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[INTRIGUE] Le visage de la cruauté

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Le visage de la cruauté



A force de tirer la queue du graärh, il ne faut pas s’étonner que celui-ci décide de vous lacérer la face. La légion de Vat’Aan’Ruda a rassemblé ses soldats, bien décidée à venir à bout de ces barbares de pirates, véritable fléau sur l’île de Néthéril en raison des raids organisés au nom l’esclavage. Toutefois, les pirates ne sont pas aussi idiots qu’on le croit, ils sont conscients des risques de leur métier et s’apprêtent à faire face aux conséquences de leurs actes. Dans les marais d’Athvamys, le sang va couler … Quelle cause choisirez-vous de défendre ?


Intrigue : Le visage de la cruauté. 31 décembre an 1763 du troisième âge.

Les joueurs disposent d'un délai de 3 jours pour poster à compter de la réception des directives. Nous vous encouragerons même à poster plus vite encore si vous le pouvez (l’intrigue n’en sera que plus développée).  Les RP d’intrigue sont prioritaires sur tous les autres rp normaux.


  • Nathaniel
  • Sa'Hila
  • Leksa
  • Teotl
  • Asolraahn


L'ordre pourrait changer à tout moment.



Spoiler :

descriptionN - [INTRIGUE] Le visage de la cruauté EmptyRe: [INTRIGUE] Le visage de la cruauté

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¤ Bienvenue à Athgalan ¤

La place centrale d’Athgalan … du moins ce qui y ressemblait, était noir de monde. Le bois craquait, de même que les pontons, semblant menacer de se rompre sous le poids d’autant d’individus réunis en un même endroit. Une certaine agitation avait gagné la ville, une nouvelle s’étant répandue parmi la population : les graärh se sont mis en marche.

Depuis l’arrivée des Ambarhùniens sur cet archipel, les natifs de ce territoire ont fait les frais des exactions de ces premiers. L’esclavage battant son plein. Oh certes, les pirates n’étaient pas les seuls à le pratiquer, mais disons qu’ils étaient les plus gros fournisseurs sur le marché. Après tout, pour vendre une marchandise, il faut la récolter, et les pirates se tapaient donc ce sale boulot. Il faut dire qu’il y gagnait beaucoup, car en plus de capturer autant de graärh que possible, ils pillaient leurs biens. Une pierre deux coups en somme. Bien entendu, les félins n’allaient pas rester éternellement sans réagir. Tôt ou tard ils en auraient assez des exactions des pirates. Cela tout le monde le savait. Et à Athagalan on l’attendait plus qu’on ne le redoutait. Si les pirates, de toutes les nations présentes sur l’archipel, sont les moins bien taillés pour mener une guerre, il n’en reste pas moins qu’ils sont prêts à défendre leur mode de vie et à vendre chèrement leur peau. Pour autant, allaient-ils tous prendre les armes et mourir au combat en un splendide, mais sanglant baroud d’honneur ? Bien sûr que non. Et c’est ce qu’allait faire comprendre le roi de la confrérie à ses sujets aujourd’hui. Nathaniel avait fait se réunir les capitaines afin qu’ils se tiennent derrière lui pendant qu’il s’adresserait à la population. Il fallait rassurer cette bande de vermines, montré que la confrérie était forte, unie et prête à faire ce qu’il fallait.

« Alors bande de cloportes, vous chiez dans vos frocs parce qu’une bande de matous ont décidé de sortir les griffes ? Vous vous attendiez à quoi ? Eh oui, c’est ce qui arrive quand on tue, pille et viole un peuple. Ils se rebellent contre leur oppresseur. Dans ces cas-là qu’est-ce qu’on fait ? Vous pensez qu’on baisse la tête et qu’on accepte les conséquences de nos actes ? Bien sûr que non ! On leur pisse à la raie. Leur chef croit que cette ville est une litière où elle peut poser sa pêche ? Je m’assurerais de frotter chaque putain de recoin de cette ville avec du piment pour qu’elle se brule le cul si elle se risque à le faire.

Nous sommes des gredins, des pirates, des menteurs, des mendiants, des violeurs, des voleurs, des catins, des escrocs, des contrebandiers, des assassins, des esclavagistes, des ivrognes. Nous sommes tous des enfants de salauds. La confrérie vous a tous réunis, et contrairement à la société qui nous a rejetés, ne vous laissera pas tomber. Athgalan a fait beaucoup pour nous. Elle nous a accueillis. Elle nous a permis de mener la vie que nous voulions. »


La foule commença un peu à s’agiter sous l’effervescence des paroles du gredin. Un des hommes présents au-devant se risqua à parler en beuglant.

« Ouai ! Défendons cette ville qui nous a tant donnés ! »

Nathaniel leva sa masse pour pointer l’homme qui venait de l’ouvrir.

« Faux ! N’écoutez surtout pas cet imbécile. Nous allons faire ce que tout bon pirate doit faire. Nous allons nous battre, pour prendre la fuite ! »

Une clameur s’éleva de la foule alors que Nathaniel continua venant faire amplifier sa voix à l’aide de la magie.

« Athgalan tombera et emportera avec elle un maximum de ceux qui osent se rebeller. Et pendant que nos adversaires compteront leurs morts, nous, nous serons déjà loin, en train de nous installer dans notre nouvelle cité ! Et nous lèverons nos verres en nous moquant de ces crétins qui ont cru pouvoir nous abattre, mais qui n’auront récolté que mort et chagrin. Et lorsque l’alcool se sera dissipé, nous irons leur faire payer leur rébellion en mettant aux fers chaque chat de la légion Vat’Aan’Ruda ! »

La clameur redoubla et des gardes de la confrérie commencèrent à se faufiler pour disperser et diviser la foule afin d’inviter les gens à se rendre dans différentes parties de la ville. La confrérie avait un plan et l’aide de tout le monde serait nécessaire pour y parvenir. Des explications allaient avoir lieu dans différents points de la ville afin d’expliquer à la population ce qu’elle devrait faire.

C’est ainsi qu’Athgalan commença à se vider progressivement des âmes y habitant. Les navires-pirates se transformant en navire de transport, conduisant par vagues la population de la cité vers leur nouveau lieu de vie. Eärendil avait décidé que la confrérie investirait le crépuscule des chimères. Là se bâtirait la nouvelle ville pirate.

***

Les préparatifs battaient leur plein à Athgalan, tout l’or avait été déplacé, ainsi que les ressources non nécessaires à la préparation de la ville, de même plus de la moitié de la population avait déjà été déplacée. On commença à fragiliser les pontons et chemins à travers toute la ville. Athgalan deviendrait un piège pour les graärh, seuls quelques chemins et pontons, connus uniquement de ceux qui resteraient sur place pour accueillir l’ennemi, resteraient intacts et non piégés. L’elfe sombre avait un plan à l’esprit, l’horreur allait s’abattre sur la cité. Les pirates ne gagneraient pas la bataille, cela le gredin en avait conscience, d’ailleurs il n’avait aucune envie de la gagner. Son seul objectif était de donner une leçon, pas uniquement aux graärh, également à tous ceux qui un jour souhaiterait s’en prendre à la confrérie. Vous y perdrez plus que vous n’y gagnerez. Voilà la leçon de Nathaniel. Athgalan allait devenir une rose, et quand Sa ‘Hila voudra la cueillir, les épines lui perceront les coussinets.

Tout le monde à Athgalan portait un foulard pour masquer son nez et sa bouche. Une puissante odeur agressive régnait sur la ville. Aux quatre coins de celle-ci on avait allumé des braseros d’encens afin de masquer l’odeur du sang et de la mort. La préparation d’Athgalan avait demandé l’utilisation de nombreux esclaves, en majorité graärh. Beaucoup avaient été tués. On les avait vidés de leur sang et le sang avait mis dans des barils que l’on avait ensuite dispersés un peu partout en ville. Les cadavres avaient ensuite été réunis à l’entrée d’Athgalan. Nathaniel avait commandé une sculpture à Teotl. Il voulait accueillir ses invités avec un ou plusieurs arbres macabres faits à base de cadavre. Le roi souhaitait marquer les esprits de ses adversaires. Athgalan deviendrait une toile où le rouge dominerait.

Bien entendu, il n’y avait pas que des esclaves morts à Athgalan. Nathaniel en avait gardé en vie. Ceux-ci étaient bien sûr solidement attachés. Aucune rébellion d’esclaves ne devrait avoir lieu durant les préparatifs sans quoi tout tomberait à l’eau, les pirates présents n’étant plus assez nombreux pour les retenir. Fort heureusement ceux-ci furent sages.

Alors que Nathaniel aidait à la préparation de la ville, chaque bras étant nécessaire, Teotl vint le voir pour lui demander quelque chose. Il souhaitait avoir de sa chair. L’elfe sombre le regarda, lui disant qu’il lui aurait bien donné sa main gauche, mais qu’il l’avait perdu et qu’il était hors de question de lui donner la droite. À quoi ressemblerait-il s’il n’avait plus que deux crochets à chaque bras. Fort heureusement, autant de viande n’était pas nécessaire. Après que le capitaine des assassins lui ait expliqué le tenant de sa requête plus qu’étrange, le roi accepta et fit appeler un médecin. Il laissa Teotl prélever ce dont il avait besoin et demanda ensuite à ce qu’on le soigne. Bien sûr, en bon échange de procéder, Teotl lui révéla qu’il s’était lié à un nouvel esprit et lui tendit une mèche de cheveux. Le gredin en profita, à la fin de la journée, pour créer une nouvelle poupée à l’effigie de son fils. Il faut dire qu’à force d’en faire et d’entrainement, Nathaniel s’améliorait petit à petit. Ses poupées ressemblant de plus en plus à la personne qu’elle devait représenter.

*** 31 décembre an 1763 du troisième âge ***

Athgalan était enfin prêt, il avait fallu plusieurs semaines, mais la Perfide tendait à présent les bras l’envahisseur, prêt à les étreindre macabrement. C’était le dernier jour de l’année, les graärh viendraient aujourd’hui, fêtant l’avènement d’une nouvelle année avec les pirates. Les décorations macabres étaient terminées, un arbre de cadavre trônant à l’entrée de la ville, des boyaux pendant telles des guirlandes de ses branches. L’odeur agressive qui avait envahi la ville durant ces dernières semaines était presque dissipée, les fragrances du sang et de la mort reprendraient leur droit.

Des piloris avaient été installés dans le marais et des graärh esclaves y avaient été crucifiés. On les avait bien sûr badigeonnés d’une mixture pour éviter qu’ils ne se fassent pas trop grignoter par les bêtes du marais. On pouvait facilement se perdre dans le marais, aussi Nathaniel s’était ainsi assuré de tracer un chemin pour que les graärh arrivent à bon port.

Tout était prêt. Vraiment tout ? Non. Un élément avait posé de réelles difficultés. Le portail récupéré il y a plusieurs dans le marais. Les pirates étaient parvenus à l’activer. Ils l’avaient relié à des navires qui, captant la magie dans l’eau, avaient diffusé l’énergie jusqu’à lui. Seulement voilà, ce dernier refusait à présent de se désactiver. Les pirates ont essayé tant bien que mal, plusieurs de ses hommes ont subi un retour de flamme. Certaines souffrent de blessures plus ou moins graves, mais un pauvre hère avait été réduit en cendres. Toutefois, l’ingéniosité pirate n’a pas de limite. À défaut de pouvoir le désactiver manuellement ils ont décidé de faire le processus inverse en siphonnant l’énergie du portail ? C’est ainsi que les pirates parvinrent à le désactiver, ou presque. Celui-ci ne devrait pas tarder à s’éteindre pour de bon. Une fois ceci fait, l’instrument pourrait être embarqué sur l’un des deux navires présents au port. Cela prendrait un peu de temps, mais le gredin espérait retenir les graärh suffisamment longtemps. En parlant de navire, mouillait actuellement au port la revanche de la reine, appartenant à Teotl, et le Maelstrom, appartenant à Nathaniel. Les deux navires seraient leur porte de sortie pour fuir la ville une fois que l’avantage perdu.

Il était à présent temps de faire une dernière réunion stratégique. Nathaniel se tourna vers deux de ses hommes et leur confia un anneau.

« Prenez ceci, ils me permettront de vous communiquer mes ordres. Grégoire, tu commanderas une troupe d’hommes, votre objectif sera avant tout d’activer les pièges qui ne sont pas automatiques. Vous vous positionnerez au nord de la péninsule de l’humaine après le roc sombre. Prends les hommes les plus discrets. L’objectif est qu’une fois un piège activé, celui-ci se rende au prochain ou se dirige vers le port. Si les graärh s’approchent trop du port, engager le combat. Elwÿn, je veux que tu ailles au port, tu vas superviser le chargement du portail ainsi que la défense du port. Mais surtout, je veux que tu restes à bord du Maelstrom et que tu restes à l’écoute. »

Le gredin se tourna ensuite vers son fils et mit la main dans sa poche pour sortir une pierre de communication et une fiole contenant un liquide étrange.

« Je vais me positionner devant l’arbre macabre. Je focaliserais sur moi l’attention d’autant d’ennemis que je pourrais avant de filer en direction de l’île du serpent par le sud de la péninsule de l’humanité. Là-bas, je prendrais le commandement des hommes que n’aura pas pris Grégoire. Nous nous chargerons d’activer les pièges au sud de la péninsule de l’humanité et de ceux en bordure de l’île du serpent. Au fur et à mesure, je me dirigerais avec mes hommes en direction du centre-ville. Une fois le centre-ville tombé, nous nous replierons vers le port. Teotl, j’aimerais que toi et tes hommes vous occupiez des gêneurs qui pourraient faire capoter le plan. Et une fois que j’aurais atteint le centre-ville, vous procéderez à la phase deux. En attendant, Teotl, prends ceci. Nous resterons en contact avec la pierre. La potion contient un élixir te permettant de te transformer en graärh. Cela pourra s’avérer très utile. J’en ai également une pour moi. Si jamais l’un d’entre nous l’utilise, le mot de passe sera potiron. Grégoire, Elwÿn vous ferez passer le mot à vos hommes, on n’a pas envie de se faire canarder par nos alliés »

Après quelques nouveaux échanges, tout le monde sortit de la cabine du capitaine. Deux humains arrivèrent en courant en direction de Nathaniel. L’un était un nain, l’autre était presque aussi grand que le gredin.

« Capitaine, capitaine ! Il est prêt. »

Les deux hommes transportaient une malle et la posèrent au sol avant de l’ouvrir. L’intérieur contenait une copie de la panoplie de Nathaniel. Il n’y avait pas les glyphes bien sûr, mais cela y ressemblait comme deux gouttes d’eau.

« Parfait. Andrew, tu es presque aussi grand que moi, tu vas l’enfiler et tu te posteras au sud de la péninsule de l’humanité. À l’ouverture des hostilités, je serais en première ligne et je vais essayer d’attirer l’ennemi. Je me dirigerais vers toi, une fois réuni, tu continueras à longer le sud de la péninsule puis de l’île de serpent. Nous diviserons l’ennemi en plusieurs groupes. Si les choses tournent mal pour toi, crie-leur d’aller à l’île de chaine au sud, que des esclaves y sont entreposés et qu’ils sont sur le point de se faire tuer. Après avoir vu tant de leurs morts, la vie d’une poignée d’entre eux aura une grande valeur. Et toi Bïlly j’ai un job pour toi. L’arbre macabre à l’entrée, une personne peut se dissimuler à l’intérieur. Ta petite taille sera un atout. Je veux que tu t’y dissimules et que tu restes le plus discret possible. Si jamais les graärh décident de battre en retraite pas la porte des monstres, fais la sauter. Maintenant, filez ! »

Soupirant, Nathaniel alla récupérer son équipement avant de se mettre à son emplacement. L’heure de vérité approchait à grands pas. Mourrait-il aujourd’hui ou survivrait-il ? Gagnerait-il ou perdrait-il ? C’était un pari, un pari de plus, sur lequel il misait sa vie. Il ne pouvait nier ressentir une certaine excitation face au combat à venir. Toutefois, il éprouvait aussi une certaine tension. Le combat n’avait lieu sur la mer, il n’était pas à son avantage. Toutefois, même si le combat avait lieu sur terre, il demeurait sur son territoire et il y avait de l’eau autour d’Athgalan, il pourrait toujours s’en servir en cas de problème.

« Esprits-liés, j’ignore si vous nous accordez vos pouvoirs pour nous protéger, mais ceux qui vont nous faire face aujourd’hui vous vénèrent assurément plus que moi. Je me demande donc ce que vous allez faire. Vous contenterez-vous d’assister au spectacle ? Où prendrez-vous parti ? »

L’elfe ricana légèrement.

Une quarantaine de minutes passèrent et de nombreux oiseaux passèrent au-dessus de la ville. Dans les marais, il y avait très peu d’oiseaux, et pas forcément des espèces survolant actuellement la ville. Et cela pour la simple et bonne raison que les rougeots agressifs les bouffaient. Le gredin n’eut pas à donner un seul ordre et une volée de flèches partirent en direction du ciel, en abattant quelques-uns. Quelques minutes après, Nathaniel eut une communication. Il s’agissait de graärh transformé en oiseau à l’aide de leurs esprits-liés. Malin de leur part, mais insuffisant. Puis le gredin fut informé que l’un des capturés était parvenu à s’enfuir. L’elfe sombre pesta et ordonna que l’on tue ceux qui avaient été capturés puis attrapa sa pierre pour parler avec Teotl.

« Teotl, les graärh nous ont survolés. On a capturé, mais l’un d’entre eux s’est échappé. Trouve-le et tue-le. Il ne faudrait pas qu’il nous gêne, ou fasse parvenir les infos qu’il a pu glaner. »

Reposant la pierre dans sa poche, Nathaniel se leva, étant assis jusque-là, et saisit sa masse fermement. Du mouvement se profilait à l’entrée.

« BIENVENUE A ATHGALAN ! »
Equipement :


Directive :


Dernière édition par Nathaniel Eärendil le Jeu 14 Nov 2019 - 19:28, édité 1 fois

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État des troupes graärh

Compétence utilisée : Force mentale niveau moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

-5 : Intimidation pirate

Résultat =>


  • MR de 66 et plus : Réussite exceptionnelle. L'action fait l'effet d'un coup de génie. Un avantage conséquent est octroyé et ses effets bénéfiques font profiter tout le groupe.
  • MR de +41 à +65 : Réussite remarquable. L'action est ovationnée. Un avantage certain est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +21 à +40 : Réussite notable. L'action est particulièrement réussie. Un léger avantage est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +1 à +20 : Réussite simple. L'action est réussie simplement, sans autre résultat notable.

  • MR de 0 : Réussite in extremis. L'action réussit sur le fil du rasoir, à un cheveu près.

  • MR de -1 à -20 : Réussite médiocre. L'action réussit mais n'a pas les effets escomptés (souvent amoindris).
  • MR de -21 à -40 : Échec simple. L'action échoue. Un léger désavantage au joueur ou un léger avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -41 à -65 : Échec cuisant. L'action échoue pitoyablement. Un désavantage au joueur et/ou un avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -65 et moins : Échec critique. L'action échoue lamentablement. Un sérieux handicap est attribué au joueur et à ses alliés. L'adversité obtient un sérieux avantage.

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 72

MR : -32 -> Échec simple

Cela fait deux mois maintenant que Sa'Hila et ses troupes ont quitté Vat’Aan'Ruda marchant sur Atghalan, passant au nord du canyon dans lequel personne n'ose mettre les pieds. Le trajet a été rude. La savane, connue par son peuple, est restée assez clémente mais les marais, eux, ont été un vrai calvaire. La marche des graärh a été ralentie par la faune et la flore, ainsi que par les sols vaseux et les vivres transportées. Les cadavres crucifiés de graärh jalonnant les marais pour montrer la voie ont entamé la volonté des troupes, mais la hargne reste présente. Devant les portes d'Athgalan, épuisés, éreintés, il faudra à la Kamda Aaleeshaan une bonne force d'autorité pour ne pas perdre le contrôle des siens dans cette bataille.

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Directives :


29 Octobre 1763, 14h
Athgalan

Sa’Hila, en tant que dresseuse, avait une connaissance pointue du comportement animal. Toute sa vie durant, à commencer par ses premières années en tant qu’individu autonome, elle avait démontré un intérêt tout particulier à la faune. Suivant les préceptes du Cheval, elle avait chaque jours acquis moult savoir animalier, de la plus petite fourmi, aux plus féroce des smilodons, en passant par le chacal. C’est d’ailleurs fort de ce savoir, qu’elle avait patiemment, pendant des jours, des mois, observé l’animal appelé « pirate » dans son environnement naturel. Espèce nuisible du groupe communément appelé « Sans-poils », le pirate se caractérisait par un comportement violent, au taux de moralité et d’honorabilité le plus bas jamais observé parmi les espèces conscientes. La dangerosité de l’animal avait poussé Sa’Hila à prendre plusieurs précautions pour son observation, notamment l’utilisation de son Effigie de la Pie Moqueuse. En effet, sa grande résistance et sa forme aviaire, rendait l’objet tout à propos pour l’observation en temps réel. Ayant pris position sur le point le plus haut de son habitat, aussi appelé « taudis » ou « repaire de vermines », l’Effigie s’était posé tout en haut du phare de la tanière du pirate Alpha : la Capitainerie. Offrant alors le meilleur point de vue possible, Sa’Hila avait pu alors commencé ses recherches en commençant par cartographier le lieu de vie de son sujet d’études. Elle avait ainsi noté que comme tout organisme parasitaire, le pirate avait une grande capacité d’adaptation et avait réussi à changer la topographie des marais pour y prospérer. A la fin de chacune de ses transes félines, lui permettant de voir à travers les yeux factices de son dispositif d’observation, la dresseuse avait alors consigné ses recherches sous la formes de cartes et de carnets, retraçant les différentes informations qu’elle parvenait à glaner. Elle avait pu ainsi établir un profil pour cette nouvelle espèce et avait conclu en une simple synthèse : le pirate était l’exact opposé des graärh. Si les graärh étaient un peuple uni, bien que formant deux sous-espèces, le pirate était multi-ethnique, chose inédite pour les natifs de Néthéril. Et si les graärh étaient unis sous le code de l’honneur et du respect des Esprits-Liés, les pirates eux ne juraient que par le profit et l’enrichissement personnel et égoïste. Seul une hiérarchisation par la loi du plus fort semblait être le seul point commun des deux espèces.
Toutes ces données recueillies, Sa’Hila pouvait enfin procéder à la phase suivante. Le diagnostic était tombé : le pirate devait être éradiqué. Tel une tique dans le pelage, le pirate était un parasite qui devait être traité. Heureusement, Sa’Hila avait déjà prévu le traitement depuis plusieurs mois et la guérison de Néthéril était proche.
Jetant un dernier coup d’oeil mécanique à ce que les sans-poils appellaient « « ville » », Sa’Hila finit par graver l’ordre de rentrer à la Légion dans le coeur magique de l’automate, alors qu’elle-même rompait sa transe et rouvrait ses yeux bichromes, à plusieurs milliers de lieues de là. A travers les brumes d’encens, son regard brûlait d’une froide détermination. Il était temps.

