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descriptionRêve de Colère - Verith EmptyRêve de Colère - Verith

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5 octobre 1762

Asmo avait quitté Erdrak pour un temps. L’avait-il vraiment fait ? Non, jamais il ne pourrait faire une chose pareille. C’était ce qu’il lui avait dit, juste pour le taquiner mais en réalité, le Colère ne pourra jamais quitter cet homme. Ensemble, ils étaient un, puisqu’ils étaient qu’une seule et même âme. Asmo n’était apparu à l’origine que pour sauver Erdrak de la folie, puis petit à petit, pour le faire survivre aux batailles, en détruisant toute trace de moral pour ne laisser qu’une faim de violence et de sang, puis supprimer les souvenirs de ces actes affreux. Il était le gardien, le serviteur presque du Loup Solitaire.

Cependant, Asmo avait aussi un libre arbitre, tout comme Erdrak. Les deux personnalités partageaient la presque totalité de leurs pensées, mais ce presque cachait beaucoup de chose pour l’incarnation de la Colère. Asmo n’était juste un avatar de rage, haine et violence, il était aussi l’incarnation de rêves de grandeur, d’ambition et de volonté de vivre. La seconde personnalité du Loup Solitaire nourrissait depuis toujours des rêves de puissances, de grandeur, et de domination. N’était-ce pas ce qu’il était aussi ? Il en rêvait parfois. Non, il en rêvait souvent, il avait l’impression de pouvoir entrevoir des avenirs possibles selon les actes engagés par la Meute, mais aussi par des personnes qu’il ne connaissait pas. Etrange sensation qu’il avait cachée à son autre lui-même.

Autre chose qu’il avait caché à Erdrak, était une force mystérieuse qui s’était éveillée la première où Asmo avait été séparé du corps d’Erdrak pour s’abriter dans une autre personne. Il avait trouvé cela très drôle et le retour dans le Loup Solitaire bien agréable aussi. La possibilité de pouvoir laisser libre cours à sa soif de violence sans craindre de blesser son propre corps était une félicité. Cette force mystérieuse s’était faite sentir la nuit, lorsque le Loup Solitaire s’était couché. Asmo lui après avoir atteint lui aussi le sommeil, s’était senti propulsé hors du Loup Solitaire, et un autre monde s’était ouvert à lui.

Comme s’il survolait le continent, il dominait le monde. Les contours étaient flous, vagues et difficiles à reconnaitre, mais le plus intéressant était tous les points lumineux, de différentes couleurs, certains s’allumaient, d’autres s’éteignaient. Ils avaient différentes couleurs, différentes forces. Certains étaient rouge, d’autres bleus, certaines étaient éblouissants, d’autres vacillaient. Parfois, certains s’éteignaient de tel manière qu’Asmo comprit qu’ils venaient de mourir. En s’approchant d’un point en particulier, l’avatar de la Colère du Loup comprit de quoi il s’agissait.

Des gens. Elfes, humais, vampires, dragons, chiens, chat… Toutes les créatures endormies du moment. Asmo avait accès à un monde onirique. Il n’eut pas le temps de l’explorer plus en avant la première fois, car Erdrak fut réveillé. Il fut difficile pour Asmo d’y retourner, ne sachant pas comment il y était entré la première fois. Mais au fil du temps, ce pouvoir finit par se plier, comme toute chose sous la force de sa volonté. Maintenant, à peine le Loup Solitaire endormi, Asmo se lançait dans le monde onirique. Mieux encore, la Colère avait réussi à entrer dans les rêves des gens. Cette possibilité avait immédiatement éveillé un plain dans l’esprit d’Asmo.

Une nouvelle nuit était tombée et Asmo s’élevait dans le monde. Sa cible n’était difficile à repérer. Il se sentait attirer par cet esprit particulièrement puissant et brillant. La lueur que la Colère cherchait était là, rouge et éblouissante. Si sous cette forme Asmo avait eu un visage, un sourire carnassier s’y serait dessiné. Il se jeta sur cette lumière, se laissant tomber pour mieux pénétrer le sommeil du dragon. Le monde céda la place aux ténèbres.

