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¤ Visiteur nocturne ¤

6 novembre, an 1762 du troisième âge

Caladon, il avait passé beaucoup de temps dans cette ville. Ou plutôt dans l’ancienne, lorsqu’il était encore à Ambarhùna et que la cité était encore debout. L’ancienne avait vu le jour sous l’empire du tyran blanc et l’elfe sombre y avait trouvé son intérêt en travaillant pour le marché noir, en effet, à l’époque il faisait office de contrebandier, de passeur. Nombreuses sont les personnes et les marchandises à avoir transité dans sa barque. Cette époque, bien que sombre, avait été particulièrement palpitante. Le goût du risque, le stress, l’adrénaline. C’était presque devenu une drogue. Mais les choses avaient changé et maintenant il avait pris du galon. Le petit contrebandier était devenu pirate, capitaine pirate pour être exact. Cependant il avait par moments de petites nostalgies de son travail en coopération avec la cité marchande. Oh, aujourd’hui il travaillait toujours un peu en coopération avec cette dernière, du moins façon de parlé puisqu’il avait déjà abordé et pillé certains de leurs navires. Il était pirate après tout, il devait bien gagner son pain. Et pirate est une très bonne situation, plus qu’on ne le pense. Malheureusement, la profession souffrait de nombreux préjugés. Tout ça parce qu’elle n’est pas politiquement correcte. Tout cela n’est que de la discrimination envers ceux qui ont eu le moins de chance et ceux qui ont été rejetés par la société. Mais bref, on s’égare.

Nathaniel Eärendil se rendait donc à Caladon à la veille d’une grande opération de piraterie qui serait menée par Athgalan à l’encontre de l’empire sélénien. Aussi, en bon capitaine des gredins il se devait de trouver des alliés à la confrérie, plus ou moins forcé bien entendu. Et plus ou moins corrompu d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, une information avait raisonné dans l’archipel ces derniers mois, arrivant jusqu’aux oreilles du pirate. Quelque chose s’était produit à Calastin, il ne savait pas encore quoi exactement, mais cette chose avait conduit à des tensions diplomatiques entre les cités libres et Sélénia. Voilà qui était fort … plaisant ? Quoi qu’il en soit, si jamais l’elfe à la chevelure d’écume devait choisir un camp, il choisirait celui de Caladon. Et c’est justement dans cette optique d’offrir une collaboration qu’il se rendait sur place. Une collaboration dans le but, bien entendu, d’enquiquiner, pour rester poli, les Séléniens. De plus, le capitaine avait un certain passif avec l’empereur. Il lui avait volé son navire.

Et c’est avec ce même navire que le pirate arriva à Caladon. Le bâtiment avait bien changé depuis. Il avait été un peu retapé à Athgalan pour devenir plus au goût du pirate, mais il ne s’agissait là que de pure décoration. La structure n’avait pas changé. À quelques exceptions près afin d’accueillir certaines fantaisies bellicistes de son propriétaire. Sans grandes difficultés, Nathaniel vint garer son navire à l’un des ponts adaptés pour une embarcation de cette taille. Il laissa ensuite son second s’occuper de garder le navire, et de payer bien sûr l’inévitable taxe d’amarrage, pour se rendre prestement à son affaire.

L’elfe sombre n’était ici que dans un seul but, corrompre la plus haute autorité de cette ville marchande. Corrompre, ou plutôt essayer de trouver un accord. L’or ne lui serait sans doute pas d’une grande utilité face à un individu de ce genre. Même si ne dit-on pas qu’à Caladon tout s’achète ? Toutefois, le prix serait sans doute bien trop élevé ici et il n’avait pas l’intention de ruiner la confrérie. Non, s’il devait payer, il avait dans sa manche une tout autre chose pouvant combler le prix demandé. Mais en plus de cela, il avait son charisme naturel qui lui avait valu le poste de capitaine des gredins.

En arrivant sur place, la première qu’il apprît c’est que le bourgmestre n’était pas là. Ainsi Aldaron Triade n’était point dans la cité, mais sur les ruines de cette ville que l’on avait nommée Cordon. Voilà qui ne facilitait pas sa tâche. Ainsi au lieu de tomber sur un individu qu’il connaissait, il devrait faire avec une inconnue, une remplaçante. Un soupir s’échappa de lui. À peine arrivée et les complications commençaient. Bon, au moins il pouvait se dire que s’il avait affaire à une femme, son esprit-lié du lion acquit le mois dernier saurait lui être utile. Mais le principal problème c’est que le plan de la rencontre changeait complètement. Comment était-il censé s’introduire auprès d’elle ? De cette … comment déjà ? À oui Eleonnora Ostiz. Ostiz … Ostiz … ce nom lui disait quelque chose. Où l’avait-il déjà entendu ? N’y avait-il pas un vieux grincheux avare qui portait le même nom de famille lorsqu’il était à la Cour des Miracles ? Sans doute. Cela lui reviendrait sans doute plus tard.

Cependant, le problème en restait inchangé ? Comment se rendre jusqu’à elle. Le mieux à faire était sans doute de jouer de la surprise. De la bloquer pour l’obliger à avoir une conversation. Oui, c’était surement le mieux à faire. Dans toutes les iles de l’archipel, il y avait des agents corrompus de la confrérie. Ces derniers leur donnaient des renseignements et facilitaient même quelques opérations. Il était temps de leur utiliser. C’est assez rapidement que le gredin obtenu le lieu d’habitation de cette dernière. Il n’aurait qu’à s’y rendre, s’y introduire et l’y attendre. La maison se trouvait dans la zone résidentielle privée. Assurément elle serait gardée, mais rien d’insurmontable. Il suffit à Nathaniel de quelques paroles, de tirer deux trois ficelles et d’offrir quelques bourses d’or et il se retrouvait à l’arrière de la bâtisse ou logeait Eleonnora Ostiz. La nuit tombait, espérons qu’elle rentre aujourd’hui et ne dorme pas au palais. C’était un pari. Au pire il l’attendrait le temps qu’il faudrait. Il y aurait bien quelques bonnes à l’intérieur pour l’occuper si nécessaire.

Usant de ses anciens talents de voleur, l’elfe à la chevelure d’écume crocheta la serrure d’une fenêtre ce qui lui permit d’entrer. La maison était vide, à l’exception de quelques domestiques. Il charma la première qui l’aida à piéger les autres. En une trentaine de minutes, tout ce beau monde était assommé et enfermé dans une chambre. Et en attendant la maitresse des lieux, le capitaine prit discrètement le temps de visiter l’étage, allant même dans le boudoir de madame. Une femme riche, assurément. La curiosité et l’avarice le poussèrent à regarder le contenu des boîtes à bijoux de cette dernière. D’or, d’argent et de perle. Il y avait là une petite fortune. Cela serait un bon geste que de soulager les oreilles de madame d’un tel attirail. Il n’en fit cependant rien, jusqu’à ce que son regard soit capté par un objet fort bien étrange. Ce dernier se trouvait dans une boîte appart, à l’intérieur d’un tiroir. Il contenait des bijoux un peu plus fantaisistes, mais de tous de qualité. Sans doute était-ce pour les bals costumés. L’un d’entre eux, toutefois, attira l’attention du pirate. L’ornement dénotait des autres, autant dans son style que de par l’aura singulière qui s’en dégageait. Jamais il n’avait vu pareille breloque. Quel artisan avait pu le faire. Il ne reconnaissait là ni le style humain, ni l'elfique, ni le style vampirique. Était-ce un nouveau style ? À moins que ça ne soit d’origine inconnue. Peut-être était-ce là l’œuvre d’un Graärh ?

Nathaniel ne chercha pas à chercher plus loin et se saisit de l’objet, le subtilisant et le rangeant dans l’une de ses poches. Une aura bien trop singulière se dégageait de celle-ci pour l’abandon. Qui plus est, du bruit se fit entendre au rez-de-chaussée. Quelqu’un venait d’entrer, surement la maitresse des lieux. C’est qu’elle en avait mis du temps !

Sans un bruit sans un mot, l’elfe à la chevelure d’écume vint se rendre dans le salon qui se trouvait à l’étage pour l’attendre. C’est alors que le regard du gredin se posa sur un piano qui se trouvait là. La tentation fut trop forte et le pirate tout vêtu de sa  tenue de capitaine vint s’asseoir devant. Peut-être cela aurait-il le mérite d’attirer la curiosité de la demoiselle et de la faire venir plus vite. Lentement ses doigts se posèrent sur les touches.

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Même à cette heure tardive, les rues de la riche Caladon étaient toujours aussi vivantes. A l'avènement d'un conflit les marchés s'affolaient, la chronique se défrayait et le conseil était toujours aussi partagé. Et dire qu'elle était censé tout gérer. C'était bien beau de partir à l'autre bout de Calastin pour sauver le monde, mais son père adoptif lui laissait une véritable bombe. En cette période de trouble la tension était palpable et en tant que remplaçante du Bourgmestre, Eleonnora Ostiz la ressentait mieux que personne. Au travail que lui valait sa nouvelle fonction se rajoutait les regards mauvais des membres du conseil qui ne saluaient pas avec autant d'enthousiasme une ascension aussi rapide de la  jeune conseillère. Oui, elle connaissait bien les bruits qui couraient les couloirs du palais comme elle entendait les murmures sur son passage. Mais c'était avec un total mépris qu'elle ignorait ces envieux. Par ailleurs, elle était la première étourdie par cette élévation si soudaine. Jamais elle n'aurait pensé concrétiser ses ambitions aussi rapidement et elle trouvait cela presque trop facile. Elle se souviendrait toujours de la première fois où elle avait effleuré des doigts le bois lustré du siège du Bourgmestre. Doucement elle avait reculé le l'assise, savourant chaque seconde de cet instant. Elle s'était assise. Et elle avait pu compter  les visages retournés vers elle et elle seule, attendant un mot, un signe. Elle avait le pouvoir, elle était sous le feu des projecteur, elle était le point culminant. C'était tout à fait galvanisant.