15 Décembre 1763

Le trajet à travers la savane s’était passé sans encombres. L’imposante armée que formait les mouvements des troupes graärh avait suffit à éloigner les prédateurs et autres smilodons.  La réelle difficulté avait été comme toujours, le passage délicat sur le territoire des karapts et la traversée du marais. Si des mois de préparation et de balisage avaient grandement réduits les difficultées du terrain et les problèmes d'orientation, c'était bien pire que la faune et flore hostile qui avait ébranlé les Légionnaires : la cruauté inimaginable des pirates. Le spectacle macabre des corps sans vie, mutilés, déshonorés de leurs frères et sœurs, avait saper le morale des troupes. Sa'Hila elle-même avait eu beaucoup de mal à retenir ses pleurs. Des pleurs de tristesse, elle qui était la matriarche de tout son peuple… mais également des pleurs de rage. Bien sûr, elle avait déjà observé le comportement nocif des pirates, mais jamais elle ne s’était imaginé à quel point leur immoralité était aussi incurable. Mais la Kamda ne se laissa pas submergé par la haine. Elle était cheffe de Légion, elle se devait de garder son sang-froid pour prendre les bonne décisions pour son peuple. C’est pourquoi, dès les premiers corps des pauvres âmes tourmentés de leurs frères détachés et inhumés, Sa’Hila avait contacté tout les Nayaak des différentes tribus guerrières réunies sous la banière de Vat’Aan’Ruda. Utilisant le réseau des Geai Moqueurs dont elle était le centre névralgique depuis maintenant 10 ans, elle s’assurait ainsi que tous puissent entendre et retransmettre ses ordres et volontés. Ainsi, utilisant sa voix, son Esprit et son tatou-glyphe, elle s’adressait à tous les graärh.
-Enfants de Néthéril ! Regardez bien les corps sans vie de nos frères et soeurs ! Regardez les bien, ils sont la raison pour laquelle nous marchons depuis des semaines ! Regardez les, et ancrez votre rage au fond de votre coeur pour que jamais il n’oublie la raison de notre combat. Soyez les témoins de la cruauté sans limite des pirates ! Regardez et constatez la violence inouïe de ces résidus de litière ! Retenez bien cette chose : les pirates ne méritent pas la confiance des Esprits. Ces Ashuddh, sans honneur, sans une once de respect envers la vie, ne sont qu’un parasite gangrenant Néthéril.Il est de notre devoir d’amputer cette engeance pourrie pour guérir le sol de nos ancêtres ! Regardez et posez-vous la question. Comment pouvons-nous considérer les pirates comme des êtres dignes des Esprits quand ils agissent comme la pire des bêtes ? Vous êtes de graärh ! Un peuple fier et honorable, baigné par la sagesse des Esprits, dans le respect de cette terre fertile. Allez-vous vous laisser submerger par une rage aveugle, ou suivre la voie de la raison et de l’honneur que les Esprits nous ont accordé ?
Utiliser autant d’énergie pour simplement communiquer lui vrillait la tête, mais l’effort en valait la peine. Il était essentiel de maintenir l’ordre parmi les troupes. Sentant arriver ses limites, elle finit simplement.
-Les Esprits nous regardent ! La Légion ne tolérera aucune conduite déshonorante ! Nous sommes les descendants du Grand smilodon, nous somme l’espèce dominante de Néthéril ! Nous n’allons pas nous laisser intimider par la vermine pirate !
Rompant finalement le contact, la Danse-Fauve repris la tête du convoi, chevauchant son cheval-golem dignement, malgré la sérieuse migraine qui martelait son crâne. Elle connaissait son peuple, ce n’était pas aujourd’hui qu’il se laisserait marcher sur les coussinets.

31 Décembre 1763

A l’aube de cette nouvelle année, un calme inquiétant s’était emparé des marais. Encore sous le couvert des mangroves putrides, Sa’Hila, perchée sur Ta’Hiko, l’énorme tambour de guerre de la Légion, observait anxieusement le ciel maussade, égrenant son chapelet spirituel avec nervosité. Son esprit était occupé à ressasser leur plan de bataille, à mesure que les perles des Esprits défilaient sous ses griffes…
Le Geai-Moqueur, gravé sur une perle noire, et les autres Aériens, lui rappelait évidemment le réseau mental des spirites communicant. Les Geais, présents dans chaque groupes, était une des bases clef de leur stratégie. La communicaiton était essentielle dans cette bataille et Sa’Hila elle-même s’était arrangé pour marquer le plus grand nombre de Légionnaires avec son Amitiés du Geai-Moqueur, notamment les éclaireurs partis sillonner le ciel. Liant, par sécurité, son incarnation éthérée du Geai à Leksa, elle s’était ainsi assuré d’obtenir le plus d’informations possibles au moment même où ils observeraient la “ville” pirate.
Le Cheval, gravé sur une perle de bois laqué, renvoyait aux nombreux animaux dressés spécialement pour les batailles. Tous le savoir-faire des Garal en matière de dressage, se comptait à présent en centaines de félins, de rapaces et autres canidés prêts à accompagner les graärh à la bataille. Avec un pincement au coeur, elle essaya de ne pas penser au fait que la pluparts serviraient à déclencher les pièges disséminés partout dans le territoire ennemi. Car oui, Sa’Hila n’était pas dupe. Elle savait pertinemment que les pirates étaient sans honneur, et les pièges et autres traquenards étaient assurément la panacée des forbans. Les Fourmilions, alors, constituaient également une clef de voûte dans leur stratégie.
Puis passa la Vache et le Raton-Laveur, présents sur des perles de fluorite. Issus du duo des guérisseurs, les spirites constituaient l’arrière-garde de leur offensive, soignant les blessés avec leurs pouvoirs et leur impressionnant stock de potions préparés des mois à l’avance. Chaque grärh avait d'ailleurs obtenu une ou deux fioles d’antidote très puissant. Si les pirates attaquaient sournoisement, le poison était donc un arme toute désignée. A cela, Sa’Hila ne se permit pas de critiquer… car après tout, elle avait elle-même invoquer les enseignements du Scorpions pour ordonner que l’on enduise toutes les armes, de mêlée ou de jets, de bave de Khaanatma. Ainsi, une simple blessure ferait goûter aux pirates la douloureuse morsure de Néthéril, les privant de leur Esprits. Ils ne les méritaient pas de toute façon…

Parmi les Aquatiques, souvent des lapis-lazuli ou des saphirs, se trouvaient de rares Pingouins, Orques et Ragondins. Si la majorité des graärh étaient à leur avantages sur terre, de très rares évoluaient mieux dans l’eau. Utilisant cette rareté comme un avantage, une division entière de ces graärh nageurs avait donc comme mission, en compagnie des Léopards des neiges, de bloquer le port dans la glace. Les contingents de Gerridae, quand à eux, avaient pour mission de retrouver les graärh emprisonnés, présumément, sur les l’île aux chaînes. Les pirates étaient naïfs de croire que tous les graärh avaient l’eau en horreur… certains en faisait aussi leur force !

Enfin, le reste des Terrestres, était divisé en trois vagues différentes. Les Tribyoon Cerfs avaient étaient clairs dessus : la victoire ne s’obtiendrait pas en fonçant dans le tas, les pertes seraient trop grandes. Sa’Hila elle-même préférait envoyer ses troupes au fur et à mesure de l’évolution de la situation. La perfidie insondable des pirates lui faisant prendre milles précautions… la pire des crainte de la femelle étant que les Pirates ne fassent sauter la ville entière… La bataille pour le Baôli lui revenant trop facilement en tête, elle ne voulait pas ressentir la mort de centaines de Graärh en un instant…
Les minutes, terrées dans un silence angoissant, défilaient avant qu’enfin, le premier sang ne fût versé. Retenant un hurlement de rage, Sa’Hila prit note des informations qu’avaient obtenus les éclaireurs sacrifiés. Son coeur hurlait d’exprimer sa peine, mais elle se contint pour la pérennité de leur plan.La certittude que Leksa était en vie l’aidait à tenir le coup, sa marque n’ayant pas disparue et son Geai éthéré toujours lié à elle, elle obtiendrait des nouvelles de sa protégée tôt ou tard.
Pour l’heure, cet affront sonnait le coup d’envoi de l’offensive graärh. Sautant agilement en bas de son instrument de guerre, Sa’Hila, accompagnée de ses soeurs, Bahvika et Girija, ses deux golem-smilodon et de deux Pangolins, se saisirent de leurs armes et finirent pas ajuster leurs armures. Une fois prêts, Sa’Hila transmis ses premiers ordres, donnant le coup d’envoi.

-Mes frères, mes soeurs. Le moment est arrivé. Combattez dans l’honneur de nos traditions et dans le respect des Esprits ! Montrons à ces Sans-Poils que les bêtes, ici, ce n’est pas nous !

Dans la clameur des hurlements et feulements, Sa’Hila se saisit de son maillet et libérant ses pouvoirs, elle invoqua la loi de Néthéril en commençant à tambouriner Ta’Hiko. Comme une prière à la Grenouille et aux Esprits, le son, bas et profond du Tambour emplit l’air et le sol, déchaînant l’instinct guerrier des Garals. Ce coup d’envoi, tous pouvaient l’entendre et tous savaient quoi faire. La violente mousson invoquée par Sa’Hila et quelques autres puissants chamanes ne serait pas un frein pour les natifs de l’île. La mousson faisait partie de leur quotidien. Mais les pirates, eux, épargnés de ce climat par les marécages… allaient goûter aux pluies torrentielles, façon fureur du Kirin.



Ayant eu vent de ce qu’il se tramait chez leur ennemis, Sa’Hila entra la première dans le tas de planches et de bois vermoulu qu’ils osaient appeller ville, Sa’Hila aperçut sans aucun mal le plus laid, le plus abjecte, le plus perfide et sournois : Nathaniel, “Roi” des pirates. Ses griffes se reserrèrent plus fermement sur la poignée de sa lame et lentement, elle la leva vers lui. Cependant, à la différence du gredin provocateur, elle ne dit mot. Les graärh n’avaient pas besoin de grandes paroles pour s’exprimer. Une véritable pluie de flèches et de javelots de mêla à celle de la mousson. Ce n’était qu’un tir de barrage, plus destiné à impressionner qu’à réellement abattre le plus de pirates mais le message était clair : à trop tirer sur la queue du smilodon, on finissait toujours par se faire griffer.
Dans le regard bicolore de Sa’Hila, ne se lisait que la concentration. Malgré toute la haine qu’elle épprouvait pour cet individu, l’Aleeshaan ne relèverait pas son défi incensé. Ce n’était pas sa tête qu’elle prendrait, bien que la sensation de séparer son cou en deux fût très tentant. Il n’était que le visage de la cruauté, un avatar physique du cancer que représentait les pirates. Tout comme elle, il était remplaçable. Pirates et Graärh survivraient sans leur tête pensante, jusqu’à ce qu’elle repousse, comme une hydre immortelle. Seule l’anhiliation comptait. Mais pour l’heure, après la fuite du gros des effectifs de malandrins, c’était les esclaves, le portail et la destruction d’Athgalan qui intéressaient la cheffe. La mort de l’Orque ne serait qu’un bonus appréciable…

L'offensive étant lancée, Sa'Hila ordonna le deployment des troupes à travers la porte défoncée alors qu'elle-même et ses protecteurs se positionnaient sur les hauteurs. A défaut de servir de défense, elle lui permettrait d'observer l'avancée des graärh dans ce repaire de vipères.

#N'oubliez pas ! Restez groupés, ne vous séparez pas, vous n'êtes pas en terrain avantagé ! Que chaque Fourmilion fasse son possible pour détecter les pièges !#

Le fonctionnement naturel des Graärh en tribus facilitaient grandement la transmission des ordres puisque chaque escouades de Garal se formaient autour d'un ou deux Nayaak Alpha, un Geai Moqueur et le reste de l'unité. Ils étaient obligés d'avancer à pas de Loup et le temps jouait contre eux pour récupérer le portail, mais cela était nécessaire pour éviter les pertes inutiles...

#Et rasez-moi cette immondice de ville !#

Ce dernier ordre n'était pas du tout objectif et faisait écho au sentiment général...



Dernière édition par Sa'Hila le Jeu 28 Nov 2019 - 1:55, édité 1 fois

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La route jusqu'aux marais avait été bien plus douce pour Leksa ainsi que pour les spirites capables de voler. Les obstacles étaient inexistants, ou presque, lorsqu'on évoluait haut dans le ciel. Ces deux mois de marche, la jeune Trybion les avait donc vécu à grand renfort de battements d'ailes, utilisant Uloo Atmaa pour faire franchir les obstacles aux matériels des Graärh à mesure de leur progression sur l'île. Et lorsqu'elle commença à ralentir à l'entrée du marais, Leksa s'éloignait davantage du gros de la Légion avec les autres éclaireurs. Sous ses ailes, ses yeux de rapaces percevaient les corps crucifiés de ces semblables tandis qu'elle décrivait des cercles dans le ciel. Son cœur, à cette vision, c'était serré comme jamais auparavant. Ses yeux s'étaient mouillés de larmes de rage et une trille rageuse s'était échappé du petit bec de la chouette qu'elle était alors. Même la présence d’Heyra à ses côtés n'avait suffi à la réconforter. Quelque part, au fond de son esprit, Leksa se souvenait de sa première venue dans la cité pirate ainsi que de son enchaînement. Elle aurait certainement était l'un de ces crucifiés si elle ne s'était pas échappé…

Puis, tandis que les troupes continuait leur pénible progression dans les marais, Leksa s'était de nouveau éloignée avec d'autres spirites capables de se transformer en animal volant. L'appréhension lui nouait l'estomac, mais la jeune Trybion refusait de faillir. Elle comptait faire payer aux pirates les ignominies commises envers les Graärh, elle en faisait le serment.

whii-oh-hyo-hyo-hyo

Le cri d'alerte fit tourner la tête à Leksa. C'était Heyra qui signalait un danger. Le regard de la petite chouette se posa sur le geai éthéré qui la suivait de près, mais avant d'avoir pu entamer une manœuvre d'évasion, une flèche toucha Leksa dans l'aile et lui fit aussitôt perdre le contrôle de son vol. La chute vers la cité pirate risquait d'être douloureuse. Tombée au sol, sur le dos lui semblait-il, Leksa perdit presque aussitôt connaissance. Dans son coma, elle fut transportée par plusieurs pirates jusqu'au centre de la ville. Toutefois, dans sa semi-conscience, l'esprit de la Vanesse continuait à engranger les informations et les lui transmettre… C'était comme un murmure à peine audible à son oreille alors qu'on lui passait les fers.

Lorsqu'elle reprit connaissance, Leksa était assise à même le sol, le dos contre le bois. Ses chaînes, reliées au mur, alourdissait ses bras et teintaient de façon macabre. Marche-Flamme ne pouvait faire que quelques pas. Mais, blessée, elle n'en avait pas envie. Le mal était léger, mais suffisamment handicapant pour faire serrer les crocs à la guerrière, son armure lui ayant sans doute éviter le pire malgré tout. Un peu de chance dans sa malchance. Un grognement sur sa droite lui fit tourner la tête. Avec stupeur, Leksa découvrit un autre Graärh prisonnier, mais elle ne le connaissait pas. Il devait s'agir d'un esclave, ce dit-elle en poussant un ronronnement rassurant dans sa direction. D'autres lui parvinrent en retour, et d'un rapide coup d'œil la Trybion dénombra une douzaine de ses semblables. Ses poings se serrèrent de colère.

Leksa passa en revue les informations qu'elle avait obtenues pour se calmer. Elle n'avait désormais plus aucun doute : tout ceci était un piège. Et elle devait en informer le plus rapidement possible Sa'Hila afin d'éviter un massacre de son propre peuple, car les pirates ne comptaient pas gaspiller de vies pour leur part.

Quoi que.

Deux pirates entrèrent à ce moment précis, les mains chargée d'une caisse d'alcool chacun. Les feulements des Graärh présents ne les effrayait pas, au contraire, cela semblait même les exciter.  À ce moment, l'adrénaline faisait battre le cœur de la Trybion à la fourrure de feu aussi certainement que le tambour de Sa'hila. Leksa se métamorphosa alors en libellule pour échapper à ses chaînes et profita de l'effet de surprise pour attaquer les nouveaux venus une fois redevenue Graärh. Avec ses grosses pattes, elle les saisit à la gorge et serra le plus fort possible, jusqu'à ce que les os de la nuque craquent et que les corps tombent mollement par terre. Les bouteilles d'alcool se brisèrent dans leur caisse et leur contenu commença à se répandre sur le sol, souillant la fourrure des Graärh que  Leksa libérait un à un après avoir trouvé les clés sur le corps d'un des deux pirates.

" Les tambours de guerre… " Ces mots venaient de l'une des deux petites Graärh. Leksa ne leur donnait pas plus de quatre ans. C'était jeune mais cela devrait faire l'affaire. "Oui, et vous allez passer l'épreuve du feu aujourd'hui. " Répondit la Trybion. " Fouillez-les, prenez leurs armes. Récupérez tout ce qui pourra être utile. " Parmi les esclaves libérés, il y avait deux mâles à l'épaisse fourrure. Eux étaient bien loin de leur île mais acceptaient l'autorité de Marche-Flamme, même s'ils ne faisaient pas partie de la même Légion. Pour sceller ce pacte, Leksa saisit la dague brisée qu'elle portait à la ceinture. Cette lame lui faisait office de dague depuis que son frère lui avait offerte. Elle l'offrit au plus grand des deux Graärh de Nyn-Tiamat. " Je m'appelle Leksa, je suis Trybion de Vat’Aan’Ruda. Je vous offre ma lame et vois en vous mes frères.  Aujourd'hui, les Légions n'existent plus. Nous sommes simplement le même peuple. "

De sa sacoche, récupérée dans un coin de la pièce, Leksa récupéra de quoi désinfecter et bander sa blessure.

" Je suis spirite de la Vanesse. Les pirates ne comptent pas se battre. La ville est presque vide, mais il y a de nombreux pièges. " À cet instant, Leksa remarqua la présence du Geai éthérée. Ainsi, l'esprit de Sa'Hila était toujours avec elle, une aubaine ! La conseillère poursuivit, ragaillardit en sachant que son Aaleeshaan écoutait sans doute. " Surtout à l'entrée de la ville. Ces pirates espèrent éclaircir nos rangs sans combattre. "

Fermant les yeux un instant, Leksa se remémora les murmures de la Vanesse : Il y avait d'autres Graärh prisonnier non loin. Les pirates étaient plutôt vers l'extérieur de la ville, entourant son centre. Pourquoi ? Un mauvais pressentiment pris la jeune Trybion aux tripes. Même en libérant les prisonniers, les sans-poils les encerclaient et pouvaient les retenir dans leur étau… Et pourquoi ne pas simplement tuer les prisonnier et afficher leurs cadavres ? C'était étrange et Leksa flairait le piège, une fois de plus. Pourtant, elle avait en horreur l'idée de les abandonner. Tandis que chacun énumérait ses esprits-liés, Marche-flamme se pencha et approcha son museau de l'une des bouteilles brisées. L'odeur ne trompait pas sur le contenu, mais pourquoi venir avec de l'alcool ici ? À moins qu'il s'agissait d'autre chose et que l'odeur masquait le principal ?

" Avez-vous déjà vue ces bouteilles ? Je ne comprends pas pourquoi ils sont venu avec. Certainement pas pour fêter avec nous. " Elle se redressa et se tourna vers l'une des jeunes Graärh. " Toi qui es Geai Moqueur, trouve Kamda Aaleeshaan et transmet lui toutes ces informations. Mais surtout : ils ne doivent pas forcer la porte. Ils ne devraient même pas entrer dans la cité mais plutôt se débrouiller pour empêcher les pirates de partir. Tu as compris ? " Elle se tourna vers les deux Trands. " De nombreux frères et sœurs sont prisonniers aux alentours. La zone est truffée de piège, mais essayez de les libérer. Vous serez plus rapide et plus discret à deux. Pour ma part, je vais aller vers le port en empruntant la forme de la Libellule. Les pirates y ont entreposé quelque chose et cela leur demande beaucoup d'attention, je veux savoir ce qu'il en est. Rejoignez-moi dès que possible. " Ordonna-t-elle aux derniers Graärh à qui elle n'avait pas encore donné de mission.

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Quelle meilleure façon de saluer le panthéon ? Marquer la fin d’une année entière d’évolutions, d’épreuves, de planification et de liens par un corps à corps sauvage au sein d’une ville coquille, d’exacerber tout ce qui avait été engrangé, mûrit, construit pendant tout ce temps pour le laisser pleinement fleurir en ce lieu consacré. Laisser s’exprimer toute la substance de leur condition en un épitome de passion divine, la sublimation de l’être. Voilà ce qu’était cet instant : une fête orgiaque en l’honneur de leurs créateurs. Un rituel, un sacrifice, une prière absurde de fièvre religieuse. Fidèle dévot, il ne pouvait refuser sa participation à un tel cérémonial. Fidèle fils, il ne pouvait manquer cette occasion de poser une pierre supplémentaire au culte que la piraterie allait vouer à son père. Les créatures qui approchaient du berceau de la piraterie n’étaient, en fin de compte, qu’un réceptacle, un catalyseur. Néanmoins, malgré ce statut, ou sans doute en raison de ce statut, il se devait d’aborder les préparations de la bataille avec une infinie méticulosité. Pour la première fois, une entité se prétendant ennemie des pirates venait jusqu’à eux, ici même, à Athgalan. Agir avec légèreté n’aurait pas été rendre hommage à la sacralité de cette tumultueuse prière. Il devait l'honorer et leurs catalyseurs avec.

