Cygne et Edelweiss [PV Irina Faust]

-> 17 Novembre de l’an 1762

Le sublime androgyne avait finalement atteint Sélénia, entamant désormais sa deuxième visite de cette magnifique capitale de l’empire Humain. Bien que le terme de visite semblait assez erroné, en effet, Toryné n’était pas là en tant que visiteur, il avait une affaire précise qui l’amenait dans la Capitale, même plusieurs à vrai dire. Il était certes dommage de ne pouvoir profiter de cette ville qui avait déjà ravi son cœur, mais ce qu’il avait à faire était de la plus haute importance.

Le voyage n’avait d’ailleurs pas été de doux repos pour le délicat vampire. Ce voyage avait été décidé sur la précipitation, un besoin soudain, une subite révélation, il ne pouvait rentrer aux royaumes avant d’obtenir certaines réponses. Cependant le conseiller le savait très bien, obtenir des réponses n’étaient pas chose aisée, car encore fallait-il trouver les personnes les détenant et bien sûr, ces dernières ne semblaient pas vouloir qui les trouve. Sa journée avait été donc une course effrénée à l’information, vieux amis ou vieux ennemis, Toryné ne fit pas vraiment la différence avec eux, entre belles promesses, menace et application des menaces, c’était avant tout les résultats instantané et concret qui l’intéressait. Le savoir était l’un des nombreux aspects du pouvoir et il n’allait pas attendre pour l’obtenir, quitte à perdre certains contacts, rien n’était irremplaçable après tout.

Toryné ne s’était pas investie lui-même dans ses propres affaires depuis bien longtemps, en temps normal, il déléguait ses tâches à Sintharia pour les affaires les plus importantes et à de simples intermédiaires pour les tâches de moindre importance. Cependant aujourd’hui, il ne pouvait plus faire confiance en personne, sa fille prenait une indépendance qui l’inquiétait, hélas, il s’était longtemps appuyé sur cette dernière, il avait placé non seulement une énorme confiance en elle, mais aussi beaucoup de projet, mais aujourd’hui tout cela semblait bien trop fragile. Il ne pouvait donc compter que sur sa sublime personne désormais, comme il l’avait durant la grande majorité de son existence finalement et cela ne pouvait que servir sa personne.

Malgré cela, il y avait certaines choses qui nécessitait autrui, notamment certain besoin, du moins si l’on voulait qu’il soit pleinement satisfait. Il était porté sur les plaisirs de la chair et il ne s’en cachait guère à vrai dire, plus d’un demi-siècle à jouer la belle-de-nuit pour sa famille avait fini par faire de lui un être imprégné de concupiscence. Nonobstant, aujourd’hui, il n’était la chose de personne et c’était maintenant lui qui s’offrait les services de belle et jeune créature. Le Dalis avait des goûts luxueux et il ne saurait se contenter d’une vulgaire roulure, non le vampire estimait valoir bien mieux que ça. C’est donc dans un établissement proposant une certaine qualité sur la marchandise que le conseiller vampire se rendit. Il pouvait se faire une idée à qui pouvait appartenir un tel établissement, mais il n’y prêta pas vraiment attention, ça n’avait pas grande importance de toute manière, aujourd’hui, il n’était qu’un client et il espérait bien en avoir pour son argent.

Le vampire s’était vu donner une chambre, d’une taille modeste, mais suffisante pour ce qu’il comptait y faire. Il avait retiré tout vêtement, dont sa robe diaphane, seul robe qu’il avait choisi d’emporter pour son séjour à Sélénia. Il était donc complètement dévêtu, attendant que son investissement vienne le rejoindre, s’offrant enfin quelques instants de repos après tous les déconvenues de ces derniers jours.

