Le regard pétillant de l'hermine admira le Loup, quand ce dernier parvint à entrainer Ascheriit, son energie se faisant celle de son spirite. Ses babines prirent entre elles la main de l'Enwr, dont le corps entier paraissait être à bout de souffle. Mais en ces lieux, pouvait-on véritablement parler de corps ? C'était un entre-deux particulier. Valmys, lui, avait très bien senti les doigts du Nordique dans sa fourrure, et ce dernier avait paru comme surpris. Tous étaient réels, et tangibles. Pouvaient-ils dès lors être tué, ici ?
Etrangement, la petite hermine n'avait pas tant envie de le découvrir. Sitôt que le loup eut redressé leur protégé, il s'élança à leur suite, aussi prestement que cela lui était possible, du haut de ses vingts centimètres. Les griffes de ses pattes toutes douces cliquetaient sur le sol. Devant lui, le Loup aidait Ascheriit, comme il le pouvait. L'humain peinait à tenir un véritable rythme de course. Il paraissait si faible ! Ses jambes auraient pu se dérober sous lui. Devant les mouvements maladroits de leur protégé, le petit coeur de Valmys se serra. Il ne préférait même pas chercher à deviner ce qu'Ascheriit avait enduré. En revanche, la crainte de ce qui allait advenir d'eux empirait. Ils étaient trop lents, et le danger trop présent, trop étouffant.
L'hermine manqua s'emmêler les pattes quand, brusquement, devant lui, Ascheriit mit le genou à terre, dans un hurlement de douleur qui déchira les airs. Ses pattounes battirent dans le vide, chaotiquement, et un "SQUEAK" de terreur et de panique lui échappa. Ascheriit ! Non ! Peu importait ce qui lui arrivait, cela n'aurait pas dû être ! Le petit être au poil immaculé se précipita près de son humain, et commença hâtivement à lécher la plaie, dès qu'il la vit, au travers des doigts qui la maintenaient. Quelque chose avait blessé son confrère Enwr, au niveau de l'épaule. Mais le regard inquiet que l'hermine leva vers son humain trouva une réponse inattendue. Par-delà ses traits usés et fatigués, une énergie nouvelle paraissait le parcourir. Alors les oreilles de la petite bête se dressèrent sur son crâne, et elle laissa à son grand blessé l'espace nécessaire pour qu'il puisse se relever.
Valmys avait à peine eut le temps de commencer à se rejoindre du nouvel entrain d'Ascheriit lorsque le Danger qui grondait à leurs trousses prit une nouvelle forme. Leur prédateur avait des plumes, qui se froissaient contre les parois de leur labyrinthe. Leur prédateur griffait le sol, par de grands coups puissants, qui le propulsaient chaque fois plus proche d'eux. Leur prédateur avait un souffle, rauque, que l'hermine craignait de sentir sur sa nuque, rebrousser sa fourrure. Un très bref regard en arrière acheva pourtant de dresser ses poils sur son petit corps. Vehasiel était là. Son bec crochu, ses serres, et ses plumes beiges, étaient bien trop proches d'eux, alors qu'il luttait pour avancer dans ces couloirs étroites malgré son envergure. Il était étrangement plus beau que dans l'autre monde, comme si lui et Ascheriit avaient échangé leurs énergies et jeunesses. Le museau de Valhermine lui indiqua un point précis de cette brève image : l'épaule sanguinolente qui ralentissait l'oiseau de mauvais augure, et alourdissait sa respiration de douleur.
Valmys était trop prit par ce monde-ci pour aller vérifier dans l'autre, mais il doutait en avoir besoin. Le corps d'Ascheriit avait été blessé. S'ils ne se hâtaient pas, ces stupides spirites allaient le tuer ! Que faisaient les Douze ? Enfin... Les Onze ? Et les Enwrs ? Pourquoi n'empêchaient-ils pas cela ?
L'éclat de voix derrière eux fut assez puissant pour déstabiliser l'hermine.
« Te voilà … vous … vous comptez me l’arracher ? Vous comptez me chasser de ce corps ? Pauvre fou … je ne vous laisserais pas faire … il est miens … il est à moi ! Dussé-je prendre possession d’un de ces autres abrutit là dehors, je le récupèrerais ! Ce n’est pas les maitres bardes qui manquent. »« Fuyons »À la proposition murmurée d'Ascheriit, les Esprits-Liés ne prirent même pas la peine d'opiner. Aussitôt, ils galopèrent. Oui, ils comptaient chasser Vehasiel de ce corps. Valmys était une hermine ambitieuse ; il poussait l'espoir jusqu'à considérer l'idée de sauver son frère.