Scion du culte sombre, il ne se laissait, cependant, nullement aveugler par sa ferveur, son esprit ancré dans de pragmatiques considérations. Nathaniel désirait faire le plus de victimes possibles, se couronnant dans le sang des natifs pour baptiser l’aube nouvelle offerte à la confrérie. L’objectif était plus nébuleux qu’il ne le semblait à première vue, et l’inférieur s’y méprenait certainement, mais pas lui, pas le Père, serviteure de Vie et Mort. Tueur entraîné, oint par le culte, il y voyait là d’inconstantes barrières. Quelle base comparative devait servir ? Devait-on envisager une suppression totale ? Etait-ce matériellement possible ? Et surtout, comment offrir le don de Mort à autant d’âmes sans une magie de haute volée ? Mais la confrérie ne manquait nullement d’ingéniosité, et ils avaient présidés à la mise en place d’une vaste entreprise dédiée à l’accomplissement de la volonté de leur souverain. La commande de son père n’était que la moindre de ses contributions personnelles. Il y en avait une autre, si l’on omettait les esclaves accrochés au sein de la ville coquille. Mais il désirait attendre encore un peu, avant de libérer ses créations. Elles étaient trop précieuses pour être hâtivement dilapidées. Le moment viendrait, bientôt, mais avant cela ? Il y avait à faire.

En prévision de cette journée sacrée, le scorpion avait préparé plusieurs boutures de chair appartenant à son père, afin de se doter d’un esprit-lié différent, si le besoin se faisait sentir. Mais là encore… il attendait. Son père, en retour, possédait à présent ses trois esprits. Comme lui, il disposait d’un avantage en cela. Comme lui, il attendait. Ombre silencieuse, il s’était tenu à disposition de son souverain tout le temps que dura l’avant-propos, ayant déjà donné des ordres à ses propres hommes, n’attendant que le bon vouloir, l’amorce de l’homme auquel il avait dédié sa vie. Et lorsqu’il donna ses ordres, Teotl s’y plia. Il devrait donc supprimer les gêneurs. C’était une décision tout à fait adéquate et il comptait l’honorer bien que cela laissa les commandes des pièges à leurs inférieurs. Il prit la pierre de communication, ainsi que l’elixire avec un remerciement silencieux, puis quitta les lieux. Il devait s’assurer que ses hommes avaient bien fait leur travail. Chaque élément faisait partie d’un tout dont ils ne pouvaient pas se passer. Le premier d’entre eux était de répandre sous la ville une matière inflammable issue du savoir de leur alchimiste, Demens Torqueo. Une substance qui résisterait à l’humidité ambiante afin de pouvoir rester dormante. Une substance qui ne serait enflammée qu’en cas de percée majeur des natifs.

Avant de rejoindre ses deux aides, au moment de quitter son père, il commanda à leur duo des marais de prendre position. Au nombre des stratégies mises en place, ils devaient, entre autre chose, parvenir à attaquer et occuper les natifs sur plusieurs fronts pour gagner du temps. Pendant que l’attention des graärh serait focalisée sur l’avant et l’entrée dans la ville, aidée en cela par la présence de Nathaniel au premier plan, ils allaient envoyer deux hommes attirer les monstres des marais avec du sang, et les conduire auprès des lignes arrières natives afin de les désorganiser et de les morceler. Il sacrifiait là deux des initiés du culte, mais c’était un investissement dont les fruits lui agréait, s’ils venaient à périr. Ses initiés n’avaient pas peur du trépas, cette notion si terrifiante pour tant de mortels. Leur religion respectait, glorifiait la mort comme un état de plénitude. Une marche dans l’immense roue de la réincarnation, une ouverture des possibles. S’ils mourraient, ce serait en paix et dans la ferveur. Les deux hommes, stationnés à l’extérieur de la ville, recevraient rapidement le message de débuter leur tâche. Lui avait une bête à chasser, semblait-il. Le message lui était parvenu via la pierre de communication. Il confirma, sans faire part de sa pensée personnelle puis s’intéressa au problème que cela lui posait.

Le maître du culte noir passa en revue, intérieurement, ses objectifs, ses outils ainsi que les hommes à son immédiate disposition pour accomplir tout ce qu’il désirait accomplir. La précipitation était la faiblesse des désespérés. Le graärh dont son père désirait la mort, s’il n’était pas idiot, ne serait pas resté sur place, pas dans le lieu où il avait été conduit par les pirates, en tout cas. Laissant la pluie soudaine imbiber sa capuche et ses cheveux, puis le reste de son corps sans en paraître incommodé. Bien. Que ferait-il, s’il était un graärh éclaireur tombé dans une ville adverse inconnue et dangereuse ? Il tenterait de s’échapper. Certes. Mais il était un pirate et avant cela, un tueur. Il n’était pas dompté par des notions comme l’honneur ou la droiture. En ce jour, s’il devait sacrifier tous les pirates, trahir tous ces hommes, pour préserver son père, il le ferait sans un regard en arrière, sans une hésitation. Penser à ce que lui aurait fait n’était donc pas forcément une bonne idée. Lui aurait fait retraite. Peut-être devait-il justement prendre l’inverse de ce que lui aurait fait. Que ferait une créature loyale et honorable ? Risquer sa vie pour libérer les siens esclaves, probablement. Ou poursuivre sa mission. Ce serait l’un ou l’autre, ou l’un puis l’autre.

Va chercher les petits

Il avait donné l’ordre d’une voix douce et tranquille et laissa son initié se détourner pour répondre à sa volonté tandis qu’il tirait d’une petite boîte de bois un morceau de chair séchée qu’il happa promptement avant de replacer le contenant dans un pli de sa ceinture. Intérieurement, viscéralement, il sentit son lien avec l’Antilope s’affaiblir, et être remplacé par un lien d’emprunt avec l’Orque grâce au festin du Vautour. Se donnant un instant, il étendit son influence à l’eau alentours, surveillant l’emplacement initial du graärh ainsi que toute la surface accessible limitrophe. Elle était éloignée, cependant. Il avait besoin de s’approcher davantage afin de faire ce qu’il désirait faire. Avant cela, cependant, il désirait s’assurer qu’on s’en tint à ses demandes. Grâce à son père, il avait un stock conséquent de matière première à utiliser et comptait faire honneur à la générosité du roi. Ses hommes revinrent avec une cage de graärhons en bas âges, issus de reproductions forcées des esclaves de la ville. Originellement destinés à être tués et transformés en vêtements de fourrure pour la campagne de Licorock, ces jeunes créatures allaient être promptement recyclées. Protégeant les torches portées par ses hommes grâce aux pouvoirs de l’Orque, considéra la cage.

Sortez trois de ces rejetons, mettez-les dans une autre cage, puis enduisez celle-ci et son contenu de poix. Enflammez le tout ensuite et utilisez un sort d’augmentation de son pour permettre de diffuser leurs hurlements dans tout le quartier

Si l’éclaireur ailé était encore là il entendrait. Avec un peu de doigté, le reste de l’armée graärh entendrait également d’ailleurs, les hurlements de souffrance désespérée des jeunes tandis que leur chair douce fondait lentement. Si d’autres graärhs libres se montraient pour aider les jeunes, il saurait que l’éclaireur avait rejoint certains des siens. De son côté, il laissa ses deux hommes protéger leur oeuvre tandis que lui, devenu invisible grâce à son manteau, grimpait sur l’une des maisons afin de prendre de la hauteur et d’avoir un meilleur panorama. De là, il utilisa la puissance de Sthéno afin de rechercher les émanations énergétiques et afin d’allonger sa vue vers le port, juste au cas où. En vérité, qu’est-ce que cela apporterait, de dissimuler leur objectif d’emporter le portail avec eux ? Les graärh devraient forcer le passage en ville pour atteindre le port et s’ils se dépêchaient trop, ils se livreraient à leurs pièges. Ils ne pouvaient pas essayer de contourner la ville par la mer, car leurs navires feraient alors feu. Il avait laissé dans le port nombre de petites embarcations destinées à une seule personne, pratiques et simples à utiliser, mais toutes infectées par l’alliage de son navire, la chair qui hait, et toutes piégées. Non le port ne leur serait d’aucune aide et en tout dernier recours… il avait placé de quoi faire exploser le portail et son équipage avait ordre de faire feu sans hésiter.

De la cabane dans laquelle aurait dû être enfermé l’éclaireur sortaient deux Trands mâles. Une inspection au travers de son regard magique lui apprit qu’il y avait encore quatre esclaves à l’intérieur. Est-ce que l’un d’eux était l’éclaireur ? Dans tous les cas, laisser des esclaves en liberté n’était pas une bonne idée. Enfin, sauf si c’était volontaire. Il éleva sa main et usa de l’un de ses deux anneaux de murmures afin de prévenir Ethil, l’un de ses deux lieutenants pour cette bataille et qui allait avoir la lourde tâche de mettre en marche l’un de ses plans. Pendant plusieurs semains, mois, il avait fait croire à un petit groupe d’esclaves qu’une présence alliée se trouvait à Athgalan, grâce à un spirit du serpent. Lorsque la nouvelle de l’approche de l’armée native s’était échouée dans la ville, cet allié fictif avait alors préparé un plan pour faire s’échapper les graärh, qui devaient rejoindre l’Aaleshaan avec des informations censément importantes puis combattre aux côtés de leurs frères. L’heure était venue, et d’ici quelques instants, leur allié fictif serait là, les libérant. On leur avait donné à boire et à manger, afin qu’ils reprennent des forces. Et bien entendu, à défaut d’eau, c’était l’alcool qui avait été utilisé. Le même alcool que l’on avait donné aux esclaves du centre-ville. Le chemin avait déjà été désigné, contournant le creux de la péninsule de l’humanité sous les pilotis jusqu’à la porte des monstres. De quoi aider son père à ralentir les félins. Et pendant ce temps, il devait absolument trouver cet éclaireur.

Toujours invisible, il descendit de son perchoir. Les Trands barraient son passage immédiat vers la hutte et s’il aurait pu les contourner totalement, il voulait réduire la menace immédiate. Pour cela, une seule piqûre de son dard serait suffisante, et il pourrait ensuite s’esquiver et avancer. Il voulait vérifier les alentours avant de prendre une direction, que ce soit le port ou l’île des chaînes et son appeau flamboyant aurait peut-être fait effet entre-temps non loin de là.
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26 Octobre 1763
Vat'Aan'Ruda


La légion goûtait à un silence de mort. La lune dominait au-dessus de Vat'Aan'Ruda telle la lame d’une faux et le camp était éclairé par ses rayons d’argent. Asolraahn observait placidement les légions de Graärhs en contrebas. Ils étaient des milliers, mus par la volonté de libérer leurs frères et sœurs du joug d'Athgalan la perfide. Demain, ils se lanceraient à l’assaut des marécages et de l’anse boueuse de la cité pirate. Des cris de morts et de guerre résonneraient entre ses murs et le sang napperait la terre d’une couleur pourpre. Le géant opalin scruta les terres au loin, menant vers le canyon. L’espace d’un instant, il demeura parfaitement immobile, figé en une statue de granit blanc au milieu des arbres de la savane. Le vent des îles souffla sur son pelage, amoncelant des nuages lourds d’orage. Il reprit instantanément vie. Il se retourna, s’assit en posant son bâton au creux du tronc d’un baobab. Il prit une besace qu’il portait au côté et épousseta le sable qui s’y était déposée. Il farfouilla ensuite à l’intérieur et récupéra la breloque qu’il tint serré dans le creux de sa main, un petit globe potelé en bois de frêne, typique de sa terre natale. Il le secoua et la musique d’un son percussif, chaotique, s’empara de ses oreilles. Asolraahn ferma les yeux. Il s’agissait d’un objet pourvu de grands pouvoirs et d’un puissant enchantement : Il avait le don de le détendre. Dans ce lieu brûlant, précipitation et excitation revenait à un arrêt de mort. Pourtant, bien des raisons l’amenaient à de tels tourments.

Il pensait au voyage vers l’Ouest, aux périls que la fureur de deux peuples voués à la guerre allait provoquer. Il pensa aussi à son propre voyage, à la quête qui l’avait poussé à venir sur ces terres serties par le calme. Sa fille Taar’Melaah était toujours aux mains des pirates. Bientôt, si les Esprits le voulaient, il la retrouverait et la libérerait de leurs chaînes. Enfin, après des années passées à la chercher jusqu’aux confins du monde, il était proche d’atteindre son but. Pourtant, jamais dans sa vie le géant opalin n’avait autant craint de réussir ; Car s’il approchait du repaire de ses ravisseurs, il était incapable toutefois de savoir ce qu’il allait y trouver : De la joie ou les déboires et le chagrin ? Il savait les écumeurs des mers impitoyables, cruels et pervers. Sa fille était-elle seulement encore en vie pour justifier la valeur de son périple ? Le géant opalin imagina son cadavre écharpée et en sang, tordue par la douleur. Il frissonna. Si les pirates lui ont fait quelque chose, songea-t-il, je leur arrache les boyaux pour les étrangler avec.

Les pirates… Leur vilénie n’avait d’égale que le sang qu’il laissait derrière eux, ainsi que les foyers en flammes qu’ils conduisaient à la ruine. Asolraahn en avait été témoin. Il revit son village, aujourd’hui un hameau de cendre qui avait fait basculer sa vie. Il avait perdu son titre, son rang, quitté son ancienne existence pour rejoindre une voie à l’issue incertaine. Et maintenant ? Il allait devoir retrouver sa fille dans la cité des perfides, dans ses décombres fumants s’il le fallait ! Une grande bataille allait avoir lieu, une bataille terrible qui condamnerait à coup sûr des milliers de vies. Les Garal étaient forts, mais l’ennemi qu’ils allaient affronter ne l’était pas moins. Le géant opalin avait confiance dans ses shikaaree, et dans tous les guerriers qu’il avait entraînés. Il les savait déterminés, braves et intrépides. Mais il savait aussi que certains d’entre eux ne reviendraient pas des marécages.

Il cessa d’agiter sa breloque et le son mat disparut dans le murmure du vent. Il se releva et alla récupérer son bâton. Un bruit dans les frondaisons attira son attention. Asolraahn releva son arme et la pointa directement sur la forme noire qui venait de surgir devant lui. Mais il arrêta son geste au dernier moment. C’était un graahron qui se tenait au-dessus de lui. Le petit semblait être venu pour la même chose que lui, sur cet arbre surplombant la légion. Le géant opalin émit un doux ronronnement, tendit son bras. L’instant d’après, la petite boule de poil parvint sur ses épaules puis descendit le long de son pelage avant de toucher le sol d’un saut agile. Il se retourna :

-Qu’est-ce qu’il a, ton œil ? demanda-t-il d’une voix aigue, aucune peur pourtant ne se décelant dans ses yeux.

Les coussinets du géant opalin s’étirèrent dans un sourire :

-Un vampire m’a marqué pour me signifier un pacte d’amitié éternel.
-Ca a dû être très douloureux.
-Bien sûr ! Aussi douloureux que les coups de bâton que je lui ai envoyé après ça.
-J’en ai jamais vu, mais mon père, il en a tué des centaines. Il dit qu’il ne faut surtout pas s’en approcher.
-Un Graärh avisé, ton père. Où est-il ?
-Il part sauver mon frère et ma sœur à l’Ouest.
-Je vois.
-Il dit que je dois rester ici, que ma place est avec les autres graahrons afin que je devienne fort et que mon peuple prospère à travers moi. Mais pourquoi ne puis-je pas partir avec lui ? Je pourrais aider.
-Ton père parle sagement, petit. (Il mit un pied en terre et posa une patte sur sa petite épaule) Ecoute-moi. Rentre chez toi et aide les tiens à la tâche. Prépare le ragoût, bâtis des wigwams et continue à te battre chaque jour.
-Mais je veux aller avec lui.
-Là où il se rend, tu ne peux le suivre. Aide-le en tenant ta promesse, en grandissant et en devenant un Graärh fort. Penses-tu pouvoir le faire ?
-Je crois oui.
-Bien. Maintenant, rentre à la maison. Allez, plus vite que ça !

Asolraahn vit le graahron détaler comme un lièvre et disparaître dans les ombres de la savane. Bon garçon, pensa-t-il. Il revint près de l’arbre à son côté. Il toucha le tronc, d’abord du bout des doigts puis de la patte. Il ressentit la vie qui en émanait et ronronna :

« Toi au moins, tu n’as pas de doutes, ni de soucis, ni de remords. La mort pourrait frapper que même tes feuilles n’en trembleraient pas. Comme je t’envie, parfois. Puisses-tu garder ces terres pendant notre absence. »

Le géant opalin descendit rejoindre les siens.

∙・❊・∙

15 Décembre 1763


Ils se dirigèrent vers l’Ouest, au-delà de la savane et de ses adansonias, au-delà du désert. Ils franchirent le canyon par le Nord, où même les Graärhs les plus impétueux n’osaient s’aventurer seuls. Le voyage fut long, le chemin pas toujours tracé. L’impatience latente qui prenait les shikaaree à chaque heure était plus perceptible que la chaleur et le sable. Combien de temps encore cette marche allait-elle durer ? Combien de temps encore avant de percer l’abcès purulent qui s’était emparé de Néthéril ? C’était cette idée qui maintenait la force des Graärhs.

Mais lorsqu’elle arriva dans les marécages d’Athvamy, la légion n’eut plus à chercher son chemin. La direction n’eut plus réellement d’importance. Les Graärhs s’étaient mis à avancer en silence, trempés, transis. Les yeux emplis de chagrin et de haine, ils observèrent le sentier tracé par les pirates, balisé par de grandes grues vêtues de noir qui grinçaient à cause du bois pourri.
Et sous le poids des corps.
Au beau milieu de ce tableau infernal, massé avec la tribu qu’il accompagnait, Asolraahn s’arrêta. De la grue pendait des cadavres de Graärhs, la tête en bas, figés dans des expressions de profonde horreur quand la chair n’avait pas encore été dévorée par les charognards du marais. Du sang s’échappait encore de leurs blessures, coulant le long de leur dépouille massacrée, se coagulant par plaques sur leur pelage.
La haine du géant opalin pour les pirates n’en fut que décuplée et son regard avait de quoi faire pâlir. Il vit un jeune guerrier agenouillé dans la boue, ronronnant de douleur. Il le rejoignit et le releva en posant son front contre le sien :

-Il n’y a plus rien à pleurer, frère. Ce n’est plus que de la chair morte et leurs âmes ont rejoint leur Esprit-Lié. Être dévoré par le chagrin salirait la détermination avec laquelle ils ont affronté leur destin. (Il le fixa ensuite droit dans les yeux) Lorsque tout sera terminé, nous reviendrons brûler les morts et nous ferons leur deuil comme il se doit.

Le shikaaree resta impassible l’espace d’un instant, puis acquiesça sans mot dire, en prenant une lourde inspiration. Tout à coup, la voix de la Kamda Aaleeshaan résonna à l’intérieur de leur conscience. Le géant opalin écouta et son cœur gronda d’une détermination nouvelle. Autour de lui, les Graärhs ronronnèrent d’assentiment, la poigne avec laquelle ils tenaient leurs épées se serra de colère. Un nouveau souffle avait pris la légion, un souffle vengeur et animé par la force des Esprits-liés. Par la suite, ils suivirent le chemin des grues, découvrirent d’autres scènes macabres, mais ils ne détournèrent plus le regard, et repoussèrent le chagrin hors de leur conscience.
La légion reprit sa route de plus belle.

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31 Décembre 1763


Le géant opalin s’arrêta en posant son bâton dans la terre boueuse. Il plia et déplia ses bras et ses jambes afin de les étirer en un seul mouvement, puis remit en place d’un grand geste de la patte son éparse crinière blanche. Derrière lui, les Graärhs d’une tribu le suivaient deux pas derrière, attendant ses ordres. Comme lui, ils portaient un plastron bordé de cuir et des casques recouvert de peau, dont les protections pour les oreilles, en forme de larmes, descendaient jusqu’au menton. Les Graärhs étaient excités, mais plus que tout, ils désiraient de tout cœur punir les orgueilleux pirates.

Asolraahn raffermit la prise sur son bâton. Son poing au long pelage vibra tout autour, trahissant une froide colère mêlée à de l’excitation. Enfin, il était arrivé au terme de son voyage. Car face à la légion, surgissant des ombres, perclus dans sa fourberie, se tenait Athgalan, une anse boueuse, malodorante, et le gîte de la confrérie des pirates. Là-bas, une vie n’avait pas de valeur et il n’y avait ni lois ni règles. Il n’y avait que la violence, et ceux qui étaient suffisamment viles pour s’en servir. Tout était permis, rien n’était interdit. Tant mieux, songea le géant opalin avec un regard mauvais. Les Graärhs de la tribu qu’il accompagnait attendaient le commandement de Danse-Fauve. Ils avaient le même regard. Féroce. Intrépide. Vengeur.

La voix de Bhediyon-ke-saathi survint de nouveau, emportant Vat'Aan'Ruda dans la fièvre de la guerre. Du ciel sombre et voilé d’un rideau de plomb tomba une averse d’une violence phénoménale. Asolraahn poussa un long feulement féroce, brandit son bâton et chargea la cité. Il entendit à peine les tambours de guerre derrière lui, ainsi que le grondement des cors et des olifants, car la légion chargea avec une telle furie que le vacarme se répercuta sur plusieurs lieues à la ronde. Elle s’enfonça sur la porte comme l’eau sur un récif. Asolraahn feula de nouveau et huit Graärhs portant un gigantesque tronc taillé pour devenir un bélier de plusieurs tonnes séparèrent la légion en deux, et vinrent écraser ce dernier sur la porte dans un bruit de tonnerre. Ils répétèrent le mouvement trois fois. La porte trembla et des fissures jaillirent. Un nouveau coup. Cette fois, les battants s’effondrèrent et la porte se brisa.

