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descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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25 mai 1764

Le soleil se levait, annonciateur d'une belle journée. Et je me levais au même moment, accompagnée par les premiers gazouillis des oiseaux. Vêtue d'une simple tunique légère, nouée à la taille, je traversais la chambre à pas de loups. Sous mes pieds, le bois clair craquait à peine. Les cheveux lâches, je traversais l'encadrement de la porte et la refermais sur mon intimité en un geste délicat.

La petite mezzanine était partiellement éclairée. Au-dessus de ma tête, percée dans le plafond cathédrale, un puits de lumière laissait filtrer les premiers rayons. Ceux-là, timides, se perdaient encore dans les poutres apparentes qui soutenaient la charpente. Face à moi, je posais la main droite sur la barrière de racines noueuses qui me séparait du salon, en contrebas, et laissait les doigts de mon autre main caresser les feuilles de lierres et de vignes qui descendaient du plafond. Je me penchais ensuite au dessus de la rembarres, posant mon regard sur le petit bassin en contrebas dans lequel terminaient les feuilles suspendues.

Un léger sourire étira mes lèvres et je descendais de la mezzanine en empruntant l'escalier à ma droite, celui-là formant une courbe délicate en suivant le tracé du mur extérieur. Cette maison, perchée à plusieurs mètres au-dessus du sol, était ma création. J'en étais fière. Ce n'était pas immense, loin de ce que j'avais connu dans ma jeunesse. Mais cela me suffisait amplement.

La pièce principale était un salon bordé de large fenêtre. L'une d'elles était un vitrail à terminer. Du sol au plafond, on retrouvait ce même bois clair, typique des arbres alentours. Les seules touches de couleur provenaient donc du mobilier, lui aussi confectionné par ma magie. Du bleu, du marron, du vert et du orange, par touches délicates, habillaient ainsi ma demeure. Sous la mezzanine, où se trouvait l'unique chambre, j'avais pris soin de placer une bibliothèque. Elle prenait toute la largeur du mur et deux fauteuils attendaient d'accueillir d'avides lecteurs. Les rayonnages, quant à eux, devaient encore être garnis. Une mission que je m'étais donné de remplir. Un jour.

Je détournais le regard et m'approchais de la cheminée, où j'allumais un feu du revers de la main. Feu et bois ne faisant pas bon ménage, de la pierre avait été ajoutée à la construction pour prévenir un risque d'incendie. La cheminée grimpait parmi les poutres pour déverser sa fumée à l'extérieur. J'y plaçais une bouilloire en métal remplie d'eau et de thé. Je l'avais achetée sur un marché sélénien, peu de temps après mon arrivée sur l'archipel.

En attendant que le thé soit prêt, je sortais à l'extérieur. Le vent était tiède. Le sol, couvert d'herbe verte et de fleurs, se trouvait à environs quatre mètres sous mes pieds. Un escalier en bois s'enroulait autour du tronc qui soutenait la maison et permettait donc de monter et descendre sans danger. Enfin, au-dessus de ma tête, les immenses arbres alentours formaient, de leurs branches et de leurs feuilles, un ciel agréable. Et un abri sommaire, aussi, en cas d'intempéries.

Le sifflement de la bouilloire, dans la maison, me fit rentrer. Avec un torchon, je la sortais du feu et versais le liquide brûlant dans une tasse, sur laquelle je soufflais. Les arômes du thé me montèrent immédiatement au nez et je soupirais d'aise. Je pris le temps de savourer ma boisson, m'asseyant sur la balançoire qui trônait au milieu du salon. Les cordes en chanvre qui la retenait étaient fixées aux poutres, un peu plus haut.

Un petit livre dans la main gauche, ma tasse fumante dans l'autre, je plongeais dans les études de la Loge au sujet de la magie.

*
**

Un peu plus tard, lorsque la matinée fut bien entamée, je me retrouvais de nouveau à l'extérieur. Appuyée contre la barrière qui me séparait du vide, je guettais l'unique chemin, tracé dans l'herbe, qui menait au pied de "mon" arbre. Du visiteur que j'attendais, j'en espérais beaucoup. Peut-être trop. Peut-être était-ce idiot, même, de lui demander son aide. Mais je devais essayer. Je devais en avoir le cœur net et tous les moyens étaient bons pour y parvenir.

Cet homme, je ne l'avais pas revue depuis l'ancien continent. Dans une autre vie, me semblais t-il. Et pourtant, il s'était souvenu de moi. Il avait accepté de se déplacer jusqu'ici, me rendant la vie un peu plus simple, au moins l'espace d'un instant. Dans ma dernière missive, je l'en avais grandement remercié.

Lorsqu'enfin, je l'apercevais sous les frondaisons des arbres alentours, je me redressais. Vêtue d'une tunique aux couleurs des feuilles, je m'avançais vers l'escalier qu'il devait emprunter pour me rejoindre. Face à l'homme, j'inclinais poliment la tête, quelques mèches rousses se glissant devant mes yeux. Je les replaçais derrière mon oreille d'un geste.

" Messire Avente, j'espère que vous avez fait bon voyage. Merci encore d'être venu jusqu'ici. "

Je m'efforçais d'être chaleureuse. Sans grand succès. Je me sentais raide comme un piquet. Pourtant, reconnaissante, je l'étais. Cela se voyait-il au fond de mes yeux ?

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Une étrange missive. Pour une étrange demande. Si le Tisseur en avait été un court instant intrigué, il n’avait guère hésité à accepter. Après tout, consentir à cette rencontre ne l’engageait en rien. Cela lui permettait en outre de renouer avec un ancien contact. Un contact à qui il devait une vie, mine de rien. Certes, pas la sienne, pas réellement. Quoique… Si son araignée, d’assez haut cercle, avait été capturée en ce temps-là, peut-être le Tyran Blanc serait-il parvenu à détruire toute la Toile, et le Tisseur avec elle. L’impact d’une telle capture aurait pu faire des ravages… et ce contact leur avait évité cette calamité. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle alors fait ce geste, sauvé cette vie ? Ilhan ne le saurait jamais, sans doute. Mais peu importait. Une vie avait été sauvée. Et le moindre qu’il puisse faire, aujourd’hui, était d’accepter au moins cette rencontre. Quand bien même la Toile avait déjà payé sa dette, antan, en témoignant pour elle… Au fond de son coeur, le Tisseur se sentait encore, il ne savait réellement pourquoi, quelque peu redevable.

On n’effaçait pas ce genre de liens d’un revers de main.

Il avait préféré toutefois la rencontrer sur son terrain à elle. Autant parce qu’il lui était encore difficile de donner un lieu de rendez-vous chez lui, à Delimar, lui qui y restait si peu ces dernières semaines, pas mal accaparé par son enfant alors sur la Vagabonde, ainsi que par ses préparatifs de départ de Delimar… Autant parce que le Tisseur aimait en apprendre plus sur ses interlocuteurs. Et quoi de mieux, pour en apprendre plus sur quelqu’un, que de le rencontrer chez lui, en sa propre demeure ? Les maisons portaient toujours en leur sein la marque de leur maitre.

Et celle-ci ne semblait guère déroger à la règle, songea-t-il, alors qu’il s’approchait de la maison perchée dans un arbre. Olorëa, qui avait accepté de le téléporter non loin, se reposait du voyage, lovée dans une poche qu’il avait fait confectionner pour elle sur sa sacoche, afin qu’elle puisse rester confortable sans vraiment le quitter. Farouche comme elle l’était, elle répugnait à s’éloigner trop de lui en terrain inconnu…

Une maison dans un arbre donc. Une maison fort charmante au demeurant, d’aspect extérieur. Quand il arriva au pied de celle-ci, il adressa tout d’abord un signe de tête à son hôte, qui l’attendait en hauteur, appuyée sur la rambarde. Il monta l’escalier en colimaçon tout en frôlant de la main le rugueux tronc qui l’escortait tout du long. Il devait avouer qu’il appréciait ce contact direct avec la nature. Il n’aurait jamais songé, lui si friand de tout confort, à une telle maisonnée qui paraissait certes agréable, mais rudimentaire. Toutefois, il en appréciait la chaleur et le naturel apaisant qui s’en dégageait.

Il fut accueilli dignement, à la mode elfique. Et décida alors de lui rendre un salut althaïen, si proche de leur salutation du beau peuple.

Que le soleil guide vos pas, fit-il alors, tout en s’inclinant légèrement à son tour, portant une main à son coeur avant de la faire voler, paume vers le ciel, en direction de son hôte. Dame Aërendhyl, c’est un honneur de vous rendre visite, après tout ce temps. C’est moi qui vous remercie de votre invitation.