Asmo se tenait, immense et gigantesque, ses yeux rouges fixés sur le dragon rouge qui dormait à ses pieds. Le monstre d’écailles n’était pas encore entré dans le monde des rêves, mais la présence d’Asmo ne tarderait pas à l’attirer. La disproportion entre la taille de l’humain et celle du dragon était un pur artefact de l’esprit d’Asmo. Tant que la personne qui possédait le rêve ne se savait pas qu’elle était dans son rêve, Asmo avait la main mise sur la réalité. Mais il ne pensait pas l’avoir longtemps face à une créature aussi puissante qu’un dragon.

Avant que celui-ci ne « s’éveille », Asmo créa un environnement plus plausible, une grande plaine verdoyante, avec au loin une forêt et quelques collines. Un doux soleil illuminera la scène bien qu’il était caché derrière de nombreux nuages blanc, jetant une lumière crue sur tout le paysage. La Colère se donna une taille raisonnable et se campa face à la bête, à quelques pas d’elle.

Son apparence physique n’avait pas changé. Asmo n’avait pas suffisamment d’imagination pour changer de forme physique. Il était donc sous la forme d’Erdrak, à vingt ans. Les cheveux court, brun, l’absence de cicatrice, le visage rasé. Seuls les yeux et l’expression changeaient. Rouge plutôt que gris, comme brulant, et une expression maligne déformait sn vidage. Il portait aussi Vengeance, sur laquelle était gravé le Loup, symbole du dorénavant connu Loup Solitaire. Croc battait le côté droit d’Asmo mais pas l’ombre de Solstice, car elle était l’arme d’Erdrak et Asmo ne supportait que difficilement son maniement.

Il attendit de voir les frémissements du dragon qui allait s’éveiller dans son rêve. Bonjour Vérith, dragon de la Colère. Nous avons des choses à nous dire. J’ai des choses à te dire. Nous avons bien des points en communs.

descriptionRêve de Colère - Verith EmptyRe: Rêve de Colère - Verith

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¤ Insolence ¤

Qui aurait pu le croire ? Même un dragon avait besoin de se reposer. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’était bien vrai. Et Verith étant un dragon, il avait besoin de se reposer. L’enfant de l’orage était parti en quête d’un lieu isolé où il pourrait dormir en paix. Une fois qu’il l’eut trouvé, il cracha quelques flammes à terre de sorte à réchauffer cet endroit du sol qui lui servirait de matelas. De plus, le colérique préférait les endroits chauds aux endroits froids comme Nyn-Tiamat. Aussi il ne se priva pas de cramoisir son lit avant de se poser dessus et de s’enrouler sur lui-même, devenant une gigantesque montagne rouge et immobile. Lentement, le colosse de flamme ferma ses yeux aux prunelles incandescentes pour se laisser aller au sommeil. Plongeant lentement dans les tréfonds de l’inconscience et de la rêverie. De quoi songerait-il cette nuit ? De choses joyeuses ? De choses tristes ? De batailles ? De temps de paix ? Se remémorerait-il un souvenir ? Où serait-ce un rêve construit de toutes pièces ? Cela, il le serait sous peu. Doucement son esprit devenait en paix, la respiration du dragon se fit lente et régulière. Verith venait de s’endormir.

Lentement, il finit par arriver dans son rêve, prenant conscience de celui-ci. Il était étendu dans ce qui semblait être une immense plaine de verdure. Les yeux du colérique s’ouvrir, bombardant de sa haine habituelle tout ce qui apparut dans son champ de vision. Lentement, il vint se redresser en prenant conscience de son environnement. Où était-il ? À quoi correspondait ce lieu ? L’orée de la forêt d’Ambarhùna ? Non, pour l’avoir parcourut mainte et mainte fois, jouant les gardes-frontières pour empêcher les chimères d’en sortir, il savait à quoi elle ressemblait. Était-ce alors un territoire issu du continent sauvage ? Peut-être. Mais quand bien même, pourquoi rêverait-il d’une plaine ? Cela n’avait au final pas d’importance. Du moins jusqu’à ce que l’enfant de l’orage prenne conscience d’un élément perturbateur. À ses pieds se trouvait un bipède. Ce dernier ressemblait à bipède des plus communs, de toute manière, les bipèdes se ressemblaient quasiment tous pour le colérique, à l’exception que ce dernier avait les yeux rouges et une expression maligne sur le visage. Qu’est ce que c’était que ça ? Un parasite de rêve ?

