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Mi-Octobre 1762


L'automne, une période somnolente, parfois maussade à tous ceux qui dépendaient des cycles du monde ou qui vivaient littéralement de la pluie et du beau temps tel que les voyageurs ou les caravanes marchandes. Cette apathie ne transpirait probablement pas au cœur de la belle Caladon, mais dès lors que l'on quittait ses remparts pour s'éloigner vers la campagne environnante, l'on ressentait cette douce mélancolie tandis que pleuvaient des milliers de feuilles écarlates sur les routes et sentiers. C'était pour ce paysage unique des côtes tempérées que Purnendu avait quitté le confort de la villa du Bourgmestre, captivé par les toisons cuivrées, ors et rouilles qu'affichaient les forêts alentour. Le grand fauve avait d'abord passé d'innombrables heures à en parcourir chaque coin et recoin avec un émerveillement toujours renouvelé, puis s'était mis à la recherche d'un lieu unique. Il y avait tant de couleurs et de choses à découvrir ! Faune et flore encore inconnues, sensations d'un temps changeant et guère capricieux, tellement plus aisé à appréhender en comparaison des froides étendues de l'Inlandsis. Adieu les plaines blanches de neige et bleues de glace, oubliée la monotonie des teintes, abandonnée la stérilité des terres gelées. Le graärh découvrait l'abondance, la subtilité, la délicatesse d'une nature en effervescence, indomptée et pourtant si gracile et délicate. De ce théâtre, il en était conquis.

Il ne lui avait pas fallu longtemps pour prendre sa décision, mais le temps passa sans qu'il ne trouve le courage ou les moyens de la mettre en œuvre. Des urgences s'étaient tout d'abord présentées comme les incompréhensions dans la relation qui unissait Ivanyr et Aldaron. Bien que ses connaissances en la matière soit fort limitées, le graärh avait offert tout ce qu'il possédait pour les aider et s'était découvert un nouvel ami : l'elfe à la peau de miel. Dans le même temps, il avait essayé de s'acclimater à la ville, ne voulant pas abandonner les-dits amis dans une fuite aveugle à force de devenir fou par cette sur-abondance de bruits, d'odeurs et de populace. Malheureusement, les hautes murailles de Caladon lui donnaient des sueurs froides, la hantise d'être en cage le tenant éveillé la nuit malgré tout le bon sens qu'il tentait de s'enfoncer dans le crâne ; mais son instinct ne pouvait s'étouffer. Il avait besoin des grands espaces, de la terre sous ses coussinets et du vent purifié de toute pollution pour peigner sa fourrure. Le dépaysement ainsi que le mal de ses terres natales le plongèrent un instant dans une profonde apathie avant qu'il ne s'ébroue à la vue des forêts flamboyantes dès les prémices de l'automne. Avec prudence, il avait tâté le terrain du côté de l'elfe, essayant de voir s'il lui était possible d'obtenir un libre-passage dans ces bois afin d'installer sa yourte et le petit bétail qu'il comptait s'acheter à l'aide de ses maigres économies. Il avait ensuite assuré son ami vampire qu'il n'irait jamais plus loin qu'une journée de voyage et s'occuperait simplement de changer de pâture pour ses animaux lorsque le temps l'exigerait, comme à Nyn-Tiamaat. Tout cela lui coûta de longues semaines de préparations, mais enfin il y était !

Le lieu qui l'avait le plus conquis était une clairière située à un heure des portes principales de Caladon et si elle longeait la grande route, elle se lovait au creux d'un bois à un quart d'heure du chemin, à la suite d'un sentier tortueux. Il s'agissait d'un endroit si ce n'était paisible, au moins stratégique dans sa composition : une partie de la végétation se constituait de hauts buissons envahis par des mûriers, de quelques sapins bien touffus et de nombreux noisetiers et trembles. La futée s'ouvrait de l'est à l'ouest, les résineux se trouvaient principalement au nord et le talus plus loin pourrait être, bien plus tard, creusé et aménagé. L'herbe y était grasse en partie par le petit étang boueux qui se logeait à l'ombre du-dit talus, probablement alimenté par une source souterraine peu profonde et qui, s'il ne fournissait ni poisson ni eau potable, serait idéal pour le bétail, voire détourné pour l'agriculture. De cette terre riche, il comptait en transformer une partie en potager et l'autre en un tapis à l'isolation naturelle pour le sol de sa yourte. Plus bas, derrière un sous bois dense et encombré de ronces, il y avait une rivière large de plusieurs mètres dont le lit profond regorgeait de truites, de brochets, mais aussi d’écrevisses et de crevettes. Plusieurs saules et roseaux parsemaient la berge, offrant autant de ressources premières au graärh qui découvrait toutes les merveilles d'une terre arable et prolifique en biens naturels. De cette clairière, il avait pu remarquer des traces de passages d'animaux et s'il veilla à n'avoir aucun gros prédateurs dans son voisinage direct, il fut satisfait de trouver lors de ses visites quelques hordes de cervidés, d'innombrables terriers de petits mammifères et même quelques proies plus conséquentes qu'il n'avait su identifier sur l'instant.

En moins d'une semaine, Purnendu avait monté sa yourte, fauché une partie de l'herbe pour limiter les risques d'incendies sur le pourtour de son habitation, puis abattu quelques buissons et arbrisseaux afin de délimiter plus clairement le terrain qu'il occuperait. Les branches souples récoltées servirent à faire un enclos pour son bétail en bordure de l'étang afin que les animaux puissent s'abreuver sans son intervention. De longues lianes de ronces furent ajoutées en un treillage serré autant pour tenir les petits prédateurs à distance que pour empêcher ses moutons de s'échapper bêtement. Un carré de terre, sur une zone ensoleillée, fut désherbé, retourné et préparé à une agriculture prochaine lorsque les saisons le lui permettraient. Non loin de la yourte, un feu de camps cerclé de pierres plates fut monté tandis qu'un four à sol fut creusé non loin afin d'y cuir des aliments plus conséquents. Purnendu prenait tout son temps, désireux que ses installations ne représentent pas un danger pour son habitat si foisonnant. Après tout, si un feu pouvait être aisément maîtrisé à Nyn-Tiamat, ici il en était tout autre chose ! Le graärh fit de nombreuses fois appel à l'expertise de quelques ouvriers confirmés, n'éprouvant ni honte ni complexe face à son ignorance. Sa remarquable mémoire l'aida grandement et en une poignée d'autres jours, il se retrouva autonome concernant les bases de survies et d'artisanat. Des séchoirs à viandes, un fumoir à poisson ainsi qu'un cercle de tannage agrémentèrent rapidement la clairière en des points stratégiques et sécurisés. Chaque jour était une nouvelle expérience, le fauve cendré se levait à l'aube et ne se couchait qu'au crépuscule, abattant un travail monstre sans compter la fatigue ou l'ennuis. Le climat n'étant plus son ennemi, l'isolation l'apaisant après toutes ces semaines dans Caladon, il se sentait pousser des ailes et avait plus que jamais le désir d'obtenir un chez lui confortable.

En ce jour, il s'agissait d'une belle après-midi d'automne avec son ciel au bleu délavé et au vent frais, déjà piquant des promesses de neige et de givre. L'air était chargé de cette odeur particulière de sous-bois trempé par une pluie récente, à la terre mouillée et aux champignons revigorés, mais aussi aux feuilles mortes à la décomposition acide qui allait de son parfum entêtant, si caractéristique en cette saison. Avec son campement terminé, Purnendu avait décidé d'étendre ses installations un petit peu plus loin. C'est ainsi qu'il se retrouvait sur la berge de cette même rivière poissonneuse à quelques minutes de son camps, entièrement dévêtu et n'ayant avec lui qu'une large bêche nonchalamment posée sur son épaule. Son épaisse fourrure se parait d'un sublime gris semblable à de la cendre et ce, sur l'ensemble de son corps à l'exception d'une partie de sa gueule, de sa gorge et de son torse qui se paraient d'un beige crémeux, aussi pâle qu'une lune d'hiver. Sa crinière bicolore partait de l'arrière de son crâne pour se fondre en un épais collier angora qui foisonnait en une cascade soyeuse sur son torse, son ventre et son aine. La brise jouait dans ses longs poils, plaquant ces derniers à sa silhouette musclée, puissante avant de les gonfler et d'en faire ondoyer les mèches soyeuses. Captivé par les reflets de l'eau limpide, perché sur une large pierre mousseuse sur le lit de la rivière, ses yeux d'absinthe observaient fixement la formation naturelle qui l'entourait. Son interminable queue touffue se courbait paresseuses d'un côté et de l'autre pour affirmer son équilibre tandis qu'il se penchait davantage vers l'avant avec un petit froncement de la truffe.

Puis, sans crier gare, il sauta dans l'eau avec une immense éclaboussure. Mouillé jusqu'aux hanches, le graärh frissonna un peu et montra les crocs vers la berge avant d'ébrouer ses épaules avec mauvaise humeur. Par les Esprits qu'il détestait s'immerger ! Même s'il avait encore pattes, la sensation du courant battant ses cuisses était du plus désagréable. Prenant cependant sur lui pour ne pas décamper et retrouver la sécurité d'un sol sec, il commença à travailler sur son projet insensé : construire dans le coude de la rivière un bassin afin d'y capturer et d'y élever des poissons. Avec un filet tendu entre deux gros rochers, il pourrait piéger tous ceux qui viendraient se reposer dans le creux, hors du courant. Avec quelques lentilles d'eau supplémentaires et des paniers à écrevisses, il aurait d'autres proies à leurrer ! Tous les moyens étaient bons pour obtenir de la nourriture facile, mais surtout tout au long de l'année. Le principe était de vivre au maximum en autarcie et réduire au mieux ses visites forcées à Caladon. Bien sûr, une telle isolation représentait nombre de dangers et le graärh avait parfaitement conscience qu'il aurait fatalement besoin du soutien des bipèdes pour survivre ici les premières saisons, mais il espérait devenir indépendant au long terme. Et en parlant de danger, un craquement sur l'autre berge lui fit redresser la tête, puis tout le corps. Fourrure éclaboussée par les gerbes d'eau que sa pioche soulevait à chaque fois qu'il l'avait abattu sur la berge, sa musculature révélée se crispa d'une tension soudaine et nerveuse. Ses pupilles se dilatèrent et ses oreilles se couchèrent vers l'arrière avec méfiance. Ses babines se gonflèrent sur un feulement encore ravalé et ses griffes se plantèrent dans le bois souple de l'outil.