Qu’elle ne fut pas sa surprise lorsque la personne qui vint le rejoindre fut nul autre que la nouvelle princesse des vampires et maîtresse des lieux, Irina Faust. Toryné ne montra aucun signe de panique, cependant tous sens se mirent immédiatement en alerte, une étrange coïncidence trouva-t-il, lui qui de nature se méfiait de presque tout dans ce monde. Allait-il regretter ce bref moment cette baisse de vigilance ? Il semblait que non, en effet, la princesse ne semblait être venu avec une quelconque intention de porter atteinte à son existence, du moins c’est ce qu’elle laissait transparaître. Elle vint même le rassurer, lui indiquant qu’il aurait bien ce pourquoi il était venu, et même aux frais de la maison, ce qui ne manqua pas de le faire sourire.

-Je vois qu’on ne vous appelle pas la négociatrice persuasive pour rien, princesse, répondit-il simplement.

Il écouta par la suite les paroles de sa congénère, ne prenant pas la peine de rhabiller, Toryné n’avait aucun problème avec sa nudité, bien au contraire, sa beauté physique était une fierté pour lui, alors il n’avait aucune raison de la cacher, d’autant plus qu’Irina ne sembla pas affecter spécialement, c’était bien dommage se dit-il, il aurait aimé arracher quelques regards lubriques à la princesse, mais bon, il y avait bien plus important pour l’heure. Il se redressa donc, prenant une posture assise, plus confortable pour une discussion et permettant d’observer la jeune vampire.

Il s’étonna presque du désir de la princesse de vouloir “jouer franc-jeux”, mais encore fallait-il que cela soit vrai, la vérité semblait presque être une créature chimérique pour le conseiller. Et pourtant ce qu’il entendait avait tout l’air d’être sincère, non pas parce que la voix de son interlocutrice semblait sincère, lui-même pouvait donner à sa voix toutes les convictions du monde alors que son esprit prévoyait déjà tous le contraires de ses dires, non, ce qui le convainquait était tout simplement le sens des paroles qu’il entendait. Il n’y avait pas lieux de mentir, tout simplement.

-Oui, Keziah était mon ami, commença-t-il, car cette question était primordiale, c’est sur-le-champs de bataille que nous nous sommes rencontrés, sous l’égide du prince noir, nous avons guerroyé, alors que moi, je me faisais plus discret dans l’armée, lui grimpa jusqu’aux sommets de cette dernière et pourtant… cela n’a rien changé à notre amitié, nous nous sommes sauvés mutuellement la vie à plusieurs reprise et c’est lui qui vînt me chercher à Caladon lorsqu’il avait besoin de former un nouveau conseil.

Il avait décidé lui aussi de suivre une certaine honnêteté pour cette conversation, il n’avait nul besoin de cacher la nature de la relation qu’il avait avec Keziah de son “vivant”, de toute manière Irina devait soit le savoir ou du moins elle n’aurait aucun mal à l’apprendre. Il n'en dit pas plus, estimant que ses paroles étaient suffisante pour répondre à cette première interrogation.

-Cependant, je ne vous hais pas Irina Faust, je m'interroge principalement. En effet, vous n’avez guère suivi la tradition pour acquérir le trône de sang et vous n’êtes pas une guerrière, c’est un fait, il est vrai. Mais ne vous y trompez pas, je ne suis pas tant que cela attaché à nos traditions, mais les vampires d’Aerthia le sont. Pour ainsi dire, Toryné trouvait les traditions de son peuple barbaresque, mais certes nécessaire pour un peuple comme le leur, leur nature de mort empêchait toutes reproductions véritables ce qui empêchait la mise en place d’une quelconque monarchie et pouvait favoriser une certaine instabilité politique, car le système vampire s’apparentait énormément au despotisme, seul les plus forts gouverne… Bien entendu, cela forçait un certain élitisme chez les vampires, pour garder sa place, il fallait se montrer plus fort et rusé que les autres, ce qui par conséquent garantissait aux vampires un souverain puissant, du moins en temps normal.

