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[INTRIGUE] Question de morale

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Shyven accepta volontiers l’invitation d’Aldaron de crécher chez lui pour la nuit.

Elle avait brièvement suivi toutes les conversations, histoire de ne pas perdre le fil de l’enquête, mais elle laissa les détails des affaires bipèdes, justement aux bipèdes qui se triturait bien le cerveau depuis le début de cette intrigue.

Une fois arrivé au grand domicile d’Aldaron, la dragonne rose prit naturellement une place aux côtés de sa comparse Nahui, qui était finalement celle dont elle se sentait le plus proche, bien plus que l’autre-bipède-pas-palot attirait aussi la petite rose. Lui semblait aussi bien se triturer les méninges, et ne parlait pas pour ne rien dire. Un bon point, selon la dragonne.

La nuit fut très calme pour Shyven, point de visions ni autres cauchemars divers et variés ne vinrent hanter la dragonne … Elle porta conseil, également. En effet, depuis les récentes révélations, il s’était passé beaucoup de choses. Elle tâcha de calmer ses ardeurs de Tribunal Vivant, où tout du moins à les canaliser vers quelque chose de plus utile. Si elle pensait tout ce qu’elle avait dit à Aldaron, peut être qu’il fallait s’y prendre autrement qu’à la manière forte pour obtenir des informations.

Particulièrement, Shyven profita de la longue nuit pour réfléchir aux actes de ces gens, et des conséquences que cela pouvait avoir. Pour la dragonne rose, cela ne faisait aucun doute que ces “Brise-sorts” comme les bipèdes les appelaient, qui vouaient un culte à son grand-père, n’étaient qu’une maille du chaînon qui venait de se dresser devant eux. Elle ne savait pas si c’était son instinct de dragonne qui la poussait à voir les choses naturellement de haut, ou tout autre chose, mais sans qu’elle ne sache vraiment expliquer pourquoi précisément pour elle …

Les attentats visaient peut être des personnes particulières à chaque fois, mais un vecteur commun se dressait clairement dans la tête de Shyven : La Magie … On en voulait à la Magie. Mais pourquoi en vouloir à la Magie ? Et d’une manière générale, pourquoi avoir décidé seulement d’épargner la dragonne rose en lui effaçant ses souvenirs, pourquoi avoir pris en otage une vingtaine de Nywins  … ?

Shyven quant à elle, était restée longtemps pensive sur ces questions : de ces observations, elle avait vu que souvent les bipèdes agissaient n’importe comment quand ils laissaient trop libre court à leurs émotions et pulsions : la peur, la colère, l’exaspération, la faim …  Elle n’était pas une grande experte en sociologie bipède, et sans doute devrait-elle en reparler à ses compagnons, mais peut-être qu’un mouvement de peur, de colère et d’exaspération face à la Magie avait créé tout cela …

La vénération de grand-père-Verith par les brise-sorts intrigua aussi la jeune dragonne : lui qui était si connu pour être farouchement anti-Lien … Et aussi dingue que cela puisse paraître, Shyven avait constaté plus d’une fois que ses idées avaient une certaine résonance chez les bipèdes.

A ce moment de sa nuit, la petite rose eut un regard plein de compassion, et une petite accolade pour sa blanche-comparse dormante. Elle avait constaté à plus d’un titre que le Lien n’était pas si mauvais que ça. Son éradication comme sa promotion totale et intégrale ne pouvait pas être la solution à son problème. Il y avait d’autres façons de procéder.

Forte de cette nuit emplie de réflexions, Shyven se leva le matin d’une meilleure humeur, toujours en rogne contre ses détracteurs mais suffisamment éclairée dans ses pensées pour ne pas voir le rouge qui imbibait petit à petit ses pensées. Si elle n’avait pas encore tous les éléments à sa disposition, elle était persuadée d’avoir un début de quelque chose.

Elle tâcha de manger un morceau de ce que les serviteurs d’Aldaron voulaient bien servir, et rejoignit rapidement ses compères enquêteurs. Shyven fut rapidement informée que justement, l’ex-Bourgmestre de Caladon n’était pas présent avec eux ce matin. Nahui semblait leur dire que son lié les rejoindrait plus tard.

Cela n’inquiéta pas plus que cela la jeune dragonne, Aldaron avait l’air d’être chez lui, et de ce qu’elle avait compris de ses longues conversations avec Nahui, il était un bipède d’envergure qui avait dû se sortir de situations bien plus épineuses que celle qu’ils vivaient actuellement. Aucun risque pour lui, quoique fut le prétexte de son absence.

