Septembre, une journée au moins à la suite de S'improviser secouristes
Un silence absolu régnait en maître incontesté sur les lieux, impérial dans sa voracité. Ivanyr se passait de respirer, n’ayant pas cet usage et personne à qui parler. En vérité, même s’il avait eu de la compagnie, sans doute aurait-il été incapable de se montrer avenant à son égard, trop plongé qu’il était dans ses propres pensées. Masque d’immobilisme, sculpture nacrée, le vampire gardait les yeux rivés sur la forme alitée, ne montrant aucun signe de la moindre vie en son corps immortel. Pourtant, son esprit, lui, était en ébullition, sans dessus dessous. Si on lui avait présenté sur l’heure la science infuse, il aurait été incapable de savoir par quelle question il devait commencer tant elles se bousculaient les unes les autres dans une cacophonie et une fébrilité insupportables. Cet elfe l’avait de toute évidence confondu avec quelqu’un d’autre, et il semblait en avoir conçu une tension suffisante pour que son cœur lâche. Ça n’avait rien d’anodin, et c’était d’autant plus impressionnant qu’il avait littéralement entendu ce cœur s’arrêter de battre, il avait vécu ces quelques fugaces instants d’une tension innommable comme s’il s’agissait de ses propres affects, de ses propres sentiments. Le soudain silence l’avait glacé, autant que ce qu’il avait lu dans ces prunelles l’avait hérissé. Il avait encore, à-même la peau, la sensation du temps qui semblait ralentir, de l’univers qui s’estompait et de la poigne d’acier qui lui broyait soudainement le torse. Le vampire n’avait pas de mal à reconnaître la violence contenue, mais il reconnaissait plus encore le désespoir. Et ce visage… ce visage qu’il avait vu soudain devant lui, était l’image même des visions qu’il avait eues. Une créature semblable, trait pour trait, bien qu’il eût la chevelure noire. La même expression, ce désespoir rageur, cette solitude blessée… ce même mouvement en avant, pour le rejoindre, pour l’attraper…
Ce n’était pas simplement une ressemblance certaine, il s’agissait de l’incarnation même de ses visions. Les différences étaient minimes. C’était lui, c’était forcément lui. Mais… qui était-il ? Pourquoi l’avait-il vu ? Etait-il, comme la dragonne, un tortionnaire de plus attendant de pouvoir le blesser ? Si c’était le cas, alors il ferait sans doute mieux de le tuer tout de suite et d’en finir. Se redressant enfin sur sa chaise, il écarta les mains, laissa la magie couler depuis la trame dans son corps, la concentrant dans sa main droite, pensivement. L’autre ne sentirait rien, il mourrait paisiblement, le débarrassant d’un problème qu’il pressentait délicat. C’était peut-être pour le mieux… Il n’aurait pas besoin de se torturer avec son cas, il pourrait poursuivre sa quête avec Purnendu et tout irait bien. Oui, c’était la meilleure des idées ! Tout le monde serait content, même l’elfe ne souffrirait plus, il retournerait dans le flot de Mort et attendrait sa prochaine réincarnation. C’était une décision sensée pour tout le monde, il en était persuadé. Alors… pourquoi est-ce qu’il ne parvenait pas à le faire ? Pourquoi restait-il là, figé, magie crépitante autours des doigts, sans rien faire. Avec un soupire, l’évocation disparue, et il s’adossa de nouveau, dépité de sa propre faiblesse. Allons bon, mais qu’est-ce qui lui arrivait… Il n’aimait pas l’idée de tuer, oui bien sûr, il n’aimait pas l’idée de tuer, tout simplement, c’était cela. Ah, il était définitivement trop bon pour ce monde. « Et j’en fais quoi moi maintenant ?» Il avait accepté de le veiller purement pour permettre à son chaton de compagnie d’aller se reposer et installer sa yourte. Et parce qu’il était curieux. Ce n’était pas tous les jours qu’il était la cause d’un tel émoi. Et au fond… il aimerait bien comprendre ce qui se passait, pourquoi cet elfe réagissait comme ça et pourquoi il le prenait pour quelqu’un d’autre.
Penchant la tête sur le côté, il cala le menton au creux d’une de ses paumes, et retourna à son observation muette. On s’était contenté de lui dire qu’il s’agissait du Bourgmestre et qu’il s’appelait Aldaron Leweïnra. Ça lui faisait une belle jambe. QUI était-il, cela restait un mystère plein et entier. Et pour être parfaitement franc, c’était même un peu frustrant. Il n’avait trouvé absolument personne pour laisser filtrer la moindre petite information au sujet de son comateux. Fronçant les sourcils à ce rappel interne, il se pencha au-dessus de lui pour le mirer de plus près et du bout des doigts vint chasser une mèche de son front, venant jouer un instant avec la boucle avant de la reposer sagement sur l’oreiller. En l’instant son regard fut attiré par deux gemmes vertes qui n’étaient pas là auparavant. Ah, il était réveillé. Loin de se sentir gêné par la proximité ou par son geste, et ne voyant aucune raison de devoir l’expliquer, il se contenta de dégager ses lèvres de la gangue de sa main pour pouvoir prendre la parole. « Comment va ma belle au bois dormant ? » Parfaitement à l’aise, il chassa une autre mèche immaculée. « Vous avez fait une belle peur à vos serviteurs… à mon compagnon aussi d’ailleurs » L’ébauche d’un sourire lui fit pétiller les prunelles « Vous savez, le gros chaton que vous avez voulu boucler… » Dans le silence revenu, les yeux d’Ivanyr perdirent progressivement leur lustre amical pour redevenir froids. Se levant, le vampire écarta la chaise du lit, puis se dirigea vers le meuble le plus proche, pour lui servir un verre… d’eau. L’autre allait mieux, il le sentait, entendait son cœur battre à nouveau. Se détourner l’empêcher d’afficher un soulagement qu’il comprenait à peine.
