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descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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    12 octobre 1762


    « Leur navire arrive, Sir. » vint le prévenir l'un des fonctionnaires de la ville, visiblement essoufflé. Aldaron lui avait demandé de l'avertir aussi vite que possible... Et il ne s'était pas douté que le pauvre bougre obéirait au pied de la lettre. Avec certaines personnes, il fallait être plus ferme, pour palier à leur laxisme et malheureusement, c'étaient les plus prompts au travail bien fait qui en subissaient les pots cassés. Pour toute réponse, le bourgmestre lui tira une chaise et son messager improvisé s'y écroula sous les yeux et le sourire désabusé d'Aldaron. L'elfe rangea plume et encre avant de passer une cape aux couleurs bleues et dorées de Caladon sur ses épaules.

    Suivi de sa garde qui lui emboîta le pas lorsqu'il quitta son bureau, l'elfe traversa la quartier intérieur, non sans se faire saluer à tous les coins de rue et comme bien des potiches royales, il se contentait d'un doux sourire de réponse, un signe de la main ou de la tête avant de poursuivre son chemin, sans avoir froissé son peuple. C'est qu'il avait à faire ! Il prit la direction bien connue des embarcadères, alors que la garde se frayait un chemin dans la foule pour qu'on ne vienne pas planter un couteau malheureux dans le ventre de leur dirigeant. Les mats des navires, défaits de leurs voiles de navigation maritime, s’alignaient verticalement dans tout le port, plus ou moins hauts. L'elfe s'arrêta non loin de lieu d'accostage du navire de son ami, sans pour autant aller sur les quais de bois. Non pas qu'il aime particulièrement la terre ferme et la pierre dure du port, mais il n'allait pas s'infiltrer au milieu d'un déchargement. Connaissant sa chance, il pouvait bien de prendre un coup de caisse et finir à l'eau en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

    Bras croisés, droit comme la justice, il patientait, tête haute. Si on ignorait qui il était, sa posture régalienne, autoritaire et noble aurait tôt fait de confirmer son rang, dans la hiérarchie de cette ville. De ses prunelles d'un vert émeraude tranchant, il cherchait cette forte silhouette aux cheveux immaculés et le visage bien connu de son ami. Lorsqu'il le trouva, un fin sourire vint fendre le marbre froid de son visage lisse dévoilant jusqu'à l'ivoire sa satisfaction de le retrouver. Il retint ses pas d'aller vers lui, laissant plutôt Seö approcher, l'accueillant plutôt de son regard devenu pétillant en sa présence. Lorsqu'il ne fut plus qu'à deux mètres de lui, il s'approcha et ouvrit les bras pour l'étreindre amicalement dans une accolade sincère : « Bon retour à Caladon, c'est un plaisir de te revoir. »

    Curieux, l'elfe cherchait la promise dont son ami lui avait parlé. Une main vint se poser sur l'avant-bras du chevalier, une main délicate et... Flétrie. Une vielle femme se détacha de derrière le Sainûr, avec un sourire tendre et patient. L'elfe resta coi de la découverte et regarda alternativement Seö et la vielle dame. Il était sérieux ? C'était elle Aurore ? Il ne savait pas Seö gérontophile et... Bon sang, les humains avaient une vie suffisamment courte par rapport à la leur, pourquoi fallait-il qu'il se soit épris d'une dame en fin de vie ? « Vous avez oublié votre livre, Monsieur. » fit la dame âge en tendant l'ouvrage et Aldaron manqua de pouffer de rire. Ses lèvres pincées et son sourire retenu tendaient à juguler l'envie de rire de la méprise. Il s'assagit lorsque qu'une demoiselle aux cheveux blonds s'accrocha à l'autre bras de son ami, après avoir, visiblement, discuté avec quelqu'un en arrière qui l'avait retenue.

    Il prit délicatement sa main de la baptistrelle pour y déposer un baiser plus de réserve, venant à peine effleurer sa peau. Il n'était pas le genre de dandy à exagérer l'acte et à baver plus qu'il n'en faut sur la moindre dextre. La maîtrise soulignait sa parfaite éducation. Il referma sa seconde main par dessus, pour la serrer doucement, mais chaleureusement : « Bienvenue à Caladon, Aurore. Il me tardait de vous rencontrer. » Il coula un regard sur son ami et ne put s'empêcher de railler : « L'espace d'un instant, j'ai cru qu'au lieu de me présenter une Aurore, tu me faisais rencontrer un Crépuscule. » C'était plutôt Aldaron le gérontophile quand on savait qu'Achroma avait plus du double de l'âge déjà conséquent du bourgmestre. Il était son Crépuscule.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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L’instant fut trop beau, fut trop doux. D’une retrouvaille joyeuse, d’une étreinte amoureuse, je n’aurais pu croire mon cœur plus heureux et pourtant. Une voix avait retenti derrière moi, grave profonde, sereine et puissante, remplie d’amour. Je n’avais alors pas réalisé tout de suite la réalité de la chose et il me fallut lâcher mon amant et me retourner pour voir que je ne rêvais pas. La joie de serrer mon amant dans mes bras et de le retrouver pour un temps céda sa place aux larmes. Soulagement, joie, bonheur, tout ce qui est bon et tout ce qui est beau coulèrent sur mes joues.

Il ne fallut pas longtemps à mon père pour venir m’enlacer, incapable que j’étais de le serrer dans mes bras ou de marcher vers lui. Je respirais son odeur, cette transpiration si forte, si puante et pourtant si agréable tant elle était aussi pleine de souvenirs. A travers mes larmes, une seconde silhouette s’était formée et approchée. La douceur d’une autre étreinte me fit étendre un autre bras pour enlacer maman. Je n’arrive pas à croire ce qu’il m’arriva ce jour-là. Seö, l’amour de ma vie, avait retrouvé mes parents pour moi et les avait ramenés jusqu’à moi.