Cependant, cela n’empêchait pas au petit groupe d’avancer, car la dragonne rose sentait que le temps jouait contre eux. Au fil de la discussion, Shyven vint finalement porter son attention à l’autre bipède-pas-pâlot, qu’elle avait bien appréciée ce dernier jour. Elle se rapprocha de lui, et vint un instant contre lui, avant de se dégager pour s’installer à quelques pattes d’Ilhan.

Oui, elle l’aimait bien ce bipède. Il énumérait des plans qui parlaient beaucoup à la jeune dragonne. Néanmoins, il avait visiblement besoin d’être rassuré dans ces idées et qu’il était bon de les entreprendre. Sans crier gare, Shyven s’ajouta au débat en cours :

“Je suis en accord avec ce que bipède-pas-palôt-Ilhan dit… J’aimerai cependant vous inciter à agir au plus vite, quelque soit notre décision. L’absence d’Aldaron est certes un événement inopportun, mais nous ne devons pas nous arrêter à ce désagrément. Il est ici chez lui, il a prouvé de nombreuses fois sa force et son astuce, il sera bientôt de retour parmi nous, quelque soit la raison de sa balade matinale … Ou nocturne d’ailleurs.”

La dragonne fit une petite pause, avant de couler un regard vers Nahui. Il était Invincible grâce à elle après tout. Puis elle reprit son petit exposé :

“Pour le reste, je suis d’accord sur le fait que nous devons tirer des informations auprès de Paoele au plus vite… En la brusquant que si nécessaire. Bien qu’elle soit coupable comme tous ceux qui ont provoqué cela, elle mérite peut être la clémence. D’autant que je ne suis pas sûre du niveau d’implication de chacun dans cette affaire.”

Si Shyven pensait hier que tout le monde n’était que bon à être brûler, ses réflexions nocturnes avaient tempérées ses propos. Il était si facile d’être séduit par des paroles, et des pensées-valises qui promettaient monts et merveilles … Elle en fit d’ailleurs part au groupe :

“Ce sont tous des individus dangereux à n’en pas douter. Mais vous le savez sûrement mieux que moi, certains bipèdes sont fragiles, et facilement séduits par des discours globaux … Depuis le début je suis persuadé que toute cette organisation n’est qu’une facette que ce que nous avons réellement en face de nous. Vous l’avez dit, ces attentats avaient comme motivation principale de dénoncer la magie et son usage … La vénération de mon grand-père par ces individus qui ont provoqués les attentats veut dire bien des choses également. Pour ceux qui ne l’ont jamais côtoyé, il est sympathique avec nous autres dragons libres, mais l’est nettement moins avec les dragons liés, et les bipèdes. Dans un cas comme dans l’autre, il est facile de se laisser convaincre par ses doctrines, dans lesquelles on peut ranger tout et n’importe quoi. Et qui cause un grand tort à l’Équilibre. ”

Shyven fit délicatement bouger ses écailles, avant de reporter son attention à nouveau sur Ilhan, histoire de le tester, et voir s’ils étaient sur le même fil de pensée :

“Je ne suis pas au fait de toutes les affaires bipèdes, mais ces hypothèses ne me semblent pas incohérentes. C’est le fruit de mes réflexions nocturnes. Ce dont je suis sûre par contre, c’est que ces individus sont organisés et que le temps joue contre nous, ils nous l’ont fait remarqué plus d’une fois.

Nous devrions rapidement nous mettre en marche pour interroger Paoele, elle peut être nous en dire plus sur la question.”


Finalement, après avoir fini sa petite allocution, Shyven retourna auprès de Nahui, et frotta sa tête contre ses blanches écailles. Du réconfort, et du soutien. Voilà exactement ce qu’elle cherchait pendant ce genre de moments où sa pensée draconique et ses facultés d’expression étaient mis à rude épreuve.


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Nahui s'était endormie aussi lourdement que les rochers tombent de leurs falaises. Épuisée, posée sur un nid moelleux de tendresse, il ne lui en avait pas fallu davantage. Son sommeil n'avait pas été aussi doux et réparateur qu'elle l'aurait voulu. Elle n'avait pu s'empêcher de laisser son esprit dériver vers Lié et ce que ce dernier faisait, si bien qu'à son réveil, elle n'était plus vraiment inconsciente depuis quelques heures. Groggy, la mine hagarde, elle avait suivi Shyven, se fiant uniquement à la magie qui émanait d'elle pour orienter tant ses pattes que son esprit. La vérité était plutôt que ce dernier allait et venait entre l'odeur sucrée de sa congénère et l'activité lointaine de Lié.