Evidemment ce n'était qu'un avant goût. On s'acharnait chaque jour à lui faire comprendre qu'elle n'était qu'une remplaçante en lui refilant des tâches ingrates indigne du statut d'un Bourgmestre. Tantôt elle les envoyait paître, tantôt elle se prenait au jeu. C'était le prix à payer pour gagner la confiance et le respect de ses aînés. Cependant il y avait bien un point sur lequel on lui prêtait crédit: le conflit interne de la race humaine. Beaucoup comprenait qu'il y avait là plus qu'une simple opposition entre peuples. C'était une véritable bataille idéologique. Eleonnora comprenait bien les enjeux qui soulevaient les plus militants d'entre eux. L'empire n'était plus qu'un râle de l'ancien monde. Un mort vivant qui avait survécu à la traversée au détriment de sa regrettée Gloria. On comprendra alors que la fille du vieux régent de cet empire disparu ait une rancune particulière envers Sélénia. A vrai dire, elle se fichait pas mal de rendre le monde meilleur du moment qu'il ne  profiterai pas aux félons qui s'étaient appropriés le pouvoir. Ah ça, ça les avaient bien arrangé la disparition de Crissolorio Ostiz! Parce que les Séléniens étaient plus légitimes par leur lignée ancestrale? Elle bouillonnait intérieurement.

Elle se massa les tempes avant de pousser la porte de la grille. C'était la fatigue qui commençait à la faire réagir. Elle n'avait d'ailleurs pas ramené de travail chez elle ce soir. D'autant qu'elle avait traîné à son office ce jour là, il était important de ne pas négliger son confort et son sommeil. Il fallait qu'elle soit radieuse demain encore. La nuit commençait à tomber de plus en plus tôt et elle se faisait vite surprendre par les dernier rayons de soleil. Aussi, il faisait déjà nuit quand elle entra dans la petite cours et elle ne s'étonna alors pas du calme qui y régnait. Elle ne manqua pas de gromeller lorsqu’aucune servante ne vint l’accueillir pour l'alléger de ses affaires. Elle ne les payaient pas pou-

Le silence de la demeure fit sens alors qu'une mélodie s'élevait depuis le petit salon. Soudainement alerte, la demoiselle se maudit pour avoir baissé sa garde en se croyant en sécurité. Si la totalité de sa suite avait été neutralisée, ce qui ne faisait plus aucun doute maintenant, ces intrus ne lui laisseraient pas la chance de sortir et crier à la garde. Elle fouilla sous ses jupons à la recherche de sa dague qui était toujours aussi ingénieusement dissimulée. Puis, sur le qui vive, elle prit les les escalier à la dérobée. Ce n'était surement pas n'importe quelle brute pour l'attirer avec de la musique, toute sinistre qu'elle était. Ses mains nerveusement crispées autour de la dague, la jeune femme s'arrêta sur le pas du salon. Épiant la provenance de la mélodie, que ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit qui se tenait assis au piano.

Qui aurait pensé que des doigts à la réputation si sanglante puissent caresser avec tant de délicatesse les blanches et les noires? On reconnaissait ce regard dur perdu dans l'écume de sa chevelure pourtant concentré sur le jeux de ses mains. Un personnage tout en contraste s'offrait au regard de sa spectatrice qui s'était arrêtée à quelques pas de l'instrument. Elle voulait bien avouer qu'il avait quelque chose d’envoûtant et d'impalpable.

Et alors que l'air lancinant prenait fin, la demoiselle sembla sortir de sa catalepsie et battit des cils. Oh bien sur qu'elle ne connaissait pas ce virtuose au oreilles pointues. Enfin, pas en personne. Et si elle avait déjà aperçut son visage, c'était sur ces avis de recherche que l'on trouvait placardés à la garde. Avec une belle somme à la clé. Ne devrait-elle pas se sentir d'avantage menacée par une telle apparition? Elle effaça toute trace de trouble de son visage et d'un sourire radieux fit tourner entre ses doigts la dague qu'elle tenait encore. Doucement, elle s'approcha de cet indésirable invité. Il l'avait prise au dépourvu et cela avait le don de l'agacer fortement. D'abord car elle aurait préféré organiser cette confrontation à son avantage et deuxièmement elle devait avoir une mine terrible après cette journée de dure labeur. Elle pouvait dire adieux à son bain.

S'accoudant au piano, elle dévisagea l’intrus quelque peu agacée avant de déposer avec délicatesse la dague sur le bois lustrée de l'imposant instrument. « Vous savez jouer du piano mais pas frapper à la porte? A quoi d'autre dois-je m'attendre venant d'un tel marginal? » Avec un rire qui se révéla légèrement amère, elle se redressa pour le surplomber. Après il était un pirate, un malfrat. Aussi, il serait prudent de rester sur ces gardes avec un tel individu.

« Je ne sais pas si le terme "bienvenu" me convienne pour qualifier votre présence à une heure aussi tardive...mais je vais faire preuve de clémence et vous accorder une audience si vous y tenez tant. » La jeune conseillère ne voudrait pas avouer qu'elle attendait avec impatience cette entrevue depuis le jour où l'idée avait germé en dans son esprit. Après une brève révérence, la jeune femme fit glisser une main hors de son étui de satin et la tendis à son interlocuteur. « Eleonnora Ostiz, fille de Crissolorio Ostiz, conseillère et suppléante du Bourgmestre de Caladon la revenante. Enchantée. » L'étiquette lui collait à la peau mais elle aimait faire les choses en bonne et due forme. Autant qu'elle aimait qu'on la prenne au sérieux. Et la fatigue qui se dessinait sous ses yeux indiquait qu'elle ne serait pas d'une grande patience.

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¤ Faites comme chez vous ¤

S’introduire quelque part est une tâche complexe, lorsqu’il s’agit d’une maison dans un quartier surveiller cela l’est encore plus, mais la difficulté est majorée quand ladite habitation appartient à quelqu’un d’important. Penser que le seul talent est suffisant est une erreur, même le plus doué des cambrioleurs n’y parviendrait pas. Pourquoi ? Parce qu’il est seul face à l’étroite surveillance de la garde, des gardes du corps et de la surveillance inopinée du voisinage. Le talent connaît lui aussi ses limites. Arrive un moment où, pour parvenir à ses fins, il faut nécessairement mettre à l’œuvre la participation d’autres individus. Et c’est ce que fit Nathaniel. Tout d’abord, l’elfe n’avait pas le talent d’un grand maitre cambrioleur, loin de là. Il avait bien sûr quelque connaissance, ayant baigné dans le milieu un long moment. Aussi dut-il demander le concours d’autres personnes pour mener à bien son projet d’infiltration. Une pièce d’or par là, une menace par ci, une faveur à cet endroit et le voilà dans les conditions nécessaires pour réaliser seul son forfait. Puis, quelques heures plus tard, il atteint son objectif. Se retrouver seul à seul avec celle à qui il désirait parler.

En entendant la maitresse des lieux rentrer, l’elfe à la chevelure d’écume ne put s’empêcher de l’accueillir en musique. Une douce musique qui résonna faiblement dans la bâtisse, attirant lentement la proie jusqu’au prédateur. Même si dans le cas présent c’était faux. Nathaniel n’était pas ici en tant que prédateur, loin de là. Le jeune bourgmestre par intérim n’avait donc rien à craindre de lui, du moins tant qu’elle ne commettait pas d’imprudence bien sûr.

Le pirate tourna légèrement les yeux quand l’humaine apparut dans sa vision périphérique. Elle était apparue dans l’encablure de la porte, toute crispée. Sans doute tenait-elle une arme. Lui-même l’aurait fait, rien de surprenant jusqu’alors. Quoique … elle n’avait pas demandé d’aide. Était-elle sûre de ses capacités à ce point ? Voilà qui était amusant. Plus encore lorsqu’elle décida de se détendre. L’atmosphère semblant s’alléger alors quelque peu. Si le prédateur n’avait pas attaqué sa proie dès qu’elle avait franchi le pas de la porte, c’est parce qu’il n’était pas là pour chasser. Dans ce cas, faire montre d’agressivité n’était pas la tactique à adopter, bien au contraire.

Celle-ci s’approcha jusqu’au piano, Nathaniel continua de jouer, la gardant toujours au coin de l’œil, mais ne l’empêchant pas d’approcher. Rien dans sa posture n’indiquait un refus ou une mise en garde, bien au contraire, il l’autorisait à venir jusqu’à lui. L’héritière de l’ancien régent Ostiz finit par poser sa dague sur le piano et la mélodie se finit quelques secondes plus tard.

« Vous savez jouer du piano, mais pas frapper à la porte? A quoi d'autre dois-je m'attendre venant d'un tel marginal? »

Lentement, l’elfe sombre vint porter sa main à son visage, retirant sa visière avant de la ranger dans une poche intérieure de son manteau. Inutile d’user de ce dernier alors qu’il était venu ici pour discuter. Avec un ton presque amusé, il lui répondit brièvement.

« En tant que marginal, je suis un grand timide, j’aurais rencontré bien trop de monde en passant par devant. »

Il tourna alors son visage et ses pupilles brou de noix en direction de la maitresse des lieux. Lentement, il vint abaisser le foulard qui masquait le bas de son visage, souriant, révélant sa dentition ciselée.