Leurs pas étaient des trilles de galops précipités. Valmys se surprit même à attraper la queue du loup entre sa bouche et ses papattes pour ne pas les ralentir. Il abandonna l'idée lorsqu'un virage manqua de le projeter contre un mur. Si depuis le début de leur expédition la petite créature avait vaguement réussi à se dessiner un plan mental des lieux, il n'en était plus question, après les virages multiples qu'ils venaient de prendre.
Le labyrinthe déboucha sur... Un autre labyrinthe. Mais dont les murs étaient faits d'un matériau bien plus attrayant encore. Le trio effrenné se retrouva bientôt au milieu de moult rangées de livres. Valmys voulut tendre son esprit vers Ascheriit, pour lui demander s'ils devaient encore beaucoup courir. Il n'y parvint pas. Ç'aurait pu être dramatique. La voix d'Ilyanth ne leur parvenait plus, et Valmys ne savait pas depuis combien de temps. Le Loup paraissait toujours aussi certain de l'endroit où aller. Mais lui, avait-il perçu le chant de l'étoile ? Ou suivait-il une tout autre odeur ? Valmys faisait confiance au Chef des Meutes. Pouvait-il seulement faire autrement ?
Ils ralentirent le rythme. La présence derrière eux était redevenue une ombre, distante mais présente. Il parut à Valmys que le Loup les incitait à se faire discret. Alors il essaya de marcher avec les griffes en l'air, mais découvrit assez vite que ses os n'étaient pas faits pour cela. Devant la peine qu'il se donnait, Ascheriit le prit dans ses bras, offrant à Valmys le plaisir de découvrir ce que cela faisait d'être une peluche. Il fallut que l'humain mette une main sur sa bouche pour qu'il réalise qu'il avait tout juste commencé à émettre un très léger gazouilli, une sorte de ronron d'hermine.
Ce fut suffisant pour attirer vers eux l'Attention. Le Loup eut le bon réflexe de heurter une bibliothèque, la poussant à faire tomber une part de son contenu dans une direction opposée à celle qu'ils prirent. Ils s'éloignèrent, avant de se tapir dans les ombres d'autres bibliothèques, pour souffler à nouveau, l'hermine de retour sur le plancher des vaches.
Le bruit de leurs pattes et de leur peur s'estompant, Valmys put à nouveau entendre de la musique. Une musique toute particulière, qu'il ne connaissait pas. Son museau et celui du Loup se tournèrent dans cette direction. Vehasiel, lui, y était déjà. Sa papatte d'humain attrapa le livre d'où provenait cette légère musique, comme un marque-page. Oh ! Comment avait-il fait cela ? Une patte posée sur la jambe d'Ascheriit indiqua à ce dernier la curiosité de l'hermine. Ses petites oreilles dressées la confirmèrent.
Un grognement proche leur rappela que ce n'était pas l'heure du conte.
Un frisson glacé parcourut toute l'échine de Valmys, jusqu'à la pointe noire de sa queue. Vehasiel avait été fûté. Plutôt que les attaquer de front, et les pousser à courir, il s'était fait vicieux, discret, pour n'avoir plus qu'à tendre la patte. La terre trembla. Un aboiement fusa. Le Loup fondit sur l'oiseau, crocs retroussés. Ils avaient désormais les moyens de partir, le reste n'était qu'une question de temps.
Valmys fit encore office de peluche, quand Vehasiel s'éloigna de la scène pour aller les cacher plus loin, le livre avec eux. Là, il le posa à terre, sous le regard médusé de son camarade quadrupède. Entre les pages, résidaient les souvenirs. L'hermine les reçut dans leur entièreté, de plein fouet. La bataille entre Ascheriit et Vehasiel avait été violente. Beaucoup trop violente pour un Enwr, beaucoup trop dure pour un bipède. Jamais il n'aurait dû vivre cela. Le regard noir de l'hermine pétilla d'admiration quand, en plus de combattre, Ascheriit trouva la force d'élaborer un plan. Un plan méticuleux, qui protégeait sa fuite entre les innombrables couloirs d'un labyrinthe, et son énergie au coeur d'un livre. Ascheriit avait su l'intérêt de Vehasiel pour les Baptistrels, il avait deviné que son chemin croiserait fatalement celui de l'Ordre. Il avait fait confiance aux siens pour lui offrir cette petite opportunité, ce petit instant où il pourrait prendre le dessus. Il s'était préparé. Son plan avait abouti. C'était le moment.
