Novembre, après la catastrophe de Cordont
En toute conscience de l'importance capitale des démarches d'Aldaron à Cordont, Ivanyr ne pouvait qui le laisser tranquille et lui servir de soutient. Il venait quand l'elfe le lui demandait, autrement, il ne cherchait pas à le perturber, ne voulant pas lui rendre les choses plus compliquées encore, alors qu'il était évident que le Bourgmestre avait le plus grand mal à se faire entendre. Le vampire avait rapidement comprit la profondeur du souhait informulé de son compagnon, et les efforts fournis pour parvenir à atteindre ce but. Tout aussi promptement, il avait comprit à quel point l'elfe souffrait de la situation, et cela le perturbait par les implications que cela pouvait avoir… autant que la façon dont il pouvait l'aider. Car il voulait l'aider, quant bien même la politique lui déplaisait souverainement et qu'il se soucia fort peu des ambitions de ces bureaucrates, boucs méprisables pour la majorité. Cela lui trottait dans la tête, alors qu'il marchait dans les limites du campement établit par les forces Caladonniennes, lui offrant des heures entières de réflexion, l'incitant à pondérer ses options comme ses opinions. Parfois également, il aidait les unités chargées de nettoyer les ruines de la ville portuaire. Déblayer totalement les décombres prendrait d'autant plus de temps que la ville s'était effondrée sous le niveau du sol et que l'accès aux cavernes était interdit pour le moment et ce jusqu'à ce que la crise première soit réglée. Compréhensible, et frustrant à la fois. Hors il se découvrait une patience très variable selon les sources d'activités disponibles immédiatement, et pour l'instant, sa seule source inépuisable de sollicitation, c'était son oisillon d'elfe… Et on ne pouvait pas prétendre que le sujet était très réjouissant pour le moment. Il avait même abandonné l'idée de lui faire la moindre blague pour éviter de jouer avec ses nerfs déjà mis à rude épreuve. Il existait une limite au-delà de laquelle il se devait bien de mettre son espièglerie en sommeil pour penser un peu aux autres… à l'autre, en l’occurrence, le seul à l'état délicat qui lui importât.
Cette soirée-ci ne dérogeait pas à la règle, et prendre l'air allégeait quelque peu la tension qu'il prenait sur lui pour tenter d'en décharger son compagnon. L'air iodé et saisissant lui faisait du bien, le lavant d'une partie de ses sombres pensées ; les étoiles au-dessus d'eux, piquetant la voûte céleste d'une lueur lointaine et stellaire lui donnaient cette impression d'immensité si nécessaire à son bien-être. Même après tous les efforts consentis pour rester auprès d'Aldaron à Caladon, il avait encore viscéralement besoin de sentir que le monde n'était pas entièrement délimité et fermé. Les murs des bâtiments étaient des prisons, les toits des socles de tombes outrageantes. Son âme aspirait à l'immensité sans qu'il se l'explique totalement, car chaque mot prononcé pour tenter d'éclairer son affect ne semblait jamais totalement en concordance avec ce qui s'agitait en lui. Cet élan insensé, chimérique, bondissait en lui aux pires moments, lui donnant cette impulsion sauvage de se débarrasser de toutes les chaînes qui lui pesait pour s'offrir à un monde en perpétuel changement, vivace et vivant, immense. Il aspirait à l'inconnu, la découverte ; il soupirait après un défi violent et fauve, se retrouver en but à une force qui lui fasse ressentir la vie dans les moindres parcelles de son corps, dans chaque fibre de son âme, comme un tambour battant pour remplacer le cœur que le venin avait arrêté. C'était un besoin primitif mais impérieux, qu'il réprimait difficilement tout en sachant qu'il serait nécessaire pour lui de s'y soumettre, indubitablement, et dormir à la belle étoile ne serait jamais suffisant pour contenter cet aspect élémentaire de son être, comme un orage ne peut être indéfiniment contenu dans un carcan social. Il aurait sans doute plus de chance de retenir l'air à mains nues. S'offrir aux éléments lui parlait, l'appelait, comme la complainte de créatures marines enchanteresses, et il aurait tout donné pour fermer les yeux et s'élever, simplement, parfaitement…
