L’atmosphère chargée de tension qui régnait lors de cette réunion à l’est de Tiamat ressemblait au calme précédant la tempête. Nul n’était dupe quant à l’enjeu du terrible combat qui les attendait et qui pouvait se résumer en ces simples mots « vaincre ou périr ».
En dépit de son jeune âge Nolan allait prendre part à une bataille décisive où ce dernier ne combattrait pas seulement pour protéger son existence et celle de son peuple, mais
le monde entier. C’était la première fois de sa courte vie qu’il endossait
le poids d’une telle responsabilité et même
le fardeau de la Couronne de Sélénia lui semblait dérisoire à côté.
L’adolescent darda une nouvelle fois ses prunelles d’or pur sur cette ile noire et inquiétante, porteuse de funestes présages, qui flottait dans un firmament déchiré.
Et sur la mer, à l’horizon, on pouvait discerner les formes sombres de l’armada du crépuscule, semblable à un nuage de sauterelles prêtes à déferler sur
des champs de blé pour les dévorer.
Après que Cynoe se soit adressé à Verith,
le jeune empereur pu ressentir grâce au lien l’animosité que son lié éprouvait pour cet immense dragon aussi flamboyant que
le brasier d’un volcan. Cependant, l’heure n’était pas à la dissension et aux querelles stériles, car ils avaient besoin d’unir leurs forces afin d’éradiquer la menace chimérique. Aussi jugea-t-il plus sage de tenter d’apaiser la situation en s’adressant au Rouge avec
le respect révérencieux qui incombait aux sauriens, bien que ce dernier soit
le plus farouche opposant au Lien. Par ailleurs, celui-ci pressentait que la moindre rebuffade de sa part susciterait l’ire du Colérique.
Tandis que les deux liés et leurs comparses s’envolaient, prêts à affronter leur destinée, Nolan s’adressa à l’Améthyste, désireux d’apaiser
le cœur de celui qui représentait sa moitié d’âme.
-
Mon lié, j’ai lu dans tes souvenirs à quel point tu es en mauvais termes avec ce dragon rouge mais le péril que nous nous apprêtons à affronter requière toutes nos forces et nous ne pouvons pas nous permettre de mener un combat aussi décisif en étant divisés. Verith nous pense faibles mais il se trompe. Toi et moi nous allons lui prouver à quel point il a tort ! Notre lien est plus fort que tout et peu m’importe ce que pense le Rouge. La beauté d'une telle union est quelque chose qui le dépasse et qu’il ne comprendra jamais. Leurs récriminations étaient incapables de modifier les préjugés de l’Ecarlate à leur sujet, mais leurs actes
le pourraient peut-être.
L’adolescent lui-même découvrait peu à peu la puissance de cette fusion d’âme et l’amour, à la vie à la mort qui l’unissait à son lié d’Améthyste. C’était magnifique et terrifiant à la fois car un tel lien lui faisait entrevoir l’immense souffrance qu’il ressentirait s’il perdait Cynoe. Une douleur si insupportable que celui préférait ne pas y penser, surtout à l’aube d’un tel combat où la mort pouvait les frapper à tout instant.
Le jeune dragonnier envoya une caresse mentale au dragon violine avant de s’adresser à lui avec gravité:
-
Ensemble nous sommes plus forts. Le Lien m’insuffle le courage de combattre à tes côtés, même jusqu’à la mort. Si elle devait nous emporter lors de cette bataille alors j’aimerais rester avec toi pour toujours dans le monde des défunts ou t’accompagner dans chaque renaissance afin de sceller notre union à jamais. Je veux vivre avec toi ou mourir à tes côtés. Telle était la promesse qu’il venait de faire à son dragon et qui
le faisait se sentir plus dragonnier que jamais.
La masse sombre de la forteresse volante se rapprochait rapidement mais à l’approche
des dragons et
des enfants
des Dieux, ses défenses meurtrières s’activèrent. Aussitôt
des portails et
des vortex s’ouvrirent faisant pleuvoir une myriade de projectiles sur les impudents qui osaient défier
le souverain
des chimères.
Par chance, la silhouette serpentine de Cynoe se mouvait avec rapidité, fendant les nuées avec aisance, et tous deux parvinrent à franchir cette pluie de projectiles indemnes. Ce fut également
le cas pour
le reste du groupe, à l’exception de la dragonne aux écailles couleur d’abysses et du Graarh qui l’accompagnait, contraignant l’écarlate à se porter à son secours et à prendre du retard par rapport aux autres participants.
