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[Intrigue] L'unique espoir

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L’unique espoir



L’heure de vérité approche ! Une effroyable armada a envahi la Mer de Reshenta, convergeant vers l’île de Tiamat où du sommet du volcan titanesque s’élève une sombre fumée, présage d’un terrible événement. Un moyen de repousser les Chimères a été découvert, dehors Tiamarantiens et Ambarhùniens se battent pour gagner du temps. Au sein de Tiamat la puissance du Bâoli est grisante, il ne manque plus qu’à l’activer, comme convenu, pour repousser les Chimères.

Malheureusement, un groupe de ses infâmes créatures est parvenu à franchir la ligne de protection avec l’intention d’empêcher le rituel. Il va falloir les repousser et mener à terme le plan, en même temps !


Intrigue : L’unique espoir. Le 25 avril an 1763 du troisième âge.

Les joueurs disposent d'un délai de 3 jours pour poster à compter de la réception des directives. Nous vous encouragerons même à poster plus vite encore si vous le pouvez (l’intrigue n’en sera que plus développée).  Les RP d’intrigue sont prioritaires sur tous les autres rp normaux.


  • Kehlvehan Vairë
  • Sa'Hila
  • Ilyanth Neolenn
  • Purnendu Chikitsak
  • Valmys Neolenn Leweïnra


L'ordre pourrait changer à tout moment.



Spoiler :

description[Intrigue] L'unique espoir EmptyRe: [Intrigue] L'unique espoir

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L'inconfort profond, la sensation de malaise n'avait fait que croître progressivement, au fils des jours, comme une fausse note dans la mélopée du monde. Il la sentait confusément, vibration désagréable sur la peau qui, au contact de l'eau l'étreignait violemment, comme des serres se refermant sur son cœur pour le compresser. Quelque chose n'allait pas, et grâce à l'aide sordide d'un pirate de bas étages, ils avaient eut confirmation de la raison, horrifiante découverte, pourtant longuement attendue. Les Chimères, impitoyables adversaires, naviguaient désormais vers les rivages de l'Archipel, comme autant de parasites poursuivant les enfants des déesses où qu'ils aillent. Exactement comme il l'avait toujours pensé. L'attendre, pourtant, n'ôtait en rien l'instant premier, saisissant de réalisme. Désormais, l'étreinte était omniprésente pour son être intimement attaché à l'eau et en particulier à l'océan. Il sentait le fendoir des coques portant le désespoir sur elles comme si elles parcouraient son propre corps, et il ne pouvait rien faire en l'instant pour soulager les flots de cette souillure. Il ne pouvait qu'endurer et regarder en avant, vers Tiamat, vers leur objectif. Là était leur seule chance de réussite, là était le devoir de l'ordre en cette heure de grand besoin. Pour autant, sentir l'onde écœurante restait une épreuve réelle qui lui demandait beaucoup de ses capacités.

Front barré par l'effort, perlé de sueur, ses lèvres ne cessaient pas un instant de se mouvoir alors qu'avec ses frères de l'eau, il menait leur embarcation au travers des vaisseaux de la flotte unie, vers l'île volcanique. Ses traits sévères restaient crispés dans une intense expression de concentration, l'Âme d'acier refusant de plier face à la fatigue et l'impression de salissure. Ses mires ne voyaient pas, ses oreilles n'entendaient pas, ses mains ne ressentaient pas. Son être entier était tourné vers l'intérieur, vers l'essence de son élément, et par elle, ils avançaient. Il sentait les autres maîtres de l'eau comme de petites gouttes perdues dans l'immensité, et pourtant bien présentes. L'air pulsait, caressant le flot, chargé de la présence des maîtres de l'air. Ils filaient, aussi rapidement qu'ils le pouvaient tout en conservant prudemment leurs forces. Les éléments venaient à leur aide car ils étaient pour l'instant proches d'eux, ils ne devaient pas s'épuiser alors qu'ils auraient grand besoin de leur volonté par la suite. Bientôt, l'île fut en vue, bientôt, ils posèrent enfin le pied à terre, après avoir ralentit et amarré leur navire. Un bref instant, malgré l'ignominie qui teintait son univers, le Gardien fut tenté de rester, d'accompagner l'océan dans sa souffrance tant elle était vive et viscérale. Mais cela n'aurait servit à rien. Leur objectif était désormais la seule chose qui comptait.

Suffoquant, Kehlvehan n'en rejoignit pas moins le reste du petit groupe massé sur la grève rocheuse. Les douze maîtres étaient présents en cette heure gravissime mais pas décret du Gardien, ils n'étaient pas les seuls. Les Enwr dont la formation était la plus avancée et les plus proches d'obtenir l'appel étaient également venu prêter main forte à leurs mentors. Non seulement leurs connaissances et capacités seraient les bienvenues, mais leur statut transitoire demandait également qu'ils prennent activement part aux événements, qu'ils comprennent pleinement le poids, le fardeau qu'était le titre de maître et les sacrifices qu'il appelait. Outre tout cela, ce serait une leçon exceptionnellement riche pour eux. S'ils survivaient. Parmi les apprentis qui n'étaient pas présents, les plus âgés avaient été répartis au sein des flottes afin de soutenir et de soigner les blessés. Les moins expérimentés et les plus jeunes étaient restés au sein du Domaine, en compagnie d'une petite garde composée des chevaliers baptistraux. Une violente altercation avait eut lieu avant le départ des maîtres pour Tiamat, lorsque Kehlvehan avait refusé tout net que les chevaliers accompagnent le cercle élu, mais l'Âme d'acier s'était montrée impavide quand à sa décision. Il ne désirait pas de ces hypocrites parmi eux au moment où ils devaient être les plus unis et les plus purs possible.

Le regard d'ardoise du Chantelarme parcourut les silhouettes de ses frères et sœurs et s'arrêta une première fois sur les traits d'Ilyanth, semblables et dissemblables de ceux de Valmys. De loin, il entendait le rondo du chant-nom de Sa'Hila, qu'il commençait à bien connaître et se focalisa une fois encore dessus, afin de ne plus souffrir de l'intolérable bris dans l'intégrité de l'élément aquatique. Il y eut un instant de silence avant qu'il ne prenne la parole avec une simplicité ajustée, cherchant avant tout l'efficacité.

«  Étend tes sens et dis-moi ce que tu ressens de l'île »

Il s'agissait d'un volcan, un enfant des flammes, exactement comme le Chantefeu, aux yeux du Gardien, le volatile était donc le plus indiqué pour cela. Dans le même mouvement et après un instant, il demanda du bout des lèvres à Aramis de lui indiquer ce qu'elle ressentait de son propre élément, en se focalisant sur la situation de la flotte unie et de l'armada chimérique. Intérieurement, il priait Océan que cette bécasse ne lui annonce pas simplement que les vibrations étaient étranges. Ses nerfs auraient certainement rendu leur tablier.

Les Graarhs se rapprochaient rapidement. Lorsqu'ils arrivèrent près d'eux, Kehlvehan ne perdit pas de temps, et, de front avec la matriarche, entama le cheminement vers l'entrée du passage conduisant vers le Baoli. Ils discutèrent de la situation sur le chemin, sans ralentir le moins du monde et ne firent halte que devant le passage. Là, les Graarhs expliquèrent le processus de purification qu'ils utilisaient avant de pénétrer dans un de leurs lieux sacrés. Cela pouvait, à première vue, être une perte de temps mais le lieu appartenait à ce peuple, provenait de son passé et des reliquats de connaissances pouvaient subsister, même de façon inconsciente. De plus, c'était un exercice qui leur permettrait d'approcher davantage le point de résonance qu'ils cherchaient à obtenir. Court rituel, il servit néanmoins efficacement à ses yeux. Gardant Valmys près de lui, il décida, pour aider l'apprenti, à lui faire utiliser le rituel du cœur de pierre, l'un des exercices utilisé couramment dans la préparation à l'intronisation des maîtres. Ce cheminement interne avait pour but de se détacher des émotions terrestres, des opinions et pensées communes pour ne se focaliser que sur les éléments, sur l'équilibre délicat entourant chaque chose.

La maladresse du jeune immaculé fut la première chose à laquelle il dédia un sourire depuis des semaines, et ce fut dans un souffle bas qu'il admit auprès de lui que c'était le cœur de pierre qui lui avait permit de tenir au travers des événements de la Théocratie, et qui lui avait valu son surnom d'Âme d'acier. Et il fut d'ailleurs ravis de l'utiliser de nouveau lorsqu'il fut question de pénétrer à l'intérieur du volcan. Tandis que le groupe s'engouffrait lentement dans la galerie, Kehlvehan ferma les yeux et entama une douce mélopée, étrangement douce et chaude, en comparaison de l'intense désespoir qui saturait l'air. Il laça le chant, le laissant monter dans l'air, s'éloigner pour rejoindre la princesse des fleurs, en un dernier souhait de victoire et de bonheur, une ultime bénédiction d'une âme assombrie envers celle qui brillait de mille feux, porteur de l'espoir du chantelarmes de la voir revenir et qu'il n'ait pas à pleurer pour elle. Le comptine était simple, la mélodie n'avait rien de recherchée, elle venait sur l'instant, du plus profond de son cœur martyrisé. Elle rappelait les printemps elfiques de leur jeunesse, le parfum des fleurs, la nature s'éveillant, les rires des cours d'eau, les poèmes déclamés au sein de nuits tièdes, la pluie dans les sous-bois riches d'humus, les trilles des oiseaux… Le chant s'éleva, déploya ses ailes, et disparut dans les nuées, petit éclat de lumière dans l'orage qui approchait.

Puis, le volcan l'engloutit. La soudaine emprise de la terre et du feu fut acceptée docilement, et il ferma les yeux, s'ouvrant de nouveau au monde vibratoire, pleinement, entièrement. Il lui appartenait, et n'avait pas besoin de ses yeux pour se guider. Le cœur était là, niché au sein des bras d'obsidienne, et il appelait, profond, puissant, immense. Le temps s'étirait, se distordait à sa perception et bientôt il n'eut plus d'importance. Leur marche les conduisaient au sein d'un large boyau de roche inégale, comme le long corps retourné d'un être ophidien immense. Les parois denses étaient d'un gris sombre, et semblaient irradier une chaleur lourde et suffocante, tel le souffle d'un gigantesque dragon assoupi là. En leur sein, pas un bruit si ce n'était le bourdonnement d'antiques vibrations, par séculaires successions, happant et dissipant tout ébauche de son, dévorant leurs pas avec une voracité impalpable. L'écho ne durait qu'une poignée de battements de cœur avant de disparaître, s'éloignant lentement, puis se taisant complètement dans la poigne terrestre. Par instant, il semblait que le passage respirait, une légère aspiration d'air vers l'avant, pour un souffle sur leurs visages, dans leurs cheveux ou leurs fourrures. L'air qu'ils respiraient était sec, aride et dense, parfois saturé d'une fine poussière de terre. La pulsation se faisait lentement plus lourde, plus prégnante, plus présente. A mesure qu'ils avançaient, qu'ils descendaient, le lourd tambour vibratoire s’intensifiait.

Il offrait autant d'indications qu'il le pouvait à son apprenti, d'une voix au vibrato bas afin de ne pas déranger le reste du groupe, et surtout pour ne pas troubler l'équilibre des lieux qu'il sentait vaciller chaque fois qu'il formait le moindre son. Décrire le ressenti de ce lieu était extrêmement complexe, en particulier avec son attachement pour la justesse des mots. Il essayait néanmoins. Plus ils avançaient et plus Kehlvehan pressentait que l'intérieur de la chambre du Baôli pouvait s'avérer être l'un des lieux de naissance vibratoire du monde. Un des lieux où le pouvoir de l'évocation par les mots devenait plus délicat et dangereux encore. Il espérait se tromper, s'illusionner et ne ressentirait que du soulagement à le voir prouvé, et pour cette raison, il ne s'était pas ouvert de cette pensée aux autres. Mais elle restait, bien présente alors qu'ils avançaient, rejoignant un couloir taillé dans des proportions plus humbles. Là où il perdait en dimensions, il gagnait néanmoins en majesté. La roche différait des restes volcaniques, elle était sensiblement plus claire et possédait un lustre qui mettait encore davantage en valeur les nombreuses sculptures et ornements présents sur les parois. Certains murs étaient couverts de plaques de bois et de métal laqués, représentant des scènes sans doute majeur de l'histoire Graarh. Un bref instant, mais sans ralentir, il détailla l'une des plaques en question. Elle était constituée, en réalité, de plusieurs pans, chacun constitué à son tour de formes sculptées et gravées avec énormément de précision, enchassées les unes dans les autres pour former une immense fresque. Sur la fresque de droite, quatre figures graarhs se démarquaient, à part.

Mais au-delà même de la qualité de l'art présent et des curieuses inférences de l'histoire dépeinte là, il y avait la température ambiante qui chutait drastiquement. Son organisme lié à l'eau ne pu qu'apprécier le changement soudain, après l'insupportable fournaise. Les plaques se couvraient d'une fine pellicule de gel qui semblaient participer de l'excellente conservation des ouvrages présents. Quel âge avaient donc ces gravures ? Un siècle ? Un millénaire ? Il aurait sans doute pu le savoir, à force, en étudiant leurs vibrations mais ils n'avaient pas le temps, et de toute façon, la pulsation gigantesque était désormais trop proche pour lui permettre de croire pleinement ses sens. Mieux valait ne toucher à rien, pour le moment. Les escaliers étaient plus saisis que le couloir, les marches abruptes, très courtes et luisante de frimas. Par sécurité, il s'appuya d'une main sur Sa'Hila, n'ayant pas du tout l'envie de se rompre les cervicales en glissant. Venir à bout de la volée s'avérait être un exercice de patience autant que de concentration. Le risque de chute allait croissant car bientôt, les marches furent entièrement enchassées dans la glace, et ils ne marchaient plus que sur elle. L'air dense était vif et coupant de froid, leurs respirations provoquant une lourde buée à chaque exhalaison. Lorsqu'il tourna la tête pour s'assurer que tout le groupe suivait correctement, Kehlvehan fronça légèrement les sourcils en constatant que Ilyanth ainsi que les autres chantefeus dégageaient une fine vapeur d'eau en permanence et qu'un léger brouillard se formait lentement autours d'eux pour couronner le tout.

Lorsqu'ils parvinrent en bas, le brouillard léchait déjà l'arche sculptée et ornée qui menait vers la sortie. Elle débouchait sur ce qui semblait à première vue être un balcon de pierres sombres. De deux mètres de large pour trois de long. Deux escaliers descendaient sur un mètre avant d'atteindre un nouvel étage, plus bas. S'avançant, l'elfe put constater que l'intégralité de l'immense béance était constituée de même. La construction, superbe d'ambition et chef d’œuvre architectural, ressemblait à une ziggurath inversée, entièrement constituée de créneaux s'échelonnant les uns sur les autres jusqu'à un bassin situé une trentaine de mètres plus bas. De fins balcons d'un mètre ou moins s'intercalaient tous les quatre degrés jusqu'à ceindre le bord du bassin orné de quatre sublimes piliers aux couleurs chatoyantes, ressemblant à quatre Graarhs à la noblesse évidente. Sur ces piliers, l'eau projetait des ondoiements irisés et lumineux, mouvants, hypnotiques. La lueur irréelle ne gagne cependant pas les hauteurs, elle reste cantonnée dans le col du bassin. Le plafond, lui, est plongé dans la pénombre et la glace. Ce décor somptueux fourmille d'une végétation luxuriante, semblable et dissemblable de celle des îles. L'herbe pousse à-même la pierre sculptée, des lianes et des fougères, parfois même des plantes qu'il n'avait encore jamais pu observer. La plus surprenante des fleurs présente, du moins pensait-il qu'il s'agissait d'une fleur, était un énorme bulbe au rouge flamboyant, aux larges pétales arrondis, plats et tombants couverts de petits points blancs, dont le cœur ressemblait à une gueule béante.

Tout cela, et bien plus encore, était enfermé dans le même écrin de glace que les escaliers qu'ils venaient de descendre. Dans les reflets des cangues de gel, on pouvait deviner que les murs du lieu étaient eux aussi sculptés, en des colonnes et des degrés, en des cavités aux coiffes arrondies se terminant par une pointe centrale. Tout en descendant vers le cœur aqueux de ce lieu sacré, ils purent constater que les degrés des marches étaient eux aussi creusés de petites niches aux chapeaux arrondis. Dans chacune de ces niches se trouvait une statue glacée d'un animal. Certaines leurs étaient connues, d'autres en revanche attiraient la surprise. Plus ils descendaient, plus la lueur du bassin s'intensifiait, prenant des teintes à couper le souffle. D'une teinte oscillant entre bleu et vert, la texture différait de celle de l'eau, à présent qu'ils étaient si proches et que le flot de puissance les engloutissait entièrement. Moirée, la surface semblait présenter des volutes lacées plutôt qu'une surface unie, comme des vagues de pigments éthérés. Pouvait-il croire ce que son regard jaugeait ? Une légère brume envahissait la surface liquide, se répandant sur tout le degrés occupé par le bassin, enlaçant la base des piliers imposants. Piquante, fraîche, elle lui rappelait le parfum des herbes médicinales utilisées par l'Ordre pour les blessures graves. La puissance résonnait dans le bassin, elle y naissait, elle y gagnait en ampleur, et les battements qui pulsaient sur leurs peaux, presque physiques, n'étaient que des échos de ce qui se trouvait là, au sein de cette radiance. Même la glace vibrait tout bas au son de cette force immense et séculaire.

Dans le silence absolu des lieux, de faibles murmures semblent se faire entendre, évanescents, semblant bouger tout le long des piliers, des escaliers et du bassin. Parfois, ils semblent proches et restent pourtant incompréhensibles, parfois ils se font lointain et on semble presque parvenir à les percer à jour. D'en bas, les statuettes donnaient l'impression de les observer, ou bien était-ce autre chose ? Il tentait vaguement de le savoir, alors qu'ils approchaient du bassin, mais la puissance vibratoire qui en provenait était simplement impossible à ignorer, elle couvrait et noyait tout. Le chant l'appelait, venant chercher loin en lui, quelque chose de primal, de viscéral, quelque chose qui n'avait pas de nom ou de logique mais simplement des sensations. Résister s'avérait encore une fois difficile alors qu'il ne rêvait que de plonger dans cette immensité pour s'y unir, pour l'intégrer. Il ne comprenait pas, mais il n'en avait pas besoin… en fin de compte, il aurait suffit de céder à la puissance, au rythme, de le laisser diriger son sang. Son âme même, atrophiée par la trahison et la violence, relevait la tête, tel un cobra hypnotisé par la musique d'une flûte sacrée. Pendant ce qui lui parut quelques instants, Kehlvehan resta là, à contempler le miroitement de l'eau qui n'en était pas, le souffle lent et profond. Il avait tant envie de la toucher. Si c'était de l'eau, il pouvait entrer en communion avec elle. Si ce n'en était pas… il avait tant envie de la toucher… elle était pure… elle était d'une pureté sans pareil… quelle était la profondeur… ? Il y avait une histoire qu'il ne comprenait pas, une ode indescriptible mais qui soutenait tout le lieu. Il y avait… il ne savait pas, mais c'était là, c'était lumineux et tellement vivant, sans l'être vraiment ?

Une présence approcha de lui, si soudainement qu'il sursauta. C'était comme sortir d'une langueur profonde, comme s'il avait été sur le point de s'endormir.

«  Valmys ? »

Son apprenti se tenait près de lui, les veinules brillantes sous la lueur des flots. Le Gardien soupira doucement et se reprit, se forçant à s'arracher à cette immensité sans fin.

«  Bien, prépare ton matériel et ton instrument, nous aurons besoin de toi rapidement »

Se tournant vers le reste du groupe, il parcourut les visages un bref moment pour s'ancrer de nouveau dans la réalité. Ce lieu était effectivement particulier. Pas seulement sacré au sens de la pureté. Il… il n'était pas tout à fait de leur monde. Une migraine bourdonnait à ses tempes comme s'il s'était brisé à essayer de comprendre quelque chose que son cerveau ne supporterait pas. Sans doute était-ce d'ailleurs le cas. S'éloignant légèrement du bord du bassin, il rompit le silence d'une voix plus paisible qu'il ne s'était sentit depuis leur arrivée sur l'archipel.

«  Nous commencerons par le feu, puis l'air, l'eau, la terre et enfin l'étoile, un par un, chacun par leurs élus. Chaque chant devra être étonné sept fois, une pour chaque note majeur. Pour chaque chant, il faudra nouer votre mélodie aux piliers autours du bassin, afin qu'elle se poursuive pendant que nous tissons le suivant. Lorsque l'intégralité de la trame vibratoire aura été construite autours du pivot central, nous reprendrons tous ensemble et effectueront le lien avec le chant des trois »

Le pivot central, c'était Valmys, le petit Enwr qui devrait jouer de son psaltérion afin de leur donner le rythme sur lequel ils viendraient agencer tout le reste. Plongeant son regard dans le sien, il s'assura de l'avoir bien avec lui puis se tourna vers son cousin.

«  Prépares-toi, Ilyanth. Nous n'allons pas tarder… »
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description[Intrigue] L'unique espoir EmptyRe: [Intrigue] L'unique espoir

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Maudits Sans-Poils. Sa’Hila se mordit la lèvre inférieure. Combien de fois avait-elle entendu cela aujourd’hui, hier, ces dernières semaines ? Bien trop souvent à vrai dire. Et pourtant. Et pourtant cette colère grondante et insidieuse, logée dans le cœur et l’esprit de chaque graäh, l’Aaleeshaan la comprenait très bien, trop bien. Il n’avait pas fallu longtemps pour que l’annonce du retour des “Chimères” ne réanime les vieilles rancœurs envers les Ambarhuniens, que la femelle s’était efforcé de museler, de calmer, d'apaiser. Tous ces efforts, réduits en une rage aussi ardente qu’un feu de brousse qu’aujourd’hui, plus que jamais, elle se devait de rediriger vers leur ennemi mortel. Si la décennie à la tête de la Légion lui avait bien appris quelque chose, c’était qu’on ne pouvait éteindre ce feu, si ce n’était de le diriger vers une cible précise. Pour le moment, elle y était parvenu avec un succès relatif, malgré l’attente interminable du combat qui gangrenait lentement le moral de ses troupes.

#Les Maîtres-Chanteurs arrivent, Kamda.#
#Très bien, préviens les autres et rassemblez tout le monde#
#Tout de suite, Kamda#

L’appel mental tira la Dompteuse de ses pensées. L’heure n’était plus à la réflexion, mais à l’action. Elle savait exactement quoi faire. Elle était prête, pour le meilleur, comme pour le pire. Se relevant avec souplesse, elle quitta l’ombre du rocher derrière elle méditait et grimpa dessus agilement. Surplombant l’impressionnant rassemblant de Graärh, véritable mosaïque colorée par tant de pelages différents, la dirigeante avait fière allure. Vêtue de son armure de Geai Moqueur et sa lance-épée à la main, elle correspondait parfaitement à l’image de la cheffe armée qu’elle devait avoir en ce moment présent. Elle n’était certes pas la plus forte, ni la plus agile des graarh, et ce n’était pas pour cela qu’on l’avait choisie par ailleurs. Mais c’était pour son aura, sa clairvoyance dans les forces et faiblesses de son peuple. Son esprit savait coordonner les corps de ses semblables comme personne.

Inspiration, expiration.

“Restes concentrée, refocalises-les sur les Chimères, ne pense pas aux pirates, ni aux autre esclavagistes. Tu es Sa’Hila, Kamda Aaleeshaan de Vat’Aan’ruda. Tu sais ce que tu dois faire.”

Inspiration, expiration.

Elle rouvrit ses yeux, rendues en deux fentes verticales noyées dans un bleu céruléen. Elle dardait sur tout ceux présents un regard ferme et déterminé. Elle connaissait la plupart de ces valeureux guerriers. Et pourtant, elle s'apprêtait à leur demander de se sacrifier pour former l’ultime rempart pour leur unique espoir. Et pourtant, elle prit la petite pierre gravée que lui tendit un jeune aide de camp. Concentrant une partie de son énergie dans la pierre magique, sa voix amplifiée résonna comme un coup de tambour.

-Mes chères sœurs, mes chers frères. Nous nous tenons aujourd’hui, tous ensemble comme un seul peuple uni. Un peuple uni contre la mort et la destruction. Aujourd’hui nous ne nous battons pas contre les Sans-poils, mais contre les Chimères. Aujourd’hui nous devons nous battre contre l'annihilation. Ce combat, nous le menons pour l’honneur du peuple Graärh, pour notre droit de vie, pour les Esprits qui nous regardent depuis les étoiles ! Mourir dans l’honneur est maintenant l’unique issue. Vivre dans la honte et la servitude n’est pas une option ! Alors je vous le redis: battez-vous ! Battez-vous pour votre vie ou mourrez en essayant ! Pour l’honneur, pour la Légion, pour Néthéril ! L’Ennemi aujourd’hui ne passera pas ! Tous à vos positions !

Simple et efficace, ce simple discours saurait trouver un écho dans le cœur de chaque Graärh, Sa’Hila le savait. Déjà un rugissement, suivi de centaines d’autre, se fit entendre, emplissant les environs désolés de l'île volcanique d’une clameur bestiale et sauvage. Dans un mouvement confus mais savamment supervisé par les Nayaak et les liés-Geai Moqueurs, chacun, galvanisé par la perspective du combat, prit finalement place, laissant le temps à Sa’Hila de venir accueillir les Baptistrels.

L’urgence de la situation et la nature peu loquace du Gardien du Domaine permirent à Sa’Hila d’en venir aux faits et de l’informer directement sur les faits. Elles ne s’étendit pas spécifiquement sur les moyens mis en oeuvre pour ralentir l’avancée des abominations, mais elle lui assura que chaque Graärh présent sur cette île mettrait tout en oeuvre pour protéger le Baoli.

"Ô Esprits divins, vous qui demeurez dans les Étoiles, entendez notre appel. De votre grâce et votre magie nous sommes issus et de par cette eau claire et pure, nous nous lavons de la poussière de nos péchés et implorons votre clémence. Nous jurons sur notre honneur de venir en ces lieux sacrés en paix."

