¤ Visiteur nocturne ¤
6 novembre, an 1762 du troisième âge
Caladon, il avait passé beaucoup de temps dans cette ville. Ou plutôt dans l’ancienne, lorsqu’il était encore à Ambarhùna et que la cité était encore debout. L’ancienne avait vu le jour sous l’empire du tyran blanc et l’elfe sombre y avait trouvé son intérêt en travaillant pour le marché noir, en effet, à l’époque il faisait office de contrebandier, de passeur. Nombreuses sont les personnes et les marchandises à avoir transité dans sa barque. Cette époque, bien que sombre, avait été particulièrement palpitante. Le goût du risque, le stress, l’adrénaline. C’était presque devenu une drogue. Mais les choses avaient changé et maintenant il avait pris du galon. Le petit contrebandier était devenu pirate, capitaine pirate pour être exact. Cependant il avait par moments de petites nostalgies de son travail en coopération avec la cité marchande. Oh, aujourd’hui il travaillait toujours un peu en coopération avec cette dernière, du moins façon de parlé puisqu’il avait déjà abordé et pillé certains de leurs navires. Il était pirate après tout, il devait bien gagner son pain. Et pirate est une très bonne situation, plus qu’on ne le pense. Malheureusement, la profession souffrait de nombreux préjugés. Tout ça parce qu’elle n’est pas politiquement correcte. Tout cela n’est que de la discrimination envers ceux qui ont eu le moins de chance et ceux qui ont été rejetés par la société. Mais bref, on s’égare.
Nathaniel Eärendil se rendait donc à Caladon à la veille d’une grande opération de piraterie qui serait menée par Athgalan à l’encontre de l’empire sélénien. Aussi, en bon capitaine des gredins il se devait de trouver des alliés à la confrérie, plus ou moins forcé bien entendu. Et plus ou moins corrompu d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, une information avait raisonné dans l’archipel ces derniers mois, arrivant jusqu’aux oreilles du pirate. Quelque chose s’était produit à Calastin, il ne savait pas encore quoi exactement, mais cette chose avait conduit à des tensions diplomatiques entre les cités libres et Sélénia. Voilà qui était fort … plaisant ? Quoi qu’il en soit, si jamais l’elfe à la chevelure d’écume devait choisir un camp, il choisirait celui de Caladon. Et c’est justement dans cette optique d’offrir une collaboration qu’il se rendait sur place. Une collaboration dans le but, bien entendu, d’enquiquiner, pour rester poli, les Séléniens. De plus, le capitaine avait un certain passif avec l’empereur. Il lui avait volé son navire.
Et c’est avec ce même navire que le pirate arriva à Caladon. Le bâtiment avait bien changé depuis. Il avait été un peu retapé à Athgalan pour devenir plus au goût du pirate, mais il ne s’agissait là que de pure décoration. La structure n’avait pas changé. À quelques exceptions près afin d’accueillir certaines fantaisies bellicistes de son propriétaire. Sans grandes difficultés, Nathaniel vint garer son navire à l’un des ponts adaptés pour une embarcation de cette taille. Il laissa ensuite son second s’occuper de garder le navire, et de payer bien sûr l’inévitable taxe d’amarrage, pour se rendre prestement à son affaire.
L’elfe sombre n’était ici que dans un seul but, corrompre la plus haute autorité de cette ville marchande. Corrompre, ou plutôt essayer de trouver un accord. L’or ne lui serait sans doute pas d’une grande utilité face à un individu de ce genre. Même si ne dit-on pas qu’à Caladon tout s’achète ? Toutefois, le prix serait sans doute bien trop élevé ici et il n’avait pas l’intention de ruiner la confrérie. Non, s’il devait payer, il avait dans sa manche une tout autre chose pouvant combler le prix demandé. Mais en plus de cela, il avait son charisme naturel qui lui avait valu le poste de capitaine des gredins.