Cette dernière se présenta alors en une petite révérence, tout en sous-entendant qu’elle lui conférait l’honneur d’une audience. Le regard de l’elfe se posa sur l’étui en satin et donna un petit coup de main pour indiquer à l’humaine qu’elle pouvait le ranger.

« Allons, nul besoin de coller à l’étiquette ici. Nous sommes entre nous et je ne suis pas homme à suivre les codes. Je vous connais très chère Ostiz. Et j’ai encore plus appris à vous connaitre lors de ces dernières heures, je ne m’attendais pas à ce que vous rentriez si tard. »

Oui, l’elfe avait fouillé dans le bâtiment et les pièces de madame pour en apprendre un peu plus. En même temps, une fois qu’il eut fini de s’occuper des domestiques, il n’avait plus que ça à faire. Le gredin se permettait même la subtile réflexion se reprocher à celle-ci d’être arrivé en retard à cette entrevue non prévue. Et si on le connaissait un peu, on saurait qu’il rejetait sur cette dernière la faute d’avoir été obligé de fouiller pour s’occuper en l’attendant.

« Je vous en prie, asseyez-vous. Faites comme chez vous.»

Le pirate désigna la banquette dans geste de main.

« Je suis Nathaniel Eärendil, l’un des capitaines de la confrérie d’Athgalan. Vous avez sans doute entendu parler de moi. Soit en raison des affiches placardées dans certaines ruelles … soit de réputation. Rassurez-vous, vous n’avez rien à craindre de moi. Je ne suis pas ici en tant qu’ennemi … sauf si vous en décidez autrement, bien sûr. »

Nathaniel se leva et se dirigea vers l’une des armoires du salon qu’il ouvrit.

« Vous permettez ? »

La question était purement rhétorique, le pirate ne s’attendait pas à un non de la part de la demoiselle. Le gredin se saisit d’une bouteille de vin et de deux verres. Il remplit les deux, face à Eleonnora, lui assurant qu’il ne verserait rien de bizarre à l’intérieur, avant de s’approcher de cette dernière et lui tendre une coupe.

« Tenez, je pense que cela vous fera le plus grand bien après cette longue journée. À dire vrai, je n’ai appris qu’en arrivant ici que vous aviez pris la tête de la ville, aussi je m’excuse de cette visite impromptue. Je m’attendais à devoir discuter avec ce cher Aldaron. »

L’elfe à la chevelure d’écume haussa les épaules, l’air moqueur.

« On ne fait pas toujours ce qu’on veut. »

Eärendil porta la coupe à ses lèvres, mais il ne but pas, non il s’imprégna de l’odeur du breuvage.

« Mais je suppose que c’est pour le mieux. Je suis venu faire une proposition au bourgmestre de Caladon … cela concerne Sélénia et son cher empereur. »

Hrpg: Désoler du retard >< !

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Eleonnora manqua de faire un commentaire sur la façon dont ce forban avait envoyé paître l'étiquette au petit bonheur la chance. Après cette prestation mélodique qu'on aurait pu croire raffinée, elle s'était attendue à plus d'éducation de sa part. Il comprendra que ce n'était peut-être pas la meilleure façon de mener à bien des rencontres qui pourraient être productives. Et c'est au nom des affaires que la jeune femme se contenta d'un regard froid dans sa direction tandis qu'elle jetait nonchalamment ses gants sur le dos du piano. Puis là n'était pas le seul affront qu'il s'était permis dans cette phrase.

« Ah oui? Qu'avez vous d'intéressant à dire sur ma personne ? Avant que vous ne répondiez, permettez moi de douter de vos capacités de déduction car si vous me connaissiez aussi bien que vous le prétendez peut-être que vous vous seriez douté que je suis quelqu'un d'assez occupée pour rentrer après le coucher du soleil. Peut-être que cela vous dépasse si n'aviez vous rien de mieux à faire que de vous fatiguer à entrer par effraction dans ma demeure?»  Elle leva les yeux au ciel avec un soupir. Après tout il était un pirate; Chassez le naturel, il revient au galop. «...Mais je suis médisante, voyez bien m'excuser, ça n'est pas donné à tout le monde de réussir ce genre d'exploit...chapeau bas. Après tout, je fais attention à protéger mes biens qui sont sûrement assez précieux pour qu'un opportun démuni ai la tentation d'y toucher...Oh mais quelqu'un de votre stature ne s'abaisserai pas à de telles pratiques, j'ai bien raison? A moins que le petit malfrat de bas étage prenne le pas sur le roi, ce qui serait bien dommage car je ne pense pas pouvoir accorder de crédit à un tel personnage si c'était le cas. » Autant le prévenir d'emblée.

On pourrait presque penser que ses dernières paroles puissent être des menaces. Elle savait pourquoi il était ici. Et ce n'était ni pour la voler, ni pour la kidnapper...d'où l'excès de confiance qu'elle se permanentait à son égard. Peu importe ce qu'il voulait d'elle, il ne l'aurait pas par la violence. Malheureusement pour lui, les joutes verbales et négociations rigoureuses étaient le terrain de prédilection de la jeune conseillère. Elle ne laisserait d'ailleurs pas penser qu'il était en territoire conquit avec elle, quelque soit l'insolence avec laquelle il osait lui parler. Qu'il ne vende pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Puis s'il croyait l’impressionner avec ces magouilles de petit voleur, il se fourrait le doigt dans l’œil. Néanmoins elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète; Si ce n'était quelques bijoux qu'il avait pu lui dérober, il aurait tout aussi bien pu toucher à des objets dont la valeur ne se comptait pas en pièces d'or. Il pourrait très bien s'en servir pour la faire chanter... Elle laissa couler sur lui un regard méfiant avant de ramasser consciencieusement ses voluptueux jupons pour s'installer sur le sofa.  

« Je ne suis pas le genre de femme à jeter la pierre sans bonne raison. » Comme, par exemple, un malfrat qui puisse penser lui être supérieur. Néanmoins elle trouvait cela encore assez amusant pour ne pas se départir de son sourire éclatant. Il comptait rejeter toutes les conséquences de ces actes sur son interlocutrice? Elle reconnaissait bien là l'étendard des pirates. Fourbes, lâches et venimeux. Tandis qu'elle défigurait d'un air curieux le pirate aux oreilles aussi pointues que ses dents, ce dernier faisait couler dans deux coupes un vin qu'il avait précautionneusement choisi parmi ceux qu'elle gardait pour ses soirées solitaires. Elle le remercia d'un hochement de tête sans prendre la peine de porter le verre à ses lèvres. Elle ne le touchera pas tant qu'elle n'aura pas vu le liquide couler de son larynx jusqu'au long de sa trachée.

Peut-être était-il plus chanceux de l'avoir rencontrée, elle, plutôt que son homologue...elle ne savait pas s'il aurait prit la patience de l'écouter. Même si elle en doutait, plus rien ne la surprenait chez son supérieur, surtout pas ses mauvaises fréquentations. Elle ne serait pas étonnée que le gredin ai déjà rencontré le Bourgmestre dans une autre vie. De toute façon, la demoiselle était celle qui désirait lui parler. Elle feint une mine affligée aux mots moqueur de ce dernier. « Je suis bien triste que mon désir brûlant de vous rencontrer ne sois pas partagé...» Après tout peut-être aurait-il été plus confiant avec un interlocuteur qu'il connaissait d'avantage? Ou bien parce qu'il prenait plaisir à affronter le jugement d'adversaire redoutable?  
Pourtant elle était la seule à avoir intrigué dans le but d'écouter la proposition dont il souhaitait lui faire part.

« Il semble que vous avez trouvé la personne qui saura écouter votre proposition à sa juste valeur...dites moi donc ce que vous attendez de Caladon. » Qu'il sache qu'on ne pactise pas avec le pouvoir sans contrepartie. Elle ne faisait pas dans la charité.

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¤ Mécénat ¤

Nathaniel était un pirate, avant d’être un pirate il avait été un bandit et avant d’être un bandit il avait été … bah rien en fait. L’elfe n’avait pas eu le plaisir d’être un enfant pour la simple et bonne raison qu’il avait grandit au milieu de malfrats. A partir du moment où il sut marcher, on ne lui apprit pas à faire des courbettes, mais à faire le tire-laine. Ce n’est que bien plus tard, très tardivement même, qu’il apprit ce qu’était l’étiquette, lorsqu’il était dans les prisons elfiques et qu’on tentait avec lui la rééducation. Autant dire que cela n’avait pas fonctionné. Certes le capitaine avait appris, mais entre apprendre et mettre en pratique il y a un monde, et Eärendil n’était pas ici pour mettre en pratique son apprentissage. Qu’on le traite de rustre si on le souhaite, Nathaniel n’en avait tout simplement rien à faire. Il était face à la représentante de l’autorité d’une grande ville. Et alors ? Au final ce dont il était venu parler n’était en rien différent d’une négociation entre un marchand et un client, alors pourquoi le statut des deux individus devrait influencer la conduite de cette discussion ? Et puis, c’était une façon de faire comprendre à l’autre que même s’il avait connaissance du rôle de son interlocutrice, cela ne changeait pas grand-chose. La désinvolture des pirates en sommes.

L’elfe arqua un sourcil.

« À vrai dire, je pensais que vous étiez quelqu’un de raisonnable. Or travailler jusqu’à l’épuisement et rentrer à point d’heure m’apparait comme déraisonnable, car votre fatigue d’aujourd’hui aura une influence néfaste sur votre travail de demain. »

L’elfe porta à ses lèvres la coupe contenant le vin sain et en boire une petite gorgée. Il avait remarqué que son interlocutrice n’y avait pas encore touché. Pourtant il avait servi les coupes de manière bien visible. Avait-elle peur qu’il ait pu empoisonner le vin un peu plus tôt ? Allons, allons, il n’avait pas besoin de ça.