La fraîcheur de l’eau ruisselante du sommet de son crâne jusque dans son dos, était un pur bonheur, tant physique que mentale. Dans la chaleur étouffante de l'île volcanique, la cérémonie d’entrée du Baoli était plus que bienvenue. Sa’Hila remercia d’ailleurs intérieurement les Baptistrels de bien vouloir s’y plier, alors que le temps jouait contre leur eux. Ce n’était peut-être pas grand chose pour eux, mais dans le cœur des Graärh aux traditions profondément ancrés, ce détails prenait toute son importance.
L’esprit plus léger, elle ordonnait enfin la formation du groupe de combattants qui allait accompagner les Maîtres-Bardes dans les profondeurs du volcan. Ses sœurs bien sur, mais aussi deux douzaines parmi les plus puissants spirites offensifs et défensifs. Si tout espoirs était perdu, alors ils formeraient l’ultime barrière entre les Chimères et les Baptistrels…

Avant de s’engager dans les profondeurs insondables de la montagne de feu, elles distribua ses derniers ordres aux Geai Moqueurs, leur signalant par la même occasion qu’elle couperait tout lien mental avec l’extérieur, sa concentration étant exclusive à sa mission.
Finalement marchant de tête avec Kehlvehan, ils descendirent dans le boyau. Dès les premiers mètres franchis, son rôle de protecteur toujours en tête, elle ordonna aux lièvres-liés et taupe-liés de créer des obstacles tout du long de leur descente. Piliers de roches, marches traîtresses et friables, stalactites mortels. Autant de pièges qui ralentiraient la progression d’éventuels intrus. Elle hésita longuement à condamner des pans entier de chemin, mais mourir potentiellement d’asphyxie ne semblait guère l’enchanter…
Détruire en partie l’héritage culturel de leur ancêtres lui vrilla le cœur également. Les fresques murales, issues d’un savoir-faire perdu, étaient inestimables, mais ne seraient d'aucune utilité s’ils venaient à tous de mourir ou pire, se faire posséder.

Et pourtant, elle était loin d’être insensible à l'attrait de ces vestiges du passé. En d’autres circonstances, elle se serait attardé sur chaque gravures avec une curiosité non dissimulée… mais pour l’heure, elle devait se concentrer sur chaque pas qu’elle faisait. Les plaques de givres étaient certes agréables sous ses coussinets, mais compte tenu de l’activité magmatique au-dessus de leurs têtes, c’était plus inquiétant qu’intrigant finalement. Quelle était donc la magie en ce lieu pour provoquer un tel bouleversement ?
Par ailleurs, cette soudaine présence glacée semblait gêner la progression des chanteurs qui ne s’étaient eux aussi surement pas attendu à cela, leurs bottes dérapant très facilement. Voyant le Chantelarme vaciller et se retenir à son épaule, elle fit signe à ses guerriers d’offrir un appui aux autres musiciens si de l’aide se faisait ressentir. Il ne manquerait pas qu’ils meurent bêtement en descendant des escaliers…

Finalement arrivés à ce qui était indéniablement le Baôli, elle ne peut réprimer un hoquet de surprise. La logique n’avait plus d’emprise en ce lieu, le temps lui-même s’était comme figé, à l’image de tous les végétaux dans leur écrin de glace. Les pulsations ambiantes, semblables à des battements de cœur, étaient à présent telles que Sa’Hila pouvait presque les sentir du bout des poils. Étonnamment, la féline s’était attendu à un silence sépulcrale et pourtant, des milliers de chuchotements, venant de partout et nul part à la fois, se faisaient entendre, semblant s’adresser aux nouveaux venus. Même si elle ne parvenait pas à comprendre exactement ce qui se disait, la dompteuse se sentait étrangement apaisée. Peut-être était-ce les différentes icônes animales, disposées tout autour du bassin de magie, qui la rassuraient ? Beaucoup de ses petites statuettes lui rappelait les peintures des Esprits qui ornaient l’enceinte du village, sur Néthéril.

Khelvehan avait donné ses ordres. Les Baptistrels allaient faire leur part du plan. Les Graärh en feraient de même de leur coté.

-C’est le moment de vérité. Tout le monde à son poste. Tout le monde en rang serré près de la sortie. Par’Mani, Par’Vati, Baral et Amitabh, vous restez près des Bardes. Ces abominations ne passeront pas.

L’Aaleeshaan resta quant à elle, au milieu des deux groupes de Graärh. Passant son index entre ses yeux, elle affûta ses sens pour observer les moindre détails de la chambre sacrée. Si quelque choses bougeait autre que ce qui était censé bouger, elle voulait en être la première informée. D’un rapide regard, elle ordonna la même chose à Bahvika, qui l’avait accompagné tout ce temps silencieusement. La panthère de par ses sens animales, avait pressenti que quelque chose allait se passer mais la présence de Sa’Hila avait suffit à le rassurer. Comme une extension de sa maîtresse, il était comme une paire d'yeux supplémentaires.
Enfin, une dernière prière pour les Esprits, qu'elle croyait de tout son être étant présent en ces lieux plus que jamais, et la cheffe se mit finalement en position de défense également.
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L’obscurité s’était emparée de l’âme d’Ilyanth et une indicible angoisse broyait son palpitant tandis que la barque où il se trouvait, accompagné de ses frères et sœurs Baptistrels, voguait en direction de Tiamat, cette ile volcanique qui abritait le puits de magie du Baoli. L’elfe solaire ne descellait pas les pétales de ses lippes, gardant ses mires claires rivées sur les vagues de l’océan dont le mugissement ressemblait à un requiem lugubre, sinistre prélude à la terrible bataille navale qui s’annonçait.

Les chimères les avaient retrouvés. Cette certitude le hantait depuis que la nouvelle officielle de leur retour avait envahi l’archipel, déclenchant une vague de peur chez ses habitants et brisant l’harmonie du monde. Pourtant, bien avant cette annonce, le chanteur à la voix ardente avait pressenti l’imminence de leur retour et savait que le combat qui s’annonçait serait décisif. Cette fois-ci, ils devraient vaincre ou périr car nulle autre alternative ne se présenterait à eux en cas d’échec.

Les nations s’étaient préparées à livrer cette bataille inéluctable, armant leurs navires et unissant leurs forces face à l’offensive chimérique comme elles l’avaient fait jadis pour construire l’immense flotte qui devait servir à l’exode vers Tiamaranta, oubliant l’espace d’un temps leurs haines séculaires. Un frisson glacé lui parcourut l’échine à la pensée de toutes les vies qui risquaient d’être bientôt anéanties, au sacrifice de tant d’innocents, à cette vaine effusion de sang et la douleur envahit son être. Pourquoi leur fallait-il de nouveau affronter cette cruelle épreuve, telles les victimes infortunées d’une destinée implacable alors que leurs plaies peinaient à cicatriser ? D’innombrables questionnements l’agitaient et il se remémora les paroles sibyllines d’Aléria Blanchécume concernant la rupture du contrat originel suite à l’erreur commise par les enfants des Déesses et qui expliquait le déferlement des chimères au sein de leur univers.

Puis, peu après  l’attaque de ces dernières sur le domaine Baptistral, une nouvelle note était apparue comme par enchantement…Et en la suivant, le Chantefeu s’était rendu jusqu’aux confins du plan astral en quête de réponses et afin de retrouver Ascheriit, son frère Baptistrel, à présent captif et réceptacle de la chimère Vehasiel.

« Ascheriit, mon frère bien-aimé quand est-ce que je te retrouverais ? »

Chaque fois qu’il songeait à ce jeune Enwr prisonnier de ces créatures maléfiques, la mélancolie sourdait dans son cœur et un lancinant sentiment de culpabilité le tenaillait. Le Cawr ne parvenait pas à se pardonner ce qui s’était passé plusieurs années auparavant lors de la première attaque des chimères sur le domaine et se sentait responsable de la disparition de son frère Ascheriit. Ce dernier s’était sacrifié en prenant la place du Chantefeu menacé d’enlèvement par l’une de ses horrifiantes créatures, désireuse de s’approprier ses puissants pouvoirs de Maitre Barde à des fins obscures. Après cet évènement dramatique, le lié du feu s’était juré intérieurement de remuer ciel et terre pour le sauver.

Quelques temps avant la découverte du retour des chimères, les sombres pressentiments et l’angoisse latente du jeune elfe n’avaient cessé de s’intensifier et il se réveillait souvent en pleine nuit en ayant cauchemardé le visage, déformé par un rictus sardonique, d’Ascheriit qui après sa possession se faisait appeler Vehasiel.

Les images évanescentes de cette scène d’horreur le poursuivaient jusque dans son sommeil, ne lui laissant aucun répit et annihilant la quiétude de ses songes. Son frère Rhapsodien lui manquait terriblement et il était empli du désir vivace de le ramener au domaine sain et sauf après l’avoir libéré de l’emprise des chimères. A l’image du feu, son élément lié, Ilyanth était un être passionné, luttant pour ses idéaux jusqu’à se consumer d’épuisement et dans le cœur duquel brûlait un inextinguible espoir.

L’espérance était ce qui l’animait et le faisait vibrer, le poussant à lutter en compagnie de ses frères et sœurs afin de surmonter l’adversité.  

« Vehasiel. Je te retrouverai et je ferai l’impossible pour arracher Ascheriit de tes griffes ».

Une ineffable certitude lui disait que dans un avenir proche leurs routes se recroiseraient et le Chantefeu qui attendait cet instant depuis des années se préparait à l’affronter.  

Cependant au milieu de cet océan de désespérance, un ultime espoir subsistait, tel un phare illuminant une nuit de tempête ou une braise sommeillant sous la cendre et prête à s’éveiller afin de faire renaitre une flamme ardente.

Le Baoli. Cet énigmatique puits de magie qui expliquait certains des mystères de l’archipel et pourquoi l’essence mirifique existait au sein de ces iles en dépit de l’absence de dragons, contrairement à Ambarhùna.

Une ancienne légende Graarh, semblant remontée à la nuit des temps et liée aux mythes fondateurs des légions d’or et de cendres, narrait l’existence de ce lieu étrange servant de point de rencontre entre les hauts spirites Graarh et les esprits-liés. Un lieu frontière entre deux univers différents, d’où émanait une mystérieuse magie et de puissantes vibrations. C’est au sein de cet endroit légendaire, niché au cœur d’un volcan que résidait leur unique espoir de victoire car même si chacun se murait dans une attitude mutique, nul n’était dupe quant à l’issue de la bataille navale en raison de l’énorme avantage numérique de la flotte chimérique. Désormais, le destin des rescapés d’Ambarhùna et des peuples autochtones de Tiamaranta se trouvait en grande partie entre les mains des maitres Baptistrels.

Par un décret du Gardien, les douze membres du Conseil de la Rhapsodie, auquel le Chantefeu appartenait, avaient été sollicités pour mener à bien une tâche d’une importance cruciale.

Machinalement, Voix Ardente caressa du bout des doigts la gemme de son pendentif, un présent de sa mère censé le protéger du danger et pria intérieurement pour que le rituel magique qu’ils s’apprêtaient à réaliser parvienne à activer le Baoli.

A travers les vibrations du monde, Ilyanth pouvait percevoir les notes disharmonieuses dans la symphonie de l’univers et ressentir le flot d’émotions qui émanaient de ses frères et sœurs Rhapsodiens. Le visage de certains d’entre eux portait la marque de sanglots muets et un silence solennel pesait sur le groupe pendant que leur barque poursuivait son voyage, fendant rapidement les flots, en direction de Tiamat. Le Chantefeu tremblait de peur à l’idée du malheur qui pouvait s’abattre sur eux à tout instant et ses pensées accompagnaient également les combattants qui s’apprêtaient à combattre ces abominations surgies du plan astral. Plus que tout au monde, l’elfe solaire désirait protéger ce monde et ces habitants.

Bientôt, ses mires de jade et de saphir discernèrent dans le lointain le dôme auréolé de brume du volcan qui occupait la majeure partie de l’ile de Tiamat. Et lorsque leur embarcation accosta sur la plage de sable fin, celui-ci remarqua l’attroupement de nombreux Graarh chargés de garder et sécuriser les abords ce sanctuaire légendaire, à la fois symbole de vertu et de malédiction et objet de tant de convoitises.

Ilyanth nota également la présence de Sa Hila, la Kamda Aleeshaan de Néthéril, une créature à la grâce féline et à la fourrure brune tachetée d’or, dont les prunelles d’un bleu intense scrutaient ses interlocuteurs avec intensité comme si elle cherchait à sonder les tréfonds de leur âme. Cette dernière prit la parole d’une voix grave, aux accents ronronnant, amplifiée par une pierre magique afin d’appeler son peuple au rassemblement et à l’unité. Le lié du feu aperçut à ses côtés la silhouette sculpturale, au masque d’albâtre et à la froideur marmoréenne du Gardien des Maitres-bardes. Le Chantelarmes s’était rendu jusqu’à ce sanctuaire défendu, au mépris de tous dangers, pour accompagner les efforts de ses frères et sœurs et les unifier dans l’adversité.

Ce dernier s’adressa au Chantefeu, lui demandant d’étendre ses sens et de lui révéler ce qu’il percevait de son élément en lien avec cette ile et la béance ardente de son volcan d’où une incommensurable énergie magique émanait.

L’elfe solaire baissa les paupières et resta un instant absorbé dans une attitude méditative qui lui permettait de s’imprégner des éléments de son environnement et de percevoir plus intensément les vibrations du monde. Sur cette terre volcanique, plus que jamais son lien symbiotique avec le feu s’exprimait avec une rare impétuosité, telles les affres de la passion, insufflant à son âme l’attrait irrésistible de la fusion avec le cœur incandescent du volcan. Même durant la transe de la cérémonie initiatique marquant son intronisation en tant que Cawr et l’union avec son élément de prédilection, Ilyanth n’avait pas ressenti un tel sentiment d’osmose, un aussi fervent désir que celui de se fondre avec la rivière de feu de ce lieu.


Le cœur ardent de ce lieu est passionné
Plus violent et indiscipliné que jamais
Cet enfant du volcan est un feu sacré
Sa symphonie est puissance et pureté

Dès après, la Kamda Aleeshaan réalisa une cérémonie destinée aux esprits dans le but de purifier leurs âmes de toutes souillures avant de pénétrer au cœur de ce temple inviolé.  

Les hommes-félins menèrent ensuite les Baptistrels à l’intérieur de ce lieu sacré, tout en surveillant attentivement le moindre de leurs faits et gestes car un sentiment de méfiance demeurait présent chez les autochtones de Tiamantara vis-à-vis des exilés d’Ambarhùna, même si cette menace commune les amenait à collaborer d’une singulière manière.

Tandis qu’il s’acheminait à travers le dédale troglodyte de cet antre volcanique, le Chantefeu sentait son âme vibrer avec une rare intensité, ressentant plus que jamais la relation fusionnelle qui le liait au feu, son élément de prédilection.

Les aigues-marines de ses iris miraient avec ravissement cet endroit à la magnificence ineffable, dont la puissance et la pureté des vibrations poussaient son âme de maitre-barde à l’extase et au désir de communion.

Loin de se sentir incommodé par la fournaise qui régnait au sein de la galerie qu’ils traversaient, le lié du feu exultait et tous ses sens s’éveillaient tandis que les vibrations faisaient résonner jusqu’au plus profond de son être le chant du brasier.

Un profond silence habitait ce sanctuaire de pierre, invitant à un recueillement béatifique, et sublimait la musique séraphique des vibrations du monde sur lesquelles le Chantefeu se concentrait, sentant vibrer toutes les fibres de son être, tel un instrument vivant.

Après un long cheminement à travers la vaste galerie, ils parvinrent à un couloir sculpté à même la roche dont les parois étaient ornées de somptueux motifs réalisés en bois et en métaux avec un caractère insolite et ésotérique qui frappait l’imagination.

Cependant Ilyanth n’eut guère l’opportunité de s’y attarder longuement car en voyant l’épaisse pellicule de glace qui recouvrait les lieux et en ressentant le froid mordant, son instinct l’avertit que quelque chose d’inhabituel se tramait.

Puis, le groupe de maitres-bardes, escortés par les Graarh, descendit les marches d’un imposant escalier et le Chantefeu dut prendre garde à ne pas trébucher, constatant que son affinité avec le feu lui jouait un mauvais tour en rendant le sol gelé particulièrement glissant sous ses pieds. Par ailleurs, la chaleur perpétuelle que son corps dégageait se métamorphosait, au contact de l’air glacé, en de la vapeur d’eau ressemblant à une brume évanescente.

Poursuivant leur avancée au cœur du Baoli, les pas des maitres-bardes les menèrent jusqu’à une vaste salle circulaire, envahie par une végétation luxuriante composée d’un épais tapis d’herbe, d’arbres et de fleurs aux couleurs chatoyantes, allant du blanc le plus pur au rouge ardent. Leurs corolles possédaient des formes variées et éployaient leurs pétales diaprés et veloutés. Cependant, ce magnifique écrin végétal était prisonnier des glaces et semblait figé hors du temps à l’intérieur d’une bulle d’éternité. Malgré l’omniprésence de glace, grâce à sa sensibilité au feu, le chanteur à la voix ardente pouvait percevoir le fleuve incandescent du magma qui couvait au sein du volcan.

Ilyanth remarqua également la présence d’une grande arche et d’une merveilleuse construction architecturale évoquant une Ziggourat inversée constituées de créneaux qui s’échelonnaient jusqu’à un bassin, aux bords ornés de piliers représentant des Graarh à la posture aristocratique sur lesquelles les eaux changeantes, à la beauté envoûtante, faisaient danser des reflets irisés. L’eau du bassin possédait une teinte irréelle, une couleur onirique, perdue entre le bleu et le vert et à nulle autre pareille comme si elle sortait d’un univers imaginaire. D’ailleurs était-ce vraiment de l’eau ? En scrutant l’élément aqueux, au-dessus duquel flottait un léger brouillard, le Cawr se demanda s’il ne s’agissait pas plutôt de magie à l’état liquide. D’autant plus qu’une puissante énergie émanait du bassin, indiquant la présence d’une essence mirifique.

Hypnotisé par le miroitement des flots, le Chantefeu se perdit dans leur contemplation et l’image d’une femme-elfe, au visage diaphane, s’imposa à son esprit faisant naitre dans son cœur une douce langueur.

Kalyna Vallael, l’ancienne prêtresse du Tyran blanc le troublait et sa seule évocation faisait battre son palpitant plus fort. A cet instant ses pensées étaient dirigées vers cette Elfette crépusculaire qui savait danser avec grâce et souplesse, tel un roseau gracile, en entourant son corps de perles d’eau et dissimulait le désarroi qui l’habitait derrière une carapace d’acier. La reverrait-il un jour ? Peut-être, du moins s’ils survivaient… En dépit de son indéfectible optimisme, l’elfe solaire ne parvenait pas à éluder l’idée de la mort et celui-ci sentit renaitre son angoisse de perdre à nouveau des êtres chers.

C’est alors que ses prunelles céruléennes se posèrent sur Valmys, ce jeune Enwr dans les veines duquel coulait le même sang, en dépit de leur apparence dissemblable, et une indicible tristesse l’envahit. Pourraient-ils jamais partager des moments de bonheur ensemble sans sentir planer au-dessus d’eux une quelconque menace ? Tous deux avaient encore tant de choses à échanger et à apprendre l’un de l’autre si l’existence leur en laissait l’occasion.

Troublant le silence olympien de ce sanctuaire hyalin, des murmures indéchiffrables, aux sonorités éthérées, s’élevaient donnant l’impression d’être observé par des présences invisibles, comme si les Esprits gardaient ce lieu et épiaient les impudents qui osaient profaner leur demeure sacrée.
Le maitre-barde couva d’un regard plein de douceur son cousin tandis que celui-ci s’avançait en direction du gardien qui était si absorbé par sa contemplation du bassin qu’il en paraissait hypnotisé. Ilyanth aurait voulu parler, chuchoter à l’oreille de Valmys quelques mots d’encouragement ou de réconfort mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge nouée par l’émotion.

Après que le Gardien se soit adressé au jeune apprenti afin de lui assigner le rôle du pivot central, à savoir le musicien capable de donner le rythme aux autres chanteurs en jouant de son psaltérion ; celui-ci se tourna vers les douze maitres Baptistrels, parcourant leurs visages un à un avant que ses iris à l’éclat adamantin ne s’arrêtent sur le Chantefeu pour lui demander de se préparer à débuter le rituel en entonnant le chant lié à son élément.
Jusqu’à cet instant, Ilyanth était demeuré silencieux, écoutant attentivement les instructions de Kehlvehan Vairë à propos du rituel magique à exécuter pour activer le Baoli. Chacun à leur tour, les Cawrs liés aux différents éléments devaient entonner leur chant, à sept reprises, en mettant en avant, à chaque fois, l’une des notes majeures.

Puis, conformément aux directives du Gardien, le flamboyant prit une profonde inspiration et dès après sa magnifique voix aux sonorités cristallines s’éleva au cœur du volcan tandis qu’il entonnait le chant du feu avec Ela, la première note majeure.

Sa mélopée emplie d’émotions vibrait d’intensité et le Chantefeu ferma les yeux pour mieux se concentrer sur la musique et les vibrations du monde destinées à le guider vers la plus parfaite harmonie. Lors de l’exécution du chant dédié à son élément, celui qu’on surnommait la Voix Ardente pouvait sentir la caresse des flammes sur son âme et leur puissance incandescente embraser son être jusque dans ses fibres les plus profondes.

Après que les dernières notes se soient éteintes, l’elfe solaire se tourna vers la Cawr qui se trouvait à ses côtés, une Chantebrise et la laissa entonner son chant élémentaire autour de la première note. Et lorsque cette dernière l’eut achevé, une Chantepluie poursuivit. L’un après l’autre, les maitres Baptistrels se succédaient, transformant cette vaste cavité volcanique en une salle de concert improvisée où résonnait une musique séraphique. La première partie était accomplie, à présent, ils pouvaient poursuivre le rituel en entonnant leur chant une deuxième fois.

Ilyanth se concentra afin de se fondre avec les vibrations et sa voix enchanteresse s’éleva à nouveau avec Alya, la deuxième note majeure.  Tout d’un coup, brisant l’enchantement de ce moment, l’écho de plusieurs cris se répercuta sur les parois pierreuses du lieu et tous les regards se tournèrent vers le nouvel arrivant, un Graarh à la stature imposante et au pelage d’un gris lunaire. En posant sur lui ses mires couleur menthe-à-l ‘eau, le lié du feu reconnut Purnendu Chikitsak, un guérisseur originaire de la légion de Nyn-Tiamat. A sa vue, le flamboyant fut pris d’un mauvais pressentiment et posa d’instinct sa main contre sa poitrine.

L’âpre-cendre semblait harassé, peinant à retrouver son souffle. Quand ce dernier parvint enfin à prendre la parole, ce fut pour s’exprimer d’une voix alarmée et les informer d’une funeste nouvelle.

Un navire chimère était parvenu à atteindre les côtés de l’ile et ces créatures maléfiques tentaient de franchir la dernière ligne de défense en repoussant les guerriers Graarh chargés de protéger l’entrée du Baoli.

Ces paroles glacèrent le Baptistrel qui avait l’impression que son cœur allait cesser de battre. L’ennemi était là et tentait de pénétrer au sein de ce sanctuaire sacré afin d’empêcher le rituel destiné à l’activer. La crainte et le désarroi commencèrent à s’insinuer en lui et il lutta pour garder son calme, sentant à travers leurs vibrations le flot d’émotions qui envahissait ses frères et sœurs Rhapsodiens. Par ailleurs, l’inquiétude transparaissait sur les traits de plusieurs d’entre eux. Que devaient-ils faire à présent ? Poursuivre le rituel coûte que coûte ou joindre leurs efforts à ceux qui tentaient d’empêcher l’avancée des chimères ?

Son regard aigue-marine chercha celui du Gardien, cette figure impassible toujours fièrement dressée en dépit des épreuves, même au cœur des tempêtes, quêtant ses conseils et son soutien. Tentant de maitriser les trémolos de sa voix, il s’adressa à lui.

- Gardien Kehlvehan, le rituel visant à activer la magie du Baoli a été interrompu, c’est probablement en lui que réside notre unique espoir de vaincre les chimères qui tôt ou tard finiront par nous submerger. Devons-nous le poursuivre à tout prix malgré la présence de ces créatures ou prêter main forte du mieux possible à l’aide de nos pouvoirs à ceux qui tentent de les repousser ?

Les maitres-bardes n’étaient, pour la plupart, guère aguerris au combat et leur serment leur interdisait d’ôter la vie sous peine de perdre leurs pouvoirs. Toutefois, ils demeuraient des mages puissants dotés d’une magie bénéfique qui pouvait se révéler utile aux combattants.
Ensuite, l’elfe se tourna vers Sa Hila et lui demanda avec gravité :

- Kamda Aleeshaan Sa Hila, nous n’avons pas encore achevé le rituel. Pensez-vous qu’il serait possible pour les combattants chargés de défendre ce lieu de retenir l’ennemi le temps nécessaire pour que nous puissions le terminer ?

A partir de maintenant une véritable course contre la montre venait de débuter et Ilyanth avait les nerfs à fleurs de peau.

Spoiler :


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Dans une grande salle d’obsidienne, traversée de nombreuses striures de lapis-lazuli où se trouvait sur les murs de nombreux vitraux relatant des scènes d’un autre temps, se tenait un trône. Assis sur ce dernier, un coude sur l’accoudoir et soutenant sa tête par le bas du visage à l’aide d’une de ses mains, la majestueuse-majesté regardait du coin de l’œil le maitre-valet agenouillé devant lui, un léger rictus de dégoût plissant ses yeux.

Au centre de cette salle du trône démesuré se tenait agenouillé Vehasiel dont l’apparence décharnée provoquait le dégoût de son maitre. Si les innommables étaient déjà des créatures épouvantables, celui que l’on surnommait l’ancien n’avait rien à leur envier. Le corps d’Ascheriit était méconnaissable. Décharner, déformer, défigurer. Il n’avait plus rien du glacernois, simplement dans un état monstrueux et transitoire entre celui d’un homme et d’une chimère. Son visage était recouvert d’une excroissance osseuse sur laquelle des lambeaux de peau étaient en formation. Son épaule droite était plus imposante que son épaule gauche et un plumage beigeâtre poussait partiellement dessus. Les doigts de ses mains n’étaient pas uniformes. Certains étaient allongés, d’autres normaux, d’autres ressemblaient plus à des griffes tandis que deux d’entre eux étaient devenus des serres. Le maitre-valet était en train de parler et finissant il se redressa avant de venir rabattre son capuchon  sur sa tête.

« Très bien Vehasiel, ces informations sont en effet précieuses. Les enfants des dieux ont fait une découverte intéressante. Hâtons-nous d’en finir avec eux. Je vais ordonner aux troupes de se déplacer, toi, tu seras chargé de t’emparer de l’arme de l’ennemi. Si elle détient autant de puissance que tu le penses, nous nous en servirons pour trainer notre père jusqu’à nous afin de le tuer. »

L’oiseau au plumage dorian balayait l’air devant lui d’un de ses bras.