Quelqu'un était là. Il le savait. Ses yeux fouillèrent les environs avant qu'il ne plante sèchement la pointe de la pioche dans la terre meuble et d'un bond puissant, il fut hors de l'eau et dans l'ombre d'un peuplier. La couleur de sa fourrure ne l'aidait pas vraiment à se camoufler dans un environnement aussi flamboyant, mais le graärh s'efforça de cacher son immense silhouette dans les replis des racines et des branches basses de sa cachette. Prudent, il vint escalader le tronc et se retrouva bientôt perché à plusieurs mètres de hauteur. S'il n'avait pas réellement besoin d'armes pour se défendre contre un possible agresseur, il n'aurait pas craché sur son armure de cuir et de maille. Mains crispées, il attarda son regard sur la courbe meurtrière de ses longues griffes puis passa la langue sur les six canines qui ornaient ses mâchoires. Prudent, il contourna le tronc pour revenir du côté de la berge et fouilla une fois de plus cette dernière avec un léger feulement étouffé. Son cœur battait puissamment et il dressa une paire d'oreilles pour essayer de capter les bruits en devant tandis que la seconde paire restait en arrière, parfois secouée d'un tic nerveux. Si Caladon n'était qu'à une heure de marche et avec elle la protection du Bourgmestre, Purnendu n'était pas naïf au point de se croire entièrement sous immunité : après tout, l'elfe acceptait la traite d'esclaves jusque sur ses quais ! Soufflant par la truffe, il se pencha légèrement sur sa branche et capta enfin une silhouette à l'approche. Il pensa reconnaître une femelle humaine, mais ne connaissant pas bien les subtilités de ce peuple, il décida de l'interpeller d'une façon neutre histoire de s'éviter toute confusion malheureuse :

- Bonjour. Déclines tes intentions avant de continuer. Saches que je ne cherche pas le conflit, bien au contraire. Cependant, je n'hésiterai pas à me défendre si tes intentions sont hostiles... et je t'assure que ni toi, ni moi, ne voulons en arriver là.

Un peu de vérité avec beaucoup d'illusion concernant ses réelles capacités.  Mais ça, l'inconnu n'avait pas à le savoir, il suffisait de tromper la perception d'autrui sur ses forces pour éviter une situation épineuse. Accroupis sur sa branche, il avait gonflé sa fourrure et planté les griffes dans le bois entre ses pattes postérieures. Épaules voûtées, queue battant l'air avec force, il prenait ainsi une posture menaçante, mais pas ouvertement hostile puisqu'il couvrait encore ses croces à l'écrin de ses babines sombres. Attendant sa réponse, il en profita pour l'observer scrupuleusement, incapable qu'il était d'étouffer sa curiosité à l'égard des nouvelles races parcourant l'Archipel.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 30 Juil 2018 - 15:22, édité 2 fois

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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L'automne... C'était une saison agréable à contempler pour qui avait vécu dans les montagnes où deux saisons significatives se pointaient majoritairement. Sighild appréciait cette saison, car elle était l'entre-deux, l’intermédiaire, entre l'été et l'hiver. C'était la saison du lent changement de la nature pour se préparer à l'arrivée de l'hiver. Les arbres se préparaient à s'endormir en perdant leur beau feuillage d'émeraude, pour rendre à la terre ce qu'ils avaient prélevé dans son sol. Les animaux terminaient de faire des réserves ou migraient vers d'autres territoires s'ils en étaient capables. Car dans l'Archipel, à moins de savoir voler ou nager, il était difficile de quitter les îles, qui heureusement n'étaient pas dépourvues de recoin pour échapper à la dureté de l'hiver à venir.

L'automne était aussi une saison chatoyante, avec les feuilluis qui rendaient leur feuillage ocre, rouge, orangé, voir or. Sighild avaient déjà eu l'occasion de voir ces chaudes couleurs dans les quelques petites vallées verdoyantes de son pays natal. Mais quand on vivait à Glacern, on ne les contemplait que de loin. Là, elle était dominée par les canopées qui offraient des chutes de feuilles tourbillantes. La danse d'une fin de saison, annonciatrice d'une autre, qui offrait un merveilleux tapis coléré sur le sol, qui crissait doucement quand on le foulait du bout des bottes

La journée était fort avancée depuis que Sighild s'était mise en chasse. Et elle n'avait pas eu l'occasion de voir beaucoup de gibier. Elle pestait de ce temps perdue. Dire qu'elle avait voulu se changer les idées en partant chasser, espérant trouver un gibier digne de ce nom. Hormis des traces, qui dataient de plusieurs jours, elle n'avait pas eu l'occasion de trouver une piste fraîche. Il faut dire qu'elle n'était qu'à une heure ou deux de marche de Caladon. Donc forcément.... Elle n'avait pas voulu s'aventurer trop loin pour pouvoir rentrer à la tombée de la nuit, mais avec sa besace de chasse pleine. Et là rien.

*Tu te relâches un peu trop, ma fille. Tu te sédentarises un peu trop*

Il était vrai qu'elle était plus en mode mercenaire qu'en mode chasseuse ces derniers temps. Mais il fallait bien vivre et s'adapter. Doucement, elle remonta vers la rivière, espérant trouver un gibier tout en reprenant la voie du retour. Et c'est là qu'elle entendit un énorme plouf. Elle stoppa sa marche, encochant doucement une flèche à son arc. Un animal qui s'amusait dans les eaux limpides de la rivière locale ? Elle se retint de sourire, restant concentrée. Elle s'approcha, espérant rester à couvert des arbustes qui bordaient la berge. Et là, elle vit que ce n'était pas un gibier, mais une ''proie'' bien plus grosse.

*Un Gräah ? *

Il paraissait l'avoir entendu, à voir sa posture tendue . Ces êtres bipèdes avaient des sens très développés. Elle chercha alors un autre recoin, pour voir comment partir sans provoquer de tension supplémentaires. Toujours sous le couvert de sa cachette, elle chercha un chemin pour partir de là... et le temps d'un laps de temps très court, elle perdit de vue l'homme félin, qui disparut totalement de son champ de vision.

*Par le Roc ! Où est-il ?*

Elle manqua de sursauter en entendant sa voix et son premier réflexe fut de tendre la pointe de son trait vers l'être qui était désormais haut perché. Elle devenait trop confiante et pas assez prudente dans ses propres sens, c'était dangereux. Elle croisa son regard, tout en voyant qu'il était prêt à lui tomber dessus.

''Salutations... C'est dangereux de surprendre les gens de la sorte. Tu aurais pu te prendre une flèche. Je ne cherche pas le conflit, juste du gibier. Je te rassures, tu n'es pas du gibier. Et moi aussi, je n'hésiterai pas à me défendre si tu viens à me bondir dessus. ''

Elle détendit la corde de son arc et abaissa un peu la pointe de sa flèche. Elle demeurait prudent.

''Et toi, quelles sont tes intentions ? ''

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La menace de l'arc ne le fit pas réellement broncher, bien que l'idée de se faire trouer le cuir n'était pas réellement réjouissante. Il se savait capable d'esquiver la flèche si jamais la femelle décidait de tirer, les chances étaient certes ténues à cette distance, mais possibles. Il pouvait aussi bien basculer en arrière et tomber de la branche avec un petit salto ou bien abaisser celle du dessus pour perdre le projectile dans un feuillage certes éclairci, mais encore assez dense pour en dévier la course. Bien entendu, si rien de tout ça pouvait se produire, il en serait aussi très heureux ! Un autre point l'empêchait d'être d'humeur belliqueuse : il ne savait pas si cette femelle était de Caladon ou simplement de passage. Dans un cas comme dans l'autre ; il ne souhaitait pas s'attirer de nouveaux ennuis. Aldaron et Ivanyr en avaient suffisamment sur les bras pour qu'il n'y en rajoute pas du sien... Ses pensées s'étiolèrent quand l'inconnue prit la parole et il pencha aussitôt la tête de côté pour lui signifier qu'elle avait toute son attention. Légèrement penché en avant, sa longue queue se courba plus encore pour faire balancier et le tenir en équilibre sur son perchoir.

Si la précision sur son statut de gibier / prédateur lui arracha un rire sincère d'amusement, il retroussa toutefois des babines pour montrer, dans l’ersatz d'un sourire sapiens, les trois paires de canines acérées qui ornaient sa dentition carnassière. Oooh oui, il savait parfaitement qu'il n'était pas du gibier ! Mal en prendrait à celui qui l'attaquerait pour une raison aussi puérile. Cependant, il concéda que sa posture menaçante ne devait pas aider à engager la conversation, aussi il cessa de gonfler sa fourrure et glissa au bas de sa branche d'un geste souple qui le fit atterrir à quelques pas de la femelle. Lorsqu'il se redressa de toute sa hauteur, il devait la dépasser d'une bonne tête, si ce n'était plus, et l'observa avec une attention accrue maintenant que ses autres sens pouvaient la percevoir sans interférence. Il remua de la truffe alors qu'il enregistrait son odeur, puis vint légèrement lui tourner autour de sorte à avoir une vue entière de sa frêle silhouette et chercha une particularité physique qui la différencierait des autres femelles. Pour l'instant, à par pour son sexe, son odeur et la couleur de ses yeux ou de ses cheveux, il n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent (allégoriquement parlant). Enfin, avait-il seulement besoin de la connaître plus que cela pour l'heure ? Encore indécis sur la marche à suivre, il décida d'y aller par étapes.

- Mmmh... Je souhaite vivre une vie simple. Est-ce suffisant pour toi ?

Sans réellement attendre de réponse, il se passa une main sur la nuque d'un air songeur. Avec un léger froncement du museau, il leva les yeux vers le ciel pâle aux brumes blanches léchant son horizon et finit par hausser des épaules tandis qu'il poursuivait d'un ton empreint de flegme :

- Je présume que non... en tout cas, je n'en serais pas satisfait étant donné notre rencontre. Laisse-moi me présenter : Purnendu. Je suis un guérisseur de Nyn Tiamat et j'ai établi ma yourte à quelque distance de ce coude de rivière.

Il l'observa encore et alla chercher les quelques vêtements qu'il avait proprement plié puis caché dans les entrelacs de racines d'un arbre, non loin. Ne la jaugeant plus comme une menace directe, le fauve cendré s'habilla rapidement sans avoir à la garder forcément dans son champs de vision et vint par la suite récupérer ses outils. Une fois chargé, il la regarda avec un léger sourire alors que sa queue se balançait paresseusement et balayait quelques feuilles mortes sur son passage.

- Je crains d'être la cause de ta mauvaise chasse. Je me suis assuré de marquer un vaste territoire de mon odeur afin de chasser les prédateurs les plus encombrants. Quant aux hordes de cervidés et autres mammifères du coin, je crois que mon installation les aura fais fuir... mais ils reviendront probablement lorsque j'arrêterai de faire autant de bruit.