« Cela me rappelle une histoire Lyssienne. Celle d’un pêcheur qui avait trouvé un banc de poissons particulièrement imposant. Peu importe à quel point ses filets étaient remplis, le banc de poissons ne se tarissait point. Réjoui d’avoir trouvé une telle abondance, il chargea son navire, encore et encore. À chaque fois il avait une excuse pour jeter à nouveau son filet à la mer. Ce sera ça de moins à faire pour demain. Cela donnera plus à manger à mes enfants. Cela me permettra d’avoir plus d’argent. Le pêcheur était tellement focalisé sur son travail et sur le résultat, qu’il ne remarqua pas la ligne de flottaison de son embarcation baisser dangereusement. Bientôt le navire finit par couler. Et le pêcheur, épuiser par une journée de travail harassante mourut noyer. »

Nathaniel leva sa coupe en direction Eleonnora.

« Vous avez beaucoup de travail j’en conviens, mais faites attention à ne pas finir noyer comme ce pauvre pêcheur. Qui plus ait, trop grande fatigue fane la beauté d’une femme. »

L’elfe sombre vint poser la bouteille de vin sur la table du petit salon et vint lui-même s’asseoir dans l’un des fauteuils tout en souriant.

« Cette fois-ci, c’est à moi de mettre en doute vos capacités de déduction. Vous imaginez bien que je ne me suis pas contenté de vous attendre en me tournant les pouces. Comment aurais-je pu trouver la clé de cette armoire où dormait ce doux nectar. »

Le pirate plia et déplia les doigts de sa main libre et fit apparaitre la clé de l’armoire qu’il posa ensuite sur la table devant lui.

« Inutile de jouer avec moi. Je ne suis ni un roi, ni un saint. Et comme je l’ai dit, je ne suis pas venu ici en tant qu’ennemi. Ce qui signifie, que je ne vous ai rien dérobé et que je n’ai pas fait de mal à vos serviteurs. Non, je mens sur ce dernier point, vous les trouverez dans l’une des chambres, j’ai dû les assommer et les attacher afin que nous ne soyons pas dérangés. »

À nouveau, l’elfe sombre porta le breuvage à ses lèvres pour en boire une petite gorgée. Il n’était pas là pour s’enivrer, mais pour faire affaire, aussi ferait-il attention. Son regard prédateur vint se poser sur la jeune femme devant lui, la détaillant avant de se concentrer sur son regard.

« Allons, allons, je ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je brûle toujours de désir de rencontrer une jeune demoiselle … particulièrement quand celle-ci est Eleonnora Ostiz, fille de Crissolorio Ostiz. Ancien régent de Gloria, dont le nom est malheureusement tombé en disgrâce depuis que l’héritier de Korentin Kohan a repris les rênes de l’ancien empire humain. »

Nathaniel se redressa un peu, s’avançant et souriant.

« J’ai connu votre père, lorsque la Cour des Miracles existait encore et avant qu’elle ne mute pour devenir la Confrérie installée à Athgalan. Lorsque j’ai eu la confirmation que vous étiez la fille de cet homme … j’ai su que je ne pouvais rêver mieux. J’avais d’autant plus hâte de vous rencontrer que de revoir ce cher Aldaron. »

Lentement, le sourire du pirate disparut, redevenant plus sérieux.

« Je savais que vous diriez cela. Après tout, vous y trouveriez une satisfaction personnelle à mettre des bâtons dans les roues de Sélénia, en plus de l’avantage que pourrait en tirer Caladon bien évidemment. »

L’elfe à la chevelure d’écume posa sa coupe et vint croiser les doigts.

« Vous n’êtes pas sans savoir qu’en juillet dernier, j’ai réussi le tour de force de voler au nez et à la barbe des autorités Séléniennes et de l’empereur lui-même un navire qui était destiné à ce gosse et que j’ai depuis fait miens. Mais tout ceci en plus d’être fort amusant n’était qu’une mise en bouche. Je ne compte pas m’arrêter là. Et la Confrérie ne compte pas non plus s’arrêter là. En tant que capitaine des Gredins, j’ai de menues responsabilités au sein de la confrérie. Certaines d’entre elles peuvent être qualifiées de corruptions, mais je parlerais plutôt de mécénat. Je cherche des mécènes, des collaborateurs pour Athgalan. Que cela soit pour la construction de la ville, le développement d’amélioration navale ou encore la mise en œuvre de certaines missions. C’est sur ce dernier point que j’aimerais discuter avec vous. »

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Il n'y avait plus eu un instant sans qu'Eleonnora ne pense à son travail. Elle en était la première surprise...mais en y réfléchissant il ne restait pas grand monde dans son entourage à se rappeler de la jeune fille insouciante qu'elle avait été. Celle qui écumait les soirées mondaines et passait ses journées à se faire tailler de nouvelles robes. La disparition du patriarche avait forcé la jeune Ostiz à prendre son destin en main. Peut-être réalisait-elle tout juste, après des mois passés auprès du Bourgmestre de Caladon, qu'elle n'avait plus rien d'une enfant. Étrange de se dire que c'était la chose qu'elle revendiquait le plus au temps où elle ne pouvait se passer de son père. Elle avait beau dire ce qu'elle voulait, elle avait toujours été une fille à papa. Mais maintenant tout était différent, n'est ce pas? Tout reposait sur elle, et elle seule qui était vouée, avec certitude, à une destinée des plus remarquables. Elle soupira et se renversa sur le sofa d'un air de lassitude. Elle était sur la défensive depuis le moment où il avait ouvert la bouche et cela tendait terriblement ses muscles...Tout ce dont elle rêvait était un bain parfumé à la rose, chandelles et peignoir de de velours satiné. Après avoir observé l'elfe déglutir une première gorgée de vin, elle fit de même. Il n'y avait jamais de bon moment pour saisir une opportunité.  

« Si vous vous souciez tant de mon sort, peut-être auriez vous prit la peine de me rencontrer dans mon bureau, lors de mes heures de travail...mais j'apprécie votre sollicitude mon cher. »  

Un donneur de leçon? Peut-être était ce là une des choses qui la révulsait chez les petites gens. Ils n'avaient aucune conscience de ce qu'étaient les responsabilités des plus grands. Elle ne put tout de même s'empêcher de rencontrer son reflet dans surface miroitante du meuble vitré face à elle. Elle examina de loin son délicat visage qui ne perdait de sa splendeur malgré les cernes qui commençaient à se creuser sous son regard d'acier. Machinalement elle remit en place sa coiffure dont le volume était fixé au dessus de sa nuque mettait en évidence son long cou de porcelaine et les parures qui l'ornaient. Surement avait-il raison quelque part, si ce n'est ces activités, ce seront surement les rides sur sa peau qui viendront à bout de sa personne. Il lui fallait être fière de ce qu'elle représente en tout point. C'était son côté perfectionniste. C'est aussi pour ça qu'elle n'appréciait pas que l'on pénètre son intimité qui pourrait alors dévoiler bien des failles. A commencer par ses biens et ses propres domestiques qui avaient été assez faibles pour se faire berner. Elle avait notamment haussé les épaules à leur évocation. Un geste dénué d’intérêt. Ce n'était pas comme s'ils étaient ignorant du statut de leur maîtresse. Ils étaient grassement payés pour ces mêmes raisons. Ils avaient d'ailleurs échoués à être le dernier rempart de cette vile intrusion. Aussi, méritaient-ils plutôt qu'on les punisse. Elle décidera du sort qu'elle leur réservera à l'issu de cette entrevue. Pourvu, autant pour elle que pour eux, qu'elle soit fructueuse.  

Toutefois cela commençait bien. Elle réprima un frisson et ses poils s'hérissèrent le long de son échine. C'est qu'il était bien informé pour un gredin. Évoquer avec tant de finesse son nom n'aurait pas pu faire plus plaisir à la demoiselle.Il retombait sur ses pattes en la brossant dans le sens du poil. Il savait s'y faire, elle ne pouvait le nier. D'ailleurs elle était, par ces propos, presque prête à oublier son arrogance des premiers regards. Presque. Puisqu'il n'est pas convenu de donner sa confiance au premier flatteur venu. Surtout lorsqu'il était question d'affaire. Et naturellement, le ton devint plus sérieux à ce moment ci.