Mais si je n’arrivais pas à croire ce qu’il venait de faire, j’étais loin d’imaginer la suite. Pourtant, il était évident que cela devait se terminer ainsi, ou bien commencer, cela ce qu’on voulait y voir. Nous ne pouvions continuer ainsi, à vivre comme nous le faisions. Pas pour des raisons morales ou légales. Simplement parce que cela ne suffisait pas. Nos âmes s’accordaient parfaitement, nous étions faits l’un pour l’autre, j’en suis sûre. Nos races différaient peut-être, mais nous avions surpassé l’absence de fruits futurs grâce à ce don du monde, du nom de Läpse. Et Seö finissait ce qu’il avait commencé. Tout me semble étrange dans ce souvenir tant mon bonheur me noya, ce jour où il demanda ma main, sous le regard souriant de mes deux parents. Je ne me souviens pas lui avoir répondu, mais était-ce seulement nécessaire ?

Il ne fallut pas longtemps pour que nous ne quittions le domaine. Seö voulait me présenter quelqu’un et voulait faire ce mariage en un lieu qui comptait pour lui. Pour moi, ce qui comptait, c’était d’être avec lui. Peu importe l’endroit, mon cœur sera content de sa présence.

Caladon, tel était notre destination. Le voyage allait être un peu long, mais j’avais tellement de temps à rattraper avec maman et papa, mais aussi avec Seö. Mes parents sont devenus fous en voyant Läpse, surtout mon père. Il osa à peine le prendre, le considérant comme un nouveau-né fragile alors qu’il était tout de même plus solide que les enfants humains plus âgés. Il poussa jusqu’à lui trouver tous les points communs possibles avec Seö et moi. Maman fut plus réservée mais heureuse de recommencer à s’occuper d’un enfant. C’était aussi agréable de pouvoir recevoir des conseils, de l’aider de sa part. Et nos moments passés rien qu’à deux me rappellent à quel point c’est comme à la maison.

Le voyage en bateau se passe paisiblement. Que peut-il bien arriver sur les flots ? L’océan est une entité capricieuse, parfois doux, parfois violent, mais il semble que l’univers a décidé de continuer à me combler et ne vient pas troubler mon bonheur. Pas un nuage n’est venu troubler le ciel ni notre voyage. Läpse a babillé devant l’immense étendu d’eau. J’aurais pu vivre plus d’un millier d’année dans cette paix. Le temps avait beau s’être immobilisé, ces instants ont été trop court, ces nuits trop belles pour des lendemains bien trop radieux. Chaque inspiration était une félicité et chaque expiration une promesse d’un instant meilleur.

Que n’aurait-je donné pour garder cela pour toujours ? Rien. Car je n’arrive pas à imaginer une fin à tout cela. Ce voyage n’est qu’un avant-goût de quelque chose de plus beau, de plus grand. Ce n’est que les prémices d’une vie avec la personne la plus chère qui m’ait été donnée de rencontre, avec qui partageait, même de brefs contactés, est un délice et dont l’espérance d’une nouvelle rencontre rend la séparation plus délicieuse encore. Que demander de plus, quand nos natures profondes nous empêcher de jouir de la joie de la parenté et que l’harmonie trouve un remède à ce mal. Que reste-t-il à vouloir lorsque tout n’est que promesses d’amour.

Qu’un coucher de soleil est beau lorsqu’il se fait sur l’océan. Quand les dernières lueurs du jour enflamment le ciel de pourpre et de bleu comme dans un dernier sursaut d’orgueil de cette journée qui s’achève sur un paradis. Que ces moments sont sublimés lorsque l’on sent contre soi le doux contact de l’être aimé, la simple présence de son ombre, la pure idée de son souffle. Ces instants se cristallisent en ma mémoire tel des diamants étincelants, et si un jour tout devait cesser, alors au moins pourrai-je continuer à chérir ses instants vécus sans regret.

Mais les jours ont passé, sans que je ne m’en aperçoive et la terre vient à venir sous nos regards encore brillants des nuits d’amour. Caladon, la Revenante. La ville qui verra se sceller mon amour pour Seö devant le monde, devant l’harmonie et pour l’équilibre. Mon cœur bat la chamade alors que je tiens Läpse contre moi et que le rivage s’approche. Comment cela va-t-il se passer ? Je n’ai jamais vu de mariage. J’ai voyagé de par le monde mais jamais je n’ai eu la chance de voir un amour se voir exposer aux autres de cette manière. C’est si nouveau qu’une peur vient amplifier les battements que la joie impose à mon cœur.

Le vaisseau accoste alors que je n’ai pas bougé. J’étais perdue dans mes pensées, mon enfant contre moi. Non, ce n’est pas mon enfant, mais il sera tout comme. Une pression contre moi et un baisé me ramène au présent. Je souris à mon amant. Il y a du monde qui nous attend on dirait. Bien que ce ne soit que la vie sur le port, c’est étrange de se croire le centre du monde. Tu me rends heureuse Seö Wënmimeril. Part devant, on dirait qu’il y a vraiment quelqu’un qui t’attend. Je vais confier Läpse à maman.

Je regarde Seö s’éloigner toujours en souriant. Rien ne semble pouvoir retirer le bonheur qui illumine mon visage. Après un instant à regarder mon futur époux marcher, je me dirige vers maman qui attend devant la rampe. Maman… Est-ce que tu as doutais quand tu as épousé papa ?
- Non. Pas une seule seconde. Et pourtant, il a changé tout dans ma vie. Et toi ma chérie ? Doutes-tu ?
- Non. Je l’aime et je sais qu’il ne changera pas ma vie en m’épousant, car il l’a déjà en me rencontrant. Il a changé ma vie en me terrifiant dès l’instant où je l’ai vu.
Je souris mélancoliquement à la remembrance de ce souvenir, de mon erreur. Est-ce un syndrome étrange ? Non, car Seö est bien différent de la première image qu’il m’a montrée bien contre lui.
- Va donc le rejoindre. Il semblerait que quelqu’un soit là pour vous accueillir. Je vais m’occuper de ton fils.
La dernière phrase de maman ne me marque pas. Je n’y prête pas attention. Sachant Läpse entre de bonnes mains, je me dirige le pas léger vers mon amant et m’accroche tendrement à son bras. L’homme, ou plutôt l’elfe devant nous doit être Aldaron, le bourgmestre de la ville.