En arrivant sur place, la première qu’il apprît c’est que le bourgmestre n’était pas là. Ainsi Aldaron Triade n’était point dans la cité, mais sur les ruines de cette ville que l’on avait nommée Cordon. Voilà qui ne facilitait pas sa tâche. Ainsi au lieu de tomber sur un individu qu’il connaissait, il devrait faire avec une inconnue, une remplaçante. Un soupir s’échappa de lui. À peine arrivée et les complications commençaient. Bon, au moins il pouvait se dire que s’il avait affaire à une femme, son esprit-lié du lion acquit le mois dernier saurait lui être utile. Mais le principal problème c’est que le plan de la rencontre changeait complètement. Comment était-il censé s’introduire auprès d’elle ? De cette … comment déjà ? À oui Eleonnora Ostiz. Ostiz … Ostiz … ce nom lui disait quelque chose. Où l’avait-il déjà entendu ? N’y avait-il pas un vieux grincheux avare qui portait le même nom de famille lorsqu’il était à la Cour des Miracles ? Sans doute. Cela lui reviendrait sans doute plus tard.
Cependant, le problème en restait inchangé ? Comment se rendre jusqu’à elle. Le mieux à faire était sans doute de jouer de la surprise. De la bloquer pour l’obliger à avoir une conversation. Oui, c’était surement le mieux à faire. Dans toutes les iles de l’archipel, il y avait des agents corrompus de la confrérie. Ces derniers leur donnaient des renseignements et facilitaient même quelques opérations. Il était temps de leur utiliser. C’est assez rapidement que le gredin obtenu le lieu d’habitation de cette dernière. Il n’aurait qu’à s’y rendre, s’y introduire et l’y attendre. La maison se trouvait dans la zone résidentielle privée. Assurément elle serait gardée, mais rien d’insurmontable. Il suffit à Nathaniel de quelques paroles, de tirer deux trois ficelles et d’offrir quelques bourses d’or et il se retrouvait à l’arrière de la bâtisse ou logeait Eleonnora Ostiz. La nuit tombait, espérons qu’elle rentre aujourd’hui et ne dorme pas au palais. C’était un pari. Au pire il l’attendrait le temps qu’il faudrait. Il y aurait bien quelques bonnes à l’intérieur pour l’occuper si nécessaire.
Usant de ses anciens talents de voleur, l’elfe à la chevelure d’écume crocheta la serrure d’une fenêtre ce qui lui permit d’entrer. La maison était vide, à l’exception de quelques domestiques. Il charma la première qui l’aida à piéger les autres. En une trentaine de minutes, tout ce beau monde était assommé et enfermé dans une chambre. Et en attendant la maitresse des lieux, le capitaine prit discrètement le temps de visiter l’étage, allant même dans le boudoir de madame. Une femme riche, assurément. La curiosité et l’avarice le poussèrent à regarder le contenu des boîtes à bijoux de cette dernière. D’or, d’argent et de perle. Il y avait là une petite fortune. Cela serait un bon geste que de soulager les oreilles de madame d’un tel attirail. Il n’en fit cependant rien, jusqu’à ce que son regard soit capté par un objet fort bien étrange. Ce dernier se trouvait dans une boîte appart, à l’intérieur d’un tiroir. Il contenait des bijoux un peu plus fantaisistes, mais de tous de qualité. Sans doute était-ce pour les bals costumés. L’un d’entre eux, toutefois, attira l’attention du pirate. L’ornement dénotait des autres, autant dans son style que de par l’aura singulière qui s’en dégageait. Jamais il n’avait vu pareille breloque. Quel artisan avait pu le faire. Il ne reconnaissait là ni le style humain, ni l'elfique, ni le style vampirique. Était-ce un nouveau style ? À moins que ça ne soit d’origine inconnue. Peut-être était-ce là l’œuvre d’un Graärh ?