La remplaçante du Bourgmestre avait elle même intrigué, dans l'ombre de son supérieur et dans la connaissance de son absence prolongée, pour voir cet homme. En connaissance de causes, évidemment. Car inviter un criminel aurait été mal vu. Il semblait d'ailleurs que ce problème d'invitation avait été réglé. Elle se doutait qu'il lui viendrait aussi à l'esprit qu'une telle rencontre serait bienheureuse pour ses affaires. Le tout était dorénavant de placer les limites de ce qu'ils signifiaient par coopération.  Sa tête avait basculé, emportée dans un gloussement frénétique.
« Un mécène? Allons, Caladon n'est pas une vieille dame à la recherche de la beauté du monde, non, bien au contraire, elle a de l'énergie à revendre et de belles années devant elle! Il en est de même pour cet Athgalan, qui est encore dans ses langes à l'heure qu'il est. Leur priorité est de regarder vers l'avenir. Aussi, vous comprendrez que réaliser une levée de fond au sein d'une jeune citée, pour un projet qui n'est encore qu'utopique, sans garanties semble quelque peu...déraisonnable. C'est pour ça que je nous qualifierais plus d'investisseurs. »  Elle fit une pause, prenant le temps de faire passer une nouvelle gorgée entre ses lèvres. De la corruption? Il y a toujours un moyens de faire passer cela pour de la bonté d'âme. « J'ai vu, à vos remarquables exploits, que vous avez déjà choisit votre camps...du moins vous avez choisi vos ennemis. Sachez que je suis heureuse de ne pas en faire partie. En ce qui concerne Nolan Kohan, nous sommes déjà alliés. Vous pourrez vous servir de votre couverture illégale pour mener à bien des mission que notre gouvernement ne pourrait assumer, si vous voyer ce que je veux dire. Et nous pourrions vous donner les moyens de les réaliser évidemment. Mais pour faire de Caladon votre amie, du moins financièrement, il faudra commencer par l'épargner de vos affreux pillages. Cela va de soit...on ne pille pas l'argent de sa banque. » Le peuple Caladonien sera fier de voter, non pas pour une collaboratrice mais pour celle qui, au prix de nombreux risques, les à protégé des malfrats qui écument les mers. Tout l'or du monde ne vaudrait pas leur protection. Et la prospérité du commerce. Plus personne ne sera tenté d'aller faire affaire ailleurs.

« Mais ce n'est pas ce que j'appellerais une garantie, ce n'est que du sens commun. Car j'ai une proposition à vous faire et qui me semble tout à fait juste. Si Caladon investit de l'argent dans le développement de cette citée, il semble équitable que celui ci nous soit rendu à un moment donné....A moins que... » Elle posa sa coupe, suspendant ses paroles dans un sourire énigmatique. Elle aimait que l'on soit suspendu à ses lèvres de cette manière. « A moins que je vous propose un autre arrangement qu'un simple prêt. Je suppose qu'entre seigneurs de cette nouvelle contrée vous avez un pouvoir centralisé à Athlagan, de quoi mettre en commun vos ressources; S'il nous revenait un pourcentage correct de la rente annuelle de la citée cela vous serait bien plus favorable, même dès le début. Par exemple...10%...qu'en dites vous? » Ce n'était que le début des négociations. Pourtant, son sourire vendeur retomba aussi vite qu'il avait éclairé son visage. Elle soupira en laissant sa coupe traîner sur la table au côté de celle du pirate.

« Voici que je m'emporte...tout cela parait bien trop facile, ne trouvez vous pas...?» Un nouveau soupir lui souleva la poitrine. « Tout ceci ne serait pas qu'un rêve si j'avais les moyens de faire confiance à l'ennemi publique numéro un...Pouvons nous vraiment faire don de nos précieux biens à une bande de brigands qui ont la réputation de piller à tord et à travers? Croyez moi, je le souhaiterai réellement. Peut-être auriez vous en tête une façon de me prouver votre loyauté. » Se rapprochant, elle avait levé de grand yeux troublé vers le capitaine. Il lui en avait fallut du courage pour affronter ce regard prédateur en tenant son jeu d'actrice. Oh elle ne jouait que pour la mascarade, assurément. Il saurait tout de même déceler le sérieux derrière ces propos.

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¤ Adam Smith version pirate ¤

Le regard du pirate glissait sur la bourgmestre remplaçante qui lui faisait face, la détaillant sans pouvoir ôter de son regard cette lueur prédatrice et dangereuse. La jeune femme pouvait se prétendre forte de par sa position, peut-être avec les autres, mais pas ici. En ce moment même elle n’était rien de plus qu’un petit poisson qui négociait avec un requin, et les négociations dureraient tant que le prédateur le souhaitait. Aussi le mieux était d’arriver à un accord avant que le naturel de l’animal ne revienne à la charge.

« Allons, vous ne pensez pas. Me rendre, moi, un criminel recherché, au sein du palais de Caladon pour demander un rendez-vous avec l’actuelle autorité de la cité. Cela aurait été fort embarrassant, autant pour vous que pour moi. Moi parce que j’aurais dû me frayer un chemin dans le sang si certains malins avaient eu l’idée saugrenue de vouloir m’attraper. Et vous, car on se serait interrogé sur vos fréquentations. Non, une rencontre publique nous aurait été préjudiciable. Vous rencontrez ici était la meilleure solution. »

L’elfe sombre s’enfonça un peu dans le siège, se détendant. Il avait engagé la conversation sur un sujet sérieux, celui de sa visite et il savait avoir éveillé la curiosité de son interlocutrice. Maintenant qu’il l’avait amené là où il souhaitait l’amener, il devait petit à petit la rapprocher d’elle afin de la saisir. Du moins façon de parler.

« Ahahah. Allié ? Avec Nolan Kohan ? Ceci sonne tellement faux dans votre bouche … car cela l’est. Une alliance entre les Cités libres et l’Empire n’est pas près d’arriver. Nul besoin d’être très malin pour s’en rendre compte. Vous pouvez signer tous les armistices, tous les pactes de non-agression et tous les accords commerciaux que vous voulez, mais une alliance n’existera jamais. Vous n’avez pas idée du nombre de notables Séléniens qui souhaitent voir les Cités libres être châtiées pour leur rébellion. »

Le capitaine des gredins révéla son sourire carnassier.

« Mais cette situation vous l’avez déjà comprise et vous savez comment en tirer profit. Puisque vous évoquez déjà de vous-même la possibilité de profiter de la situation d’Athgalan pour frapper indirectement dans le dos de celui que vous nommez allié. »

Parfait, la petite dame faisait d’elle-même un pas en sa direction. Mais peut-être allait-elle trop loin. Elle finit cependant par reprendre contenance. Sans doute que sa nature marchande avait pris le dessus l’espèce de quelques instants.

« Confiance ? Ahahah ! En voilà une bien bonne. Ne placez pas votre confiance au sein d’individus, c’est le meilleur moyen de se prendre une dague dans le dos. Non, placez votre confiance dans leur intérêt. La catin ne va pas coucher avec un client parce que cela lui fait plaisir, non, elle va coucher avec un client afin d’obtenir de l’argent et ainsi manger à sa faim ou nourrir sa famille. Aussi, pourquoi va-t-elle améliorer sa technique pour faire jouir son client ? Parce que plus le client est content, plus il reviendra et plus il paiera. L’esclave obéit à son maitre non pas parce qu’il en a envie, non, il va obéir afin de vivre un jour de plus dans l’espoir vain que viendra celui où il sera libéré. Aussi va-t-il se montrer de plus en plus docile et faire de plus en plus d’efforts afin de survivre le plus longtemps possible. L’assassin ne conclut pas un contrat d’assassinat pour l’argent qu’il en tirera, non, il va le conclure pour le plaisir qu’il tirera à ôter la vie d’une personne. Aussi va-t-il perfectionner son art pour en tirer plus de jouissance. »

L’elfe à la chevelure d’écume haussa légèrement les épaules.

« On ne peut pas compter sur la bienveillance des gens, uniquement sur leur intérêt, leur égoïsme. Aussi vous convaincre de faire confiance à l’ennemi public numéro un serait stupide et insultant. C’est comme si j’essayais de vous convaincre que le feu ne brûle pas. Aussi, ne vous préoccupez pas de ma loyauté, car je ne suis loyale à nul autre que moi. Préoccupez-vous plutôt de mon intérêt. Pourquoi j’agis ainsi ? Vous saurez alors pourquoi je tiendrais parole. Parce que j’en aurais tout intérêt. »

Nathaniel reprit son verre et le leva doucement, observant le liquide à l’intérieur.

« Pourquoi ai-je volé un navire ? Parce que j’en avais besoin d’un. Pourquoi ai-je volé celui de Nolan Kohan ? Parce que je voulais m’amuser à ses dépens. Pourquoi séduirais-je une personne ? Parce que je veux coucher avec et jouir du plaisir que j’en tirerais. Pourquoi est-ce que je cherche des mécènes, investisseurs ou peu important comme vous appelez cela pour Athgalan ? Parce que plus j’en trouve, plus elle se renforce. Plus elle se renforce par mon biais, plus mon influence grandit. Plus mon influence grandit, plus j’ai de chance de devenir roi de la confrérie. Et si je deviens roi de la confrérie, Athgalan m’appartiendra entièrement. »

Le gredin rapprocha le verre de ses lèvres et but une petite gorgée.

« C’est aussi simple que cela. »

L’elfe se redressa un peu, et revint poser la coupe sur la table basse du salon.

«Cependant,  je ne suis pas venu vous voir aujourd’hui pour obtenir des fonds afin de pourvoir au développement d’Athgalan. Pas encore, et un contrat de cette importance ne saurait ce faire dès notre première relation d’affaires. Autant vous que nous devons juger de la confiance à placer dans l’intérêt de l’autre, des moyens et preuves de résultats. »

Nathaniel vint adopter dans son siège une posture un peu plus sérieuse.