« Bonjour Verith, dragon de la Colère. Nous avons des choses à nous dire. J’ai des choses à te dire. Nous avons bien des points en communs. »

La réponse du rouge ne se fit pas attendre. Le rêve tout entier vibra sous le soubresaut de colère du dragon rouge. Se matérialisant par une dilatation de l’espace, dans lequel se trouvait le rêve, qui ne dura que quelques instants, tandis que dans le même temps le soleil grossi quelque peu dans le ciel, comme si ça masse augmentait. La température elle grimpa et l’herbe verdoyante se mit lentement à jaunir.

Les sentiments du colosse de flamme éclatèrent, se répercutant tel un écho, transportant ses pensées.

¤ Un misérable bipède n’a pas à parler pour moi. Je ne crois pas t’avoir autorisé à me tutoyer. Un dragon n’a rien en commun avec un cancrelat de ton espèce. ¤

L’inconnu commençait mal, Verith n’était pas un dragon lié et encore moins une bête à qui l’on pouvait parler avec tant de familiarité. Il était un dragon tel qu’étaient les ancestraux. Un membre d’une espèce infiniment plus intelligente et plus forte à tout autre, à qui l’on devait s’adresser avec déférence en suivant certains codes au risque de subir son courroux. Dire qu’il devait parler avec un bipède, c’était parlé en son nom, et c’était une erreur. Qu’un inconnu le tutoie, étant ainsi si familier avec lui, pensant par la même occasion se mettre sur un pied d’égalité, en était une autre. Et enfin dire qu’il avait des points communs avec un bipède était une insulte de trop.

Lentement, la patte droite de Verith se leva jusqu’à son épaule. Toute l’intention de son geste transpirait. Il allait sous peu balayer du revers de la patte l’insecte qui lui faisait face.

descriptionRêve de Colère - Verith EmptyRe: Rêve de Colère - Verith

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Asmo scrutait le grand dragon rouge que se dressait devant lui. La seconde personnalité du Loup Solitaire le trouva beau, magnifique, resplendissant dans sa colère. Rien ne trouver plus grâce à ses yeux que la violence à l’état pur, la virulence, la passion destructrice qui animait les corps créés pour tuer. C’était pour lui, le seul but de la vie. En présence de Vérith, la destruction prenait une dimension tout autre, et surtout, ce corps gigantesque devait pouvoir porter la mort où bon lui semblait au point d’en faire une poésie et d’en contrôler tout l’art.

Pourtant, la Colère était déçue. Quelque chose la chagrinait dans la réaction du dragon. Comme s’il s’attendait à bien plus. Et dans les faits, Asmo s’attendait à quelque chose d’autre. La sauvagerie brute, la haine, la colère, un concentré de violence, tout cela était présent dans le dragon rouge, mais Asmo ne trouva pas ce qu’il espérait voir l’éblouir en plus. Il lui fallut un instant, bref certes car le temps n’avait plus court dans le monde où il se trouvait, mais tout de même, un temps qu’il n’aurait pas dû avoir s’il avait été complet. Asmo comprit ce qui le chagrinait et se mit à regretter Erdrak pour cela.

Il hocha la tête d’un air dénigrant en voyant l’esquisse du mouvement agressif du dragon. Il fit claquer sa langue d’un air réprobateur. Sa voix résonna avec une assurance malsaine. Je te croyais bien plus grand. J’eu cru qu’un être de ton rang serait plus intelligent. Quelle immense déception, mais bon, continuons. J’aurai cru qu’une créature aussi puissante, noble et ancienne que toi serait capable de discerner plus loin que les apparences. Mais il semblerait que tu ne vois pas plus loin que ces bipèdes que tu exècres. Je te croyais bien plus grand.