Nathaniel ne chercha pas à chercher plus loin et se saisit de l’objet, le subtilisant et le rangeant dans l’une de ses poches. Une aura bien trop singulière se dégageait de celle-ci pour l’abandon. Qui plus est, du bruit se fit entendre au rez-de-chaussée. Quelqu’un venait d’entrer, surement la maitresse des lieux. C’est qu’elle en avait mis du temps !
Sans un bruit sans un mot, l’elfe à la chevelure d’écume vint se rendre dans le salon qui se trouvait à l’étage pour l’attendre. C’est alors que le regard du gredin se posa sur un piano qui se trouvait là. La tentation fut trop forte et le pirate tout vêtu de sa tenue de capitaine vint s’asseoir devant. Peut-être cela aurait-il le mérite d’attirer la curiosité de la demoiselle et de la faire venir plus vite. Lentement ses doigts se posèrent sur les touches.
Nathaniel Eärendil se rendait donc à Caladon à la veille d’une grande opération de piraterie qui serait menée par Athgalan à l’encontre de l’empire sélénien. Aussi, en bon capitaine des gredins il se devait de trouver des alliés à la confrérie, plus ou moins forcé bien entendu. Et plus ou moins corrompu d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, une information avait raisonné dans l’archipel ces derniers mois, arrivant jusqu’aux oreilles du pirate. Quelque chose s’était produit à Calastin, il ne savait pas encore quoi exactement, mais cette chose avait conduit à des tensions diplomatiques entre les cités libres et Sélénia. Voilà qui était fort … plaisant ? Quoi qu’il en soit, si jamais l’elfe à la chevelure d’écume devait choisir un camp, il choisirait celui de Caladon. Et c’est justement dans cette optique d’offrir une collaboration qu’il se rendait sur place. Une collaboration dans le but, bien entendu, d’enquiquiner, pour rester poli, les Séléniens. De plus, le capitaine avait un certain passif avec l’empereur. Il lui avait volé son navire.
Et c’est avec ce même navire que le pirate arriva à Caladon. Le bâtiment avait bien changé depuis. Il avait été un peu retapé à Athgalan pour devenir plus au goût du pirate, mais il ne s’agissait là que de pure décoration. La structure n’avait pas changé. À quelques exceptions près afin d’accueillir certaines fantaisies bellicistes de son propriétaire. Sans grandes difficultés, Nathaniel vint garer son navire à l’un des ponts adaptés pour une embarcation de cette taille. Il laissa ensuite son second s’occuper de garder le navire, et de payer bien sûr l’inévitable taxe d’amarrage, pour se rendre prestement à son affaire.
L’elfe sombre n’était ici que dans un seul but, corrompre la plus haute autorité de cette ville marchande. Corrompre, ou plutôt essayer de trouver un accord. L’or ne lui serait sans doute pas d’une grande utilité face à un individu de ce genre. Même si ne dit-on pas qu’à Caladon tout s’achète ? Toutefois, le prix serait sans doute bien trop élevé ici et il n’avait pas l’intention de ruiner la confrérie. Non, s’il devait payer, il avait dans sa manche une tout autre chose pouvant combler le prix demandé. Mais en plus de cela, il avait son charisme naturel qui lui avait valu le poste de capitaine des gredins.
En arrivant sur place, la première qu’il apprît c’est que le bourgmestre n’était pas là. Ainsi Aldaron Triade n’était point dans la cité, mais sur les ruines de cette ville que l’on avait nommée Cordon. Voilà qui ne facilitait pas sa tâche. Ainsi au lieu de tomber sur un individu qu’il connaissait, il devrait faire avec une inconnue, une remplaçante. Un soupir s’échappa de lui. À peine arrivée et les complications commençaient. Bon, au moins il pouvait se dire que s’il avait affaire à une femme, son esprit-lié du lion acquit le mois dernier saurait lui être utile. Mais le principal problème c’est que le plan de la rencontre changeait complètement. Comment était-il censé s’introduire auprès d’elle ? De cette … comment déjà ? À oui Eleonnora Ostiz. Ostiz … Ostiz … ce nom lui disait quelque chose. Où l’avait-il déjà entendu ? N’y avait-il pas un vieux grincheux avare qui portait le même nom de famille lorsqu’il était à la Cour des Miracles ? Sans doute. Cela lui reviendrait sans doute plus tard.