« Maintenant disparait de ma vue tant que tu n’auras pas retrouvé l’apparence qui est la nôtre. »

Le baptistrel du néant s’inclina et commença à reculer.

« Vous n’aurez plus à supporter la vue de cette apparence disgracieuse encore  longtemps majesté. Pour notre bien à tous je ne peux abandonner les pouvoirs de mon hôte … mais la transformation de ce dernier progresse rapidement. Cela prendra plus de temps que pour sa majestueuse majesté et les maitres valets, mais je retrouverais l’apparence qui était la mienne, je peux vous l’assurer. Les échecs m’ont beaucoup appris. »

***

L’immense armée des chimères avait été déplacée, voguant depuis les terres noyées de haute magie et de néant d’Ambarhùna vers un archipel repéré il y a quelques mois de cela. Le trajet ne durerait plus longtemps, l’ennemi des dieux et de leurs créations connaissait le chemin, tandis que leur navire et leur magie aideraient. Ainsi, en une poignée de mois, l’immense armada des chimères voyait apparaitre à l’horizon les premières îles de l’archipel de Tiamaranta. Les vaisseaux de guerre progressaient rapidement et au-dessus d’eux, dans les cieux, apparut un gigantesque vortex duquel jaillit un titanesque rocher flottant. La majestueuse majesté se déplaçait en même temps que ses troupes au-devant de ses adversaires. Il souhaitait contempler de ses yeux la chute des descendants des élus de leur père.

Vehasiel, lui rejoignit rapidement l’un des navires. L’armada allait se voir opposer une flotte misérable dans une vaine tentative de les repousser. Le maitre-valet, lui, n’avait pas de temps à perdre et avait été chargé de s’emparer de la découverte de l’ennemi. Il ignorait encore de quoi il s’agissait exactement, tout ce qu’il savait c’est que c’était puissant, suffisamment puissant pour qu’il le sente d’ici, suffisamment puissant pour tenir tête à l’énergie du néant, suffisamment puissant pour les mettre en péril.

Plusieurs jours après que les premiers reliefs des îles ne soient apparus, l’armada des chimères se retrouvait dans la mer intérieure de l’archipel. À l’horizon de nombreux navires leur barraient la route. Futile. Ils n’étaient pas parvenus à les repousser sur Ambarhùna, ils n’y parviendraient pas plus aujourd’hui. Alors que les navires des deux camps se fonçaient dessus, Vehasiel alla à la proue du navire sur lequel il se trouvait et fit vibrer ses cordes vocales. Bientôt un vortex se forma devant le bâtiment, celui-ci était suffisamment grand pour qu’un navire s’y engouffre, et c’est ce qui se produisit. Le bateau qui était en première ligne disparut et réapparut loin derrière les lignes ennemies, aux abords des rivages du titanesque volcan central de l’archipel.

L’embarcation du maitre-valet gagna en vitesse et vint s’échouer sur la plage de cendre. Les dragons venaient de s’envoler il y a quelques minutes déjà en direction de la forteresse où la majestueuse majesté les accueillerait à condition de parvenir jusqu’à lui. Ne se dressait plus qu’entre Vehasiel et l’arme des enfants des dieux une poignée d’ennemis que lui et ses hommes auraient tôt fait de mettre en pièces.

« En avant ! »

La voix forte et puissante du baptistrel du néant tonna tel un coup de fouet dans l’air et des innommables sautèrent par-dessus le bastingage pour se lancer en direction du camp ennemi déclenchant de sanglant affrontement. Et tandis que cette escouade s’attaquait au centre de commandement, Vehasiel emmena d’autres troupes avec lui.


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25 avril an 1763


Le regard d'absinthe suivait les silhouettes hétéroclites qui s'éloignaient en un groupe compact, détaillant les dos et les démarches avec une intensité encore peu éprouvée. Une boule serrait sa gorge et lorsqu'il parvint à déglutir, elle lui tomba sur l'estomac en un poids écœurant de malaises et d'incertitudes. Voir des bipèdes entrer pour la seconde fois dans le Foyer même de ses croyances remuait en lui un sentiment désagréable de possessivité et de haine instinctive. Il savait, du plus profond de sa raison, qu'un tel comportement n'était pas sain et encore moins rationnel étant donné la situation dans laquelle ils se retrouvaient, toutefois il ne parvenait pas à s'en détacher. Il lui paraissait révulsant que ces opportunistes souillent de leur présence un lieu aussi sacré, car il ne doutait pas qu'ils y reviendraient pour le piller et le saccager dès qu'ils en auraient l'opportunité... du moins, s'ils venaient à survivre à cette invasion.

Il fallu que le groupe de baptistrels et de graärh disparaisse à l'angle de l'immense couloir pour que ses yeux s'arrachent enfin de leur fixité féline et ne viennent courir sur la foule bigarrée qui restait à l'entrée, tout autour de lui. Des centaines de shikaaree de Netheril étaient présents, sublimes et terrifiants dans leurs armures et postures racées de prédateurs. Toutefois, il y avait aussi des naayak et des kisaan, car tout graärh savait se battre et que tout graärh répondra à l'appel de l'Aaleeshan de la Vat'An'Ruuda lorsqu'il retentira. Et il avait rugit avec la force d'un véritable smilodon, soulevant une importante troupe de combattants féroces, férals et déterminés. Le musc sentait fort, les hormones étaient en ébullition alors que le parfum plus sucré des encens dédiés aux Esprits formait des rubans languides aux jarrets des guerriers en posture défensive d'attente.

S'il aurait aimé accompagner les bipèdes et l'Aaleeshan au cœur du Bâoli, il savait que sa place était ici. A l'entrée du grand couloir menant au Puits Sacré, ils avaient installé une infirmerie rudimentaire d'où il participerait à l'effort de guerre en compagnie d'autres guérisseurs et herboristes graärh. Son savoir leur était bien supérieur, principalement à force de côtoyer les autres races et d'éplucher leurs livres sur le sujet médicale comme un affamé sur un tas d'oranges, mais aussi parce qu'il possédait une combinaison d'esprits-liés particulièrement efficace. Malheureusement, il n'était pas à la tête de ce groupe de kisaan, car non seulement était-il étranger pour les troupes de la Ruuda, mais il était aussi un ashuddh pour la Médonis et ça, il avait refusé de le cacher au moment de se présenter à Sa'Hila. Aujourd'hui, il ne serait qu'une aide pour les guérisseurs « confirmés », mais cette position secondaire ne le dérangeait pas, car l'orgueil n'était pas dans sa nature et l'intérêt commun venait toujours avant son confort personnel.

Il y avait cependant le regret de ne pas être entouré de ses frères et sœurs de Paadshail qui lui laissait un goût amer sur la langue et instinctivement, son regard fut porté au Nord. Son esprit vogua sur le souvenir des vents gelés de sa patrie avec une mélancolie lancinante. Il pouvait comprendre le refus des siens à joindre ce combat ; ils avaient les mains pleines avec l'infestation vampirique, sans parler du massacre perpétré par ces chiens d'Athgalan lorsqu'ils eurent l'ingénieuse idée de « jouer » avec le portail déniché dans le Bayou. Un relent de bile brûla la gorge du grand fauve gris à ce souvenir et son poil gonfla d'une colère contenue. Nombre de valeureux guerriers perdus aussi bêtement avait le don de lui mettre la fourrure à l'envers ! Sans parler de l'incapacité des bipèdes de Calastin, soit disant leurs alliés, à récupérer chez une bande de rats d'eau boueuse un artefact aussi puissant qu'unique. C'était un véritable gouffre qui s'était ouvert dans le flanc de la Légion Vat'Em'Medonis et même si la violence du climat sur l'Inlandsis freinerait considérablement l'avancée de possible troupes pirates, cela restait un coup difficile à panser.

Le silence de son ancienne Aaleeshan lui était donc parfaitement compréhensible même s'il ne la partageait pas. Après tout, s'ils échouaient aujourd'hui, alors il n'y aurait pas de lendemain pour eux et ça, quelque soit l'étendue gelée qu'il puisse y avoir entre elle et la horde de chimères. Comme il était inutile d'arguer avec cette femelle et que lui-même avait préféré consacrer son temps libre à explorer les moindres coins et recoins du Bâoli durant ces dernières semaines, Purnendu balaya cette pensée sous le tapis et se concentra sur l'instant présent. Son rôle principal serait d'aller sur le terrain pour ramasser les guerriers blessés, puis grâce aux boucliers d'énergie créés sous la bénédiction de l'Hippopotame, il pourrait assurer à son bagage ainsi qu'à lui-même un retour sécurisé jusqu'à l'Infirmerie. De là, il avait pour mission d'aider à la confection de remèdes particulièrement puissants, voire même d'anesthésier de son contact lié au Raton-Laveur les patients les plus atteints.

Du moins, c'était là son plan de départ. Mais comme toute cette merveilleuse expérience ne serait qu'une banale et ennuyeuse promenade à flanc de volcan, il fallait bien que le Destin s'en mêle et vienne pimenter un chouïa tout ce joli bordel. Avec cette pensée en tête, Purnendu fut heureux que l'ironie ne soit pas une mesure de sodium où il se serait transformé en statue de sel dans la seconde. Blasé au delà des mots, il contempla la trame émettre ses dernières pulsations et spasmes alors qu'une coque de bois sombre, surgie de nul part, s'échouait sur la rive à seulement quelques centaines de mètres de leur position. Enfin, le vaisseau ne sortait pas du chapeau d'un trappeur, mais c'était tout comme ; un vortex vomissant un navire entier ? Personne ne les avait prévenu qu'une telle chose pouvait arriver ! En même temps, vu ce qu'on lui avait raconté des Chimères, il ne serait pas étonnant que même les bipèdes ne connaissent pas un dixième du potentiel de ces choses. Et c'était absolument par-fait.

L'immense graärh roula des yeux alors qu'il entendait les ordres affolés rebondir d'une troupe à l'autre et que les guerriers s'organisaient en une position bien plus offensive. Un vague soupir secoua sa silhouette massive alors qu'il ouvrait sa sacoche et sortait son Bâton de Vent pour rejoindre les premières lignes. Un mauvais pressentiment lui courait le long de l'échine et alors qu'un bref silence tombait sur la plage tandis que la silhouette échouée se stabilisait enfin, il leva la truffe vers l'immense île qui flottait avec les nuages, au loin. Dans les cieux, Jangali chevauchait le dos de la dragonne Nynsith et irait confronter la tête de cette hydre hideuse qu'étaient les Chimères. Il s'agissait d'un immense honneur donné au graärh et même si la séparation avait été douce-amère, Purnendu ne pouvait s'empêcher d'éprouver une bouffée de fierté à être le compagnon d'un tel chasseur. Tout ce qu'il lui restait à faire, était de survivre et de prier les Esprits pour que son mâle ait le même privilège.

Puis ce fut l'absolue terreur qui s'échoua sur le rivage comme un relent nauséabond de désespoir et d'absurdité élevés si haut que l'esprit du graärh cendré refusa de le déchiffrer au premier abord. Ses yeux voyaient, mais son cerveau ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre, comme un verrou pour protéger une santé mentale mise en danger sur l'essence même de sa compréhension du monde. Les poils de sa queue doublèrent de volume et elle se courba en arche alors que lui-même adoptait une posture de menace passive et qu'un sifflement rauque était craché hors de sa gueule ouverte, babines retroussées sur ses crocs luisants. Ses pupilles s'étaient dilatées au possible, rongeant le vert vibrant pour ne laisser que deux puits d'obscurité absolument terrifiés. Son souffle se fit plus court et rapide, les feulements se rapprochèrent, s'intensifièrent et trouvèrent échos dans des dizaines, voire des centaines d'autre gorge alors que tous les graärh assemblés étaient les témoins d'une véritable parade monstrueuse.

Les « choses » qui débarquaient du navire ne pouvaient être nommées. Silhouettes absurdes et cauchemardesques, elles s’amassaient autour d'un être bien plus horrifique. Les soldats difformes possédaient le pire dans chacune des créatures qu'ils avaient grotesquement tentés de fusionner. Aux corps voûtés, l'ossature générale était celle allongée et frêle des volatiles avec des bras trop longs et des jointures saillantes. On pourrait les croire faible physiquement si ce n'était pour la musculature noueuse et filandreuse qu'ils arboraient, visible sous une peau brûlée qui les recouvrait comme un gant de vieux cuir bruni et rougeâtre. Par endroit, l'épiderme paraissait délavé en plaques de teinte maladive tandis qu'un plumage dru s'érigeait depuis les crânes déformés jusqu'aux épaules osseuses pour couvrir ensuite le dos décharné à la façon d'une couverture miteuse et sombre, dégarnie, qui frémissait par soubresauts nerveux.

Les visages n'en avaient que le nom, car il s'agissait principalement d'un bec protubérant et courbé à la façon des rapaces charognards, d'un jaune pisseux et qui lâchaient dans des râles suintant quelques cris aiguës qui vibraient alors jusque dans les os des plus braves guerriers. A ces faciès disgracieux semblables à ceux d'oisillons macabres, se logeaient une paire de petits yeux ronds et vicieux, d'un blanc laiteux écœurant qui, malgré leur apparente cécité, réagissaient aux moindres mouvements parmi les troupes félidés. Ces créatures d'horreur ne portaient ni armes ou armures, mais leur cuir épais semblait suffisant pour les protéger de la plupart des attaques tandis que les doigts maigres aux griffes courbes parviendraient probablement à lacérer n'importe quel ensemble de plaques lourdes.

Et si ces choses n'étaient pas suffisantes, il trônait en leur centre un être encore plus hideux. Là où les soldats avaient trouvé un compromis dans leur hybridation, résultant certes d'un amas grotesque, ils n'arboraient pas l'incohérente et horrible figure de leur chef. L'on voyait un corps maltraité au delà du soutenable avec une silhouette rompue en des angles normalement impossibles. Le torse avait ses côtes atrophiées surplombant un abdomen creusé à la chair noirâtre, comme nécrosée. Le reste de l'épiderme arborait une teinte cadavérique au gris bleuté de veines visibles tel un réseau de toiles empoisonnées. Comme si ce n'était pas suffisant, le crâne de l'être chimérique avait des excroissances osseuses vaguement apparentées aux volatiles. L'ivoire sale et poreux couvrait une structure faciale rongée par un mal invisible, effaçant le nez et les pommettes pour faire sortir une mâchoire inférieure difforme, déchaussée de dents alors que les excroissances d'un bec saillaient et se fondaient dans une structure plus importante qui couvrait le haut de son crâne.

Similaire à un casque, l'os se propageait à la façon d'un corps gangrené et partait en échardes sur la nuque et le dos dont la chair sombre s'agrémentait d'un plumage aussi dru et miteux que celui de ses comparses. La silhouette brisée était asymétrique, car si le bras gauche ne subissait qu'une légère atrophie dans la fusion interrompue d'une ébauche d'aile, ne laissant en l'état qu'une articulation coincée par des tendons fondus, l'autre bras était le théâtre de sa mutation. L'épaule gonflait de plumes humides, saillantes à la frontière d'une peau nécrosée, suintante de mucus et de fluides nauséabonds. Les os jaillissaient sans cohérence pour former une articulation disproportionnée et bossue qui surplombait un bras à la chaire noire grouillante de veines épaisses. Pour achever ce tableau d'aberration, une énergie malsaine au jaune pulsant d'ambre sale était visible sous l'épiderme du flanc saccagé. Cette même lueur brillait dans les orbites du crâne, porteuse d'une volonté sinistre et mauvaise.

L'aura qui semble tourbillonner autour de cette haute et décharnée silhouette ne fait que renforcer le malaise de Purnendu dont l'angoisse se mue progressivement en une peur instinctive. Chaque fibre de son corps semble lui hurler de tourner les talons et de fuir, de ne pas se retourner et de ne plus approcher cette créature sortie des pires cauchemars. Toutefois, dans un effort de volonté, le fauve cendré s'ébroue et à la suite d'une profonde inspiration, il pousse un rugissement viscérale de rage et de haine envers cette chose qui défie les lois de la Nature et de la Trame. « Ça » n'a pas sa place en ce monde, en cette réalité et « Ça » doit disparaître le plus rapidement possible ! D'autres rugissements se joignent aux siens quand la surprise et l'effroi cessent leur emprise sur l'armée graärh. Les félins lèvent leurs armes, gonflent leur pelages et se jettent dans un ensemble parfait au cœur de la mêlée.

Plutôt que de la magie, ce sont les dons des Esprits qui sont utilisés ici pour renforcer les combattants et les aider à repousser la force ennemie. Toutefois, aucun des efforts déployés, rien dans le sang versé ne semble  avoir d'importance lorsque le commandant des troupes innommables entonna son chant. Une litanie qui se révéla mortelle pour près d'un quart des troupes aborigènes. Les vies furent fauchées comme du blé mûr et alors que Purnendu ramassait le corps inerte d'un graärh tombé à quelques foulées de lui, espérant le traîner dans l'hospice pour le soigner du mal qui l'avait soudain saisie, une vrille d'obscurité perça le sol près de sa patte droite. Dans un bond, il esquiva de justesse ce qui semblait être une absence totale et absolue de tout. D'absolument... tout. Dressant un bouclier d'énergie, il dévia la pointe qui aurait pu l'empaler à l'abdomen et effectua une roulade arrière alors qu'il s'amassait en position accroupi et dressait les oreilles pour entendre les frictions sous le sol là où les pieux sombres éventraient la roche volcanique.

Mais rien. Il n'entendait rien et ne comprenait pas ce qu'était cette magie... ou absence de magie ? Jamais il n'avait vu une chose pareille et il comprenait mieux comment des peuples foncièrement évolués autour et sur la magie pouvaient être aussi démunis face à un tel adversaire. Dévoraient-ils l'essence de la trame ? La repoussaient-ils avec quelque chose de totalement opposé, comme les deux mêmes faces d'un aimant ? Le phénomène le fascinait, il titillait sa curiosité et si ce n'était pas pour son taux de mortalité certifié à 100%, il aurait volontiers essayé d'en savoir plus ! Mais l'étude pouvait bien attendre, car la situation semblait rapidement leur échapper. L'avancée des créatures cauchemardesques paraissait inéluctable à ce compte et il fallait absolument qu'il prévienne les autres de ce qui leur arrivait dessus. Il pouvait sentir que le rituel avançait, mais l'infime changement dans les vibrations du Bâoli ne semblait pas encore suffisant pour avoir un réel impact sur eux, à la surface... s'il devait jamais y en avoir un.

Un dernier regard vers l'être difforme l'encouragea à ne pas traîner ici et Purnendu écouta pour une fois son instinct et se mit à courir aussi vite qu'il le pouvait. Passant sur ses quatre pattes, il s'élança dans l'immense tunnel et veilla à prévenir les différents spirites de la Taupe et du Lièvre laissés là pour piéger la zone qu'il vaudrait mieux murer complètement l'entrée. Ne recevant que des refus de leur part, ce qu'il pouvait comprendre compte tenu qu'il n'était qu'un Ashuddh et eux de fidèles shikaree envers Sa'Hila, il décida d'économiser son souffle et sa salive pour aller directement converser avec la cheffe de guerre. Ses grandes foulées avalaient la distance comme un rien et si le fauve cendré ignora les sublimes fresques qui pavaient les parois du tunnel, c'est uniquement parce qu'il les connaissait par cœur.

La découverte du Bâoli datait d'un mois, à quelques jours près, et pourtant pas une seule fois le graärh ne s'était lassé de son exploration. Dès que ses coussinets avaient foulé le sol gelé au plus profond de son cœur, il avait été happé par sa splendeur et l'ivresse de ses secrets insondables. Les pulsations du puits résonnaient en rythme avec le souffle du Monde et les myriades de murmures étaient les échos de temps lointains, présent et à venir. La présence des Esprits baignaient les lieux, engorgeait l'être tout entier et tirait sur les cordes les plus sensibles de l'âme comme une litanie hypnotique. Ce chant, il le sentait jusque dans ses os, dans ses tripes alors que ses tympans bourdonnaient de la mélopée mystique à tout instant. Progressivement la chaleur s'estompa et une fine pellicule de givre recouvra le sol en pente douce. Sans ralentir, Purnendu appliqua le sort de la Chasse Septentrionale qui lui offrit une adhérence accrue sur la glace et lui évita, une fois arrivé aux escaliers, de glisser et de se faire mal.

Il émergea donc du couloir à la façon d'une boule de fourrure grise et blanche, pelucheuse au possible tant les frissons de terreur continuaient de lui couler le long de l'épine dorsale. Sans reprendre son souffle, il commença à descendre les paliers de bonds puissants, usant le glyphe de ses bottes pour atterrir à chaque fois sans heurts. De sa course effrénée, le graärh cendré ne s'arrêta que sur la dernière terrasse dans un dérapage qui souleva un nuage de paillettes givrées autour de son imposante silhouette. Pupilles rétractées en deux fins traits noirs sous la luminosité des lieux, il prit quelques secondes pour retrouver son souffle. Durant ce temps il observa tour à tour les personnes présentes, puis approcha de Sa'Hila qu'il salua brièvement. Mettant de côté les formulations de politesse, ce fut d'une voix tendue et rauque, aux connotations grondantes qu'il s'adressa directement à elle.

Au dernier moment, il se rappela d'utiliser la langue commune afin que les autres bipèdes puissent entendre son rapport. Du moins, la première partie. La suite ne les concernerait probablement pas.

« - Les Chimères ont utilisé une magie pour transporter un de leur navire directement sur nos rivages. Des... choses hybrides attaquent vos troupes, mais aussi le centre de commandement des bipèdes, plus loin. Leur commandant possède une puissance telle qu'en une seule attaque il a balayé un quart des forces présentes. Le reste a du mal à se regrouper et perd rapidement du terrain. Si nous n'agissons pas, ils seront là d'un moment à l'autre. »

Il prit une brève pause, laissant ainsi à l'Aaleeshan le temps de digérer les terribles nouvelles qu'il lui apportait. Jetant ensuite aux ronces la différence de rangs, il se permit d'ajouter dans leur langue natale :

« - Je recommande vivement de combler tout le tunnel depuis l'extérieur jusqu'à cette salle. Nous sommes sous un volcan, il y a plusieurs cheminées qui abreuvent cet endroit d'oxygène, nous ne risquons pas l'asphyxie... et quand bien même il s'agirait du seul accès d'air, je peux vous assurer que la réserve que nous posséderons rien qu'avec cette place sera largement suffisante pour plusieurs heures, si ce n'est des jours entiers.
D'un autre côté, si ces choses arrivent jusqu'à nous... nous sommes perdus. Ils utilisent une magie... non, une énergie qui nous est totalement inconnue. Toutefois, franchir plusieurs dizaines de mètres et milliers de tonnes de roche volcanique serait un obstacle pour n'importe qui, aussi puissant soit-il. Faites moi confiance, Aaleeshan... ordonnez à vos guerriers de créer des tunnels leurres et de boucher le véritable accès.
 »

Il se tourna vers les Baptistrels et posa sur eux un regard légèrement assombri avant qu'il ne tourne le museau en direction des quatre statues et, enfin, sur le bassin miroitant. Il sentit son cœur se gorger d'émerveillement candide et de vénération alors que la lueur irréelle se reflétait dans ses iris à la façon d'un voile moiré.

« - Magnifique, n'est-ce pas ? L'on voudrait s'y immerger et fondre en un tout d'harmonie. »

Combien de nuit blanche avait-il eut aux premiers jours de sa découverte ? Combien d'heures passées à simplement contempler le bassin, oubliant de boire, de manger et parfois même de respirer ? Les apnées l'avaient étourdies, éveillant en lui son instinct de préservation et depuis il avait veillé à limiter ses visites. Toutefois, il ne pouvait jamais totalement se défaire de sa fascination et se demanda si Rog et les autres Couronnes avaient bues dans le bassin ? S'y étaient-ils baignés pour s'infuser de ses pouvoirs ? Comment possédaient-ils un tel pouvoir ? Avait-il ce qu'il fallait pour l'obtenir aussi ? Non... Il ne pouvait pas trahir les Esprits. La gorge soudain sèche, Purnendu s'arracha difficilement à la tentation et tourna le dos au Puits avec une agitation nerveuse dans la queue, oreilles plaquées en arrière.

« - Je n'ai pas eut la chance de me présenter. »

Il regarda celui qui était le Gardien, au nom imprononçable et s'inclina légèrement devant lui avant de se redresser et de le vriller de ses yeux d'absinthe.

« - Je suis Purnendu Chikitsak. Je faisais parti de l'expédition qui a découvert cet endroit. Depuis lors, je suis resté sur Vaalaamuk pour étudier le Bâoli. »

Sa main caressa la sacoche à sa hanche.

« - J'ai ici tous les écris que j'ai pu trouver, recopier et traduire. J'ai consigné les reproductions des fresques, divers croquis ainsi que des échantillons de ce qu'il se trouve ici. Je suppose que mon aide est limitée, si ce n'est nulle dans l'achèvement de ce rituel... même si je n'ai pas à rougir de ma vocalisation ! »

Une vague pointe de sarcasme pointa dans son timbre chaud et ronronnant alors qu'il achevait :

« - Tout cela pour dire que si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Malgré les apparences, je suis un graärh de savoir et de connaissances. »

Il se tourna vers les autres félins et les observa en silence avant qu'il ne s'écarte légèrement des deux groupes et ne dépose la fameuse sacoche sur un rebord afin de pouvoir fouiller à l'intérieur. Avec précaution, il commença à sortir divers nécessaires de premier secours et s'improviser un lieu de repos et de soins avec les moyens du bord.


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Le groupe a fait son choix. Un ennemi puissant se dresse à la porte du Bâoli, massacrant graärh après graärh pour se frayer un chemin jusqu’au puits de magie. Depuis le début ils savent qu’ils ne pourront pas l’arrêter, seulement le retarder. C’est une course contre la montre où chaque seconde compte. Tout ce qui peut permettre de gagner de précieuses secondes doit être fait.

Alors que le rituel se poursuit, il est ordonné aux graärh de battre en retraite, de venir trouver refuge au sein du volcan. Les spirites du lièvre, de la taupe et les chanteterre vont venir combler le boyau de terre conduisant au Bâoli. Malheureusement, tous ne pourront pas le faire et tous ne veulent pas le faire. L’ennemi est là, l’ennemi avance, il faut le retenir, il faut le distraire afin que le plan puisse fonctionner. Si les chimères se rendent compte que les enfants des dieux tentent de condamner l’accès, ils mettront tout en œuvre pour empêcher cela.

De nombreuses vies sont sacrifiées pour permettre de combler le tunnel. Les félins restés sur place se retrouvent piéger entre un mur et terre et les chimères. Ils combattent avec vaillance et meurent avec honneur.