Il se releva alors et ancra son regard sombre, légèrement teinté de petits éclats d’or, sur l’immaculée face à lui. Savait-elle seulement qu’ils étaient maintenant de la même race ? Enfin, presque. Elle Nywin quand lui était Shedim… mais après tout, tous les Sainnûr ne devaient plus faire qu’un. Un peuple uni, soudé, pour qui il n’y avait plus ni jour ni nuit, mais juste une commune éternité… fort dans leur renaissance et leur nouvelle essence. Non, sans doute ne le savait-elle pas encore. Si son secret commençait à se percer, il n’était peut-être pas encore arrivé jusqu’aux oreilles de Sélénia. Même si cela ne saurait tarder…

Mon voyage fut de courte durée, ajouta-t-il avec un léger sourire où teintait l’amusement.

Il n’allait certes pas trahir les capacités d’Olorea, mais après tout il existait quelques autres moyens de téléportation, même s’il n’était pas maitre en flux de déplacement.

Même si nous ne devons pas user de magie à outrance, dans de telles circonstances, elle devient d’une aide primordiale.

Son regard erra alors un instant sur la maison, de laquelle il nota les issues, accès, comme toujours à son habitude quand il arrivait dans un nouvel endroit. Il n’entendit aucun autre coeur battant dans les environs. Ils semblaient donc seuls tous les deux… À moins que la sainnûr ait tout d’un coup fait connivence avec un compère vampire… mais il en doutait, au regard des derniers événements qui avait frappé sa cité Sélénia.

Magnifique demeure. Et dans un cadre des plus paisibles et agréables, ajouta-t-il, tout en balayant l’horizon devant eux de sa main non gantée. Est-ce vous qui en êtes l’artiste ?

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Je reconnaissais ce salut althaïen. Le geste paraissait anodin. Ce n'était qu'une salutation. Mais pour moi, il revêtait une allure différente. Supplémentaire. Il me rappelait chez moi, autrefois. Et c'était réconfortant, quelque part.

Dame Aërendhyl. Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas exactement appelé ainsi. Cela me rappelait mes origines nobles, au sein du beau-peuple, dont je ne bénéficiais plus ici. Mais cela ne me dérangeait pas. C'était seulement agréable à l'oreille bien que les souvenirs y étant rattachés n'étaient pas tous - loin de là - joyeux.

Face à moi, l'humain se redressait. Il avait bonne mine, jugeais-je. C'était une déformation professionnelle que de juger, d'un rapide examen, de l'état de mes interlocuteurs. J'espérais qu'il ne prendrait pas ombrage de mon regard quelque peu appuyé, l'espace d'un court instant.

J'approuvais ensuite du chef. Un court voyage. La magie. Tant mieux. Qu'il se soit épargné une longue route à cheval me convenait. Je me sentais un peu moins mal de l'avoir fait venir jusqu'à moi si cela ne lui avait pas demandé tant de temps et d'effort. Car il ne semblait pas fatigué outre mesure par l'usage d'un sort, déduisis-je en l'observant une seconde.

" Je suis bien d'accord avec ce point, messire Avente. " Répondis-je en tentant un léger sourire, exactement comme lui.

Je laissais l'homme observer les environs, consciente qu'il n'en étudiait pas uniquement l'architecture. Car cet homme n'était pas n'importe qui. Le Tisseur. L'araignée sur sa toile. Mais il pouvait se tranquilliser, il était hors de question qu'il lui arrive quelque chose sous la protection de ma demeure. Moi-même, je ne lui voulais que du bien. Et son aide.

" Oui, c'est bien moi. " Répondis-je à sa question, la fierté pointant le bout de son nez dans le ton que j'empruntais.

Je m'éloignais ensuite de quelques pas, en direction de l'entrée.

" Je vous en prie. Je suis en train de faire du thé. "

J'ouvrais la porte et, d'un geste, lui offrait d'entrer dans ma maison pour qu'il la découvre lui-même. Il n'y avait plus de feu dans la cheminée, uniquement des braises bien chaudes au-dessus desquels la bouilloire continuait de chauffer tranquillement. Mon traité sur la magie, je l'avais abandonné sur la table ronde qui trônait un peu à l'écart du salon, entourée de trois chaises. Sur cette table, taillée dans le bois d'un vieux chêne déraciné, se trouvait un petit pot en métal où j'avais rangé des biscuits de ma conception. De simples gourmandises bien elfiques.

" Il me reste encore plusieurs à faire, comme vous pouvez le constater. "

D'un revers de la main, j'indiquais le vitrail à moitié fini, ainsi que les pinceaux et les pots de peinture disposés près du mur. Il y avait également la bibliothèque, impossible à manquer, qui attendait de nombreux ouvrages.

" Je sais que l'heure de dîner est passée, mais voudriez-vous quelques biscuits ? "

Jugeant qu'il était préférable de faire preuve d'hospitalité avant de lui demander de me rendre un service, j'indiquais le pot à biscuit qui trônait au centre de la table et duquel j'avais retiré le couvercle. Ces gourmandises étaient fortes simples, mais terriblement bonnes pour mes papilles. Elles étaient légères, légèrement croquantes à l'extérieur et moelleuse à l'intérieur.

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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L’althaïen laissa le regard presque inquisiteur de la mage professionnelle le transpercer sans en prendre ombrage et son masque lisse resta aussi imperturbable que le marbre, alors qu'il attendait le silencieux verdict. Non, nul ombrage. Il ne se sentait pas jugé sous ce regard, simplement évalué, tel un guérisseur évaluant un potentiel patient. Après tout, son état maladif d’il y a quelques mois maintenant n’était pas passé inaperçu et la rumeur avait couru grand-charriot qu’il était peut-être aux portes de la mort.

À l’invitation du thé, il répondit d’un simple signe de tête et d'un discret sourire, et entra dans la maisonnée quand elle lui en ouvrit la porte. Il nota rapidement les braises mourantes, le thé déjà prêt qui n’attendait plus qu’à être servi, les biscuits attisant leur gourmandise en étalant leur saveur tentatrice sur la table, ainsi qu’une sorte de traité, qui attira son œil avisé. Il bénit ses sens de sainnûr qui lui permirent d’en lire le titre. Un traité sur la magie. Voilà qui était intéressant.

Il savait certes que Vex'Hylia avait l’étoffe d’une grande mage, bien plus experte que lui en ce domaine. Il avait déjà songé lui proposer de participer à son vaste projet ayant pour but de protéger la magie, tout comme il l’avait fait avec la Loge qu’il avait ralliée à cette cause. Il avait hésité toutefois, avant que d’autres préoccupations ne l’alpaguent, mais maintenant qu’ils se rencontraient… et au vu de ce traité… Certes, ce n’était pas là le sujet de leur entrevue. Pas réellement. Mais rien ne l’empêchait de faire d’une pierre deux coups. Certes aussi, Vex'Hylia semblait prendre parti pour l’Empire, alors que lui continuait et continuerait d’oeuvrer au sein de l’Alliance. Mais la magie était, selon lui, un sujet universel. Et si les mages s’y investissant acceptaient de ne pas faire étalage de leur parti et de privilégier la cause commune visant à protéger ce qui les nourrissait tous et ce qui les passionnait tant… Oui, ce n’était pas inenvisageable.

La voix de la Nywin l’extirpa de ses pensées, quand elle évoqua ce qu’il restait encore à faire tout en lui montrant le vitrail en cours. En apercevant les pinceaux et les pots de peinture, il nota que l’ancienne elfe semblait apprécier user de ses mains quand cela était possible et non abuser de magie. Il aurait été si simple d’un sort bien maitrisé de finir tous ces ouvrages en quelques heures à peine. Mais Vex'Hylia semblait préférer prendre son temps, tels bon nombre d’elfes, et oeuvrer de ses mains, sans toujours s’appuyer sur son art magique. Voilà qui s’inscrivait pleinement, une fois encore, dans son grand projet de protection de la magie. Et à cette pensée, il ne retint pas une lueur appréciatrice de faire pétiller son regard sombre d’éclats d’or. Un de ses héritages vampiriques qu’il avait au final renoncé à cacher.

S’il souhaitait quelques biscuits ? Heure du dîner ou pas, pour lui il était toujours l’heure de manger, aurait-il pu répondre. Un sourire mi-amusé mi-poli étira ses fines lèvres, quand il répondit de sa voix grave aux sonorités chantantes :

Ce serait leur faire offense que de les ignorer, sans aucun doute.

Il s’installa quand elle l’y invita et l’observa leur servir du thé, tandis qu’il s’emparait d’un des biscuits. Toutefois il n’était pas le Tisseur pour rien, et méfiance restait son pain quotidien. D’un geste discret, forgé par la force de l’habitude, il sortit son Aiguillon du Tisseur dans le creux de sa main et piqua discrètement le biscuit dont il s’était saisi. La petite sphère d’onyx à son extrémité ne changea pas de couleur. Pas de poison donc. Il pouvait manger en toute tranquillité. Et ce fut avec délectation qu’il savoura ces mets elfiques, qui lui avaient tant manqué. De fugaces souvenirs d’enfance s’imposèrent un court instant à lui, et lui arrachèrent un discret sourire nostalgique.

Il aurait été dommage de ne pas leur faire honneur. Leur saveur chante votre peuple et font chavirer nos papilles, offrit-il en compliments.

Des compliments qui étaient plus que sincères.