Il sembla hésiter, observa le chantier qu'il avait commencé et qu'il aurait aimé finir dans la journée. S'il y avait une crue dans la nuit, il serait bon pour tout recommencer ! Toutefois, il se voyait mal chasser cette personne sur une excuse aussi légère et se sentait quelque peu responsable pour sa gibecière désespérément vide. Finissant par lâcher un soupir, il lui désigna le sentier par lequel il était venu.

- Soit mon invitée. Partage mon repas et mon thé, que ma yourte te soit ouverte et mon hospitalité bienvenue.

La formule était un peu pompeuse et mal traduite depuis sa langue natale, mais il ne voulait pas l'effrayer en parlant son dialecte, bien trop chargé de grognements et de postures pour l'esprit cartésien des étrangers. Il lui lança un dernier regard avant de s'engager sur le chemin tortueux, se baissant parfois afin d'éviter les branches trop basses pour sa haute silhouette. Ses pas restaient silencieux, ses gestes habiles malgré sa carrure et il ne mit pas long avant de rejoindre son campement à force de longues enjambées nerveuses. Les moutons bêlèrent à son retour alors qu'ils s’agglutinaient devant leur enclos pour espérer obtenir des friandises ou simplement de l'attention. Purnendu délaissa son équipement sur un râtelier accolé à sa yourte, puis s'occupa de raviver le feu mourant de l'âtre principal extérieur avec quelques fagots secs.

- Bienvenue. Mets toi à l'aise.

Il la surveillait d'un air calme, usant involontairement de ce regard fixe que possèdent tous les félins. Un regard parfois malaisant, mais donnant l'impression de pénétrer jusqu'à l'âme même de sa cible. Assis près du feu, il ne cillait pas et ne parlait plus. Les flammes timides jouaient sur sa fourrure et ses habits de cuir souple, accentuant ses traits bestiaux. Sur la courbe du ciel, le soleil était en train de décliner rapidement car déjà les jours se raccourcissaient comme une peau de chagrin. Les ombres s'allongeaient sur le sol et déformaient la perception de profondeur. Purnendu continuait de l'observer, ignorant le chant de quelques corbeaux et rossignols, entièrement concentré sur son invitée qui marchait sur son territoire. Il l'avait certes appelé à venir ici, mais il avait du mal à l'accepter maintenant qu'elle se trouvait là. Il voulait l'attraper et la renifler, la toucher et la découvrir entièrement, voire la coucher sur papier pour l'étudier... la disséquer ? Ils étaient seuls ici, personne ne l'entendrait hurler s'il l'ouvrait en deux pour regarder son intérieur. L'idée fut plaisante et il la caressa quelques minutes avant de s'ébrouer. Non, il ne savait toujours pas quels étaient ses liens avec Caladon, ni si elle vivait ou voyageait seule.

- Tu pourras partir avec une paire de perdrix que je faisande dans le séchoir. Ça te fera quelque chose à exposer auprès des tiens.

Parler l'aida à chasser ses envies primales et il réussit à se décrocher de sa vue au prix d'un gros effort de volonté. Purnendu s'ébroua encore, mais mentalement cette fois et alla chercher une outre contenant une eau filtrée qu'il mit à bouillir avec une poignée de plantes, fleurs et écorces de fruits. La soirée pouvait devenir froide et la nuit glaciale en un clignement d'yeux. Si lui était habitué à des températures bien plus extrêmes, il doutait qu'une femelle avec si peu de poils n'apprécie l'expérience, aussi le thé chaud lui semblait être une bonne idée.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 30 Juil 2018 - 15:22, édité 3 fois

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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Sighild restait prudente, même si elle avait un peu débandé la corde de son arc. Le Graäh, quand à lui, avait dégonflé son pelage, signe qu'il perdait un peu en agressivité. Il avait beau être un être intelligent, il n'avait pas perdu les acquis que tous les félins possédaient, à savoir de se faire plus gros qu'ils n'y paraissaient. Il avait même ri, amusé de cette histoire. Puis, il quitta son perchoir pour se redresse avec souplesse devant la Nordique. Sighild avait manqué de faire un pas en arrière et de redresser son arc pour le mettre en joue. Mais heureusement, elle évita cette erreur. Elle ne voulait pas montrer de la peur alors qu'elle n'en ressentait pas. Mais le moindre geste menaçant pourrait devenir une provocation pour ce Gräah et lancer les hostilités. Et comme visiblement, il était comme elle, peu désireux de se battre... L'être velu à deux pattes tourna doucement autour d'elle, l'observant sous toutes les coutures. Sighild serrait légèrement les dents, ressentant l'impression d'être qu'une bête d'élevage qui allait passer à l'abattoir. Mais ce n'était qu'un ressenti. Heureusement d'ailleurs que ce n'était qu'un ressenti.

Enfin, il s'exprima et confirma de ses propres mots qu'il n'était pas vraiment là pour chercher les ennuis. Quand un Gräah disait vivre simplement, cela ne pouvait qu'être vrai. Sinon, il l'aurait attaqué bien plus tôt. La Nordique décida de lui laisser le bénéfice du doute. Et à peine prit-elle la décision de retirer sa flèche de sa position que le félin bipède se rendit vers un lieu proche pour récupérer ses effets personnels. Quand il revint vers elle, Sigild avait remis son arc en travers de son. Elle était bien plus détendue, même si elle demeurait prudente. Cela persistait légèrement dans son regard émeraude.

''Au moins, je saurai pourquoi je rentrerai bredouille. Et je ne vais pas rejeter la faute sur toi. Tu as autant le droit que moi de chasser pour te nourrir. Je suis Sighild, chasseuse et guide.''

Autant rester simple et humble non ? Elle accepta son invitation d'un hochement de tête, s'assura qu'elle avait tout avec elle et se mit à le suivre. Bien qu'elle était déjà d'une belle taille parmi les humains, le Graäh la dépassait d'une bonne tête. Et elle voyait comment il se déplaçait, le temps d'arriver à sa yourte. Là, elle découvrit qu'il vivait réellement de manière isolée. De voir que les moutons s'étaient agglutinés contre la barrière de leur enclos dévoilait qu'il s'occupait bien de ses bêtes. Elle déposa par la suite et à son tour ses armes. Autant prouver jusqu'au bout qu'elle ne voulait pas de conflit. Délaisser son arc était une preuve de confiance. C'était aussi pour ne pas être gênée avant de s'installer devant le feu bien entretenue devant la yourte.

Elle ne se fit pas prier pour s'installer, même si le dénommé Purnendu continuait de l'observer.

*il n'a pas du voir des hommes ou des femmes de très près. C'est peut être pour cela qu'il observe le moindre de mes gestes. *

Il commençait à préparer une infusion de thé.

''Je te remercie de ta générosité, mais elles te seront plus utile qu'à moi. L'hiver va être rude et tu as besoin de garder de la viande séchée pour tes réserves. Les miens n'ont pas besoin de voir mes trophées pour savoir ce que je vaux à leurs yeux. Mais dis moi, Purnendu, tu ne me parais bien loin des tiens. Je ne m'attendais pas à trouver un membre Gräah dans les environs de la cité des hommes. Chercherais-tu à mieux connaître nos coutumes ? ''

Elle n'avait pas eu vent d'un Gräah qui s'était dans les parages. Serait-il un paria ? Non, il ne serait pas donné la peine d'avoir des moutons...

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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Lentement, le chant des oiseaux évolua alors que les nocturnes s'éveillaient et prenaient la relève aux diurnes qui partaient se coucher après une longue et laborieuse journée. Les chants se firent plus mélancolique et espacés, puis quelques hululements se firent entendre quand les chouettes s'ébrouèrent enfin de leur torpeur pour engager le vol silencieux et mortel de leurs chasses. Quelques grillons tardifs sonnèrent des notes éparses, frénétiques, alors que l'horizon se peignait de couleurs plus chaudes dès que soleil entama sa courbe descendante, loin à l'Ouest. Dans la clairière, les ombres s'étendaient comme des traits de pinceaux, jets d'encres sur l'herbe pâle jusqu'à se fondre en des flaques de plus en plus grandes, de plus en plus épaisses. Les détails s'engloutissaient dans une pénombre galopante, ne laissant que des silhouettes indistinctes où l'imagination fertile des enfants verraient des monstres et des cauchemars. Les flammes du feu bondissaient vers le ciel, projetant des ombres plus fugaces et fantasmagoriques sur les alentours immédiats, chassant ce malaise instinctif face à la nuit. Le sifflement de l'eau frémissante vint à enfler jusqu'à passer au bouillonnement intense, le parfum de l'infusion se mêlant à l’âcreté du bois brûlé.

Le graärh retira le récipient pour le déposer dans l'herbe à ses côtés, puis le couvrit d'un torchon pour que les parfums se développent doucement, à leur rythme et sans s 'éparpiller dans l'air qui allait en se rafraîchissant. De là, il jeta une nouvelle brassée de bois dans les flammes avant d'enrouler sa longue queue autour de ses cuisses et de prendre finalement ses aises. L'humaine ne représentait plus une menace tandis qu'il estimait leur situation stable quoique toujours basée sur une méfiance réciproque. Il était temps de s'apprivoiser l'un et l'autre ! Aussi fut-il extrêmement satisfait de la voir reprendre la parole et plus encore quand elle lui posa des questions. Un sourire étira ses babines sombres alors qu'il passait les griffes dans son collier angora pour y peigner quelques touffes. Un moment pensif, il chercha tout d'abord ses mots avant qu'il ne décide de la taquiner un peu en choisissant une réponse un brin narquoise :

- Et bien, je ne savais pas Calastin aussi loin ! Moi qui pensais m'en être éloigné que d'une moitié d'heure...

Faussement dramatique, il posa le dos d'une main sur son front avant d'esquisser un bas ronronnement qui pouvait être pris pour un rire doux et taquin. Lorsqu'il retrouva son sérieux, Purnendu coula sur le flan dans un étirement langoureux et typiquement félin, semblant se remplir de sable et se dévêtir de toute articulations ou ossements. Avec un gros soupir de satisfaction, il frotta sa joue contre le sol alors qu'il tendait les bras au dessus de lui pour labourer l'herbe et la terre meuble de ses griffes.

- Mmmmrrrrr... Je suis ici pour accompagner un patient de longue date. Découvrir ta culture est un plus non négligeable, il est vrai ! Mais ce n'est pas la raison première de ma venue sur Calastin. Toi et les tiens, si vous êtes de drôles de bipèdes, ne mériteriez pas que j'abandonne tout par simple curiosité. Et puis bon, comme vous avez tous visiblement l'habitude de venir là où vous n'êtes pas invités et agir comme si la place entière vous appartenez... j'aurais forcément fini par croiser des humains à Nyn-Tiamat que je le veuille ou pas.