-Si le peuple ne vous suit pas, cela nuira aux royaumes et c’est là ma seule préoccupation, en effet Toryné avait planté ses griffes dans le royaume des vampires, si ce dernier perdait en puissance voir tombait, cela aurait de grandes conséquences pour lui et il ne pouvait se le permettre. Nul haine, juste des craintes ma chère, la passation de pouvoir chez nous autres, enfin si on peut appeler cela ainsi, est toujours sources d’une certaine instabilité, surtout si les vampires viennent à douter de leur légitimité.

En effet, qu’on le veuille ou non, le peuple est de grande importance, surtout chez les vampires, ou n’importe qui peut devenir du jour au lendemain un assassin prêt à vous trancher la gorge. Par conséquent, Toryné exprimait clairement son avis, le problème n’était pas ce qu’il pensait personnellement de l’ascension au trône d’Irina, mais de ce que penserait la majorité du peuple de la nuit et en tant que conseiller, c’était dans les intérêts du royaume qu’il agissait officiellement.

La princesse vampire reprit la parole, dévoilant davantage de son ressenti au conseiller, sur sa personne, sur ses objectifs, mais également sur d’autre sujet on ne peut plus intéressant. C’étaient beaucoup d’information et Toryné ne pouvait se permettre d’en occulter la moindre parcelle. La connaissance était l’une des grandes sources de pouvoir et là, il faisait face à l’une des personnes avec le réseau d’informations le plus vaste des archipels, rien n’était à négliger.

Par chance, Toryné était habitué à retenir la moindre information qu’il entendait, il avait une très bonne memoire, qualité qu’il avait dû travailler tout au long de sa vie, principalement lors de l’avènement du Tyran blanc, visage, parole, tic de langage ou de comportement, tant de chose qui lui avait permis de survivre et d’arriver à la place qu’il occupait aujourd’hui. Cependant, pour le moment, il ne pouvait que retenir et songer, il n’avait pas le loisir que de pouvoir méditer pleinement sur tout ce qu’il entendait, même si réfléchissait vite.

Il devait faire attention quant aux mots qu’il allait employer désormais, ce qui allait être le cas pour toute entrevue qu’il aurait avec la princesse. En effet, l’avantage que présentaient les guerriers était leur nature d’Homme de terrain, il n’était certes pas des idiots, mais à la différence d’être comme lui, ces derniers comptaient davantage sur la force et la violence, leur parcours ne les avaient pas poussés à outrance aux arts de la voix, contrairement à lui et Irina. Par conséquent l’influence du conseil allait s’en trouver… altérée, non pas affaiblie, mais il était clair que les choses seraient différentes désormais.

-Ce genre de lien est effectivement particulier, se contenta-t-il de répondre lorsque la vampire affirma la certaine envie qu’elle pouvait ressentir quant à ce genre de la relation. Il n’en dit pas davantage, car cela n’avait que peu d’intérêt désormais, Keziah était mort et dans la honte qui plus est, terrassé par un Graarh… il avait couvert Aerthia de déshonneur et ça il ne pouvait le supporter. Il serait cependant mentir que de dire que la compagnie de son vieil ami ne lui manquait pas, il avait encore dans son âme les reliquats de son passé de militaire et donc une certaine forme de respect guerrier, cependant, c’était l’avenir, comme toujours, qui intéressait le conseiller. Il reprit la parole, répondant dans l’ordre aux différentes paroles de la nouvelle princesse. Il est vrai que vous avez vécu loin de nous, Irina, cela jouera en votre défaveur dans les débuts, mais cela présentera ses avantages par la suite, soyez en persuadé. Il resta cependant vague sur ce point, ce genre de sujet serait à aborder à l’avenir, mais était bien trop complexe et important pour ne pas jouir d’une réunion en privé lui étant intégralement dédié.

