La tension se faisait désormais palpable autour de la demoiselle. Les mouvements précis et répétés de l'équipage étaient comme ceux des écrous au sein d'une grande machine. Comme des robots ils avançaient machinalement autour d'elle, certains le regard perdu dans leur dernière contemplation des vagues, tranquilles, s'échouant sur le foc. D'autres préféraient passer ce dernier moment de liberté insouciante l'esprit vide de toutes ces peurs qui referont surface le moment venu. Tous, à leur manière, sentait que cette brise sur leur visage serait ultime, qu'il était temps, car c'était maintenant où jamais, de faire ses comptes et ses prières. Les esprits ne leurs viendraient pas en aide, mais peut-être auraient-ils l'espoir de ne pas mourir dans la terreur.
La conseillère avait encore du mal à appréhender tout cela. Elle avait même peine à se rendre compte qu'elle joncherait peut-être le sol dans son propre sang tout à l'heure. Elle serait étendue sur le ponts, sa tête reposant sur le corps inanimé d'un garçon de cuisine venu tenter sa chance sur le champs de bataille. Oui, car c'était peut-être le seul moment où ils seraient égaux, ces va-nu-pieds et elle; Dans la mort. La mort. Elle avait beau se le répéter sans cesse, son esprit demeurait vide. Elle écoutait à peine les encouragements de sa collègue. Tout cela, les prières, les soldats, les chimères, sa présence sur ce pont, tout lui semblait juste absurde. Pour se rassurer elle pensait au moment où elle rentrerait, victorieuse parmi les survivants, Caladon sauvée et son nom gravé au marbre du monument d'espoir. Autone avait peut-être raison; Il n'y avait aucun courage à se lancer dans la mêlée...mais c'est ce qu'elle aimerait que les citoyens ressentent quand il penseront à elle.
« L'échec ne fait pas partie de mon vocabulaire. Mourir n'est pas dans mes plans pour aujourd'hui, rassure toi. » La mort semblait tellement irréelle qu'elle en était presque improbable. Elle était Eleonnora Ostiz, future Bourgmestre de Caladon, le destin la préservera de la mort, comme il l'avait préservée des malheurs jusqu'alors.
Une ombre obscurcit le pont et la conseillère se joignit aux soldats qui levèrent la tête vers cette masse comme le premier présage funeste de la bataille à venir. Elle avait déjà vu des dragons, de loin surement et s'ils étaient en temps normal une véritable source de curiosité, ici, ils étaient d'avantage une source d'angoisse. S'ils avaient besoin de joindre à eux, cette guerre dépassaient les capacités même de cette flotte en bois. Elle les regarda s'envoler de façon étonnamment gracile pour d'aussi grosses bêtes. Sans daigner adresser d'attention aux bipèdes sur leurs embarcations, ils allaient se préparer pour une autre bataille. Aucun n'eu de peine à apercevoir la masse volante, planant au dessus de leur tête, à l'air menaçant. Un nouveau frisson parcouru l'échine de la demoiselle. Ils étaient cernés de toutes part...et pour le salut de l'humanité, il n'avaient de choix que de se battre. Mais le salut de l'humanité? Qu'est ce qu'elle s'en fichait! Qu'ils l'obtiennent leur salut! Qu'ils la gagnent pour elle, elle en sera bien heureuse! Elle aurait préféré attendre qu'on dépose à ses pieds la tête de ses affreuses créatures! Toutefois il n'était plus temps de regretter...A l'horizon se dessinait la flotte ennemie, enfin. Plus ils avançaient plus la boule dans son ventre grossissait. Elle entendit Autone donner des ordres à son escorte et tenta de faire de même mais sous sa lèvre tremblante les sons semblaient s'être éteint.
Elle se laissait porter par son escorte, par sa collègue, déjà dans le feu de l'action qui l'entourait sans réellement s’apercevoir de son état. La main sur sur son feutonerre, elle attendait juste le fracas de la coque. Elle fut balancée par les coups des coques, essayant de rester ferme sur ses appuis, s'appuyant sur sa garde de temps à autre. A chaque coup son coeur semblait lui aussi éclater et ses poumons se vidaient comme s'ils étaient le bordage du bateau. Elle tenta de se reprendre, il fallait qu'elle se reprenne. Le dernier choc, plus brutal que les autres, aurait pu violemment la projeter si son ainée ne l'avait pas attrapée au bon moment. Elle n'eu pourtant pas le temps de la remercier. Se relevant vite en commençait à comprendre, contemplant avec horreur la vague de visages hideux de haine, ce que voulait dire sa collègue tout à l'heure. Cela la prenait aux tripes. Elle fut cependant moins rapide que cette dernière, qui, usant d'un sort, repoussa la première vague d'ennemi prêt à déchiqueter tout ceux qui leur passaient sous la main. Sous des trombe d'eau ils se virent éjecter par dessus bord, leurs cris couvert par le brouhaha déjà ambiant de la bataille.