Aussi lorsqu'elles rejoignirent le reste du groupe, Nahui les trouva tous bien prompts à la réflexion et l'agitation, dès le matin. Aussi ne suivit-elle que d'une oreille, le nez enfoncé dans ses savoureuses bavettes matinales. Le bruit de ses crocs déchirants la chair, et cette dernière s'agitant dans sa bouche, faisait un agréable bruit de fond à la conversation. En tout cas, elle trouvait cela agréable.
Elle avait rassuré Créé-par-Lié sur l'absence de ce dernier, et avait mentalement approuvé son plan pour aller voir Poel. Il la prenait un peu au dépourvu, elle qui se voyait déjà profiter de l'absence de Lié pour leur faire découvrir les jardins de Caladon, présenter les plus délicieux parfums à sa tout aussi délicieuse congénère. Mais le plan de Créé-par-Lié était trop intéressant pour qu'elle le lui refuse, ou le désapprouve. Elle écouta également Shyven énoncer ses réflexions nocturnes, en prenant grand soin de se rendre compréhensible par ces derniers. Elle était bien gentille, envers tous les bipèdes. Aussi quand elle revint auprès d'elle, Nahui lui apporta les mordillements et le contact physique et mental dont elle avait besoin. Elle avait bien parlé. Elle était très forte et très juste. Pour cela, la dragonnette la complimenta délicatement.

Les deux autres bipèdes voulurent préparer le jeu d'acteur de bipède-maladroit. La dragonne des neiges eut un froncement de nez à cela. C'était bien les bipèdes, ça. Toujours prendre du temps avant de faire les choses. Ahlala. Mais sans eux le plan allait beaucoup moins marcher. Soit. Cela lui laissait le temps de finir de présenter les lieux à Shyven. Après tout, Aldaron avait ses propres jardins, et elles avaient là-bas largement de quoi jouer.

Quelques heures plus tard, ils étaient tous chez Pwel. Le premier contact s'était bien passé. Ils avaient pu rentrer, en tout cas, et Pwel avait proposé à boire du téozalg à tout le monde. Il s'avérait que le téozalg était de l'eau chaude dans laquelle des algues avaient trempé. L'odeur n'était pas mauvaise, mais Nahui devinait qu'elle aurait plu d'autant plus ses congénères des flots. La maison de Paoal était posée le long du canal principal, le surplombant légèrement. En tout cas, le balcon sur lequel les bipèdes prenaient leur thé était au-dessus de l'eau. Nahui s'y était posée aussi, la queue enroulée autour de ses pattes, le nez en l'air, profitant des sons et des odeurs des environs. Lié n'était pas loin, avec son maïs soufflé. Avait-il oublié qu'il se nourrissait uniquement de rêves ? Ahlala. Ces bipèdes et leur étourderie.

Nahui aurait aimé juste rester là, profiter de son existence, et des présences rassurantes de Lié dans sa tête, Congénère-sucrée à ses côtés. Cela n'allait pas être le cas. Venant d'Ilhan, Nahui reçut une information d'importance capitale, et d'urgence directe. Elle fut transmise directement à Lié et, tranquillement, la dracène aveugle commença à explorer la maison de Pael, le nez en l'air, à la recherche de quelque chose qui pourrait soigner bipède-maladroit au plus vite. Pour rallonger le temps de vie de ce dernier, il fallait le détendre. Son esprit vint contre le sien, lui offrit de l'affection tout à fait innocente, ainsi que le sentiment de sécurité. Avec elle, avec Lié, il ne craignait rien. Elle écartait de lui sa propre angoisse, pour qu'il puisse au mieux ralentir les battements de son cœur.

Spoiler :

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    Quelques temps plus tôt...

    Oui, demain serait un autre jour... Pour les autres. Après quatre heures de transe, l'Ast ouvrait à nouveau les yeux. Aldaron se leva de son fauteuil et alla focaliser son esprit en regardant la ville endormie par la fenêtre. Comment démêler tout cela ? Il n'en avait pas la moindre idée pour l'heure et ne pouvait guère anticiper toutes les réactions possibles. Une chose était néanmoins certaine : Aldaron n'était pas un belliciste. Il ne désirait pas plus la guerre qu'il ne voulait la faire. Il était néanmoins très habile dans les discussions, était-ce alors naïf de sa part de croire qu'il pourrait résoudre cette affaire simplement par quelques paroles ? Son côté joueur avait envie de parier, dusse-t-il s'en mordre les doigts. Il aurait au moins essayé et même dans un échec, il aurait le mérite d'avoir voulu faire preuve de bon volonté. Il vérifia que tout le monde dormait bien en allant manger un rêve de chacun de ses prisonniers de luxe puis remis la cape du clan Elusis sur ses épaules avant de quitter le domaine, sous couvert de sa garde qui le laissait passer lui. Ses hommes n'étaient pas bien assuré de le laisser partir seul... Mais l'Ast ne leur laissa pas vraiment le choix. Ils devaient garder ses invités, au moins jusqu'au lendemain.