La diatribe fut claquée d'un ton acerbe, vague sourire sans joie ourlé à ses babines alors qu'il fixait la femelle depuis sa couche improvisée, de l'autre côté du feu. Sa queue s'était déroulée et battait à présent le sol en une saccade agacée, bien que rien dans le reste de sa posture ne trahisse ce sentiment. Il leva légèrement une main pour apaiser une conversation qui risquait de mal tourner, puis reprit :

- Mes excuses. Tu n'es probablement pas responsable de tout ça. Je sais que vous êtes des exilés et que venir ici était le seul moyen de préserver vos races entières. Même si la façon de faire est discutable, la nécessité fait loi comme on dit, non?

Il se redressa sur un coude, pattes arrières légèrement repliées sous lui. Malgré l'apparente détente de son corps puissant, la posture lui permettrait de bondir debout au moindre geste hostile, qu'il vienne de son invitée que d'une menace tiers. Avec les oreilles dressées, il l'observait toujours d'une attention acérée, ses yeux d'absinthe la quittant rarement. Sa voix grave et caressante s'éleva une fois de plus avec nonchalance :

- Ma venue à Calastin donc ! J'ai rencontré mon patient l'année dernière, peu de temps après l'accostage de vos premiers navires. Il était amnésique, désorienté et visiblement isolé. Je l'ai pris sous ma protection et je l'aide à soigner ses cauchemars et terreurs depuis lors. Malheureusement, avec les tensions grandissantes entre les vampires et les miens, nous avons décidé de partir pour Calastin dans l'espoir de retrouver sa famille ! Il s'avère que nous avons trouvé beaucoup plus, depuis je lui laisse un peu la bride lâche pour qu'il bâtisse ses propres liens et repères, mais je ne peux décemment pas l'abandonner totalement donc me voilà : proche de Calastin si jamais il a encore besoin de moi.

Sur cette conclusion, il se redressa en position assise et vint récupérer deux petites coupes de terre cuite vernies et délicatement gravées. Il versa le breuvage dans chacune pour en proposer une à son invitée. En gage de bonne foi, il bu une première gorgée malgré la chaleur qui piqua sa langue et son palais sensible, puis reposa la coupe au sol avant de se hisser souplement sur ses postérieurs.

- Et toi ? Quelle est ton histoire ? Tu me rappelles un peu mon patient : tu ne serais pas de cette sous-race qui vivait loin au nord dans vos anciennes terres ? Ceux qui tuaient les vampires et coupaient des têtes... Racontes moi un peu ! J'adore entendre les contes et récits... En compensation, je partage mon repas avec toi ! Parlons jusqu'à épuiser la lune et faire revenir le soleil.

Enthousiaste, il l'observa par dessus les flammes du foyer et attendit sa réponse, pupilles rétractées en deux fins traits de pinceau, mains sur les hanches et queue balançant de droite et de gauche.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 30 Juil 2018 - 15:23, édité 3 fois

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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Pour qui n'avait pas l'habitude de côtoyer la nature et de vivre sommairement à la nuit tombante, il y avait de quoi s'effrayer et de se croire dans un autre monde. La nature s'exprimait désormais, se fiant totalement de la présence des deux bipèdes. Après tout, ils étaient partie intégrante de la nature eux aussi, non ? Sighild n'était nullement perturbée par le moment silencieux qui s'était étendu entre elle et le félin bipède. Elle le regardait préparer son thé et elle découvrait qu'il était fort habile dans la préparation. Il était donc habitué à manier des outils. Quoi de plus normal en fait. En même temps, quand on ne croise pas des Gräah, on a du mal à savoir ce qu'ils savent faire. Sighild comprit qu'ils étaient loin d'être des sauvages, comme les autres les décrivaient souvent. N'était-ce pas comme cela qu'on avait nommé les siens quand un Kohan les avait faits sortir de l'oubli ?

Elle oublia sa patrie détruite quand elle fit son hôte se rouler comme le ferait un chat, qui savourait le contact de Mère Nature. Elle retint un sourire mais ne manqua pas de lâcher un petit gloussement quand à la notion de temps évoqué.

"Peut être parce que c'est le temps qu'il t'a fallu en courant et en bondissant. Tout est relatif quand on prend un point précis sur le temps pour mesurer le temps qu'on parcourt. Moi je ne cours pas aussi vite que toi, c'est un fait. Donc je ne pourrai te dire que cela me prendrai une demi heure. ''

Le ton changea un peu quand le Graäh aborda un sujet assez problématique et Sighild ne put s'empêcher de hausser un sourcil, se retenant de se défendre. Dans un sens, il n'avait pas tort et d'ailleurs, il sut se rattraper rapidement, tout en portant des excuses.

''Y a pas de mal. Et je te comprends un peu.... Voir ses terres envahies par des gens de culture et d'intentions différentes des siens... on ne peut que rester prudent et méfiant à la fois. Et il est vrai que certains peuples bipèdes ont de quoi être peu fiers de leurs comportements. En même temps, ces gens là ont connu guerre sur guerre. J'espère sincèrement qu'ils en apporteront pas une nouvelle... encore...''

Le gros chat à deux jambes était totalement à son aise en tout cas et elle profita qu'il évoquait un autre sujet pour rebondir dessus.

''Votre patient était un vampire qui avait perdu la mémoire ? Hormis les Nouveaux-Nés, ce n'est pas banal ce genre de choses ? Saurais-tu son nom puisque tu l'as soigné ? Peut être qu'il a su le retrouver. ''

Et si c'était Lewyn ? Et est ce qu'il repasserait puisque le félin disait lui laisser un peu la bride lâche pour qu'il se fasse ses propres repères ? Le hasard serait trop bon mais il n'y mettait pas trop d'espérance. Elle accepta le récipient qui laissait s'échapper une vapeur chaude et bien odorante. Elle s'apprêtait à le porter à ses lèvres quand elle manqua de s'empourprer.

''Je viens bien du Nord de ces terres là, mais les miens et moi-mêmes sommes loin d'être une sous-race...Nous étions des Hommes et oui nous combattions les vampires, qui étaient longtemps considérés comme le seul danger pour l'Humanité. Et pour parler des contes et des récits, il faudrait que je sache sur quel domaine tu veux en entendre, car c'est large. Mon peuple est très porté sur les chants et les histoires, pour narrer son histoire. Longtemps, nous avons vécu dans les montagnes, nos véritables terres, que nous connaissions et respections. La montagne était pour nous ce que la forêt est pour toi et les tiens. Alors... avant de me considérer comme une sous race, et que je préfère entendre entre nous le terme sous espèce, quelle genre d'histoire veux tu entendre ? ''

Elle but à son tour une gorgée du thé chaud, qui l'apaisa un peu malgré la chaleur forte qui se diffusait sur sa langue et sa gorge. Au moins, cela l'aidait à ne pas être déconcertée par la posture du grand félin, qui se mouvait d'une étrange totalement différente des hommes. Peut être que c'était normal alors prit-elle soin de pas être choqué. Elle ne l'était pas vraiment en fait.

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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La remarque sur la relativité des distances tombait sous le sens, surtout si l'on prenait en compte sa capacité à engloutir de grandes distances lorsqu'il courrait à quatre pattes ou d'arbres en arbres. Il dressa donc les oreilles, quelque peu interloqué de ne pas y avoir pensé de lui-même, puis tourna la tête en direction du Sud vers l'emplacement de la splendide Caladon, loin au dessus la frondaison d'une forêt effeuillées par son automne tardif. Il aurait juré n'être qu'à une demie heure des remparts, mais une confirmation s'imposerait le lendemain. Après tout, n'avait-il pas signifié à ses amis une telle distance ? S'il s'était trompé et qu'ils cherchaient à le rejoindre alors il y aurait quelques complications. Hors il ne voulait pas créer d'incident s'ils le pensaient disparu ou, moins envisageable, perdu et il ne désirait pas non plus avoir une part entière de la forêt brûlée jusqu'aux racines par un Ivanyr fou d'inquiétude. Ses considérations coulèrent cependant vers d'autres horizons plus plaisantes alors que l'humaine cédait enfin à sa curiosité et lui posait des questions. Surpris que sa première pensée soit dirigée sur l'identité de son patient, il pencha la tête d'un côté et cilla avant de venir gratter pensivement le dessous de son museau. Devait-il y répondre honnêtement ? Elle ne semblait pas être une menace, mais son ami avait été vindicatif sur le sujet : il ne désirait pas renouer avec ses possibles origines humaines. Plutôt que de mentir, ce qu'il détestait faire et préférait éviter autant que possible, Purnendu opta pour une réponse un peu biaisée, mais qu'il espérait être suffisante :

- Et bien... oui ? Il lui en aura fallu un pour qu'il se reconnaisse. Quant à son nom d'avant sa perte de mémoire, il m'importe peu même s'il semblerait que certaines personnes l'aient reconnu à Caladon. Pour ma part, je persiste à l'appeler par celui qu'il m'a offert lors de notre rencontre.

Le sujet serait épineux lorsque son ami viendrait l'aborder et il ne doutait pas qu'une telle découverte ait durement éprouvé la stabilité mentale de son patient. Pour autant il préférait lui laisser la corde longue, attendant qu'il finisse de découvrir Caladon et le Bourgmestre, retrouver sa sœur et sa famille avant de lui revenir. Le graärh ne doutait pas qu'Ivanyr finirait par l'approcher de nouveau... il reviendrait toujours à lui, d'une façon ou d'une autre. Il suffisait de se montrer patient et toujours abordable. Pour l'heure cependant, il avait un invité d'une toute autre trempe et il s'ébroua mentalement pour se re-concentrer sur elle afin de ne pas perdre une seule miette de ses expressions, mimiques et postures. Il avait encore beaucoup à apprendre des bipèdes et là se présentait un bon exercice. L'écoutant donc s'expliquer, il cru discerner une crispation dans son corps ou du moins le signe défensif d'un être blessé, même inconsciemment. Un léger recule du buste, une tension dans les épaules. Des signes que les graärh avaient l'habitude de désigner dans leur propre langage corporel avec leurs autres appendices. Il ne vint pas l'interrompre cependant et prit la parole uniquement lorsqu'elle sembla s'épuiser de mots.

- Déjà, je te présente mes excuses. Je ne voulais pas te froisser en utilisant ce terme. La langue commune de ton peuple est encore chaotique pour moi, surtout dans ses subtilités. Par sous-race, j'entendais des humains qui ont des attributs physiques différents notables et constants comme une taille supérieure, une coloration de la peau ou que sais-je d'autre. Si tu préfères le terme sous-espèce, alors je me rappellerai de utiliser à partir de maintenant.