À présent, les Baptistrel et les Graärh restants se retrouvent piégés au sein de Tiamat, attendant dans l’inquiétude la plus totale. Parviendront-ils à finir le rituel à temps ? Où les chimères arriveront-elles avant ?

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C'est en s'activant vivement pour ne pas perdre une goutte de ce que disait son maître que Valmys reconnu devoir aux pirates de l'avoir entrainé à tenir cet effort mieux qu'une certaine Cawr.
Il le reconnut avec une telle neutralité que cela le troubla, un bref instant, dans son écriture. Ce rituel du coeur de pierre était bien plus efficace qu'il avait pu le penser. L'apprenti comprenait pleinement ce que lui avait exprimé son maître, et les souvenirs qu'il avait évoqué trouvèrent un écho particulièrement précis en lui. Point de temps pour ces considérations, néanmoins. Il avait tant de choses à rédiger que ne pas être ambidextre lui manqua. Il aurait pu maintenir son carnet devant lui par magie, ou par une vague invention et, d'une main, notifier chaque mot du Chantelarme et, de l'autre, prendre quelques notes sur le monde qui les entourait. Les ornements sculptés, sans doute de main de Graärh, les plantes, et la glace... Son regard essaya de tous les attraper, pour les nicher au fond de sa mémoire. Mais les souvenirs étaient des créatures sauvages, sans doute ne resteraient-ils d'eux que des traces. Au fond de lui, Valmys savait que, sans la pierre qui protégeait son coeur, un tel décor aurait eu raison de sa concentration pour mieux le courber sous l'humilité et l'admiration.

Le jeune Sainnûr se trouvait plus sensible à la magie depuis une certaine expédition. Néanmoins, la puissance qu'il ressentait autour d'eux, à l'image du magma contenu dans son écrin de roche, n'était pas une simple impression liée à un peu d'acuité en plus. Le Bâoli... En parler était quelque chose. Le constater brisait des barrières que l'imagination s'ignorait. Un instant Valmys se demanda si, dans d'autres circonstances, il aurait eu la faiblesse de vouloir s'y mêler, s'immerger dans le bassin qui paraissait être de magie même, fusionner d'une façon ou d'une autre avec la roche, ou juste se nourir de la magie ambiante jusqu'à ce que la surdose aie raison du corps faible qu'était le sien. Quelques jours après un certain passage sur un certain bateau, peut-être aurait-il eu cet égoïsme. Désormais, vêtu, avec son carnet en main, des êtres à choyer et un monde à aimer, il n'avait que trop de respect pour ce qu'était le Bâoli pour oser l'effleurer de trop.
Surtout qu'un certain Chanteciel lui avait bien souligné, et rappelé, que c'était une très mauvaise idée d'effleurer des ornements d'édifices inconnus.

Voyant Kehlvehan s'approcher de l'eau, avec une fascination plus que perceptible, l'apprenti s'autorisa à le rejoindre. Le Maître avait dû percevoir quelque chose d'important. Cela faisait bien plusieurs secondes -minutes ?- qu'il n'avait rien noté, occupé qu'il était à ouvrir ses propres perceptions, et prendre des notes très personnelles, désormais. Le silence autour d'eux paraissait surnaturel, en comparaison avec l'excitation des vivants, et l'imposante présence qui... Non. Les présences ? Il y avait comme des murmures. Des regards posés sur eux, et... Etait-ce une aura de curiosité qui planait dans l'air ? Ou n'était-ce qu'une vue de l'esprit ? Valmys avait bien une vague intuition quant à ceux qui sur eux posaient portaient leur attention. Il l'avait noté mais, peu assuré, ne l'avait évoqué à voix haute. Son maître, en revanche, devait bien avoir quelque hypothèse précise et pertinente à apporter, en plus d'une perception qui leur échappait.
Le sursaut de Kehlvehan fit également sursauter Valmys, qui ne s'était trouvé ni discret ni brutal dans son approche. Rien ne l'avait préparé à l'annonce qui lui fut faite. Il arqua un sourcil, troublé. Besoin de... Lui ? Et pas d'un maître ? C'était mauvais signe, ça, non ? Il comprit néanmoins assez vite et, opinant, défit le psaltérion de son étui, puis y mettre son carnet à la place. Le temps d'accorder un peu le bel instrument, s'installer aussi confortablement que possible, respirer pour organiser ses pensées, et il était prêt. Air, eau, feu, tere, étoile. Ne pas oublier. Diantre, cela faisait beaucoup de pression pour ses petites épaules. Son regard passa sur ses soeurs et frères de l'Ordre, pour puiser dans leur vision la force et la conviction dont il allait avoir besoin. Ilyanth et Kehlvehan, à travers ce qu'ils représentaient pour lui, portèrent son coeur. Il ne pouvait les décevoir.

Les premières notes de psaltérion emplirent l'espace, avec ce côté éthéré qui était leur timbre. Régulières, légère, elles apportèrent le support nécessaire pour commencer par l'air, tout en restant assez stables pour que l'on puisse s'y accrocher. Une brise, fidèle, à laquelle Valmys voua toute sa concentration.
Il y mit du coeur et beaucoup, beaucoup de focalisation. Seule la musique importait. Le reste, l'agitation des Graärhs et autres bipèdes plus ou moins poilus, c'était du détail. Les chants des Maîtres et de leurs instruments aidaient ses doigts à toujours savoir où aller, quel élément porter en lui jusqu'à sa musique. L'arrivée d'un Graärh ? Ce n'était pas une raison pour arrêter de jouer. Les Maîtres et autres adultes de bon aloi firent ce qu'ils avaient à faire. Valmys continua son office.

La musique continua ainsi, malgré l'interlude qui poussa ceux qui le pouvaient à s'occuper de combler les tunnels. Malgré l'horreur de la situation, les doigts bien entraînés de Valmys ne faiblirent pas. Les notes s'enchaînaient, et les éléments de même. Valmys avait l'impression que l'intérieur de son crâne commençait à boullir sous l'effort. Une lueur particulière lui valut de tourner subtilement la tête, tandis qu'il continuait de jouer. L'eau du bassin qui avait tant attiré Kehlvehan se parait d'ondulations. Un bref regard à son maître, et Valmys se souvint qu'il avait quelque chose à faire. Il remit sa concentration sur son instrument... Un bref instant. La musique qui lui servait de repère disparut. Au lieu de cela, un sourd bourdonnement, comme si un son inconnu était venu se loger dans ses oreilles, effacçant jusqu'à la perception de sa propre resppiration, et ne laissant que ce son qu'il ne pouvait reconnaitre. Inquiet, Valmys tourna son regard vers l'eau qui n'en était pas, ses doigts continuant de pincer les cordes de son instrument, par réflexe et technique, désormais.
Là, au milieu des ondes, une adorable petite tête, au museau triangulaire, aux oreilles rectangulaires, avec de grands yeux curieux, avait pointé le bout de son nez. Presque timidement, presque curieusement. C'était la plus belle et la plus délicate des créature que Valmys ait eu la chance de voir. Son poil semblait infiniment doux. Son aura portait plus de paix que jamais n'en auraient les royaumes et légions. L'apprenti baptistrel en oublia de ciller, de respirer. Il aurait voulu... Oh, par les Huit, il aurait tant voulu porter cette adorable petite chose contre son coeur, et la protéger de tous les maux ! Mais jamais il n'aurait osé poser sa main sur elle, de peur de la salir ou de la briser. Son esprit-lié était une merveille.
Leurs regards se croisèrent. Celui tout mignon de l'hermine, et celui fasciné, ambré, de Valmys. Le bourdonnement qui le tenait éloigné du reste du monde cessa, pour faire place à de la musique. Ce n'était pas celle qu'il jouait. Ce n'était aucun instrument, et aucune voix. Cette musique-là ne venait pas des bipèdes. Un frisson passa tout le long de l'échine de l'apprenti baptistrel. Oh, ce souvenir-là, il n'allait pas le perdre. Jamais il ne saurait lui donner corps, mais au fond de son esprit, ce fragment de mémoire allait être choyé.

La musique changea brusquement, revenant au son des instruments et des chants. Quelqu'un, ou quelque chose, avait poussé Valmys à revenir parmi eux, sans doute après avoir remarqué son regard fixe, et le risque qu'il y avait à ce que ses doigts le trahissent. Après un bref élan de panique, le jeune immaculé se remit à sa tâche, son coeur galopant contre ses côtes. Ils avaient eu chaud. Désormais, il en était sûr ; c'étaient les Esprits-Liés qui, sur eux, posaient leurs regards. Les lèvres pâles sous l'effet de l'inquiétude, Valmys peinait désormais à rester concentré. Si les Chimères passaient leurs défenses, alors que leurs précieux Liés étaient juste là... La belle Hermine était en danger. Et Valmys ne voulait surtout pas voir le Néant engloutir sa protégée spirituelle. Son esprit chercha le sien, maladroitement, lui qui n'était dragonnier. Il la chercha comme il l'appelait de ses souhaits lorsqu'il avait besoin d'elle. Mais au lieu de chercher à user des pouvoirs qu'ils se donnaient tous deux, il voulait lui transmettre un message. Il ne savait s'il le pouvait...
Il aurait aimé lui dire qu'il l'aimait, et qu'elle, et ses frères et soeurs, devaient exister. Il aurait aimé lui dire qu'entre ces murs de roches, les enfants fragiles qui peinaient et s'agitaient, étaient des gens qui les aimaient. Que eux, les Esprits, n'hésitent pas dès lors à user d'eux dans le but commun qu'ils avaient. Il aurait aimé lui dire de faire attention à elle, et se mettre à l'abri si elle le pouvait, en son coeur si cela lui paraissait pertinent. Elle devait savoir, elle qui n'était pas mortelle.

Maladroitement, il essaya, tant bien que mal, de transmettre ceci sous forme d'émotions à l'Hermine, sans même être sûr que cela était possible. Donnant corps à ses profondes frayeurs, le grondement sourd et le crépitement de la roche qui peinait à tenir, résonna beaucoup trop dans le lieu clos qui était leur abri. Une brève réflexion permit à Valmys de tenir le compte. Cinq. Ils venaient de finir la cinquième boucle de leur chant... Sur sept. Et déjà les chimères venaient toquer à leur porte. Si seulement ils avaient pu se hâter... Ils allaient devoir compter sur les non-baptistrels pour contenir tout ça.
Eux ne pouvaient s'arrêter si près du but. Valmys continua de jouer, malgré le sang qui tournait à folle allure au sein de son petit corps.

Directive (rectives) :


Dernière édition par Valmys Neolenn Leweïnra le Sam 5 Jan 2019 - 23:31, édité 2 fois

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« Éliminez tous ceux qui se dressent sur notre route, on ne fait pas de prisonnier aujourd’hui. »

La voix de Vehasiel tonna dans l’air alors qu’il finissait d’entonner son chant. L’ignoble baptistrel fit surgir du sol une douzaine de vrilles qui percèrent la réalité pour apparaitre avant de venir flageller les Graärh qui se trouvaient à l’entrée du volcan. Les corps de ces félins à deux pattes furent projetés dans le vide ou les parois de la grotte, venant se briser. Le maitre valet n’appréciait pas particulièrement ces créatures, surtout depuis l’humiliante défaite qu’il avait subie face à l’un d’entre eux dans le désert de Keet-Tiamat. Si ces semblables ne possédaient pas la même force que l’individu en question, ils n’en demeuraient pas moins une menace. Si tous étaient capables d’atteindre un tel niveau, alors mieux valait les éliminer sans attendre.

La première ligne de défense de l’arme secrète des enfants de dieux fut promptement balayée, Vehasiel et sa troupe d’abominations ne perdirent pas un instant et commencèrent à pénétrer à l’intérieur du boyau. Alors que les chimères progressaient, le chantevide entendit les vibrations s’affoler. Quelque chose arrivait. Très bientôt, des rugissements de félin se firent entendre. De nombreux graärh les chargeaient. Étaient-ils devenus fous ? Pensaient-ils avoir la moindre chance face à eux ? Le maitre valet ordonna à ses troupes d’attaquer quand il remarqua au loin, dans le boyau, les parois se contracter. Les misérables, ils avaient l’intention de sceller le passage pour les empêcher de progresser.

La main griffue du Vehasiel se referma sur le bâton qu’il avait dans la main. Lentement, il commença à l’agiter en faisant de petits mouvements de poignet, semblant décrire le mouvement des vagues. Le bâton se mit à bouger au même rythme, l’extrémité de devant montant quand celle de derrière descendant, l’extrémité de derrière montant quand celle de devant descendait. Un son se mit à émaner de cet objet semblait fait d’ivoire blanc. Un son difficilement saisissable. À quoi ressemblait-il? Quelque chose semblait rouler à l’intérieur, roulant vers l’avant puis vers l’arrière, comme si une multitude de grains se trouvaient à l’intérieur, à la façon d’un bâton de pluie. Le son des vagues sur une plage … le son des rochers qui dégringolent à flanc de montagne … le son d’une tornade qui balaye la plaine … le son du feu qui crépit dans l’âtre … le son des étoiles traversant le ciel à vive allume … le son de la réalité qui s’étiole lorsqu’un vortex se forme. Le murmure des éléments émanait du bâton et la voix de Vehasiel s’éleva bientôt à nouveau. La force de ses notes vint frapper les parois du boyau pour empêcher la progression de la condamnation de l’unique voie menant au Bâoli.

Très bientôt, les Graärh venus les combattre se retrouvèrent piéger entre la roche et les chimères. Les innommables ne firent pas de quartier et vinrent déchirer leurs corps, souillant cette terre de leur sang. L’ennemi était mort, mais une grande partie du chemin avait été clos. Les chimères se tournèrent vers le maitre valet, attendant les ordres de leur commandant.

« Futile … Vous ne faites que retarder l’inévitable. »

Vehasiel ferma les yeux, venant imposer le calme dans son esprit. L’endroit était saturé d’une grande énergie … presque la même qu’il avait ressentie chez ce graärh au fond du désert. Elle troublerait le néant, il ne pourrait téléporter ses troupes au cœur du volcan. Il devait procéder autrement.

« Ecartez-vous. Ne vais nous frayer un chemin. Reposez-vous en attendant l’assaut final. »

Le maitre valet brandit son arme devant lui et commença à entonner le chant du vide sous l’influence de la septième note majeure. Un large vortex se forma devant lui et un tentacule presque aussi large que le tunnel en surgit. La vrille se mit à frapper le cloisonnement face à lui pour frayer à nouveau le chemin. L’exercice prit du temps et gaspilla l’énergie du chanteur en plus de faire gagner du temps à l’adversaire. Mais au final, le bélier tentaculaire finit par atteindre la dernière cloison. Vehasiel mit fin à son chant et ordonna aux innommables d’abattre ce dernier obstacle. Avec une particulière violence les créatures difformes frappèrent la paroi. Rapidement des fissures apparurent et au moment fatidique elle explosa. Le Bâoli était à nouveau ouvert.

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Les yeux rivés sur la paroi irrégulière qui fermait à présent la seule entrée, et issue, de l'immense caverne lumineuse, Sa'Hila n'avait plus décroché un mot depuis ses ordres pour les comdamner tous. Sa main crispée sur le pommeau de sa lance-épée, les jointures blanchies sous le fin duvet de sa dextre, un flot impétueux d'émotions lui vrillait la tête. Colère, tristesse, rage, peur. Bien avant que l'Ashuddh Purnendu ne débarque comme une Corneille de mauvais augures, elle avait su. Ici, au plus proche du coeurs des légendes graärh, sous le regard des Esprits, son don le plus précieux, qu'elle avait cultivé, choyé pendant toute ces années, s'était révélé être une terrible malédiction. Bien avant que le guérisseur de cendres ne débarque,  elle avait senti les liens avec ses frères geai moqueurs se couper les uns après les autres. Elle avait senti son tatou-glyphe devenir aussi froid que la chape de désespoir qu'il lui tombait dessus, chaque fois plus opressant qu'elle sentait ces amitiés s'éteindrent, soufflées telle une chandelle sous les pluies de la Mousson. Et ce n'était que la main de chacunes de ses soeur sur ses épaules qui l'empéchèrent de sombrer dans une léthargie indigne de son rang et d'avoir pu prononcer ces mots qui, après une consertation avec Kehlvehan, tranchèrent l'air comme un funeste couperet : "Effondrez la galerie."

Mais bientôt, elle sentit le regard de tout les félins convergeait vers elle. Un regard qui cherchait un point d'accroche. Un regard qui cherchait une force, une volonté. Et c'est qu'elle fit. Elle tiendrait son rôle jusqu'au bout et même au-delà s'il le fallait. Mirant la -trop maigre- poignée de guerriers, elle énonça simplement, de son habituelle voix chaleureuse mais stricte à la fois, d'où transparaissait un calme olympien:

-Déployez-vous de part et d'autre de l'éboulis. Quand le mur tombera, je servirai d'appât de sorte que nous les prenions en tenaille. Je ne vais pas vous mentir, beaucoup d'entre nous tomberons, mais par les Esprits, nous ne tomberons pas seuls. Ici en ce lieu, nous rejoindrons nos dieux, auréolés de gloire et d'honneur par notre sacrifice.

Embrassant chaque Graärh de ses pupilles azurées embrasées de détermination, elle acheva simplement.

-Pour la Légion.

Cet appel de l'âme trouva un écho dans chaque coeur présent et dans une ultime manœuvre, tous prirent position, laissant leur Kamda et les Lâme-Sœurs, inratables au milieu des escaliers.
Se tournant vers Purnendu, elle s'adressa à lui sur le même ton affable.

-Je me souviens très bien la première fois que je t'ai rencontré. Ce jour là, tu as beaucoup apporté à Vat'Aan'Ruda et aux Graärh. Aujourd'hui, alors que tes frères de Paadshail n'ont pas répondu présent, tu défends avec honneur ce lieu. Saches que si tu survis, tu seras toujoursle bienvenue sur Néthéril.

Ses paroles pouvaient paraîtrent futiles en ces circonstances,  mais, en ce lieu sacré, les Esprits en témoins, elle se devait de lui dire. N'attendant aucune réponse de sa part, elle finit par s'adresser au Gardien et sa confrérie.

-Finissez le rituel, quoi qu'il advienne. Quoiqu'il arrive, par respect pour tout les Graärh qui sont tombés, ouvrez-moi ce puit. Que la grâce des Esprits vous guide.

À présent entièrement focalisée sur le combat à venir, la cheffe était étrangement seraine. La présence de Bahvika, aussi prêt à en découvre que sa maîtresse, ainsi que Par'Vati et Par'Mani, avait quelque chose de rassurant. Cela lui donnait l'illusoire espoir que cette bataille ne serait pas la dernière. Et c'est pourquoi, quand le mur, après une interminable et angoissante attente,  vola en éclats, elle était prête. Dans un mouvement fluide, elle passe la griffe manucurée de son pouce dans sa paume gauche, enflammant les apendices effilés d'un feu rubicond, avant de continuer son geste sur son avant-bras, et finissant par son majeur sur sa gorge. Parcourant tout son être, la magie hérissa son poil si soyeux d'ordinaire aux endroits non protégés par son armure et atteint sa gorge, lui permettant de relâcher un puissant rugissement que la caverne amplifia comme jamais. Elle n'avait jamais ressenti aussi bien la magie qu'en cette instant et nulle doute que les abominations avaient elles aussi repéré cette tentative d'intimidation. Ce cri, c'était un appel aux armes, un cri à la face des chimères, un cri du coeur.
Elle était Sa'Hila, Kamda Aaleeshaan de Néthéril et elle accuillerait la mort dans une rivière de sang et de plumes.

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L'arrivée du Graarh cendré troubla l'attente méditative qu'il s’octroyait avant son tour au sein du chant, sachant qu'il lui faudrait être le plus calme et le plus discipliné possible pour cet instant délicat, afin de mettre toutes les chances de leurs côtés. Relevant la tête, le Chantelarmes se tourna vers les deux félins en pleine discussion, l'essence des nouvelles que portait le guérisseur lui fit froncer les sourcils, mais ce fut là la seule preuve de son inquiétude. Il s'y était attendu. L'inverse aurait été étrange au possible. Une puissance comme celle du Baoli ne pouvait pas passer inaperçu et la manœuvre qu'ils tentaient pas davantage. Peut-être les Chimères ne savaient-elles pas encore les détails mais l'essentiel était, hélas, bien là. Crispant la mâchoire, l'elfe revu intérieurement tout ce dont il avait discuté avec les chanteciels, et déglutit. Il espérait ne pas avoir à en arriver là, l'idée même était effrayante, tel un gouffre insondable dans lequel il devait se persuader de plonger. La peur menaçait de refermer ses griffes sur lui, mais la peur était un adversaire que l'Âme d'acier avait tenue en respect pendant de très nombreuses années. Il savait comment la dompter, il savait comment la repousser. Il aurait aussi aimé savoir le faire de ces créatures qui s'approchaient désormais, encore absentes mais pour combien de temps ? Elles parviendraient jusqu'à eux rapidement si rien n'était fait. S'éloignant du cercle des autres maîtres, il accueillit les présentations de la toison grise d'un signe de tête mais le détourna sobrement de l'envie de faire trempette dans le bassin. Ce qui était contenu là-dedans était la veine d'Origine, le fluide des esprits et des dieux, et leurs corps mortels n'étaient certainement pas faits pour entrer en contact direct avec lui. La tentation, néanmoins, était grande, et il l'a vit se refléter dans les prunelles absinthes du félin. Tous deux se comprirent sans un mot sur leur attraction mutuelle à la lumière du puits des esprits. La proposition fut bienvenue pour détendre la soudaine tension entre eux et il hocha la tête.

« Parlez moi de ce lieu, des sensations qu'il évoque en vous. Nos chants sont l'essence des créations du Père, toute information sur celle-ci ne pourra qu'amplifier la puissance du rituel que nous sommes entrain d'amorcer »

Il accompagna le guérisseur pour l'aider à mettre son nécessaire en place, en des gestes sûrs et efficaces de médecin militaire. Durant son temps parmi les Protégés, Kehlvehan avait été le seul Cawr à faire front avec les nordiques, adoptant leurs coutumes autant qu'il était possible de le faire pour ne pas user d'énergie sur eux. Néanmoins, l'appel d'Ilyanth le releva immédiatement, comme un père inquiet pour ses enfants. Il plongea ses prunelles de malachites dans celles qui le cherchait, ancrant la Flamme sur lui. Il sentait le désarrois de son paire et serra de nouveau les dents. La situation devait rester sous son contrôle et pour cela, il devait être le plus solide et le plus ferme possible avec les autres. Il devait leur offrir une base solide sur laquelle appuyer leurs vacillements.

« Le rituel mettra fin à la menace des Chimères, il faut le poursuivre quel que soit le prix. Tout le reste n'est que temporaire. Chantes Ilyanth, laisse le feu en toi te guider dans ton ouvrage »

Il s'approchait au rythme de ses paroles et se campa devant lui. Posant une main sur son épaule, il se baissa légèrement, pour pouvoir ne murmurer qu'à son oreille d'une voix profonde, grave et lente, sans jamais le lâcher des yeux. Le Chantefeu était un cas particulier, au sein de l'ordre. Désireux de voir le bien partout, d'aider quel qu'en soit le prix, persuadé de la capacité de chacun à être sauvé et à avoir encore du bon en lui, voulant délivrer le Chantevide à tout prix… il ressemblait beaucoup trop à son fils perdu pour que cela ne l'inquiète et ne l'attriste pas. La bonté d'Ilyanth était proverbiale mais terriblement dangereuse. Il ne voulait pas le perdre. Il ne voulait pas encore le perdre. Il ne pourrait pas le supporter, il en mourrait cette fois, c'était bien sa seule faiblesse, la seule chose qu'il ne pourrait pas supporter de nouveau ;

« Ta lumière doit chasser leurs ombres. N'oublie pas, en toi tu as le Feu purificateur, utilises-le pour soutenir tes frères et sœurs dans cette épreuve, telle la lumière d'un phare »

Sa main serra l'épaule frêle de l'oiseau du paradis, et il sembla sur le point de lui dire autre chose avant de se raviser. Un instant, le reflet de sa douleur viscérale se vit dans ses prunelles, puis il n'y eut plus que l'acier et le Gardien des préceptes se détourna pour faire face au reste des douze. D'un signe de tête, il confirma leur reprise et s'assura qu'ils ne perdent plus la vision de leur but. Chaque minute perdue représentaient des vies gâchées inutilement. Humaines, Graarh, Vampiriques, Elfiques… des vies dont ils porteraient le poids à jamais. La promptitude était plus que jamais nécessaires. Rapidement néanmoins, l'Âme d'acier comprit que ses frères et sœurs avaient besoin d'être mit au travail entre chaque tour de chant afin de ne pas rester inactifs et risquer de perdre leur concentration. Il envoya les chanteterres aider à combler les tunnels, demanda aux chantebrises de renouveler l'air dans le temple, aux chanteaux d'aider les combattants félins… puis les renvoyer au rituel dès que venait leur tour.

Puis, soudainement, il le sentit. Toute l'harmonie du monde se distordait sous l'immonde pouvoir manipulé par le Chantevide Le Baoli s'ouvrait de nouveau, laissant les enfants des dieux vulnérables. Et pourtant, même à la sensation du flot infâme, indescriptible, répugnant, il entendait le rondo de Sa'Hila comme un soleil, sa voix chaude et il su à cet instant précis qu'il ferait absolument tout, tout ce qui était en son pouvoir, pour qu'autant de leurs protecteurs graarh survivent à ces instants terribles. Pour la première fois depuis très longtemps, pour la dernière peut-être, il regardait au-delà de la survie de ses frères et sœurs chanteurs. De sa voix profonde, il arrêta un instant la matriarche et la rejoignit pour la bénir. Il n'avait plus bénit personne depuis… longtemps, depuis que le jour où tout avait basculé dix ans plus tôt. Mais il la bénissait à présent avec toute la force de conviction qu'il pouvait rassembler.

« Que la bénédiction d'Océan vous accompagne »

En retrait du choc premier, le Gardien crispa les poings, encaissant de plein fouet la vague de vibrations négatives qui déferla avec les créatures. Leur apparence était aussi insupportable que les ondes qu'elles émettaient et la bile lui remonte dans la gorge, menaçant de le faire vomir. Même préparé à affronter leur vue, il tremble. Voir le spécimen mort des pirates n'avait rien en commun avec… ça. Derrière lui, il sentait le reste des douze avoir des réactions similaires et se tourna à demi pour les encourager à rester forts. Mais c'était bien plus facile à dire qu'à faire. La connaissance pure n'était rien face aux chant-noms distordus qui hurlaient et grinçaient dans ses oreilles, à la vision de ces corps d'elfes, de vampires et d'hommes déformés par une énergie révoltante et contre-nature. Haletant, vacillant, il se força à ravaler la nausée qui le torturait pour faire face à la vision du carnage. Ces choses étaient une hérésie, une insulte à tout ce qu'était l'Ordre et ses croyances, son dogme et sa force.