La légion déferla à l’entrée de la ville et le géant opalin arriva sur des plateformes en bois reposant sur des pilotis. Plus loin, il en vit d’autres s’étendant dans toute la ville, soutenant les bâtiments dans un archipel tentaculaire. Il n’y avait pas de fortification et nul homme ne les attendait.
Excepté un. Leur roi, si un tel titre pouvait être porté par quelqu’un parmi des voleurs et gredins insidieux. Une volée de flèches eut raison de ses provocations et le géant opalin vit la silhouette en recevoir une dans le genou. Asolraahn se pourlécha les babines. Il se demandait s’il pouvait être assez rapide pour le retrouver dans ces sombres ruelles. Il se demandait aussi quel bruit ferait ses os s’il les brisait un à un. La voix d’un Graärh sur sa gauche rugit à travers le chaos :

-Faites taire vos pas ! Les ponts sont piégés !

Il fixa avec empressement les spirites du Fourmillon, puis se détourna pour regarder la ville, ses chemins de cordes, ses passerelles et ses pontons. Il y en avait tant ! Il serra ses longs crocs. Que pouvait-il faire ? Attendre ici que chaque chemin soit sûr et avancer à tâtons entre les plateformes ? Impossible ! Les pirates seraient partis bien avant que la moitié de la ville n’ait été libéré. Mais alors comment passer outre ? Asolraahn examina les alentours, mais fut interrompu par un cri à glacer le sang : un son surnaturel, perçant et macabre qui fit se dresser le pelage de chaque Graärh autour de lui. Les lanternes qui luisaient sur les piliers de bois tremblèrent, certaines se brisèrent sous la force du son. La légion manqua un battement de cœur, tandis que le grognement désespéré retentit à nouveau. Le géant opalin écarquilla les yeux et agrippa sa poitrine de la patte. Dans la pluie torrentielle, la voix lui parut horriblement familière. Sa gueule s’ouvrit et se referma sans dire un mot avant qu’un hurlement terrible ne s’en échappe. C’était un graahron que l’on mutilait là-bas. Etait-ce elle ? Etait-ce sa graahron ? Sa Taar’Melaah ? Le géant opalin n’osait pas y penser. Les cris continuaient sans s’arrêter, ne semblaient plus avoir de fin. La pluie battait encore. Le tonnerre gronda. Ou était-ce encore un autre hurlement sauvage ?

Asolraahn se retourna vers sa troupe et ordonna furieusement :

-Faites venir les spirites du léopard des neiges ici, et vite ! Ces sales fripons des mers veulent qu’on avance dans leur trou à rat ? Ca me va ! On va avancer à notre manière et construire notre propre chemin là où il le faut, en important un petit élément de mon patelin. (Sa voix se durcit encore) On va geler la boue pour faire de petits chemins de terre et traverser leur bourbier ! Je veux deux chemins de glace par plateforme, et le moins large possible. C’est sur la longueur qu’on veut avancer. On ira en rangs serrés jusqu’au centre de cette abomination ! Et si vous n’avez plus d’énergie, pulvérisez-moi leurs baraquements, balancer des troncs d’arbres s’il le faut ou tout ce qui vous passe par la tête pour nous frayer un passage !

-Ce sera toujours moins laid que leur pont, plaisanta quelqu’un.

De petits ronronnements s’emballèrent dans la tribu. Asolraahn hocha la tête :

-Bon raisonnement !

–Et que fait-on pour le roi des pirates ? Il est juste là, patientant, à nous narguer.

–Ce bouffeur d’agrumes est blessé et aura du mal à nous distancer dans sa ville-morte. C’est notre chance ! Il sait sûrement où se trouvent nos petits. Il faut le capturer, lui ou un de ses sous-fifres pour lui faire cracher le morceau. (Il montra la ville de son bâton) Parce que là-bas, des graahrons sont en train d’être emmenés à l’abattoir. Nos graahrons. (Des têtes se baissèrent mollement) Eux m’importent plus que tout. Il faut les retrouver et les libérer, dussions-nous faire s’effondrer toute la ville. Le reste ne vaut pas un pet de chibi pour moi. Allons-y !

Certains chefs de tribus se massèrent étroitement autour du géant opalin tandis que celui-ci exposait à nouveau son plan d’action prévu. Chaque tribu se vit attribuer une cible spécifique et prit connaissance du chemin le plus rapide. Asolraahn leur conseilla d’avancer sur les petites plateformes car si elles n’étaient pas sans risque, il était certain que les plus grandes étaient mortellement piégées. Quelques minutes plus tard, le branle-bas de combat reprit et les Léopards des neiges se mirent à l’œuvre. Un sifflement s’échappa de la boue et de l’eau de mer, et de petits cristaux de glace commencèrent à se former. Le givre s’empara alors totalement de la matière visqueuse, devenant dure comme de la pierre. Les spirites tâtèrent de leurs armes, testant la solidité de leur création. Puis ils firent signe en direction des troupes, et les tribus se déployèrent, avançant avec prudence sur le verglas glissant.

Arrivant sur l’une des plateformes où le terrain se révélait traître, Asolraahn avisa froidement un bâtiment soutenu par un vieux palétuvier tordu. Le géant opalin s’en approcha, toucha l’arbre centenaire de Tarama Tish, son bâton en bois de Keet-Tiamat, et implora l’aide de l’arbre. Au-dessus de lui, le bâtiment trembla. Sa structure se disloqua soudainement et dans un grand bruit, les racines de l’arbre prirent vie et jaillirent du sol. Elles s’enlacèrent en de fines lianes noires et agrippèrent la plateforme la plus lointaine.

Les colonnes de shikaaree se formèrent dans le repère des pirates, s’enfonçant dans l’anse. L’orage approchait, des éclairs zébraient l’horizon. En tête, Asolraahn avança en rugissant de colère.

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¤ Trop tard ! ¤

Que signifie être le roi des pirates ? Cela se résume-t-il à être le plus immonde de tous les salopards peuplant ce monde ? Non, bien sûr que non. Un tel titre, une telle fonction ne peut se résumer à être un salaud, même le plus illustre et le pire d’entre eux. C’est toutefois une des composantes ! Comme le fait de ne pas avoir deux sous de moralité. Ou encore d’être épris de nombreux vices et surtout de les assumer. Cependant, comme tous les rois, il faut avoir une poigne de fer, une autorité, ne pas se laisser chier sur les bottes par le premier chat venu. Mais ce qu’il faut surtout, c’est être un visionnaire, vouloir réaliser quelque chose de grand … mais qui est bien sur égoïste. Un roi pirate ne pense pas aux autres, il pense d’abord à lui-même et il utilise les autres pour y parvenir. Et si ceux qu’il utilise en tirent un bénéfice, tant mieux ! Mais pour être un bon roi pirate, il faut savoir donner de sa personne, se mettre en avant afin d’être craint et respecté. Personne ne suivrait un poltron. C’est surement pour cette raison que Nathaniel avait choisi d’être en première ligne aujourd’hui … et seul. Enfin, non pas là, mais l’une des raisons. Être un roi pirate signifie avoir un minimum de jugeote, d’intelligence … mais aussi de folie. Surtout de folie. Il faut être fou pour vouloir délibérément être à la tête de tous les enfants de putain du monde.

Qu’espérait Nathaniel en se postant à l’entrée de la ville ? Se faire voir ? Se mettre en scène ? Bien sûr que oui ! L’elfe aimait être sous le feu des projecteurs. Il aimait mettre en avant sa personne, la faire resplendir, afin qu’on le respect et qu’on le craigne. Il voulait que chaque membre l’armée graärh pisse dans ses braies en le voyant. Mais il y avait plus bien sûr. Si Eärendil s’était mis devant c’était pour une bonne raison. En tant que roi des pirates, il incarnait Athgalan, tout son vice, toute sa perfidie. Il était la cible à abattre. Ainsi il avait choisi d’être le bourdon qui voletterait au-dessus de sa cible, pour venir le titiller de son dard afin de l’exacerber. Les habitants de la Perfide avaient travaillé dur pour mettre leurs visiteurs en émoi. Mais il lui appartenait à lui et à lui seul d’apporter la touche finale. La cerise sur le gâteau en quelque sorte. Même si le gâteau était ici empoisonné. Un magnifique pudding à l’arsenic qui empoisonnerait l’esprit de ceux qui viendraient le gouter avant de blesser leur chair.

« BIENVENUE À ATHGALAN ! »

La voix du gredin éclata en même temps que la porte des monstres sous le bélier des attaquants. Athgalan était telle une catin et les Graärh allaient la prendre, mais comme la plupart des filles de joie, il faut prendre garde et bien se protéger, car on est assuré d’attraper les pires maladies du monde. Malheureusement, les matous n’auraient pas la chance de repartir simplement avec une chaude pisse ou bien la syphilis. Mais bien l’esprit brisé, la chair lacérée et l’âme amère. En ce lieu damné, il n’y a point de victoire, seulement la défaite.

On dit que les pirates sont des goujats, mais les graärh le sont tout autant. Alors que leur roi en personne se déplaçait pour accueillir les visiteurs et leur souhaiter la bienvenue, ceux-ci ne le saluèrent même pas. Quel manque de savoir-vivre ! Une vraie bande de chat de gouttière. Cela apprendrait au gredin à faire des efforts. En lieu et place de salutation, les graärh bandèrent leurs arcs en sa direction. L’elfe chuchota alors.

« Billy, reste bien caché à l’intérieur et évite de faire du bruit. »

La corde vibra et les flèches furent décochées alors que les battements d’un puissant tambour s’élevaient. Une pluie battante se mit à s’abattre et aux gouttes d’eau vint se mêler les flèches d’un tir de barrage. L’elfe sombre sentit son esprit bourdonner et le temps sembla se ralentir pour lui. Le gredin plongea sur le côté, avant de positionner ses mains contre le sol pour effectuer une roue et poursuivre son déplacement sur la droite. Une fois de retour sur ses deux pieds, il se pencha en arrière avec souplesse alors qu’une flèche manquait de peu de lui toucher le visage. Il déplaça ses bras afin que les projectiles passent à côté sans les toucher. Puis il se redressa, un sourire aux lèvres. Quand soudainement, une flèche retardataire vint se figer dans son genou gauche. Nathaniel étouffa un grondement de douleur. Un air profondément méprisant s’empara de visage. Sérieusement, toutes sauf une. Il mettrait la main sur le graärh qui avait osé le blesser, l’écorcherait et utiliserait sa fourrure pour se torcher le séant ! L’elfe vint briser la tige de la flèche et sautilla quelque peu en arrière pour commencer à prendre de la distance alors que les graärh se mettaient à avancer. Il remarqua toutefois que leur progression fut rapidement freinée. Ayant copié l’esprit lié de l’ornithorynque via la poupée créée à partir de ce cher Ilhan, il sentit la présence de nombreux fourmilions. Les choses allaient se compliquer … quelque peu. Mais à défaut de se prendre des pièges, au moins seraient-ils suffisamment ralentis. La ville en était remplie. Cela leur prendrait de très longues heures. Heures qu’ils n’avaient bien sûr pas.

Finissant par se retourner, le roi des pirates continua à clopiner. Toutefois, cela le ralentissait … un peu. Fort agile il parvenait à maintenir l’équilibre nécessaire pour avancer suffisamment vite et sans aggraver sa blessure. Il la ferait soigner dès qu’il en aurait l’occasion. Au pire, la potion de transformation en graärh était là dans ce genre d’éventualité. Alors qu’il approchait de la bordure du ponton sur lequel il se trouvait, un graärh bien différent des autres s’avança dans la troupe, un large et long bâton à la main. Les yeux du gredin s’écarquillèrent. Ce spécimen, il était gigantesque ! Bien plus grand que tous ceux que les pirates avaient capturés. Oh, certes, il en avait eu des balaises, mais jamais comme celui-ci. Il le voulait ! Le gredin le voulait. Il voulait le mettre dans une arène et le faire combattre. Il ferait assurément un remarquable combattant et les paris sur sa tête feraient une bonne rentrée d’argent à la confrérie. Si l’occasion se présentait, il le capturerait. Peut-être avec l’aide de son fils. Un coup de poison de son dard devrait pouvoir terrasser un tel colosse. La contemplation du roi fut toutefois tirée lorsque parmi le brouhaha des soldats ennemis s’élevèrent des plaintes déchirantes, des rugissements de douleur. L’elfe vit les graärh s’immobiliser pour écouter.

Un rire s’échappa du gredin.

« Nous avons pillé et brulé vos villages côtiers et lorsqu’enfin vous vous êtes décidé à agir, vous avez fui dans les terres. Quand votre couardise s’est finalement dissipée, vous avez décidé de marcher dans le marais, tout ça pour arriver trop tard pour sauver vos frères suspendus. Vous avez enfoncé ma porte, et maintenant vous entendez vos petits se tordre de douleur. Vous n’êtes qu’une bande de chat lâche et mou. Lorsque vous vous décidez à agir, il est toujours trop tard. Continuez à vous lécher les parties. Aujourd’hui vous ne pourrez sauver personne, ni même venger les souffrances de votre peuple ! »

Le géant graärh leva son bâton et la plateforme sur laquelle se trouvait le gredin se mit à trembler, la nature sous celui-ci semblant se mettre à bouger. L’elfe sauta pour rejoindre la passerelle et le ponton suivant.

L’air commença à se rafraichir et l’elfe, qui clopinait toujours en arrière, put remarquer une pellicule de glace commencée à se former sur le bourbier sous le devant d’Athgalan. Voilà qui ne présageait rien de bon. Nathaniel en profita toutefois pour venir copier au travers de l’ornithorynque l’un des léopards des neiges. Sans atteindre, il vint rassembler l’eau de pluie via l’orque et se créa une béquille de glace via le léopard. Il vint ensuite faire de même afin de geler sa blessure et faire cesser le saignement. Il fallait déguerpir de là et revoir leur stratégie. Mais avant cela.

« Qu’importe vos efforts, ils sont vain ! »

L’elfe sombre porta ses mains devant lui et son esprit bourdonna à nouveau. Ressentant les esprits en présence, il remarque l’endroit où se trouvaient ceux liés au léopard des neiges. Cet esprit-lié n’était pas commun et peu nombreux étaient ceux capables de s’y lier, il ne devrait donc pas y en avoir de trop. Une fois qu’il les eut repérés, le gredin déploya les pouvoirs du bourdon pour venir frapper la zone, où se trouvaient ses cibles, du pouvoir du temps. Son objectif ? Ralentir la progression de cet ennemi qui tente, dans la plus grande vilénie et malhonnêteté, de tricher en souhaitant passer par-dessus leur minutieuse préparation. Ceci fait, Nathaniel se rendit invisible grâce au glyphe sur son clibanion et se déplaça aussi vite que possible en suivant la route préétablit. Saisissant la pierre qui permettait de communiquer avec Teotl, il lui parla.

« L’ennemi a enfoncé les portes. J’ai pris une flèche dans le genou, mais je me replis comme prévu. Il y a plusieurs liés du fourmilion dans le rang de l’ennemi. Ils vont désactiver nos pièges, mais cela va leur prendre du temps. Toutefois on a des complications. Il y a quelques liés du léopard des neiges dans leurs rangs. Je les ai vus commencer à geler le bourbier à l’entrée. Mais bonne nouvelle, ils ont entendu les cris, cela devrait ruiner davantage leur morale. Et j’ai fait en sorte de ralentir leur utilisateur de la glace. Cela devrait nous laisser le temps de réchauffer un peu l’atmosphère. Je vais retrouver mes hommes et tenter de soigner cette fichue blessure. »

Filant aussi vite que sa jambe et sa béquille lui permettaient, Nathaniel s’en alla là où il avait dit à Andrew de l’attendre. Sur le chemin, après s’être assuré de ne pas être suivi de trop près, il lèverait son invisibilité pour prendre contact avec les hommes postés sur le chemin. Avec un peu de chance l’un d’eux aura pensé au fait que leur roi, en allant seul au-devant des ennemis, reviendrait peut-être blesser et aura donc prit de quoi le soigner. Dans le cas contraire, l’elfe scruterait les esprits-liés de ces derniers, avec un peu de chance, l’un d’entre eux en aurait un lui permettant de soigner cette maudite flèche dans le genou !

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Jamais la Kamda n’avait imaginé qu’on pouvait gravir un nouvel échelon dans la cruauté. Dire qu’elle se trompait était un doux euphémisme. Comment, COMMENT les Esprits avaient-ils pu octroyer leur bénédiction à des êtres aussi abjectes que les pirates ? Elles savaient pertinemment que les voies des Esprits étaient impénétrables, mais en cet instant, elle ne comprenait absolument pas pourquoi ces ordures pouvaient librement utiliser leurs pouvoirs. Les yeux clos et inondés de larmes, les oreilles meurtris à en vouloir se les arracher, Sa’Hila était tombé à genoux, les horribles cris de souffrance des graärhons ayant forcé la fissure de son cœur. Et si ses griffes restaient plantés dans le parapet de la porte, et que son esprit ne volait pas en éclat, c’était bien grâce à la petite Geai, à l’autre bout du lien spirituel. La petite avait peur, confrontée à des ignominies bien trop violentes pour son jeune âge. C’était tout à fait normal et quel piètre femelle, matriarche… Kamda, aurait était Sa’Hila si elle n’était pas capable de rester forte et de rassurer ceux qu’elle avait juré de servir et diriger, il y a une décade de cela ? Peut importait les épreuves, elle devait rester forte. L’honneur du devoir l’emportait sur la peur et la rage. La petite graärhronne lui rappelait son combat, son but. Elle ne le savait pas mais toutes ses sensations, ses impressions, ses peurs… tout cela servait de point d’accroche à la Danse-Fauve. Béni soit le Geai-Moqueur, sa voix télépathique ne souffrait pas des affres des palpitations de son souffle quand elle lui répondait du ton le plus calme et serein dont elle était capable. Il était vital que la petite se sente en confiance pour délivrer toutes ses informations. L’Aaleeshaan avait conscience de l’énorme poids qu’elle faisait porter sur ses frêles épaules mais avaient-elles vraiment le choix ? Pour faire payer les pirates cette enfance forgée dans la peur et la douleur, elles devaient passer par ces épreuves.

Une inspiration. Une seconde.
Une expiration. Deux secondes.
Une inspiration. Trois secondes.
Une expiration. Quatre secondes.
Une inspiration. Cinq secondes.


C’était là l’unique temps que Sa’Hila s’accordait pour s’apitoyer sur la situation. A présent, elle devait reprendre les choses en pattes. Avec une froide sérénité, elle rouvrit ses yeux dans lesquels dansaient des éclairs de pure haine. Jamais le bleu et le vert qui les composaient n’avaient parus aussi peu amicaux, et malgré les trombes d’eau qu’elle avait invoqué, son poil avait doublé de volume. Les pirates avaient atteint un point de non-retour. Il avaient franchis la limite de trop.

#Mes frères et sœurs. Ces ordures de pirates ne sont que des lâches sans honneur. Il est de notre devoir de les massacrer, mais pas question de foncer tête baissée ! Ils nous prennent pour des animaux et bien nous allons leur prouver que nous avons bien plus de cœur qu’eux ! Il nous faut être méthodiques, pour être sûrs de pouvoir les attraper et leur faire payer leur méfaits ! Montrons-leur pourquoi nous sommes les élus des Esprits !#

Les graärh réclamaient justice, et Sa’Hila allait la leur donner, même si au fond, elle savait que leur « victoire » ne serait que douce-amère.

#Que tous les Fourmillions se concentrent sur la détection des pièges et en avertissent leur Nayaak référant. Les Esprits ne nous ont pas doté d’excellents réflexes pour que nous gaspillons notre précieux temps. Liés de la Vanesse, utilisez vos fils pour créer des points de passages entre les plateformes. Nous allons passer par l’île du serpent, les Lièvres vous montreront le chemin. Lémuriens, passez par les toits et les espaces acrobatiques.#

Un rapide signe de tête à sa garde rapproché et Sa’Hila entreprit de descendre de la Porte des Monstres. Joignant ses deux mains, ses deux golems fusionnèrent pour ne former qu’un cheval de pierre qu’elle enfourcha agilement. Il était temps pour elle et ses sœurs de rejoindre son peuple au cœur de la bataille. N’ayant pas besoin de se concentrer sur la route à prendre, sa destination étant le portail, la femelle reprit son ballet mental. Ciblant les Geai en direction de l’île des Chaînes en compagnie des Gerridae, elle ordonna le changement d’objectif pour soutenir l’assaut sur le port, en expliquant simplement que les prisonniers ne s’y trouvaient pas et avaient déjà commencé à être libérés.
Le visage concentré, elle activa son tatou-glyphe, envoyant cette simple pensée à Leksa :

#Leksa, le portail est ta priorité. Les pirates ne doivent absolument pas repartir avec. Trouves un moyen de les forcer à l’abandonner avant qu’ils ne le chargent sur leur rafiots. Et si tu ne peux pas… Détruis-le. Tu m’entends, détruis-le si tu le peux. Tu disposes de connaissances sur les anciens artefact qu’ils n’ont pas, je te fais confiance. Mais ils ne doivent pas repartir avec.#

Malheureusement, Sa’Hila avait dû laisser son geaithéré avec la petite spirite. Ce fut un choix difficile mais elle avait encore besoin des informations de la petite…

#Pankhon, ma puce, j’ai besoin de savoir si tu connais une certaine Taar’Melaah. Son père est venu de loin pour la sauver avec nous. Réfléchis bien, ta réponse est très importante pour lui.#

Asolraahn était puissant. Dépendamment de la réponse de Pankhon, la Kamda pourrait alors déclencher sa rage ou au contraire le rassurer. Dans tous les cas, il était un allié important et son initiative était admirable. Et pour l’aider, lui et les Léopards, elle ne fit pour une fois pas appel aux Esprits. Le Bourdon n’était pas un Esprit facile à contrer mais la Légion disposait d’autres atouts. Comme Sa’Hila, certains chamans avait appris à manipuler la magie des sans-poils, en particulier ce qu’ils appelaient le flux de guérison. Elle ne savait pas si cela allait suffire, mais elle ordonna néanmoins à certains Saïga d’aller aider le groupe piégé dans le gel temporel. Elle espérait que leur aura et leur connaissances sur la magie soient utiles.

