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[INTRIGUE] Le visage de la cruauté

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29 Octobre 1763, 14h
Athgalan

Sa’Hila, en tant que dresseuse, avait une connaissance pointue du comportement animal. Toute sa vie durant, à commencer par ses premières années en tant qu’individu autonome, elle avait démontré un intérêt tout particulier à la faune. Suivant les préceptes du Cheval, elle avait chaque jours acquis moult savoir animalier, de la plus petite fourmi, aux plus féroce des smilodons, en passant par le chacal. C’est d’ailleurs fort de ce savoir, qu’elle avait patiemment, pendant des jours, des mois, observé l’animal appelé « pirate » dans son environnement naturel. Espèce nuisible du groupe communément appelé « Sans-poils », le pirate se caractérisait par un comportement violent, au taux de moralité et d’honorabilité le plus bas jamais observé parmi les espèces conscientes. La dangerosité de l’animal avait poussé Sa’Hila à prendre plusieurs précautions pour son observation, notamment l’utilisation de son Effigie de la Pie Moqueuse. En effet, sa grande résistance et sa forme aviaire, rendait l’objet tout à propos pour l’observation en temps réel. Ayant pris position sur le point le plus haut de son habitat, aussi appelé « taudis » ou « repaire de vermines », l’Effigie s’était posé tout en haut du phare de la tanière du pirate Alpha : la Capitainerie. Offrant alors le meilleur point de vue possible, Sa’Hila avait pu alors commencé ses recherches en commençant par cartographier le lieu de vie de son sujet d’études. Elle avait ainsi noté que comme tout organisme parasitaire, le pirate avait une grande capacité d’adaptation et avait réussi à changer la topographie des marais pour y prospérer. A la fin de chacune de ses transes félines, lui permettant de voir à travers les yeux factices de son dispositif d’observation, la dresseuse avait alors consigné ses recherches sous la formes de cartes et de carnets, retraçant les différentes informations qu’elle parvenait à glaner. Elle avait pu ainsi établir un profil pour cette nouvelle espèce et avait conclu en une simple synthèse : le pirate était l’exact opposé des graärh. Si les graärh étaient un peuple uni, bien que formant deux sous-espèces, le pirate était multi-ethnique, chose inédite pour les natifs de Néthéril. Et si les graärh étaient unis sous le code de l’honneur et du respect des Esprits-Liés, les pirates eux ne juraient que par le profit et l’enrichissement personnel et égoïste. Seul une hiérarchisation par la loi du plus fort semblait être le seul point commun des deux espèces.
Toutes ces données recueillies, Sa’Hila pouvait enfin procéder à la phase suivante. Le diagnostic était tombé : le pirate devait être éradiqué. Tel une tique dans le pelage, le pirate était un parasite qui devait être traité. Heureusement, Sa’Hila avait déjà prévu le traitement depuis plusieurs mois et la guérison de Néthéril était proche.
Jetant un dernier coup d’oeil mécanique à ce que les sans-poils appellaient « « ville » », Sa’Hila finit par graver l’ordre de rentrer à la Légion dans le coeur magique de l’automate, alors qu’elle-même rompait sa transe et rouvrait ses yeux bichromes, à plusieurs milliers de lieues de là. A travers les brumes d’encens, son regard brûlait d’une froide détermination. Il était temps.