Puis, une fois que tous deux furent installés, thé et gâteaux entre eux, Ilhan songea que le véritable sujet de leur rencontre pouvait être abordé.

Mais je crois que vous ne m’avez pas fait venir ici pour ces gâteaux, aussi merveilleux soient-ils…

Et cette fois, ce fut son regard à lui qui se fit perçant, en une invite muette à exposer ce qu’elle souhaitait, et la situation qui les avait menés ici.


HJ : avec toutes mes excuses pour ce déplorable délai. catkiss

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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J'accueillais la réponse du conseiller avec plaisir, mes lèvres se ourlant d'un léger sourire en entendant ses mots. Ayant déjà ôté le couvercle du pot en céramique, il ne restait qu'à sortir assiettes et tasses. Un geste de la main, en direction d'une commode, suffit à pourvoir à mon besoin immédiat. Sous l'appel de la magie, les couverts s'envolèrent de leur alcôve pour venir, après une petite ronde autour de la table, se poser bien gentiment face à Ilhan et à moi-même. Une vaisselle simple, blanche, ayant pour seule décoration un trait de peinture qui n'était pas sans rappeler la tige bien verte d'une tulipe.

Tandis que l'homme saisissait un biscuit, je nous servais le thé. Un thé fleurit, pas trop fort pour ne pas accrocher le palet. Une boisson qui allait très bien avec la gourmandise qu'Ilhan avait en bouche. Je ne manquais pas, d'ailleurs, de noter son discret sourire emprunt de nostalgie. Une mimique que je ne pouvais que comprendre et partager avec lui.

Face au compliment, je sentis mes joues se colorer de rouge. Légèrement. Mais suffisamment pour que j'en sente la chaleur. Une chaleur que je dissimulais derrière ma tasse de thé en buvant  une gorgée.

« Merci. » Répondis-je toutefois, après un instant, en reposant délicatement ma tasse face à moi sans le moindre bruit. « Non, en effet. » Mais il aurait été agréable de n'être là que pour les biscuits, songeais-je.

Les mains autour de ma tasse, cherchant dans ce geste un  peu de réconfort, je soupirais. Un long soupir, ceux qui arrivent avant un discours, avant un moment intense de stress. L'appréhension vis-à-vis de sa réponse, j'avais tellement besoin d'un "oui".

« Ma famille s'est retrouvée prise dans la tourmente de la bataille des cendres. »

Un moment atroce. J'avais tout fait, depuis la naissance de ma fille, pour lui épargner tout cela autant que possible. Et j'avais échoué, pensais-je en serrant doucement ma tasse.

« La guerre laisse de profonds traumatismes… Après avoir vécu d'innombrables batailles depuis le retour des dragons, je m'étais promis de me tenir à l'écart des conflits. Je voulais épargner ces horreurs à ma fille. »

Je relevais doucement les yeux vers Ilhan, posant sur lui un regard volcanique, oui, mais aussi fatigué. Je n'avais que quatre-cents ans et, parfois, j'avais la sensation d'avoir vécu un millier d'années.

« Dans la bataille, j'ai perdu de vue mon époux. Le père de Kyla. Et, lorsque la cendre est enfin retombée, il avait disparu. Je n'ai pas retrouvé son corps, ni son nom dans le registre des victimes. Je sais que de nombreux vivants ont été mordus au cours des combats… Et je me disais, avec votre réseau, que vous étiez la personne dont j'avais besoin pour obtenir des informations. Pour le retrouver, même s'il n'est plus celui que j'ai connu. Ou pour me confirmer qu'il est bel et bien mort. »  

Je lâchais un profond soupir, décrispant enfin mes doigts. Je n'avais pas eu conscience de serrer si fort la tasse encore légèrement fumante qui se trouvait devant moi. Et, pour l'heure, je n'avais pas envie d'y tremper les lèvres. Je sentais mon cœur battre si fort que, à tout instant, j'avais la sensation qu'il allait m'échapper et mes entrailles se tordaient d'appréhension dans l'attente d'une réponse d'Ilhan.


n.b : pas de soucis keur

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Quand il vit l’elfe faire soudain mouvoir tasses et assiettes par magie, au lieu de se lever et d’aller les chercher, Ilhan retint une moue dépitée. Mais en son for intérieur, il n’en pensa pas moins. Autant pour lui, quant à la pratique raisonnée et raisonnable de la magie concernant le mage devant lui. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il ne lui en parlerait pas et qu’il ne l’inviterait pas à prendre part au projet. Mais, là aussi, éducation semblait de mise. Pour tous, lui compris… Ils allaient devoir apprendre, tous ensemble, à faire un meilleur usage de ce don, et à l’honorer plus convenablement.

L’appel de la gourmandise le sortit rapidement de ses pensées, qu’il chassa d’une chiquenaude mentale. Et voir rougir l’elfe sous ses compliments l’amusa au plus haut point, même s’il n’en montra rien, par politesse pour son hôte. Surtout au vu de ses tentatives de le dissimuler derrière sa tasse. Mais bien vite, par ses propres propos, l’atmosphère se fit plus sérieuse et un vent empreint d’une certaine gravité vint les envelopper de son lourd manteau.

Ilhan perçut pleinement l’appréhension qui semblait nouer les entrailles de l’elfe. Ses mains resserrées sur la tasse, ce lourd soupir presque si las… Ces indices seuls suffisaient, sans qu’il n’ait besoin de faire appel à sa fidèle Tela. Il laissa le sablier du temps s’écouler avec patience, laissant tous ses droits au silence, et attendit que les mots sortent, que les pensées s’expriment, que la requête à une réponse l’exhorte, avant que les serments ne priment.

Et enfin le silence fut rompu. Aux explications de l’elfe, Ilhan se contenta d’abord d’un hochement de tête pour souligner qu’il écoutait. Ses yeux sombres rivés sur la mage en face de lui, tels deux puits sans fond la sondant jusqu’au tréfonds. Un regard qui fit presque contraste au regard de braise qu’elle lui offrit. Telles les ténèbres et la lumière se rencontrant… sans pour autant s’affronter. Juste un échange, de deux entités qui pouvaient se compléter.

Il comprit bien rapidement quelle serait la demande. Le retrouver. Retrouver l’époux perdu, éploré. Pas de corps, pas de nom au registre… Tous les morts n’avaient peut-être pas été retrouvés dans les décombres et les cendres de Sélénia. Cela arrivait parfois, souvent, après de si sinistres batailles. Mais il doutait que Vex'Hylia, avec ses talents de haut mage, ait pu manquer quelques pistes que ce soit indiquant la mort de son mari. Mordu… Oui, cela était fort possible. Sans aller dire probable, il ne pourrait l’affirmer, cela était tout à fait plausible du moins. Il pouvait aussi avoir perdu les esprits, après de si terribles épreuves ou après avoir reçu un mauvais sort ou un mauvais coup, et errer quelque part sans savoir ni qui il était ni où il allait. Mais, là encore, si tel était le cas, Vex'Hylia aurait sans doute retrouvé une trace de lui.

Non, mordu était le plus probable. Vampirisé. Devenu sans doute un Elusis, ennemi de l’Empire auquel appartenait son épouse. Voilà qui serait une lourde nouvelle… un destin bien tragique. Deux époux séparés, l’un aimant un être qui ne se souvenait plus de lui, quand l’autre était devenu tout autre dans la nuit…

Toutefois, avant d’en tirer de telles conclusions hâtives, qui auraient des répercussions non négligeables, surtout pour Vex'Hylia qui devrait faire son deuil de l’être aimé, quand bien même elle le savait exister sans elle telle une autre entité, il lui faudrait vérifier toute hypothèse même les plus folles. La Toile avait toujours procédé ainsi et il n’avait eu de cesse de s’en féliciter, tant parfois les résultats de leur recherche leur avaient révélé des informations d’apparence si peu probables qu’ils auraient facilement pu les manquer autrement...

Les mots s’évaporaient dans l’air et le silence résonna de nouveau entre eux. Ilhan se força à revenir au temps présent, le son d’un coeur tambourinant l’y aidant. L’elfe doutait-elle tant de sa réponse ? Ils n’avaient sans doute jamais été liés par des fils d’amitié, mais aucune animosité ne les affligeait. Au contraire, le passé les avait amenés à s’entraider. Certes, plus aucune dette ne les enchainait. Mais cela ne les empêchait pas de pouvoir continuer à… coopérer ? Se rendre service ? D’ailleurs le Tisseur avait tout intérêt à accepter cette modeste demande, qui ne lui coûterait rien au demeurant, mais pouvait lui apporter tant. S’il lui rendait un tel service, pourrait-il ensuite lui demander de l’aider en retour… dans son projet pour la protection de la magie ?

Cela était tentant. Mais, songea-t-il soudain, non. Il lui faudrait y adhérer de son plein gré. Si l’elfe voulait les rejoindre dans ce projet, s’y investir, en devenir une part entière, elle devrait le faire de son propre élan. Le Tisseur ne pourrait la forcer, sous prétexte d’une faveur. Cela serait contreproductif et desservirait ce projet qui devait fonctionner tel un grand choeur. En parfaite harmonie.