« Comme vous l’avez si bien évoqué tout à l’heure, Athgalan dispose d’une position particulière et peut attaquer l’Empire Sélénien. Chose que Caladon ne peut faire sans risquer de déclencher une guerre. Athgalan prévoit une opération à l’encontre de Sélénia. Il faut des navires, un équipage, de l’équipement. Toute une série de charge que j’aimerais épargner au maximum au budget de la cité. Cela vous donnera l’occasion de porter un coup à Sélénia, mais aussi de l’affaiblir. Si vous acceptez le principe, je pourrais vous révéler davantage d’information sur l’opération que vous allez soutenir. »

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« Parce vous me croyez assez naïve pour penser à votre bienveillance? Allons, je ne veux pas vous insulter, mais nous savons tout deux que la bonté n'a pas sa place dans les affaires.» Eleonnora leva les yeux au ciel. « Garantie, confiance, assurance, appelez cela comme vous le vous voulez...Disons que je ne me fie plus depuis bien longtemps à une signature sur un bout de parchemin...Je vous demandais simplement de quoi prouver vos engagements après de Caladon. Au cas où vos intentions changent étrangement en route...On ne sait jamais. Puisqu'il sera un peu compliqué pour nous de faire marche arrière une fois que notre argent sera entre vos petites mains. » Un pot de vin pour démontrer leur loyauté? Elle apprécierait le geste...Mais cela n'aurait pas eu de sens. Peut-être un otage, quelque chose au quel il tiendrait particulièrement? En y repensant, il était surement ce genre de forbant sans attache et cela désola la conseillère qui était avide de présents, flattant son ego et asseyant son pouvoir. Et voilà qu'on irait la traiter de politique fallacieuse! C'était une procédure des plus habituelles...Mais il en faudrait surement plus pour dompter l'animal sauvage qui s'était introduit chez elle. Elle soupira et attrapa sa coupe d'un geste de résignation.

D'ailleurs, elle le percevait, ce regard prédateur qu'il posait sur elle. Plein d'ambition et d'assurance. Elle aurait de quoi en frissonner. Cependant la jeune femme était loin de se positionner en tant que proie. Peut-être se croyait-il maître de la partie mais il était loin du compte. Ils avaient besoin l'un de l'autre mais comme dans tout couple ordinaire, il y en avait toujours un dont l'amour et le besoin était plus important. Et dans leur cas, elle était convaincue que le pirate tenait d'avantage plus à l'argent qui lui pendait sous le nez. Car, cette histoire de guerre n'était qu'un prélude à ses envies de collaboration. Oh bien sur, avoir Athgalan de leur côté pourrait faire pencher la balance en leur faveur si un conflit s'annonçait. Néanmoins, la demoiselle était tellement persuadée que Caladon finirait par s'en sortir qu'elle se fichait bien du présent. Il tentait de l'amadouer avec un premier contrat où ils seraient à égalité en terme d'objectifs. Le plus compliqué serait à venir.

« En parlant d'intentions, êtes vous vraiment sur que Caladon poste toute son attention sur ses ennemis? Cela serait leur donner trop d'importance, vous le savez. Et puis nous ne faisons pas tourner notre économie autour de la guerre contrairement à Délimar...Si vous vouliez un peuple prêt à tout pour assouvir leur vengeance, leur désir de destruction de l'ennemi peut-être aurait-il été plus judicieux de rencontrer nos chers voisins. » Elle gloussa pour alléger ses propos. Après tout elle n'était pas là pour inciter son futur partenaire à aller voir autre part. Elle était bien trop possessive pour ça. Non, si il était venu la voir c'était évidemment pour de bonnes raisons, elle n'en doutait pas. Caladon était certes une citée marchande mais pour cette même raison, elle ne manquait pas de ressource. Délimar serait aussi puissante et riche que cette dernière si l’état de guerre avait été déclaré...elle s'était d'ailleurs surement élevée suite à la pseudo tentative d'invasion de l'empire. Mais pas assez pour égaler sa fière voisine qui était incontestablement la citée où l'argent avait plus de valeur que la vie si l'on se permettait d'être grossier. Si ce pirate était assez malin, il aurait compris que Caladon lui assurerait plus que de la haine vengeresse. Elle lui assurerait un futur.  

Toutefois, ce que proposait cet opportun aujourd'hui était la construction d'un lien d'amitié. Un test en quelque sorte. Si leur collaboration se révèle fructueuse, le vrai jeu se révélera. Il était prudent de se tenir aimable lors de ce premier contrat pour que l'autre ouvre son cœur... ou sa bourse.
« Pourtant, je suis sure que vous avez de bonnes raisons de nous avoir approché...à moins que vous ne jouiez un double jeu. Sans quoi il serait préférable de m'en avertir. Et si c'est votre intention, prenez moi comme porte parole de l'alliance des citées libres.» Elle aimait qu'on lui propose l'exclusivité. Néanmoins, la conseillère savait que dans cette quête leur voisin lui sera d'un grand recours. Puisqu'en effet, une grande quantité de l'artillerie de Caladon provenait de Délimar. Et il suffirait de leur dire qu'ils avaient le moyens de porter un coup à Sélénia pour qu'il apporte leur aide chaleureuse à ce projet.

Eleonnora reposa sa coupe et se redressa sur le fauteuil pour faire face au regard perçant de l'elfe.  
« Il me semble avoir étudié quelques possibilités quand à l'aide que nous pourrions vous apporter et je conçois que ce projet semble alléchant... Si les termes du contrat me conviennent, sans hésiter, j'accepterais cette idée, bien que farfelue...je suis vraiment impatiente de savoir comment une bande de pirate, même bien équipée, sera capable d’affaiblir un empire. Cette requête mystérieuse me fait frissonner... Cependant, je ne pense pas que le mystère est à voir avec les affaires...Je ne peux vous donner ma parole avec une close aussi floue. Vous me l'avez dit vous même: me convaincre de faire confiance à l’ennemi public numéro un serait stupide et insultant. Bien sur ce ne serait que des paroles...mais, sur mon honneur, je n'oserais retirer mes mots devant un futur collaborateur.Prudence est mère de sûreté.» Qui sait? Peut-être que leur plan n'était qu'un délire irréalisable...Ou bien aurait-il l'intention de lui faire tenir parole sur des choses qu'il avait prit soin de ne pas mentionner. Il ne l'aurait pas aussi facilement le bougre. « Si vous me mentionnez avec précision les limites du dit contrat, nous serons quittes. Mhm nous serions surement mieux dans mon bureau...»

La jeune femme se leva et d'un geste, l'invita à la suivre hors du petit salon. La pièce qui juxtaposait ce dernier était fermée par une lourde porte en bois lustrée. En un grincement elle s'ouvrit sur un endroit dont la raideur stricte contrastait avec le reste de la demeure. Eleonnora se demanda s'il avait déjà fouillé cette pièce avant son arrivée. Elle se dirigea vers le bureau massif où était empilé dossiers et archives dans lesquels elle tentait de se dépêtrer matins et soirs. Elle s'assit dans un siège beaucoup trop grand pour elle, surplombé par un portrait massif encadré de dorure, qui ne représentait personne d'autre que Crissolorio Ostiz. L'ancien régent de Gloria semblait transpercer du regard les visiteurs qui entraient dans la pièce. C'était une des rares représentations que sa fille avait eu le bonheur de sauver. Cette posture guindée, cette figure sévère, on aurait pu le croire vivant. Pour elle, tout le charisme de sa famille s'y reflétait. Elle pria le pirate à la chevelure argentée de s’asseoir face à elle dans le fauteuil destiné aux clients et visiteurs. Débarrassant quelque peu le désordre, elle trouva dans le pêle-mêle, une plume et qu'elle fit tinter sur le bord d'un encrier. Elle la tendit d'un regard éloquent à son futur associé. En quelque sorte il pouvait supposer qu'elle accepterait, mais qu'il lui manquait les réelles conditions. Il lui était désormais impossible de faire marche arrière.

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¤ La note ¤

La discussion avançait lentement, Nathaniel s’assurait d'en révéler le moins possible. Tout d’abord il avait fixé certaines bases concernant l’aide qu’il désirait et donc l’opération qu’il entendait mener. Celle-ci serait maritime et viserait à affaiblir l’Empire sélénien. À partir de ses menues informations, tout un tas de spéculations pouvaient voir le jour et pour le moment le pirate entendait maintenir le flou. La Calédonienne n’appréciait pas cela et l’homme d’Athgalan le sentait, il s’en doutait même. De ce fait, elle venait lui demander certaines garanties. Elle devait avoir confiance en le pirate, ou plutôt s’assurer que celui-ci se comporte comme un cocontractant honnête. Nathaniel ne pouvait lui donner tort à ce sujet, il le disait lui-même, il serait idiot de lui faire confiance, mais en même temps, il apportait son propre raisonnement, pour l’amener à avoir confiance, non pas en lui, mais plutôt en ses intentions et sa nature. Cette dernière insistait cependant. Oh ! L’elfe arqua légèrement un sourcil. Elle désirait surement avoir un gage. Mais oui, pourquoi n’y avait-il pas pensé plutôt. Peut-être parce qu’il avait plutôt l’habitude d’en demander plutôt qu’on lui en demande. Oui, c’est sans doute cela. Son arrogance et l’habitude d’être supérieur à son partenaire le poussaient à penser qu’on ne pouvait lui demander une telle chose. D’ailleurs il était presque vexé de se faire demander cela. L’elfe sombre commença déjà à réfléchir ce qu’il pouvait mettre en gage. Il faut dire qu’à la base il n’avait pas vraiment l’intention de rembourser quoi que ce soit à Caladon. En effet les conséquences de l’action des pirates tels qu’il l’envisageait étaient plutôt le paiement. Si les diamants de Selenia n’arrivaient pas à bon port, l’économie de l’empire n’en profiterait pas, ni son armée. De ce fait Caladon ne souffrirait pas de l’essor de son adversaire. C’était une sorte d’investissement non pas pour gagner quelque chose, mais plutôt pour ne pas perdre quelque chose.

L’elfe ricana légèrement à l’évocation de Délimar.