La situation ne pouvait être pire, mais aux moins les graärh savaient dans quoi ils mettaient les pattes. Savoir que la ville était piégée n’était peut-être pas grand-chose, mais au moins, ils pouvaient avancer en sachant à quoi s’attendre.

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Elle savait, à présent, ce qu'était ces bouteilles et le sort auquel elle venait d'échapper, avec ses quelque congénères. Elle n'osait imaginer la douleur et la terreur, à présent qu'elle était loin des deux cadavres et de leur immonde préparation. Mais combien des siens avaient été aspergés de cette liqueur ? Combien étaient, à présent, des bombes à retardement ? Tous ? Leksa avait demandé à ce qu'ils soient libérés, mais était-il encore temps ? Où ne restait-il plus qu'à leur trancher la gorge pour leur épargner une mort bien plus affreuse ?

La petite libellule ne savait pas et, de toute façon, ne devait plus y penser. Ce n'était pas sa mission et Leksa devait garder cela à l'esprit, devait se contrôler pour ne pas aller se porter au secours des siens dans l'immédiat.

En faisant cela, tu en sauveras plus
, tentait telle de se convaincre. Mais en posant ses minuscules pattes sur le toit de la chaumière, le doute tenaillait encore son esprit. Ce fut la voix de Sa'Hila, portée par la tatoo-glyphe, qui convainc Leksa de continuer vers la direction qu'elle avait déjà prise de son propre chef. D'autres s'occupaient de son peuple, il le fallait.

Détruire le portail, si elle ne parvenait pas à les empêcher de partir avec ? Leksa vouait une admiration certaine pour l'ancienne civilisation Graärh et ses secrets. Détruire ce portail lui soulevait le cœur. Il était hors de question d'y songer, pour le moment.

Reportant son attention sur le port, Leksa reconnue sans difficulté le premier navire. Il s'agissait de celui du Roi de la confrérie, qui avait souvent écumé les côtes de Néthéril à son bord. S'il y avait une chance de détruire ce navire, il était certain que la Trybioon la saisirait. L'autre bateau présent était étrange, comme recouvert d'une matière visqueuse qui brillait au soleil. De loin, la jeune Graärh pensait à de la chair, mais c'était une idée farfelue, non ?

Enfin, il y avait le portail de pierre, duquel Leksa voyait quelques flocons s'échapper. De nombreux hommes s'affairaient tout autour, tentant d'en aspirer l'énergie magique. Si seulement les anciens avaient prévu un mécanisme de défense au portail songea Leksa. Car les pirates, eux, y avaient pensé. Tout autour de l'objet, il y avait des barils et des sacs. De toute évidence, l'ennemi avait le même but que Leksa : s'ils ne pouvaient pas partir avec le portail, il le ferait sauter.

Que faire ? Comment les empêcher de partir avec ? Leksa était seule face à une centaine d'ennemis, elle n'avait donc aucune chance si elle se dévoilait à eux. Il lui fallait autre chose. Son regard se porta de nouveau sur les navires, puis une seconde fois sur le portail. Mais soudain, l'air fut emplit de hurlements, de feulements. Des cris d'agonie, ceux de jeune Graähons. Elle ne pouvait les sauver, elle avait une autre mission. Le bien du plus grand nombre, voilà ce qui lui importait, ce dit-elle en décollant.

Mais au fond, son coeur hurlait.

Leksa se posa à l'abri des regards derrière de grosses caisses, un peu plus loin, et reprit forme bipède. Il lui fallait du renfort avant de faire quoi que ce soit d'autres. Elle fouilla un instant dans sa sacoche et en sortit un petit objet en bois finement sculpté. Le bout représentait un étalon au galop. L'autre extrémité, Marche-flamme le mis entre ses crocs et souffla le plus fort possible. Nul son strident, mais un son doux et vibrant, comme le vent dans les arbres, très discret. La Trybioon se servit ensuite du pouvoir de la libellule pour propager le son aux alentours, avant de se transformer pour rester la plus discrète possible.

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Une piqûre chacun, dans un mouvement souple et vif, l’entaille si soudaine qu’elle n’était pas douloureuse, et pourtant, les deux Trand s’écroulèrent après quelques instants sans un bruit de plus, terrassés par le venin mortel du scorpion. Toujours invisible, Teotl approche alors de la cabane où l’éclaireur aurait dû se trouver mais n’y trouva que deux jeunes graärh blotties dans une caisse, mais dont la cachette ne les protégeait pas de lui, ses yeux traversant la surface de bois gondolé. Le chuchotis et les ronronnements lui firent tendre l’oreille tandis qu’il se faisait le plus discret possible. Leksa était au port ? Leksa donc ? Il avait eu raison, l’éclaireur avait décidé de continuer sa mission originelle plutôt que d’essayer de fuir. L’éclaireuse, en réalité, du peu qu’il connaissait des noms natifs. Elle devait vouloir surveiller le portail et leurs mouvements. Une impulsion rapidement jugulée l’aurait poussé à s’y rendre sur le champ mais il avait une autre idée. Le haut de la caisse fut délicatement soulevé, et il attrapa les deux poilues fermement mais sans les blesser, et leur intima le silence immédiatement. Il eut un léger sourire à leur égard et se baissa pour se mettre à leur hauteur, baissant sa queue de scorpion pour paraître moins menaçant. Après un instant, il désactiva son sort afin que l’Antilope reprenne ses droits et qu’il puisse user de sa compulsion.

Vous ne devriez pas rester là. Vous êtes en danger” fit-il d’une voix douce dans le dialecte Garal, même s’il cliquetait plutôt qu’il ronronnait. En plus, avec un peu de chance, elles auraient croisées ses envoyés faux amis des graärhs avant que la ville ne soit transformée en piège géant. Il se tourna vers la féline qui avait parlé, puis vers la seconde. “Tu as la possibilité de parler à ton peuple, n’est-ce pas ? Alors tu devrais les prévenir… si l’armée rejoint le port, elle va tomber dans un piège mortel. Le vrai roi des pirates et le vrai portail, ainsi que beaucoup d’autres graärh prisonniers se trouvent sur l’île des chaînes, dissimulés par une puissante magie. Tout le reste n’est destiné qu’à la mort, il ne faut pas qu’ils y aillent” Il attendit un instant puis indiqua la direction de la péninsule de l’humanité, ou plutôt sa pointe nord, désaxée des combats et du chemin vers le port et l’île aux esclaves. “Si vous allez par là toutes les deux, vous serez plus en sécurité. Vous devriez vous y cacher tant que votre Aaleeshaan et la légion n’ont pas sécurisé la victoire. Je vais devoir vous laisser… je dois trouver les autres enfants pour les aider” Magiquement, il apposa une marque du traqueur sur chacune d’elle, afin de savoir où elles se rendraient, et savoir donc si son coup de bluff avait fonctionné. Il ne portait pas les couleurs pirates, n’avait pas activé son masque, il usait des pouvoirs insidieux de son esprit-lié pour prendre contrôle sur leurs esprits, en s’appuyant sur une base concrète, mais on ne pouvait jamais savoir.

Et cela marchait ! “Dans ton message, dis que tu as entendu des pirates en parler depuis votre cachette alors qu’ils quittaient les cabanes” Leksa, si c’était bien l’éclaireur, ne pouvait pas avoir fait le chemin inverse si rapidement et risquait de percer à jour la supercherie, autrement. Il sourit lorsque la féline transmis également cela. Après un instant de réflexion, il décida de pousser sa chance jusqu’au bout, quitte à assécher la vache. “Maintenant dites moi… Leksa, c’est l’éclaireur graärh que les pirates ont blessé ? Pouvez-vous me parler d’elle ? Elle ressemble à quoi ? Quels sont ses esprits ?” La jeune graärh sembla s’illuminer, et se mit à babiller avec admiration, semblant avoir adopté Leksa comme nouvelle héroïne, ce qui était fort compréhensible si elle l’avait sauvé. Son interlocutrice lui fit une description fort détaillée et lui offrit l’explication qui lui manquait : l’éclaireur était liée à la libellule. “Et… est-ce qu’elle attend des renforts ?” Oui, elle avait demandé que les graärhs la rejoigne après avoir libéré les autres. Il avait donc une possibilité, pour la retrouver. S’il sacrifiait la potion que son père lui avait donné en tout cas mais… cela valait la peine non ? Son père lui avait demandé la tête de cette graärh. Néanmoins, il avait quelques problèmes plus pressants à régler en tout premier lieu. “Allez maintenant, allez vous cacher au nord. Vous serez en sécuritée” Il les guida sur deux pontons puis les laissa seules, puisqu’il avait ses propres affaires.

Grimpant de nouveau sur la cabane, après avoir enfiler de nouveau son invisibilité, il observa une nouvelle fois le port, fort des informations données par la petite poilue. Même avec ses yeux, il ne verrait pas une libellule dans ces trombes d’eau. En revanche, en poussant la puissance de son regard du faucon au maximum, il pouvait voir les mouvements des hommes opérants le portail et gardant le port. Il pu ainsi remarquer l’agitation sur le pont de la Revanche de la Reine, ainsi que l’activité étrange de trois formes un peu à l’écart. Deux pirates, vérifiant les explosifs destinés au portail, ainsi qu’une troisième forme, bien plus imposante qu’un humain ou d’ailleurs que n’importe quel bipède. Mais dans ce tombereau, il ne voyait pas grand chose de plus. Décidément, ça allait être compliqué. Il utilisa son second anneau des murmures afin de contacter son lieutenant le plus proche du port. “Rends-toi au port et préviens tout le monde, un éclaireur graärh a franchit les lignes et se trouve près des quais. Fait passer l’information discrètement, sous couvert de donner des nouvelles de la ville, et soyez sur vos gardes” La silhouette qu’il surveillait semblait s’intéresser aux caisses d’explosifs, elle aussi “Tu as deux graärhonnes qui arrivent vers le nord de la péninsule de l’humanité. Ne leur fait pas de mal, elles sont sous mon contrôle, je leur ai dis de se cacher et de ne pas sortir, c’est ce qu’elles devraient faire. Si tu as un antilope avec toi, qu’il les accompagne. Elles peuvent permettre de donner de fausses informations à l’armée des poilus

Et maintenant ? Les graärhs libérés par les fuyards n’iraient pas bien loin. Le spectacle allait commencer, ici, mais il n’était pas réellement important et le serait moins encore si sa désinformation fonctionnait. La Revanche de la Reine avait presque achevée sa manoeuvre de départ. Il reprit contact avec son second lieutenant. “Une fois que tu les as mis au courant, prend les commandes de la Revanche. Qu’elle devienne invisible et prépare ses canons pour un tir sur le port et le centre ville. Ordonne au Maelström de faire de même. Que le mortier vise le centre ville, l’armée risque d’y venir bientôt… ils sont proches” La pierre de communication se mit à briller à ce moment-là, la voix de son père s’en élevant. Il confirma avoir entendu et interrompit la communication immédiatement après lui avoir fait un résumé de ce que lui-même avait fait. L’ennemi avançait, il devait absolument activer la phase 2 prochainement ou la laisser complètement tomber avant de se rendre sur le navire. Revenant auprès du feu de joie, il observa les silhouettes entrain de griller pendant quelques instants. Puis il hocha la tête. “Versez tout ça sous les pilotis pour enflammer la substance. On recule ensuite et tous les liés de l’Orque, tous les mages disposant de l’élément eau, concentrez-vous sur l’armée graärh pour le solidifier cette pluie sur la tête. Faites en des aiguilles, des lances, au pire des boules pour briser leur pont de glace et…

La détonation le rendit quelques instants sourds et il porta une main à son oreille droite, grimaçant. Un instant plus tard, une douleur vive explosait derrière son crâne et il était projeté au sol. Quoi comment ?! Il roula sur le côté, sonné, tandis que ses hommes se battaient avec… avec un graärh. Il se releva, sonné, prit quelques instants pour se remettre et en sentant le félin se rapprocher de nouveau, par l’odeur de poils mouillés, il fit siffler sa queue et enfonça profondément son dard dans le ventre de leur agresseur. Lorsqu’il sentit les muscles ventraux se détendre, le corps devenir flasque et s’affaisser, il se releva avec un grondement. Bon sang, celle-là, il ne l’avait pas vu venir et pourtant c’était lui qui était invisible. Laissant l’un de ses hommes le soigner, il reconfirma ses ordres précédents en se massant l’arrière du crâne. Le mieux à faire et de retourner, pour sa part, jusqu’au port, les graärhs étaient presque sur eux. Redevenant invisible, il laissa le soin à ses hommes de faire ce qui était prévu avant de filer et lui-même se mit en route. Il proposa en attendant à Nathaniel d’occuper ses hommes avec les barils de sang pour guider les monstres, avant de fuir.

Il resta invisible jusqu’à la fin du centre ville côté Port, essayant au maximum de solidifier l’eau grâce à l’orque qu’il avait de nouveau adopté, afin de pouvoir aider ses hommes sur le chemin. Il avait, pour cela, abandonné le vautour, cette fois. A la dernière cabane, il leva l’invisibilité, prit la potion lui permettant de ressembler à un graärh, prévint rapidement de sa présence via l’anneau des murmures afin de s’éviter des flèches, et fit semblant d’avancer vers la forme qu’il avait repéré plus tôt. S’être retrouvé attaqué par un graärh lui avait de toute façon permit d’en avoir un peu l’odeur, si on sentait encore quoi que ce soit dans ce bourbier infâme… Les navires allaient commencer à tirer, il ne voulait pas trop être sur leur ligne principale mais il voulait trouver tout de même celle qui risquait de ralentir leur fuite.
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Sur la plateforme au bois sombre, Asolraahn avisa avec excitation la fine silhouette du roi des pirates s’évanouir dans l’ombre d’un bâtiment. Il l’indiqua de son bâton, traçant le chemin à constituer pour ses guerriers. Il n’était qu’à deux plateformes d’ici ! Autour de lui, les Garal s’activaient pour avancer jusqu’au cœur de la cité, mais le géant opalin avait cessé tout mouvement, focalisé sur le capitaine de navire. Soudain, il y eut un remous dans la vase, la glace se forma avant de se liquéfier misérablement dans un nuage de fumée. Asolraahn mit un genou en terre et posa une patte sur l’épaule d’un des léopards des neiges pris d’un accès de panique :

-Que se passe-t-il ? Pourquoi la glace ne se forme pas ?

-Notre pouvoir… est mort. Paralysé. Je ne peux continuer.

Le Graärh détourna la tête, son pelage frissonnant de honte. Le géant opalin regarda dans la direction où le gredin avait fui, ravalant sa haine. A n’en pas douter, l’elfe était responsable de ce travers. Des Saïga rejoignirent les léopards des neiges et entamèrent des rituels de guérison sans faire de bruit, le laissant seul devant les plateformes désertes. Il ne fit pas attention à eux. Il était furieux. Parce que le bouffeur d’agrume s’était échappé, lui et sa vilénie parti sans faire un bruit, qu’il avait eu recours à l’Orque pour commettre son méfait contre le peuple qui vouait un culte aux Esprits-liés et qu’il n’avait aucun moyen de le suivre. Asolraahn n’était pas un Graärh très habitué à la défaite. Cela lui laissa un goût amer dans la bouche.
Un sourire sauvage releva les coins de ses babines. Il fallait un esprit acéré pour contrôler l’Orque. Mais Asolraahn aussi était un chasseur.
Il y aurait d’autres occasions…

Grâce au soin bienfaisant des chamans, les léopards des neiges prirent l’ascendant sur la force qui les entravait et se remirent à l’œuvre de plus belle. La détermination du géant opalin et de ses compagnons à avancer au travers des plateformes, risquant le danger à tout instant, les poussaient jusqu’aux limites de leur énergie, et même arrivés à ce stade, ils persévérèrent, leur pelage tremblant au rythme de leur cœur battant et de la douleur de l’effort. La pluie s’affaissait sur eux comme si les larmes du ciel étaient devenues dards et sagaies. Mais au lieu de les mater, elle leur redonna de l’élan, car les Garal appréciaient cet élément de vie, la fièvre de la frénésie guerrière les prenant avec exaltation.

Asolraahn vit ainsi la glace se refléter en un miroir scintillant en dessous de la plateforme. Un cercle de métal de la taille d’une orange gisait, piégé à l’intérieur. Et piégé était le juste mot car le géant opalin se douta que cet objet de malheur n’avait pas été placé là par hasard. Il observa la vase de part et d’autres et en vit d’autres disséminés, masqués dans la nuit, révélés par la lueur de la lune qui ruisselait sur le givre. Il leva une patte et les Garal derrière lui s’arrêtèrent. Le géant opalin prit l’extrémité de son bâton et tendit l’autre bout vers le cercle de métal. Un coup et un son discordant résonna. Mais rien ne se produisit. Il réitéra son geste avant de fracasser le cercle de son bâton, s’écrasant de tout son poids sur la vase gelée. Le piège pulvérisé demeura sans réaction. Le géant opalin jaugea le sol dur de son pas et se tourna vers ses compagnons :

-Leur piège sont inefficaces ici ! Changeons de chemin ! Que les léopards des neiges nous fassent une route d’argent sûre et loin sous les plateformes !

Les Graärhs le suivirent avec des feulements. Des meutes se formèrent de dizaines de shikaaree et avancèrent sur le terrain de glace. Leur botte de cuir leur permettait de se stabiliser sur le sol glissant ; Quant à Asolraahn, ce dernier avait l’habitude des icebergs flottants et des cantons accidentés de Paadshaïl. Il ne prêtait plus attention à leur marche et avait déjà d’autres desseins en tête. Ils tâchaient de discerner à travers le bois humide des pilotis les cages des esclaves. En particulier celles aux petits barreaux. Mais le chemin restait vide. Ils n’étaient pas encore arrivés là où leurs frères et sœurs étaient torturés. Cela ne ternit en rien sa détermination. Il poursuivit sa route sans un bruit. Il avait également hâte de tomber sur quelque petits traînards isolés. Par ce chemin, ils surprendraient les fuyards qui ne feraient pas attention à eux et qui passeraient sur les pontons. Il songea avec amusement :

« Nous les accueillerons avec beaucoup d’aplomb. Comme des requins tournant autour des radeaux. Quelle est l’expression des pirates déjà ? Ah oui : par le fond ! Ah ! »


Un écho provenant du ponton sous lequel il déambulait attira son attention. Le géant opalin pencha la tête de côté, cessant presque de respirer. Le silence n’était balloté que par la pluie, et peu à peu, l’écho prit plus de place, se changea en un bruit informe, le bruit informe devenant un murmure, le murmure devenant une voix proche. Un autre bruit, irrégulier celui-ci, l’accompagnait. Les yeux clos, Asolraahn frissonna en devinant que quelqu’un marchait sur le ponton. Claudiquer était plus proche de la réalité. Il examina les fissures entre le bois, mais nul lumière ne s’altérait au-dessus de lui. Il n’y avait pas d’ombre et aucune silhouette n’avançait entre les passerelles. L’individu était invisible. Par chance, Asolraahn était hors de vue et son pas, guidé par l’Esprit-lié du chat, ne trahissait nullement sa présence.

La voix altérée se manifesta encore et son bâton trembla de même que son pelage. Le bouffeur d’agrume était ici ! Le roi des pirates, seul et blessé. Comme il était savoureux d’entendre cette marche branlante ! Rien qu’à y penser, Asolraahn faillit glousser. La chasse était loin d’être terminée. Elle ne faisait au contraire que commencer. Mais le géant opalin tâcha de maîtriser ses ardeurs. Il écouta, et bien qu’il ne comprit pas tous des mots du pirate, il paraissait évident qu’un plan était à l’œuvre au-dessus des pontons, un plan qui commençait par sa débâcle et qui ne pouvait que finir par de sombres manigances. En proie à la crainte que des choses terribles ne se produisent, Asolraahn suivit le bruit de mouvement, le visage battu par les intempéries qui s’écoulaient entre les interstices sous les pilotis. Lorsque soudain, il n’entendit plus de bruit, il crut que son ennemi avait à nouveau réussi à s’enfuir. Puis un déclic s’échappa de la serrure d’une porte et il devina que le roi venait de pénétrer dans un bâtiment. Il regarda silencieusement la grande demeure formée de mât de misaine et dont les lampes accrochées au portique continuaient de briller. Bon sang ! Etait-il donc en train de se terrer ? S’il pensait pouvoir y rester jusqu’à ce que les Graärhs soient partis de la cité, Asolraahn lui réservait une surprise de taille. Comme pour lui répondre, un mouvement doublé d’une ombre naquit au travers du baraquement, et il suivit la lueur des yeux. La silhouette du gredin apparut, filant vers le Nord, au cœur d’Athgalan. Mais au moment où Asolraahn s’apprêtait à le traquer, il vit la tête de certains shikaaree se tourner du côté Sud, en direction de l’île. Là au bord de la péninsule, quelque chose attirait leur regard. Le géant opalin n’en crut pas le sien, car un second gredin naquit devant lui. Il fit trembler le ponton sous ses bottes, mettant à bas la théorie de l’illusion.

-Le bouffeur d’agrume… il essaie de nous leurrer.

-A-t-il deviné notre présence ? fit un de ses guerriers derrière lui.

-Ca m’étonnerait. Mais on ne sait jamais. (Il se retourna.) Où est notre Geai Moqueur ?

Un Graärh au pelage doré et au physique svelte et élancé s’approcha en rangeant ses armes dans ses fourreaux. Asolraahn déclara d’une voix rauque :

-Transmet un message à Bhediyon-ke-saathi. Dis-lui que le gredin multiplie les artifices pour se dissimuler à notre museau. Il use de sosies et prend plusieurs directions. (Il caressa ses coussinets du bout de ses griffes d’obsidienne) Mais je crois… qu’il s’est trahi. Je l’ai entendu parler de se replier ! Il a une idée derrière la tête pour nous moucher sur la truffe. Cela signifie que peu importe le chemin, tous mènent à un seul lieu : Le port. La fuite tant rêvée ! C’est la clé de voûte. Si on les bloque au port, il n’y a plus de repli. (Le Geai Moqueur ferma les yeux un instant et Asolraahn attendit jusqu’à ce qu’il les rouvre complètement) Dis-lui également que nous avons trouvé des routes sûres sur notre position, vers la partie Sud de la cité : des routes où les pirates empruntent les passerelles et pontons sans aucun piège. Peut-elle venir avec des renforts par ces lieux ? Cela pourrait sauver de nombreuses vies en péril et nous permettrent d’avancer plus vite. Et dis-lui enfin qu’elle se tienne sur ses gardes. Les écumeurs des mers n’ont pas l’air d’en avoir fini avec la Perfide.