15 Décembre 1763

Le trajet à travers la savane s’était passé sans encombres. L’imposante armée que formait les mouvements des troupes graärh avait suffit à éloigner les prédateurs et autres smilodons.  La réelle difficulté avait été comme toujours, le passage délicat sur le territoire des karapts et la traversée du marais. Si des mois de préparation et de balisage avaient grandement réduits les difficultées du terrain et les problèmes d'orientation, c'était bien pire que la faune et flore hostile qui avait ébranlé les Légionnaires : la cruauté inimaginable des pirates. Le spectacle macabre des corps sans vie, mutilés, déshonorés de leurs frères et sœurs, avait saper le morale des troupes. Sa'Hila elle-même avait eu beaucoup de mal à retenir ses pleurs. Des pleurs de tristesse, elle qui était la matriarche de tout son peuple… mais également des pleurs de rage. Bien sûr, elle avait déjà observé le comportement nocif des pirates, mais jamais elle ne s’était imaginé à quel point leur immoralité était aussi incurable. Mais la Kamda ne se laissa pas submergé par la haine. Elle était cheffe de Légion, elle se devait de garder son sang-froid pour prendre les bonne décisions pour son peuple. C’est pourquoi, dès les premiers corps des pauvres âmes tourmentés de leurs frères détachés et inhumés, Sa’Hila avait contacté tout les Nayaak des différentes tribus guerrières réunies sous la banière de Vat’Aan’Ruda. Utilisant le réseau des Geai Moqueurs dont elle était le centre névralgique depuis maintenant 10 ans, elle s’assurait ainsi que tous puissent entendre et retransmettre ses ordres et volontés. Ainsi, utilisant sa voix, son Esprit et son tatou-glyphe, elle s’adressait à tous les graärh.
-Enfants de Néthéril ! Regardez bien les corps sans vie de nos frères et soeurs ! Regardez les bien, ils sont la raison pour laquelle nous marchons depuis des semaines ! Regardez les, et ancrez votre rage au fond de votre coeur pour que jamais il n’oublie la raison de notre combat. Soyez les témoins de la cruauté sans limite des pirates ! Regardez et constatez la violence inouïe de ces résidus de litière ! Retenez bien cette chose : les pirates ne méritent pas la confiance des Esprits. Ces Ashuddh, sans honneur, sans une once de respect envers la vie, ne sont qu’un parasite gangrenant Néthéril.Il est de notre devoir d’amputer cette engeance pourrie pour guérir le sol de nos ancêtres ! Regardez et posez-vous la question. Comment pouvons-nous considérer les pirates comme des êtres dignes des Esprits quand ils agissent comme la pire des bêtes ? Vous êtes de graärh ! Un peuple fier et honorable, baigné par la sagesse des Esprits, dans le respect de cette terre fertile. Allez-vous vous laisser submerger par une rage aveugle, ou suivre la voie de la raison et de l’honneur que les Esprits nous ont accordé ?
Utiliser autant d’énergie pour simplement communiquer lui vrillait la tête, mais l’effort en valait la peine. Il était essentiel de maintenir l’ordre parmi les troupes. Sentant arriver ses limites, elle finit simplement.
-Les Esprits nous regardent ! La Légion ne tolérera aucune conduite déshonorante ! Nous sommes les descendants du Grand smilodon, nous somme l’espèce dominante de Néthéril ! Nous n’allons pas nous laisser intimider par la vermine pirate !
Rompant finalement le contact, la Danse-Fauve repris la tête du convoi, chevauchant son cheval-golem dignement, malgré la sérieuse migraine qui martelait son crâne. Elle connaissait son peuple, ce n’était pas aujourd’hui qu’il se laisserait marcher sur les coussinets.