… Alors pourquoi fallait-il qu'un sombre imbécile vienne briser le silence parfait et la musique de la nature en cette superbe nuit ? Soupirant profondément, lentement, pour contenir son irritation, le vampire ouvrit les yeux, cilla pour humecter ses rétines délicates, puis quitta son perchoir pour redescendre chercher la source de ce tapage insupportable. Ah qu'il était loin, le chant entêtant du blizzard de Nyn-Tiamat ! Faciès fermé et port nonchalant, Ivanyr se glissa de flaque d'ombres fluides en flaque d'ombres fluides jusqu'à retourner au sein des limites mêmes du camp. Bien sûr, il n'avait pas eut l'intention de s'en éloigner, l'acte était purement involontaire, prit qu'il était par l'appel de ce qui sourdait en lui. Là, parmi les mortels, il resta à observer fixement la source de ce hourvari d'un œil tiède, partagé entre l'envie de l'assommer promptement pour en finir avec cette torture et la morbide curiosité de voir quels sommets cela pouvait atteindre. Avisant finalement une forme féminine non loin, il vint la flanquer et demanda d'une voix aussi détachée et flegmatique que possible : « Vous connaissez ce crétin ? » Un léger mouvement de tête en direction de l'intéressé lui fit ondoyer la chevelure avant qu'il ne s'intéresse à la jeune femme d'un peu plus près. Elle dégageait un parfum qu'il ne connaissait pas le moins du monde, et son cœur battait, solide, berçant. « Rassurez-moi, ce n'est pas un proche au moins ? » Voilà qui serait bien désolant, et sans doute très déplaisant après l'entrée en matière qu'il venait de s’octroyer. Sans doute se sentirait-il contrit, au moins pendant une minute entière…
Cette soirée-ci ne dérogeait pas à la règle, et prendre l'air allégeait quelque peu la tension qu'il prenait sur lui pour tenter d'en décharger son compagnon. L'air iodé et saisissant lui faisait du bien, le lavant d'une partie de ses sombres pensées ; les étoiles au-dessus d'eux, piquetant la voûte céleste d'une lueur lointaine et stellaire lui donnaient cette impression d'immensité si nécessaire à son bien-être. Même après tous les efforts consentis pour rester auprès d'Aldaron à Caladon, il avait encore viscéralement besoin de sentir que le monde n'était pas entièrement délimité et fermé. Les murs des bâtiments étaient des prisons, les toits des socles de tombes outrageantes. Son âme aspirait à l'immensité sans qu'il se l'explique totalement, car chaque mot prononcé pour tenter d'éclairer son affect ne semblait jamais totalement en concordance avec ce qui s'agitait en lui. Cet élan insensé, chimérique, bondissait en lui aux pires moments, lui donnant cette impulsion sauvage de se débarrasser de toutes les chaînes qui lui pesait pour s'offrir à un monde en perpétuel changement, vivace et vivant, immense. Il aspirait à l'inconnu, la découverte ; il soupirait après un défi violent et fauve, se retrouver en but à une force qui lui fasse ressentir la vie dans les moindres parcelles de son corps, dans chaque fibre de son âme, comme un tambour battant pour remplacer le cœur que le venin avait arrêté. C'était un besoin primitif mais impérieux, qu'il réprimait difficilement tout en sachant qu'il serait nécessaire pour lui de s'y soumettre, indubitablement, et dormir à la belle étoile ne serait jamais suffisant pour contenter cet aspect élémentaire de son être, comme un orage ne peut être indéfiniment contenu dans un carcan social. Il aurait sans doute plus de chance de retenir l'air à mains nues. S'offrir aux éléments lui parlait, l'appelait, comme la complainte de créatures marines enchanteresses, et il aurait tout donné pour fermer les yeux et s'élever, simplement, parfaitement…
… Alors pourquoi fallait-il qu'un sombre imbécile vienne briser le silence parfait et la musique de la nature en cette superbe nuit ? Soupirant profondément, lentement, pour contenir son irritation, le vampire ouvrit les yeux, cilla pour humecter ses rétines délicates, puis quitta son perchoir pour redescendre chercher la source de ce tapage insupportable. Ah qu'il était loin, le chant entêtant du blizzard de Nyn-Tiamat ! Faciès fermé et port nonchalant, Ivanyr se glissa de flaque d'ombres fluides en flaque d'ombres fluides jusqu'à retourner au sein des limites mêmes du camp. Bien sûr, il n'avait pas eut l'intention de s'en éloigner, l'acte était purement involontaire, prit qu'il était par l'appel de ce qui sourdait en lui. Là, parmi les mortels, il resta à observer fixement la source de ce hourvari d'un œil tiède, partagé entre l'envie de l'assommer promptement pour en finir avec cette torture et la morbide curiosité de voir quels sommets cela pouvait atteindre. Avisant finalement une forme féminine non loin, il vint la flanquer et demanda d'une voix aussi détachée et flegmatique que possible : « Vous connaissez ce crétin ? » Un léger mouvement de tête en direction de l'intéressé lui fit ondoyer la chevelure avant qu'il ne s'intéresse à la jeune femme d'un peu plus près. Elle dégageait un parfum qu'il ne connaissait pas le moins du monde, et son cœur battait, solide, berçant. « Rassurez-moi, ce n'est pas un proche au moins ? » Voilà qui serait bien désolant, et sans doute très déplaisant après l'entrée en matière qu'il venait de s’octroyer. Sans doute se sentirait-il contrit, au moins pendant une minute entière…