Il marqua une pause, sembla pondérer le sujet puis souffla :

- Nous autres avons aussi des sous-espèces. Je pourrais en désigner deux principales, si l'on peut dire. Regardes-moi, j'ai des canines très longues, comme les smilodons. En vérité, j'en ai six en tout, deux paires sur la mâchoire supérieure et une paire sur celle inférieure. J'ai aussi des cornes et une structures plus lourde au niveau de la nuque et du poitrail, me permettant encore de courir à quatre pattes. Certains de mes frères avaient des cornes sur le menton ou les arcades sourcilières. Cependant, d'autres Graärh n'ont pas ces attributs. Certaines sont plus fin, dépourvus de doubles canines en haut et de cornes. Ils sont bien plus humanoïdes, si l'on peut user de ce terme. Les différences nous enrichissent, nous définissent... je ne désirais en aucun cas me montrer insultant, ce serait hypocrite de ma part.

Le sujet était passionnant, surtout d'un point de vu médical et il se demandait si d'autres aspects différaient à l'intérieur de toutes ses sous-espèces. Un instant, l'idée de l'ouvrir et de l'éplucher lui revint, mais il chassa bien vite cette pensée avec agacement. Elle se révélait bien trop précieuse vivante et coopérative. La proposition le prit cependant à contre-pied et il ne pu se retenir de rire doucement, émettant un son semblable à un ronronnement chaud, caressant et sourd. Il s'installa en tailleur, bu une gorgée de son thé avant d'observer le feu avec intensité.

- Je n'ai pas de forêts... par réellement. Je viens de Nyn-Tiamat à l'origine et j'ai davantage vécu aux abords de l'Inlandsis que des forêts du Sud qui grouillent maintenant de vampires... alors parles moi de cette race justement ! Ses origines et pourquoi vous continuez de la tolérer malgré tous ses crimes passés et tout le mal quelle semble faire encore aujourd'hui. De là, je voudrais ensuite en apprendre plus sur ton peuple et pourquoi ils chassaient ces vampires, comment et s'ils continuent encore maintenant ! Si tu as des récits de héros, j'en veux aussi...

Sa queue ondulait sur le sol, avant de s'élever en ondoiement soyeux dans son dos, formant de larges points d'interrogations. Il s'était légèrement penché vers le feu, vers l'humaine qu'il dévorait d'un regard curieux et assoiffé. Des connaissances, il en voulait toujours plus. Son esprit retenait chaque mots, chaque lettre sans qu'il y ait besoin d'y revenir une seconde fois. Il voulait être la mémoire des siens, celui qui apporte le savoir au plus loin des camps Graärh. Il souhaitait sincèrement en apprendre plus et rien ne pouvait être dédaigné, pas même les plus infimes détails. Pas même venant d'une inconnue croisée au coin d'un sous-bois

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 30 Juil 2018 - 15:24, édité 2 fois

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Sighild affichait une moue un peu déçue. Peut-être qu'elle avait trop espéré de la réponse du Gräah concernant ce fameux patient vampirique. Mais il pouvait très bien s'agir d'un autre vampire. Donc, autant qu'elle ne cherche pas à savoir plus. La vie continuait et la page était tournée. Et puis, certaines personnes de Caladon l'avait reconnu, aux dires de l'homme félin.. Donc, si cela avait été Lewyn, elle en aurait eu des retours. Donc ce n'était pas lui.

''Je pensais que c'était une vieille connaissance que tu aurais repêché. J'ai bercé trop d'espoir. En tout cas, il t'en doit une. ''

Et pour la suite, elle n'avait pas conscience de la communication corporelle qu'elle avait exprimé pendant qu'elle défendait son peuple de ne pas être une sous race. Sceptiquement, elle écouta alors les explications de son interlocuteur et affaissa ses épaules quand il eut tout dit.

''C'est plus à moi de m'excuser. J'ai tellement pris l'habitude de côtoyer des non-Glacernois que j'ai oublié que moi aussi, j'ai eu peine à faire la part des choses avec d'autres peuples qui avaient été instruits de manière différence par rapport au mien. je te remercie pour tes explications. Cela me fera une petite leçon d'humilité. ''

Comment avait-elle pu oublier cette sensation de pas se faire comprendre ? Elle se sentait un peu honteuse. Maintenant, elle saura mieux comprendre celui qui lui faisait face. Mais elle aurait dû le comprendre depuis le début, au lieu de se montrer sur la défensive. Défendre les siens étaient une chose, mais elle était d'ordinaire plus compréhensive que cela ! Elle devrait faire attention et retravailler quelques points personnels. La vie la durcissait un peu trop.

''Ils ont débarqué sur l'ancien monde en même temps que les Elfes. De ce que je me rappelle, c'est une affaire de malédiction. Les Dieux avaient décidé de se venger d'un elfe qui avait servi son propre fils à un autre membre de son espèce pour le confondre de son mensonge... ''

Rien que d'y penser, elle frémit, se rappelant ce qu'elle avait vécu sur le navire étrange, après l'appel de Verith... elle chassa ces pensées.

''Je pense que tu sais déjà de quoi ils se nourrissent et comment ils vivent. Enfin, un peu... si tu veux que j'approfondisse, n'hésite pas à m'interroger sur des points que je n'aurai pas évoqués. Quand à les tolérer... Disons que leurs forces ont été nécessaire quand nous avons eu plusieurs et rudes guerres à mener pour ne pas perde ce que nous avions. Et puis, malgré les crimes.... Tout le monde peut avoir droit à une seconde chances, car parmi les vampires, il y en a eu ; et je l'ai découvert que plus tard, qui refusaient de commettre des massacres, des pacifistes en somme. Et puis les miens les chassaient à une époque où les vampires commettaient des crimes. Les Glacernois les chassaient dans le but de protéger l'Humanité de leur infestation. Les choses ont bien changé depuis. Imagine que nous avions un rite de passage à l'âge adulte en chassant un vampire. ''

Elle en souriait tristement... Une bien lointaine époque que ce détail là.

''Il y a bien des choses à dire sur mon peuple. Peut être que tu y trouveras des choses en commun. Nous étions très soudés, tous avaient un rôle dans notre cité. Nous avions des fêtes, des épreuves et nous respections la Montagne. Notre force venait de notre cohésion. Et bien d'autres choses encore.... Veux tu des détails en particulier ? Il serait intéressant de voir ce que cela équivaut vis à vis des tiens. ''

Il y avait tellement de choses à dire sur son peuple ! Même son père n'avait pas vécu assez longtemps pour les apprendre toutes.

"Des récits de héros... je vais réfléchir... Mais avant de t'en narrer une, laisse moi te conter cette petite histoire :
"Que de mieux que de voir les cieux, d'apprécier le vol gracieux des oiseaux et de voir qu'ils pouvaient quand ils le désiraient rester dans les airs, à jouer avec le vent et à caresser les nuages... Pauvres terrestres de voir que ce royaume céleste ne leur était pas accessible. Une jeune femme rêvait de devenir un oiseau. Depuis toute petite, elle s'était amusée à battre des bras comme si c'étaient des ailes. En sentant le vent, elle fermait les yeux pour se donner l'impression de voler. Puis le temps passant, elle comprenait qu'elle ne pourrait jamais réaliser ce rêve. Car elle était fille de la montagne et la montagne était elle-même fille de la terre. Mais son coeur malgré tout, brûlait ardemment de réaliser ce rêve.
"Elle pria alors les Dieux, pour avoir ne serait-ce qu'un jour le droit de sentir pour une seule fois dans son existence la sensation de voler. Mais ses prières restèrent sans réponse... Elle n'en démentit pas, même si les Dieux ne paraissaient pas vouloir lui accorder ce souhait. ''D'ailleurs, pourquoi le ferait-il, elle simple mortelle, le méritait-elle réellement ?
Toute sa vie, jusqu'au denier jour de son longévité, elle pria, gardant l'espoir... Puis quand elle sentit son heure venir, elle sut qu'elle ne pourra que répondre par elle-même à ce souhait de toujours. Elle réussit à trouver l'énergie de gravir la plus haute montagne, pour sentir une ultime fois le vent et l'air glacé. Et là, sur le cîme des plus hauts, elle ouvrit ses bras et se laissa tomber dans le vide.
''La sensation de voler était sans pareil. Elle s'amusa à battre des ailes et écarquilla des yeux quand elle sentit qu'elle s'envolait. Elle tendit sa tête vers ses bras, qui étaient devenus ailes. Elle se regarda comme elle put et découvrit qu'elle n'était plus humaine. Elle était devenu un dragon !
de cette histoire, on comprend que lorsqu'on veut ardemment quelque chose, il faut y croire...''

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Le grand fauve accepta les excuses d'un vague retroussement des babines qui pouvait s'apparenter sans peine à un sourire. Il fit, de même, un léger signe de la main comme pour chasser les mots de l'humaine qui ne changeraient rien à l'impression qu'il se faisait déjà d'elle : une femelle forte et dont les convictions profondément ancrées ne souffriraient pas d'un affront, qu'il soit volontaire ou non. Il pouvait la comprendre, il avait rencontré beaucoup de Graärh dans le même cas et à voir la noblesse de cœur dont faisait preuve Ivanyr, il se demandait si cette qualité n'était pas commune parmi ce peuple. Il faudrait qu'il s'y intéresse de plus près à l'occasion ! Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, et elle ne le lui faisait jamais, il y avait une cité entièrement remplie de ces gens là ; il n'aurait qu'à la visiter avant son départ pour le Domaine de sorte à confirmer son hypothèse. Avec de la chance, il y trouverait de précieux alliés pour son peuple et quand il rentrerait en Paadshail, il aurait davantage de choses à fournir auprès des siens pour les aider face aux esclavagistes. Enfin ! Pour l'heure, il avait une « native » sous la patte et comptait bien en apprendre le maximum avant de devoir la relâcher.