Le temps s’écoulait toutefois et une réponse était attendue. Il serait cruel de la faire attendre plus avant, alors qu’il avait déjà pris sa décision dès ses premiers mots. Ce fut alors d’une voix grave et profonde, aux chaleureux accents, qu’il répondit, en un elfique parfaitement maitrisé.

Je ne peux refuser une telle requête. Même si nous n’avons pas pour habitude de prendre des "commandes"…

La Toile n’était pas une bande de mercenaires qui recevait ses missions de tiers extérieurs pour ensuite toucher sa solde. Non, la Toile choisissait ses missions. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas accepter parfois d’aider ses paires dans le besoin. Tel avait été le cas avec le Géant opalin. Pour une demande assez similaire, lui qui recherchait sa fille. À croire que la Toile allait former une branche spécialisée "Disparu sans laisser de trace".

Nous ne pouvons refuser d’aider les coeurs en détresse.

Se disant, il lui offrit un sourire teinté d’une certaine douceur. Et d’un zeste de douleur aussi. Tous avaient connu les affres de la perte d’un des leurs. Lui-même savait ce qu’était de perdre son autre moitié. Il connaissait aussi la douleur de perdre un enfant. Perdre l’un des siens était déjà terrible, mais ne pas en connaître le réel destin devait être plus horrible.

Nous ferons toutes les recherches nécessaires et qui nous sont possibles.

Il prévoyait déjà d'envoyer des agents vérifier les lieux de la disparition, et espérait que l’un d’entre eux pourrait tenter de voir, par la magie ou tout autre artefact tel qu’il en possédait lui-même, la mémoire du lieu de la disparition. Si tant est qu’on le connaisse a minima… Il pourrait ensuite envoyer quelques agents se renseigner sur tout possible individu errant correspondant à la description du disparu. Et enfin, bien sûr, il se renseignerait auprès de Cendre-Terre pour vérifier si un nouveau-né vampire n’était pas l’ancien époux de l’elfe…

Je ne vous promets pas de résultats. Mais à défaut d’avoir une réponse, vous aurez au moins toutes les pistes écartées.

Parfois, on pouvait ne pas trouver. Mais on pouvait aussi éliminer tout ce qui avait été exploré et n’avait rien donné. C’était un pis aller, un mieux que rien, qui apportait un ersatz de réponse, mais parfois suffisait à apporter un petit baume au coeur.

Il nous faudrait connaître le dernier endroit et le dernier moment où vous l’avez vu. Il nous faudrait une représentation de lui, si possible, si nous devons faire des recherches sur des individus en errance au nom perdu… Il nous faudrait enfin toute information que vous auriez à nous donner à son sujet ayant une quelconque importance pour ces recherches.

Il se permit alors de prendre une gorgée de thé, fermant un bref instant les yeux à ses saveurs, qui chantaient presque son Althaïa tout en douceur. Puis rouvrit ses orbes sombres, qui pétillaient soudain d’éclats d’or, et fixa l’elfe avec intensité.

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Le silence s'étira lentement après mes dernières paroles. On entendait une mouche voler. Mon cœur, au creux de ma poitrine, battait la chamade. J'avais la sensation qu'il allait s'échapper à tout instant, tout comme mon estomac. L'inquiétude imprégnait le fond de mon regard, ternissant sa lueur volcanique tandis que mes phalanges blanchissaient autour de ma tasse fumante.

Pour me donner une contenance et essayer de contrôler ma nervosité, j'en buvais une gorgée. Le breuvage hydratait ma gorge sèche et nouée et je retenais un soupir, satisfaite.

Décidant de reprendre le contrôle de mes nerfs, je forçais ma respiration à ralentir. Je tentais de dompter les battements de mon cœur, certaine qu'Ilhan était capable de les entendre depuis l'autre bout de la table. J'étais loin de me douter que ce fût bel et bien le cas.

L'attente, enfin, se terminait. L'homme répondit d'une voix grave et profonde aux accents chaleureux. Et, surtout, dans un Elfique parfait. Entendre la langue du beau peuple était un plaisir pour mes oreilles. Je me sentais aussitôt détendue. Bien plus que s'il m'avait répondu la même chose dans la langue commune.

" Je ne sais comment vous remercier… " répondis-je dans un souffle aux mêmes accents.

Certainement pas en biscuit, même si l'idée était amusante. En vérité, je savais pertinemment que je venais de contracter une dette importante envers l'homme qui me faisait face, ainsi que son organisation. On n'a jamais rien sans rien, m'avait appris la vie. Tôt ou tard, Ilhan demanderait un service. J'espérais simplement, dans l'instant, que ce ne serait rien contraire à mes valeurs. Si la Toile n'était pas une bande d'assassins, le trafic d'informations ne se faisait pas sans mal. Je n'étais pas naïve.

" C'est plus que ce que j'espérais. "

Écarter un maximum de pistes, même sans dénicher la vérité, me convenait parfaitement. C'était un travail que j'étais incapable d'abattre moi-même, pas seule.

" Bien sûr… "

Je me levais. Doucement. Et me dirigeais vers la bibliothèque qui se trouvait derrière moi. J'y fis courir mes doigts, cherchant un ouvrage bien particulier. Un carnet aux couvertures usés, les pages reliées entre elles par des fibres végétales.

" Le voici. " dis-je pour moi-même, revenant auprès d'Ilhan.

Ce carnet était le mien. Un recueil aux pages anciennes, recouvertes de dessins et d'esquisse. J'en feuilletais les pages rapidement, allant vers la fin. Je m'arrêtais sur un portrait au fusain de Siel. Un dessin en noir et blanc qui décrivait ses traits avec exactitudes. Il ne souriait pas et arborait plutôt un air concentré, neutre. C'était un dessin comme j'en possédais des dizaines, celui-ci n'allait pas me manquer. D'un geste net, je déchirais avec précaution la page et la fis glisser vers Ilhan.

" C'est le dessin le plus récent que j'ai. Cela fera-t-il l'affaire ? "

Lentement, je repris place face au Tisseur, terminant mon thé.

" Le dernier endroit où je l'ai vue est Sélénia. Ou Portus Regius, si vous préférez. Pendant la bataille. Il allait bien, mais nous avons été séparés. " Je soupirais en me sentant soudainement très las. " Siel est une personne avenante, toujours de bonne humeur. C'est mon parfait opposé. " Un sourire sans joie sur les lèvres, le regard triste l'espace d'un instant. " Il aime aller vers les autres. " ou aimait ? Parler de lui au présent sans savoir s'il était encore en vie était particulièrement difficile. Tout comme de lui au passé, mon cœur refusant d'y croire un seul instant. " Il s'habille de noir le plus souvent. Lorsqu'il combat, il manie particulièrement bien les dagues. Ou l'épée courte. Parfois un arc… Oh, et… Son esprit-lié est le loup. "

Je grimaçais. Le loup était un esprit discret. La nuit, Siel devenait invisible à cause - ou grâce - à lui. Si cela pouvait donner des situations cocasses - et nous en avait offert de nombreuses au fil des ans - cela n'allait pas faciliter la tâche d'Ilhan.

Portrait de Siel :

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Le remercier. Ces simples mots couvaient en eux la compréhension aiguë qu’avait l’elfe d’avoir  contracté une dette. Cela scellait presque une sorte d’accord, certes loin d’un pacte avec le Tyran Blanc, mais un pacte pouvant être dangereux tout de même, s’il venait à l’idée du Tisseur d’abuser de cette nouvelle dette. Pour l’heure, il était loin de songer à pareille chose. Mais il savait aussi que si le besoin s’en faisait sentir, si force majeure sonnait son glas, si cette dette pouvait lui permettre d’éviter un bain de sang et d’épargner la vie de milliers d’autres, il en userait, et ce sans l’ombre d’un scrupule. Il n’aimait pas abuser de ce qu’il donnait. Mais le passé le lui avait appris : en certaines situations, parfois des choix cruciaux se présentaient. Et pour des gens peu portés au combat tel que lui, leurs meilleures armes étaient leur esprit et leurs mots, et tous deux s’aiguisaient d’informations en tout genre ou de petits actes de l’ombre, que parfois seules ce genre de dettes permettaient.

Toutefois, il se contenta de hocher la tête, tout en accordant un regard profond à l’elfe.

Elfe qui soudain se leva et se dirigea, avec toute la grâce innée à son peuple et que les althaïens admiraient tant, vers la bibliothèque. Il observa avec une attention soutenue chacun de ses gestes. Non pas qu’il craignît quoi que ce soit en ce lieu, en cette présence. Pas après une telle demande. L’elfe avait besoin de lui et de la Toile, il serait idiot de le tuer maintenant. Non, rien de tout cela. Mais ainsi était-il habitué à relever chaque détail, aussi infime soit-il, pour tenter de l’imprégner dans son esprit. Et mieux les noter ensuite dans son carnet du Tisseur. Chaque geste pouvait receler des informations intéressantes. Le port d’une personne, sa façon de vous regarder, de vous parler, son élocution, ces petits gestes soi-disant anodins, presque automatiques, que tout un chacun réalisant sans y penser… Tout cela révélait certains pans de personnalité. Une personnalité façonnée par un passé, un passé gorgé d’informations...