Puis le géant opalin se retourna. Et maintenant ? Quelle proie choisir ? Il lui avait semblé que celle qu’il avait vu partir au centre-ville boitait, mais en était-il sûr ? Les deux étaient tentantes et il pouvait laisser ses shikaaree pourchasser celle qu’il ne prendrait pas. Mais lui, Asolraahn, le géant opalin, lui n’aurait droit qu’à un seul choix.

Il y eut une détonation dans le lointain, suivi d’une autre, tel le crépitement d’un orage. Asolraahn fut frappé de stupeur. De là où il se trouvait, des lueurs orangées lui parvenaient, à peine distincte mais il savait que cela provenait des premières plateformes. La bataille avait-elle commencé ? La légion de Sa’hila subissait-elle un assaut ? Le géant opalin fit une prière silencieuse aux Esprits, espérant apaiser l’âme de ceux qui venaient de quitter ce monde.

A ce moment-là, les sombres clameurs des graahron retentirent dans ses oreilles. Le géant opalin respira avec peine, lorgnant la direction d’où les cris étaient venus comme si ces sanglots étaient faits d’une soie d’amertume. Ses yeux se teintèrent de colère. Il ne pouvait pas aider la légion. Il avait un but, plus proche et précieux à la fois. Il se retourna vers ses guerriers et montra un Graärh au pelage fauve de son bâton. Il le reconnaissait. C’était celui qui s’était effondré de douleur en apercevant les cadavres sur les grues quinze jours auparavant :

-Toi, choisis une vingtaine des nôtres et prend le commandement. Dirige-toi vers le Sud et suis le roi, ou qu’importe ce qu’il est. Si vous arrivez à l’isoler, attrapez-le et prévenez la Kamda Aaleeshaan de sa capture.

A ces mots, le Garal bomba le torse de fierté :

-On ne te fera pas défaut. Nous le chasserons et le capturerons comme l’animal qu’il est.

-Je le sais. La haine attise la force, mon garçon. Bien sûr que vous ne me ferez pas défaut. Vous êtes des Graärhs.

Ils ronronnèrent tout deux, puis le guerrier au pelage fauve se retira. Le géant opalin se tourna vers le labyrinthe d’Athgalan. Il visait le cœur de la cité et la silhouette maigre du bouffeur d’agrume qui avançait sur les corridors vers le Nord. Lorsque les Léopards des neiges terminèrent de forger la voie de vase, ses shikaaree et lui s’insinuèrent tels des ombres drapées de mort sous les pilotis.

Spoiler :



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Spoiler :



NATHANIEL EARENDIL

Compétence utilisée : Coordination niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

Race - elfe : +5
Blessure : -15

Résultat => MR = 95 + 5 -15 - 18 = 67 : Réussite critique

SA'HILA

Compétence utilisée : Chance/espérance niveau moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Race - graärh : +5

Résultat => MR = 45 + 5 -41 = 9 Réussite simple

LEKSA

Compétence utilisée : Intuition niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Race - graärh : +5

Résultat => MR = 45 + 5 - 34 = 16 : Réussite simple

TEOTL EARENDIL

Compétence utilisée : Charisme niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

Race - elfe : +5

Résultat => MR = 95 + 5 - 54 = 46 : Réussite remarquable

ASOLRAAHN

Compétence utilisée : Furtivité niveau Très faible. Marge de la caractéristique : 25.

Modificateur =>

Position stratégique : +5
Spirite du chat +10
Race - graärh : +5

Résultat => MR = 25 + 5 + 10 + 5 - 1 = 44 : Réussite remarquable



Dernière édition par Le conteur le Dim 8 Déc 2019 - 22:49, édité 1 fois

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'MJ' : 18, 41, 34, 54, 1

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Il n'existe pas de notion plus subjective que celle du bien et mal, car elle dépend parfaitement de ce qu'on imagine être le visage de la cruauté. Qui était-ce alors ? Un roi pirate qui narguait l'ennemi mais qui, pour l'heure, avait été blessé plus qu'il n'avait lui-même infligé de blessure sanglante ? Son fils qui brûlait des enfants vifs et en épargnait d'autres gracieusement ? La Kamda qui réclamait vengeance pour son peuple massacré en le conduisant elle-même au massacre ? Ou la grande guerrière rousse, héros des esclaves libérés, qui d'un seul coup de sifflet venait de les condamner à subir les affres atroces d'un plan méticuleusement mis en place ?

Où était le blanc ? Où était le noir ? Tout n'était que boue immonde où l'eau carmine se partageait la terre avec la chair de ceux qui tombaient. Le visage de la cruauté, ce n'était pas l'ennemi. C'était à la fois l'autre et soi-même. C'était la guerre toute entière mais combien s'en masqueraient les yeux, préférant oublier ? Préférant croire que c'est l'autre le coupable ? Le premier qui jeta la pierre ? L'on ne voyait bien que ce qu'on avait envie de voir, mais la terre qui tremblait, le ciel qui pleurait, ne tarderaient pas à les rappeler à l'ordre du sacré qu'ils souillaient.

La pluie se faisait orage et mousson mêlés, piquante comme des aiguilles : bien plus que ce que la terre ne pouvait absorber, bien plus que de ce que sol gelé que les graärh formaient, sous leurs pieds, pour avancer, ne pouvait contenir de manière sécurisée. Tout était détrempé, le niveau de l'eau montait progressivement mais rapidement, atteignant aisément les dix centimètres sur la glace. Se déplacer était plus compliqué, car cela glissait d'autant plus. Pour le tiers des troupes laissés par Sa'Hila en arrière, les marécages étaient si boueux, que les graärh s'enfonçaient dans le sol d'une quarantaine de centimètres. L'odeur du sang attirait l'attention des prédateurs. Crocodiles et vaseux se disputaient la course, venant des marécages, à l'est.

La porte des monstres explosa, prenant feu dans un coup de tonnerre que propageaient l'huile et les pyrolytes, laissant entre ces graärh et la ville une immense fosse que la pluie et la mer vinrent remplir. Les troupes restées en de-ça de la porte se retrouvaient acculés à la venue des monstres qu'ils devraient combattre. La partie était loin d'être gagnée, pour survivre, mais leur sort était encore préférable à ceux qui étaient bloqués à l'intérieur la ville. Le piège s'était refermé et seuls ceux qui, parmi les graärh et les pirates, parviendraient à fuir survivraient. Les autres seraient broyés dans la fosse commune d'une ville qui deviendrait un tombeau.

Une seconde explosion retentit, cette fois, au niveau du roc sombre piégé. Les graärh y eurent malencontreusement déclenché un piège : tout ceux qui y étaient présents moururent sur le coup, ainsi que ceux qui avaient eu le malheur d'être sur un ponton lié à lui, et ceux qui, aux alentours, se prirent les morceaux de rocs projetés violemment par l'explosion. Le roc sombre s’effondra, détruisant la glace sur les vingt mètres l'entourant, emportant avec lui par le front, les vies qui se trouvaient là.

Au port, le portail peinait à être désactiver, comme pour faire payer à ceux qui osaient faire couler le sang le prix de leurs méfaits. La revanche de la Reine se dégageait, dans une manœuvre lente et maîtrisée. Le Maëlstrom se défaisait progressivement de ses amarres, et bientôt, il pourrait faire feu sur le centre ville où arrivaient les graärh menés par Sa'Hila. Dans le port, toujours, Leksa, cachée, fut rejointe par un autre graärh très discret venu l'informer que tous les esclaves étaient libres et que Sa'Hila devait être, à l'heure où il parlait, arrivée dans le centre ville. La tribyoon avait donné un coup de sifflet et les eaux du marécage se mirent à onduler des bêtes qui grouillaient en son sein malsain. Des crocodiles et autres plus petits prédateurs des marais remontaient à la surface, appâtés et des pirates au port, ils feraient leur déjeuner.

Les pirates furent, ici, vite en difficultés et il ne faudrait pas que Leksa et le graärh (qui s'appelait Maut) restent trop longtemps, car c'était vers eux, que les bêtes continueraient d'avancer. Ces bêtes-ci et... Des vaseux. Des vaseux ensanglantés se joignaient au massacre. Des vaseux appelés et que Sa'Hila avait vu sortir du corps des esclaves présent dans le centre-vile. Libérés ? Foutaise ! Ils étaient condamnés. Leurs corps s'était mis à trembler et leur gueule à hurler de douleur. Ils s'étaient débattus, devant des guerriers garals impuissants, de ce qui les rongeait de l'intérieur jusqu'à ce que le vaseux parviennent à sortir de là, déchirant et dévorant la chair sans remord aucun. Les deux tiers moururent sur le coup, comme la petite graärhnonne geai moqueur l'avait présagé. Les autres nécessitaient des soins d'urgence. Fort heureusement les vaseux affamés allaient vers le port, hélés par le chant d'un sifflet.

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¤ Théâtre macabre ¤

La bataille pour Athgalan avait commencé, le plan des pirates s’était mis en marche, certes il n’était pas suivi à la perfection comme le gredin l’aurait souhaité, mais c’est ça une bataille. Un plan n’est là que pour donner des grandes lignes, il doit s’adapter aux aléas du combat et du le plan de l’ennemi. Car plus que deux philosophies, deux peuples et deux modes de vie c’était deux plans qui se confrontaient en cet instant : celui des pirates et celui des graärh. Les félins étaient nombreux, très nombreux. Mais ils étaient aussi astucieux et puissants. Ils avaient su déjouer et contourner nombre de pièges installés dans la ville perfide, mais le pire était encore à venir. À mesure qu’ils entreraient dans la cité pirate, l’étreinte de la mort se ferait plus pressante. Des pièges bien plus puissants et des horreurs bien plus grandes attendaient les malheureux qui oseraient s’aventurer plus loin dans la cité. En attendant, le gredin devait jouer son rôle. Il s’était posté à l’entrée pour aguicher l’ennemi puis s’était enfui en suivant le chemin de la retraite. Les graärh étant nombreux et avançant plus rapidement que prévu, il avait dû ordonner à ce que soit déclenchée la phase suivante du plan. Les préparatifs visant à rendre la terre d’Athgalan à son propriétaire légitime : le marais. Clopinant aussi rapidement que possible, usant de la béquille de glace qu’il avait formée après avoir copié, via l’ornithorynque lui-même copié, l’un des esprits-liés du léopard des neiges ennemies, l’elfe passait de ponton en ponton avec une armée aux trousses. Fort heureusement, il avait eu la présence d’esprit de se rendre invisible pour rendre plus difficile son repérage. Bien entendu, il y avait toujours le bruit et l’odeur du sang, mais avec la pluie battante ses variables pouvaient être négligées. Son agilité naturelle aida beaucoup l’elfe dans sa fuite, sans ça il aurait surement été rattrapé.

Après plusieurs de clopinement intense et de douleur, l’elfe arriva enfin au point de rendez-vous. Une maisonnée sale a l’architecture précaire. À l'intérieur se trouvait Andrew. Il avait déjà enfilé la tenue et lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Voilà qui aiderait à déstabiliser le graärh. Malheureusement, il y avait un petit détail à régler. L’elfe était blessé et pas son double. Il fallait absolument régler ce détail sans quoi la ruse ne fonctionnerait pas.

« Tout se passe presque comme prévu Andrew. L’ennemi avance plus vite que prévu, mais cela ne change rien. On va procéder comme convenu. Tu vas prendre le chemin du sud pour longer la péninsule de l’humanité et l’ile du serpent. Il va juste falloir réajuster ton déguisement. »

Nathaniel attrapa la dague accrochée à la ceinture d’Andrew. L’humain déglutit bruyamment en voyant son roi s’apprêter à le blesser sans la moindre once d’hésitation.

« Vous … vous êtes sûr que c’est nécessaire ? Je ne pourrais pas fuir facilement comme ça. Je peux faire semblant de boiter et … »

« Ne sois pas lâche. Ni faible. Nos ennemis sont des bêtes. Ils se rendront compte si tu fais semblant d’être blessé. Si on veut que la ruse fonctionne, elle doit être parfaite. Tu n’es pas le plus à plaindre. Billy est au milieu de la marée de chat, dissimuler dans l’arbre et priant certainement tout les dieux pour ne pas se faire repérer. Plus vite on éloignera les graärh. Plus vite il pourra sortir de là. Chacun doit jouer son rôle sinon on n’y parviendra pas. »

Nathaniel vint bloquer la jambe de l’humain à l’aide de la glace et s’apprêta à donner un coup. Celui-ci se tortilla un peu, voulant instinctivement se dégager, quand il heurta une des caisses présentes dans la maisonnée. Cette dernière tomba au sol, se brisant, venant étaler au sol son contenu. Le linge sale et souillé se répandit au sol, faisant fuir la vermine qui était installée là et … oh ! Glissa du tas et se mettant à rouler au sol, une fiole contenant un liquide bleuâtre caractéristique des potions de soin. Les regards du roi et de son sujet se croisèrent.

« Je ne sais pas si c’est moi ou toi qui a de la chance aujourd’hui. Mais on nous offre la possibilité de procéder autrement. »

Sans attendre, Nathaniel vint mettre le manche de la dague entre ses dents, le mordant fermement. Andrew, lui, saisit la potion de soin, la tenant à disposition du gredin. L’elfe sombre fit disparaitre la glace empêchant sa blessure de saigner. Grondant de douleur, tremblant un peu, il saisit ce qui restait de la flèche et la tira d’un coup. Une gerbe de sang s’échappa de lui de même qu’un râle. Sans attendre, Andrew retira la dague de la bouche de Nathaniel pour venir placer le goulot et de la fiole et lui faire avaler de force. Le jeune dragonnier soupira, haletant un peu, sa jambe tremblant sous la douleur qui petit à petit s’estompa. La blessure vint se refermer lentement se refermer sous les yeux des deux hommes d’ici quelques minutes elle ne serait qu’un mauvais souvenir.

« Bien. Tu vois mon sang au sol, badigeonnes toi la jambe avec. »

Nathaniel vint replacer du gel sur son genou, comme avant, comme s’il avait toujours sa blessure et donc son garrot élémentaire et rudimentaire. Mais aussi pour engourdir la douleur encore présente. Il vint ensuite faire de même pour Andrew avant de faire une seconde béquille semblable à la première.

« Voilà, comme ça on pourra faire semblant tous les deux. Essaye de faire semblant le plus longtemps possible. Ne révèle ta fausse blessure au dernier moment. Si tu surprends l’ennemi, tu prends l’avantage et tu as plus de chances de rester en vie. Va jusqu’au bout de l’île du serpent, ensuite remonte vers le nord pour aller vers le port. On se retrouve là-bas. »

L’elfe se redressa et sortit par une porte de la maisonnée, tandis que l’humain, lui, sortait par une autre porte. Les deux compères prirent des directions différentes. Andrew alla vers le sud-ouest, tandis que Nathaniel, lui, allait au nord-ouest. Le roi de la confrérie se remit à en route, tâchant d’essayer de clopiner. Heureusement, malgré sa blessure, il avait réussi à trouver l’équilibre pour se déplacer rapidement. Il ne devrait donc pas trahir qu’il venait de se soigner. En route vers le centre-ville, une violente détonation se fit entendre. Le gredin se risqua à regarder en arrière il vit du feu et de la fumée en provenance de la porte des monstres. Un sourire en coin naquit sur ses lèvres. Billy avait réussi. Voilà qui était parfait. Soudainement, une seconde explosion secoua l’atmosphère. Celle-ci provenant du roc sombre que le gredin vit s’effondrer. Les graärh essayaient de passer par le nord de la péninsule de l’humanité ? Voilà qui devrait refroidir leur ardeur. Il n’avait nul besoin de prendre contact avec Grégoire, il avait dû voir l’explosion aussi bien que lui. Il allait donc agir en conséquence en se préparant à ralentir les félins. Soudainement, il reçut un appel d’Elwÿn.

« Nous avons du mal à désactiver le portail. Le bougre refuse de se fermer. J’ai vu les explosions, les graärh se rapprochent. »

« Attachez-le au Maelstrom avec une chaine d’ancre puis donner un maximum de mou, puis jeter ce mou dans l’eau pour le dissimuler. Ensuite, lever les amarres et commencer à vous dégager du port. Avant de l’abandonner à l’ennemi, je veux voir si on ne peut pas le trainer hors de la cité s’il se décide à se désactiver une fois que l’on fera sorti du port. Préparez l’aileron de la baleine et attendez que je vous dise où viser. »

Le gredin avait une idée derrière la tête. Si jamais cela échouait, il ferait tout sauter comme il était initialement prévu. Continuant sur son chemin, l’elfe retrouva certains de ses hommes qu’il avait rencontrés sur son trajet pendant qu’il était encore blessé. Ils étaient moins nombreux, certains avaient dû y rester. Tant pis, c’était ça aussi la guerre. En voyant les éclaboussures de sang, le gredin devina qu’il avait mis son ordre à exécution : à savoir renverser les barils de sang durant leur retraite. D’un geste de main, Nathaniel leur ordonna de continuer de se replier en direction du port. Lui resterait toujours en arrière. Ils devraient courir sa retraite pendant que lui continuait d’attirer l’ennemi vers le centre-ville. Prenant son autre anneau de communication il contacta Grégoire.

« Commencez à vous replier vers le port. Renverser les barils de sang sur votre passage. »

Les préparatifs de la deuxième phase étaient presque finis, une fois celui-ci activé, la bataille d’Athgalan se dirigerait vers sa fin. Aucun homme ne devrait se retrouver isolé du port, sans quoi il aurait peu d’espoir de s’en sortir.

Nathaniel se remit en route en direction du centre-ville. Il y était presque. Encore cinq ou six ponton et c’était bon. En revanche, quelque chose chiffonnait l’elfe. Voilà un moment qu’il ne sentait pas la présence d’adversaires dans son dos. Avaient-ils décidé de tous suivre Andrew au lieu de lui ? Où suivaient-ils un autre chemin ? Le gredin n’appréciait pas trop cela. Quoi qu’il en soit, l’elfe sombre progressait bien, il serait bientôt au centre-ville. Plus que trois pontons et …

Soudainement, surgissant du sol, brisant le bois de la plateforme où il se trouvait, le gigantesque graärh aux pelages d’opale fit son apparition, brandissant son bâton avec l’intention de briser le crâne du roi pirate. Les yeux de l’elfe s’écarquillèrent de stupeur face à cette attaque-surprise et à la force déployée pour lui bondir dessus en dépit de l’obstacle. Pour autant, il en fallait plus pour prendre la vie de Nathaniel. Son sang ne fit qu’un tour et pour lui tout autour sembla se mouvoir beaucoup plus lentement. Pour autant, il n’avait pas sciemment activé les pouvoirs de son bourdon. Le gredin était simplement accéléré. Tandis que le Trand surgissait du sol, Nathaniel planta avec férocité sa béquille dans le bois et fit un premier saut, comme un chat bondissant face à un événement surprenant. L’elfe sauta suffisamment haut pour pouvoir poser en pied sur le sommet de sa béquille, ou, prenant appui, il put effectuer en deuxième saut cette fois-ci en avant. Le gredin fonçait droit sur Asolraahn qui surgissait du sol. Pour autant, Nathaniel se mit à se recroqueviller sur lui-même. Il n’effectuait pas un simple saut, mais une roulade aérienne au-dessus de son opposant ! Ainsi, l’elfe sombre ne percuta pas le graärh qui l’attaquait par surprise. Passant au-dessus de lui, leurs faciès furent proches l’espace d’une seconde ce qui permit à l’un comme à l’autre de plonger leur regard dans celui de l’adversaire. Moquerie et mépris se lisaient dans les prunelles du gredin. Depuis le début il se payait la tête des graärh avec ce combat, avec leur résistance à cet assaut. Les pièges, les machinations, les provocations, tout ça, c’était simplement pour se moquer d’eux. Et s’il se moquait d’eux, c’est bien parce qu’il les méprisait. Certes ils avaient levé une grande armée. Certes ils les attaquaient. Mais tout ça, ce n’était rien aux yeux du pirate. Il ne considérait pas cette agitation comme autre chose qu’une mouche bourdonnant à son oreille. Eux n’étaient rien pour lui. Il ne voyait en ce géant d’opale qu’une marchandise de qualité dont il pourrait tirer profit. Avec souplesse, Nathaniel atterrit derrière Asolraahn … et se mit à courir comme un dératé. Durant cette brève pirouette, il avait remarqué l’eau gelée sous le ponton. C’est pour ça qu’il ne sentait personne derrière lui, les saligauds étaient passés sous les pontons. Mais il avait aussi remarqué autre chose. Cette pluie diluvienne avait fait monter le niveau de l’eau. Voilà qui pourrait lui être grandement utile, lui qui était lié à l’orque. Devenu soudainement beaucoup  plus rapide, l’elfe distança sans grandes difficultés les ennemis qui avaient fait apparition sous ses pieds. Enfin il atteignait le centre-ville. Malheureusement à son arrivée, il remarqua que tout n’était pas tel qu’il l’avait prévu. S’arrêtant brusquement, manquant de glisser à cause du ponton détrempé, il put voir que tous les esclaves avaient été libérés. Mince, il avait des ennemis devant lui et derrière lui. Se sortir de cette situation n’allait pas être une chose aisée.