Je rougis violemment au doux baise-main qu’il me fait. C’est tel qu’écrit dans les romans, juste un effleurement, un souffle, sans contact. Mon rougissement ne cesse de croite en l’entendant jouer sur mon prénom. Je ne sais pas de quoi il parle mais Seö semble comprendre. J’essaye de répondre, mais ne fait que bégayer. En..Enchantée. Je suis Aurore… euh.. Je… Sans m’en rendre compte je m’agrippe un peu plus fortement et me colle à mon amant. Bien sûr qu’il sait qui je suis puisqu’il vient de m’appeler par mon prénom. Je ne suis pas à mon aise et seule la présence de Seö me permet de rester ici.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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La paix qui avait accompagné nos retrouvailles s’était rapidement changée en un tumulte d’actions et de conséquences, bien plus que je n’aurais pu le prévoir. A vrai dire, si, j’aurais au moins pu en imaginer l’ampleur si j’avais essayé. Je m’étais empressé de ramener sa famille à Aurore, sans m’imaginer ce qu’allaient bien pouvoir penser ses parents de l’existence de Lapsë. Car, oui, j’avais omis de leur en parler. Non pas que j’avais oublié, comment aurais-je bien pu avoir oublié ? Mais surtout parce que tout me semblait d’une évidence sereine, que nuls mots ne parviendraient à traduire avec autant de justesse qu’un simple regard. Mais le jeune elfe, s’il s’était naturellement et doucement greffé à nos existences, était une réelle surprise pour les parents de mon amante. Et on ne pouvait réellement les en blâmer.

Ma demande avait, quant à elle, beaucoup accéléré certaines choses. Si je n’avais aucun doute quant au fait que notre union, certes inhabituelle, était à notre époque bien mieux tolérée qu’elle n’aurait pu l’être par le passé, je n’oubliais pas qu’une promesse me liait à un autre être, bien éloigné de nous par ses obligations. Il nous fallait donc concilier ces éléments, et organiser un évènement unique en un temps record. Le défi s’avérait de taille, mais, au final, se combinait plutôt bien. Quoi de mieux qu’une expédition en pleine mer, une douce croisière pour se retrouver et se connaitre. Je savais à quel point mon amante adorait naviguer, et, bien vite, ce fût Lapsë qui se retrouva le plus comblé par cette nouvelle découverte. Le petit elfe adorait visiblement l’eau, ajoutant une touche de gaieté et de douceur à notre voyage.

Quant à moi, je profitais pleinement de cette paix retrouvée. J’avais été trop souvent trop loin d’Aurore et du petit elfe, m’inquiétant sans doute plus que de raison pour eux. Après tout, c’était moi l’explorateur et l’aventurier dans notre histoire, et eux qui m’attendaient patiemment et paisiblement au domaine. Et c’était sans doute cette première raison qui m’avait poussé à quitter les Aigles de la meute. Ça n’avait pas été un choix facile puisqu’après tout j’appréciais chacun d’entre eux, mais la réponse du conseil de la Rhapsodie avait achevée de me convaincre. Comme un Glacernois, et une autre elfe bien plus discrète, j’étais devenu l’un des membres originels des chevaliers Baptistrels, place qui me permettait de protéger ce que j’avais de plus cher au monde : Aurore, Lapsë, et toutes les convictions qui animaient mon être.

Mais la nouvelle n’était pas encore officielle, et cela faisait trop de nouvelles pour mon amante d’un seul et même coup. Nous aurions tout le loisir d’en discuter à tête reposée une fois unis officiellement devant le bourgmestre de Caladon. Car, après tout, c’était pour lui que nous faisions le déplacement. Il m’avait proposé cette solution spontanément autour d’une discussion, et il était sans doute la seule « famille » qui me restait encore en dehors de celle d’Aurore. Ce choix était donc sans doute le plus logique, car il était le choix du cœur.

Le trajet touchait à sa fin, pour mon bonheur et mon malheur. Après tout, les instants passés en la compagnie d’Aurore, de Lapsë et des parents de la baptistrelle avaient été un Eden éphémère dans lequel je serais bien resté plongé indéfiniment. Mais notre arrivée signait également le début de festivités plus joyeuses encore, et je ne pouvais réellement l’ignorer. Alors que notre embarcation arrivait peu à peu à bon port, je pus constater qu’Aldaron, accompagné de sa garde rapprochée, attendait avec impatience, les bras croisés.

Aux paroles de mon amante, je répondis d’un léger hochement de tête, et, tandis qu’elle confiait le petit elfe à sa mère, je couvrais la distance qui nous séparait du Bourgmestre légèrement impatient, lui offrant un grand sourire avant de lui rendre son accolade. Aussitôt après, je sentis une main se poser sur mon avant-bras, et je détournais le regard avant d’avoir réellement pu répondre à mon ami. L’une des voyageuses qui avait vogué avec nous me tendait mon livre manuscrit dans lequel je gardais la trace de mon travail premier. Ou plutôt secondaire, puisqu’il allait le devenir.

« Je vous remercie. » Lui répondis-je avec un sourire, avant de boucler le livre à ma ceinture. Je me retournais ensuite vers Aldaron et son regard surpris et interrogateur, ne comprenant pas vraiment ce qu’avait de si exceptionnel le petit ouvrage.