Insensible à toute forme de peur sous cette forme, Asmo ne se méfia pas d’une potentielle agression du dragon. L’idée de mourir ne lui avait pas traversé l’esprit, car il était convaincu qu’en dehors de son corps, il ne pouvait rien lui arriver de grave, que seul le Loup Solitaire était garant de son existence. Et n’ayant jamais ressenti la douleur, il ne pouvait imaginer subir un quelconque outrage. Les marques de faiblesse qu’étaient la peur, la souffrance et l’inquiétude n’entraient pas dans ses attributs. Il continua avec une voix d’un professeur instituant un enfant plus jeune, toujours son expression maligne sur le visage.

Vois-tu, nous avons bien des points en communs. Et je ne suis pas ce que je semble être. Je me suis nommé Asmo, et je suis l’incarnation de la Colère, tout comme toi. Sauf que je prends ma source dans un homme, d’où ma forme. Mais je ne suis pas ce que je semble être. Je me suis nommé Asmo mais ici, dans ce monde, je suis Inigo. Ta colère est juste et bonne. Et je ne suis pas humain, je suis à la fois plus et moins que cela. Je suis l’incarnation de la Colère, je n’ai pas de corps, je suis plutôt une essence, un sentiment. Si tu prenais le temps de m’écouter, nous tomberions d’accord sur bien des points. Nous avons bien des points en communs.

Asmo se mit à faire doucement les cent pas, regardant le décor, comme s’il avait changé du tout au tout, sans se départir de son expression. Il allait même tourner le dos au dragon, sûr de son invincibilité. E geste téméraire résumait à la perfection l’état d’esprit d’Asmo : il ne savait pas à qui il parlait. Etrangement, sans Erdrak, Asmo se sentait particulièrement calme, prêt à discuter. S’il Erdrak avait été là, il aurait compris que c’était lui qui alimentait Asmo en haine et en colère. Sans lui, la Colère n’était plus que de l’ambition, un rêve et une soif, mais plus une passion.

Je n’ai pas de corps, je ne suis pas tout à fait humain. Je suis à la fois plus et moins que cela. Tout comme toi, je méprise les hommes, d’où je prends pourtant ma source. Ils sont faibles, peu fiables et pourtant, certains ont quelque chose qui te manque : de l’ambition. Je t’observe de loin depuis peu, mais il n’est pas difficile de voir que tu es rongé de l’intérieur, malgré le feu qui t’anime. Nous avons des points en commun. Je suis ici pour te proposer un marché. Ta colère est juste et j’incarne la Colère. Ce que tu vois devant toi, n’est que le reflet de mon hôte, car je ne suis pas humain, mais je prends ma source dans un homme.

Asmo revint planter son regard de braise dans celui du dragon. On pouvait y voir toute la haine et la soif de violence y brûler mais surtout, ce désir et cette intelligence démente qui animait ce fragment d’esprit malsain. Asmo avait faim de destruction, et il était venu chercher son outil.

descriptionRêve de Colère - Verith EmptyRe: Rêve de Colère - Verith

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¤ Quand on joue avec le feu, on se brule assurément ¤

Lentement la patte du dragon se leva, il allait balayer cet impertinent bipède qui osait se présenter face à lui. Il n’était rien plus qu’un microbe, une vulgaire poussière qu’il allait dégager d’un simple revers de la patte. L’enfant de l’orage prit tout son temps, quoi que ce dernier fasse, il ne serait de toute manière pas en mesure d’esquiver, alors autant lui laisser voire venir la mort lentement. Pourtant, ce dernier ne sembla pas plus impressionner que cela par sa fin imminente. Au contraire, la lueur brillante qu’il avait dans le regard semblait d’être évaporée pour devenir déception et dédain. Quelle arrogance propre aux bipèdes qui osait émettre un jugement sur les dragons. Le visiteur inconnu avait repris la parole, dénigrant le rouge, continuant de la tutoyer.