« Je suis un pirate, me rendre à Délimar serait signer mon arrêt de mort. Et puis, les délimariens sont des gens plus têtus que la pire des bourriques têtues. Les Calédoniens, en revanche, sont bien plus ouverts et abordables. Et puis, comme vous le dites, votre économie n’est pas tournée que vers la guerre, de se fait vous êtes capable de saisir qu’une action n’a pas uniquement des retombés militaires, mais aussi économique, politique, et j’en passe. »

Le capitaine balaya l’air devant lui d’un petit coup de main.

« Allons, je n’ai nul besoin de jouer un double jeu. Comme dit, je suis ici pour Athgalan, pour bâtir les prémices d’une relation. Dans la mesure où je ne m’engage pas que moi, je dois rester prudent. Porte-parole de l’alliance des cités libres dites-vous ? Ne brulez pas les étapes aussi vite. De notre collaboration, vous pourrez tirer un profit personnel au sein de Caladon. Renforcez davantage votre position et plus tard, oui, vous élevez au sein des cités libres. Celles maniant aussi bien l’ombre que la lumière contre les ennemis de ses gens et pour leur bien. »

Finalement, la bourgmestre par intérim proposa de quitter le salon afin de se diriger vers le bureau et ainsi entrer un peu plus dans le vif du sujet. Lentement, l’elfe l’y suivit, jusqu’à arriver dans la salle, fermant la porte derrière lui.

« Je vois que vous êtes plus enclines. Tenez prenez ceci, c’est une note faite par le capitaine des contrebandiers, notre comptable. »

Nathaniel vint poser un parchemin sur le bureau d’Eleonnora. La note comportait la totalité des frais de l’opération. Coût des navires, de leurs entretiens, des armes, de l’équipage et de diverses ressources nécessaires. Trois navires allaient être affrétés en tout. Le coût global de l’opération était indiqué tout en bas, il s’agissait d’une somme relativement importante.

« Je vous propose que Caladon couvre la moitié des frais nécessaire à l’opération qu’Athgalan entend mener. En guise de gage les pirates d’Athgalan n’attaqueront pas les navires battant pavillon caladonien pendant une année entière. Vous jouirez de cette situation pour prendre une avance sur vos concurrents qui subiront donc plus d’attaques. Mais là où Caladon tirera le plus de profit, c’est sur l’affaiblissement de Sélénia. Si l’opération est une réussite, l’empire prendra un coup aussi bien économique que politique. Ce sera donc à vous de vous préparer pour tirer un maximum de profit de cette situation. Vous êtes de plus la seule au courant de l’opération en dehors de la confrérie, ce qui fait que Caladon aura l’exclusivité de cet avantage. »


[HRP : Désoler pour ce looooong retard >< honte sur moi, le mois d'août a été particulièrement chargé)

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La tension avait été palpable tout le long de la discussion qui avait prit un rythme de croisière déplorablement lent. Ils se faisaient face, telles deux bêtes se tournant autour, se renvoyant des regards félins. Tantôt bombant le torse, tantôt laissant sa flegme agacer l'autre ou bien montrant les crocs, aucun des deux n'aurait laissé le morceau à l'autre. Ces orgueils exacerbés de meneurs ne leurs permettaient pas de laisser croire qu'ils puissent être le plus faible dans l'histoire. Pourtant, puisque chacun voulait déboucher sur un accord cordial, ni le pirate, ni la conseillère, n’aurait osé attaquer.
Néanmoins, le capitaine aurait compris qu'elle ne pourrait lâcher sa bourse sur la base de simples fables. Elle n'était plus une enfant qui pouvait s'enthousiasmer devant des aventures mirobolantes. Son impulsivité s'arrêtait désormais là où son sens des affaires commençait. C'est d'ailleurs son pragmatisme qui l'avait fait tenir debout, prendre la succession des affaires familiales, ainsi que brillamment franchir les marches du pouvoir au sein de Caladon. Des fois elle se demandait si il resterait une trace de la jeune écervelée qui bouillonnait, pleine de passion et d'espoir.

En y pensant, les délimariens, sous leur carapace de muscles, avaient l'apanage du peuple placé sur des valeurs tellement peu flexible que le pragmatisme marchand de la demoiselle les révoquerait. Ils réduisaient ainsi l'horizon de leurs possibilités...Et se laissaient aller à une haine passive de l'ennemi, sans pouvoir bouger le petit doigt. Il était bien sur question d'Aladaria mais en ce qui concernait les pirates, ils n'avaient aucune pitié. Eleonnora aimerait cependant bien voir comment ils réagiraient à cette demande de collaboration. Les voir tiraillés entre leur haine des uns et des autres serait une vision des plus curieuses. Aussi, ne manquerait-elle pas de glisser le mot à ses voisins dans la plus grande des discrétion. Elle avait peu côtoyé ces derniers mais son réseau s'étendait inlassablement depuis sa montée fulgurante au sein du conseil caladonien. Aussi, la Bourgmestre par intérim pensait qu'il serait en son avantage de porter les responsabilités cette action envers sa belle citée et même l'alliance des citées libres, qui lui en seront alors redevable. Sa place sur le trône d'Aladaron étant déjà assurée, deviendrait une simple formalité.

Avec une expression radieuse elle s'empara du parchemin que l'elfe lui tendait du bout de sa main gantée. « Je savais que vous étiez capable de coopération. » Elle parcouru le document de long en large avant de relever la tête vers son interlocuteur. Elle avait retrouvé son sourire. Posant tranquillement le feuillet devant elle, la demoiselle hocha la tête avec un air de satisfaction. Après ce que lui avait dit l'elfe elle ne pouvait que se sentir, rien qu'un peu, vainqueur au sortant de cet entretien si particulier.

« Il me semble que cette affaire est bien plus claire maintenant que vous me l'avez exposée...La moitié me semble alors convenable. Je garderait ce document, en lieu sûr évidemment, si vous me le permettez. J'apprécie d'ailleurs le geste que la confrérie est prête à faire pour mettre en avant notre collaboration. » Elle s'était levée et penchée par dessus le bureau pour tendre une main franche vers l'elfe au regard sombre. Elle avait délibérement appuyé sur la fleur qu'il lui faisait. Après tout chaque petite victoire était à célébrer. Cependant, la jeune femme voyait toujours plus grand que ce qui était à sa portée. « Je me rendrai personnellement à Athgalan pour prendre mesure de l'expédition. » On aurait bien entendu qu'elle n'attendait ni conseil, ni avertissement. C'était un constat pur et dur. Et comme elle était une femme de parole, elle ne ferait de son mieux pour honorer tout ce qu'elle avait dit ici même. Ce n'était peut-être pas le cas de ces malfrats avec qui elle traitait. Alors elle prendrait ses précautions. Et puis, n'avait-elle pas d'autres projets en planifiant de se déplacer vers la citée des pirates?

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¤ Le charme du lion ¤

Comme il était complexe de prouver ou tout du moins démontrer sa bonne foi quand on était un criminel connu et un pirate. Pourtant, l’elfe n’avait pas vraiment d’intérêt à tromper plus que de raison son interlocutrice. Certes il aurait pu lui parler plus en détail de l’opération, certes il aurait pu lui promettre une part sur les bénéfices que l’opération allait faire qu’il parvenait à mettre la main sur les diamants, mais il appartenait au capitaine des gredins de faire la meilleure affaire possible, aussi bien pour lui que pour la cité. Ainsi lui avait-il volontairement caché cette information, il pourrait toujours justifier cela par le fait que divulguer l’information serait mettre en péril l’opération. Par exemple, Caladon aurait pu chercher à doubler le pirate en engageant des mercenaires pour récupérer la totalité du pactole après que les séléniens et les pirates se soient écharpés, frappant alors quand l’ennemi était faible. L’elfe sombre ne savait pas si la jeune humaine qui lui faisait face était capable d’une telle chose, mais lui en tout cas était capable et aurait surement même prévu de la faire. Aussi préférait-il partir du principe qu’il négociait avec une personne de son propre acabit, évitant ainsi les mauvaises surprises. Toutefois, ce n’est pas en faisant tant de mystère qu’il parviendrait à un accord, aussi était-il obliger de mettre en avant une contrepartie suffisante. Et celle-ci frappa dans en plein dans le mille. Quoi de mieux pour un marchand que de s’assurer de ne pas être attaqué pendant une certaine période. Nathaniel avait l’impression de faire de l’extorsion. Non  attend, il s’agit vraiment d’extorsion. Il venait de soutirer de l’argent à une personne en lui promettant de ne pas l’attaquer. Son interlocutrice en avait-elle seulement conscience ? Néanmoins, en dehors de toutes considérations morales, la violence est aussi une marchandise monnayable. Après tout, ne loue-t-on pas des mercenaires pour attaquer quelqu’un ou se défendre ? Alors, pourquoi ne paierait-on pas quelqu’un pour qu’il ne nous attaque pas. Au final, cela n’avait pas d’importance, peu importe que cette dernière réplique en prenant conscience de ce fait, il lui suffirait de lui expliquer qu’elle ne venait pas de se faire flouer, mais qu’elle venait d’acheter l’influence d’Athgalan pour protéger les navires de sa cité. En effet, la chose pouvait être vue ainsi. Même s’il n’y avait pas de protection physique, il s’agissait là bien d’une forme de contrat de protection. Qui tient en laisse les pirates ? Ce n’est nul autre qu’Athgalan, la ville détenant un large monopole de la piraterie en cet archipel. Les flibustiers sous contrat de l’empire où autres cités étant quasiment inexistants. Il ne s’agissait que de misérable s’étant fait capturer et ayant troqué la vie contre leur liberté.