Il prit ensuite un peu plus de temps pour répondre quant aux “potentielles gâchés” des vampires et à la folie des plus âgée. Cela le fit sourire intérieurement, sûrement certain le prenait déjà pour un fou, Aldaron et sa garce de fille devait sûrement penser dans ce sens-là, mais ce qui attira davantage son attention fut cette histoire de potentiel. Pour Toryné nombreux étaient les potentielles inexploités de son peuple, il avait toujours perçu leur condition comme une bénédiction plutôt comme une malédiction, l’éternité étant le plus doux des présents. Cependant, beaucoup gâchaient ce don, se contentant d’être de stupide prédateur régi que par des instincts violents écourtant leur vie qui aurait pu être éternelle. Il ne pensait bien évidemment pas aux militaires, mais davantage aux vampires non affiliés aux royaumes ou ceux continuant de ternir l’image du peuple de la nuit. L’éternité permettait tant, une érudition inégalée, une sagesse enviée… hélas peu étaient les vampires dans ce cas… Étais-ce là le potentielle inexploité dont parlait Irina ? Peut-être bien, quoiqu’il en soit Toryné ne posa pas la question, préférant écouter et supposer sur le sujet.

De toute manière, l’information qui l’intéressait véritablement fut les dernières révélations d’Irina, comment ne pas écarquiller les yeux devant cette annonce ? Lui qui pourtant savait maîtriser les nombreux muscles de son visage, il ne put réfréner la surprise que cette annonce lui faisait. Si Irina s’avérait véritablement être une Kohan, cela aurait une importance majeure sur l’échiquier politique mondiale, cela pourrait même représenter un bouleversement majeur… Toryné s’étonna que la princesse lui fasse telle confidence, mais le savoir lui apportait énormément.

-Je ne pourrais dire si votre possible appartenance à la dynastie Kohan vous apportera un quelconque poids aux yeux des vampires quant à votre légitimité. Cependant, je vous conseille prudence avec pareille information, il serait encore difficile à dire comment réagirais l’empire Sélénien s’il apprenait l’appartenance de la princesse d’Aerthia avec la lignée de leur famille dirigeante.

Nulle doute que cela entraînerait de l’agitation chez les Hommes si l’information venait à fuire  et cela ne serait pas forcément positif. Du moins le conseiller voyait les choses sous une optiques assez pessimistes, ce qui était nécessaire. Chaque information devait être étudiée ainsi, envisager la pire chose qui pourrait se produire et en calculer les possibles conséquences, ainsi, il pouvait lutter contre les effets néfastes plus efficacement et donc amener le bénéfique. Non seulement ce sujet devait, encore une fois, être abordé avec Irina, car elle en était centrale, mais il allait devoir également méditer là dessus par lui-même, exprimé hâtivement le fond de sa pensée immédiatement n’aurait que peu d’intérêt.

D’autres choses découlaient bien entendues des paroles qu’il entendait, la puissance du réseau d’information de l’impératrice des ombres pour commencer, mais également les ambitions de cette dernière, même si le sublime androgyne soupçonnait que dans ce cas-là, il ne faisait qu’en effleurer l’importance. Autre élément, leur rencontre était belle et bien le fruit du hasard, amusant se dit-il.

-Par ailleurs, l’empereur Kohan vous adresse ses plus sincères hommages, ainsi qu’un règne long et prospère. Par cette phrase, il déviait le sujet de la conversation et informait de certain point de son entrevue avec le dirigeant de Sélénia. Lorsque vous le verrez… Il marqua une légère pause volontaire, afin d'intensifier ses prochaines paroles. Lui aussi était un ami de Keziah, cela n’influencera en rien les rapports entre Aerthia et Sélénia, mais je vous suggèrerais la prudence si ce sujet venait à être abordé.

Presque, immédiatement après avoir énoncé la dernière parti de sa phrase, Toryné réalisa la stupidité de ce commentaire, en effet Irina devait non seulement déjà savoir pour l’amitié entre Nolan et Keziah et donc le comportement à adopter.