Quand elle fit enfin glisser la feuille déchirée vers lui, Ilhan s’en saisit, d’un geste lent. Il acquiesça d’abord en silence quand elle lui demanda s’il ferait l’affaire. Il songeait déjà à devoir le faire reproduire, après l’avoir lui-même mémorisé, et à l’envoyer par oiseau express à ses araignées les plus à même de se renseigner sur ce nouveau sujet disparu.

Aux autres renseignements qu’elle lui donnait, il releva la tête vers l’elfe, lui offrant de nouveau toute son attention. Sélénia. Il aurait aimé en savoir plus exactement, mais il devrait s’en contenter. Il pouvait subodorer le quartier noble, sans doute, et sa Toile pourrait déjà commencer ses recherches par là. Ainsi que chez les vampires, bien entendu, cette hypothèse n’étant pas à écarter, loin de là.

Il manqua tiquer, et ses vieilles habitudes le retinrent de se trahir, quand elle évoqua l’Esprit-Lié du loup. Il connaissait parfaitement cet Esprit-Lié, qui avait été si lié à la famille Svenn, et qu'il avait copié également quand il n’était qu’un tout jeune sainnûr encore amnésique. Un Esprit-Lié assez rare… et qui pouvait rendre les recherches délicates, voire difficiles. Soit. Ils s’en accommoderaient. Pas comme s’ils avaient le choix.

De nouveau, sentant que toutes les informations lui avaient été révélées, Ilhan hocha la tête. Puis il reprit la parole, d’un ton posé :

Merci pour ses indications qui nous seront précieuses. Si vous êtes la personne ayant esquissé ce croquis, fit-il en désignant le feuillet devant lui, tout en caressant les contours du visage, sans pour autant toucher le dessin lui-même, vous avez un talent indéniable en la matière. Ce portrait nous aidera grandement. Il me faudra le faire reproduire pour mieux le diffuser à mes… enquêteurs.

Ce dernier mot fut prononcé dans un souffle, et souligné d’un léger sourire taquin, presque de connivence. Le mot espion résonnait en silence entre eux deux.

Il sortit finalement un petit carnet d’une des poches de sa doublure. Il cala le feuillet à la dernière page écrite, le protégeant soigneusement, puis rangea de nouveau son carnet dans sa poche.

Je vous tiendrai informée de toute avancée, dès que nous en saurons un peu plus, lui assura-t-il.

Se disant, il sortit d’une des poches invisibles de ses sangles althaïennes, où trônait toujours son feutonnere, une petite bourse de cuir noir, portant l’écusson des Avente. Il l’ouvrit… et posa sur la table un petit anneau de palladium, orné d'un morceau de corail blanc irisé d’orangé, et gravé d’un symbole lié à la vie. Un petit anneau de corail aux propriétés de soin intéressantes, tel qu’il en possédait lui-même. Il avait prévu de donner cet anneau en cadeau à l’elfe, la coutume althaïenne étant de toujours apporter un petit présent à une invitation. Et ce petit cadeau s’était converti en réel bijou, songeant au temps qui était passé depuis leur dernière rencontre, comme pour sceller ses retrouvailles, qu’il avait deviné ne pas être anodines.

Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était de lui ajouter un glyphe de communication. Pourtant, cela lui sembla soudain une idée plus que bienvenue pour lui permettre de communiquer à distance et sans contrainte avec Vex'Hylia à l’avenir. Faisant appel au pouvoir de sa fidèle Tela, il lia donc l’anneau de corail à son anneau unique.

Voici un petit présent, qui recèle des propriétés magiques de guérison, comme vous devez l’avoir ressenti.

L’elfe était après tout une mage de haut niveau. Sans compter sa nature de Sainnûr.

Et auquel j’ai ajouté de quoi nous permettre de communiquer plus facilement.

Se disant, il fit glisser l’anneau vers Vex'Hylia.

Ce n’est qu’un bien modeste présent, pour mieux sceller… nos retrouvailles.

Il se garda bien de parler de sceller un pacte, mais le non-dit était presque flagrant.

J’ai également songé à vous parler d’un projet que je nourris et qui devrait bientôt voir le jour. En tant que mage experte, j’ai pensé qu’il pourrait vous intéresser, mais peut-être le moment n’est-il pas le plus opportun.

Peut-être Vex'Hylia était-elle trop éprouvée d’avoir parlé de son époux disparu et avait-elle besoin de temps. Les elfes avaient souvent besoin de temps. Il lui laissa toutefois l’opportunité d’ouvrir la conversation à ce sujet si elle le désirait. Espérant secrètement avoir suffisamment attisé sa curiosité pour ce faire. Il s’empara alors de sa tasse, et but une gorgée de ce breuvage qui chantait le pays des elfes et lui faisait tant penser à sa douce Althaïa, tout en savourant un des petits biscuits.

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Parler m'avait épuisé. Mentalement comme physiquement. Pour Ilhan, Siel n'était que le portrait tracé de ma main sur cette feuille. Pour moi, il était de chair et de sang. Chacune des informations révélée ramenait, sous mes yeux, des souvenirs. Des moments que je chérissais.

La gorge devenue sèche, je terminais mon thé, la boisson apportant avec elle un brin de réconfort.

« Merci... » murmurais-je dans un souffle, un sourire triste suspendu à mes lèvres. Ce carnet, ces portraits, étaient devenus encore plus précieux à présent. Me séparer de l'un d'eux était un pincement au coeur, mais également un bien maigre sacrifice dans ma quête de retrouver mon époux. « Si vous avez l'occasion de me retourner l'original... » continuais-je sur le même ton. « J'apprécierais. » terminais-je dans un souffle, tentant de sourire en retour, sans réel succès. La mélancolie me collait à la peau.

Mais il pouvait certainement comprendre cette requête, de cela, je ne doutais pas.

Par la suite, je haussais un sourcil en l'observant faire. Comme par magie, Ilhan se retrouva avec une petite bourse entre les mains, frappée d'un sceau que je devinais être celui de sa famille. Et, délicatement, il déposa entre nous un anneau argenté orné de ce qui semblait être du corail. Ma vue perçante devina également des symboles sur le pourtour du bijou, mais un examen plus approfondi allait être nécessaire pour les déchiffrer.

C'était donc un petit présent... Ma première intention fut de refuser. C'était moi qui avais besoin de son aide. C'était moi qui l'avais fait venir jusqu'ici. Mais, du fin fond de mon esprit ressurgit soudainement le souvenir d'une visite dans sa ville et de leçons au sein du domaine, dans ma jeunesse. J'avais étudié les humains, leurs coutumes, leurs modes de vie.

Alors, plutôt que de refuser, j'acceptais. « Merci. Mais ce n'était vraiment pas nécéssaire. » Je lui offrais un sourire, puis, du bout de mon index, je touchais l'anneau. Sa magie était limpide à mes yeux expérimentés. J'en saisissais le pouvoir sans avoir besoin de le porter. Et, je devais l'avouer, Ilhan savait lier l'utile à l'agréable. Les pouvoirs du bijou allaient forcément m'être utiles un jour étant donné mes activités.

Je saisissais le bijou, le glissant à mon majeur droit. Il y tenait parfaitement.

« C'est une excellente idée. » approuvais-je lorsqu'il révéla que l'anneau était également glyphé pour nous permettre de communiquer à distance. J'avais déjà eu l'occasion de voir ce genre de magie à l'œuvre, je ne pouvais que témoigner de son efficacité.

À mon doigt, le bijoux avait tout de même un poids symbolique. Je savais qu'accepter était sceller une promesse. Si, un jour, Ilhan avait besoin de moi, l'honneur me commandais de lui répondre.

Mais je n'irai jamais contre mes principes les plus profonds. Je me gardais, toutefois, de l'engoncer à haute voix. Si l'homme en face de moi se souvenait de la femme qu'il avait sauvée, autrefois, il devait se douter que, plus jamais, je n'irai contre ce en quoi je croyais fermement. J'en avais bien trop souffert.

Je relevais la tête lorsqu'il reprit la parole, titillant ma curiosité d'une main de maître. Je balayais ses propos d'un geste de la main.

« Au contraire. Après une conversation éprouvante comme celle-ci, j'ai besoin de me changer les idées. Allez-y, je suis toute ouïe. »

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Au merci qu’elle lui adressa, Ilhan se contenta d’un léger hochement de tête et d’un léger sourire. Un vrai, un sourire sincère comme rarement il en offrait en situation "diplomatique". Un sourire dépourvu de toute connotation ambiguë, qui en temps ordinaire le teintait d’une nuance énigmatique difficile à réellement déchiffrer. En cet instant, son sourire chuchotait compassion et compréhension. Soutien aussi en quelque sorte. Il avait vécu de nombreuses épreuves de deuil, et savait ce qu’était que de perdre son aimé, son épouse. Il tairait le fait d’avoir connu la perte honnie d’un enfant aussi. Oui, il comprenait. Et se laisser aller à cet élan de compassion ne ternirait en rien son image de politicien inébranlable qu’il s’était forgé au cours des décennies…

Oui, acquiesça-t-il de nouveau en silence, il lui retournerait l’original. Il connaissait d’excellents copistes qui sauraient reproduire ce portrait à la perfection, et pourrait donc se séparer du croquis originel, si cela pouvait apaiser le coeur en pleurs de la Sainnûr.