Silencieux, il dressa ses quatre oreilles et ouvrit de grands yeux attentifs alors qu'il se penchait légèrement en sa direction, laissant l'éclat du feu diminuer un peu pour ne pas les gêner. Le récit s'écoula comme un flot ancien, très très ancien si l'on prenait en compte ses racines et chacune des informations qui en soertaient firent légèrement gonfler la fourrure du graärh qui n'en revenait toujours pas. Un peuple maudit par des Dieux et qui survivaient grâce au sang des autres races, oubliant tout de ses origines lorsqu'il succombait au poison. Voilà une histoire bien sinistre qui rejoignait ce que son ami avait déjà pu lui conter. Soucieux, il plaqua une paume sur le devant de sa gueule, couvrant sa truffe, et pencha un peu la tête sur l'avant pour réfléchir à ce qu'il venait d'apprendre. Il aurait besoin d'informations plus concrètes s'il voulait apporter un rapport utile à son peuple, mais pour l'instant cela suffira. Il avait obtenu des pistes intéressantes, il s'y concentrerait une autre fois, car déjà Sighild entamait un autre récit. Dès les premières lignes, il su qu'il s'agissait d'une légende et ourla une fois de plus ses babines en un sourire amusé, voire permissif quand il eut les derniers mots énoncés. Allons bon ! Voilà qu'on lui parlait encore de ces lézards géants ailés. Pourquoi en faisaient-ils à ce point toute une histoire ? Ils portaient la magie ? Bien sûr que non : son peuple utilisait cette magie alors qu'aucun de ces dragons ne foulaient l'Archipel.

Taisant sa remarque, il poussa un miaulement appréciateur qui mêlait le ronronnement à la joie d'être doté d'un tel savoir. Contournant le feu, il n'hésita pas à remplir la tasse de son invitée et alla rapidement chercher une longue ardoise rectangulaire qu'il disposa sur les braises après avoir apaisé les flammes. Disparaissant ensuite dans la yourte, il retourna auprès de l'humaine avec les bras chargés de deux beaux pavés de viande rouge marbrés de gras, d'herbes et de champignons. Il survola d'une main la plaque d'ardoise pour tester sa chaleur et disposa les feuilles aromatiques tel un lit parfumé avant d'allonger la viande, puis un peu hors du cœur des braises, les champignons en rondelles épaisses. Le repas se fit rapidement à grésiller et l'odeur alléchante se propagea.

- Merci pour ton histoire... bien que je n'en approuve pas la morale. Les seules conclusions qui me viennent sont sinistres et ne lui rendront probablement pas justice, mais laisses-moi les partager tout de même tant cela me rend dubitatif. Pour moi, cette femelle était bien arrogante et stupide, car elle aura gaspillé sa vie entière à rêver d'une autre vie sans jamais accorder la moindre chance à celle qui lui était donné. Aurait-elle pu voler si elle avait cherché un moyen plus raisonnable ? Peut-être ! J'ai vu des pollen se changer en plumes pour être porté par le vent. Des écureuils attachés au sol et aux arbres bondir et flotter dans les cieux. Pire encore ; aux derniers instants de sa vie, elle aura choisi la solitude et l'égoïsme plutôt que de les passer auprès des siens... Enfin, a-t-elle réellement changé où ne s'est-elle pas bercé une ultime fois d'illusion et de rêveries ?

Il se gratta une joue, pensif et contrarié.

- Pour avoir monté de hautes montagnes, le manque d'oxygène peut faire voir de drôles de choses, sans parler de son age avancé...

Un soupir secoua sa haute silhouette et il retourna d'une griffe les pavés ruisselants de jus et d'arômes infusés dans son gras grésillant.

- Croire en quelque chose ne suffit malheureusement pas. Il ne s'agit que d'un ingrédient dans tout le reste. Lorsque l'on désire quelque chose, il faut d'abord se donner les moyens de l'obtenir. Plus ce que l'on souhaite est éloigné de notre condition de départ et plus les obstacles seront hauts. C'est dans ces confrontations là qu'il faut avoir la foi. La foi en soit, bien sûr, mais aussi en ses amis et frères ou sœurs de cœur... Décidément, sa vie dû être bien triste à attendre si longtemps que quelqu'un d'autre réalise ses rêves tandis qu'elle restait assise dans l'expectative. Je comprends pourquoi les Dieux n'ont pas réalisé son souhait.

Ayant pris tout cela très au sérieux, Purnendu leva le museau vers le ciel assombri au point où les étoiles brillaient de mille feux. Il inspira profondément l'air nocturne avant de reporter son attention sur l'humaine.

- Donne moi ton récit de héro, ensuite je t'offrirai le conte ou l'histoire sur le thème de ton choix.

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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Sighild commençait à se faire aux différentes mimiques qui s'exprimait sur le visage velue de son hôte. Il était encore un peu déconcertant de voir des oreilles bouger ou encore voir les crocs apparaître lors des sourires du Gräah, mais c'était un coup à prendre. Après tout, elle avait fini par plus ou moins comprendre les humeurs de Verith, le grand Dragon Rouge, à travers ses pensées énoncées dans son esprit. Alors, elle arrivera bien à saisir les subtilités corporelles qui se rajoutaient à la conversation avec Purendu. Puis, quand elle eut terminé son histoire, l'homme-félin s'était redressé pour la resservir, avant de sortir de la yourte une fois une plaque d'ardoise posée à même le feu. Le fait qu'il avait exprimé un miaulement ronronnant, cela fut suffisant pour la Nordienne de savoir que sa petite histoire avait été appréciée.

Elle but sereinement sa tasse remplie, regardant brièvement la plaque d'ardoise. Chez les siens, on employait des pierres volcaniques plus épaisses, qu'on mettait à même le feu. Donc, cela sentait l'heure du repas. Elle sourit. Il fallait dire que de narrer des histoires creusait le ventre. D'ailleurs le Gräeh revint à l'intérieur de la yourte avec la nourriture à cuire sur la plaque : deux beaux gros pavés de viande avec son accompagnement. Il n'y avait pas à dire, il était en train de conquérir l'estomac de Sighild, qui émit un petit grognement de faim. Elle fit un léger sourire d'excuses. Puis la cuisson commençait doucement sur la plaque désormais chaude, apportant son lot d'effluves délicieux. Sighild se retenait d'avoir la salive lui monter dans la bouche. Là, au moins, c'était un bon point commun entre son peuple et celui de Purendu

Elle ne manqua pas de rire devant les remarques du félin à deux jambes.

''Il est vrai que la morale ne se prête au sens que tu as toi compris sur cette histoire. Mais tu as néanmoins raison. On ne peut pas passer son temps à espérer quelque chose en négligeant le reste. Quand on vit dans un peuple comme les nôtres, le soutien de notre communauté est important. Et plus encore quand nous avons une famille. Tu as su tirer une morale à cette histoire, alors qu'il y en avait une autre. Là est la magie des histoires dans un certain sens. On peut la narrer et la détailler sur bien des points. Tu viens de le faire. Moi je vois une femme qui ne connaîtra jamais les joies de mener une vie de mère et de chasseresse, que le jour où elle s'en rendra compte, elle sera trop vieille pour enfanter et mener son existence avec l'homme de sa vie. ''

Elle but encore un peu du contenu de sa tasse, savourant l'odeur de la viande qui sentait de plus en plus. Ils allaient se régaler. Purendu avait le mérite d'être un bon cuisinier.

''Vrai aussi. Je vois que tu sais ce que l'altitude fait. Es-tu déjà monté dans les montagnes ? Et moi je comprends que tu es très philosophe. Tu vas finir par être un véritable Penseur à étudier comme cela un conte nordique. ''

Elle rit doucement. Et pourquoi pas dans un sens ? La philosophie n'était pas qu'à la portée des gens vivant dans les villes, cela, elle l'avait vite compris ; surtout quand elle avait compris le sens et le terme premier de ''philosophie". Puis il fut temps pour elle de narrer une histoire de héros. Elle se racla la gorge et décida d'en narrer une :

''Il y a très longtemps, quand Glacern n'était qu'un petit fortin en expansion, la nuit s'était installée durablement. Elle refusait de partir et comble du malheur, la neige ne cessait de tomber. La montagne s'était endormie à cause de cette nuit qui se voulait éternelle. Bientôt, le peuple nordien commençait à avoir faim, car le gibier mourait dans les neiges et les avalanches. Les hommes, les femmes et les enfants commençaient à avoir froid, car le bois venait à manquer, car ils avaient de cesse de chercher à se réchauffer et à faire fondre la neige qui recouvrait tout et partout. A ce rythme, tout le monde allait mourir de fin et de soif. Et cela était inacceptable.
Un jeune homme décida de partir du fortin, pour essayer de trouver de quoi manger. Il savait l'entreprise risquer mais il devait faire quelque chose, car les autres chasseurs commençaient à se résigner sur leur sort. On le disait fou, mais il s'en ficha. Il prit son arc et ss flèches, se vêtit de ses plus épaisses fourrures et sortit, affrontant la neige.
Longtemps il marcha, luttant contre le souffle enneigé, cherchant de vaines traces de gibier. Il espérait trouver des carcasses congelées ou des animaux engourdis par le froid mais ne trouva rien. Il chercha encore et finit par se perdre.
Le désespoir commençait à monter en lui. Les autres avaient eu raison : il avait été fou de partir et là, en levant les yeux vers le ciel obscurci de la nuit éternelle et sans étoile, il crut apercevoir quelque chose... Et là, il vit deux yeux luisants le fixer... La peur le saisit et il partit à l'opposé, courant et courant encore et encore, rentrant dans son fortin. Mais les yeux étaient toujours là, le suivant encore et encore. Et avant d'entrer dans son fortin, il se retourna, tremblant de peur. Il ne pouvait rentrer sans se battre, car il avait appris à ne pas être lâche. Certes, il avait peur, mais il devait tenter le tout pour le tout. Même si c'était la folie qui semblait emplir ses yeux.
Il prit une flèche, banda son arc et tira. La flèche, monta et monta, et toucha un des yeux. L'animal hurla à la mort et son autre disparut. La neige cessa soudain de tomber. Et doucement, le jour se levait, laissant un soleil apparaître pendant que l'ombre qui le recouvrait se retirait...
Le jeune homme écarquillait des yeux. Que venait-il donc de tirer qui avait libéré le jour et le soleil ? Personne ne le saurait réellement jamais mais il fut porté en héros bien malgré lui d'avoir sauvé le peuple glacernois en faisant partir la nuit éternelle''

descriptionJouer à Graärh perché [PV Sighild] EmptyRe: Jouer à Graärh perché [PV Sighild]

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Il hocha lentement la tête, approbateur sur sa propre vision de la légende. Il aurait été dommage qu'elle se range au même avis que le conte et approuve les actions égoïstes de l'héroïne. C'est qu'il commençait à l'apprécier la petite humaine ! Elle était facile à aborder, aimait raconter des histoires et ne semblait pas le juger comme une marchandise ou un tapis de salon. Que demander de plus ? Une lueur amusée brilla dans ses iris d'absinthe et il pencha un peu la tête sur le côté pour montrer combien il était curieux et attentif sur la suite de ses propos. Ainsi il passait pour un philosophe ? Il ne connaissait pas ce terme, mais il ne semblait pas être péjoratif. Purnendu se promit de le retenir et d'aller ensuite voir Aldaron pour en avoir une définition complète. L'efle sombre ne manquait jamais de l'instruire sur la langue commune et usait d'une pédagogie qui ravissait le graärh chaque fois qu'il y était confronté.