Leur puissance de Vie avait été corrompue totalement. La constatation renouvelée était une souillure sur son propre corps et sans nul doute, les autres le ressentait également ainsi. Fermant un instant les yeux, l'elfe pria les déesses qu'Ilyanth ne s'interrompt plus avant d'avoir fini. Il faisait le pari de lui faire confiance et espérait ne pas être déçu. Car lui allait être très occupé. Sous ses yeux, face à l'infortunée Sa'Hila, il voyait deux choses s'avancer. La forme première fut d'abord inconnue, avant que des bribes d'un chant-nom déformé et violé ne lui fasse comprendre qu'il s'agissait d'Ascheriit. L'horreur le force de nouveau à l'impuissance pendant quelques instants avant que sa main ne se referme, engourdie, sur un objet qui l'éloigne un bref instant de l'épreuve. Il inspira profondément l'air du temple, saturé de puissance, et porte de nouveau son regard en avant. Celui qui se dit Chantevide tient un objet qui révulse immédiatement le Gardien. Il n'en comprenait pas le sens, le chant de son essence était trop insupportable pour êtr écouté et comprit, et pourtant, instinctivement, il sait que cette chose est l'antithèse. Le contraire des valeurs baptistrales.

Et soudainement, le monde semble s'éloigner. Il caresse des yeux la double courbe inversée du bâton de pluie, remontant le long de son ivoire souillé vers la silhouette à demi humaine et à demi osseuse, famélique et déformée. La puissance qui émane de cette chose ne peut être contrée, pas par les félins, et pas par lui seul. Par les douze, certainement mais les douze sont occupés à tenter de sauver leur monde. Le rituel est leur espoir le plus probant mais les vibrations produites par les choses sans nom empêchent de le conclure. Ses frères et sœurs parvenaient tout juste à maintenir l'harmonie en cours, il le sentait dans toutes ses perceptions. Les notes distordues venaient se greffer et ronger l'équilibre du chant, le mettant en danger. Sans parler de la douleur de leur présence. Les tuer aurait été le plus charitable. Mais il n'en avait pas la force et les graarh avaient déjà perdus beaucoup des leurs. Inspirant profondément, il serra davantage le long fourreau et le porta devant lui, ses longs doigts s'enroulant sur la poignée et tirant pouce après pouce du métal légendaire.

Au contact de l'air, la lame chanta, emplissant un instant son entourage immédiat de la pureté de sa force. Le regard de malachite suivit les glyphes ondoyant le long de son fil et il murmura une excuse envers cette entité antique qu'il comptait utiliser. Le tintement qu'il reçu en retour raffermit sa volonté, et il s'avança lentement vers le combat.

« Ascheriit. Vehasiel »

Sa voix puissante coupa dans la clameur, portée par la puissance du ton Baptistral. Il réitéra son appel une seconde fois en s'avançant davantage. Puis, s'arrêtant, le son de son propre cœur battant à ses oreilles, tandis la lame légendaire devant lui. Amirïa, la Fendeuse des flots, chanta de nouveau alors que sa lame produisait une onde aqueuse qui teinta le temple de ses myriades azurées. Plongeant dans sa puissance, le Chantelarmes prit le contrôle du flot, tirant et ponctionnant la puissance de l'épée légendaire pour la faire sienne, puis la projeta vers la horde de créatures indicibles qui menaçaient de noyer leur dernier espoir. Il y eut un instant de flottement avant que le la vague grondante ne prenne de l'ampleur. Immédiatement, le Gardien se rendit compte que la présence des pantins de la Chimère lui rendait la tâche tout aussi difficile que pour ses paires et qu'il devait lutter à chaque seconde pour poursuivre son chant. A corps perdu, il plongea dans la mélodie de l'épée, voulant s'y attacher, voulant la faire sienne, contrôler l'immense pouvoir qui siégeait à l'intérieur. Il en avait besoin. C'était là ce qu'il chantait. Il en avait besoin pour sauver ce à quoi il tenait, il en avait besoin pour protéger les siens, pour protéger leurs alliés et le monde tout entier. Il ne demandait rien de plus et qu'on fasse ensuite de lui ce que les déesses ou les esprits voudraient pour avoir prit la force de la fille d'Océan.

Il chantait, et chantait encore, se battant pour aller jusqu'au bout. Ce qu'il voulait, c'était se servir du puissant courant, encore augmenté par son chant, pour bouter les créatures sans nom hors du tunnel et à l'extérieur. Il n'avait pu prévenir Sa'Hila de ce qu'il comptait faire mais espérait qu'elle garde assez la tête sur les épaules pour en profiter et reboucher le tunnel ouvert par Véhasiel afin d'isoler celui-ci. Il chantait… et au coeur de l'épée, il trouva quelque chose auquel il ne s'attendait pas. Il trouva un fragment de la puissance de celui qui avait manié l'épée avant lui. Un fragment de l'âme, de l'essence de Merithyn. Poussé en avant, il chanta avec plus d'abandon encore, mêlant sa force à celle de l'arme qu'il tenait toujours fermement devant lui et laissa leur destin entre les mains du père Océan.

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Les baptistrels se sont eux aussi préparés à se battre en vue de ce jour. Par une fois les Chimères s’en sont prises à eux, les attaquant par surprises, souillant leur sanctuaire par le sang et la violence. Enlevant un de leurs élèves. Cela ne se reproduira pas. Exhumant un des artefacts détenus dans la bibliothèque de l’ordre, la transportant jusqu’à ce lieu, Amirïa la Fendeuse des flots fut brandie face à l’abominable. Vehasiel frappa le sol de son instrument, jetant un regard torve au chantepluie.

« Ta frêle épée ne saurait me défaire, gardien ! »

L’air se mit à vibrer sous le chant qui émana de l’antique objet. L’humidité sembla s’agglutiner, formant des bulles, avant de soudainement se solidariser pour former une vague. L’eau se mit à tournoyer, passant entre les apprentis, les chanteurs et les graärh, la vague semblant valser autour de ces acteurs pour les protéger et forcer les innommables à reculer. Soudainement les flots devinrent agressifs et se mirent à fondre sur l’ennemi, les enrobant de mille bras aqueux pour les emporter dans un déferlement de puissance au sein du boyau. À l’extérieur à flanc du volcan un geyser surgit soudainement, expulsant les corps déformés des abominations qui, aussitôt à terre, se redressèrent pour gagner l’entrée de la grotte.

Au sein du Bâoli, les flots fouettaient le chantevide qui distordait l’espace autour de lui pour repousser l’assaut de l’ondée. La rage pouvait être lue sur le visage déformé de Vehasiel. Ses troupes avaient été expulsées, elles allaient perdre du temps à revenir jusqu’ici. Lui serait obligé de faire face à la coalition des félins et des chanteurs sans pouvoir interrompre ce qui se tramait ici. Une note distordue s’échappa de sa gorge, venant se répercuter sur les murs, manquant de briser les tympans de tout à chacun, avant de venir frapper la Fendeuse des flots. Amirïa se mit à se couvrir de lézardes avant d’éclater en morceaux entre les mains du chantepluie. Les flots invoqués se dissipèrent.

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Le deuxième tour du rituel était sur le point de débuter. Une fois encore, l’elfe solaire commença le premier, entonnant le chant lié à son élément et ferma les yeux, absorbé au sein d’une bulle de félicité méditative qui lui permettait de se concentrer pleinement sur la puissance des vibrations et de s’imprégner de l’essence mirifique de ce lieu. Les premières notes éthérées venaient à peine de franchir la barrière de ses lèvres qu’elles s’éteignirent dans l’atmosphère, marquant l’interruption du chant en raison de la survenue d’un événement inattendu.

L’écho de cris se répercutait sur les parois de ce sanctuaire de pierre et bientôt tous les regards se rivèrent sur le nouvel arrivant, un Graarh au pelage d’argent et au corps massif dont la respiration était haletante après une course effrénée. Avant même que ce dernier ne prenne la parole pour leur annoncer l’horrifiante nouvelle, Ilyanth sentit sourdre en lui un mauvais pressentiment.

Les chimères avaient découvert la localisation de ce puits de magie incarnant l’ultime espoir des enfants des Dieux et s’apprêtaient à les attaquer afin de mettre fin au rituel. Certes, une telle offensive s’avérait parfaitement prévisible de la part de ces créatures mais le Cawr ne put s’empêcher de songer avec amertume à cette cruelle ironie du destin qui la faisait advenir alors qu’ils étaient si proches du but.

Les battements de son palpitant s’accélèrent et il darda les pierreries de ses mires sur le Gardien, cette figure inébranlable, figé dans une posture hiératique qui le faisait ressembler à une sculpture de marbre opalescent. Son regard, pâle miroir de l’âme dans lequel se lisaient toutes ses émotions, chercha le sien afin d’y puiser le réconfort nécessaire pour faire face à la déferlante qui s’annonçait.

La peur croissait en lui, telle une tempête tumultueuse et il lutta pour la contenir, concentrant son attention sur cet être qui incarnait un élément de stabilité au milieu de cet océan de tourmente et de désespérance. Devaient-ils poursuivre le rituel coûte que coûte ? Intuitivement, le Chantefeu connaissait déjà la réponse. Leurs efforts et les sacrifices endurés jusqu’ici ne devaient pas avoir été faits en vain.

A l’approche du Gardien, sans que ce dernier n’ait besoin de prononcer un seul mot, Ilyanth pouvait ressentir à travers ses vibrations, tel un langage ineffable révélant ses émotions, son inquiétude et l’intense désir de protection qui l’animait vis-à-vis de ceux qu’ils considéraient comme ses enfants et cherchait à unifier dans l’adversité. Le Chante-larmes semblait parfois si lointain, l’âme habitée par une indicible mélancolie et dissimulait derrière la beauté glacée de son masque d’albâtre les stigmates indélébiles de sa destinée tragique. La perte d’êtres chers et de terribles épreuves avaient meurtri à jamais son palpitant, si puissant et si fragile, semblable au cœur de l’océan.

Kehlvehan s’adressa à lui de sa voix lente, empreinte de gravité, et de sa personne irradiait une aura chaleureuse tandis qu’il lui confirmait la nécessité de poursuivre le rituel envers et contre tout. Puis gardant ses prunelles smaragdines rivées sur les siennes, il se pencha et lui murmura à l’oreille des paroles sibyllines concernant son rôle au sein de ce rituel, celui d’une Flamme purificatrice, d’un Feu ardent et d’un phare au milieu des ténèbres guidant ses frères et ses sœurs Baptistrels.  

Joignant le geste à la parole, le Gardien posa la main sur l’épaule du Chantefeu qui se sentit rasséréné par ce simple contact physique, mais tressaillit en lisant la profonde souffrance qui transparaissait dans ses mires adamantines.

Kehlvehan sembla sur le point de lui dire autre chose avant de se raviser et de se murer dans un silence énigmatique. Ensuite, celui-ci s’éloigna pour donner des instructions aux autres maitres-bardes, laissant le Chantefeu interloqué. Qu’avait-il voulu lui confier et quelles peurs inavouables habitaient cet être nimbé de mystère ?  

A bien des égards, le Chante-larmes ressemblait à un lac de secrets, aux eaux souvent insondables, même pour les autres membres de l’Ordre, hormis quelques élus. Parfois la cuirasse d’acier qui protégeait sa psyché laissait transparaître ses blessures intérieures et la profonde tristesse qui le hantait ; et à certaines reprises, ses prunelles d’émeraude et de grès fixaient le lié du feu avec intensité comme si celui-ci lui rappelait quelque chose ou quelqu’un. Un être cher de son passé dont il taisait le nom.

Ilyanth suivit un bref instant du regard sa silhouette évanescente, tiraillé entre le désir de le rappeler à ses côtés pour le questionner sur ce qu’il avait voulu lui dire et celui de se replonger immédiatement dans une bulle méditative afin de retrouver la concentration nécessaire à la poursuite du rituel.
Puis les iris de l’oiseau du paradis se posèrent sur le visage familier de Valmys, cette hermine pleine de facéties, dont la seule vue suffisait à lui prodiguer un sentiment d’apaisement. Il aimait profondément ce cousin qu’il ne connaissait pourtant que depuis peu de temps et avait rencontré dans des circonstances pour le moins inattendues. Maintenant que tous deux s’étaient retrouvés, le Chantefeu craignait plus que tout que cet être aimé lui soit arraché et la douleur broyait son cœur à cette idée.

Les chimères étaient aux portes du Baoli mais ils devaient achever ce rituel coûte que coûte, trop de destinées en dépendaient. Le Gardien et les autres maitres-bardes comptaient sur lui et pour rien au monde celui-ci ne voulait les décevoir.

L’elfe solaire abaissa ses paupières et laissa la Flamme embraser son être, lui transmettant sa lumière et sa chaleur. Désormais, ce dernier devait faire abstraction du monde qui l’entourait et se concentrer sur sa mission malgré l’immense peine qu’il ressentait à la pensée des futures vies sacrifiées pour empêcher les chimères de pénétrer à l’intérieur du Baoli. Pour rendre justice à leurs âmes martyres, il devait réussir.

« Concentres toi, tu peux y arriver » se répéta-t-il intérieurement pour s’exhorter au courage malgré l’angoisse qui le tenaillait. Une nouvelle fois, sa voix mélodieuse s’éleva, emplissant le temple rocheux de ses sonorités envoûtantes évoquant le grésillement des flammes, la chaleur d’un volcan et la lumière du soleil.

Le rituel se poursuivait inlassablement, l’un après l’autre, les maitres-bardes entonnaient leurs chants élémentaires. Hélas, le temps pressait et les minutes défilaient à un rythme affolant ! Malgré leurs efforts pour demeurer concentrés, la plupart d’entre eux avaient deviné que l’obstruction des galeries du Baoli ne suffirait pas à arrêter ces créatures, juste à les ralentir. D’un instant à l’autre, elles allaient parvenir à leur refuge et l’attente s’avérait presque insoutenable. Toutefois, le rituel semblait progresser dans la bonne voie et la puissance canalisée par les chants Baptistraux imprégnait l’atmosphère, faisant naitre des filins d’énergie au plafond de la salle troglodyte.

Pendant ce temps-là, les Graarh présents s’étaient rangés en position défensive, s’apprêtant à accueillir l’ennemi à son arrivée et à combattre jusqu’à la mort pour protéger ce lieu sacré. Les minutes passaient et l’anxiété augmentait…Soudain, le son d’un martèlement retentit et les parois du mur érigé pour bloquer le tunnel menant au cœur du Baoli commencèrent à se fissurer.

L’ennemi était là ! Les chimères frappaient à leur porte alors que le rituel n’était pas encore achevé !

Et comble de malchance, c’était de nouveau le tour d’Ilyanth d’étonner son chant, ce qui le condamnait à rester concentré sans pouvoir intervenir durant le futur assaut.

Quelques secondes plus tard, le mur s’effondra dans un bruit tonitruant, libérant le passage à des créatures à l’apparence hideuse. Ces monstruosités arboraient des corps voûtés, amas de chair brunâtre et de plumes ébouriffées d’un noir de jais, et des membres difformes dont les extrémités étaient griffues. Quant à leurs faces grotesques, elles évoquaient celles d’oiseaux cauchemardesques, d’une laideur repoussante, au bec protubérant et aux yeux d’un blanc lactescent. Une aura sinistre émanait d’elles et leur seule existence représentait une insulte à la déesse Vie et à l’harmonie universelle.

A leur vue, le cœur de la totalité des Baptistrels se souleva et le Chantefeu lutta pour contenir son sentiment de répulsion et l’anxiété qui l’envahissait. Ces horribles créatures lui étaient tristement familières et ce dernier connaissait l’abjecte vérité les concernant.
En effet, l’accord pirate ne s’était pas limité à annoncer à l’ensemble des nations de Tiamaranta le retour des chimères, les forbans avaient amené en même temps une autre révélation de taille au sujet de ces créatures maléfiques.

Au cours du combat naval opposant le Maelstrom au navire chimérique, un spécimen vivant avait été capturé par les pirates et confié par la suite à l’Ordre de la Rhapsodie. C’est ainsi que l’un de leurs secrets avait été révélé aux maîtres bardes, celui de leur véritable nature. Ces monstres difformes, en dépit des apparences, étaient d’anciens elfes, humains et vampires originaires d’Ambarhùna et dont le chant-nom avait été modifié afin d’opérer cette répugnante métamorphose.

Mais dans quel but ? Nul ne connaissait la réponse à cette question, hormis les Dieux. Toutefois, une telle découverte avait causé un profond désarroi chez le lié du feu et attisait le lancinant sentiment de culpabilité qu’il ressentait vis-à-vis d’Ascheriit.

En se remémorant les événements survenus plusieurs années auparavant, Ilyanth comprenait mieux pourquoi les chimères avaient attaqué le domaine sur Ambarhùna et prémédité de s’emparer d’un maitre Baptistrel. Malgré son impuissance magique, Ascheriit possédé par Véhasiel était devenu un Chantevide et usait des puissants pouvoirs de la magie Baptistrale à des fins innommables et contraire au serment prononcé par chacun d’entre eux. Cette nouvelle note apparue peu de temps après l’enlèvement du jeune apprenti était-elle la cause d’une telle aberration ?

Dès après l’arrivée des chimères, un violent combat s’engagea entre ces créatures au faciès de rapaces et les Graarh. Ilyanth, obligé de poursuivre le rituel, assistait impuissant à cette scène de carnage, tentant de conserver sa concentration malgré la souffrance induite par ces vibrations disharmonieuses et la souillure du sang versé au sein de ce sanctuaire sacré.  Le chanteur à la voix ardente ferma à nouveau les yeux afin de s’enfermer dans une bulle mentale et s’abstraire, au moins partiellement, de la cacophonie environnante et du chaos qui l’entourait.

A cet instant, l’elfe solaire aurait donné n’importe quoi pour que cessent ces cris de douleurs et le son dissonant des lames de métal qui s’entrechoquaient, lacérant les chairs et fracassant les crânes. Ces bruits de combat ravivaient ses souvenirs traumatiques et ses vieilles blessures de l’âme liées à la terrible bataille de Sandur où il avait été confronté brutalement à l’horreur et aux atrocités de la guerre. Une part de lui-même s’était brisée ce jour-là et il en resterait marqué à jamais. Aujourd’hui encore, il assistait à une telle tragédie sans pouvoir agir pour l’arrêter.

Malgré ce maelstrom de violence et de douleur, Ilyanth percevait les vibrations harmonieuses de Kehlvehan et entendait son chant dédié à l’élément aquatique, aux sonorités aussi mugissantes que les vagues de l’océan. Le Gardien se battait pour laver ce temple inviolé de la souillure des chimères et protéger ses frères et ses sœurs chanteurs ainsi que les hommes-félins venus combattre à leurs côtés.

Pourvu que nul mal ne l’atteigne et que ce cauchemar s’achève, songea le Chantefeu le cœur serré de détresse. Mais il devait se montrer fort et poursuivre son chant envers et contre tout pour le salut de ce monde. Ce dernier n’avait guère d’autre choix que mener à bien ce rituel pour chasser les ombres des chimères à l’aide du Feu purificateur.

Le maitre barde se concentra de toute son âme sur la quintessence de son élément et sa voix séraphique continua à s’élever sans vaciller. Autour de lui, le combat faisait rage et le fracas des vagues résonna à l’intérieur du Baoli comme si la fureur des marées venait de se déchainer sur leurs adversaires.

Un instant plus tard, après le bruit d’une brisure d’épée, le son discordant d’une note disharmonieuse déchira l’atmosphère, provoquant une onde de choc et vrillant les tympans de toutes les personnes présentes. On pouvait y lire la vindicte et le désir d’anéantissement et le chanteur ferma son esprit à ces sons impurs pour préserver sa sérénité.

Tout d’un coup, une angoisse sourde jaillit en lui en sentant l’approche de deux créatures dont les vibrations monstrueuses entachaient la pureté de ce temple sacré. Des frissons glacés parcoururent sa peau et son palpitant se mit à battre plus fort.

Au fur et à mesure qu’elles se rapprochaient, Ilyanth sentait son malaise s’intensifier et devait lutter pour conserver sa concentration. Par ailleurs, certaines de ces vibrations en dépit de leur avilissement lui étaient étrangement familières. N’y tenant plus, il souleva doucement ses paupières et ses prunelles de jade azuré se posèrent sur la créature dont elles émanaient.

En la voyant le lié du feu crut que son cœur allait s’arrêter de battre. Face à lui, se trouvait un être à l’apparence terrifiante et à l’aura emplie de noirceur, comme s’il avait été façonné avec des débris de cauchemars.

Son corps difforme et famélique affichait des muscles noueux et une peau grisâtre recouverte de striures blanches. La chair de son ventre en décomposition, absente par endroit, laissait apparaître ses entrailles béantes. Le bas de son corps était enveloppé dans une longue étoffe verdâtre, retenue par une ceinture formée d’une chaîne métallique.

La monstruosité possédait des bras aux veines saillantes qui s’achevaient par des mains aux longs doigts griffus et bougeaient en effectuant des mouvements saccadés. Sur ses épaules, on discernait de longues plumes effilochées dont la couleur rappelait celle de l’ivoire. Quant à son crâne déformé et recouvert d’excroissances osseuses, celui-ci arborait des orbites brûlant d’un feu haineux et une bouche caverneuse, semblable à une fournaise, entourée d’étranges mandibules. L’arrière de sa tête était hérissé de plumes, faisant ressembler cet être à une immonde hybridation entre un oiseau et un humanoïde.

Cette « chose » inspirait l’horreur et nul ne pouvait la contempler sans frémir et éprouver un sentiment de dégoût ; pourtant, Ilyanth ne parvenait pas à en détacher son regard, comme si elle exerçait sur lui une indescriptible fascination.

En écoutant son Chant- Nom, il eut l’impression que son âme se déchirait. Ce Chant-Nom, même abimé, distordu, souillé, le Chantefeu l’aurait reconnu entre mille. C’était celui d’Ascheriit.

Plus que la haine, la colère ou la répulsion, le palpitant de l’elfe était inondé d’une infinie tristesse. Derrière son aspect cauchemardesque et corrompu, cette créature était toujours son frère bien-aimé. Une part de lui-même devait subsister dans les tréfonds de cet abîme de noirceur.  
Pourtant, il ne semblait plus rien persister du beau Glacernois d’autrefois, à la silhouette longiligne drapée de noir et aux longs cheveux brun-doré, tant l’essence de son être avait été outrageusement déformée. Ilyanth se remémora les temps bénis où le jeune apprenti vivait au domaine, empli de joie et d’insouciance. Tous ces moments qu’ils avaient partagés ensembles, comme les soirées de lecture dans les bibliothèques du domaine ou les journées passées à chanter. Pourraient-ils jamais les revivre ou étaient-ils condamnés à appartenir au passé ?

Il se rappela également celui qu’était le jeune apprenti, un garçon sensible et doux, qui dissimulait souvent ses sentiments derrière un masque de pudeur typiquement Glacernoise.

Entièrement dévoué à la Rhapsodie, Ascheriit Svenn rêvait de devenir Cawr mais son impuissance magique causée par la malédiction de Skade anéantissait tous ses espoirs ; jusqu’au jour où il fut décidé de réunir les douze maîtres pour tenter de briser cette malédiction à l’aide d’un puissant rituel.

Puis, les chimères étaient arrivées, surgissant de leurs vortex, et l’avait enlevé, brisant son rêve…ou plutôt le réalisant d’une odieuse façon. Une telle tragédie n’aurait jamais dû se produire ! Ascheriit était innocent ! Si celui-ci ne s’était pas sacrifié pour le sauver, c’est Ilyanth qui se trouverait aujourd’hui à sa place.

Jadis, pour le retrouver et le sauver, l’elfe solaire n’avait pas hésité à quitter le domaine seul, au mépris de tous les dangers, en suivant la note du Néant et à se rendre au cœur des Terres Désolées puis aux confins du plan astral. Mais ses efforts s’étaient révélés vains.
Cependant, durant toutes ces années, ce dernier avait conservé l’infrangible espoir de revoir Ascheriit et de trouver un moyen de le délivrer de l’emprise des chimères. Et aujourd’hui, cet être qu’il recherchait si ardemment se trouvait à la fois si proche de lui et pourtant si inaccessible. Un sentiment d’intense frustration l’envahit.

Le lié du feu brûlait d’envie de l’appeler, de crier « Ascheriit ! Mon frère ! Que t’ont-ils fait ? »  Mais ce dernier était condamné à poursuivre son chant sans s’arrêter, incapable de s’adresser à lui ou d’intervenir qu’une quelconque façon. Par ailleurs, le jeune Enwr pourrait-il seulement le reconnaître à présent qu’il était possédé par Véhasiel ?

Hélas c’était peu probable. Lors de leur précédente rencontre, la chimère, utilisant Ascheriit comme réceptacle, avait tenté de le tuer. Pourtant, Ilyanth ne parvenait pas à se résigner. Il devait exister un moyen d’aider son frère ! Peut-être que ce rituel magique était la clé qui chasserait les ténèbres chimériques et ramènerait Ascheriit. Quoiqu’il arrive, le Cawr devait résister.

Le Chantefeu continua à chanter avec ferveur sans quitter Véhasiel du regard, déterminé à poursuivre jusqu’au bout. Tout d’un coup, ses prunelles s’écarquillèrent d’angoisse et son cœur se mit à battre à tout rompre. Quelque chose clochait, sa concentration était en train de se briser et poursuivre son chant s’avérait extrêmement difficile. Ses pensées devenaient de plus en plus nébuleuses et la puissance de sa voix faiblissait.
Il devait absolument se reprendre ! Une seule fausse note et le rituel serait irrémédiablement compromis !
Des gouttes de sueur commencèrent à perler le long de son front.

Que lui arrivait-il ?

C’est alors que l’elfe solaire remarqua l’étrange bâton que tenait le Chantevide entre ses mains. D’une blancheur rappelant la teinte de l’ivoire, ses deux extrémités recourbées, chacune en sens inverse, formaient de mystérieux entrelacements aux contours irréguliers. Une aura impure émanait de ce bâton, à l’opposé du blanc immaculé de la matière qui le composait. Comme hypnotisé par ce singulier objet, Ilyanth peinait à en détacher les yeux. Était-ce lui la cause de l’état dans lequel celui-ci se trouvait ?