-Désolé, se rattrapa-t-il en souriant légèrement, habitude du conseiller disons, j’en oublie presque qui vous êtes. Un compliment assez sobre, voir dissimulé, chose assez rare chez le vampire extravagant, dont les compliments étaient le plus souvent plus qu'exagéré et monnaie courante dans ses paroles, était-ce une certaine prudence, ou une certaine forme d’honnêteté.

Quoiqu’il en soit Irina avait su parfaitement attisée la curiosité du Dalis et donc s’accaparer toute son attention, l’hédoniste en oubliant presque la raison première de sa venue dans ses lieux. Pour le moment, c’était la soif de connaissance qui animait le vampire, avant quelconque désir charnel.

Une chose était sûre, Irina Faust ne manquait pas de détermination, cela transparaissait dans ses paroles et dans sa gestuelle. Désormais la princesse vampire lui faisait face, debout, comme triomphante, son regard braqué sur le siens, Toryné soutenu ce regard sans frémir. Il ne s’agissait pas d’une quelconque forme de provocation, mais plutôt un signe de force, fuir le regard n’aurait montré que de la lâcheté et une soumission bien trop précipité pour un vampire occupant le poste de conseiller.

De grands projets que la jeune vampire lui énonçait, cependant la grandeur n’en rendait que la chose plus dure à la réalisation. L’impératrice des ombres parlait d’éducation, d'instruire le peuple de la nuit, un noble projet que ne pouvait que plaire au conseiller, lui-même réalisait cela sur une échelle moindre. Ses servantes, la famille Dalis, ou du moins Toryné, était connu pour une exigence toute particulière quant au choix des servantes, beaucoup pensait à tort qu’elles n’étaient que sélectionné sur leur beauté, alors que leur érudition était chose importante pour Toryné. Cependant, il était bien plus facile que d’appliquer une certaine instruction sur une population restreinte, que sur toute une nation.

Les vampires, de par leur nature, était un peuple bien singulier, du moins vis-à-vis des Hommes et des Elfes. Les vampires n’avaient pas de progéniture véritable, un vampire naît adulte, sauf rare exception, comme les abominations Makhaïra, de par ce fait, leur mode de vie en était tout aussi différent. Il est facile d’éduquer des enfants, ils sont influençables et leur esprit est encore vierge, mais des adultes, ayant déjà des décennies, voir des siècles, là la question est plus délicate. Sans oublier tout ce qu’il en découlerait possiblement, un peuple instruit évolue, change et donc avec eux les moeurs, bien entendu cela prendrait hypothétiquement de nombreuses années, mais la véritable question était : qu’elle serait cette évolution ? C’étaient beaucoup d'interrogation sous-jacente, que l’esprit de l’androgyne n’avait faits que survoler de manière relativement grossière toute leur complexité. Quoiqu’il en soit, la question de légitimité devait rester en premier plan pour lui, car un peuple qui estime votre place n’est pas sur le trône, ne fera pas la différence entre de bonne et de mauvaise décision.

-C’est un projet ambitieux, Irina, qu’avez-vous en tête précisément ? Pensez-vous à une éducation stricte et obligatoire, de part l’ouverture d’école ? Ou bien allez-vous plutôt choisir un modèle plus souple, de part la création de nouvelle bibliothèque, laissant la liberté au peuple vampirique de s’instruire s’ils le désirent et sur les domaines qui le désire ? Bien que de toute manière, le deuxième choix semble être une nécessité.

Le conseiller procéda par étapes, il fallait définir les projets de la princesse pour mieux en cerner les possibilités et retomber, au lieu de réaborder le sujet de la légitimité. Ses doigts vinrent délicatement tapoter le bout de sa lèvre inférieure, dans un air pensif, Toryné décrocha son regard de celui d’Irina. Il se demanda également comment le reste du conseil accueillerait les projets de la princesse, sûrement serait-il étonné en tout cas, un avantage qu’il avait par rapport à ses confrères donc, lui était au courant et pouvait se préparer en conséquence.