« - J'ai passé de nombreuses années à parcourir les hauteurs de Nin Daaruth... »

Il n'avait pas besoin de préciser davantage. La chaîne de montagne sur l'île du nord était suffisamment réputée pour se suffire à elle-même. Il attendit donc, surveillant la cuisson des gros pavés d'un œil critique et se plongea dans le nouveau récit qui lui était offert. A la fin de ce dernier, le graärh semblait une fois de plus aussi contrarié que dubitatif et posa un regard prudent sur la femelle. Il hésitait à donner son avis sur le sujet tant il lui paraissait houleux. A son sens, les actions du prétendu héros étaient aussi barbares que totalement inconscientes ! Pourquoi attaquer lorsque l'on ne connaissait pas la créature qui nous faisait face ? Était-elle réellement hostile quand elle n'avait, concrètement, rien fait de mal ? Attaquer avant de dialoguer, paniquer face à l'inconnu au lieu de raisonner et de comprendre. Si l'être aux yeux ignés était un Esprit matérialisé par un avatar, ne venaient-ils pas de commettre une faute irréparable dans ce conte ? Ténèbres et blizzards, cela ressemblait au Léopard des neiges. Pourquoi glorifier une telle action ? Purnendu fronça le museau dans une mimique confuse et peu convaincue avant qu'il ne s'ébroue et ne décide de taire ses questions. Polémiquer des heures ne servirait pas à grand chose, peut-être y reviendrait-il plus tard si cela convenait à son invitée.

Songeur, il chercha à son tour quelles légendes il pourrait partager et lorsqu'il arrêta son choix sur l'une des plus anciennes et connues auprès des siens à Nyn-Tiamat, il lui fallu ensuite traduire tout cela dans la langue commune. Un véritable tour de force ! Lorsqu'il entama son récit, sa voix se fit plus profonde et rocailleuse. L'accent était bien plus prononcé, les « r » étaient roulés et les « s » parfois soufflés.

« - Il y a très très longtemps, alors que nous venions tout juste d'être élevés au dessus des Smilodons pour devenir une jeune race pensante et bénie par les Esprits-Liés, une tribu quitta les terres fertiles de Néthéril pour gagner Paadshail qui était alors une île sévère, stérile et glacée. Ses eaux n'offraient rien de plus qu'un linceul de froide mort alors que son sol dur ne possédait qu'un gibier rare et farouche. Il était impossible de cultiver et bientôt seuls les plus robustes purent survivre.
Dans cette tribu se trouvait Anguta, un chasseur émérite qui était le père d'une jeune graärh réputée aussi belle que douée dans les arts de la broderie et du tannage de cuir. Elle s'appelait Nuliajuk et malgré ses nombreux dons, elle refusait de se choisir un mâle. Son père aurait aimé qu'elle choisisse un bon reproducteur pour qu'ils puissent chasser ensemble et avoir une descendance forte afin de survivre sur Paadshail. Excédé, il finit par la rabrouer sèchement : « Autant t'accoupler avec un animal puisque tu rejettes tous tes prétendants ! » Et ainsi il l'emporta sur un îlot proche, l'abandonnant là avec son renard des glaces dans l'espoir qu'elle médite sur son comportement égoïste.
Un jour, un graärh arriva sur une barque et invita Nuliajuk à se joindre à lui. La jeune femelle accepta, voyant là une bonne occasion pour fuir l'île et prit place dans le bateau de l'inconnu. A l'issu d'un long voyage, ils finirent par arriver à son village et Nuliajuk le choisi comme compagnon. Elle comprit rapidement qu'il n'était pas un graärh, mais un Jonkped capable de prendre forme féline. Terrifiée, elle souhaitait dès lors qu'à s'échapper.
Entre-temps, son père, qui la cherchait, la vit et se cacha derrière des rochers en attendant que la créature soit partie. Une fois le Jonkped envolé, lui et sa fille quittèrent rapidement le village pour s'enfuir à bord de leur embarcation. Malheureusement, la créature revint juste à temps pour voir la barque disparaître derrière un cap et, enragé, s'envola à leur poursuite ce qui provoqua une énorme tempête qui mit à mal le frêle esquif. Pour se sauver, Anguta jeta son propre enfant à l'océan.
Accrochée au rebord du bateau, toutes griffes sorties, Nuliajuk le supplia de la sauver.
Alors que la tempête redoublait, un par un, son père lui coupa les doigts qui se transformèrent au contact de l'eau en poissons, les pouces et les mains devinrent des phoques, des baleines, des orques et toute sorte d'animaux marins. Avant qu'elle ne disparaisse totalement dans les vagues, son père lui creva un œil d'un coup de pagaie.
Nuliajuk descendit vers le monde inférieur, au fond de l'océan où elle devint la maîtresse et la gardienne des animaux marins qui étaient nés de ses doigts et de ses mains. Son dos se transforma en banc de sable blanc, ses cornes en récif de corail alors que sa crinière fut une forêt d'algues emmêlées.
Anguta rejoignit le rivage, puis finalement son village. Il se reposait tranquillement dans son abri quand les flots montèrent et l'emportèrent. Il est désormais captif dans la gueule de Nuliajuk la Borgne dont le renard des glaces garde la porte.
 »

Le silence retomba en même temps que son souffle. Traduire cette légende depuis sa langue natale avait été un bel exercice et il se sentait moralement épuisé. Clignant plusieurs fois des cils, le graärh étendit ses bras au dessus de ses cornes afin de s'étirer, puis retira enfin les magnifiques pavés de viande pour les disposer dans des assiettes creuses dont le fond était déjà comblé par les champignons braisés. Le jus aromatisé se fit boire par ces derniers qui prirent un lustre gourmand tandis que la viande était assaisonné de quelques baies acidulées. Purnendu tendit à son invitée sa part avant de planter les crocs dans son pavés pour en arracher une pleine bouchée. Babines perlées de jus, il ferma les yeux alors qu'il mastiquait consciencieusement et buvait sa salive gorgée de sang parfumé. Un ronronnement diffus lui échappa alors qu'il piquait d'une griffe un champignon juteux et le gobait avec la même révérence. Une telle richesse dans ses repas lui était encore singulière tant il était habitué aux pauvres ragoûts de poissons et de gibiers maigres sur Nyn-Tiamat. Lorsqu'il eut comblé sa faim d'une autre bouchée de viande, il se lécha les coussinets avant de reprendre :

« - Malgré le tort qui lui a été fait il y a très longtemps, Nuliajuk fait généralement preuve d'une grande générosité à notre égard à condition, bien entendu, que l'on respecte ses règles. Si nous sommes dignes, elle libère les animaux dont elle a la responsabilité et nous obtenons des pêches fructueuses. Lorsque les animaux se font rares, nous organisons une cérémonie à son honneur et l'un de nos anciens va alors lui parler pour la supplier de laisser partir les poissons et les autres animaux marins... et si jamais un acte tabou est violé, nous devons aller jusqu'à sa crinière d'algues pour la lui peigner et ainsi libérer les créatures captives tels que les baleines et les phoques. »

Un sourire ourla des babines qu'il nettoya à petits coups de langue râpeuse. Son regard flamboyait par dessus les flammes atténuées du feu et il ronronna d'une voix aussi chaude que les braises crépitantes :

« - La morale est qu'il ne faut jamais servir ses propres intérêts avant ceux de la tribu. Que cela soit par les actes de Nuliajuk refusant tous les mâles pour finalement accepter un inconnu afin de fuir sa responsabilité initiale... ou son père qui l'aura abandonné aux flots enragés... prendre pour acquis ce que l'on possède est une pensée dangereuse qui ne mènera qu'à notre perte.
Rien ne nous est dû et tout doit se gagner.
Aujourd'hui encore, l'océan nous offre nourriture et richesses, mais si nous nous montrons trop gourmands et égoïstes, il ne nous restera plus rien. Il ne sert donc à rien de s'enrichir par des biens matériels lorsque la véritable richesse est celle du cœur et de l'esprit.
 »

Sur ces dernières paroles, il se concentra sur sa gamelle pour finir sa viande avant qu'elle ne refroidisse et que son gras ne fige. Usant de ses trois paires de canines acérées, le grand fauve n'avait aucun mal à déchirer la chair tendre à chacune de ses bouchées. Rapidement, il ne resta rien de l'imposant pavé et lui se léchait les doigts avec un air de contentement purement félin. Les champignons furent cueillis à coups de langue agile avant que le font du récipient ne soit proprement nettoyé par le même procédé. Repus et bien content de son repas, Purnendu s'étira encore avant de s'allonger sur le flanc et de bâiller allègrement.

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Sighild était heureuse de voir que finalement, même si c'était un Gräah. Ils partageaient tous les deux quelques points communs qui étaient plaisants pour la Nordique. Les montagnes, la viande cuites au feu, narrer des histoires. Elle se demandaient s'il y en avait d'autres et si c'était le cas, elle était curieuse de découvrir les autres.

Quand elle eut fini de narrer son histoire, elle fut qu'à moitié surprise de pas entendre Purendu. Mais à voir ses mimiques faciales, elle comprenait qu'il était mitigé et qu'il devait se retenir de faire des commentaires. Même chez les humains, les sentiments se trahissaient dans le langage corporelle, qui s'exprimaient malgré la meilleure volonté du monde. Intérieurement, elle souriait. Le malheureux devait se ronger le frein de pas commenter son histoire, sans doute par politesse ou ne pas pas la vexer à la reprendre encore sur le contenu de son histoire. S'il avait été amené à faire cela, elle ne lui en aurait pas voulu. Mais peut-être qu'il voulait se montrer prudent ; et c'était tout à son honneur. Elle appréciait cette honnêteté, même si le malheureux homme-félinne pouvait totalement le dissimuler. Puis vint le moment du récit de Purendu

Elle l'écoutait avec attention et comme tous les Nordiques, quand une histoire était captivante, cela se voyant. Elle dévorait cette histoire en ayant un regard porté sur l'orateur, guettant la suite avec appétit. Un appétit qui risquait de devenir très affamé quand vint une forme d'entracte, une petite pause nécessaire pour s'occuper des pavés de viande. Ce serait dommage de sentir le brûlé durant l'histoire et de perdre la saveur en même temps de ces délicieux pavés de viande. Purendu lui tendit une assiette, qu'elle accepta avec grand plaisir et on voyait à l'éclat de son regard émeraude qu'elle attendait la suite du conte. Tout comme son hôte, elle prit plaisir et le temps, en même temps, de savourer le contenu de son assiette. La viande était parfaitement juteuse, relevée comme il se devait avec les herbes aromatiques. Juste comme elle aimait. A croire qu'il savait ses goûts. Le hasard... c'était juste le hasard. Pusi le Gräah se préparait à poursuivre son récit.