Il fut heureux également qu’elle acceptât son cadeau. Cela leur faciliterait toute communication à l’avenir. C’était peut-être là le signe d’une coopération possible à l’avenir aussi. Et le voir orner le doigt fin de l’ancienne elfe lui arracha un autre sourire, cette fois de contentement. Oui… Peut-être pourraient-ils tous deux construire quelque chose à l’avenir, basé non pas seulement sur le besoin des services l’un de l’autre, même si c’était là un premier pas, mais sur une réelle entraide et une coopération pleine et entière pour quelque chose de bien plus grand qu’eux deux.

Une coopération qu’elle ne semblait pas non plus écarter, songea-t-il quand elle l’invita à continuer. Leur conversation précédente avait pourtant été éprouvante, comme elle le soulignait elle-même, et pourtant elle acceptait qu’il lui présente son "projet". Signe qu’elle acceptait, si ce n’est de s’engager, du moins d’écouter. Et donc, d’une certaine manière, d’envisager de travailler avec lui… Un autre sourire ourla les lèvres de l’althaïen. Il se permit une petite gorgée, avant de reprendre enfin la parole, toujours en elfique.

Vous avez sans doute entendu parler des incidents qui ont eu lieu à Caladon il y a quelque temps.

Les fameux crimes qui avaient sévi en nombre important d’un seul coup dans la cité de l’Or, en novembre 1763. Des crimes qui, comme la nouvelle l’avait soufflé il y a trois jours à peine, avaient été commis par des Brise-Sorts renégats issus de Delimar et vivant à Caladon, des Brise-Sorts de l’Édit du Dragon, vénérant le dragon de l’ire et embrassant ses préceptes quant à l’usage de la magie des bipèdes. Cette vérité avait été gardée cachée longtemps jusqu’alors, mais avait fini par se révéler au grand jour, rongeant encore un peu plus l’éclat de Delimar au sein de l’Alliance.

Même s’il est difficile de cautionner de tels actes…

Ce qui n’était en aucune façon son cas, comme le reste de son discours allait le souligner, et comme ses actes, ses décisions lors de cette affaire, le soulignaient aussi...

On ne peut nier que leurs préceptes ne sont pas dénués d’intérêt.

Il ancra son regard sombre et perçant dans les yeux clairs de La Sainnûr. Un regard qui semblait vouloir lire en elle, et mettre son âme à nue.

La magie se meurt. La magie est en danger. Pendant plusieurs années, nous en avons eu des signes évocateurs.

Évoquer ses sinistres souvenirs n’égayait pas son coeur, mais il le fallait bien.

Tous les sinistres événements que nous avons connus en Ambarhùna. Le désert d’Esfelia en a porté les stigmates pendant longtemps, jusqu’à notre départ de ce continent… peut-être les porte-t-il encore, ou pire, maintenant que les Chimères ont dû le ravager aussi.

Il laissa un léger silence flotter, avant de reprendre, d’une voix grave et profonde :

Mais, enfants puériles et joueurs que nous sommes parfois, nous avons préféré les ignorer et nous aveugler. Magie nous a sauvés à maintes reprises, encore et encore, car au fond nous sommes ses enfants et elle nous protège.

Elle entre tous, ancienne elfe et maintenant Sainnûr, devait bien comprendre ce fait.

Pourtant nous continuons d’user, d’abuser ?, de magie, à tout va, sans pour autant prendre la peine d’observer et d’écouter les signes d’alerte de cette magie. Elle pleure, elle se meurt, et qui la protège, elle ?

Vex'Hylia était en outre une maître mage, magie palpitait en elle plus encore. Ce sujet ne pouvait que l’intéresser, et la concernait de près. Et si l’on prenait en compte son attachement à Sélénia, la cité était réputée pour être une cité aimant la magie, en usant beaucoup. Elle s’était d’ailleurs construite par magie et se reconstruisait de la même façon maintenant. Les Séléniens avaient cette habitude de faire appel à la magie pour construire leur cité, quelle qu’elle soit. Seule Delimar avait construit et pavé ses rues à la seule force de ses bras.

Des dragons se meurent, reprit-il, presque en un chuchotement.

Nulle accusation toutefois dans sa voix. Il énonçait juste un fait.

Les dragons ont longtemps été le portail permettant de nourrir la trame de magie, pour nous permettre ainsi d’en user. Mais les dragons sont de moins en moins nombreux. Certes aujourd’hui nous avons également le Baôli comme source potentielle. Mais cette source peut être bien fragile aussi.

Il marqua une courte pause.

J’ai alors à coeur un projet d’importance, qui nous concerne tous, et va au-delà de nos possibles contingences ou allégeances. Je nourris un projet qui n’a ni terre ni race, qui est de toute terre et de toute race. Un projet qui nous concerne tous.

Son regard sombre pétilla d’étoiles mordorées qui semblèrent illuminer ses puits noirs sans fin.

Peut-être est-il venu le temps… d’écouter les signes d’alerte ? D’écouter ce chant qui nous implore de ne pas abuser de ce cadeau des Dieux, et d’en faire un usage… plus raisonnable et plus raisonné ? La magie nous a protégés jusqu’à aujourd’hui, elle a toujours été là pour nous sauver. Mais si nous n’y prenons pas garde, elle pourrait bien disparaître, comme par le passé.

Avant les années 1750, tous ces siècles de magie mourante, disparue, à l’agonie... L’elfe avait dû les connaître bien plus gravement que lui. Avaient-ils envie de revenir à ces âges sombres ? Il en doutait.

Peut-être devrions-nous songer à des mesures pour la protéger, elle aussi. Pour éviter qu’elle ne disparaisse, et pour qu'elle puisse continuer à nous protéger le jour où nous pourrions en avoir le plus cruellement besoin…

Il reprit une petite gorgée, et reposa sa tasse sur la table, son regard restant un instant plongé sur elle.

Vous comprenez alors que ce sujet nous concerne tous, quelle que soit notre race, ou quel que soit notre clan, camp, territoire ou cité. Cela va au-delà de toutes frontières.

Il releva les yeux sur Vex'Hylia, comme voulant la sonder plus profondément encore. Oui, il lui offrait un projet, un but, qui les obligerait à oublier les contingences politiques de leur vie bipédique. Cela était-il seulement possible ? L’avenir seul le leur dirait…

Dans ce projet, il n’est pas question qu’on interdise toute magie, loin de là, ajouta-t-il, pour mieux expliciter ce qu’il visait. Là n'est pas la question. Mais plutôt que nous apprenions, tous, ensemble, à mieux la respecter et à en faire un usage raisonné et raisonnable, plus équilibré. Je ne souhaite pas laisser la violence rugir ses droits et crier ses préceptes. Selon moi, cela n’apporte que rancoeur et en rien ne convainc les coeurs.

Il venait en ces quelques mots d’énoncer ses pensées quant aux actes des Brises-Sorts de l’Édit du dragon. Oui, il acceptait leurs préceptes, mais non il n’approuvait pas leur méthode. En fol utopique qu’il était, il souhaitait tenter autre chose. Bien entendu, si ce quelque chose échouait, cela prouverait que seules les méthodes par la violence pouvaient avoir raison de la folie des bipèdes égoïstes et cupides qu’ils pouvaient être parfois… souvent même. Mais au moins aurait-il essayé.

Mon projet se baserait sur l’éducation en ce sens, sur l’éducation de tout mage doté d’un potentiel magique, mais également d’une éducation minimale de tout individu, pour que chacun comprenne les préceptes de base de notre monde et de la magie qui l’entoure.

Qu’on n’entende plus des questionnements sur la mort des Déesses, comme ses araignées le lui avaient rapporté, par exemple…

Bien entendu, en attendant qu’éducation fasse son office, peut-être les factions devront-elles instauré quelques lois de bon usage, pour que le peuple apprenne en même temps que leurs enfants. Mais cette question-là relèverait de la décision des dirigeants actuels.

Il avait déjà parlé de son projet à chaque dirigeant. Ce pan-là était maintenant entre leurs mains, et certaines choses s’amorçaient en ce sens, comme à Cendre-Terre qui y avait déjà songé avant même qu'il ne l'évoque avec Aldaron, ou à Caladon. Ce qui pouvait devenir une question de prestige alors : qui des factions saurait entendre la raison ou non… La faction réfractaire à cette question pourrait-elle être considérée alors comme arriérée et en perdition ? Il aurait certes préféré que ces dirigeants puissent s’entendre pour choisir des lois universelles, mais cela allait bien au-delà de l’utopie pour le coup, tant les tensions entre certaines factions étaient à vif.