    Ils ne s'étonneraient pas trop de l'absence du Conseiller au petit déjeuner : au fond, Aldaron était une personnalité publique qui avait des fonctions et des responsabilités à prendre au sérieux. Le vampire avait demandé à sa Liée de prétexter une réunion politique, pour Caladon, puis qu'il irait dans le jardin public. Un jardin qui était de l'autre côté du port où il se rendait et où Shyven avait rencontré les fameux Brise-Sorts. Il passa les deux premières heures, dans les rues de Caladon l'endormie, à tâcher de repérer les lieux. Le port de Caladon vivait même la nuit et les marins ne furent guère surpris de le voir passer. Il chercha les entrepôts où on mettait du poisson. Eu égard de l'odeur que cela avait, ils étaient bien à part et on ne se servait pas de ces entrepôts pour d'autres choses. Il aurait été fort dommage que les belles soies elfiques importées aient une odeur à vomir. Entrant à l'intérieur de l'un d'eux, il reconnut le lieu, comparé aux souvenirs de Shyven. Le soleil commençait à rosir le ciel, à l'horizon lorsqu'il entra. L'Ast retira et rangea ses gants puis il passa la trappe. Le décor était bien celui que Shyven et Voronwë avaient vu. Les cages, le temple... Et les lyssiens. L'antique leva ses mains cendrées, pâles comme l'éclat de la lune en signe de non agressivité.

    « Mon nom est Aldaron Triade. » leur fit-il. Cela serait une évidence pour certains, si ce n'était tous. « Je ne suis pas venu pour me battre. » Et eux, sans nul doute, ne s'étaient pas attendu à ce qu'il vienne tout court. « Je suis venu pour discuter avec vous. Vous agissez dans la clandestinité et ce que vous faites plonge Caladon dans la peur. Vous laissez des traces, derrière vous, de plus en plus de traces qui ne feront que conduire l'Alliance sur le chemin des soupçons, de la paranoïa et la guerre. Je vous en conjure, si ce n'est pas vos intentions, accordez-moi audience, parce que moi non, plus, je ne veux pas d'une guerre. » Et ce qu'il avait accompli avec Tryghild en était la preuve par les faits. « Je peux déposer mes armes, si vous le souhaitez. » Mais il ne voulait pas les saisir sans autorisation car il n'avait pas la moindre envie qu'on prenne son geste pour les prémices d'une attaque.

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Le bruit de la trappe s’ouvrant alerta les soldats présents, offrant à la vue de l’Ast un quatuor solide et prêt à recevoir tout intru. Pour autant, la surprise était palpable, visible dans leurs yeux. Ils n’attendaient pas de visite et encore moins de l’ancien Bourgmestre. Stoïques cependant, silencieux, ils observaient cet adversaire potentiel tout le temps qu’il descendit et approcha. Et il n’attaquait pas. Eux non plus, n’attaquaient pas. Il était dragonnier et les dragons étaient des êtres sacrés. S’ils blessaient le dragonnier, la dracène serait tout autant mise à mal. Une pensée outrageante. Vaea n’était pas présent, pas visible peut-être ? Aldaron s’en assure assez vite, ayant goûté la liqueur de sa puissante détermination dans la chambre diplomatique de l’elfe mort. Il est bien là, son âme pulsant d’une vibrante extase. Ainsi était l’assurance d’être exactement où il devait être, comme il devait être, poursuivant le but même de toute son existence.