Cependant, le problème en restait inchangé ? Comment se rendre jusqu’à elle. Le mieux à faire était sans doute de jouer de la surprise. De la bloquer pour l’obliger à avoir une conversation. Oui, c’était surement le mieux à faire. Dans toutes les iles de l’archipel, il y avait des agents corrompus de la confrérie. Ces derniers leur donnaient des renseignements et facilitaient même quelques opérations. Il était temps de leur utiliser. C’est assez rapidement que le gredin obtenu le lieu d’habitation de cette dernière. Il n’aurait qu’à s’y rendre, s’y introduire et l’y attendre. La maison se trouvait dans la zone résidentielle privée. Assurément elle serait gardée, mais rien d’insurmontable. Il suffit à Nathaniel de quelques paroles, de tirer deux trois ficelles et d’offrir quelques bourses d’or et il se retrouvait à l’arrière de la bâtisse ou logeait Eleonnora Ostiz. La nuit tombait, espérons qu’elle rentre aujourd’hui et ne dorme pas au palais. C’était un pari. Au pire il l’attendrait le temps qu’il faudrait. Il y aurait bien quelques bonnes à l’intérieur pour l’occuper si nécessaire.
Usant de ses anciens talents de voleur, l’elfe à la chevelure d’écume crocheta la serrure d’une fenêtre ce qui lui permit d’entrer. La maison était vide, à l’exception de quelques domestiques. Il charma la première qui l’aida à piéger les autres. En une trentaine de minutes, tout ce beau monde était assommé et enfermé dans une chambre. Et en attendant la maitresse des lieux, le capitaine prit discrètement le temps de visiter l’étage, allant même dans le boudoir de madame. Une femme riche, assurément. La curiosité et l’avarice le poussèrent à regarder le contenu des boîtes à bijoux de cette dernière. D’or, d’argent et de perle. Il y avait là une petite fortune. Cela serait un bon geste que de soulager les oreilles de madame d’un tel attirail. Il n’en fit cependant rien, jusqu’à ce que son regard soit capté par un objet fort bien étrange. Ce dernier se trouvait dans une boîte appart, à l’intérieur d’un tiroir. Il contenait des bijoux un peu plus fantaisistes, mais de tous de qualité. Sans doute était-ce pour les bals costumés. L’un d’entre eux, toutefois, attira l’attention du pirate. L’ornement dénotait des autres, autant dans son style que de par l’aura singulière qui s’en dégageait. Jamais il n’avait vu pareille breloque. Quel artisan avait pu le faire. Il ne reconnaissait là ni le style humain, ni l'elfique, ni le style vampirique. Était-ce un nouveau style ? À moins que ça ne soit d’origine inconnue. Peut-être était-ce là l’œuvre d’un Graärh ?
Nathaniel ne chercha pas à chercher plus loin et se saisit de l’objet, le subtilisant et le rangeant dans l’une de ses poches. Une aura bien trop singulière se dégageait de celle-ci pour l’abandon. Qui plus est, du bruit se fit entendre au rez-de-chaussée. Quelqu’un venait d’entrer, surement la maitresse des lieux. C’est qu’elle en avait mis du temps !
Sans un bruit sans un mot, l’elfe à la chevelure d’écume vint se rendre dans le salon qui se trouvait à l’étage pour l’attendre. C’est alors que le regard du gredin se posa sur un piano qui se trouvait là. La tentation fut trop forte et le pirate tout vêtu de sa tenue de capitaine vint s’asseoir devant. Peut-être cela aurait-il le mérite d’attirer la curiosité de la demoiselle et de la faire venir plus vite. Lentement ses doigts se posèrent sur les touches.