Quoi qu’il en soit, il semble bien que Nathaniel soit ce soir parvenu à conclure un contrat, voilà qui le mettait en joie. Et si l’humain pensait se sentir vainqueur de cette affaire, alors grand bien lui fasse. Ainsi il serait plus aisément d’obtenir de nouveau contrat à l’avenir. Car outre le fait de réduire les frais, c’est bien dans ce but qu’était aujourd’hui venu le capitaine. Être l’ennemi de tout le monde n’est pas une chose viable. Il faut savoir avoir des alliés, ou du moins des partenaires. La brune se pencha en avant sur son bureau pour lui tendre la main. L’elfe eut un léger sourire et tendit à son tour la main, venant serrer celle de son interlocutrice. Il ne la serra pas avec force, mais avec une certaine douceur.

« Oui bien sûr, vous pouvez le garder. »

Qu’elle garde ce bout de papier, cela n’avait pas d’importance. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de chiffre. Ce n’est pas ce qui allait décider de la réussite ou non de l’opération.

« J’espère que ce geste vous rassurera quand au fait que, si on ne peut placer une confiance personnelle dans les pirates, on peut toutefois accorder une confiance à leur intérêt … »

L’elfe sombre marqua une très courte pause et laissa son esprit-lié du lion parler en même temps que lui, venant rendre sa voix plus envoutante pour charmer la demoiselle.

« … ainsi avoir un accord avec eux. »

La voix du pirate se fit à la fois plus mielleuse et sensuelle. Celle-ci lui fit d’ailleurs part de son désir de se rendre à Athgalan. L’elfe lui lâcha la main sans pour autant la lâcher du regard et de son lion.

« Vous savez, Athgalan est une ville dangereuse, pour n’importe qui, et surtout pour les jeunes femmes, aussi forte soient-elles. Si vous le désirez, je pourrais vous y conduire et vous assurez … »

Nathaniel venait accentuer ses paroles du charme du lion. Ne cherchant pas à la manipuler de force et contre son gré, simplement à appuyer ses propres charmes.

« … la protection du capitaine des gredins. »

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Une poignée de main franche comme elle les aimait. Eleonnora était satisfaite de voir cette première union scellée. Mais elle pensait moins à Sélénia qu'à l'avenir de Caladon. Enfin à son avenir à elle en définitif. Cette première phase était exigée pour que son nouveau partenaire soit en mesure de répondre à ses prochaine demandes; Il était en confiance, peut-être même croyait-il avoir l'avantage. Car elle ne comptait sur l'avenir pour plus de coopérations avec ces charmants vauriens. Tout à arrive à point à qui sait attendre. La jeune femme n'avait pas prévu de le rencontrer les pirates pour contrer Sélénia. Le bourgmestre s'en chargeait très bien à Cordont au dernières nouvelles et elle ne parlait pas du marché noir qui faisait toujours plus pression sur le marché Sélénien. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'empire ne s’effondre s'il ne faisait rien pour changer la situation. Le feu éprouve l'or tandis que l'or éprouve les hommes. Et c'était bien en tenant les pirates par la bourse qu'elle serait capable de les garder sous son joug. Cracher quelques milles et cents pour Caladon n'était rien, même si il on lui en fera surement la remarque. Elle ne manquera d'ailleurs pas de justifier ces actes auprès du conseil. Et de son père adoptif, ce qui était une autre histoire. Pourtant elle était persuadée qu'il comprendrait ses motivations lorsqu'elle les exposera devant sa personne à son retour.

La demoiselle commençait à s'éventer avec la note qu'elle tenait encore en main. Il commençait à faire un peu chaud par ici, non? Où était-ce regard aux pupilles perçantes qui la mettait mal à l'aise? Elle sentait son pouls s'accélérer;Il n'y avait autour d'elle plus que le bruit de son sang lui battait aux tempes. Elle trouva ceci affolant d'autant plus qu'elle eu envie de rattraper cette main qui s'était glissée hors de la sienne comme si on lui retirait un présent juste après lui avoir offert. Elle tenta de ne pas laisser paraître son trouble auprès du pirate; Après tout elle ne se permettait aucun signe de faiblesse. Pourtant il lui paraissait qu'un fort sentiment retenait son regard dans le sien. Le monde semblait s'être arrêté et elle pouvait percevoir la respiration de l'elfe à chaque mot que ses lèvres, lascives, laissaient passer avec la lenteur du prédateur qui s'apprêtait sauter sur sa proie. Elle déglutit. Qu'avait-il dit? Elle n'en avait pas la moindre idée. Mais devant l'air interrogatif interrogatif de ce dernier la consillère su qu'elle venait de rater quelque chose. Elle cligna des paupières. «mhm...oui?  »
Puis, se rendant soudainement compte de sa passivité, elle détourna le regard, sentant le sang lui monter au joues. Quelle était cette sorcellerie?! Il était évident qu'elle n'avait pas été soudainement attirée hors du monde de sa propre volonté!Ce n'était la première fois qu'elle voyait un elfe, son coeur était déjà prit aux dernières nouvelles...devrait-elle s'alarmer de ses déviances qu'elle avait constaté plus tôt avec Aurore? Elle ne savait que penser. Mais pour l'instant sa sottise était sur le point de l'humilier devant cet homme. Ce qu'elle ne se permettait pas. Elle avait vaguement entendu la fin..."protection du capitaine des gredins"..."protection"....

Elle se retourna vivement, le visage rouge d'embarras.  « Vous osez mettre en doute de la capacité de Caladon à protéger un de ses plus éminents personnages? »  Et la ridiculiser au passage? Elle se racla la gorge, essayant de reprendre sa composition face au capitaine.  « Et puis je ne vois pas ce que cela vous apportera. Quelqu’un m'a dit pas plus tôt que ce soir qu'il ne fallait se fier qu'au intérêts des gredins. J'aimerai que nous aillons des accords d'égal à égal, quelque soit le lieux de notre rencontre Puis, si je dois aider à construire Athgalan, je ne voit pas quel fou sera en mesure de me porter atteinte. »
 Elle s'était bien rattrapée....mais ce regard! Elle ne pouvait supporter sa vue plus longtemps. Elle se retourna pour cacher cette expression troublée qui déformait son visage intransigeant de dirigeant en celui d'une simple jouvencelle confuse. Elle faisait face au portrait de son père, qui, en la surplombant, la ramenait à l'ordre par sa prestance froide et révérencieuse.  « Nous verserons l'argent en plusieurs fois, pour que les charges nous accablent le moins possible...La première mise vous sera transférée sous peu, je viendrais à Athlagan avec la seconde. »Elle soupira. Elle le sentait dans son dos comme une présence qui l'accablait. Elle avait pourtant ce désir de se retourner pour le voir à nouveau; Ce désir...c'était bien le mot. Néanmoins Eleonnora sentait que si elle se retrouvait de l'autre côté du bureau, les choses se passeraient inexplicablement mal. « Vous pouvez disposer. » Elle le renvoya d'un geste de la main. « Et tâchez de passer par la porte cette fois ci! »

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¤ Le charme du lion II ¤


La jeune remplaçante de Bourgmestre venait assurément de faire un pas vers l’avenir, vers son avenir. Mais ce pas l’avait mené sur une voie bien différente de toutes celles dans lesquelles elle aurait pu s’engager. Une voie dangereuse, une voie où elle côtoierait l’ombre, une ombre qui tenterait assurément de la faire plonger dans l’abysse … ou de l’y pousser à la moindre occasion. Contracter avec les pirates, c’est contracter avec les forces du mal dans ce monde. Les pirates ne représentaient pas à eux seuls cette force ténébreuse, mais il en faisait assurément partie. Tout ce qu’on pouvait espérer, c’est que la jeune humaine ne regrette pas ce choix à l’avenir, car il serait trop tard.

Sans la moindre gêne, Nathaniel commença à utiliser son totem pour brouiller l’esprit de la jeune demoiselle, la déstabiliser sous son charme surnaturel. Comme toutes les femmes, cette dernière y succomba. Il la vit bientôt devenir rouge, ce qui amusa grandement l’elfe sombre. Elle tenta bien de cacher son embarras en se tourna, s’échappant du regard perçant du capitaine. Mais cela ne suffirait pas pour la mettre hors de portée de lui. Toujours empli d’une aura charmeuse, l’elfe continua de parler.

« Oh loin de moi l’idée de mettre en doute les capacités … de Caladon à protéger … ses éminents personnages … mais … Athgalan n’est pas un endroit sur pour qui que ce soit. À l’image de la nature, les plus faibles se font dévorer par les prédateurs les plus forts … et pour s’assurer de ne pas être embêté … mieux vaux s’assurer d’être sous la protection du plus fort … de ces prédateurs. »

L’elfe ricana un peu.

« Vous avez encore beaucoup à apprendre de moi … et mes intérêts ...mais aussi Athgalan et des fous qui y vivent. Il me serait grandement préjudiciable qu’une personne avec qui je contracte et avec qui je contracterais … à l’avenir … lui arrive malheurs dans ma ville … »

Le gredin fit un pas en arrière, faisant légèrement grincer le plancher sous son pas.

« Je vais vous laisser pour cette nuit, Dame Ostiz … n’hésitez pas à reconsidérer ma proposition. »

Nathaniel fit un nouveau pas en arrière, reculant pour sortir du bureau, sans faire le moindre bruit cette fois. Il avait eu ce pour quoi il était venu ce soir. Et c’était assuré de marquer l’esprit de la jeune femme. Le pirate à la chevelure d’écume descendit sans attendre les escaliers. La maison retrouvant son calme. Le capitaine reparti comme il était venu, en silence, sous couvert de la nuit, dans l’ignorance la plus totale du monde et surtout … par la fenêtre. Qu’il le soit de refermer derrière lui.

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