31 Décembre 1763

A l’aube de cette nouvelle année, un calme inquiétant s’était emparé des marais. Encore sous le couvert des mangroves putrides, Sa’Hila, perchée sur Ta’Hiko, l’énorme tambour de guerre de la Légion, observait anxieusement le ciel maussade, égrenant son chapelet spirituel avec nervosité. Son esprit était occupé à ressasser leur plan de bataille, à mesure que les perles des Esprits défilaient sous ses griffes…
Le Geai-Moqueur, gravé sur une perle noire, et les autres Aériens, lui rappelait évidemment le réseau mental des spirites communicant. Les Geais, présents dans chaque groupes, était une des bases clef de leur stratégie. La communicaiton était essentielle dans cette bataille et Sa’Hila elle-même s’était arrangé pour marquer le plus grand nombre de Légionnaires avec son Amitiés du Geai-Moqueur, notamment les éclaireurs partis sillonner le ciel. Liant, par sécurité, son incarnation éthérée du Geai à Leksa, elle s’était ainsi assuré d’obtenir le plus d’informations possibles au moment même où ils observeraient la “ville” pirate.
Le Cheval, gravé sur une perle de bois laqué, renvoyait aux nombreux animaux dressés spécialement pour les batailles. Tous le savoir-faire des Garal en matière de dressage, se comptait à présent en centaines de félins, de rapaces et autres canidés prêts à accompagner les graärh à la bataille. Avec un pincement au coeur, elle essaya de ne pas penser au fait que la pluparts serviraient à déclencher les pièges disséminés partout dans le territoire ennemi. Car oui, Sa’Hila n’était pas dupe. Elle savait pertinemment que les pirates étaient sans honneur, et les pièges et autres traquenards étaient assurément la panacée des forbans. Les Fourmilions, alors, constituaient également une clef de voûte dans leur stratégie.
Puis passa la Vache et le Raton-Laveur, présents sur des perles de fluorite. Issus du duo des guérisseurs, les spirites constituaient l’arrière-garde de leur offensive, soignant les blessés avec leurs pouvoirs et leur impressionnant stock de potions préparés des mois à l’avance. Chaque grärh avait d'ailleurs obtenu une ou deux fioles d’antidote très puissant. Si les pirates attaquaient sournoisement, le poison était donc un arme toute désignée. A cela, Sa’Hila ne se permit pas de critiquer… car après tout, elle avait elle-même invoquer les enseignements du Scorpions pour ordonner que l’on enduise toutes les armes, de mêlée ou de jets, de bave de Khaanatma. Ainsi, une simple blessure ferait goûter aux pirates la douloureuse morsure de Néthéril, les privant de leur Esprits. Ils ne les méritaient pas de toute façon…

Parmi les Aquatiques, souvent des lapis-lazuli ou des saphirs, se trouvaient de rares Pingouins, Orques et Ragondins. Si la majorité des graärh étaient à leur avantages sur terre, de très rares évoluaient mieux dans l’eau. Utilisant cette rareté comme un avantage, une division entière de ces graärh nageurs avait donc comme mission, en compagnie des Léopards des neiges, de bloquer le port dans la glace. Les contingents de Gerridae, quand à eux, avaient pour mission de retrouver les graärh emprisonnés, présumément, sur les l’île aux chaînes. Les pirates étaient naïfs de croire que tous les graärh avaient l’eau en horreur… certains en faisait aussi leur force !

Enfin, le reste des Terrestres, était divisé en trois vagues différentes. Les Tribyoon Cerfs avaient étaient clairs dessus : la victoire ne s’obtiendrait pas en fonçant dans le tas, les pertes seraient trop grandes. Sa’Hila elle-même préférait envoyer ses troupes au fur et à mesure de l’évolution de la situation. La perfidie insondable des pirates lui faisant prendre milles précautions… la pire des crainte de la femelle étant que les Pirates ne fassent sauter la ville entière… La bataille pour le Baôli lui revenant trop facilement en tête, elle ne voulait pas ressentir la mort de centaines de Graärh en un instant…
Les minutes, terrées dans un silence angoissant, défilaient avant qu’enfin, le premier sang ne fût versé. Retenant un hurlement de rage, Sa’Hila prit note des informations qu’avaient obtenus les éclaireurs sacrifiés. Son coeur hurlait d’exprimer sa peine, mais elle se contint pour la pérennité de leur plan.La certittude que Leksa était en vie l’aidait à tenir le coup, sa marque n’ayant pas disparue et son Geai éthéré toujours lié à elle, elle obtiendrait des nouvelles de sa protégée tôt ou tard.
Pour l’heure, cet affront sonnait le coup d’envoi de l’offensive graärh. Sautant agilement en bas de son instrument de guerre, Sa’Hila, accompagnée de ses soeurs, Bahvika et Girija, ses deux golem-smilodon et de deux Pangolins, se saisirent de leurs armes et finirent pas ajuster leurs armures. Une fois prêts, Sa’Hila transmis ses premiers ordres, donnant le coup d’envoi.