Le moment où il débarassait ce monde de Vehasiel, et de son hôte.
Avec effroi, la petite créature pâle se tourna vers son frère. Non ! Il devait y avoir un autre moyen ! Un moyen de garder son âme au chaud, de ne pas le résoudre à... À pire que la Mort. La perspective était terrifiante, pour celui qui avait tant tenu à l'idée de le revoir en vie. Ses pattes se posèrent à nouveau sur Ascheriit, comme pour le supplier de renoncer à son plan, trouver autre chose. Son esprit chercha à nouveau à rencontrer le sien. Il fallait qu'il rentre à la maison, avec lui ! Qu'il s'accroche à son âme ! Il voulait bien lui prêter son corps, un petit peu. Il l'avait fait pour Dawan, ce ne devait pas être différent !
Néanmoins, dans le regard d'Ascheriit, il y avait cette lueur qui disait qu'il avait passé trop de temps avec une chimère pour ne pas savoir ce qu'il était possible de faire. Les oreilles de Valmys se baissèrent sur sa tête, tristes. Une vision leur parvint, de loin. Une Graärh, et le meurtre imminent d'un innocent.
Comme pour le consoler, la main d'Ascheriit vint se poser sur la toute petite tête de l'Hermine. Avait-il deviné à qui il avait à faire ?
« Tu dois les prévenir ou Vehasiel les dupera et vaincra. Si je meurs, il s’emparera un autre corps. Il faut le piéger définitivement à l’intérieur du mien … et il n’existe que ce moyen qui soit assez efficace face à lui. Je ne pourrais le retenir que le temps nécessaire pour accomplir ce qui doit être fait. Tu les aideras à chanter et tu leur diras que je suis désolé. »Il aurait voulu couiner. Il aurait voulu lui dire qu'il n'avait pas à se sacrifier, pas même pour obtenir la rédemption. Son mutisme fit saigner son coeur. Il pouvait peut-être encore faire quelque chose...
Non. Il n'avait pas le temps. Sa conscience s'éloigna de cette partie-là du monde. Tout juste prit-il le temps d'envoyer son esprit contre celui du Loup pour lui hurler, dans un élan de peur panique :
"- Loup ! Sauve-toi ! Protège-toi ! Pour ta meute !"Puis ce fut le retour à son corps. Il se sentit grand, et brusque. Il manquait de fluff, de délicatesse, d'oreilles mobiles, et d'appendice caudal. Ses doigts continuaient de jouer sans lui, pour son plus grand soulagement. La scène continuait de se jouer sans lui, pour sa plus grande horreur. Il concentra instinctivement sa magie, cherchant à atteindre par cette dernière le bras de Sa(Hila, et le couper dans son élan.
"- Sa'Hila ! Cessez ! Cessez ! Tuer un hôte ne tuera pas Vehasiel !"Il avait prononcé le second "cessez" en Graärh. Sa voix... Sa voix portait étrangement. Elle lui semblait différente, à l'oreille. Comme plus nuancée qu'avant.
Comme pour le soutenir, il sentait également, non-loin de lui, une présence toute de douceur.
Sort :
Niveau faible - Sans geste-clef
[Contrôle] Télékinésie
Permet de déplacer une cible, objets ou êtres vivants, à distance sans nécessiter de contacts physiques. Le sort s'effectue plus facilement sur un objet que sur un être vivant et la puissance requise dépend de la complicité demandée (poids, distance, trajectoire, forces extérieures, etc.)
Geste clé : Désigner la cible avec sa main, s'y concentrer et effectuer en continu le déplacement voulu.
Directives de PapaDragon :
]C’est un Ascheriit à demi mort que Valhermine trouve. Nul ne sait comment il a fait pour survivre jusque-là, mais le nordique semble être sur le point d’abandonner, un maigre fil de volonté lui interdisant de faillir. Celui qui est devenu contre son gré un chantevide regarde avec incrédulité les nouveaux arrivants. Ses mires sombres et épuisées trahissent son état et sa pensée. Vous n’êtes pour lui qu’hallucination. Lentement et faiblement, il lève une main en direction de l’hermine blanche pour chasser cette apparition. Mais lorsque ses doigts touchent la fourrure du mammifère, il s’arrête. Ceux-ci glissent sur les poils de la bête, tremblant. Il ne semble pas réaliser, du moins pas encore, que tout ceci est vrai. Soudainement une voix s’élève, celle d’Ilyanth. Ascheriit observe à peine en cette direction et vous observe. Il sent que l’hermine veut le conduire là-bas pour autant il ne bouge pas, ne semblant pas encore réaliser.
