce soir, vous me la proposerez quand j'aurai quelque chose à vous offrir en échange de votre bonté. Je vais me remettre en route le plus tôt possible, je n'ai plus autant le loisir de perdre mon temps; maintenant que j'ai une quête."

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Ah zut. Valmys ne s'était pas attendu à tout ça.
C'est vrai, quoi, d'habitude les gens, quand on leur faisait ce genre de commentaires, ils disaient "ouais ouais" puis ils retournaient à leurs affaires. Ils avaient leurs raisons, sans doute trop profondes pour un apprenti baptistrel, et bien trop importantes pour les délaisser et sauver le monde, ou sa propre vie. Mais, encore une fois, le lié du Lémurien n'était pas n'importe quel spirite.

Son engouement et son énergie n'étaient pas que physique. Valmys l'ignorait ou, s'il l'avait su, l'avait oublié. Le soudain élan d'Archibald stoppa le sien, dans sa prudente descente de son perchoir -un jour il s'habituerait à sa nouvelle agilité. Le petit immaculé se tourna vers son copain humain, le regard arrondi de stupéfaction, les sourcils haussés de perplexité. Sur les traits d'Archibald, il cherchait si seulement il se moquait de lui, et de son côté utopiste. Son détecteur de mensonges, ironie et second degré, n'avait jamais été très performant, et ne l'aidait pas à faire la part des choses. Mais là... C'était à se demander si ledit détecteur n'était pas cassé, ou parti en vacances. Il ne décelait que de la sincérité, sans la moindre once d'ombre. C'était troublant, vraiment ! Et le pauvre esprit de Valmys peinait pour le coup à y croire. L'aspect chevaleresque de la déclaration détonait moins pour lui que la vérité qui l'habitait.

Cela voulait tout de même dire qu'il avait touché quelqu'un, que ses mots avaient eu de l'effet... Qu'ils allaient peut-être même changer des choses ! Non, c'était beaucoup trop étrange pour être admis, tout cela. Avant de crier victoire, mieux valait attendre, et voir, si Archibald allait effectivement se tourner vers l'appel au fond de lui, ou s'il l'oublierait après une seconde gorgée d'une bonne pinte. Une partie de lui avait néanmoins très fortement envie d'y croire. Cette partie faisait briller des paillettes uniques dans son regard.

Un petit couinement de peur échappa à Valmys en voyant Archibald se lancer dans une périlleuse cabriole. Eh ! Pour sa défense, chez les humains "normaux", c'était très dangereux ! Inquiet, il se pencha un peu, pour voir si le lémurien avait bien atterit. Le soulagement se lut sur ses traits, et dans le soupir qu'il poussa. Tandis qu'Archibald reprenait la parole, il se montra lui-même plus aventureux, cherchant à le rejoindre sans attendre, et descendit des branches également, sans encore oser les cabrioles. Il regretta d'ailleurs de s'être ainsi rapproché de son interlocuteur; son visage s'empourpra au compliment sur son visage. Il avait trop entendu cela, et dans un contexte bien trop gênant, pour ne pas en être au moins mal à l'aise. Il fit de son mieux pour reprendre un peu de contenance quand Archibald annonça qu'il n'allait plus perdre de temps.

"- Vous savez qui mander si par ces terres vous passez à nouveau." Il lui offrit un peu maladroitement ce sourire dont il avait parlé. "Faites attention à vous. J'espère que nos routes se croiseront à nouveau, Archibald. N'hésitez pas également à envoyer des nouvelles vers le Domaine... Et n'oubliez pas de m'indiquer l'adresse à laquelle je dois répondre."

Il ne pouvait avoir menti sur ses intentions. Néanmoins, il lui semblait que les seuls mots étaient bien faibles pour exprimer l'espoir qu'il plaçait en lui. Peu importait. Il lui composerait quelque chose, dans un langage qui les touchait tous les deux, et trouverait un moyen de le revoir, ou de lui transmettre, pour encourager son coeur quand il traverserait des épreuves.

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