Oh il savait que les esclaves étaient condamnés, s’il en avait épargné quelques-uns c’était pour une bonne raison. Les pirates avaient fait boire à ceux-ci de la liqueur d’Athgalan frelaté. Un alcool devenu poison, car la recette de la véritable liqueur d’Athgalan n’était pas respectée. Cette boisson fait entrer dans sa composition des vaseux. La distillation se fait dans une cuve à l’intérieur laquelle on place l’une de ces créatures. Simplement lors du processus, il faut s’assurer de faire disparaitre le vaseux par évaporation. Mais il arrive que ce dernier ne disparaisse pas et soit simplement divisé et affaiblit. Il demeure alors dans l’alcool, en sommeil, attendant d’être hydraté pour se réveiller et se reconstituer. Aussi le vaseux en sommeil viendra se nourrir de l’eau présente dans le corps de son hôte, mais aussi de son énergie, afin de renaitre. C’est bien en raison de la dangerosité et de l’atrocité de ce poison que la confrérie avait le monopole de la création de cette liqueur. Pouvant ainsi s’assurer de la bonne réalisation de la création et de la destruction de lot échoué. Mais … en vue de cette bataille … le roi de la confrérie avait revu momentanément la politique de la ville à ce sujet et avait ainsi commandé à la distillerie des fûts frelatés.

La liqueur d’Athgalan frelaté est un poison à retardement. Bien entendu, lorsqu’on le connait et qu’on dispose des connaissances nécessaires, on peut établir la période d’incubation avant que les vaseux présents dans la boisson ne renaissent. Aussi, les pirates avaient-ils minutieusement déterminé le temps avant que les effets du poison ne se présentent. Les pièges, à l’entrée, visant à ralentir les graärh n’étaient pas uniquement là pour gagner suffisamment de temps afin de pouvoir désactiver le portail et partir avec. Non, ils étaient également là pour laisser le temps à ce piège particulièrement sordide de se déclencher en temps et en heure. Le seul souci … c’est que les graärh étaient un peu en avance sur l’horaire. Et comme si ça ne suffisait pas, les esclaves piégés étaient libres. L’elfe sombre aurait pu gagner du temps s’ils avaient été encore enchaînés. Là en revanche … c’était un véritable défi. Le timing tombait plutôt mal.

Très vite, l’elfe sombre entendit du bruit derrière lui. Les graärh n’étaient qu’à un ponton. Le gredin était pris en tenaille entre l’armée et les esclaves. Comment allait-il se sortir de cette situation ? Devrait-il figer les esclaves et passer au travers ? Ou faire s’effondrer le centre-ville à l’aide de l’esprit-lié de l’orque ? Où devrait-il essayer de gagner suffisamment de temps ? Cela risquait d’être compliqué. Surtout, que dès le début de la bataille il s’était pris une salve de flèches ! Néanmoins … le roi avait une splendide scène là. Il était au cœur de l’attention. C’était difficile de résister. Il devait prendre une décision et rapidement. Tout à coup, le cauchemar des Garals remarqua quelque chose et un sourire illumina son regard. C’était à ce demander dans quels camps les esprits étaient. Étaient-ils avec les graärh ? Ou avec les pirates. Nathaniel se retourna pour faire face aux membres de l’armée graärh qui venaient de faire leur apparition, tournant le dos aux esclaves. Parmi la masse de boules de poils, l’elfe remarqua la présence de l’Aaleeshaan. Parfait. Tout ceci était parfait. En fin de compte, le timing était excellent. Il ignorait pourquoi le poison s’activait un peu plus tôt que prévu, mais il s’en réjouissait. D’une voix forte et assurée, bouffie d’arrogance, le gredin s’exprima.

« Aaleeshaan de la légion Vat’Aan’Ruda ! Moi ! Nathaniel Eärendil ! Roi de la confrérie ! Maitre d’Athgalan ! Je suis prêt à recevoir la réédition complète et sans condition de ton peuple ! »

Un large sourire cruel élargissait les lèvres du gredin. Et alors qu’il se saisissait des extrémités de son manteau tout en levant les bras, les esclaves derrière lui qui avaient commencé à s’approcher se mirent à pousser des hurlements tout en s’effondrant au sol. Une macabre scène se produisit alors. Tous les esclaves présents sur la place centrale se mirent à convulser. De leurs bouches, nez, yeux, oreilles et autres orifices et mirent à sortir des masses noirâtres. Ces apparitions révélèrent très vite leur véritable nature. Des vaseux ! La place centrale était à présent pleine de vaseux ! Certains dévoraient déjà les corps de leur incubateur décédé ou vivant.

Éclatant d’un rire grave et profond, Nathaniel s’enroula dans son manteau et se mit à détaler en direction du port, passant au travers de la place centrale et des vaseux comme ci de rien n’était. Il avait pris ses précautions. Cette petite représentation ne lui était pas destinée, il était destiné aux graärh. Il laissait donc pleinement les félins assister à la mort des leurs qu’ils ne parvinrent, une fois de plus, pas à sauver. Voilà de quoi mettre encore un coup aux morals des troupes.

Alors qu’il atteignait l’autre côté de la place centrale, l’elfe remarqua que les vaseux se dirigeaient non pas vers l’armée graärh, mais vers lui. Non … plutôt en direction du port. Qu’est ce que c’était que cette histoire ? Ce n’est pas ce qui était prévu et il était hors de question que les choses se passent autrement ! Alliant le pouvoir de l’orque et du léopard, Nathaniel fit surgir devant lui un mur de glace. Coupant ainsi la route entre la place centrale et le port. Se saisissant par la suite de son anneau des murmures, il contacta Elwÿn.

« Fais pleuvoir la mort à l’est la place centrale. »

Sans attendre, Nathaniel reprit sa route, toujours drapée dans son manteau. Il ne devait pas rester ici et devait rejoindre le port. L’aileron de la baleine, le mortier magique du Maelstrom, allait user de son tir en cloche et de ses projectiles à fragmentation pour viser une partie de la ville.
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En d'autres circonstances, galoper à toute allures aurait provoqué une euphorie sans pareil à la Dompteuse. Chevaucher l'image même de son Esprit protecteur avait quelque chose de grisant, que ce soit son golem ou un véritable équidé. Mais en cet instant, seul la rage et la détermination flamboyait dans les yeux de la cavalière. Faisant preuve d'une témérité qu'on ne lui connaissait pas, elle avait foncé à travers les pontons aussi vite que si elle avait les Couronnes aux fesses. Guidée par les indications des Fourmiliers, elle était parvenue à esquiver la majorité des pièges posés sur sa route. Les rares ayant détoné, avaient fini par avoir raison de sa monture et dans un dernier hennissement, le golem retourna à la poussière, laissant sa cavalière franchir les derniers mètres qui la séparait de son ennemi. Précédant son armée, bien trop nombreuse au goût des pirates, un sourire carnassier se profilait sur le faciès de la femelle. Les pirates étaient en difficultés ? Ils étaient agacés ? Comme c'était dommage, Sa'Hila ne comptait pas s'arrêter là. Le roitelet et ses pitres de sujets avaient voulu retourner les Esprits contre eux ? Et bien, ils allaient comprendre pourquoi c'était les Graärh les gardiens du berceau des Esprits ! Et cela commencerait par l'exécution de la Couronne d'Ecume. Comme à son habitude, l'Orque ne faisait qu'aboyer et fuir. Des injures et des provocations pour seul babillage intelligible, sa menace n'en demeurait pas moins réelle et sa mort une récompense presque satisfaisante. Cette fois, il était fait comme un rat. Il n'était plus qu'à quelques mètres de son trép…

-NON !

fut sa seule réponse à la suite d'évènements s'enchaînant avec une minutie perverse. À cet instant, elle n'était pas certaine si c'était les rapports de l'explosion de la Porte, la vue des corps disloqués par la naissance macabre des vaseux frelatés ou encore une fois encore, cette terrible sensation de sentir son lien avec de très nombreux Geais se déliter dans le néant, qui lui coupa le souffle et son élan. Une bile amère lui remonta dans la gorge quand elle reprit ses esprits trop tard et que déjà le gredin prenait ses jambes à son cou, comme toujours. De rage, elle propulsa sa lance, déployant toute sa force et sa magie, dans le mur de glace. Ce n'avait pas vraiment d'effet, mais par les sabots de Cheval, que cela faisait un bien fou. Exprimer sa colère était encore le meilleur moyen de l'exorciser et de refroidir son tempérament. Le coeur au bout des lèvres, elle contempla les corps agonisant de ses frères et soeurs. Priant Loup de l'aider dans ses décisions, elle activa sa perle et se retourna vers ses troupes. La Vision de Loup l'aidant à choisir, elle désigna un certains nombre de graärh dont les affinités magiques lui semblait les plus développés et leur ordonna de rester pour soigner les blessés, tout en leur fournissant les encens et pigments qu'elle possédait dans sa sacoche. Les quelques Raton-Laveurs présents leur montreraient comment faire.

-Grenouilles !

Répondant à son injonction, une petite poignée de spirites s'avancèrent prestement.

-Vous avez deux minutes pour m'exploser ce mur. Je veux que vous abattiez le plus gros éclair que vous n'avez jamais invoqué. Visez ma lance.

Aux grands maux, les grands remèdes. Sa lance résisterait à cette attaque, elle avait été imprégnée par le Baôli après tout. Elle savait très bien que quelques vaseux finiraient grillés dans le processus mais la majorité continuerait à se diriger vers le port. Elle avait reconnu ce comportement contre-nature : ce ne pouvait être qu'un appeau d'origine graärh, et la seule ayant pu avoir une telle idée, ne pouvait être que Leksa. Sa jeune disciple avait beaucoup d'instinct et de talent pour le dressage et elle le prouvait. Une bouffée de fierté gonfla le poitrail de l'Aaleeshaan.
Un détail attira son attention… Elle avait foncé si vite qu'elle n'avait pas fait attention à sa destination. Ils étaient arrivés à la place centrale ! Et qui disait place centrale, disait un certain bâtiment non loin…

-Sa', Asolraahn est là, lui glissa discrètement Par'Vati.

Dressant les oreilles, elle se retourna pour voir effectivement le géant d'opale arriver, visiblement furibond. En quelques mots, elle comprit que le gredin lui avait échappé. Heureusement pour lui, elle comptait bien lui donner la chance d'une revanche. Elle s'était donc approché de lui, et lui frappa la poitrine avec fermeté.

-Fonces, Paahad Bedhaag. Pour ton honneur, pour les graärh et pour ta fille. Ramènes la tête de ce bouffeur d'agrume.

Diffusant sa magie dans son corps, elle activa son armure et deux marques lumineuses apparurent à l'endroit où se trouvait sa patte quelques instants plus tôt. Sa'Hila n'était pas une grande combattante, mais là n'était pas sa spécialité. Elle savait exploiter les forces de son peuple, et surtout lui donner les moyens de se surpasser.
Alors qu'un bruit assourdissant lui confirmait bien que le mur de glace avait été pulvérisé, elle s'accroupit et fixa intensivement ses deux familiers. Une profonde tristesse emplissait son regard de larmes qu'elle se refusait de laisser couler.

-Bahvika, Girija, vous accompagnez Asolraahn. Je veux que vous l'aidiez à abattre ce sale rat, d'accord ? Je compte sur vous. Son regard se durcit alors. Allez-y.

La Danse-Fauve déglutit difficilement alors qu'elle les regardait s'éloigner en compagnie du géant opalin. Elle espérait sincèrement que tout se passerait bien pour les deux félins...

-Par'Vati, Par'Mani, suivez moi, je dois aller chercher quelque chose. Bala'dur ! Le vieux Cerf s'approcha et s'inclina prestement. Mènes la charge. Je vous rejoins dès que possible.

Une fois sûre que tous suivaient le plan, elle s'engagea dans les rues sans hésitation. Des mois à espionner cette maudite ville, elle en connaissait beaucoup des recoins sordides…

-Qu'est-ce qu'on fait pour Pankhon, Sa' ?
-Et si elle avait raison ?

-Elle a été dupé. Je ne sais pas quel pouvoir perverti d'Esprit a utilisé ce satané pirate, mais il a profité de la naïveté de la petite… On reste sur le plan d'origine, nous la sauverons une fois les pirates hors d'état de nuire.

Préoccupée, elle avait énoncé cela sur un ton dénué de chaleur. Cela lui faisait mal de l'admettre, mais elle n'avait pas le temps de penser à la petite Geai pour le moment. Elle avait fourni des informations cruciales avant qu'un pirate, ne tente de corrompre leur avantage. C'était bien joué et malin de sa part de vouloir retourner les pouvoirs des Geai. Mais il avait une erreur, fondamentale : il n'avait pas fait attention au geaithéré de Sa'Hila en train de surveiller la petite Pankhon. Ou alors il l'avait confondu avec le propre geaithéréde la petite spirite, mais toujours était-il, que l'Aaleeshaan ne s'était pas fait leurré. Et que les Esprits la pardonnent, mais pour le bien de leur opération, elle feint de remercier la petite pour ses précieuses informations. Elle espérait pouvoir abattre les Capitaines avant que sa supercherie ne coûte la vie innocente  de la graärhonne…

-Nous y sommes… Ces maudits pirates ont enfermé un mille-pattes géant là-dedans. On va le libérer et leur faire goûter leur propre perfidie.

L'entrepôt ne se distinguait des autres bâtiments moisis que par l'insigne délavée "Labyrinthe des traîtres". Plusieurs fois, elle avait assisté à l'entrée de "traîtres" (quand bien même elle se demandait si des traîtres pouvaient réellement exister parmi les furoncles de la société…) et les horribles cris d'agonie qui les suivaient.
Et elle ne fut pas déçue. L'intérieur ressemblait exactement à l'image qu'elle s'en faisait… voire pire même. Malgré la folie de son geste, Sa'Hila était sereine. Même perverti par la fange pirate, les marais et ses habitants faisaient partis de son île. Les ambarhiuniens et leur derrière imberbe ne seraient jamais plus que des nouveaux-venus sur cet Archipel, et elle comptait bien leur faire une piqûre de rappel.
S'approchant de l'entrée de l'immense cage-labyrinthe, elle fit signe à ses soeurs de tout dévérouiller alors qu'elle-même se saisissait de son athamé. Faisant le vide dans sa tête, elle jeta un dernier coup d'oeil aux inscriptions funestes avant de plonger la lame dans son avant-bras. Immédiatement, le sang commença à ruisselait sur le sol. Contenant à grand peine le hurlement au fond de sa gorge, elle cria à la place :

-Viens ici !

Sa voix se répercuta dans toutes les directions avant de trouver une réponse sous la forme d'un cliquetis furieux.

Rage. Haine. Manger. Déchiqueter. Souffrance. Solitude. Manger. Déchiqueter.

Le cerveau des insectes fonctionnaient très différemment de ceux des autres animaux, mais pour l'individu gigantesque qui fonçait à présent vers les femelles, c'était suffisant. Tendant le bras vers la forme aux trop nombreuses pattes, Sa'Hila récita son mantra.

-Ô Grand Cheval, prends acte de de ce sang sacrifié ! Que tes sabots piétinent le cœur de mes ennemis!
Ô Geai Moqueur, que tes plumes ensanglantés porte mon ordre jusqu’aux étoiles !
Crocs et griffes sanguinaires ! Obéissez à mon appel et dévorez tous ceux qui n'ont pas de fourrure des pieds à la tête !


De sa blessure, jaillirent alors dix geais moqueur aussi carmins que le sang qui les avait vu naître. Prenant leur envol, ils s'éparpillèrent à la recherche de réceptacle pour leur ordre. Un en particulier plongea droit dans le crâne du mille-pattes, à quelques mètres seulement de Sa'Hila. Ne pouvant résister à la Kamda Aaleeshaan, l'insecte ne broncha pas quand celle-ci s'installa sur sa chitine. Alors que son anneau de Corail commençait déjà à soigner sa blessure, elle s'agrippa fermement à son effrayante monture. Elle n'avait pas besoin de s'expliquer à ses soeurs : elles se retrouveraient toutes au portail.
À la stupeur générale, tous les graärh présent sur la place centrale virent alors leur cheffe, débarquer sur un mille-patte géant, et accompagnée de neufs autres créatures éthérés, aussi rouge que le sang versé en ce jour funeste. D'un appel mental, Bahumukhee réapparu dans la main de sa propriétaire qui hurlait ce que tous avaient au fond de leur coeur : À mort les pirates.

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Il laissait derrière lui un torrent mortel, dirigé par ses hommes à présent dissimulés aux regards des bêtes, compactant le pouvoir de l’eau céleste se déversant sur eux tous pour en faire une arme de guerre. Patience était le mot d’ordre même en cet instant, il ne fallait pas céder nerveusement face à un adversaire brutal et aveuglé par sa rage. Il avait toute confiance en ses disciples pour cela. Les cultistes ne craignaient pas Mort, et leur patience avait été forgée sur des mois, pour certains, des années. Il fallait laisser les natifs s’enfoncer plus encore dans la nasse, aller jusqu’au bout, dans la gueule de leur piège et refermer les mâchoires avant de finalement mettre les voiles une bonne fois pour toute. Patience donc, et doigté. Pendant que les siens oeuvraient, lui avait décidé de circonvenir un point majeur d’incertitude, à savoir l’éclaireur qui s’était infiltrée derrière leurs lignes. Transformé en graärh, il avait rejoint le port et Leksa, parvenant sans mal à lui faire gober son identité factice : Maut. Installé avec elle à l’écart, occulté à la présence pirate, il l’observa user de son sifflet, méfiant sur le but de la manoeuvre. Un artefact natif ? Qu’attendait-elle ?

La réponse fut prompte. Les vaseux ? C’était vraiment le sifflet qui était à l’origine de leur venue ? En ce cas peut-être devrait-il le récupérer. Cela pouvait servir. Rapidement, cependant, il fut clair que les vaseux convergeaient vers eux, ou plutôt, vers Leksa. Avoir appelé les créatures n’allait pas lui servir longtemps si celles-ci s’en prenaient à elle. Et puisqu’il était là aussi, il écoperait des pots cassés. Leksa comptait-elle sur les troupes de la légion du sud ? Il lui avait fait part de leur arrivée lorsqu’il l’avait rejointe, et ensemble, ils avaient vu les pirates enchaîner le portail au Maelström et jeter le mou de la chaîne dans le port. Une idée astucieuse… mais Leksa devenait d’autant plus problématique si elle transmettait l’information. La tuer devenait absolument nécessaire à présent. Les natifs ne tarderaient guère. Pour s’en assurer, il se focaliser sur le centre-ville avec ses yeux. L’armée avait ralenti. Pourquoi exactement, ce n’était pas clair et il ne pouvait pas prévenir les autres pour le moment mais ça lui laissait une marge d’action pour se débarrasser de la rousse et capitaliser la potion qu’il avait prise.

Lentement, il se calque sur la respiration de la rousse, sur ses infimes mouvements, voulant jauger de sa vivacité et de sa force. Mais alors qu’il trouvait enfin le rythme, l’image de son père courant en battant des bras comme une poule vint le perturber. Que… Quoi ? Le roi forban filait à toute allure en s’aidant de ses bras, moulinant comme s’il tentait un concour de nage. Certes, la mousson pouvait faire croire que le port était sous l’eau mais quand même ! Enterrant la dignité paternelle avec peine, il se fit néanmoins la réflexion que cela rendait Leksa plus gênante encore. La féline allait forcément essayer de s’en prendre à lui. Ou alors… il faisait en sorte d’utiliser cette opportunité pour régler toutes les questions en suspension. Oui, c’était le mieux à faire. Grondant tout bas, il s’adressa à Leksa. “Il faut qu’il paie…Il faut le ramener à Kamda Aaleeshaan” En s’éloignant des vaseux les plus proches, il fonça vers le pirate avant que celui-ci n’atteigne la planche de son navire, en lançant un cri de guerre fort adéquat que n’aurait pas dédaigné un certain Jangali s’il avait été là “Potiron!!!” Nathaniel comprendrait. Enfin il espérait qu’il s’en souvienne. Si Leksa avait suivit, il la laisserait passer devant après un instant de faux combat, pour la piquer par derrière avec son dard (de scorpion). Si Leksa ne suivait pas, à charge pour Nathaniel de faire le mort pour la surprendre ensuite.

Dans tous les cas, s’ils réusissaient à l’attraper, lui demanderait à son père de faire bouger la Revanche de la Reine de sorte que celle-ci puisse canonner l’armée graärh par le flanc, dans son invisibilité, lui-même pouvant retourner auprès du roi sur le Maelström. Il ne voulait pas en rester là. Les félins avaient réellement cru pouvoir chasser son père ? Mais il fallait absolument leur ôter cette idée de la tête au plus vite. Et pour cela, son apparence de graärh allait l’aider immensément. S’il était découvert, il n’aurait qu’à se téléporter auprès de Nathaniel grâce à ses marques du chasseur. Il escomptait également demander à son père, avant de se séparer, de faire leur marché à tous deux sur leur future prisonnière, s’ils parvenaient à la faire tomber. Même si ce n’était pas le cas de toute façon, il tenterait de récupérer de sa chair. C’était important…

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Elle avait déjà rangé le siffler dans sa sacoche, l'objet étant un cadeau aussi précieux qu'utile. Elle ne voulait pas qu'il tombe entre les mains des pirates. Il ne restait plus qu'à attendre et profiter de la diversion pour s'éloigner, voir passer à l'action si cela était possible. Dans ses réflexions, Leksa fut rejoint par un Graärh nommé Maut. Il ne faisait pas partit des esclaves qu'elle avait libéré, mais peut être avait-il été séparé du gros des troupes ? La Graärh ne poussa pas sa réflexion plus avant, écoutant ce que son semblable avait à lui dire.

Quelques instants supplémentaires et les premiers prédateurs firent leur entrée. Leksa vit des crocodiles s'extirper de l'eau et être suivi par d'autres animaux aux dents longues et aux griffes tranchantes. Ses babines s'ourlèrent en un sourire satisfait, malgré les circonstances, mais il disparut à la vue des très nombreux vaseux qui affluaient également. C'était étrange. Même si son sifflet marchait également sur eux, leur nombre était impressionnant, comme s'ils avaient été attirés ici par le sang et la chair.

Son instinct lui murmura, à cet instant précis, que c'était bel et bien le cas et qu'il s'agissait du but des pirates. Se remémorant son survol de la ville, Leksa se rappela avoir vue très peu de sans-poils défendre la place face à l'avancée de son peuple, tandis que les nombreux pièges avaient eu raison d'un grand nombre de Graärh. Depuis sa cachette, Marche-flamme vit les pirates attaché le portail au Maelström à l'aide d'une épaisse et lourde chaîne. Ils ne comptaient pas combattre, mais fuir avec leur précieux butin réalisa t-elle alors que le navire tirait en cloche sur la ville. Les pupilles dilatées, Leksa suivit la chute du projectile des yeux jusqu'à son impact, vers le centre de la ville. Si son peuple avançait vers le port, il se plaçait sous le feu du vaisseau pirate et courrait à sa perte : Leksa devait l'empêcher.