Notre objectif premier pour nous serait de se concentrer sur l’éducation dans un premier temps. Peut-être pourrons-nous nous targuer de pouvoir ensuite faire office de conseil, pour qui le souhaiterait, mais chaque chose en son temps.

Oui, cela viendrait en son temps, si cela devait arriver. Bon nombre d’organisations avaient voulu se targuer de conseillers avant eux, sans y parvenir pleinement. La Loge avait réussi à élaborer une certaine aura de maitrise et de respect, qui avait fait d’elle une consultante… mais seulement sur le plan technique, sans aller au-delà. Il fallait, selon lui, aller au-delà encore. Mais pour aller plus loin, il fallait se poser effectivement en maitre dans ce domaine, en expert, pour devenir une référence en la matière, et pour ce faire marcher dans les pas de la Loge. Loge qui d’ailleurs, même si elle allait se dissoudre bientôt, embrassait pleinement le projet pour lui apporter la force de son expertise.

Quoi qu’il en soit, tout ce que vise ce projet est un usage respectueux et équilibré de la magie. Pas une disparition de cet art dans nos vies quotidiennes. Au contraire, ce projet vise à éviter qu’elle ne disparaisse. Ce projet vise à faire prendre conscience à chacun des responsabilités de ce que magie nous offre en pouvoir. Avons-nous véritablement besoin de faire voleter une plume jusqu’à nous au lieu d’aller la chercher ? Avons-nous véritablement besoin de faire voler tasses et théière pour servir du thé ?

Il fut un temps où il avait été de ceux faisant voleter sa plume à lui, prétextant alors pouvoir rester concentré sur ce qu’il voulait écrire… Faux prétextes que cela avait été. À Delimar, où cet usage était proscrit, il avait compris. Se lever et aller chercher sa plume lui-même ne l’avait empêché en rien à continuer le flot de sa pensée, et il avait évité d’user de magie de façon inutile et futile…

Est-ce que demander à chacun d’aller chercher leur plume ou leurs outils, plutôt que les faire voler à eux, conduirait à la discorde ? Est-ce que cela leur enlèverait le merveilleux et le baume au coeur que leur apporte la magie, alors qu’ils pourraient toujours l’utiliser par ailleurs, mais pour un usage plus important, plus primordial, et donc plus valorisant encore ? Je ne le pense pas, au contraire. Je pense que cela revaloriserait d’ailleurs cet art qu’est la magie.

Mais il lui fallait peut-être expliquer comment il pensait promouvoir l’éducation…

J’ai déjà fait part de ce projet, de ce vœu du moins, aux différents dirigeants de nos factions, là encore. Je pense que beaucoup vont mettre en œuvre des projets d’éducation, à leur manière, sur ce sujet, voire plus vaste.

En Caladon, l’éducation, déjà fortement ancrée dans les mœurs, allait encore s’étendre. Outre l’éducation obligatoire pour les enfants, sauf ceux en compagnonnage et donc apprenant un métier, qui était déjà une mesure importante (révolutionnaire même), la teneur de cette éducation, basée à la fois sur une éducation générale et aussi magique, serait un grand point clé en Caladon avec la création d’une académie en ce sens. Mais son projet avait pour but d’offrir un lieu où tout mage pourrait trouver une formation performante, bien plus avancée encore, en tout point de la magie. Un lieu neutre, autant que faire se pourrait, où les factions n’auraient plus de raison d’être et où seul le mot magie prévaudrait.

Mais au-delà de cela, notre projet vise en la création d’un Conseil des mages, une institution qui formerait une académie pour tout mage de haut potentiel. Une académie où tout mage pourrait y trouver un soutien et un enseignement plein et entier, que ce soit un mage qui ne pourrait accéder à un enseignement ailleurs, ou qui voudrait pousser son enseignement sur la magie à un niveau plus élevé encore que ce qui pourrait lui être offert par ailleurs.

Avec les érudits de la Loge qui en seraient les maitres, dans un premier temps, et avec les possibles autres mages qui le rejoindraient, l’académie du Conseil des Mages pourrait être une sorte d’enseignement d’élites, sans pour autant baser sa sélection sur l’argent ou la renommée, mais seulement sur le mérite ou plus exactement sur le potentiel.

Ce Conseil des Mages pourrait remplir ensuite bien des objectifs autres bien entendu. Mais cela sera le premier pan développé.

Il offrit alors un sourire avenant à la Sainnûr, quand il conclut enfin :

J’espère ne pas vous avoir fatiguée avec mes divagations, mais je devais vous présenter le projet dans toute son ampleur. Vous intéresse-t-il ? Seriez-vous intéressée pour le rejoindre d’une quelconque façon ?

Que ce soit en tant qu’enseignante ou en tant que consultante, en tant que conseillère ou en tant que membre, peu importait. Chaque mage les rejoignant serait une force pour oeuvrer pour la magie.



HRP : désolée de l'attente, une fois encore. Si besoin de plus d'informations sur le conseil des mages, tu peux venir poser les questions dans le chan à ce sujet, et il y a aussi pas mal d'informations : ici


Dernière édition par Ilhan Avente le Mer 15 Sep 2021 - 17:13, édité 1 fois

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Je terminais mon thé tranquillement, écoutant avec attention là où Ilhan voulait m'emmener. Je commençais par hocher doucement la tête à l'évocation de Caladon et des événements y ayant eu lieu. Je n'avais pas été présente sur Calastin au moment des faits, mais les rumeurs allaient bon train dans l'Empire et il n'avait pas été difficile de me mettre à la page. Les gens aimaient parler. Davantage encore lorsqu'il s'agissait de drames.

Quant aux actes perpétrés, je ne pouvais évidemment pas les cautionner. Et tuer des gens pour ces raisons n'était pas envisageable à mes yeux. En tant qu'ancienne Elfe, la peine de mort était une notion étrangère. Les Elfes ne tuaient pas les criminels. Ou, s'ils le faisaient, cela était si rare qu'il s'agissait de personnes si dangereuses qu'elles ne pouvaient être laissés en liberté. Mais là n'était pas le sujet. Pas totalement. Et je me concentrais de nouveau sur les mots d'Ilhan, grignotant au passage un délicieux biscuit.

Il était vrai que nous ne faisions pas particulièrement attention. Moi la première, parfois. Et pourtant, si la magie devait se tarir, je ne souhaitais pas en imaginer les conséquences. J'étais née dans un monde sans magie. Où elle était maintenue à son niveau le plus bas, juste assez pour que nous puissions survivre. Aujourd'hui, je la sentais fourmilier dans mes doigts et c'était une sensation délicieuse que je ne souhaitais pas voir disparaître. Tout comme, en tant que Sainnûr, j'avais besoin de magie pour rester en vie.

Lorsqu'il évoqua, ensuite, la mort des dragons, je relevais le regard vers lui. Mes prunelles dans les siennes, je le sondais comme il l'avait fait un instant plus tôt. J'avais appris la mort de nombreux dragons pendant mon exil. C'était une notion que j'avais de la difficulté à intégrer. Pour moi, les dragons étaient invincibles. Immortels. Trop précieux pour être perdus de la sorte une seconde fois. Il n'y avait plus de Dragon Esprit pour soutenir la magie si ces créatures décidaient de quitter nos rivages. Et le Baoli était encore bien trop mystérieux pour compter uniquement sur lui.

Je le laissais continuer sans l'interrompre. Il évoquait un projet sans race. Un projet qui concernait tout le monde, qui faisait abstraction des frontières. Une utopie, pensais-je un instant. Je doutais de la capacité des bipèdes à mettre leurs différents de côté, même pour un tel sujet. Mais, au travers de ses mots, je commençais à comprendre où il voulait se rendre. J'attendais simplement qu'il l'énonce pour voir si j'avais bien lu entre les lignes.

Finalement, j'acquiesçais doucement. Petite, j'avais profité du savoir des baptistrels, de mes parents. Mais j'avais appris la magie sur le tas. Et, dans ces leçons, on m'avait davantage enseigné à correctement effectuer mes gestes-clé plutôt que m'apprendre la modération. À faire attention à ce pouvoir, cette énergie qui revenait à peine.

Je rougissais à l'évocation de ce que j'avais fait un peu plus tôt, à savoir préférer faire voler tasses et théière plutôt que de me lever pour les prendre. Il avait raison, bien sûr, et c'était là la raison de mon fard.

- J’ai déjà fait part de ce projet, de ce vœu du moins, aux différents dirigeants de nos factions, là encore. Je pense que beaucoup vont mettre en œuvre des projets d’éducation, à leur manière, sur ce sujet, voire plus vaste.

« J'entends des rumeurs ici et là, en effet. » répondis-je, ouvrant également la bouche pour la première fois depuis de longues minutes. « Cela rappelle à mon souvenir ce que la Loge a souhaité faire. »

Je pris un instant pour réfléchir à sa proposition. Même si, en vérité, il n'y avait pas matière à réfléchir trop longuement. Après les dix dernières années écoulées, après tout ce que nous avions traversé... l'éducation offrait une issue où la violence pouvait être écartée.