Cette citadelle céleste possédait une esplanade sur laquelle se trouvaient de nombreux gardes, concentrant
des elfes,
des humains ainsi que
des vampires. Nolan remarqua également
des créatures immondes dont l’apparence ressemblait à une hybridation entre
des oiseaux et
des humanoï
des.
Le jeune empereur ne put s’empêcher de grimacer de dégoût et se rappela l’affreuse bestiole qu’il avait combattue sur
le pont de l’Espérance en compagnie de l’équipage du capitaine Sorein. Etant donné la résistance de ces monstruosités, ils devraient faire preuve de la plus grande prudence.
La princesse immaculée et Firindal
le dragon de jade, furent les premiers à se poser sur l’esplanade, suivis par
le jeune empereur et son lié ainsi qu’Aiasil, la reine de la nuit. Tous remarquèrent la présence d’une grande porte ouverte qui comportait en son centre un portail. Il devait s’agir de l’unique entrée et celle-ci était gardée par une troupe de
chimères.
-
Voici le comité d’accueil. Préparons-nous au combat. Mais prends garde mon lié, ces créatures possèdent une résistance surnaturelle, dit l’adolescent en s’adressant à Cynoe au moyen du langage télépathique.
Ensuite, un violent combat débuta entre les dragons, leurs dragonniers et ces créatures abominables.
Le jeune monarque n’hésita pas à faire pleuvoir sur elles
des sortilèges destructeurs mais, comme ce dernier s’y attendait, l’ennemi résistait à leurs assauts en dépit de la férocité dont faisait preuve les écailleux et leurs liés.
Nolan serra les dents de rage. Qu’allaient-ils faire à présent ?
Le combat commençait à durer et si celui-ci s’éternisait, ils risquaient d’épuiser leurs forces. Pourtant, l’adolescent refusait de se résigner, déterminé à percer cette défense ennemie.
C’est alors que Verith ainsi que sa fille Nynsith et ceux qui les accompagnaient les rejoignirent sur l’esplanade. Les retardataires leur prodiguèrent leur aide et ensemble ils parvinrent à terrasser leurs ennemis et à avoir
le champ libre pour pénétrer au sein de la forteresse chimérique. Hélas, pendant ce contretemps, l’ile volante avait poursuivi son avancée dans les airs et s’était rapprochée de Tiamat, ce qui n’augurait rien de bon pour les enfants
des Dieux.
Le dragon de l’Ire et la prêtresse blanche franchirent
le portail, sans l’ombre d’une hésitation, comme si tous deux étaient familiers d’un tel phénomène, et disparurent après l’avoir touché.
Nolan, quant à lui, observa
le mystérieux portail avec méfiance en se demandant si cette porte ouverte, comme pour les inviter à entrer, ne dissimulait pas un quelconque piège. Les choses se passaient trop facilement, comme si « quelqu’un » attendait leur arrivée et que ces gardes placés à l’entrée, malgré leur résistance, n’étaient que
des pantins servant à orchestrer une mise en scène afin d’endormir leurs soupçons. Néanmoins, ils n'avaient guère d'autre choix que de s'y aventurer à leur tour.
Après cela, les autres membres du groupe franchirent
le portail et ceux-ci se retrouvèrent à l’intérieur d’une salle gigantesque où l’espace semblait se distordre pour s’adapter aux nouveaux arrivants. Décontenancé par ce singulier phénomène qu’il expérimentait pour la première fois,
le jeune empereur embrassa les lieux du regard, essayant d’en comprendre l’origine.
La vaste salle où
le groupe venait d’entrer possédait la noirceur de l’obsidienne et était parcourue de nombreuses striures d’un bleu sombre et intense, semblable à celui d’une pierre précieuse. Nolan remarqua également la présence de vitraux ornant les murs de cette salle insolite et décrivant
des scènes énigmatiques, comme issues de temps immémoriaux.
Soudain, l’adolescent revint brutalement à la réalité et la peur jaillit dans son cœur. L’endroit était empli de cette puissante et oppressante énergie déjà perceptible depuis la plage de Tiamat. Ses mires s’agrandirent et son palpitant se mit à battre plus fort en discernant de l’autre côté de la pièce une créature à l’allure majestueuse.