Je sentis alors la présence de mon amante contre moi, alors que cette dernière s’accrochait à mon bras pour faire face au politicien. Lorsque je vis le visage soulagé de mon ami, et que j’entendis ses paroles, je me retins bien difficilement d’éclater de rire. Je le laissais se présenter, puis je laissais Aurore faire de même, bien qu’elle était visiblement particulièrement mal à l’aise. Volant au secours de ma future épouse, je répondais au Bourgmestre.

« Et moi qui croyais que tu avais des dons plutôt aiguisés pour jauger les gens, je crois que l’émotion te perturbe plus que de raison, mon ami. » Le raillais-je légèrement, reportant alors un instant mon attention sur la baptistrelle. « Tu sais, Aldaron est certes le Bourgmestre de Caladon, mais il est avant tout un ami qui m’est cher… » Je me tournais ensuite vers le concerné. «… Et, compte tenu de la nature des évènements à venir, je pense que vous pouvez facilement vous tutoyer, tous les deux. Je me trompe ? » Lançais-je, amusé.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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    « Ce crépuscule semblait n'avoir d'yeux que pour toi, c'était à s'y méprendre. » répliqua-t-il du tact-au-tac, railleur, dans une mauvaise foi manifeste et joueuse. Son sourire s'étira sous le joug de l’espièglerie, brisant le masque immuable qu'il affichait bien trop souvent. Il fallait dire qu'il pouvait comprendre cette vieille femme : Seö était un beau morceau, aux traits gracieux du peuple sylvestre. Il y avait de quoi faire tourner des têtes, bien au delà que ce que les âges soupçonnaient. Outre sa beauté raciale, qui ne serait pas aguiché par la haute carrure protectrice d'un chevalier en armure ? Le cœur des femmes ne réclamaient que peu de choses, en surplus des bijoux et de l'or. Mais soit ! Ça n'était donc pas elle, c'était ce petit bout de femme qui peinait à faire une phrase complète sans buter. Elle ferait une très mauvaise marchande. Ce qu'elle était timide ! Les yeux verdoyants d'Aldaron se mirent à pétiller de malice. Il allait beaucoup s'amuser. Non pas qu'il veuille la traumatiser, mais il saurait la taquiner et jouer avec son bégaiement. Il avait l'air de manger des gens ? Bon certes, oui, un peu. Il était cette figure imposante, pleine d'assurance et de fermeté... Mais tout de même, il avait laissé le cannibalisme à Morneflamme ! Il n'eut toutefois pas le mauvais goût de lui rappeler qu'il connaissait déjà son prénom. La taquinerie ne valait pas le malaise qu'auraient sur elle ces mots. Les iris d'émeraude harponnèrent le regard de Seö, paraissant méditatif sur sa proposition : « Es-tu certain de vouloir que je la tutoie ? Je suis un marchand. Ça commence en tutoiement et ça finit en arnaque. »

    Il eut un sourire en coin alors que son regard coulait mesquinement sur Aurore. « Mais puisque c'est Monsieur qui paie pour Madame... » Il prit délicatement le bras de la jeune femme pour l’entraîner un peu plus en avant, entamant le chemin bien connu jusqu'à son domaine. « As-tu déjà choisi ta robe de mariée, ma chère Aurore ? » Son bras glissa à sa main, qu'il tenait avec une douceur galante et une fermeté emprunte de maîtrise, la levant au dessus de leur tête pour faire tournoyer l'Enwr sur elle-même. Les pans de ses vêtements virevoltaient et elle ? Elle devait avoir la tête qui tourne. Pour autant, l'elfe ne la laissait pas tomber. Il gardait sur elle une vigilance attentive, paternelle, malgré les traitements qu'il infligeait à cette enfant. « Hm.. Pas de talons. Tu es une jeune fille simple, j'aime beaucoup cela. Tu n'imagines pas la quantité de pierreries et d'or que portent sur eux les Caladonniens. C'est à se demander comment ils font pour tenir encore debout, à soutenir pareil poids au quotidien. » C'était même à s'interroger si Aldaron était l'un d'entre eux. Si ses habits étaient de bonne facture, ils étaient aussi très épurés dans leur élégance. Il n'aimait pas les fioritures, les épaisseurs multiples et colorées qui faisaient plus tape-à-l’œil qu'utiles. Il crocheta de nouveau son bras au sien, pour reprendre la marche, l’entraînant sur les rues pavées de la ville. Il lui présentait les quartiers, avec une quantité de détails et de conseils avisés pour survivre dans cette jungle de commerçants sans y laisser sa bourse au premier étale. Il lui évitait les mille et un dangers de ce lieu bien connu : les flaques d'eau, les caisses mal placées, les jardins gardés par des chiens de guerre, les marchands arnaqueurs et les mioches qui volaient dans les poches des passants.

    Il leur contait de petites histoires, sur les bonnes gens qui vivaient là, ne tarissant pas d'éloges pour ces êtres qu'il critiquait en bonne intelligence et qu'il adorait au demeurant. Son discours soulignait combien il avait vécu des siècles auprès des humains et qu'il voyait en chaque personne la lignée qu'il avait côtoyé depuis Gloria ou l'ancienne Caladon. Beaucoup de maisonnées étaient encore en construction, comme un peu partout sur l'archipel. Il leur expliquait à quoi cela ressemblerait une fois fini. « Aimes-tu les fleurs ? » demanda-t-il à Aurore : « Madame Perlë sait magnifiquement les dompter. » fit-il en désignant une devanture, couverte d'un lierre abondant, garni de liserons qui tombaient en grappes charnues. Il reprenait d'une voix grave, profonde et calme : « Elle fait des bracelets de pervenches échus sur les poignets, comme de frêles nuages, des colliers en perles de jasmin, rehaussées d'un éclat d'eau, pour qu'à leur brillance, on les confonde à des diamants. Elle fait des broches de lys à épingler dans des boucles de cheveux, des arums aux tiges travaillées pour orner les oreilles d'arabesques naturelles, des gants en dentelle de lilas blanc, des jupons d’œillets ou des capelines délicates en pétales de fleurs de nénuphar. Je suis certain qu'elle vous ferait une robe somptueusement épurée, n'ayant d'égale en splendeur que la nature dont elle est elle même tirée. Tu serais merveilleuse à danser dans cette étoffe vaporeuse... Oh ! Sais-tu danser ? Je peux t'ap... Ah nous sommes arrivés ! » Elle était passé à deux dois de faire quelques pas de valse au beau milieu de la rue pour qu'il vérifie son apprentissage en à matière.