À mesure que le colérique levait la patte, la température n’avait de cesse d’augmenter. L’herbe au sol devenait de plus en plus jaune et sur une surface de plus en plus grande, avant de devenir cendre puis de disparaitre, laissant apparaitre une terre sèche qui se mit à se craqueler. Pour autant, le parasite des rêveries n’avait de cesse de parler, encore et encore, se montrant plus arrogant, plus insolent et plus stupide à chaque instant.

¤ Silence. Tu n’es rien, absolument rien. Tout ce que tu prétends être est faux. Un parasite, voilà tout ce que tu es. ¤

L’espace onirique sembla se distendre, ses rebords ondulant, s’étirant, se contractant, devant de plus en plus instable à mesure que la colérique du rouge grandissait, réveillant la puissance de son ancestral esprit draconique.

¤ Tu ne sais rien. Tu ne connais rien. Tu es comme le bipède dont tu es la vermine. Aussi arrogant que tu es ignorant. ¤

Dans le ciel, le soleil semblait avoir doublé de volume. Le sol se mit à fumer et par endroits à s’effriter alors que la chaleur continuant de grimper. La terre qui disparaissait peu à peu laissait la place à des ossements, des monceaux d’ossements. Tandis que sur les côtés des deux protagonistes de grandes falaises sortaient du sol. Lentement l’endroit semblait prendre la force d’un gigantesque canyon où régnait la mort par le feu. Et pourtant dans les parois des falaises des trous semblaient apparaitre, mais une atmosphère encore plus sombre s’en dégageait.

¤ Tu n’incarnes rien d’autre que la folie des bipèdes. Tu penses être mon égal, peut-être même m’être supérieur … alors que la flamme dont tu prétends être l’incarnation vacille. Elle est faible, mal nourrie … ¤

L’indésirable finit par se retourner après avoir osé tourner le dos au dragon, plantant son regard dans le sien. Il n’en fallut pas plus pour qu’en un instant le rouge vienne planter une griffe à l’intérieur de son corps. Pourtant il ne se passa rien, pas de blessure, pas de douleur. Par ce contact, le colérique abattit son esprit autour du visiteur, l’écrasant sous sa force mentale, le sondant et découvrant avec aisance une trace magique.

¤ .. Il me suffit juste de souffler dessus pour l’éteindre. ¤

Ceci n’était au final qu’un bipède jouant avec la magie tel un enfant jouant avec le feu, jouant avec une force qu’il ne maitrisait pas. Sauf qu’une brulure signifiait ici la fin. Verith fit comprendre à l’indésirable qu’il avait trouvé sa source en suivant la trace magique laissée par celui-ci pour venir jusqu’à lui.

¤ Si tu m’avais aussi bien observé que tu le prétends, tu saurais que tes agissements signifieraient ta fin. ¤

Le dragon poussa un rugissement démentiel et utilisa le chemin, de cette trace, magique comme un fil conducteur. Sans le moindre ménagement, sans la moindre pitié, Verith envoya un assaut mental à la source de ce parasite.

descriptionRêve de Colère - Verith EmptyRe: Rêve de Colère - Verith

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[i][center]Le décor changeait tout autour d’Asmo, mais la Colère n’en avait cure. Pourquoi se méfier ? Il était immortel, invincible. Sous cette forme, il n’avait littéralement pas de corps et s’il n’y a pas de corps, il ne peut y avoir de mort. De plus, la douleur lui était inconnue, alors il était impossible pour Asmo de connaitre la peur, ou plus précisément de la découvrir. Le dragon pouvait faire ce qu’il voulait, rien n’effaçait le sourire et la lueur dans le regard de la seconde personnalité du Loup Solitaire.