Au fur et à mesure que Véhasiel se rapprochait, le chanteur sentait la puissance de la note du vide s’exercer sur lui, affaiblissant la force de son propre élément.

« Ascheriit ! Arrête ! » avait-il envie de hurler à son frère mais le rituel monopolisait toujours sa voix, le condamnant à l’impuissance.

Le lié du feu luttait de toute son âme pour continuer à chanter et sentait naitre en lui une profonde affliction en voyant ce qu’il était advenu du jeune Enwr. Depuis le drame qui s’était déroulé lors de l’attaque du domaine Baptistral, les griffes de la culpabilité ne cessaient de lacérer son cœur.
Mentalement, ce dernier revécut une fois encore cette scène tragique où la chimère qui les poursuivait dans la bibliothèque de l’observatoire céleste, où ils s’étaient retranchés, l’avait empoigné afin de l’entrainer à l’intérieur d’un vortex. Et Ascheriit s’était interposé entre lui et l'infâme créature, se sacrifiant pour lui permettre de demeurer sauf. Les choses s’étaient déroulées si vite qu’Ilyanth n’avait pas eu temps d’intervenir avant que le vortex ne se referme sur son frère bien-aimé.

Pourrait-il jamais se le pardonner ?

Son regard chercha celui d’Ascheriit, implorant son pardon, et en pensée il lui adressa les mots que ses lèvres étaient incapables de prononcer.

« Ascheriit, j’implore ton pardon ». « Je m’en veux tellement d’avoir été incapable de te protéger des chimères. »

« Si je pouvais prendre ta place pour réparer ma faute, je n’hésiterais pas l’ombre d’un instant ».

Mais à l’intérieur des orbes incandescents de l’ancien Enwr, l’elfe flamboyant ne rencontra que la plus intense des haines et cela transperça son palpitant plus profondément que ne l’aurait fait une lame de poignard. Leur lien était si fort, est-il possible que les chimères soient parvenues à le briser ? Cette amitié fraternelle s’était-elle transformée en cendres de rêves dispersées par le vent ?  

Des larmes se mirent à ruisseler le long de ses joues. Ses pensées s’envolèrent vers le Gardien et les autres Maitres Baptistrels ainsi que vers tous les individus de Tiamaranta que l’interruption du rituel risquait de condamner. Les forces commençaient à lui manquer et une fois encore, il s’adressa mentalement à celui qui ne pouvait l’entendre.

« Je voudrais tant te sauver mais je me sens trop faible pour continuer à lutter… ».

L’intensité de son chant diminuait encore et chaque nouvelle note devenait plus difficile à chanter que la précédente. A tout moment,  telle la flamme soufflée par le vent, il risquait de vaciller.  Le désespoir commença à le gagner. Cette fois, c’était terminé. Il allait échouer et tout serait perdu.
Soudain un profond silence se fit autour de lui, éloignant la musique discordante de la violence et un voile noir masqua son regard aux horreurs de la guerre. Le temps semblait suspendu comme si quelqu’un venait de le figer et une sensation de légèreté s’empara de lui comme s’il se trouvait transporter à l’intérieur d’une bulle de sérénité.

Que se passait-il ?

Des mains emplies d’une chaleur bienfaisantes caressaient ses oreilles et ses yeux et l’elfe ressentait dans le même temps une pression brûlante contre sa gorge. Celle-ci s’étendait sur sa peau en décrivant des arabesques incandescentes. Ilyanth reconnut immédiatement cette sensation indicible qui embrasait sa chair. Il l’avait déjà rencontré par le passé.

« Feu ! »

La déesse Feu ne l’avait pas abandonné. Au milieu de cet abîme de souffrance et de désespérance, la divinité s’était portée au secours de son protégé comme elle déjà fait une fois auparavant. L’elfe solaire se rappela ce jour où il avait combattu l’abomination du Néant qui se trouvait dans les ruines des Dieux, situées sur le plan astral, en compagnie de Kalyna, d’Alford, Arya et Verith. Surgissant d’un objet en forme de miroir, la main enflammée de la déesse avait apposé sa marque flamboyante sur sa gorge et levé provisoirement son serment afin de lui permettre de combattre aux côtés de ses alliés sans perdre ses pouvoirs de Baptistrel.

La divinité n’était plus mais un fragment d’elle subsistait, incrusté à même la chair du Chantefeu, dans ses arabesques incandescentes. Sa marque de Feu venait de s’activer à nouveau mais sa puissance demeurait faible.

Néanmoins, le lié du feu sentit l’espoir et une ardeur nouvelle renaître en lui, comme si la flamme mourante venait de se raviver. La présence de Feu à ses côtés lui insufflait l’énergie et le courage de combattre encore et il se concentra de toutes ses forces sur son chant afin de poursuivre le rituel.

« Chante Voix Ardente, chante comme tu n’as jamais chanté. Deviens ce Feu purificateur et salvateur capable de guider tes frères et tes sœurs vers la Lumière ».

Seul, Ilyanth était impuissant à délivrer son frère de la malédiction chimérique mais peut-être que l’union des douze maître le pourrait. Si le rituel réussissait alors peut-être que le miracle se produirait. Le Flamboyant chantait de toute son âme pour le salut de tous les êtres et pour que les ténèbres se dissipent.

Spoiler :


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Parler des sensations que lui évoquait le Bâoli ? Ho, ils n'avaient malheureusement pas assez de temps pour qu'il en fasse pleinement le tour aussi le graärh prit quelques précieuses secondes pour résumer l'essence des  impressions que le Puits lui procurait. Sans toutefois gaspiller autrement son temps, il continua d’œuvrer à l'établissement de l'infirmerie en la précieuse compagnie de Kehlvehan. Du coin de l’œil, il l'observa disposer de ses instruments sans une ombre d'hésitation et la curiosité qu'il éprouvait à son égard monta encore d'un cran. Finalement, il prit la parole d'une voix basse et vibrante, comme s'il craignait de souiller l'Harmonie du chant par ses syllabes râpeuses.

« - De l'émerveillement à la façon d'un graärhon lors de sa première sortie et contemplant les merveilles qui lui étaient inconnues jusque là. L'appréhension, mais aussi l'excitation de découvrir un lieu si spectaculaire et riche... ce qui apporte ensuite de la déférence alors qu'il me vient la réalisation que le monde que je pensais connaître n'est en réalité que la fraction infime d'un tableau bien plus vaste et complexe. »

Il marqua une pause brève, se redressa et laissa son regard glisser sur les hautes statues. Ses paroles se firent plus chaudes, onctueuse d'une affection sincère, d'une vénération même alors qu'il passait distraitement les griffes dans l'épaisse fourrure de sa gorge.

« - Plus d'une fois alors que je contemplais le bassin, je me suis senti perdu, réduit à un grain de sable noyé dans les infinies possibilités qui se cachaient ici. A force de méditer, j'ai eut l'impression de me perdre comme une étoile dans les replis changeant d'une aurore boréale. A mesure que je contemplais les myriades de détails sur les escaliers, j'ai été soufflé hors de mes repères, loin de ma zone de confort, à la façon d'une esquille chassée de son feu nourricier. Ma place en ce monde a été remise en question, mais pas une fois je ne me suis senti réellement exclu ou rejeté... Non, comme la mamelle d'une mère, j'avais envie de revenir pour entendre tout ces murmures, comme le ronron rassurant d'une berceuse, pour comprendre et voguer sur le vent de ses secrets. Je suis mélancolique de tout ce que mon peuple a perdu à cause d'une faute commise il y a si longtemps, mais lorsque je vois le Bâoli, je suis soulagé de le retrouver intacte et je donnerai jusqu'à ma vie pour qu'il le reste. »

Il soupira, puis s'ébroua vivement au point de faire gonfler son pelage avant que l'ombre d'un sourire penaud ne se dessine sur ses babines. Lui qui avait espéré faire un résumé succin, il avait lamentablement échoué. Le fauve ouvrit la gueule pour s'excuser, mais déjà une affaire plus urgente appelait le Gardien du Domaine loin de lui. Sans se froisser, il le salua d'un signe de tête respectueux et retourna à ses propres préparatifs, grappillant encore de précieuses minutes à l'arrangement de ses remèdes et ce, jusqu'à entendre un battement sourd contre l'épaisse cloison qui les séparait des envahisseurs. Pour chaque coup porté sur la roche, pour chaque lézarde et fissure qui s'accumulaient, le cœur du graärh faisait un bond douloureux. Lorsque les tonnes de pierres cédèrent face aux Innommables et à leur chef, Purnendu sentit une nouvelle vague nauséeuse lui emplir la gueule d'une bile acide. Même s'il les avait déjà contemplé une fois, aux portes du tunnel, rien ne l'aurait convaincu d'y reposer de lui-même le regard et pourtant il y était contraint alors qu'un  flot de monstruosité se déversait dans la chambre.

D'un bond souple, le graärh s'écarta de l'infirmerie de sorte à ce que le conflit à venir épargne le précieux équipement. « Bâton du Vent » en main, il attrapa d'une griffe la chaîne qui maintenait son pendentif « La Voix des Vents » pour le tirer hors des replis de son armure de sorte à ce que le glyphe d'inattention s'active et fasse son office même s'il soupçonnait que ses propriétés seraient altérées à cause de la surabondance d'énergie présente. Déjà, lors des semaines passées à étudier le Bâoli, nombre de ses objets n'avaient pas pu lui donner un résultat satisfaisant, toutefois aux vues de la situation critique dans laquelle ils se trouvaient, l'herboriste n'avait pas d'autre choix que de tenter le tout pour le tout. Postérieures fléchies, babines retroussées sur ses crocs démesurés, sa fourrure était hérissée comme une armure d'épines grâce au sort qui venait l'en habiller. Pupilles dilatées pour ne rien rater dans son environnement, ses oreilles étaient plaquées en arrière et son échine frémissait sous la tension qui habitait son corps massif.

Posté dans les lignes arrières, proche des baptistrels, Purnendu fut rapidement confronté à l'une de ces créatures difformes et feula à son encontre avant de raffermir sa prise sur le bois gris et vibrant d'énergie de son bâton. En combat rapproché, sans magie, il était en désavantage, mais il ne souhaitait pas non plus abandonner son arme actuelle pour passer sur celles de pugilat, se doutant que ni ses lames, ni ses griffes ne parviendraient à transpercer le cuir épais de son adversaire. Plissant des yeux, il garda ses distances avec la monstruosité, sentant son cœur s'accélérer alors qu'il ne pouvait s'empêcher de regarder régulièrement en direction de Kehlvehan qui quittait les abords du Puits pour gagner le cœur du combat et, par conséquence, se rapprocher de la Chimère osseuse. Quelque chose se préparait et le fauve de cendre appréhendait cette confrontation, son instinct lui hurlant de fuir. Il préféra gronder d'une voix profonde, pour se redonner courage, puis se re-concentra sur son adversaire, incapable de s'en débarrasser seul, mais dans l'impossibilité de trouver du soutient ailleurs tant les autres guerriers graärh en avaient plus que leur lot à contenir. Il ne lui restait qu'à gagner du temps et protéger les autres Baptistrels.

Les corps de ses frères et sœurs tombaient, leur sang colorait les fleurs cristallisés, éclaboussait le givre en gerbes de pétales carmines. Les râles d'agonies résonnaient, les cris se brisaient et les armes tintaient contre les griffes. Les os se brisaient, les chairs s'ouvraient en bruits humides, écœurants. Puis tout cela disparu alors qu'un chant s'élevait par delà le vacarme du combat et les tympans de Purnendu furent lavés de toute peur et obédience résignées. Il sentit l'air s'alourdir d'eau, le cristal gelé devenir gouttelettes alors que s'amassait une vague, puis une marée montante et grondante. La magie crépita dans sa fourrure, l'eau fut une caresse fraîche, purifiante alors qu'il était soudain galvanisé par la vue de cette puissance incommensurable en leur faveur. Il vit les flot se déchaîner uniquement sur leurs ennemis, frôlant et dansant autour des graärh et des baptistrels à la façon de rubans aqueux des plus inoffensifs. Les Innommables furent balayés, le torrent rugissant sur les paroi de pierre, bondissant et ricochant en vagues immenses bouillonnantes d'écume. Yeux écarquillés, il manqua de se laisser distraire par la splendeur d'une telle magie, failli être bercé par la voix profonde du Gardien, mais la silhouette déformée de Vehasiel le rappela cruellement à la réalité : la Chimère se tenait là, inexpugnable dans ce ras-de-marée. Aussitôt le fauve éprouva un sursaut de terreur et il tourna la tête en direction de Sa'Hila, n'ayant aucune peine à trouver la fière silhouette de l'Aaleeshaan dans la foule ébahi des guerriers félins.

« - Kamda !!! Nous devons refermer le tunnel avant que ces choses ne reviennent !!! Il faut isoler leur chef ! »

L'appelle résonna par dessus les vagues et les chants, porté à pleine puissance par la gorge du graärh qui venait de prendre une profonde inspiration, galvanisé par l'urgence de la situation. A peine eut-il fini, qu'une note distordue vrilla ses tempes et manqua de lui faire perdre tout sens de l'équilibre. Un instant désorienté, il tourna la tête vers la Chimère osseuse et sentit son poil se hérisser alors qu'il feulait et crachait instinctivement dans sa direction. Sa queue avait doublée de volume, comme un écouvillon. D'une main, il plaqua sa paume sur ses deux oreilles droites, refusant d'abandonner son bâton de sa dextre et se plia en deux alors qu'il avait l'impression d'avoir le cerveau à deux doigts de se liquéfier. Si cette chose s'en prenait à Kehlvehan et parvenait à le blesser, alors ils perdraient un atout crucial dans leur combat ! Il ne pouvait pas le permettre. Luttant contre la note qui ressemblait à une griffe sur de l'ardoise, Purnendu s'ébroua et vint passer la main sur l'anneau passé à sa corne droite pour activer le glyphe « Souffle Spirituel ». Aussitôt, il sentit la puissance de ses Esprits s'amplifier. Appelant dans un grondement étouffé les faveurs d’Hippopotame, il attrapa à deux mains son « Bâton du Vent » et le dressa horizontalement du sol jusqu'à hauteur d'épaules. De ce geste, il éleva une immense barrière d'énergie qui sépara aussitôt le Gardien, les Baptistrels et lui-même de Vehasiel.

La note distordue de la Chimère se brisa en même temps que l'épée magique, interrompant les flots invoqués. Le silence qui s'en suivit fut assourdissant et manqua de le déstabiliser. Toutefois, Purnendu conserva son calme et se prépara même à chanter sous l'influence du Raton-laveur pour soigner à distance tous les blessés graärh. Il hésitait toutefois, craignant que sa voix ne perturbe le Rituel qui se poursuivait derrière lui. Du coin de l'oeil, il remarqua l'Aaleeshaan diriger ses guerriers pour que le tunnel, effectivement, se referme dans le dos de leur adversaire.



Informations HRP

Directives :


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Info personnage :


Sort Unique :


Magie Graärh :


Armes :


Équipement :

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Ils allaient y arriver. Ils ne pouvaient avoir sacrifié tant de vies en vain. Ce n'était plus un choix, ce n'étaient plus d'aptitudes dont il était question. L'échec aurait été une horreur que ce monde n'aurait toléré.
Mû par les cris qu'il avait pu entendre par-delà les chants, par la tension qui paraissait pulser de concert avec la puissance des lieux, et ce sentiment d'obligation essentielle, le petit Enwr jouait comme jamais il n'avait joué, sans faillir malgré les secondes et le poids sur ses épaules. Différencier ses doigts et les cordes de son instrument devenait de plus e plus complexe. Son regard était perdu dans le vide, son visage tourné vers le psaltérion pour ne pas laisser l'adorable hermine le détourner de sa mission. Néanmoins, chacun des puissants battements de son coeur lui semblait contenir comme un fragment de son esprit-lié, une attention délicate portée sur les bipèdes.

Par-delà ces gestes qu'exécutaient son corps, avec toute la fièvre de ses émotions et des chants qui venaient résonner contre sa peau, il percevait les voix. Un graärh, notamment. Il était également question d'Ilyanth. Y avait-il un problème avec son cousin ? Nul Cawr n'avait ordonné que le rituel cesse. Un bref coup d'oeil alentour n'offrit aucun indice à Valmys sur ce qui avait pu se dire. En revanche, il constata, dans un nouveau battement de coeur empli d'un espoir fou, un chagement dans leur environnement. Au-dessus de leurs têtes, des filaments d'énergie se formaient. Une étincelle passa dans son regard, et une nouvelle force investit sa musique. Ils pouvaient le faire. Ils étaient trop prêts du but.

Comme pour contrer ses espoirs par la peur, un nouveau crépitement de roche retentit. Puis un plus gros. Se mordant les lèvres, Valmys détourna le regard vers le bois de son fidèle compagnon de musique. Ce n'était pas à lui, le pilier, le métronome, et la note de référence, de regarder cela, ou de changer quoi que ce soit à sa façon de faire. Ne pas y penser. Ne pas penser aux affrontements, aux massacres possibles, aux cris, à ceux qu'il aimait, et à la voix de Vehasiel qui venait de lui arracher un frisson. Il fallait jouer, et arriver à la fin du rituel avant que eux n'arrivent à la fin de leurs desseins. Les Graärh étaient forts, ils pouvaient tenir.

Les claquements de l'eau contre la roche alertèrent Valmys, l'amenant à tourner la tête vers la scène qui se déroulait en parallèle du rituel. Avec horreur, il vit un des siens, son maître de surcroit, face à ces immondes créatures sans nom, et face à... Ascheriit, donc, à en croire la voix portée par le ton baptistral du Chantelarmes. Un frisson glacé traversa l'échine de Valmys. Non, ce ne se pouvait. Pas un Enwr, pas comme cela. Alors, allaient-ils, eux, finir également comme lui ? Les notes du psaltérion se firent plus passionnées encore, à l'image de l'ultime fragment de partition d'une musique épique. Kehlvehan n'était pas seul, et il espérait que, même inconsciemment, il percevrait les encouragements du rituel derrière lui.
Du gräarh cendré qui les protégeait, il ne comprit le cri. Il y avait comme la notion de "fermer" dedans, non ? L'Enwr regretta amèrement de ne pas avoir passé plus de temps avec le peuple félin. Puis, il n'eut plus à s'inquiéter de cela, la douleur d'une note pour laquelle les immaculées oreilles n'étaient prêtes, vint lui faire serrer les dents. Ses mains gardèrent le rythme et les notes, par habitude et connaissance, mais son esprit était désormais ailleurs. Il était face à Ascheriit, et autour d'Ascheriit.

La question qui lui traversa l'esprit en un éclair fut assez écoeurante pour le pousser à agir. Alors, qui de son maître ou de son confrère allait périr ? La magie bouillait en lui, et le plan était évident, comme si une pensée forte pouvait relier tous les intellects présents. Les tunnels. Le Vehasiel isolé. La confrontation dangereuse qui les menaçait. Depuis une certaine aventure dans un certain temple, Valmys avait l'impression que la magie se laissait plus facilement faire auprès de lui, et que l'utiliser demandait moins d'effort. N'était-ce qu'une impression ? Le moment était peut-être venu de le vérifier. Il semblait à Valmys avoir lu ou entendu que certains mages parvenaient à user de sorts sans gestes-clefs. Alors étendant sa magie comme on étend son bras, l'apprenti baptistrel s'essaya à clôre à nouveau les tunnels ainsi, et les rendre plus solide que la fois précédente. Le reste appartenait principalement à son maître, et il lui faisait confiance pour ne pas le rendre complice de meurtre de confrère, si chimérisé soit-il.

Ceci fait, et alors qu'il s'apprêtait à se focaliser à nouveau uniquement sur la musique, la voix de son maître le bouscula à nouveau. Elle n'était rien de ce à quoi il s'était attendu.

"- Chante, Valmys !"

Le petit immaculé papillona des yeux, comme si cela pouvait chasser les hallucinations et l'aider à ne voir que la réalité. Mais si, si, le Chantelarmes lui avait bien demander de chanter. Mais... Chanter quoi ? Chanter comme les maîtres ? Ç'aurait été stupide, il n'en était pas un ! Hâtivement, Valmys passa en revue les diverses solutions et explications qui pouvaient répondre à ses questions. Sa mémoire ne lui rapportait rien qui puisse lui faire croire que son maître était entré ivre dans le bâoli. En revanche, elle lui rappelait avec insistance qu'il ne valait mieux pas le mettre en colère, en le poussant à répéter dans un moment aussi crucial. Rah, par les Huit, n'aurait-il pas au moins pu donner un indice sur le chant ? Parce que là, à part une comptine elfique qui parlait de souris et d'escargots, Valmys n'avait pas d'inspiration pour pousser la chansonnette. Et quelque chose lui disait que ce n'était pas le chant attendu.
Ceci dit, il y avait bien ces notes bizarres, qui n'étaient pas là avant, et qui troublaient le petit être aux veinules de cuivre. Oui, à tous les coups, c'était bien de cela dont le Cawr parlait ! Restait à chanter ceci, et jouer le rituel en même temps. Si c'était faisable ? Bien sûr. Tenir une musique quand une autre se jouait, c'était un jeu trivial et basique, entre musiciens. Et Valmys avait passé assez de soirées à affronter son ancien maître sur ce terrain pour être confiant.
Ses doigts continuaient machinalement de jouer le rituel. Lui, il s'était isolé mentalement, dans une petite bulle qui ne contenait que ces vibrations étranges qui paraissaient venir du coeur du volcan, et son propre chant, trop faible pour écraser ceux des maîtres.

Rectives :


Avec le consentement très éclairé de Kehlvehan :

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La lame explosa soudainement alors qu'il était forcé de porter une main à son oreille, grimaçant de douleur pour ses tympans sensibles qui avaient manqué exploser sous la douleur qu'on venait de leur infliger. Courbé, l'elfe vacilla sur ses appuis avant de mettre un genou à terre, l'oreille interne en déroute suite à l'onde sonore. Il savait déjà que l'épée légendaire avait été détruite par l'attaque, mais il mit quelques longs instants à être capable de s'en préoccuper, le temps que son crâne cesse de palpiter et de lui donner l'impression de se fendre en deux. Puis, tout se résorba, pas entièrement, mais juste assez pour lui permettre de se redresser. Ce n'était pas une volonté divine ou extérieure, ce n'était pas l'intervention d'un dragon esprit ou des esprits-liés, ce n'était pas le pouvoir innommable d'une chimère, ou la brillance antique d'un tarenth. C'était simplement sa propre volonté, c'était simplement sa propre discipline, qui bandait ses muscles et muselait ses nerfs alors qu'il se redressait en tremblant, retournant sur ses pieds. C'était son amour pour son Ordre et son devoir envers son monde, un devoir à nul autre pareil et qu'il portait seul. Il avait toujours été seul. Seul à savoir pourquoi il attendait avant de répondre à l'appel de la nature, seul à savoir quel destin pesait réellement sur lui, seul à défendre son fils face à ses détracteurs et seul face à ce qu'il était nécessaire de faire pour l'empêcher de nuire quand la nuit l'eut prit. Il avait été seul à réellement porter le secret, il avait été seul à dynamiser les détails moins reluisant de leur installation au sein du domaine sur Néthéril et il était seul à comprendre pleinement et parfaitement le rôle qu'il devait jouer comme maître, la vérité par dessus les autres. Et il était seul aujourd'hui à pouvoir se dresser face à cette chose pour poser la première pierre de leur réponse. Ils n'allaient pas se laisser faire, ils n'allaient pas attendre et prier pour une intervention supérieure. Leur réponse, leur chance, était à portée de main et tout ce qu'il fallait, c'était faire le premier pas vers elle.

Il se tint droit, impérial face à l'horreur, alors même que ses tympans teintaient encore sensiblement de la douleur. Il posa de nouveau son regard franc sur la Chimère qui possédait le corps déformer d'un ancien apprenti. Le poids de la poignée d'Amïria était toujours dans sa main, même au cœur de son agonie il ne l'avait pas lâchée. Elle avait fait son office, sa destruction était terrible mais elle servait une cause plus grande. S'ils survivaient, il serait toujours temps de penser à la faire restaurer. Rangeant ladite poignée, il massa une de ses tempes et compta mentalement le rythme du rituel qui se poursuivait tant bien que mal. Ils étaient en retard, mais finalement ça allait être une bonne chose. En revanche, ce qui le taraudait soudainement n'avait rien d'attendu. Son âme saigna un bref instant avant que la dureté diamantine ne le reprit en main, comme une tutrice sévère, repoussant la peine derrière le voile de ce même devoir qui le faisait faire face à une mort abjecte. Lorsqu'il ordonna à Valmys de chanter, il savait déjà ce que cela signifiait, en bien… mais aussi en mal. Le cycle continuait, inéluctable, une vie après l'autre. Ce que cela signifiait au-delà du couronnement de ce cycle ? Que leur puissance serait plus grande que jamais, avec les mains d'Origine si proches d'eux. Il ne l'observa même pas, son regard restait poser sur la Chimère, en un message silencieux. Une fois déjà, il avait été le couperet du destin et de l'équilibre, de la justice, là où personne n'avait osé, là où ils avaient pleurés et tremblés, lui s'était dressé et avait agit, et aujourd'hui, il comptait bien recommencer. Nul sentiment, aussi doux soit-il, ne le porterait dans cette rencontre, cette confrontation qu'il appelait. Il ne ferait pas passer ses affects avant le bien de tous. Il se dressa plus encore en voyant Vehasiel tourner son bâton vers lui, l'air vibrant de sa voix distordue. Un instant plus tard, la sienne rejoignait le duo, rugissante comme un typhon marin, hurlante comme les flots déchaînés d'un océan sauvage, subtilement renvoyée en écho par les crevasses et les cavités naturelles de la roche dans laquelle elle s'infiltrait pour y trouver des caisses de résonance.