« Bien… » Déposant le verre près de l’elfe, il acheva « Je vais aller chercher un de vos guérisseurs… »
Ce n’était pas simplement une ressemblance certaine, il s’agissait de l’incarnation même de ses visions. Les différences étaient minimes. C’était lui, c’était forcément lui. Mais… qui était-il ? Pourquoi l’avait-il vu ? Etait-il, comme la dragonne, un tortionnaire de plus attendant de pouvoir le blesser ? Si c’était le cas, alors il ferait sans doute mieux de le tuer tout de suite et d’en finir. Se redressant enfin sur sa chaise, il écarta les mains, laissa la magie couler depuis la trame dans son corps, la concentrant dans sa main droite, pensivement. L’autre ne sentirait rien, il mourrait paisiblement, le débarrassant d’un problème qu’il pressentait délicat. C’était peut-être pour le mieux… Il n’aurait pas besoin de se torturer avec son cas, il pourrait poursuivre sa quête avec Purnendu et tout irait bien. Oui, c’était la meilleure des idées ! Tout le monde serait content, même l’elfe ne souffrirait plus, il retournerait dans le flot de Mort et attendrait sa prochaine réincarnation. C’était une décision sensée pour tout le monde, il en était persuadé. Alors… pourquoi est-ce qu’il ne parvenait pas à le faire ? Pourquoi restait-il là, figé, magie crépitante autours des doigts, sans rien faire. Avec un soupire, l’évocation disparue, et il s’adossa de nouveau, dépité de sa propre faiblesse. Allons bon, mais qu’est-ce qui lui arrivait… Il n’aimait pas l’idée de tuer, oui bien sûr, il n’aimait pas l’idée de tuer, tout simplement, c’était cela. Ah, il était définitivement trop bon pour ce monde. « Et j’en fais quoi moi maintenant ?» Il avait accepté de le veiller purement pour permettre à son chaton de compagnie d’aller se reposer et installer sa yourte. Et parce qu’il était curieux. Ce n’était pas tous les jours qu’il était la cause d’un tel émoi. Et au fond… il aimerait bien comprendre ce qui se passait, pourquoi cet elfe réagissait comme ça et pourquoi il le prenait pour quelqu’un d’autre.
Penchant la tête sur le côté, il cala le menton au creux d’une de ses paumes, et retourna à son observation muette. On s’était contenté de lui dire qu’il s’agissait du Bourgmestre et qu’il s’appelait Aldaron Leweïnra. Ça lui faisait une belle jambe. QUI était-il, cela restait un mystère plein et entier. Et pour être parfaitement franc, c’était même un peu frustrant. Il n’avait trouvé absolument personne pour laisser filtrer la moindre petite information au sujet de son comateux. Fronçant les sourcils à ce rappel interne, il se pencha au-dessus de lui pour le mirer de plus près et du bout des doigts vint chasser une mèche de son front, venant jouer un instant avec la boucle avant de la reposer sagement sur l’oreiller. En l’instant son regard fut attiré par deux gemmes vertes qui n’étaient pas là auparavant. Ah, il était réveillé. Loin de se sentir gêné par la proximité ou par son geste, et ne voyant aucune raison de devoir l’expliquer, il se contenta de dégager ses lèvres de la gangue de sa main pour pouvoir prendre la parole. « Comment va ma belle au bois dormant ? » Parfaitement à l’aise, il chassa une autre mèche immaculée. « Vous avez fait une belle peur à vos serviteurs… à mon compagnon aussi d’ailleurs » L’ébauche d’un sourire lui fit pétiller les prunelles « Vous savez, le gros chaton que vous avez voulu boucler… » Dans le silence revenu, les yeux d’Ivanyr perdirent progressivement leur lustre amical pour redevenir froids. Se levant, le vampire écarta la chaise du lit, puis se dirigea vers le meuble le plus proche, pour lui servir un verre… d’eau. L’autre allait mieux, il le sentait, entendait son cœur battre à nouveau. Se détourner l’empêcher d’afficher un soulagement qu’il comprenait à peine.
« Bien… » Déposant le verre près de l’elfe, il acheva « Je vais aller chercher un de vos guérisseurs… »
Dernière édition par Achroma Seithvelj le Dim 3 Juin 2018 - 19:37, édité 1 fois