« Je... Je dois dire que c'est un projet d'une envergure colossale. Après tout ce que nous avons traversé ces dix dernières années, être en mesure de travailler main dans la main sur un sujet aussi sensible que la magie me semble presque utopique. » avouais-je avec un sourire triste. « Mais je peux vous aider. J'accepte de vous aider dans la mesure de mes moyens. » me repris-je. « Il me sera plaisant d'enseigner ce que je sais. Répondre à des questions ou conseiller au besoin... » Le territoire de l'Empire était grand et ne manquait pas de gens, d'apprentis, à qui il manquaient une marche à suivre. Je détournais les yeux un instant, pensive. « La Loge se trouvait à Ipsë Rosea, mais qu'en sera-t-il de ce Conseil des mages ? Avez-vous une ébauche d'idée à ce sujet, ou pas encore ? Et vous-même, quel sera votre rôle dans tout cela ? » Je fis une courte pause, prenant le temps d'inspirer longuement. « Et, j'imagine que je ne suis pas la première à qui vous parlez. Qui sont vos autres... partenaires ? »

descriptionPetite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente EmptyRe: Petite aide fait grand bien | PV : Ilhan Avente

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Si déjà des rumeurs se propageaient, cela était un bon point. Et peut-être pouvait-il aussi se baser sur elles pour répandre ce message. Il était passé maitre dans l’art des rumeurs, quand il s’agissait de les contrôler. Peut-être pouvait-il, là encore, en user pour ce projet…

En effet, ce Conseil des mages était, en quelque sorte, l’héritier de la Loge. Ne serait-ce que parce que ces anciens membres rejoignaient le Conseil des mages. Ils avaient tous deux leur amour en commun. Là où la Loge voulait surtout étudier et comprendre la magie, le Conseil des mages voulait la protéger. Mais pour la protéger, il se basait sans conteste sur les lourds et douloureux acquis de la Loge. Car pour protéger quelque chose, il fallait d’abord l’étudier et le comprendre.

À ces quelques mots, Ilhan se contenta donc d’acquiescer en silence, un discret sourire restant figé sur ses lèvres, en attente patiente. Oui, là encore il ne pouvait qu’acquiescer, le projet était d’envergure. Peut-être était-il folie aussi. Mais ils se devaient de tenter. Son sourire toutefois s’agrandit, se teintant d’une étincelle de sincérité, quand elle accepta son offre de les rejoindre. Une telle mage parmi eux serait un atout indéniable. Académicienne... Oui, cela lui siérait comme un gant, en effet. Peut-être plus tard, quand la Sainnûr aura pris ses marques au Conseil des mages, pourra-t-elle songer à s’intégrer au cénacle même. Ilhan avait pour ambition pour ce Conseil d’y voir siéger divers profils, diverses races, diverses provenances, et ce pour leur permettre de voir tous les horizons possibles.

Je suis heureux d’entendre cette réponse et de pouvoir vous compter parmi nous dans ce grand projet, répondit-il tout d’abord, d’une voix grave et profonde.

Il finit le fond de son thé, et releva des yeux noirs pétillants d’or sur l’ancienne elfe en face de lui. Un autre sourire, un autre échange de regard, et sa voix chanta de nouveau ses accents althaïens :

Oui, nous avons une ébauche d’idée quant à l’emplacement de ce Conseil des mages. Nous songions à Cordont. Pour sa neutralité, son symbolisme, ainsi que parce que cette cité a tant souffert que cela permettrait aussi d’en soutenir les efforts de reconstruction.

Et d’en redorer le blason, de chasser, peut-être, cette malédiction qui semblait sévir sur la Chue. Cordont la Chue, Cordont la maudite, tels étaient les mots qui se murmuraient de plus en plus la concernant. Il espérait bien, là aussi, chasser cette rumeur-là…

Cela reste à confirmer, mais son emplacement central sur une des îles les plus actives de l’archipel nous paraissait le plus propice également à un tel projet. Quant à mon rôle, je ne serai que membre honorifique.

Son regard plongea un court instant sur sa tasse vide, qu’il lâcha définitivement, avant de relever les yeux, mais cette fois il les laissa errer au loin, sur un point lointain et imaginaire. Sa voix se fit pensive avec une once de mélancolie, quand elle reprit :

Je ne peux y prendre de place plus importante, de quelque manière que ce soit, si je souhaite que l’on accorde à ce projet un caractère plus universel. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis marié à Dame Falkire, qui vient d’être élue bourgmestre de Caladon.

Il était également encore conseiller de Delimar, mais cela allait devoir changer aussi d’ici peu, au vu des projets d’Autone pour Caladon et l’Alliance et surtout de Delimar vis-à-vis de l’Empire.

L’époux d’un dirigeant, un membre de la famille proche d’un dirigeant, peut difficilement diriger le projet ouvertement. Je n’aurai pas voix au cénacle, le cercle qui devrait prendre les grandes décisions nécessaires pour le Conseil des mages. Je pourrai y assister, donner mon avis, mais n’aurai aucun droit de vote ni de décision. Je n’ai en outre pas les compétences réelles pour pouvoir prétendre être académicien comme vous pourriez l’être. Je ne peux me targuer d’enseigner, pas vraiment. Je donne juste l’impulsion.

Sans compter qu’il avait déjà fort affaire par ailleurs, et que ses journées, comme pour tout être vivant, mortel ou immortel, étaient en temps limité. Le sablier n’attendait pas son avis pour s’écouler.

En effet, nous avons d’autres partenaires. Une très grande partie des membres de l’ancienne Loge vont rejoindre le projet. Comme vous le disiez vous-même, le Conseil des mages est après tout une sorte d’héritier de la Loge. Ils pourront alors y finir leurs travaux et y apporter cette note de modération dont nous avons tant besoin. En membres honorifiques, qui m’ont grandement aidé dans l’impulsion de ce projet et dans son élaboration, nous pouvons compter sur une dragonne, une dragonne libre, que vous connaissez peut-être au moins de nom. Shyven. Connue aussi sous le nom de Tribunal vivant. Ainsi que sur… Aldaron Elusis.

Il laissa un court silence flotter entre eux à ce nom.

C’est avec lui que nous avons résolu les crimes qui sévissaient à Caladon, c’est avec lui que nous avons découvert ce mouvement. Les réflexions qu’il a su nous apporter et son regard avisé ont été précieux pour ce projet et le seront sans doute encore. Là aussi de par sa position au sein de sa faction, il ne sera que membre honorifique, tout comme moi. Il reviendra à d’autres de prendre la direction de ce Conseil et, nous l’espérons, de lui donner son plein envol.

Il se pencha légèrement vers elle, avec un air faussement conspirateur.

Peut-être cela vous reviendra-t-il à vous ? Ainsi qu’à huit autres mages…

Se disant, et avisant du soleil qui avançait dans sa course dans le ciel, il se leva et s’inclina avec respect devant la Sainnûr.

Je crois toutefois que je ne peux abuser plus longuement de votre hospitalité, et que je me dois de prendre congé. Je vous remercie de votre accueil. Je ne manquerai pas de vous donner des nouvelles du Conseil des mages, dès que celui-ci aura pris son ancrage. Vous serez plus que la bienvenue à Cordont pour visiter l’institution, ainsi que dans ce projet pour y apposer votre marque. Que le soleil guide vos pas, ajouta-t-il en portant une main à son coeur qui voleta vers la Sainnûr.

Sur ces mots, il tourna les talons et suivit le sentier du retour. Même s’il devrait attendre quelque peu avant qu’Oloréa ne puisse se téléporter. Il avait besoin de marcher un peu, de réfléchir…

***

10 juin 1764

Plusieurs semaines plus tard, une missive arriva au domicile de la Sainnûr. Une missive apportant des nouvelles, tant promises, de son époux disparu. Il en avait retrouvé la trace fort aisément. D’ailleurs il avait appris que Vex'Hylia avait aussi eu des nouvelles du devenir de son époux, quand Claudius lui avait dit avoir vu son nom sur la liste des transformés donnée par Aldaron. Vampire donc. Transformé suite à la Bataille des Cendres.

Ilhan avait pu en apprendre un peu plus toutefois. À savoir que l’époux de Vex'Hylia était devenu le fils… d’Aldaron. Ni plus ni moins. Et que Siel était dès lors dans l’armée des vampires et qu’il semblait aller bien.

L’althaïen donna toutes ces informations dans sa missive. Suivi ensuite de quelques nouvelles sur l’avancée du Conseil des mages, comme il l’avait promis, et la confirmation de son installation à Cordont. Il invitait la Sainnûr à leur rendre visite courant juillet à août pour voir par ses propres yeux et se faire une idée de l’avancée concrète. Il conclut en lui demandant si elle souhaitait toujours faire partie intégrante du projet et qu’en ce cas il espérait officialiser son entrée au Conseil des mages dès qu’elle se sentirait prête.

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