-Par ailleurs, dans combien de temps pensez-vous rentrer à Aerthia ? Question importante, car cela ne serait qu’une fois dans la ville vampirique que les véritables défis arriveraient. Toryné ne comptait pas spécialement s’éterniser encore bien longtemps sur le continent des Hommes, savoir s’il reviendrait à Aerthia avant Irina était important pour aviser de ce qu’il ferait une fois rentrer dans sa patrie.

Irina présentait de bonne idée sur le sujet, la mise en place serait sûrement lente et les retombés encore plus lent, mais l’idée méritait d’avoir sa chance, c’est du moins ce qu’il pensait à l’heure actuelle. Cependant, il ne manqua pas de remarquer que la princesse des vampires ne lui avait pas répondu quant à la date possible de son retour à Aerthia. Il aurait pu insister pour obtenir une réponse, mais s’il insistait trop pour obtenir cette information, il éveillerait inutilement des soupçons chez la jeune vampire, il se passerait donc d’une réponse à cette question.

Pour ainsi dire, les paroles d’Irina lui donnaient l’impression d’être avec une entrepreneuse, mais cela n’avait rien d’étonnant, avant d’accéder au trône Irina était et était encore, la capitaine des catins d’Athgalan, pour diriger un tel réseau de prostitution et surtout d’information, il se doutait bien qu’elle ne fût pas une débutante dans ce domaine. En revanche, la question que l’hédoniste pouvait aisément se poser était si cela pouvait s’avérer être une qualité pour une dirigeante ou au contraire un défaut. Pour des gouvernements semblables à celui de Caladon, nul doute que cela avait du bon, une Citée aussi dépendante de l’économie, si bien qu’elle en était sa force principale, avait forcément des marchands et entrepreneur à sa tête. Le royaume vampirique était quant à lui différent, dirigé depuis ses débuts par des militaires, assistés par les intellectuels du conseil, une nation bien singulière dont les échanges commerciaux étaient en grande majorité liés au commerce écarlate. Loin de s'interroger encore une fois sur la légitimité de la Faust, car cela viendrait ou non à l’avenir, il se posait davantage des questions sur son efficacité désormais, une question liée à la précédente, mais bel et bien différente.

-C’est une bonne idée, je pense, nous pourrions ainsi forcer l’excellence et donc l’élite chez nous, voilà quelque chose qu’il faudra mettre en place le plus vite possible. Le conseiller recentra son esprit sur le sujet de la conversation présente. Il nous faudra des bâtiments suffisamment grand, dans les lieux stratégiques afin que l’accès y soit facile, il nous faudra également nous fournir en livre, parchemin et j’en passe, il sourit, il nous faudra négocier avec nos chères alliées Humains et Elfes. Cela n’était pas tout, il faudra de nombreux scribes afin de faire des copies de tous les écrits qu’ils obtiendraient, se concerter avec le conseil pour choisir ce qui devrait être pris ou non comme ouvrage. L’architecture, également, serait un sujet à débattre, si Toryné pouvait rompre avec la sobriété d’Aerthia pour des bâtiments plus esthétique, sans nul doute qu’il le ferait.

-Bien entendu, tout cela se discutera avec le conseil une fois de retour à Aerthia. Effectivement, la deuxième instance du pouvoir des vampires devait elle aussi être mis au courant de ce projet, afin qu’ils puissent y apporter leurs lumières et leurs avis. Ce commentaire avait un certain but cependant, en effet Toryné était intéressé de voir la réaction de la princesse quant à cela. Elle qui régnait sans partage sur ses filles, comment réagirait-elle au fait de gouverner avec d’autres ? Bien entendu, cela était déjà le cas à Athgalan, mais le conseil et le prince s’influençait bien plus entre eux, que deux capitaines entre eux, c’est du moins ce qu’il pensait. La princesse était certes la maîtresse d’Aerthia, mais tout pouvoir était contestable, qu’elle serait donc sa réaction ?