    « Seö, tu sais danser, toi ? Entre deux chasses de smilodons, tu as bien du trouver bon enseignement : ne m'oblige pas à t'apprendre. Car je le ferai. » Et ce serait très drôle. Son regard ferme et souverain se portait sur lui pour jauger de sa réponse avant qu'il n'ouvre grand la porte du domaine : « Entrez, faites comme chez vous ! » Sa demeure, encore partiellement en construction était à l'image de l'elfe : grande, riche et très épurée. Si les matériaux étaient nobles, force était de constaté qu'il ne se perdait pas en fioritures, encore. « Aurore, tu seras ravie d'apprendre que Valmys est ici, également. »

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Le bourgmestre est sûr de lui, là où je reste timide et intimidée. Même Seö est à l’aise avec lui. J’essaye de tirer un peu de confiance de sa force, mais la présence d’un tel elfe m’impressionne vraiment. Ce n’est pas tant sa position dans l’ordre social, puisque chacun à son échelle joue sa part dans le monde, mais bien sa prestance. Il dégage d’Aldaron quelque chose de grand, de vaste, qui rempli l’espace, comme un torrent remplit un bassin. A l’opposé, Seö transpire une sérénité et une fiabilité forte, tel un rocher caressé tendrement par un cours d’eau.

Les paroles d’Aldaron me font rougir fortement et de façon irrépréhensible. Les deux elfes partagent une complicité certaine et malgré ses questions, je n’ai pas le temps de répondre. Je ne comprends pas vraiment sa remarque : puisque c’est monsieur qui paie pour madame. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que peut bien payer Seö ? Je ne demande rien et n’ai jamais rien demandé. Il n’y a donc aucune raison qu’il paye quoi que ce soit. C’est avec une expression interloquée que je vois le bourgmestre me prendre le bras.

Avant de comprendre ce qu’il m’arrive, me voilà doucement entrainer vers lui. Je le suis à petit pas, jusqu’à ce qu’il me fasse tourner sur moi-même de façon inattendue et rapide. Je me doute bien que c’est pour m’observer. La surprise m’arrache un hoquet. Son commentaire aussi me surprend. Pas de talon ? Qu’est-ce qu’il entend par là ? Je suppose qu’il parle de mes chaussures, mais après tout, je suis une fille des bois. Des talons ne me seraient d’aucune utilité dans ma vie de tous les jours, bien au contraire. Ce serait un défi amusant que d’essayer de courir en forêt avec des talons ou bien grimper aux arbres. Je le fais déjà en robe.

De robe ? Pas vraiment, je pensais que celle-ci ferait l’affaire, ou une semblable. Pas le temps de développer ni de prendre de l’assurance dans mes paroles. Aldaron m’accroche de nouveau à son bras et m’entraine avec lui dans les rues de la ville. Je jette un regard désespéré à Seö, comme pour appeler à l’aide. Cela va trop vite pour moi. Je n’arrive pas à m’adapter à cet elfe dont la présence m’écrase. Finalement, un silence, un blanc, une occasion.

Eh bien maître Lew… je veux dire Monsieur… Enfin Aldaron. Je respire un grand coup avant de pousser une longue expiration. On peut dire que vous… tu, que tu as de l’énergie et une manière d’approcher les gens chaleureuse. Tu fus donc marchand avant d’être Bourgmestre ? Je ferai pour ma part une piètre marchande, le mensonge ne me sied guère et de toute manière, je n’ai jamais eu d’intérêt à m’enrichir. De plus, je dois avouer avoir toujours préféré la campagne et la nature à la ville. La simplicité du monde extérieur a dû m’apprendre à me comporter tel que je le fais. Votre cité est très active et très belle. Vous semblez bien la connaitre, mais comment connaissez-vous Seö ? J’aimerai entendre l’histoire de votre bouche. Seö me l’a raconté avec brio, mais j’aimerai entendre les modifications romanesques qu’un marchand apporterai à pareille saga.

Nous devisons en marchant dans les rues en construction de la ville. Je suis toujours accrochée au bras d’Aladaron, mais ma main. En passant devant une maison, je force tout de même Aldaron à s’arrêter. La maison est belle, la façade, je la devine de pierre, bien qu’un mur végétal la recouvre. Un lierre épais grimpe à l’assaut du bâtiment, mêlé à de la glycine dans une embrassade tendre. Cette maison est vraiment magnifique. J’aimerai vraiment rencontrer cette madame Perlë. Elle doit connaitre des choses. J’espère qu’on pourra partager nos connaissances. Ce serait formidable.

Je lance un regard en coin à Aldaron, avec un grand sourire quand il me demande si je sais danser. Mais pas le temps de lui répondre car mes yeux s’allument d’admiration devant sa demeure. C’est magnifique. C’est simple et pourtant… Oui, c’est à ton image, simple mais imposante.