Chanter c'était bien, mais il ne suffisant pas que de donner de la voix pour parvenir à quelque chose, et ça la Chimère n'avait pas pu le trouver dans les souvenirs d'Ascheriit. Le chant n'avait rien de familier, ni la passion de Feu, ni le calme trompeur d'Océan, ni la liberté de Vent, la sagesse de Terre ou la pureté de Vie et Mort. On y retrouvait pourtant la flamme, l'onde, la brise, le sol fertile et les étoiles rêveuses, on y retrouvait également la mort, le vide et le rien, mais là où Vehasiel en usait comme d'une arme de destruction, corrompant sa véritable nature, Kehlvehan la louait comme son incarnation véritable, rejetant la peur intrinsèque que les enfants du monde physique des Déesses en éprouvait pour ne garder que son usage premier. Néant n'était pas la destruction, c'était là la peur de tout être créé retournant au rien, Néant était la première potentialité, la source hors de laquelle tout avait été construit. Néant était l'équilibre, la notion qui amenait la justesse parfaite, car sans Néant, il n'existait paradoxalement rien, comme le courage provenait de l'existence de la peur, la lumière de l'obscurité, Néant donnait sa raison d'être à la matière. Elle n'était pas une ennemie, elle était leur plus grande alliée, au contraire. Et le Gardien des préceptes et de la vérité réfutait la domination biaisée et hérétique de la Chimère sur cette essence. Il ne la comprenait pas, il ne l'aimait ni ne la maîtrisait vraiment, il la trayait de toute sa force pour en user mais il ne savait pas faire un avec elle. Eux… eux en étaient capables ! Et il chantait à s'en briser les cordes vocales, ne s'arrêtant pas un instant, respirant à peine, oublieux du reste du monde. Il se donnait corps, âme et essence pour faire vibrer le principe en lui, utilisant ses forces et l'élection d son être, l'eau qui l'avait couronné, les étoiles qui l'avaient vu naître, pour purifier l'essence de Néant et l'élever, la rendre à son équilibre, pour l'unir à ses sœurs, et au travers de leur présence, en appeler au principe créateur de toute chose. Le principe d'origine. En écho, vaguement, il entendit les harmonies miraculeuses de tous les chanteciels reprenant son chant, en quinconce, en chœur, nouant leurs vibrations sur la toile qu'il avait tissé pour lui faire encore gagner en puissance jusqu'à ce que les pierres même du volcan vibrent sous leur accord.

Ah il voulait chanter ? Qu'il essaye donc de chanter !

Les résultats ne lui étaient pas encore apparents, si il était même destiné à y en avoir, mais il continuait car c'était là leur meilleure chance, une chance sur laquelle il avait travaillé avec les maîtres des étoiles depuis longtemps, bien au-delà de l'arrivée sur l'Archipel. Héritier du Fondateur, il disposait de la capacité à écrire ces nouvelles partitions essentielles, mais il avait besoin des chanteurs de l'absolue pureté pour lui donner sa puissance, sa vie et son cœur. Combien de fois avaient-ils cessés tôt, aux premiers lueurs de l'aube, après avoir travaillé toute la nuit, combien de fois avait-il fini la gorge en sang à essayer de chanter les deux nouvelles notes du monde, à essayer de trouver l'accord parfait, combien de fois les chanteciels étaient restés en transe pendant des heures entières pour communier avec les étoiles jusqu'à l'épuisement le plus total. Combien de fois avaient-ils baissés les bras, pour retrouver l'espoir coûte que coûte par la suite ? Combien de fois avaient-ils observés les peuples, le monde ? Combien de fois avaient-ils revus toutes les partitions existantes pour en extraire l'essence et la liée à ce que Néant avait pu léguer ? Il chantait, ils chantaient, sans s'arrêter, poussant en avant sans plus accepter les obstacles. Néant était la création, l'étincelle première de toute vie et de toute essence, sans Néant, la création n'existait pas, elle était le mot premier du cycle de leurs vies, elle n'était pas leur ennemie, elle était une alliée, qu'il fallait comprendre et apprendre à aimer, et eux le clamait de toute la puissance de leur pouvoir de vérité : ils ne craignaient pas Néant, ils l'embrassaient. En cette heure, en ce jour, pour accéder au pouvoir de la création, à la volonté première qui avait guidé même les Déesses, issue d'Origine, le berceau de toute volonté, en ce jour, ils étaient néant comme ils étaient les éléments. Ils étaient l'équilibre… et ils destituaient Véhasiel de ses capacités qui ne servaient que le déséquilibre et le chaos inepte, la destruction programmée qui n'avait rien du cycle de mort et de disparition naturelle. Le grondement sublimé de la voix du Gardien fit monter encore d'une note celle de ses frères.

Ils n'étaient pas bons, ils n'étaient pas mauvais, ils étaient sagesse, étude, ils étaient un avec le monde sous tous ses aspects, ils acceptaient la mort pour rendre la vie encore plus belle, la création miraculeuse, magnifique en tout point des déesses, la chance inouïe accordée par Origine. Ils n'étaient créations que parce qu'ils comprenaient le concept de rien, car avant toute chose il y a un commencement, après toute chose il y a la paix. Ce que maniait Véhasiel était une peur primaire qu'ils ne pouvaient ressentir, eux qui s'offraient tout entier au cycle immémorial. Ils en étaient les élèves, les gardiens, et celui qui se dressait aujourd'hui face à eux ne pourrait pas rompre leur volonté, souffler leurs âmes, éteindre leurs vies. Ils chantaient les éléments, ils chantaient Néant et au-delà encore, ils chantaient l'Origine, le grand tout.
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Ce misérable avorton ! Comment osait-il se dresser sur son chemin ? Lui, le premier des maitres-valets, lui le premier des conseillers de sa majestueuse majesté. Ces enfants des dieux, ils allaient tous les lacérer de ses griffes. Et il commencerait par la gorge de ce chantepluie ! La voix de Vehasiel se fit plus grave et plus distordue encore, chacune des notes de son chant étant encore plus déformée que la précédente. L’être défiguré leva son bâton et vint faire raisonner ses vibrations avec son chant. En face, l’ennemi ne semblait pas prêt à se laisser faire. Ce barde à peine bon pour chanter dans un bar de l’Ancien Monde avait-il l’intention de se dresser sur son chemin encore longtemps ? Très bientôt les notes et les vibrations des baptistrels vinrent se heurter, l’air de la pièce se mit à vibrer, des rides vinrent troubler la surface de l’eau du Bâoli et des parties de la glace alentour virent apparaitre des fissures. Il les tuerait tous, même si cela signifiait endommager cet endroit. Cela n’avait que peu d’importance, les siens pourraient le réparer, cela ne leur coûterait que du temps et le maitre-valet était prêt à affronter la fureur de son seigneur impatient si cela pouvait lui permettre de vaincre.

Lentement, le chantepluie se mit à prendre l’avantage sur le chantevide. Comment ? S’écriait intérieurement la chimère. Rapidement il comprit, son adversaire s’opposait au chant de vide pour le sceller et l’empêcher de l’utiliser. Malin de sa part. L’ennemi avait eu le temps de se préparer. Soit, il vaincrait autrement. Vehasiel finit par se baisser, manquant de mettre à genoux en terre, alors que sa main lâchait son bâton. L’heure était venue pour lui de jouer son atout. La voix de Vehasiel le quitta et les échos de celle-ci se mirent à s’échapper de son instrument. La chimère lâcha son bâton qui se mit à flotter dans au-dessus du sol et mit un genou au sol, visiblement affaibli. L’opposition entre le chant du chantepluie et du chantevide continua, la glace se craquelant davantage à chaque instant.

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La sanglante bataille pour le Baôli avait atteint son apogée. Le fracas des armes s’était tut sous un déferlement de magie comme les graärh n’en n’avaient jamais vu depuis des siècles. Et si Sa’Hila avait été surprise par l’apparition soudaine des flots tourbillonnants, elle n’avait esquissé le moindre geste tant son attention était focalisée sur l’ignoble créature qui leur faisait face. Même dans ses cauchemars les plus sordides elle n’aurait pu concevoir telle abomination. Son esprit s’était refusé à admettre qu’une telle monstruosité ne pouvait seulement exister. Tout son être, mu par un instinct primaire et millaire, lui avait ordonné de fuir et c’est la ferveur de ses guerriers qu’elle avait envoyé au combat qui l'empêcha de suivre cet instinct. Et alors qu’elle finissait de coordonner la fermeture de la paroi une seconde fois, isolant leur pire ennemi de ses sous-fifre, le pire advint. Une note, un son improbable. Déchirant l’espace et lacérant la structure de l’air, le cri fit voler en éclat la relique baptistral. Jamais les oreilles de Sa’Hila ne connurent pareil agression. Couchées sur son crâne comme pour les faire rentrer, l’Aaleeshaan vacilla et lâcha son arme qui rebondit sur la surface encore humide du sol.

De ses yeux remplis de larmes de douleur et de rage, elle observa Khelvahan s’avancer. Un sourire ironique retroussa sa babine. Si même le Gardien lui-même était prêt à se battre, comment pouvait-elle décemment faiblir devant une créature qui n’appartenait à aucun monde ? Comment pouvez-t-elle faiblir devant cette sinistre farce à l’histoire de la Création ? Enfin, comment pouvait-elle faiblir alors que tant des siens étaient tombés déjà ?!

Non. Il n’y avait pas moyen qu’elle faiblisse. Pas maintenant, ni plus jamais.

Faisant taire la douleur qui lui vrillait les oreilles, elle se concentra sur son souffle, inspirant de longues bouffées d’air et sur son poignet. Une légère lueur illumina le symbole et son glyphe s’activa. Là, au coeur du Baôli, au plus proche des Esprits, Sa’Hila était chez elle et elle n’était pas seul. Chacun des graärh présents -ou presque si l’on exceptait le Cendré- était la fine fleur de Vat’Aan’Ruda, et à ce titre, elle sentait chacune de ses marques d’amitié et de confiance qu’elle leur avait apposé. Un renouveau de détermination l’envahit et puisant une fois encore dans les flux d’énergies qui abreuvaient le lieu, elle posa un genou à terre, saisit sa lance et la frappa sur le sol. Si elle ne comprenait pas la nature de la magie qu’utilisait la Chimère, au moins était-elle sûre que réduire son corps en amas de bouillie sanglante ne pouvait qu’être bénéfique. Ouvrant une faille sous le corps affaibli de Vehasiel, elle s’adressa à tous les graärh encore debout.

#Les esprits nous observent mes frères ! Montrons-leur que nous sommes dignes de leur regards ! Par la grâce du Lièvre et de la Taupe, écrasez-moi cette abomination !#

Les Graärh, s’ils ne maîtrisaient pas la magie comme les peaux-lisses, n’étaient pas sans ressources. Et ils allaient le montrer!

#Par’Mani ! Montres à cet emplumé comment on utilise une lance !#

#Par’Vati ! Exploses cet instrument de malheur !#


Son coeur se serra quand elle vit ses soeurs s’élancer. Les Lâmes-Soeurs avaient toujours étaient là pour elle… et à présent, elle leur demandait l’impensable. De leur lien indéfectible, elle y puisait la force de commander et c’est avec toute la force de sa conviction qu’elle croyait en la victoire.

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Sort(s) utilisé(s) :


résumé d'action a écrit:

  • Ouvre une faille sous Vehasiel
  • Ordonne aux spirites Lièvres et Taupes d'écrabouiller Vehasiel
  • Ordonne à Par'Mani de transpercer Vehasiel avec sa lance
  • Ordonne à Par'Vati de briser le bâton avec son épée

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.:Jet 1:.

Sa'Hila tente d'ouvrir une faille sous Vehasiel

Compétence utilisée : Magie niveau Très bon. Taux de réussite 65.

Modificateur =>

Race = Graah : +5
Influence des esprits-liés (Défense du Bâoli): Malus = -30
Perturbation des chants : -10

Total = 30

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 30 ou moins réussite.
- 31 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

.: Jet 2 :.

Sa'Hila

Compétence utilisée : Réflexe  niveau Très bon. Taux de réussite 65.

Modificateur =>

Race = Graah : +5

Total = 70

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 70 ou moins réussite.
- 71 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

.: Jet 3 :.

Par'Mani

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 60 ou moins réussite.
- 61 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

.: Jet 4 :.

Par'Vati

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 60 ou moins réussite.
- 61 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 99, 95, 58, 24

Jet 1 : Echec critique
Jet 2 : Echec
Jet 3 : Réussite
Jet 4 : Réussite

Alors que Sa’Hila tente d’user de la magie, elle entend en son sein ses esprits-liés rugir d’une même voix : « NON ! ». La magie de la graärh est violemment perturbée sous la colère des esprits qui craignent de voir ce lieu sacré, mais également précaire être défiguré et fragilisé par la magie de l’Aaleeshaan. Ce même phénomène se produit chez les spirits du lièvre et de la taupe, ces derniers refusant l’accès à leur pouvoir. Le lieu est frappé par une légère secousse et un grondement se fait entendre, celui du volcan. L’écoulement du feu liquide se fait entendre de plus belle tout autour. Faut-il rappeler que cette cavité est entourée de magma ?

La secousse dont Sa’Hila est l’épicentre la renverse et manque de renverser Par'Mani, Par'Vati. Celles-ci, malgré les imprévus, continuent l’assaut quand un soudain sifflement se fait entendre. Les deux graärh parviennent à sauter juste à temps … ce qui n’est pas le cas de l’Aaleeshaan. Vehasiel se tient redressé, tenant dans la main un manche duquel se prolonge une longue vrille, tel un fouet, qui est venu se planter dans le flanc de la féline.

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Il ne pouvait échouer, au nom de sa majestueuse majesté, au nom de la trahison de leur père, au nom des siens. Les enfants des dieux ne parviendraient pas à le défaire, lui, le plus fidèle serviteur ne serait pas vaincu de la sorte. Vehasiel sacrifia sa voix, la transférant dans son instrument corrompu pour que celui-ci continue le duel vocal à sa place à l’encontre du baptistrel. Pendant ce temps, il se chargerait des autres gêneurs avant d’arracher la gorge du chantepluie. Les capacités de son hôte n’étaient pas ses seules armes. Mettant un genou à terre, faisant preuve de faiblesse, il était certain que certains n’hésiteraient pas à sauter sur l’occasion et c’est ce qui se produisit. Sortant de sa main un manche, il activa l’objet duquel jaillit une vrille du néant, scellée à l’intérieur. D’un coup de maître, il mania le fouet qui claqua dans l’air. Les deux félines qui s’étaient approché de lui, esquivèrent au dernier moment, sauvant leur misérable vie, mais loupant en même temps leur propre assaut. Le maître valet se redressa, faisant face à ses adversaires. L’extrémité de son fouet était venue se planter dans le flanc de celle qui semblait être la cheffe de cette petite troupe de chatons écervelés.

Un sourire, si l'on peut appeler ça un sourire, dangereux élargissait la bouche-bec de Vehasiel offrant une vision d'horreur à ses adversaires. Sans attendre, il leva son bras, faisant bouger son fouet. La vrille fit décoller Sa’Hila, qui l'emporta avec lui, venant projeter cette dernière en direction de Kehlvehan. S’il parvenait à couper son chant, alors il retrouverait les pleins pouvoirs du chant du néant et anéantirait ses ennemis.

***

Tout, autour de lui, ressemblait à un lugubre et humide labyrinthe. Une légère brume noirâtre flottait au ras du sol. Assis, adossé contre un mur et grelottant de froid, l’ancien apprenti chanteur était recroquevillé, ses mains sur ses oreilles et sa bouche contre ses genoux pour tenter d’étouffer au maximum sa respiration saccadée. Ses yeux vitreux observaient de gauche à droite. Ses cheveux étaient plaqués contre lui et une barbe mal taillée recouvrait le bas de son visage. L’homme ressemblait à un fou retenu prisonnier depuis de longues années. Ses vêtements étaient en lambeaux, comme s’ils avaient été lacérés par une créature pourvue de griffes. Des cicatrices parcouraient d’ailleurs le corps de ce dernier.

Un léger bruit se fit entendre, mais il était difficile de déterminer d’où il provenait, comme des griffes glissant sur le sol. De multiples couloirs et intersections, se ressemblant tous, se tenaient tout autour du jeune torturé. Un sifflement vint bientôt se conjuguer au précédent bruit. La personne qui les émettait se rapprochait.

« Je loue ta lutte et tes efforts, mais ils sont vains. Cesse de t’acharner, tu ne peux t’opposer à moi. Viens … abandonnes … et je te permettrais de voir tes amis une dernière fois. Tu pourras voir leur visage lorsque tu mourras et m’abandonneras tout ton être. »

Le bruit et la voix se rapprochaient du prisonnier. Il était difficile de le distinguer, mais ils semblaient venir de deux personnes différentes. Une main griffue recouverte d’un plumage beige apparut à l’extrémité d’un mur et lentement le bout d’un bec fit son apparition. Un visage de rapace finit par se dévoiler complètement et se tourner en direction de la droite.

« Asch … »

Vehasiel ne finit pas sa phrase. L’esprit de son hôte n’était pas là. Décidément, ce dernier s’était bien amélioré au jeu de cache-cache durant ces dernières années.

Dans le même temps, une patte velue apparut au détour d’un couloir et une truffe noirâtre en dépassa. Le faciès d’un loup fit bientôt son apparition avant de se tourner vers la gauche. Les yeux du loup se posèrent sur la silhouette prostrée du Svenn qui avait cessé de respirer et le mirait d’un regard sans vie et surpris. Le canidé s’approcha, se révélant totalement. Une petite boule de poils blanche était accrochée à son dos et se mit à se mouvoir, révélant sa petite tête d’hermine.

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La situation semblait parfaitement irréelle et la lui aurait-on décrite un autre jour qu'il ne l'aurait pas cru possible, car quand bien même en était-il le témoin ; son cerveau peinait encore à en assimiler toutes les subtilités. Après tout, une vague immense et formée à partir d'une épée ne venait-elle pas de balayer toute une armée de ces monstres ? Puis, alors qu'un second mur de roche se reconstituait là où s'était tenue quelques instants plus tôt la gueule béante de l'immense couloir, il ne restait en leur présence que le chef de ces Innommables, à peine rincé par l'impressionnante attaque. D'un seul cri, il avait brisé l'arme de légende dont les éclats jonchaient tristement le sol autour de Kehlvehan. Derrière le fauve cendré, le rituel se poursuivait et le chant des Baptistrels s'intensifiait de minutes en minutes malgré la note discordante qui vrillait les tympans et faisait pleurer la douce harmonie de leur musique. Oreilles plaquées en arrière, bâton toujours élevé de sorte à focaliser sa concentration sur le maintient de sa barrière, Purnendu puisa dans toute sa volonté pour enchaîner un pas après l'autre.

Le bruit discordant lui soulevait le cœur tant la migraine qui battait ses tempes lui creusait le crâne, rappelant les vrilles de Néants qui avaient fauché les soldats, au dehors. Pour une fois, il regrettait d'être né avec autant d'oreilles ! Accablé d'un haut-le-cœur et d'une raideur naissante dans la nuque, il serra tant les mâchoires de toutes ses forces qu'il fit grincer l’ivoire de ses crocs, mais refusa d'abandonner. Il avait terriblement conscience de son impuissance dans le duel qui se déchaînait entre le Gardien et la Chimère. Il avait aussi parfaitement conscience qu'il n'était ni un guerrier pour aider du côté de ses frères et sœurs graärh, ni un être suffisamment pur et éduqué pour aider au tissage complexe du chant baptistrel. Toutefois, il refusait de rester passif et comptait bien apporter toute l'aide dont il était capable, aussi ténue soit-elle. Étouffant ainsi la nausée qui lui montait une salive épaisse et tiède dans la gueule, Purnendu arriva finalement derrière l'elfe séculaire et posa une main sur son épaule avec autant de douceur et de délicatesse dont il était capable.

Puissante et massive silhouette dressée derrière Kehlvehan, il darda ses yeux d'absinthe sur la forme monstrueuse et prostrée à quelques dizaine de mètres, au sommet de l'interminable volée de marches du ziggourat, près de l'ancienne entrée. Eux deux, tout en bas, non loin du puits et de la douzaine de maîtres concentrés sur le rituel, étaient entourés par un dôme irisé dont les bords s'adaptaient parfaitement à l'environnement de la grotte. Depuis des semaines qu'il l’étudiait, l'herboriste en connaissait chaque coin et recoin. Intérieurement, il appelait avec ferveur l'esprit de l'Hippopotame pour que sa barrière ne faillisse pas et que sa volonté reste inébranlable face à l'adversité. Babines retroussées sur ses crocs, queue à la fourrure gonflée qui battait le sol au rythme des battements effrénés de son cœur, Purnendu prit une profonde inspiration alors qu'il voyait les deux félines s'élancer sur leur adversaire avec une synchronisation parfaite. Pauvres folles ! Voulu-t-il crier, mais sa voix resta bloquée au nœud de crainte qui noua soudainement sa gorge.

L'apparente faiblesse du monstre était trop belle pour être vraie ! Pourquoi avaient-elles chargé seules ? Que comptaient-elles faire face à un être qui avait balayé quelques instants plus tôt une attaque dont la puissance dépassait l'entendement ? La réponse lui vint alors que toute la grotte tremblait et que le grondement du volcan résonnait à la façon d'une bête furieuse, éveillée d'un long sommeil et prête à tout emporter dans sa rage aveugle. Les poils de son dos se hérissèrent et il du faire un effort colossal pour ne pas simplement s’aplatir au sol et trembler comme un graärhon. Il ne voulait pas y croire ! Est-ce que les graärh avaient réellement tenté de saccager les lieux au profit d'une victoire expéditive !? Ne comprenaient-ils donc pas la précarité de leur position ? Seule la colère et l'indignation qui vrillèrent le sang de Purnendu l'aidèrent à ne pas craquer sous la soudaine peur qui le secoua à la pensée des tonnes de lave qui circulaient tout autour d'eux et qui avaient bien failli leur tomber sur le coin du museau.

Toutefois, il ne fut pas donné au graärh cendré l'occasion de s'attarder là-dessus, car déjà leur adversaire profitait de la confusion pour contre-attaquer. Maniant une longue vrille de Néant à l'aide d'un manche probablement glyphé jusqu'au ras de la gueule, il venait de littéralement ferrer un sublime leurre en la présence de l'Aaleeshan. A la vue de la blessure, que ce soit en terme d'emplacement que de gravité, Purnendu se fendit d'une grimace et ravala de justesse un feulement de dépit. Pire encore, leur adversaire visa aussitôt Kehlvehan autant de son arme que de la pauvre femelle toujours accrochée à ce dernier ! Ouvrant des yeux ronds à la vision absurde du corps lancé contre eux à la façon d'une vulgaire poupée de chiffons, Purnendu raffermit sa prise sur le bâton et concentra toute sa volonté dans la barrière. L'impact résonna avec force et une onde irisée parcouru l'immense bouclier qui vibra longuement avant de retrouver sa force tranquille, à l'image de l'Esprit qui l'inspirait.

Plus loin, le corps blessé de Sa'Hila retomba et sans soins immédiats, le guérisseur ne doutait pas qu'elle serait incapable de se battre. Pire, elle risquait d'y laisser jusqu'à sa vie. Hors avoir la dirigeante au sol allait forcément porter un coup sévère au morale des troupes félines et s'ils ne finissaient pas désorganisés ou apathiques, alors une rage aveugle risquait de les prendre, ce qui les rendrait encore plus irréfléchis qu'à leur habitude. Par tous les Esprits Sacrés, ils n'avaient réellement pas besoin de ça ! Incapable de crier aux femelles qui accompagnaient la Kamda quelques conseils pour effectuer les premiers soins sans risquer de perturber le délicat équilibre dans la trame sonore que maintenait Kehlvehan, Purnendu ravala sa frustration. Il plissa de la truffe et battit plus fort de la queue. Il lui démangeait d'étendre sa protection à tous ses alliés et pourtant...

Pourtant, il y avait une excellente raison pour laquelle sa barrière d'énergie séparait d'un côté les graärh et la Chimère, puis de l'autre tous les Baptistrels ainsi que lui-même. Les premiers étaient des unités sacrifiables, aussi douloureuse que soit leur disparition en son cœur, mais il ne pouvait se mentir : aujourd'hui, ils n'étaient que de la chair à harpons tandis que les chanteurs étaient des pièces indispensables au bon déroulement du rituel... et par conséquent de leur survie à tous. Son regard s'attarda encore quelques secondes sur le corps prostré de la femelle, puis il détourna la truffe avec un pli amer aux babines et se concentra sur le Gardien du Domaine. En cet instant, Purnendu pressentait qu'il était leur ultime défense contre la chose qui fut jadis un bipède et il comptait bien miser absolument tout ce qu'il avait pour l'aider à achever ses plans. Quel qu’ils soient.

Pour l'heure, il entendait la voix du Maître Baptistrel faiblir. Sans être un musicien, il pouvait l'entendre s'enrouer, percevait un souffle plus laborieux, altéré par la douleur alors que les cordes vocales devaient s'irriter, s'engourdir et même se déchirer vu l'intensité de ce duel vocal. Sans plus attendre, l'herboriste déploya les Dons du Raton-Laveur maintenant qu'il était en contact avec l'elfe. Depuis sa grande patte posée sur l'épaule de son allié, il fit aussitôt disparaître toute douleur dans le corps de ce dernier et puisqu'il ne pouvait pas chanter de crainte d'altérer le rythme des autres, il décida d'opter pour une solution alternative, mais non moins efficace. Il avait en sa possession un sort unique, inventé et pratique depuis longtemps, mais qu'il avait pu peaufiner au cour de ces derniers mois, lors de son séjour à Cordont la Chue : la Ronronthérapie.

Fermant les yeux, Purnendu entra dans un état méditatif comme il en avait quotidiennement l'habitude depuis qu'il s'était engagé sur la voie de la guérison, presque quinze ans en arrière. Si la note discordante de la Chimère le poursuivit jusque dans son refuge mental, il se drapa de la mélopée que l'elfe égrenée sans interruption. Il s'habilla aussi des autres chants, écouta le tempo, chercha le bon rythme. L'énergie du Bâoli rugissait comme une cascade lointaine alors que la musique du chantepluie ruisselait à ses pattes, semblable à une source fraîche et inépuisable. Le rythme revenait en rondins souples, les notes s'accrochaient ici et là comme des gouttelettes de rosée, pures et frémissantes. Puis soudain il l'entendit ; une note commune à tout ce qu'il se tissait de positif en ce lieu résonna et aussitôt Purnendu s'y accrocha d'un puissant et bref ronronnement. Dès cet instant, il déploya son sort parmi le reste à la façon d'un métronome ; Ron. Silence. Ron. Silence. Ron.

Progressivement, les battements de son cœur se calquèrent à son ronronnement, son souffle se fit profond. Massé autour de Kehlvehan, il observait la Chimère de cette fixité intimidante innée aux grands félins. Il ne cillait pas, ne frémissait pas d'une moustache. Son esprit, son corps tout entier ; il n'était plus que le tempo profond et immuable à la chaleur caressante et thérapeutique. Il avait déjà vu des ménestrels utiliser cet étrange accessoire dont le fil lesté se balançait sans fatigue et sans faillir sur un même temps. Il voulait être ce rythme, cette cadence. Si le Gardien devenait la force implacable d'un fleuve, lui était le souffle d'une berge léchée par les vagues.