La réponse d’Irina était celle que Toryné attendait, qu’elle soit d’avis de laisser une place importante au conseil dans la politique vampirique ou non, cette réponse était là seule intelligente à dire. Cela ne tenait qu’au prince noir que de décider de l’influence du conseil au sein du royaume, il pouvait très bien choisir d’être à leur écoute et de leur accorder une importante part dans ses décisions, tout comme il pouvait agir comme un despote. Cependant l’histoire récente, du mois récente du point de vue vampire, avait montré que le conseil n’était pas une entité à prendre à légère, en effet le prédécesseur de Keziah s’était vu éliminé par ces derniers. Mais inversement, son défunt ami avait prouvé que c’était bel et bien le prince noir qui dirigeait le royaume comme bon lui semblait, en brûlant vivant l’intégralité de l’ancien conseil, c’était ainsi que les portes du royaume s’était d’ailleurs ouverte à Toryné.

-J’y veillerais princesse, j’ai de vieux amis qui pourront sûrement m’aider dans cette tâche, je tâcherais de les contacter… une fois que j’aurais quitté votre établissement bien sûr. En effet, il en avait presque oublié la raison première sa venue ici, c’était avant tout pour y goûter la marchandise. Avez-vous des thématiques précisent en tête Irina ? Cela m’aiderait à aiguiller en partis mes recherches, notamment sur qui aller voir en priorité. Une question avec deux objectifs, non seulement, comme énoncé clairement, par soucis pratique, mais surtout pour se faire une idée de l’orientation du projet qu’avait la princesse vampire.

Il fallait également que le coût de tout cela soit observé avec attention, que ce soit pour la construction de bâtiment ou bien de l’achat des ouvrages, tout cela représenterait un coût, plus le temps de mettre cela en place, sans oublier que les retombées ne s’observeraient que de manière tardive. Patience et rigueur seraient de mise, mais ce projet méritait d’être mené à bien, c’était du moins l’avis du conseiller.

-J’érigerais les possibilités de ce projet ainsi que les coûts que tous cela représentera, ce n’est pas la première fois que je me penche sur les aspects économiques du royaume, une fois à Aerthia nous pourrons nous pencher plus sérieusement sur ce qu’il y aura à faire et dépenser donc.

Effectivement, bien qu’il fût en aucun le conseiller spécialisé dans l’économie, tout simplement, car il n’y avait pas vraiment de spécialisation chez les conseillers, bien que Toryné était le plus souvent choisi pour les rencontres diplomatique par exemple, nul conseiller n’avait un rôle attribué officiellement. Quoiqu’il en soit, Toryné avait ses connaissances en économie, sûrement ses années passées à Caladon et à gérer seul tous les acquis de sa famille. Dans son esprit, se dressait déjà la liste des personnes à qui Toryné irait rendre visite suite aux différentes déclarations d’Irina, et la liste était longue, il avait du pain sur la planche, mais il aimait cela.

-Avez-vous d’autre chose à me faire part princesse ? Où bien devrions-nous commencer à nous mettre à l’œuvre ? Demanda-t-il avec le sourire. Par ailleurs, si  par hasard, vous souhaitez rester, je n’en verrai aucun inconvénient Votre Altesse. Ces deux derniers mots avaient été presque ronronnant dans la bouche de l’hédoniste. Une invitation assez sobre, mais osée dans les faits, mais le vampire androgyne n’avait aucun complexe ou de véritables interdits dans ce domaine et bien qu’il voyait très mal la Faust accepter sa proposition, mais après tout, un être aussi lubrique que lui ne pouvait pas ne pas au moins émettre l’idée.