Juché sur son trône, cet être étrange arborait une silhouette anthropomorphe, d’une taille démesurée, et entièrement recouverte d’un épais plumage grisâtre sur lequel la lueur azurée
des striures se reflétait. Son faciès ressemblait à celui d’un rapace et ses prunelles d’un jaune orangé miraient les enfants
des Dieux avec amusement, pendant que ses pieds terminés par
des serres d’aigle tapotaient sur
le sol. Quant à ses bras ailés, la première paire était croisée sur sa poitrine et la seconde reposait sur l’accoudoir.
Dès après la voix de Kalyna résonna s’adressant à l’imposant Homme-Oiseau.
« Toutes mes salutations, votre Majesté. »
Le ton de la dame blanche était glacial malgré l’apparente politesse de ses paroles.
L’altesse au faciès d’aigle prit alors la parole à son tour, s’adressant à elle d’une voix sèche et autoritaire. Et ses paroles peu amènes ne laissaient planer aucun doute quant au sort funeste que ce dernier lui réservait ainsi qu’à son « complice »,
le dragon rouge.
Ensuite levant l’une de ses ailes, celui-ci fit signe aux liés d’approcher :
« Vous là, rapprochez-vous. Mettez un genou en terre et prenez votre place à mes côtés. Il est temps que cette mascarade cesse ne pensez-vous pas ? Vous combattez les miens, mais vous êtes pourtant nos meilleurs alliés face à notre père. Vos vies seront préservées, ainsi que votre liberté. En remerciement pour vos actions. »Le souverain de Sélénia l’écouta parler sans l’interrompre, interloqué par ces propos pour
le moins sibyllins. Que voulait-il dire par alliés et qui était ce père dont il parlait ? Certes, ce dernier s’attendait à croiser une créature repoussante, mais une telle entrée en la matière avait de quoi surprendre.
Nolan se reprit et lui lança un regard brûlant de haine :
- Jamais les membres de ma lignée n’ont ployé l’échine devant quiconque et ce n’est pas moi qui vais commencer ! Que veulent dire tes paroles ? Et qui est donc ce père dont tu parles ? Quant à la prétendue liberté et sauvegarde que tu nous promets, elles ne sont que mensonges pour nous duper ! Les tiens ont ravagé Ambarhùna fauchant tant d’existences innocentes et tu nous proposes de devenir tes alliés ? Plutôt mourir sur le champ que de m’associer à un être abject comme toi !La colère bouillonnait dans les veines du jeune dragonnier et l’envie de retirer son épée, Ondine-eau dormante, de son fourreau pour attaquer cette monstruosité commençait à
le démanger sérieusement.
Spoiler :
Après s’être envolée, se dresse sur le chemin du groupe une pluie de projectiles. Nolan, sur le dos de Cynoë, parvient à la traverser sans grande difficulté.
Les deux liés arrivent peu après Firindal et Orfraie aux abords d’une esplanade où se tiennent de nombreuses chimères. Derrière ces derniers se dresse une porte avec en son centre un portail, probablement le moyen d’entrer à l’intérieur de la forteresse.
Un combat s’engage alors contre les gardes de l’esplanade. Ce dernier s’éternise, personne ne parvenant à prendre l’avantage, jusqu’à l’arrivée des retardataires. La bataille tourne court et les chimères sont mises hors d’état de nuire.
Désormais, se dresse devant le groupe la porte grande ouverte de la forteresse ennemie avec en son cœur un portail. La prêtresse blanche et le dragon rouge pénètrent le vortex sans crainte, semblant familier de ce type de phénomène. Les deux êtres disparaissent juste après l’avoir touché.
Tout ceci semble trop facile et cette porte grande ouverte est très probablement un piège, mais restez ici à ne rien faire ne changera rien à la situation. Le reste du groupe traverse donc le portail. De l’autre côté se trouve une salle gigantesque. Nolan a même l’impression que cette dernière enfle comme pour s’adapter aux visiteurs.
La peur assaille soudainement le jeune empereur lorsqu’il revient à la réalité. L’imposante et inquiétante puissance qui était déjà perceptible depuis la plage de Tiamat, est ici omniprésente. De l’autre côté de la pièce, de dresse une créature à allure noble. L’être à la morphologie d’un humain, à ceci près qu’il est intégralement recouvert de plumes, sa tête est celui d’un rapace, ses pieds ceux d’un aigle. Celui-ci est d’une grande taille, bien plus qu’un délimarien qui ferait pâle figure.
Un échange commence alors et celui qui se nomme « maitre majesté » prononce des paroles pour le moins énigmatique.
En prenant en compte l’événement et les précédentes réponses, comment réagit ton personnage ? Que fait-il ?