Il faudra que le loup prenne sa main en gueule pour commencer à le tirer et que l’hermine en fasse de même avec un doigt pour que l’humain daigne se redresser. Valhermine et l’esprit-lié du loup guident l’ancien enwr titubant à travers le dédale. Jusqu’au moment où le nordique s’effondre au sol en hurlant de douleur. Un autre hurlement ne tarde pas non plus à se faire entendre, il vient de plus loin derrière.
L’épaule d’Ascheriit se met à se couvrir de sang, mais au même moment, le regard sans vie du nordique se met à luire d’un ultime éclat d’espoir. Celui-ci se redresse et vous vous mettez à avancer plus vite en direction de la voix, quand soudainement du fracas se fait entendre derrière. Ce qui ressemble à un immense rapace beige, ou du moins à un mélange entre un homme et un oiseau, fait son apparition. Lui aussi à l’épaule en sang.
« Te voilà … vous … vous comptez me l’arracher ? Vous comptez me chasser de ce corps ? Pauvre fou … je ne vous laisserais pas faire … il est miens … il est à moi ! Du-je prendre possession d’un de ces autres abrutit là dehors, je le récupèrerais ! Ce n’est pas les maitres bardes qui manquent. »
La faible voix d’Ascheriit s’élève, tel un murmure « Fuyons ».
Sans attendre, le groupe insolite se met à progresser aussi vite qu’il peut avec une chimère à leurs trousses en direction de la voix. Après un moment, ils finissent par arriver dans une sorte de gigantesque bibliothèque. Vehasiel est toujours dernière, mais il a gagné du terrain. Il faut tenter de le perdre dans les rangées de la bibliothèque. La voix d’Ilyanth a cessé de résonner, il ne demeure plus qu’une faible mélopée qui semble émaner d’un livre. Après une partie de cache-cache, vous finissez par mettre la main sur le livre en question, mais Vehasiel vous trouve alors. L’esprit-lié du loup l’attaque alors pour essayer de gagner du temps.
Un combat s’engage entre le loup et l’oiseau alors que l’endroit se met à trembler.
Valmys et Ascheriit se mettent à l’écart pour ouvrir le livre. Une violente lueur s’en échappe et des souvenirs s’impriment dans la mémoire des deux jeunes hommes. On y voit Ascheriit lutter de toutes ses forces, de tout son être contre Vehasiel. On le voit perdre, mais on le voit également mettre en place un stratagème, un long et méticuleux stratagème pour vaincre son adversaire. Un dessein qui semble conduire à ce jour précis. L’apparence du nordique change alors, il redevient ce qu’il était avant sa possession, semblant frais et vaillant. Mais ce regain en force s’accompagne d’une dure vérité : personne ne sortira vainqueur de cette bataille … personne ne doit sortir vainqueur de cette bataille : ni Vehasiel, ni Ascheriit.
Ce qui se passe dehors leur est alors perceptible. Sa’Hila se tient au-dessus de Vehasiel et s’apprête à le tuer à tout instant. La main d’Ascheriit se pose sur la tête de l’hermine.
« Tu dois les prévenir ou Vehasiel les dupera et vaincra. Si je meurs, il s’emparera un autre corps. Il faut le piéger définitivement à l’intérieur du mien … et il n’existe que ce moyen qui soit assez efficace face à lui. Je ne pourrais le retenir que le temps nécessaire pour accomplir ce qui doit être fait. Tu les aideras à chanter et tu leur diras que je suis désolé. »
Valhermine disparait alors en voyant Ascheriit s’élancer en direction de Vehasiel. Le tout jeune maitre barde réintègre totalement son corps. Il a continué à jouer de son instrument jusque-là et fait cesser son chant. Il a tout juste le temps de prévenir qu’il ne faut pas que Sa’Hila tue Ascheriit.
En prenant en compte l’événement et les précédentes réponses, comment réagit ton personnage ?