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Les ténèbres environnantes, la souffrance et le requiem funeste de la mort s’étaient évanouis comme par enchantement lorsque la marque de Feu et ses mains bienfaisantes avaient plongé le Chantefeu dans une transe mystique.

La note discordante du Néant ne parvenait plus à troubler sa concentration et sa bulle mentale lui permettait de faire abstraction du monde extérieur. Rien d’autre n’existait hormis le chant de son élément avec lequel il avait l’impression de fusionner, sentant son âme s’embraser sous la caresse de flammes sacrées. Autour de lui, l’elfe solaire entendait résonner les vibrations du Baoli, à la pureté inégalée, et le volcan, enfant du brasier insufflait à travers son être l’énergie de poursuivre la lutte sans faillir.

Son chant s’élevait, ardent et passionné, propageant à travers ce temple sacré la puissance de son élément. Lorsque qu’enfin les dernières notes s’éteignirent, Ilyanth reprit conscience du monde extérieur et passa le relais aux Chantebrises pour qu’ils poursuivent le rituel.

C’est alors qu’horrifié, celui-ci vit les hommes-félins se faire littéralement massacrés sous ses yeux dans leur tentative de s’interposer face à la chimère. Des gerbes de sang giclaient, souillant le sol de ce lieu sacré et les vibrations de mort qui l’atteignaient faisaient naître en lui une profonde souffrance.

Face à un tel carnage qui ravivait en lui les souvenirs traumatiques de la guerre, le maître barde avait envie de détourner le regard de l’innommable, mais il devait résister et faire face à cette affreuse réalité.  Sur sa gorge, ce dernier sentit les arabesques de Feu s’estomper et disparaître peu à peu. A présent, la divinité était partie, le laissant à nouveau livré à lui-même.

Ses prunelles aigues-marines cherchèrent Kehlvehan, sentant l’agitation qui parcourait ses vibrations, et il vit ce dernier en train de lutter de toute son âme à l’aide de son chant afin de repousser la créature maléfique.

Un terrible combat avait lieu entre le chant du Gardien et la sinistre mélopée du Néant dont les sonorités discordantes évoquaient le vide et l’anéantissement. Véhasiel avait mis un genou à terre, visiblement affaibli et l’écho de sa sinistre symphonie retentissait à travers son bâton aux teintes ivoirines et à l’aura impure. Il s’agissait d’une arme terrible et redoutable et nul ne savait ce qu’il adviendrait si cet objet maudit n’était pas rapidement détruit.

Le lié du feu remarqua aux côtés du Gardien un Graarh au pelage argenté et aux mires couleur d’absinthe. Celui-ci tentait de soigner ses blessures et de lui insuffler de l’énergie à l’aide d’un sortilège et dans le même temps de maintenir un bouclier protecteur, scindant le Baoli en deux parties distinctes. D’un côté, se trouvaient les félins combattant Véhasiel et de l’autre les maîtres Baptistrels occupés à poursuivre le rituel, tentant de conserver leur concentration malgré l’indicible horreur qui les entourait.

Les Graarhs luttaient courageusement, mais leurs assauts étaient insuffisants à venir à bout des attaques de la chimère.  Ilyanth assistait impuissant à ce combat inégal et à la destruction de tant de vies innocentes. Combien de martyrs et d’âmes avaient été sacrifiées depuis le début de l’offensive chimérique ? Ce sanctuaire profané retrouverait-il jamais la paix après tout ce sang versé ? Il fallait que cela s’arrête !

L’elfe ne voulait pas rester un simple spectateur et cette fois, libéré de son rôle au sein du rituel, il avait la possibilité d’agir. Mais comment ?
De l’autre côté du bouclier protecteur, les morts et les blessés se succédaient et le Cawr vit la Kamda Aleeshaan tomber sur le sol, grièvement blessée. Si rien n’était fait, celle-ci risquait de perdre la vie.

Alors que le combat continuait à faire rage, Véhasiel qui maniait une vrille du Néant, comme s’il s’agissait d’un fouet, l’utilisait pour repousser les hommes-félins qui tentaient d’arrêter son irrésistible avancée. La créature maléfique usait également de son arme afin de frapper le bouclier, symbolisant l’ultime rempart dressée face à elle.

Tout d’un coup, une fissure apparut à la surface du bouclier et le fouet de la chimère le transperça violemment, atteignant l’un des Chanteterre qui s’effondra mort sur le sol.

A cette vue, Ilyanth sentit une intense douleur naitre dans son cœur. Il venait de perdre un frère. Alors que le Baptistrel venait de s’éteindre, le Chantefeu entendit le chant de Valmys. Ce dernier était sur le point d’achever son serment. Un maitre mourrait et un autre allait naître.

Le petit Enwr était plongé dans un état méditatif et le lié du feu le mira avec un mélange de joie et de tristesse. Il aurait tant désiré que toute cette souffrance lui soit épargnée et que son intronisation au rang de Cawr ne se fasse pas dans d’aussi funestes conditions.

Désormais, la victoire ou la défaite ne tenait plus qu’à un fil et un simple grain de poussière pouvait tout faire basculer. Le chant de Kehlevan prenait lentement le dessus sur celui du Néant mais combien de temps le Gardien pourrait-il encore tenir ?

Les Graarh, quant à eux, malgré leur supériorité numérique peinait à contenir les attaques de cette monstruosité et le bouclier de protection érigé par Puurnendu se fissurait de plus en plus.

Ilyanth devait réagir et un cruel dilemme s’imposait à lui. Devait-il porter secours au gardien qui semblait déjà bien soutenu par l’âpre-cendre ou tenter d’aider les hommes-félins qui se trouvait de l’autre côté du bouclier ? Toutefois, cette dernière possibilité semblait difficilement envisageable et risquerait de porter préjudice à Sa Hila dont l’état préoccupant démoralisait ses troupes.

Dès lors que faire ? C’est alors qu’une idée germa dans son esprit et que le chanteur à la voix ardente décida de faire le choix que lui intimait son cœur, même si celui-ci semblait aller à l’encontre de la raison.

L’elfe désirait ardemment sauver son frère Ascheriit et le délivrer de la malédiction chimérique. Depuis toutes ces années, il conservait un infrangible espoir de le ramener et peut-être était-il le seul à avoir foi en une idée aussi insensée. Cependant, ce dernier ne parvenait pas à renoncer et la flamme de l’espérance qui le consumait refusait de s’éteindre. Il devait exister un moyen !

Le combat qu’ils menaient contre Véhasiel était terrible et la chimère ne se laisserait pas défaire facilement et risquait d’emporter son réceptacle dans la tombe. La combattre de l’extérieur serait sans doute insuffisant et peut-être fallait-il aussi tenter de la vaincre de l’intérieur.

Par le passé, le Chantefeu n’avait pas hésité à braver d’innombrables dangers pour retrouver son frère bien-aimé et s’était même fait possédé par une chimère. Il savait que la conscience de l’hôte pouvait subsister malgré la possession et n’était pas anéantie, simplement endormie. Et peut-être existait une chance, même infime, qu’une parcelle de l’âme d’Ascheriit soit demeurée intacte à l’intérieur des tréfonds de noirceur de la psyché de Véhasiel.

Mais la possession d’Ilyanth avait été brève tandis que celle de son frère bien-aimé durait depuis des années. Sans compter que le chant-nom de ce dernier avait subi d’incroyables souillures et distorsions.

Néanmoins, le chanteur était prêt à faire ce pari fou et à essayer malgré tout d’éveiller la conscience du jeune apprenti afin de la ramener à la surface. Si celui-ci renonçait avant même d’avoir essayé, alors il risquait de nourrir des regrets toute sa vie.

Par deux fois déjà, l’elfe solaire avait vu son frère disparaitre sous ses yeux, sans qu’il puisse intervenir, et ce dernier ne voulait pas revivre un tel drame une nouvelle fois. Pourrait-il le supporter sans voir son cœur se briser à jamais ?

Non ! Il se battrait pour empêcher cela ! Quand bien même devrait-il chanter jusqu’à l’épuisement.
A nouveau, le Cawr s’adressa en pensée à son frère bien-aimé :

« Ascheriit mon frère, j’ignore si tu existes encore quelque part à l’intérieur de cette chimère, mais je ne compte pas t’abandonner.  Je veux tenter l’impossible et lutter jusqu’à la limite de mes forces pour te venir en aide. Si tu le peux, je t’en conjure, aide nous à combattre Véhasiel et à mettre fin à ce cauchemar ».

Si la conscience du jeune apprenti avait survécu à ces épouvantables sévices, en la réveillant, celle-ci pouvait tenter de s’opposer à la volonté de la chimère, l’affaiblir ou même l’expulser de son corps. Ilyanth était sans doute le seul à pouvoir réaliser un tel exploit en raison de la profondeur du lien qui les unissait.

Une puissance nouvelle brûlait en lui et cette fois-ci ce n’était plus celle de la divinité Feu, mais la sienne. Le brasier de la passion, la flamboyance d’un volcan, l’ardeur d’un feu purificateur s’entremêlaient et embrasaient son âme.

- Véhasiel ! Une fois encore nos chemins se croisent et j’ai l’intention de lutter de toute mon âme pour t’arrêter ! Si une partie de mon frère Ascheriit a survécu à l’intérieur de toi alors je ferai tout mon possible pour l’arracher à cette odieuse captivité !

A présent, un autre Baptistrel se dressait face à la créature chimérique et cette fois-ci elle allait devoir livrer un combat contre la lumière.

Les vibrations du Chantefeu se mirent à résonner avec intensité et il plongea son regard brûlant de détermination dans celui de la chimère. Puis l’elfe solaire entonna un nouveau chant, différent de celui de son élément et dont les sonorités cristallines possédaient une grande pureté, semblables à une myriade d’étoiles.

C’était l’Ode d’Aria, un chant dédié à l’étoile destinée à guider un être afin qu’elle conduise ses pas à travers les chemins tortueux et dissipe les ténèbres. Emplie de bienveillance, elle avait le pouvoir d’affranchir son protégé de la peur et des doutes.

Ilyanth chantait avec ferveur, mettant dans sa voix l’amour et la compassion qu’il ressentait pour Ascheriit, tout en priant intérieurement pour qu’au cœur de cet abîme de noirceur une étoile incandescente s’allume et guide sa conscience jusqu’à eux.

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Son propre chant apparaissait à Valmys comme de plus en plus puissant, comme si, petit à petit, il apprenait à porter plus que sa voix, et plus que les notes. Cela le fascina. Ce qu'il se passait en lui, et autour de lui, jamais son petit esprit de bipède n'aurait pu le rêver avec autant de précision. C'était un soulagement. C'était un émerveillement. C'était la musique qui vibrait dans son torse qui se mêlait avec celle du volcan. C'était enfin l'impression de vivre ce lien étroit qu'ils avaient avec le monde. Pourrait-il seulement s'arrêter de chanter, si cela signifiait briser à nouveau cette union ? Petit à petit, les bruits des Graärh, des affrontements, et même les ordres et interpellations, lui parurent éloignés. Ses doigts jouaient désormais de façon tout à fait instinctive -après tant de boucles effectuées, cela n'avait rien de compliqué-, et sa voix portait une ferveur qu'il ne cherchait même plus à cacher. Chanter, lui avait dit Kehlvehan ! Jamais il n'aurait entendu un Enwr chanter comme lui ! Jamais il n'aurait entendu de volcan gronder aussi fort dans le coeur d'un apprenti ! Peu importait que c'était ce qu'il veuille ou non. Il n'y avait rien d'autre que Valmys eut pût chanter en cet instant. Une conviction grandissante en lui murmurait que, de toutes façons, c'était exactement ce dont ils allaient avoir besoin.

De plus en plus de mélodies lui paraissaient se mêler à celle qu'il chantait. Elles venaient de partout, autour de lui. Elles lui évoquaient des notes qu'il connaissait, et ces notes de musique prenaient un autre sens. À travers elles, des concepts primordiaux, qu'il peinait encore à totalement saisir et reconnaître. Alors seulement, quand il réalisa que ce qu'il entendait venait des Siens, Valmys commença à comprendre ce qu'il était en train de chanter. Son coeur lui parut battre beaucoup trop fort.
Puis il manqua un bon, quand tout se brisa. Dans une horreur viscérale, il comprit ce qui leur arrivait, à tous deux, alors que son crâne lui paraissait imploser sous tout ce qu'il percevait désormais. Le silence pour son frère, le vacarme pour lui. La fin pour l'un, la naissance pour l'autre.

A ce battement de coeur manqué précis, comme pour le protéger, une part de sa conscience s'écarta de lui, ne laissant à son corps que ses réflexes et instincts, sa conscience partant... Sous l'eau ?

Ce fut du moins l'impression qu'il en eut. L'impression que son corps flottait, et qu'il remontait vers la surface. Tout était encore flou. Il ne ressentait pas la peur qu'il aurait dû ressentir à être ainsi dans des eaux inconnues. Il n'avait que l'impression de sortir d'un rêve, trainant avec lui des traces du monde des songes, mais présentant un esprit comme purifié par le passage d'un univers à un autre. Ses yeux papillonèrent encore. Alors il vit ses adorables papattes blanches s'étendre devant lui, pour s'aggriper les ténèbres. Les ténèbres étaient faites de poils également.
Les ténèbres et lui sortirent de l'eau. Valmys eut tout juste le temps de constater qu'ils traversaient une scène de bataille qu'il connaissait très bien, alors qu'il se cramponnait pour ne pas tomber du puissant galop de sa monture -pas si grande que cela, en comparaison avec les bipèdes. Il crut voir Sa'Hila, blessée, quelques frères et soeurs qui chantaient. Personne qui ne semblait les voir. Cela concordait exactement avec ce qu'une autre part de lui percevait, en arrière-plan de sa pensée. Ramenant son nez devant lui, il vit leur destination, improbable : Vehasiel. Le choc allait être violent ! Valmys ferma les yeux, très fort.

Quand il les rouvrit, ils n'étaient plus autour du Bâoli. La voix d'un Chanteciel, dans sa tête, prononça d'un ton désintéressé : "rien d'anormal, dans le monde des rêves". Mais valmys doutait que ce fut là le monde des rêves. Allongé sur le sol, il se redressa un peu maladroitement, sur ses quatre pattes. Ses grands yeux noirs constatèrent devant son museau une flaque d'eau, qui lui renvoyait son reflet. Ce ne pouvait pas être un rêve, parce qu'il voyait dans ce reflet la même petite bouille qui s'était plus tôt pointée hors du Bâoli.
Debout sur ses pattes arrière, pour voir plus loin, l'hermine constata les alentours. Un couloir, mal éclairé, mal entretenu, d'une décoration tout à fait déplorable, leur tenait lieu de décor. Des questions tenaient lieu de texte. Qu'était-il arrivé à l'esprit-lié de l'Hermine, si c'était lui désormais qui contrôlait ce petit corps ? Avait-elle prévu tout cela ? Pourquoi lui, et pourquoi ainsi ? Hâtivement, il déduisit que les esprits-liés pouvaient voir en leurs spirites des changeurs de mondes, eux qui, mortels, ne pouvaient être immuables. Peut-être l'Hermine avait-elle trop d'affection pour les laisser à leur sort. Le petit coeur de Valmys se sera dans sa poitrine toute blanche, tandis qu'il espérait avoir un jour l'occasion de le demander à son esprit-lié.

À côté de lui, si grand qu'il devait lever le museau, sa monture, le loup. Valmys sentit une de ses propres oreilles remuer sur son crâne, en observant son camarade quadrupède. Dans sa tête, directement, la voix sombre de son vis-à-vis vint prendre place. Il la comprit sans heurt.

« Tu n’avais pas à me suivre. Il est sous ma protection, pas la tienne. »

À nouveau, Valmys sentit ses oreilles remuer, tandis que ses neurones s'activaient. Ascheriit Svenn. Le loup était donc là pour lui. Les autres esprits-liés n'avaient sans doute pas la même politique en matière d'action. Peut-être que son hypothèse sur l'hermine n'était pas si mauvaise. Peut-être aurait-il dû répondre au Loup, mais il craignit les conséquences de cet acte. Sa voix mentale le trahirait sans doute, et, de toute évidence, si plan il y avait, l'hermine avait décidé de ne pas en informer son congénère. Il retint donc tout commentaire sur le fait qu'Ascheriit n'était pas le seul impliqué, se contenta de pencher la tête sur le côté.
Valmys se sentit affection pour ces braves spirites qui parcouraient le monde. Puis il se souvint que ce n'était pas lui, l'esprit-lié, et reprit un peu de contenance. Du moins, autant qu'il était possible d'avoir de la contenance en mesurant moins de trente centimètres -queue non comprise. Le loup reprit la marche. L'hermine le suivit de plusieurs petits bonds, avant de se rappeler que le loup était une excellente monture, et bondir sur son dos. Elle crut l'entendre grogner, mais la douceur chaude de son poil venait largement compenser ces grognements. Oh, il n'allait tout de même pas faire marcher son alliée, si ?
Bientôt, l'hermine se servit de ces poils comme une sorte de nid à réconfort. Le loup, animal de meute, avait cette présence capable de rassurer les siens. L'endroit n'était clairement pas fait pour être accueillant et, en ce sens, atteignait son objectif. Quelque chose rôdait ici. Tous les sens de l'hermine, mais surtout le sixième, ressentaient ce danger comme une énorme omniprésence qui les guettait dans chaque ombre. Ô qu'il était rassurant le poil du loup !
Les couloirs n'en finissaient plus, et la recherche, l'attente, n'aidait en rien à calmer ses peurs. Valmys tenta de remuer son petit nez, mais ne perçut que l'odeur de sa monture. Cette dernière chassait sans doute mieux que lui.

Ce fut le cas. Ils tournèrent à un couloir, et le cavalier-aux-pattes-blanches eut un petit sursaut quand une silhouette leur apparut. Un petit bipède, bien mal en point, malmené par un sort trop dur pour lui, et tout aussi surpris qu'eux de les voir. Valmys le reconnut, malgré ses blessures. Mais le "Ascheriit !" qu'il voulut crier se changea en un petit "Squeak !" beaucoup moins compréhensible. Sa propre voix surprit Valmys. Oh. Oui. Communiquer allait être difficile. Pourtant il y avait des choses à lui dire ! Toutes ces voix dehors qui hurlaient son nom pour le soutenir, tout ce qui l'attendait de l'autre côté, combien ils étaient proches de le libérer ! Ils devaient juste... Sortir d'ici ? D'après son manuel de Logique des Univers Louches, ils devaient sortir du labyrinthe. Il fallait qu'il les suive ! Et qu'il ne fasse pas cette bouille-là. La petite hermine bondit à terre, depuis le dos du loup, et commença une petite danse, comme pour saluer Ascheriit, lui dire bonjour, et lui dire qu'elle était contente. Il abusa de ce qu'il savait être son charme, roulant sur le dos pour présenter son adorable petit ventre-à-gratouilles. Si Ascheriit acceptait de l'approcher, il pouvait même lui faire des léchouilles.

Et tandis qu'il faisait son cirque, cherchant à gorger le petit coeur de son copain Enwr d'espoir, une musique lui parvint. Oh, il connaissait cette voix ! Elle était la chaleur, elle était la famille. Elle était la voix à suivre pour retrouver les leurs ! L'hermine fit un petit bond dans la direction indiquée par la voix. Sa bouille se tourna vers le Loup et l'humain, et sa queue fit un signe très compréhensible pour les bipèdes : un signe de "suis-moi". Sans attendre leurs avis, il commença à galoper vers ce qu'indiquait le chant de son cousin. À chaque détour de couloir, il vérifiait si Ascheriit le suivait, inquiet pour le petit spirite. Il osa même quémander quelques caresses sur la tête en chemin. Ce n'était pas pour lui. Il savait juste qu'une fourrure douce pouvait apporter du réconfort.



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Sa’Hila marchait lentement, ses coussinets s’enfonçant mollement dans la cendre. Elle ne comprenait pas. Où pouvait-elle bien se trouver ?

-Sa’Hila ! Enfin tu es là. Viens, le repas est bientôt prêt !
-Sa’Hila ! Enfin tu es là. Viens, le repas est bientôt prêt ! 


Ces voix, elle les reconnaissait. C’était ses soeurs. Rassurée, elle se dirigeait vers elles. Elle voulut leur répondre, mais elle se rendit compte que sa bouche avait comme… disparue. Horrifiée, elle pressa le pas pour les rejoindre… avant de se rendre compte que quelque chose clochait. De leur yeux complètement blancs, elles s’affairaient autour d’un feu, dont les flammes noires, vides de toute chaleur, venaient lécher les carcasses d’un oiseau et d’un cheval.

-Tu nous as déçu Sa’Hila. Nous te faisions confiance, et regardes ce que tu as fait.
-Tu nous as déçu Sa’Hila. Nous te faisions confiance, et regardes ce que tu as fait. 


Dans l’amas de chair et de plumes brûlées, le regard du Geai Moqueur était également blanc mais accusateur. Le Cheval, tournant sa tête écorchée également, continua, de cette même voix irréelle.

-Nous t’avons fait confiance pour diriger les Graärh et regardes maintenant tout ce qui sont morts par ta faute.
-Nous t’avons fait confiance pour diriger les Graärh et regardes maintenant tout ce qui sont morts par ta faute. 


Sortis de terre, des centaines de graärh au teint cadavérique observaient dans un silence de mort l’Aaleeshaan. Parmi eux, Nirmala se tenait droite devant elle. De son flanc gauche, une tâche sombre luisaient dans la lumière crépusculaire de la Légion en cendres. Son pelage autrefois aussi blanc que les neiges éternelles des hauts sommet de Paadshail, était à présent maculé de sang.

-Tu nous as abandonné Sa’Hila. Abandonné, pour aller mourir loin des tiens. Alors meurs. Meurs pour tes péchés.
-Tu nous as abandonné Sa’Hila. Abandonné, pour aller mourir loin des tiens. Alors meurs. Meurs pour tes péchés. 


Sa’Hila voulait hurler que ce n’était pas vrai. Elle voulait hurler qu’elle avait tout fait pour les protéger. Elle avait affronté les Chimères pour eux, pour leur futur. Mais son cri ne sortit jamais de ses lèvres inexistante et se sentit tomber dans un gouffre sans fond quand Nirmala la poussa violemment.

Elle tombait. Tombait dans un endroit aussi noir qu’une nuit sans lune. Et dans le silence oppressant qui l'enveloppait, une musique s'éleva, douce et apaisante. Au sein de ces ténèbres, deux grands yeux mordorés emplis d’amour l’observaient et la voix qui l'accompagnait, était… humide ? Comment une voix pouvait-elle être humide ?

-Réveilles-toi !

L’injonction, primale et sauvage, lui permit d’ouvrir grand la gueule, libérant sa frustration.


Sa’Hila ouvrit grands les yeux. Quelque peu déboussolée, elle se demandait bien comment Bahvika s’était retrouvé au-dessus d’elle, à lui lécher le visage. Dans la tête de l’animal, elle pouvait ressentir la peur et la colère. Puis elle se souvint alors. Le refus des esprits, l’attaque, le choc, les ténèbres. Gromelant de douleur, elle se redressa, investigant l’étendue des dégâts. De nouveau, elle aussi les oreilles de surprise en découvrant l’apprentie Baptistrel, qui la mirait, un air soucieux et rassuré à la fois. Alors c’était elle qui l’avait tiré des serres de la Corneille ? Elle l’a remercia sincèrement, et, malgré ses protestations, elle se releva, s’appuyant sur sa lance que Bahvika avait ramené auprès de sa maîtresse, pour se redresser. Son corps hurlant de douleur lui indiquait qu’effectivement, elle était encore bel et bien vivante. Et tant qu’elle était vivante, tant qu’il lui resterait ne serait-ce qu’une étincelle de vie, elle continuerait à se battre. Et cette fois, elle avait compris la leçon. D’une manière quelque peu… violente, elle avait compris pourquoi les Esprits lui avaient refusé l’accès à leur puissance. Pourquoi ils n’avaient pas voulu qu’elle détruise cet endroit. Ce n’était pas sa façon de faire. De toute sa vie, elle n’avait jamais était une grande guerrière, ni une grande chasseuse. Non, son pouvoir reposait sur sa compréhension du monde, de son peuple et de la magie. Elle s’était efforcé à bâtir, à construire un avenir pour les Graärh et l’Archipel. Non. Sa voie n’était pas celle de la destruction.

S’aidant des glyphes de lévitation pour soutenir sa marche, elle regardait le champs de bataille avec une ferveur renouvelée. Ils n’avaient pas encore perdus. Le chant des Baptistrels avait perduré et il ne manquait pas grand chose pour achever le rituel. Et ce temps, elle allait le leur donner. Joignant ses mains, elle laissa sa magie circuler dans le sol, se propager, se mêler au pulsations du Baoli. Face au chaos et à la destruction, elle devait opposer l’ordre et la création. Des tréfonds telluriques de la grotte, émergèrent une pattes, puis une deuxième, puis une tête, puis un corps , et enfin, deux smilodons. Entièrement constitué de roche volcanique, leur yeux laissaient briller un éclat semblable au puit de magie.

Couvrant la distance qui la séparait de son mortel ennemi, elle se concentra sur les pulsations du Baoli. Elle s'imprégnait de ce rythme, se mélangeant à celui du chants des Baptistrels, cet hymne à la vie. Elle avait raté les premières mesures, mais elle ne perdrait pas cette danse. Manoeuvrant sa lance en d’amples mouvements, elle fit face à l’ignoble créatures qui avait causé tant de souffrances. Elle savait qu’elle n’était pas capable de le vaincre, mais au moins, elle mettrait tout en oeuvre pour le ralentir, le temps qu’il faudrait pour que le rituel ne s’achève. Elle ordonna à ses golems de protéger Kehlvahan, dut-il se faire détruire pour cela.

La graärh, blessée, avait perdu de sa superbe, mais elle n’en avait cure. Les cicatrices étaient les miroirs des combats remportés après tout. Elle s’engagea donc dans une danse dont seule la victoire ou la défaite en résulterait. La Danse-Fauve envoya une image mentale du bâton de malheur à Bahvika. Pendant qu’elle combattrait, focalisant l’attention de l'Innommable, la panthère serait chargé de perturber cette mélopée infernale. Et pour chaque golem que la chimère détruirait, elle en invoquerait un autre, puis un autre, puis un autre, jusqu’à la mort s’il le fallait. C’était là l’essence même de la force des Graärh de Néthéril. Il n’étaient certes pas aussi endurcis que ceux de Paadshail, mais il était nombreux et courageux, animés par un esprit de corps uni. Ce n’est pas une volaille malformée qui allait venir à bout de la cheffe de ce peuple si fier !

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