Nous pénétrons dans la demeure, dont l’intérieur est pareil à l’extérieur, simple, mais riche. Mon attention est vivement, accrochée. [b][color=#0099FF]Valmys est ici ? Mais, pourquoi cela ? Par quelle félicité se trouve-t-il en cet endroit ? Et de où le connais-tu ? Ce serait une joie de le revoir, bien que nous ne nous sommes séparés que depuis peu. Et sinon pour répondre votre question, oui je sais danser. Outre le fait que c’est un enseignement du domaine, ma mère a tenu à ce que je sois capable de vivre, ou en tout cas, survivre un minimum dans une cours. Je connais la danse et un certain niveau de politesse.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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    Oh. Elle avait vraiment l'intention de porter une telle robe pour son mariage ? Autant l'elfe aimait beaucoup la simplicité, autant pour lui, le mariage était un jour unique où les mariées portaient une robe unique, différente de l'ordinaire, pour sentir comme un rituel lors de l'habillage et de la préparation. Un rituel qui les faisaient entrer dans ce jour si particulier. En y réfléchissant bien, il pourrait demander à Dame Perlë de lui tisser un beau voile de dentelle pour la parer de splendeur, à défaut d'une robe. Oui, il ferait ça. Dans sa tête, c'était adjugé.

    Leur laissant le loisir de couvrir du regard la demeure du Bourgmestre, ils furent néanmoins interrompu par un page qui venait réclamer Seö pour s'occuper, a priori, de bagages qui seraient partis à l'autre bout de la ville. L'elfe riait intérieurement de ce manège grâce auquel il pourrait kidnapper Aurore impunément. Le Chevalier n'allait tout de même pas se douter que c'était de la faute de la Triade, si ? Peut-être bien, et il aurait toutes les bonnes raisons de le croire à en juger par le petit sourire amusé de l'elfe : « Chanceux que tu es, je ne t'apprendrai pas à danser aujourd'hui. » Il le laissa partir et coula sur Aurore un regard d'émeraude réchauffé d’espièglerie. « Avec ce que je lui ai préparé, il en a au moins pour deux heures. Cela nous laisse le temps de faire connaissance et de t'installer convenablement. » avoua-t-il, sans vraiment craindre le contre-coup de tout cela.

    Il l'installait près de la table basse, sur un coussin duveteux, alors que sa domesticité se chargeait d'apporter le thé et des biscuits raffinés. « Rassure-toi, je sais aussi être moins... Oppressant. Je voulais seulement m'amuser, il n'y a pas beaucoup de monde pour qui je suis nouveau à Caladon. Ici, ils me connaissent tous comme une figure régalienne, ferme et posée... Mais cela me fait du bien de sortir de ce cadre bien doré de temps en temps. C'est un thé blanc, très doux, cela te convient ? » demanda-t-il en désignant d'un geste du menton la tasse de porcelaine devant elle. Doucement, le bourgmestre se couvrait de son calme plus patient et paternaliste.

    « Je ne sais pas quelle aventure Seö a pu te raconter, mais notre rencontre n'a pas été de mille éclats. Elle a même été difficile. Après Morneflamme et la mort du Dragonnier Seithvelj, j'ai préféré rester à l'ombre de la Caste pour me reconstruire. Il est en vérité venu tendre la main à un être famélique et déphasé qui se complaisait dans l'obscurité. » Il eut un sourire triste, malgré tout. Il n'avait pas été beau à voir à sa sortie de la prison. Ni dans les coulisses de la Caste, ni sur les champs de batailles où il avait continué de se battre jusqu'à ne plus pouvoir. Jusqu'à la fuite du continent. «  Probablement t'a-t-il plutôt raconter nos combats au front, je me trompe ? »

    Ses prunelles verdoyantes se reposaient sur elle : « Et toi ? Comment l'as-tu rencontré ? » demanda-t-il, à la fois curieux et paisible. Il ne cherchait pas à être intrusif, il ouvrait le dialogue pour mieux apprendre à la connaître. « Valmys... Est mon fils adoptif depuis quelques jours. Nous nous sommes rencontrés à Keet-Tiamat. Il m'a fait visiter la capitale Elfique en échange une jument, nous sommes restés en contact et... Il appelle en moi un sentiment de paternité, là où lui manquait d'une figure parentale à qui se confier. Je crois que nous nous sommes mutuellement trouvés. Il a sa chambre à l'étage, tu devrais aisément le croiser durant ton séjour à Caladon. »

    Il porta sa propre tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée délicieuse. Ce thé était rare mais il l'appréciait plus que les autres. « Et... Il n'est pas forcément nécessaire de savoir mentir pour être un marchand. En vérité, le plus souvent, il s'agit de faire la lumière sur ce que les gens ne voient pas forcément d'eux-même. Il est facile de mentir... Pour une affaire. Mais il est encore plus facile d'en faire plusieurs avec les vérités. Je n'ai pas été élu Bourgmestre avec des mensonges. » ajouta-t-il avec une douceur apaisante, le timbre de voix, grave, semblait endormir les craintes et ouvrir au confort d'une discussion de salon.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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Alors que nous mirons la demeure du Bourgmestre, un page vient chercher Seö. D’abord inquiète, j’en comprends vite la raison. Des bagages se sont perdues. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais une partie de mes affaires, mais surtout de celle de Seö, au lieu de nous suivre, ont suivi une autre partie des voyageurs et j’imagine sans difficulté que celle qui sont avec nous doivent être celles des autres infortunés. Je n’ai pas le temps de dire un mot. Seö, avec un sourire, me dit qu’il va s’en occuper, que je devrai en profiter pour découvrir les lieux et le personnage que lui connait déjà. Me volant un baiser, il disparait avec le page, me laissant avec Aldaron, non sans nous jeter un regard que je trouve un peu moqueur.

Mon attention revient vers Aldaron. Je suis un peu déçue de ne pas pouvoir tout découvrir avec mon amant et futur mari, mais, après tout, nous avons toute la vie pour nous aimer, même si nos retrouvailles seront espacées.

Mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant le regard d’Aldaron. Son commentaire complète son expression. Il avait prévu cette erreur ? Comment ? Est-ce que Seö le sait ? On dirait un piège ou une blague. Le temps d’assimiler tout ça et je commence à rire. C’est toi qui a prévu cela ? Mais pourquoi ? Sache que quoi que tu fasses mon cœur est à Seö, alors ne te fatigue pas à me faire la cours, aussi riche et puissant sois-tu. Ou alors crains-tu que Seö ne me révèle de terribles choses sur toi pendant notre visite ?

Je m’installe sur les coussins avec une certaine gêne, une gêne qui augmente à l’idée de me faire servir. Je n’y suis pas habituée et n’aime pas l’idée qu’un homme puisse commander ainsi à un autre. Pourtant, je respecte les rois, les admire. Mais accepter leur pouvoir et le voir en action sont deux choses bien distinctes. Assise, droite sur un coussin, j’accepte avec un grand sourire et un grand merci la tasse de thé et un biscuit.

Quel dommage de devoir vivre de faux semblant. Cela en devient vite une prison. Mais chasser le naturel, il revient au galop. C’est ce que mon père aime à répéter. En tout cas, le thé est très bon. Très doux en effet. Je n’ai pas l’habitude d’en boire je dois bien l’avouer. Simplement parce que je ne pense pas à m’en préparer au domaine. J’essaye de faire énormément de chose et Läpse me prend beaucoup de temps et ça me va très bien. Hélas, les pauses thé sont assez rares.

Je souris doucement avec cette fin de phrase. Ça ne me gêne pas le moins du monde, bien qu’au début, m’occuper de La¨pse me prenait tout mon temps, sans qu’il y ait de vraies raisons autre que le fait que je ne savais pas m’y prendre. Heureusement, j’ai eu beaucoup d’aide dont une venant d’une personne d’une douceur insoupçonnée sous sa carapace de froideur.

Mon sourire s’élargit lorsqu’Aldaron parle de sa rencontre avec Seö. J’ai bien du mal à t’imaginer famélique et te complaisant dans les ténèbres. Mais Seö m’a raconté cette histoire en minimisant ses actes, j’en suis sûre. Je peux cependant d’assurer qu’il m’a livré un récit censuré de vos exploits comme pour me préserver. Il oublie souvent que les blessures qu’il pourrait me raconter ou avoir infligé, je les ai soignées trop souvent dans les hôpitaux. Mais Seö est ainsi, il essaye de protéger tout le monde tout le temps. Il m’a promis de ne pas prendre des risques inconsidérés, mais je sais que c’est bien là la seule promesse qu’il ne tiendra jamais. Je ne peux pas lui en vouloir puisque c’est une promesse que je ne ferais jamais moi-même. Et concernant notre rencontre…

Je rigole doucement. Elle est loin d’être romantique. C’est plutôt un malentendu. Je raconte alors notre rencontre dans la forêt, ma chute la peur que mon amant m’avait inspirée en me surprenant et comment nous avons passé du temps dans les bois, notre rencontre avec le Renard, comment il fait partie de ce qui nous unit. Je lui raconte aussi notre séparation et nos retrouvailles après l’exode. Nos aventures, celles qui nous ont rendu si proche et fait comprendre qu’on ne pourrait vivre l’un sans l’autre. Comme il avait ramené mes parents au domaine pour leur demander ma main.

Mon histoire finit, Aldaron vient à parler de Valmys. La surprise est totale et est visible devant ma bouche bée et mon regard grand ouvert. Valmys, adopté ? Est-ce possible ? N’est-il pas trop vieux pour ça ? Attends une minute, ne change pas de sujet. Valmys est adopté ? Tu viens d’adopter Valmys ? Mais… Je suis mal placée pour parler puisque je m’occupe d’un petit elfe, mais c’est un bébé. Valmys a plus de de vingt ans, il est plus âgé que moi. Est-ce vraiment nécessaire de l’adopter plus que de le prendre sous ton aile ? Ce n’est plus un enfant. Ce n’est pas que je juge, mais je ne comprends juste pas comment cela est possible. Ma voix est douce et pleine de stupeur.

descriptionTon Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore] EmptyRe: Ton Aurore, mon Crépuscule [Seö & Aurore]

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    L'elfe eut du mal à ne pas rire, se mordant un bout de la lèvre pour se dissuader. Il secoua la tête de gauche droite. En voilà une drôle d'idée. Pourquoi ferait-il la cour à une humaine promise à son ami ? Cela n'avait pas de sens. Pensait-elle qu'il soit une si mauvaise personne ? Jadis, il l'aurait peut-être fait. Il était insouciant mais il avait grandement changé. Les humaines ne l’intéressaient plus, à moins qu'elle n'aient quelque chose de très singulier et en quelques minutes passées avec Aurore, il ne pouvait pas desceller en elle l'éclat d'une perle rare. Et puis... Il avait Ivanyr à présent. Le vampire savait lui apporter l'équilibre dont il avait toujours eu besoin. « Rassure-toi, je ne cherche qu'à taquiner un ami et il le sait, j'en suis certain.Quant au reste... Non, je n'ai pas peur qu'il raconte de mauvaises choses sur moi. Je suis tel que je suis. Si j'ai fait de mauvaises choses, elles font partie de moi et me définissent. Je n'ai pas à en rougir. » Il n'était pas à se défiler de ses responsabilités... Ou alors il aurait fait un piètre dirigeant.

    Il portait sa propre tasse à ses lèvres. Le thé blanc avait la particularité d'être très léger et sa saveur subtile. L'exact opposé du thé noir, en somme. Il aimait, parfois, retrouver cette finesse dans le goût : « Les humains courent après le temps plutôt que de le prendre. » Il laissait la chaleur de la boisson glisser dans sa gorge, le genre de petit plaisir qui faisait savourer quelques secondes de calme. Il eut un sourire en coin : [color=blanchedalmond]« J'ignorais que vous aviez adopté un petit elfe, en voilà une bonne surprise. Félicitations. »[/font"> Il n'avait lui-même pas participé à l'éducation de son propre fils, puisqu'il l'avait abandonné. Il avait fui son peuple, terrorisé à l'idée d'être père si jeune. Il ne savait donc pas vraiment ce que c'était que d'éduquer et prendre soin d'un bébé. Il avait participé, de loin, aux vies des familles humaines... Mais rien n'était comparable à s'occuper sa propre chair.