Sighild se régalait autant du plat de viande que du récit. Quand la morale fut énoncé, Purendu termina allègrement son repas et prit totalement ses aises. Il était tel le lion, roi des félins, qui digérait son somptueux festin. Et il y avait de quoi, vu la qualité de la viande et de sa cuisson.

Sighild termina aussi son assiette, moins rapidement que son compagnon du moment. Puis elle posa son assiette, rassasiée.

''Et bien, je suis gâtée. Un bon repas, excellent même et une parfaite histoire, qui aurait plu à bon nombre des miens. Nous n'avons pas de récits de ce genre pour marquer l'importance de la vie en communauté et du devoir à avoir envers les siens, pour garder cette unité qui nous lie tous et qui fait notre force; L'individualité égoïste apporte que des problème. Ton conte narre cela à mes oreilles. Ca et l'importance de pas gaspiller les cadeaux nourriciers que nous offre la nature. Si je me trompe, n'hésite pas à me le dire, hein. ''

Elle se sentait tellement bien qu'elle affichait tous les signes visibles qu'un humain pouvait afficher quand il était détendu

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Les yeux clos, le grand fauve cendré profitait des dernières parcelles de chaleur que le sol partageait de sa longue veille journalière. Ses muscles courbaturés par le labeur venaient enfin à se détendre alors que les bienfaits du repas alourdissaient son esprit et arrondissaient les arrêtes acérées de sa vigilance habituelle. Au silence qui suivit son récit, il commença à somnoler et enroula paresseusement sa longue queue angora contre ses cuisses et sa hanche, couvrant d'une courbe soyeuse son estomac en plein travail digestif. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus partagé ses repas avec un auditoire aussi passionné. Depuis leur arrivée à Caladon, Ivanyr passait le plus clair de son temps dans la villa du Bourgmestre et s'était engagé autant comme son garde du corps que son... partenaire. Si le graärh était sincèrement heureux pour son ami, son absence lui pesait parfois terriblement, comme en ces soirées habituellement silencieuses et vides. Il n'avait jamais réalisé combien la solitude lui avait toujours pesé jusqu'au moment où elle s'était à nouveau forcée à lui, surtout dans ces conditions. Un soupir lui échappa alors qu'il roulait sur le dos et croisait les mains sur son estomac tendu par le souper englouti en toute hâte. Son invitée, quand à elle, finissait son repas à une allure plus modérée, ce qui lui laissait le temps de se reposer après l'exercice mental qu'il venait d'effectuer à traduire en directe sa légende.

Lorsque la voix féminine s'éleva par dessus le crépitement du feu, il ouvrit un œil paresseux pour l'observer sans bouger d'une vibrisse. Lorsqu'elle eut terminé, un vague sourire ourla ses babines sombres et il referma l’œil en silence. Il était heureux de s'être révéler bon hôte pour elle et ne désespérait pas de trouver d'autres compagnons de routes lors de son exploration de l'île. Jadis, quand il s'y était aventuré seul, ses pas ne l'avaient pas mené plus loin que la bordure extérieure tant les forêts et les collines lui avaient paru hostiles et infranchissables. Aujourd'hui, avec la colonisation dévorante des bipèdes, il lui était plus aisé de découvrir la richesse et les secrets de cette partie de l'Archipel. Sa propre vois s'éleva lacée d'un ronronnement diffus de pur contentement :

« - Je t'invite à partager cette légende avec les tiens. Il est important de ne pas oublier combien nous dépendons de la terre nourricière. Je ne sais pas si tu as déjà poussé ton exploration de l'Archipel jusqu'à l'île que vous appelez maintenant Nyn-Tiamat, mais la vie y est extrêmement difficile. Il est important de travailler ensemble pour espérer y survivre. Les ressources sont maigres, l'équilibre en est d'autant plus fragile. Parce que nous sommes doués d'une conscience plus élevée, nous avons la responsabilité de veiller sur cette Nature et de ne pas nous montrer gloutons sur ce qu'elle peut offrir. »

Il ouvrit les yeux pour fixer les étoiles. La frondaison des arbres découpait sur la voûte poudrée d'argent comme des silhouettes de papier sombre. Purnendu prit une longue et profonde inspiration avant de refermer les yeux de contentement.

« - Jadis mon peuple a oublié ces préceptes et aura commis de lourdes fautes. Nous avions une connaissance et une technologie semblable à la votre... peut-être plus avancée sur certains points, je ne saurais le dire. Toutefois nous avons été ivres et arrogants, ce qui rendit notre chute plus terrible encore. De cet échec cuisant, nous avons délaissé autant de nos besoins matériels que possible. »

Purnendu se redressa à la simple force de ses abdominaux et retrouva une position assise. Il observa la bipède avec gravité, presque solennel dans le ton rauque et chaud de sa voix :

« - Nous vivons simplement à présent. Je sais que cela est pour le plus grand bien, mais les coloniaux nous méprisent et nous considèrent tel des animaux sans culture. Il est triste que leur premier instinct fut de nous asservir et nous abuser... alors que nous avions tant à leur offrir et leur apprendre. »

Il leva encore les yeux vers le ciel nocturne, songeur.

« - Mais je ne m'en fais pas trop. Ici sont les terres des Esprits Sacrés. Ils observent et un jour ? Ô un jour, leur colère s'abattra et à votre tour vous comprendrez vos erreurs... comme nous l'avons jadis fait. »

Un léger tressaillement marqua sa haute et massive silhouette alors qu'il réalisait combien ses propos étaient devenus moralisateurs et sinistres. Il s'agissait là du meilleur moyen de ruiner la fin d'une soirée qui avait pourtant si bien commencée. Avec un soupir et une expression penaude de gros chat, il poussa un roucoulement plein de douceur à l'encontre de l'humaine.

« - Mes excuses... je me laisse porter dans mes réflexions et me voilà à faire la moral à un auditoire pourtant allié à nos principes. Je n'ai que des fruits secs gorgés dans un alcool de sucre à te proposer comme digestif. Après cela, je t'invite à partager la yourte pour cette nuit. J'ai suffisamment de fourrures et de tapis pour te confectionner une couchette. »

Vue l'heure tardive, il n'aimerait pas la savoir repartir dans la forêt et ce, même s'il était certain d'avoir éloigné la plupart des gros prédateurs. Il se leva avec souplesse et commença à ranger dans un bac d'eau trouble savonneuse les ustensiles de cuisine ainsi que les couverts. Il s'en alla vérifier une dernière fois le bétail, donna quelques pommes fripées et acides aux moutons avant de revenir près du feu pour retirer les plus grosses bûches et mettre à couvert les braises sous une cendre floconneuse. Si jamais son invitée acceptait le digestif, ils iraient le boire à l'intérieur et si elle restait pour dormir, ils auraient tout le temps d'organiser la yourte en conséquence.

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Sighild ne sut dire si le Gräah commençait à s'endormir ou si c'était dans une manifestation tout à fait normale dans son comportement d'homme-félin. Dans la logique des choses, dans sa logique, c'était qu'il commençait à somnoler. En même temps, quoi de plus normal, après un très bon repas et de belles histoires, de commencer à se sentir partir dans les bras du sommeil ? Intérieurement, la Nordienne souriait. Pour elle, c'était encore un point commun que son hôte partageait avec les Glacernois. Si les hommes incapables de voir les Gräah comme des êtres civilisés étaient là... Ils auraient de quoi ravaler leurs coiffes. Puis, elle écouta Purnendu s'exprimer, partageant peut être sans vraiment le vouloir des détails qui manqua de surprendre la Glacernoise ? Les Gräah avaient été à un même niveau technolgique qu'eux dans un lointain passé ? C'était là une information assez conséquente et elle sur de suite que ce n'était pas un mensonge. Quel aurait été l'intérêt d'inventer un tel détail ? Surtout quand on trouvait une étrange coïncidence dans ses dires.... Mais elle décida de pas aborder cette voie là. Peut être que l'homme-félin ne voudrait pas qu'elle remue l'histoire d'un peuple qu'elle ne connait pas vraiment. Elle se réorienta alors sur quelque chose de plus simple.

"Ce sera avec honneur que je partagerais ce conte auprès des miens. Je veillerai à préciser d'où il vient. Car ce ne serait pas juste de pas dire sa source. Et ce serait un cruel manque de reconnaissance et de respect envers celui qui l'a narré. Quand à l'exploration de Nyn-Tiamat, je ne suis pas allée bien loin. Même si je suis capable d'explorer seule les environs, il y a des dangers, comme tu le dis, qui sont dangereux. Et on ne peut pas faire toujours tout seul. Il faut être groupé. Quand aux coloniaux, dont je fais partie, je suis navrée de voir qu'ils ne foulent pas à comprendre. Même si toi et les tiens vivez simplement, il y a des choses que vous possédez qui sont supérieures à nos propres connaissances... Et c'est presque désespérant de voir que nous commençons à refaire doucement les mêmes erreurs''

Allait-elle parler de la chute de leurs Dieux ? Pourquoi cacherait-elle ce fait après tout ? Purnendu avait parlé de son histoire... Alors pourquoi pas faire pareil ?

"de là où nous venons, nous avons vécu guerre sur guerre et même après une paix entre nous tous, la paix demeurait fragile. Avant cette paix, un monstre que nous nommions le Tyran Blanc, avait immergé dans notre monde pour nous gouverner dans la terreur et dans l'avidité d'avoir le pouvoir. Nous avions des Dieux, qui ont eu peine à nous défendre contre lui.... et nous les avons perdu pour qu'ils nous protège contre lui et tout ce qu'il avait provoqué... pour que nous puissions continuer à grandir... Mais quand je regarde où nous en sommes aujourd'hui, avec la chance d'avoir trouver ces terres, nous gardons ces bas instincts qui font que nous n'avons rien retenu des leçons du passé... Et un jour; nous risquons de le payer chèrement "

Elle eut vers la fin, un léger sourire.

"Tu n'as donc pas à t'excuser sur l"'étendue de tes réflexions. Je comprends parfaitement. Vois cela comme un moyen de partager des choses que tu avais besoin d'exprimer envers un autre être qui arrive à te comprendre. ''

Pour la suite, elle accepta sans rechigner l'invitation à dormir sous la yourte de son hôte félidé. C'était une preuve qu'elle accordait sa confiance à son égard et que le fossé de la méfiance était comble depuis un bon moment. Et que de mieux,avant de dormir, de prendre un bon digestif avec un excellent compagnon conteur ?

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