Assommée par sa soudaine compréhension du plan pirate, Leksa baissa les yeux sur ses pattes. Que devait-elle faire ? Elle n'avait pas la sagesse des anciens, mais son instinct de préservation la poussait à rejoindre son peuple et les faire quitter la cité. À quoi rimait tout cela, si ce n'était perdre encore plus de guerriers ? La tête d'un seul homme, fut t-il capitaine de la confrérie, ne valait pas la vie de milliers de Graärh. Il y aurait d'autres occasions et peut être que son peuple pourrait trouver des alliés pour combattre la piraterie. Il devait bien y avoir des sans-poils, dans ces cités de pierre, qui détestaient ces vermines autant que les Graärh. Et il devait être possible de nouer une alliance avec l'autre Légion, eux aussi ayant souffert de la présence des bipèdes sur leur île.

La voix de Maut fit tourner la tête à Leksa. Elle le fixa, sans un mot, pendant une fraction de seconde et rugit sa désapprobation, alors qu'il fonçait dans le tas. Tant pis, elle ne pouvait pas le suivre alors que son peuple courrait vers sa perte une centaine de mètres plus loin. Qu'était la mort d'un Graärh, si elle pouvait sauver le reste de son peuple ? Sur cette pensée, Leksa se détourna de Maut et se métamorphosa en chouette, échappant de ce fait aux vaseux.

Volant haut et vite, la Graärh n'était pas une cible facile, même si elle était découverte, et devait retrouver Sa'Hila pour ordonner la retraite. Se dirigeant vers le centre-ville, Leksa fouilla les alentours de ses petits yeux perçants, jusqu'à être en mesure de localiser leur cheffe. Hélas, pas de trace de Sa'hila. Décidée à agir, même sans l'accord de sa mentor, Leksa se concentra sur l'énergie de la chouette.

Prête-moi ta force, ô grand esprit.

La magie faisant son œuvre, Leksa sentit son corps grossir et s'alourdir alors que ses ailes prenaient de l'envergure. Ses belles plumes se colorèrent des nuances du soleil, alors qu'elle passait au-dessus de la place centrale, et lorsque Marche-flamme se posa pour attirer l'attention des siens, elle darda sur eux un regard sévère. La fauve n'avait pas, malheureusement, la capacité de parole sous cette forme et fut forcée de reprendre forme bipède après quelques instants. Ses premières paroles furent sans détour.

" Nous devons battre en retraite. Tout ceci n'est qu'un piège destiné à nous saigner le plus possible ! Trop des nôtres sont déjà morts et continuer ne va qu'éclaircir nos rangs ! Nous aurons notre revanche, mais pas aujourd'hui ! Ayez confiance en moi !"

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Alors que la nuit obscurcissait le ciel au-dessus d’Atghalan la Perfide, le géant opalin se mouvait en de longues foulées sur le sol verglacé. Derrière lui, les Garal le suivaient à la trace, le bruit de leur pas ne faisant pas même crisser la glace sous eux. Asolraahn fut fier de leur détermination. Ils avançaient à son rythme et avec la mesure d’un renard, faisant ôter toute prudence au capitaine pirate qui avançait bruyamment sur les pontons. Le géant opalin ne le regardait pas. Il n’en avait pas besoin. Le son de sa béquille était un guide bien plus avisé et révélateur de sa position.
Il arriva alors un moment où Asolraahn se retrouva devant d’immenses pilotis surplombant une plateforme d’une centaine de pieds de long. Le géant opalin prit appui sur le pilier et s’élança tel un fauve sur le plancher. Il jaillit du sol avec un rugissement de triomphe devant la silhouette chétive de l’elfe. En voyant l’étincelle de surprise luire dans le regard du roi pirate, Asolraahn en profita pour charger. Son bâton resplendit dans le clair nocturne.
Mais ne rencontra que le vide.

L’elfe se fendit, se servit de sa béquille pour s’esquiver au-dessus de sa tête comme un acrobate chevronné, et le géant opalin comprit que la blessure n’était plus qu’une ruse. Peut-être l’avait-elle toujours été, qui sait ? Le roi pirate était en tout cas en pleine possession de ses moyens. A présent, il détalait, laissant tomber des morceaux de glace suintant derrière lui. Le géant opalin le regarda partir, son bâton traînant derrière lui. Si proche… il était à n’en point douter que la prochaine occasion serait la bonne. D’autres Graärhs surgirent des profondeurs, renversant des copeaux de bois sur eux en grognant. En voyant le pirate fuir, ils feulèrent de frustration :

-Esprit tout-puissant ! fit l’un d’eux. Ce petit être ressemble plus à un singe qu’à un oreille-pointu.

-Alors faisons-le tomber de sa branche, répondit Asolraahn.

Dans un rugissement de haine quasi palpable, les Garal se lancèrent à sa poursuite, désormais bien visible et le géant opalin à leur tête. Ils surgirent dans la place centrale et furent témoins du spectacle macabre que le roi pirate leur préparait dans l’ombre. A dire vrai, bon nombre de survivants dirent plus tard qu’ils furent là témoin de la pire des malices : Autour d’eux, des Graähs portant les marques à vif de chaînes se tordirent dans des angles improbables. Leur pelage se déforma sous l’éclat horrible de leur chair qui s’ouvrit dans un sinistre craquement. Et à l’intérieur d’eux, des vaseux sortirent, leurs écailles émaciées frétillant sous la peau des corps sans vie.
L’un d’eux fonça sur le géant opalin, ses yeux globuleux et vide se braquant sur lui. L’horreur transperça l’esprit d’Asolraahn comme une dague, pour faire aussitôt place à la rage. Il agrippa la poignée de son bâton, esquiva la créature et écrasa son arme sur son flanc. Un clappement gras résonna et les écailles se disloquèrent sous la force du coup. Le vaseux retomba inerte devant lui. Le géant opalin vit soudain un mur de glace se former derrière le gredin qui prenait la fuite. Il jura une malédiction infâme et rejoignit le mur. De haine, il arracha un grain de glace de ses griffes, le faisant virevolter dans l’air. Mais rien ne lui permit d’enfoncer le mur de glace. Il poussa un rugissement de haine à faire trembler les bâtiments.

-Asolraahn !

Le géant se retourna et reconnut Par’Vati qui lui indiquait la Kamda Aaleeshaan du museau. Asolraahn cligna des yeux, heureux de la trouver saine et sauve et se dirigea vers elle. Autour de lui, le chaos faisait rage. La pluie s’abattait férocement, le vent arrachait jusqu’aux os des Graärhs, pirates et vaseux qui luttaient pour leur survie ; Les toits des baraquements s’en allaient rejoindre des terres plus fertiles, tâtonnant aveuglément dans un but vain, avant de retomber avec fracas dans une ville désormais faite de ruine et de cendre. Et puis il y avait le cri des mourants, qui appelaient à l’achèvement de leur agonie.
Et au désir de mort d’Asolraahn.

-Il nous a échappé, dit-il avec colère. Sur le ponton, près de la baie Sud. On a failli l’attraper mais il a été rusé. Je réclame ma vengeance ! Je réclame le droit d’en faire ma proie jusqu’à ce qu’il meurt.

Elle accéda à sa requête et lui offrit bien plus en retour. La magie et les protections de l’Aaleeshan sanrakshika coulèrent soudainement en lui, et Asolraahn devint plus fort qu’il ne l’avait jamais été, se sentant prêt à soulever les montagnes. Il inclina la tête devant la Kamda Aaleeshaan, honoré. Car par ces cadeaux, elle venait de le nommer comme son champion, et par ses griffes et son bâton, se matérialiserait la personnification de sa voix et de son autorité, ainsi que son courroux.

Dès que Bahvika la panthère de brume et Girija la tigresse blanche se postèrent tout deux à ses côtés, le géant opalin comprit que Sa’Hila avait toute confiance en lui. Il prit une longue inspiration et demanda :

–Je risque d’aller près du danger. Jusqu’où estimes-tu leur loyauté, Bhediyon-ke-saathi ?

Il n’eut pour toute réponse qu’un regard perçant, plus dur que le cristal. Le regard d’un chef. Ensuite, elle lui donna un ordre simple et clair. Le géant opalin acquiesça gravement. Il suivit la panthère et la tigresse qui avaient déjà pris le pont d’assaut, muni de son bâton, sa troupe de guerriers le suivant comme son ombre. Près du port, la bataille faisait rage. Des pirates isolés canardaient les envahisseurs avant de se retrouver emportés par la marée Graärh. Ces derniers se battaient avec une sauvagerie surnaturelle et infligeaient la mort, parfois avec cruauté, par vengeance pour leurs morts qui ne se relèveraient jamais. Alors qu’ils suivaient le roi pirate dans sa retraite désespérée jusqu’au port, Asolraahn vit des monceaux de corps, des bras et des jambes arrachés et gorgés de sang badigeonner le sol, exhalant la mort. Graärhs esclaves comme pirates gisaient autour de crocodiles plus gros que des smilodons, des vaseux agitant des membres falciformes pour échapper à la chair tuméfiée de leur hôte. Au détour d’un ponton, un pirate marchait le regard ahuri, en silence, ses entrailles à moitié arraché pendant derrière lui.

Et puis une pluie de canon tonna sur le centre-ville.

Durant dix bonnes minutes, l’assaut continua, pulvérisant des sections entières de baraquements, massacrant des Graähs, et abattant l’une des tours suspendues, qui se décrocha sous l’impact et s’effondra lentement dans le marécage qui se formait en dessous. Certains Garal eurent le temps de sauter à l’abri, et seuls quatre d’entre eux furent emportés ; ils hurlèrent en passant par-dessus les plateformes, jusqu’à ce qu’ils se fassent écorcher par les vaseux.

C’est de ce théâtre lugubre que parut Asolraahn et sa troupe, suivi des familiers de Sa’Hila. En voyant le navire ancré à l’autre extrémité, il comprit que le temps jouait contre lui et qu’ils devaient agir vite. Des mouettes tournaient au-dessus du vaisseau et, à la lueur lunaire, leurs ailes se teintaient d’argent. Dans le lointain, la voix de Leksa Pram'hedase, l’une des geais éthérés de Sa’Hila se répercuta entre les baraquements et les tavernes, appelant à la retraite. Le géant opalin l’écouta avec attention, avant de se tourner vers les siens :

-Vous n’êtes pas obligés de me suivre. Il serait effectivement étonnant que les quais ne soient pas un ultime artifice pour les Graärhs, et on pourrait y laisser notre pelage. Mais nous sommes moins nombreux qu’une légion, moins voyants. Nous pouvons attraper le gredin avant qu’ils ne prennent son navire. S’ils ne comptaient pas s’essayer à une guerre contre nous, cela signifie qu’il y a peu d’hommes sur son pont. Nous n’aurons pas eu notre revanche sur les pirates, mais nous pouvons avoir notre revanche sur leur roi. Alors, qui est avec moi ?

Les Graärhs de la tribu à son côté feulèrent d’assentiment, levant leurs armes bien haut. Asolraahn rugit de même :

-Alors montrons-leur qu’on ne peut se tirer de nos griffes sans laisser un bout de viande derrière soi ! Frappons le navire tant qu’il est encore amarré, et que le bois tremble sous le pied de nos ennemis, car les Garal ne se font jamais attendre !

Le géant opalin sortit son bâton de son barda et le ramena contre lui. Il courut vers le bateau que les pirates commençaient lentement à charger. Il ordonna à ses shikaaree de se disperser pour ne pas inciter les pirates à tirer une volée sur une brigade trop importante. Dans le chaos que les bêtes des marais et les vaseux avaient déclenché, les Graärhs étaient les grands gagnants : Impossible de discerner une cible précise à atteindre.

- Potiron!!!

Asolraahn tourna la tête de côté, les yeux écarquillés. Lorsqu’il vit l’elfe pirate aux prises avec un Graärh, il sut que c’était le moment ou jamais. Plus de fuite possible. Plus de longues courses endiablées.
Ou presque.
Le géant opalin feula profondément, indiquant le gredin de son bâton. A une vitesse hallucinante, les familiers de Sa’Hila se jetèrent sur leur proie. Ils se séparèrent et Bahvika s’approcha par le flanc gauche, tandis que Girija passait par le flanc droit, encerclant l’échauffourée de leur pas prédateur. Seul le vent murmura derrière eux. Et alors que le Graärh esclave reculait devant le roi pirate, Tarama Tish virevolta tel un disque lumineux face au ciel. Sans octroyer une seule seconde de battement, Asolraahn attaqua.


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descriptionN - [INTRIGUE] Le visage de la cruauté EmptyRe: [INTRIGUE] Le visage de la cruauté

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SA'HILA

Compétence utilisée : Endurance niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

- Graärh : +5
- Usage répété de magie, glyphe et de contrôle (dont équitation sur des pontons en corde) : -20

Résultat => 30 - 100 = -66 : Échec critique

TEOTL - REACTIVITE

Compétence utilisée : Coordination niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

- Sainur : +5
- Effet de surprise (nouveau protagoniste + reliquat du précédent jet de furtivité remarquable) = -10

Résultat => 90 - 100 = -10 : Réussite médiocre

NATHANIEL - REACTIVITE

Compétence utilisée : Coordination niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

- Elfe : +5
- Effet de surprise (nouveau protagoniste + reliquat du précédent jet de furtivité remarquable) = -10

Résultat => 90 - 100 = -10 : Réussite médiocre

ASOLRAAHN - Attaque surprise

Compétence utilisée : Bâton niveau Maître. Marge de la caractéristique : 75.

Modificateur =>

- Graärh : +5

Résultat => 80 - 1 = 79 Réussite Exceptionnelle

LEKSA - RETRAIT DES TROUPES

Compétence utilisée : Charisme niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Graärh : +5
Moral des troupes (désir de fuir après tant d'horreurs) : +10

Résultat => 60 - SCORE = -26 Échec simple




  • MR de 66 et plus : Réussite exceptionnelle. L'action fait l'effet d'un coup de génie. Un avantage conséquent est octroyé et ses effets bénéfiques font profiter tout le groupe.
  • MR de +41 à +65 : Réussite remarquable. L'action est ovationnée. Un avantage certain est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +21 à +40 : Réussite notable. L'action est particulièrement réussie. Un léger avantage est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +1 à +20 : Réussite simple. L'action est réussie simplement, sans autre résultat notable.

  • MR de 0 : Réussite in extremis. L'action réussit sur le fil du rasoir, à un cheveu près.

  • MR de -1 à -20 : Réussite médiocre. L'action réussit mais n'a pas les effets escomptés (souvent amoindris).
  • MR de -21 à -40 : Échec simple. L'action échoue. Un léger désavantage au joueur ou un léger avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -41 à -65 : Échec cuisant. L'action échoue pitoyablement. Un désavantage au joueur et/ou un avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -65 et moins : Échec critique. L'action échoue lamentablement. Un sérieux handicap est attribué au joueur et à ses alliés. L'adversité obtient un sérieux avantage.



Dernière édition par Le conteur le Jeu 19 Déc 2019 - 22:38, édité 4 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 96, 100, 100, 1, 86

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Il s'éteint. Le portail. L'énergie quitte son corps de pierre et de lien entre Netheril à Nyn-Tiamat, il n'y a plus. L'on s'est battu dans le port pour massacrer ces animaux sauvages, mais les vaseux affluent, encore et encore, comme si la ville allait finir rongée par ces bêtes. Ceux qui le peuvent sont montés sur les deux navires. L'un est invisible, mais les habitués en font fis. On les a vu sauter dans le vide et disparaître, happés par le monstre affamé dont les canons ne tarderaient plus à tirer à plat sur le port.

Mais de graärh, il n'y aurait pas.

Sa'Hila est au bout de ses forces, rongée, usée par la bataille et ses propres efforts. Le ver dompté et les geais de sang obéissent, mais la Kamda Aaleeshaan s'effondre au sol, fort heureusement à la vue de Leksa. La tribyoon a appelé à la retraite mais les graärh réclament vengeance. Ils ont vu, dans le centre de cette ville damnée, leurs frères être démembrés de l'intérieur. Ils ont espéré une bataille, féroce mais loyale. Il y a toutefois au sol bien plus de corps de félins que de pirates. Tout ceci n'a été qu'un piège, une fosse mortuaire dans laquelle ils se sont jetés.

Nombreux sont les graärh qui refusent cet état de fait. Ils refusent d'accepter que tous les sacrifices faits jusqu'ici n'aient été vain. Ils ont envie de se venger, de courir encore après ces meurtriers, essayer d'arracher ne serait-ce qu'un semblant de victoire. Il est si dur de renoncer. Peut-être aurait mieux valu ne pas commencer du tout, à l'instant même où on avait appris que la ville avait été vidée et piégée... Cela n'avait-il pas été évident ? Cela se trouvait juste sous leur truffe.

Et maintenant ? C'est si dur de se plier, de repartir la queue entre les jambes avec... Rien ? Mais ne vaut-il pas mieux rien que pire encore ? Leksa, elle, l'a compris. Ce n'est qu'une fois le corps de Sa'Hila à terre, la Kamda abattue par sa propre démesure, qu'ils acceptent de faire demi-tour, préférant orienter leur colère contre celle qui n'a pas été assez clairvoyante face à leur ennemi. Celle qui n'a pas eu besoin d'être frappée par l'ennemi pour tomber au sol, vaincue.

Au port, un autre roi est au sol. Son fils a voulu se jouer de Leksa mais celle-ci a refusé de céder à la colère... Toutefois, Asolraahn, lui, n'y a pas le moins du monde renoncé. Accompagné des deux félins et d'une troupe, il fonce sur sa cible pour l'attaquer... Mais il pressent quelque chose, dans la réaction des félins qui l'accompagnent, quelque chose qui ne peut tromper l'instinct. Au moment où le Géant Opalin abat son bâton, Maut, le graärh sombre l'attaque d'un dard de scorpion que le Trand empoigne pour intercepter le coup et dans son élan, le plante dans la cuisse de Nathaniel.

Teotl, en bouclier, s'interpose entre le bâton et son père, prenant dans les côtes un coup sévère (perte provisoire de trois rangs de coordination). Qui a dit que la loyauté n'existe pas chez les pirates ? Nathaniel, pour sa part, connait bien son fils et ce qu'il y a dans son dard. Par l'esprit-lié du bourdon, il ralentit la progression du poison narcotique... mais ne peut l'arrêter. Les deux félins, après les avoir cernés, s'élancent sur les deux cibles mal en point qui vont devoir trouver une solution immédiate pour s'extirper de là.

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Elle n’avait pas suivi, dommage mais au moins, Nathaniel serait sauf et à bord de son bâtiment le temps qu’il termine ce qu’il était censé faire. Son regard sombre croise celui de son père un bref instant alors que dans le lointain, des hurlements se font entendre. La magi dissipée de la matriarche graärh certainement, dont l contrecoup était l’abandon des créatures possédées qui reprenaient leurs instincts sauvages, y compris à l’égard des natifs. Dommage pour le mille-pattes géants dans leurs rangs, lui apprenait-on via anneau des murmures mais sans qu’il ne puisse répondre. Si ces bonnes nouvelles étaient un excellent moyen de lui redonner de la motivation supplémentaire, il avait à faire face à ses propres soucis immédiats, en la personne d’un trand géant. Il s’attendait à une petite garal fonçant à sa suite, pas cette chose poilue et gigantesque qui sortait de nul part. Par pur instinct, il fit cingler sa queue vers lui comme il avait escompté le faire avec Leksa, avec l’intention d’enfoncer profondément son dard en lui pour le paralyser. Cette bête plairait certainement à son père, pour ses arènes. Quelle ne fut pas sa surprise, son ahurissement même, lorsque le félin lui saisit la queue dans un geste à la vivacité spectaculaire. Prit de court, il n’eut pas le bon réflexe et laissa l’autre user de son dard pour blesser Nathaniel. Il a tout juste le temps de se contorsionner pour faire barrage devant le roi et prendre l’impact du bâton à sa place. Le coup lui coup le souffle et fait vibrer ses os, la force du graärh amortie par les renforts de son armure est toutefois encore bien suffisante pour lui fêler des côtes et faire naître la douleur. Secoué, il a néanmoins plus peur encore pour son père, connaissant très bien la puissance du venin qui vient de lui être injecté. En quelques minutes à peine, c’est la paralysie des membres, et dans son cas, l’arrêt de la bataille. Ils doivent absolument en finir avec le graärh avant cela. Avant le moment fatidique.

Et pour couronner le tout, le graärh n’est pas seul, il est accompagné de deux animaux. Sachant que ceux-ci pourraient être figés par son père pendant quelques instants pour leur permettre plus de mouvements, il se concentra sur le félin. Celui-ci tenait toujours fermement sa queue, et s’il voulait faire quoi que ce soit, il allait devoir le faire lâcher prise. Plusieurs idées rapides lui vinrent, comme de le prendre au piège de la ligature de son fouet, mais cela pourrait se faire dans un second temps. Abandonnant en un battement de coeur son sort de vol d’esprit-lié, l’immaculé sous déguisement déploya toute la force de l’aura de l’Antilope. Puisqu’il avait l’apparence d’un graärh, la séduction de son esprit-lié fonctionnerait bel et bien… de même que sa compulsion. Plongeant son regard dans le sien, il éleva donc la voix avec l’espoir que la force de son esprit puisse vaincre le félin. “Et si tu me lâchais et que tu arrêtais le combat pour te tenir tranquille ?” S’il réussissait, il irait immédiatement tuer les deux bêtes qui menaçaient leurs flancs avant de réclamer son prisonnier…. Mais ça, c’était dans l’optique où sa tentative fonctionnait. S’il voyait que cela ne marchait pas, le fouet à sa hanche saurait sans doute bien assez entraver les mouvements de sa cible le temps qu’il lui découpe les tendons de la main pour le forcer à le lâcher.

Directives :


Antilope niv.3 :


glyphe ligature du fouet :

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