    « Ceux qui n'ont pas vécu Morneflamme ont du mal à se le figurer, le volcan autant que ses conséquences. C'est au delà de l'imagination. Bien au delà. » Il reposait doucement sa tasse de thé, les yeux baissés. Les gens n'avaient aucune idée de ce qu'avait été Morneflamme. La prison avaient été un tabou. Les rescapés étaient trop troublés pour en avoir parlé et la politesse voulait qu'on ne pose pas de questions. Beaucoup avaient nié Morneflamme, parce que c'était plus facile. Parce que l'esprit lui-même ne pouvait pas aisément vivre avec une pareille vision en mémoire. Mais les conséquences étaient bien là. Ceux qui étaient sortis de Morneflamme n'avaient été plus que l'ombre d'eux-même. Nombreux avaient rêvé de l'évasion, mais la vivre avait été tout autre chose. Revenir dans le vrai monde, c'était comme éclater une bulle horrible dont l'écho perdurait des années et des siècles plus tard... Et pour autant, personne ne la voyait. Personne ne l'entendait. La solitude était tout ce qui restait aux rescapés de Morneflamme. Intense et dévorante. Et beaucoup avaient préféré mourir que de vivre à la fois libre de la prison mais enchaîné à son souvenir. Mais ça, qui le savait ? Qui s'y était intéressé ?

    « Cela ne m'étonne pas de Seö, c'est un homme très protecteur. » souffla-t-il avant qu'elle ne lui compte sa rencontre avec le chevalier. Un sourire revenait sur ses lèvres, amusé. Il se souvenait de sa propre rencontre avec Achroma. Elle avait été littéralement percutante puisqu'il avait atterri dessus après avoir été expulsé par la première perle de Néant qu'il était en train d'achever avec ses poings et dents. Les rencontres romantiques, cela n'existaient que dans les contes pour enfants et les romans à l'eau de rose. Dans la vraie vie c'était soit ridicule.... Soit ridicule. Parce que chacun était humain et imparfait. Son sourire se poursuivit lorsqu'il parla de son adoption de Valmys puis des qualités marchandes. Mais il fut coupé en chemin et acquiesça d'un signe de tête à la première question qu'on lui posait. Reprenant sa tasse, il s'installa dans le fond de l'assise pour boire une longue gorgée silencieuse alors que l'enwr lui faisait part de son étonnement.

    « Tu disais un peut plus tôt que ton père te répète souvent : le naturel chassé revient au galop... Il partage donc ta vie, aujourd'hui. Un protecteur et un père sont deux choses différentes. Elles ont une symbolique différentes, une émotion singulière qu'on ne retrouve pas en dehors d'une relation père-fils. C'est comme te dire de profiter de ton amour pour Seö... Mais jamais du mariage. C'est différent de dire qu'il est l'homme que tu aimes... Et de dire qu'il est ton mari. Il y a dans le second un engagement, un lien que le premier caresse sans l'attraper. » Ses sourcils se fronçaient légèrement, alors qu'il marquait une pause, cherchant ses mots, avant de poursuivre : « Si tu connais Valmys... Tu sais qu'il n'a jamais eu, de son vivant, l'occasion d’appeler quelqu'un 'père', ou d'avoir une figure à laquelle s'accrocher, qui ne part jamais. Il a souffert d'être orphelin et il a rêvé, des années, de pouvoir le faire sans y parvenir jamais, faute de réalité. Dis-moi, devais-je lui refuser de panser sa plaie... Au motif qu'il est trop vieux ? Peut-il être trop tard pour guérir une blessure ? Devait-il continuer d'en pâtir toute sa vie durant, pour une question de... Coutumes ? Ou ne serait-ce pas à nous de les changer pour les adapter à ce qui nous rend heureux ? »

    Il haussa les épaules et pris une nouvelle gorgée de thé chaud. Ses traits se lisaient à nouveau : « Les coutumes veulent aussi que les hommes aiment les femmes, que les elfes ne se lient d'aucune amitié avec leurs homologues maudits. Les vampires n'ont pas leur place dans nos vies et les humains ne sont, à nos yeux, que des enfants turbulent. J'ai démoli ces cages, au cours de ma vie. Je ne les ai pas laissées orienter mes choix et fermer mes yeux sur les plus belles rencontres de ma vie... Et mes plus beaux liens. » Son frère vampire, sa sœur humaine. Son amour comme un crépuscule. La main tendue vers Valmys pour s'offrir la chaleur d'un foyer. « C'était ce que je détestais le plus chez les elfes, quand je suis parti : leur incapacité à changer, à évoluer. » Il baissa les yeux sur la surface lisse de sa boisson claire. L'odeur de vapeurs effleuraient son nez : « J'ai abandonné mon fils au Royaume Elfique. J'étais trop jeune lorsque je l'ai eu et je ne me sentais pas capable de m'occuper de lui comme il le fallait. Aujourd'hui, je suis différent. Le nom que j'offre à mon fils, Valmys, est un nom solide qui le protégera et auquel il peut s'identifier sans honte. J'avais aussi besoin de lui pour qu'on m'offre ce qui me manquait, ce qui faisait de moi quelqu'un d'incomplet depuis mes 100 ans. J'aurais pu adopter un elfe plus jeune, oui. Mais en vérité, à ce moment-là, c'était lui et c'était moi. Personne d'autres. Je ne peux pas l'expliquer... Et c'est justement parce que je ne peux pas l'expliquer que c'est magique... Et unique. »

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