-Mes frères, mes soeurs. Le moment est arrivé. Combattez dans l’honneur de nos traditions et dans le respect des Esprits ! Montrons à ces Sans-Poils que les bêtes, ici, ce n’est pas nous !

Dans la clameur des hurlements et feulements, Sa’Hila se saisit de son maillet et libérant ses pouvoirs, elle invoqua la loi de Néthéril en commençant à tambouriner Ta’Hiko. Comme une prière à la Grenouille et aux Esprits, le son, bas et profond du Tambour emplit l’air et le sol, déchaînant l’instinct guerrier des Garals. Ce coup d’envoi, tous pouvaient l’entendre et tous savaient quoi faire. La violente mousson invoquée par Sa’Hila et quelques autres puissants chamanes ne serait pas un frein pour les natifs de l’île. La mousson faisait partie de leur quotidien. Mais les pirates, eux, épargnés de ce climat par les marécages… allaient goûter aux pluies torrentielles, façon fureur du Kirin.



Ayant eu vent de ce qu’il se tramait chez leur ennemis, Sa’Hila entra la première dans le tas de planches et de bois vermoulu qu’ils osaient appeller ville, Sa’Hila aperçut sans aucun mal le plus laid, le plus abjecte, le plus perfide et sournois : Nathaniel, “Roi” des pirates. Ses griffes se reserrèrent plus fermement sur la poignée de sa lame et lentement, elle la leva vers lui. Cependant, à la différence du gredin provocateur, elle ne dit mot. Les graärh n’avaient pas besoin de grandes paroles pour s’exprimer. Une véritable pluie de flèches et de javelots de mêla à celle de la mousson. Ce n’était qu’un tir de barrage, plus destiné à impressionner qu’à réellement abattre le plus de pirates mais le message était clair : à trop tirer sur la queue du smilodon, on finissait toujours par se faire griffer.
Dans le regard bicolore de Sa’Hila, ne se lisait que la concentration. Malgré toute la haine qu’elle épprouvait pour cet individu, l’Aleeshaan ne relèverait pas son défi incensé. Ce n’était pas sa tête qu’elle prendrait, bien que la sensation de séparer son cou en deux fût très tentant. Il n’était que le visage de la cruauté, un avatar physique du cancer que représentait les pirates. Tout comme elle, il était remplaçable. Pirates et Graärh survivraient sans leur tête pensante, jusqu’à ce qu’elle repousse, comme une hydre immortelle. Seule l’anhiliation comptait. Mais pour l’heure, après la fuite du gros des effectifs de malandrins, c’était les esclaves, le portail et la destruction d’Athgalan qui intéressaient la cheffe. La mort de l’Orque ne serait qu’un bonus appréciable…

L'offensive étant lancée, Sa'Hila ordonna le deployment des troupes à travers la porte défoncée alors qu'elle-même et ses protecteurs se positionnaient sur les hauteurs. A défaut de servir de défense, elle lui permettrait d'observer l'avancée des graärh dans ce repaire de vipères.

{#}N{/#}'oubliez pas ! Restez groupés, ne vous séparez pas, vous n'êtes pas en terrain avantagé ! Que chaque Fourmilion fasse son possible pour détecter les pièges !#

Le fonctionnement naturel des Graärh en tribus facilitaient grandement la transmission des ordres puisque chaque escouades de Garal se formaient autour d'un ou deux Nayaak Alpha, un Geai Moqueur et le reste de l'unité. Ils étaient obligés d'avancer à pas de Loup et le temps jouait contre eux pour récupérer le portail, mais cela était nécessaire pour éviter les pertes inutiles...

{#}Et{/#} rasez-moi cette immondice de ville !#

Ce dernier ordre n'était pas du tout objectif et faisait écho au sentiment général...

infos hrp :
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