Il n'y eu pourtant pas lieu de se réjouir très longtemps car de nouvelles créatures accostaient la frégate. Dès que leur corps difforme s’esquissa sur les planches, la jeune femme su qu'elle n'était pas la seule à s'abandonner à des visons d'horreur. Leur long corps décharné semblait à peine tenir sur deux pattes branlantes. Et pourtant leurs petits yeux cruels ne semblaient pas moins féroces. Peut-être qu'elle aurait moins de scrupule à s'acharner sur de telles abominations se dit-elle tandis que les chimères fondaient de manière enragée sur l'équipage. Il n'y eu pas plus d'hésitation de sa part, maintenant elle savait ce qu'elle avait à faire. Mimant un arc bandé elle lança une première flèche magique vers ces monstruosités sans nom. Des coups donnés dans tout les sens, une cohue meurtrière s’installa sans qu'elle ne puisse rien y faire. Vite submergée par le flot de la bataille, elle ne put s'empêcher de reculer, ayant à peine le temps dégainer sa dague. Une fraction de seconde plus tard elle était dans la cohue, tout était flou, et elle tentait tant bien que mal d'esquiver les coups. Ses jambes la portaient instinctivement, essayent de se caler au rythme effréné de la bataille. D'autres ennemis finiront par atteindre le pont, il ne fallait pas qu'elle traîne trop prêt du bords là où les pauvres malheureux, piégés à leur sort, posséd- Non.Ce n'était pas possible. Elle donna un nouveau coup dans le vide. La créature fondit sur elle, vite arrêtée par un coup d'épée qui la tourna vers un nouvel assaillant. Elle tenta de retrouver la vision trop peu distincte qu'elle avait eu l'instant d'avant. Oui, elle le voyait, ce visage connu, parmi ceux des autres humains...plus elle le voyait, plus cela lui paraissait aberrant. Elle pouvait pourtant le reconnaître entre mille.
Rien d'autre ne lui vint à l'esprit qu'un juron. Le crétin. Crotte, flûte, zut, merde! Qu'est ce qu'il s'était passé sur le front du sud? Ces créatures sordides, ces erreurs de la nature, ces êtres putrides, elles avaient cru, ne serait-ce qu'un instant, qu'elles auraient pu toucher à un poil de SON Artane?! Etait-ce bien lui? Elle n'avait pas le temps de douter, elle esquivait déjà un autre soldat qui reculait, manquant de la bousculer. Elle argua un soldat lui demandant abruptement, entre deux coup d'épées de la couvrir. Il sembla hésiter mais elle ne lui laissa pas d'autre choix, fendant déjà la foule avec une nouvelle rage. Elle pouvait pas laisser son amant ici...il risquait le pire, si ça n'était pas déjà fait...
« ARTANE! » Elle s'élança sur la rambarde en dépit du risque de se faire atteindre. Aucune réaction, seuls les visages remplit de haine menaçante se tournèrent vers elle. Son coeur se déchira une deuxième fois. Aucun sanglot ni nausée ne vint, juste cette même haine qui semblait animer les malheureux possédés. Si l'idée de sa propre mort lui donnait la nausée, celle d'Artane lui donnait envie de tout fracasser. Son sang ne fit qu'un tour. Elle n'allait certainement pas le laisser ainsi. Ça ne serait rien de plus qu'un instant, ce serait pour son bien.
Tandis que de nouveau assaillants se jetaient sur elle, repoussés de justesse et avec mal par son escorte précaire, elle usa de sa magie contre le corps acharné de son amant qui s’apprêtait à fondre dans le tas.
Spoiler :
Flèche des arcanes
Le lanceur concentre son énergie afin de créer une flèche d'énergie crépitante qui peut traverser une armure ( permet de remplacer une véritable flèche )
Geste clé : Mimer l'action de tendre un arc
Malédiction de chaines
Le lanceur fait jaillir plusieurs chaines qui viennent s'enrouler autour de la cible, les chaines se resserrent et obligent la victime à tomber à terre en la ligotant. Dure jusqu'à ce que la victime soit libérée.
Geste clé : Former un tube avec les deux mains et le lancer vers la victime.
Spoiler :
L'attente était interminable pour la Conseillère, elle qui n'avait jamais fait la guerre. Fort heureusement, elle bénéficiait de la présence d'Autone à ses côtés. Elle, elle avait déjà fait la guerre et lui prodigua quelques conseils. Dans les cieux, se détachait la large silhouette nacrée du dragon Kaalys : voilà qui devrait leur prêter main forte à l'avenir. Les autres dragons auraient été d'un grand renfort mais une grande partie d'entre eux rejoignait cette structure flottante dans les airs : une aberration comme Eleonnora n'en avait jamais vues.
Les armes marines résonnèrent à l'approche de la flotte ennemie, le fracas du bois qui éclatait faisait vibrer les cœurs de crainte. Parfois, le navire d'Autone et Eleonnora tremblait sous le joug d'un violent assaut. Le choc vint quand un vaisseau chimère s’emboîta contre le flanc du vôtre. Les grappins et cordes agrippaient leurs griffes funestes et une dizaine de chimères entamaient leur venue quand un jet d'eau sous haute pression s'éleva de l'océan pour emporter ces cruels hères par dessus bord.
Mais l'accalmie ne fut que de courte durée. Depuis des cordages, des créatures abominables abordèrent la frégate captive. Elles avaient un corps de bipède décharné, une tête d'oisillon avec quelques plumes naissantes sur le sommet du crâne, drues et solides. Elles faisaient froid dans le dos. Une dizaine de ses bêtes accosta sur votre pont, la bataille s'engageait. Les guerriers vinrent au corps à corps tandis que des humains possédés terminaient d'attacher solidement les navires entre eux.
De ces humains, Eleonnora distingua un visage familier. Ces longs cheveux brun, ce visage de voyou, cette... Moustache ! Artane n'était tout de même pas là, possédé par une chimère ?! Qu'était-il arrivé dans les combat au sud ? Était-ce bien lui ? Difficile à dire dans la cohue. Elle ne peut pas se poser un instant pour mieux voir. Que fait Eleonnora ?