La réaction de Vérith, bien au contraire, ne faisait qu’exacerber ce sourire. Une réaction de rage, de colère et de haine, exactement ce qu’il attendait du dragon. Mais il restait déçu. Vérith ne voyait pas assez loin, ne voyait rien d’ailleurs. Ou alors il refusait de voir. Comment pouvait-il être aussi stupide ? Il se contredisait dans ses propres paroles. Bien sûr qu’Asmo n’était rien, n’était-ce pas ce qu’il venait de lui dire ? Il n’avait pas de corps propre et n’était que l’incarnation des sentiments néfastes du Loup Solitaire. Cela tombait donc sous le sens qu’Asmo n’était rien. Donc ce qu’il prétendait ne pouvait être faux.

Vérith était si imbu de sa personne, qu’il n’arrivait pas à voir tout ce qu’Asmo lui proposait. Pour la Colère, c’était pourtant évident, limpide, et même mieux, nécessaire. Pourtant la colère du dragon ne cessait de grandir sans pour autant aller dans le sens d’Asmo. Ce dernier trouvait le déploiement d’autant de haine, merveilleux, mais il n’en restait pas moins déçu et perplexe. Qu’est-ce qui n’allait pas avec ce dragon ? Il était venu lui apportait son aide, des solutions, une ambition, tout ce dont Verith manquait, et cet imbécile préférait rester un pauvre lézard avec des ailes. Quelle décption.

Le monde changeait, et Asmo le regardait se transformer. Tant de puissance, tant de possibilité, pourtant rien ne se faisait jamais. Et ce besoin de supériorité, d’assouvir sa force. Asmo ne comprenait pas ce besoin. Il ne l’avait jamais compris. Il n’était l’égal de personne, ni inférieur, ni supérieur. Il n’avait pas de corps, pas de vrai libre arbitre. Il se voyait plutôt comme un complément, c’est ce qu’il essaye d’expliquer au dragon qui manifestement ne voulait pas l’écouter, ou ne voulait pas l’entendre. C’était à n’y rien comprendre.

Quand il revint d’avoir observé le nouveau d’accord, Asmo replanta son regard dans celui du dragon, avec une témérité et une effronterie redoublées. Il n’y eut aucune surprise lorsque la griffe du dragon vint se planter dans le corps d’Asmo. Il s’y était attendu et ne ressentait de toute manière aucune douleur. Son sourire ne s’effaça pas, et il continua à fixer le dragon comme si de rien était. Il l’écoutait parler sans rien répondre dans un premier temps. Puis ses yeux s’agrandirent un bref instant en sentant que ce que Vérith faisait.

Asmo était peut-être un être insensible, sans cœur, et ne ressentant rien d’autre que de la haine et de la colère, mais il était né pour une seule chose : protéger Erdrak. Or, ce qui allait se passer allait le mettre en danger. Sans savoir comment cela était possible, le dragon remontait jusqu’à son corps physique, jusqu’à sa vraie conscience. Et cela, ce n’était pas possible. Il n’y avait qu’une solution. Se battre et mourir. Or, il ne pouvait pas se battre. Mais il pouvait sauver Erdrak et remplir sa mission.

Le lien cessa, se rompit. Le visage d’Asmo redevint moqueur. Il avait une étrange impression de liberté et de perte. Il sentait pleinement la griffe dans son ventre, un battement régulier dans sa poitrine, la chaleur de plus en plus insoutenable de son environnement. Il se reprit à sourire. C’était étrange, à la fois désagréable et doux. Il était à la fois libre et perdu. Son regard se porta sur sa main droite et il la vit s’effriter doucement, tomber en poussière. Quelle étrange sensation. Il reporta son attention sur Verith.

Les brasiers naissent tous d’une étincelle. Et toute fin n’est qu’un recommencement. Les braisiers naissent tous d’une étincelle et la cendre couve toujours les braises. Juste une étincelle.

Asmo ne cessa pas de sourire jusqu’à ce que son corps tombe complètement en poussière. Mais juste avant de disparaitre, son regard laissa filtrer une nouvelle émotion. Une rapide peur traversa ses yeux alors qu’il allait découvrir ce que cela faisait de mourir.

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