Le silence s’étiolait doucement tandis qu’on le mirait, puis la voix du premier disciple vint à emplir l’air, posée et profonde, à l’accent chantant et exotique, en langue commune et les rangs des Brises-Sorts se relâchèrent pour le laisser passer, tout harnaché de son armure sombre, grand arc renforcé de métal dans le dos et un ruban rouge purpurin noué sur le poignet droit. “Vous avez un râtelier sur votre gauche” Il laissa l’Antique s’exécuter, ne dissimulant nullement qu’il n’escomptait pas bouger d’un pouce avant cela. Lorsque ce fut fait, cependant, il hocha légèrement de la tête et eut un geste d’invitation, vers la grande table de bois derrière lui et les chaises qui l’encerclait. “Venez” Lui-même s’installa face à lui après avoir retiré de devant le vampire les nombreuses liasses de papier étalées avec opulence. Il déposa son arc sur la table lentement et se prit à observer avec insistance son invité surprise. L’oeil du côté brûlé était légèrement tuméfié mais il était évident que l’humain avait eut une chance inouïe de ne pas le perdre purement et simplement.

Il est naturel pour Caladon d’avoir peur” Il ne souriait pas, et son visage, en dehors des brûlures, était lisse et inexpressif mais son regard brûlait comme un brasier, à l’opposé de son attitude “Vous dites ne pas vouloir la guerre Conseiller. Je vous confirme que ce n’est pas notre intention, pas la guerre à laquelle vous pensez. Que Caladon affronte Délimar, que Délimar affronte Ipse Rosea, n’est pas notre intention. Mais une guerre a bien lieu et elle est inévitable” Il laissa quelques instants de silence passer, à peine quelques battements d’un coeur tranquille. Puis il reprit. “Vous avez mon attention. Je sais que vous n’avez rien dit à Dame Ostiz. Pour cela et pour votre statut de dragonnier… je vous écouterais. Qu’espérez-vous en venant ici, Conseiller Elusis ? Quelles sont vos intentions ?

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    Il était là, Aldaron le sentait. Il sentait sa détermination farouche et son fanatisme vivace. Lorsque sa silhouette au visage à moitié brûlé se dégagea d'entre les autres, l'Ast le reconnaissait bien. Il avait repris du poids, depuis Morneflamme, comme tout ceux qui avaient réussi à survivre sans être tentés par la corde ou le poison. Le vampire ne détacha son regard droit et régalien de lui que lorsqu'il fut question d'un râtelier sur sa gauche. Il s'en approcha et y posa son arc, puis défit sa ceinture à laquelle étaient accrochés son carquois, son feutonnerre et son épée. Il défit également son poignard avant de s'installer où on l'y invitait. Limilocë avait la forme de petites plumes d'argent prises dans sa tresse blonde.

    Son vis-à-vis était aussi un archer et ses yeux étaient vifs. Son regard, pesant sur le dragonnier, ne le fit pas ciller. Il avait l'assurance d'un homme de poigne que la vie avait endurci. Il avait peur, oui. Il aurait été sot de ne pas connaître la peur, mais il ne la dévoilait pas. Pour autant, il n'affichait ni nonchalance, ni irrespect. Il était là, droit, en toute connaissance et admiration des forces des Brises-Sorts, tout en connaissant ses propres forces. Il l'écouta et ne parla que lorsqu'on l'interrogea : « Ce que j'espère, c'est trouver un compromis. » Il ne cherchait pas à lui nuire, à l'enfermer dans une prison ou lui envoyer toute une armée sur le dos pour l'arrêter. Il aurait pu, mais aurait-ce été fructueux pour tous les deux ? L'homme face à lui aurait ruminé dans sa geôle et même mort, son idée elle, elle aurait continué. Il devait la comprendre.

    « C'est vous qui avez tué le mage de la Loge, n'est-ce pas ? Je sens votre aura ici, comme je l'ai sentie dans la chambre où on l'a retrouvé. Vous étiez aussi présent lors du meurtre de Laïos Bonaventure, dont les services de contrebande ont acheminé un objet magique douteux... » Une tentation à laquelle on pouvait céder par facilité ou résister. Mais plus que cela, il pouvait être utilisé à des fins moins égoïstes et malsaines. « Que j'ai fait détruire. » Par un homme de confiance. Aussi ne doutait-il pas de dire la vérité en l'instant présent. « Il y a en vous une détermination infaillible que je n'ai pas l'intention de combattre. Je vous crois lorsque vous me dites ne pas vouloir de guerre, mais ce ne serait pas la première fois qu'un désastre se réalise sur une voie pourtant pavée de bonnes intentions. »

    Il le savait, puisqu'il avait été l'un des Marcheurs. Il n'avait pas libéré le Tyran Blanc, mais s'il avait pu aller jusqu'au bout, ne l'aurait-il pas fait ? « Pourquoi ? Pourquoi agissez-vous ? Qu'est ce qui vous y pousse ? Qu'est-ce qui vous a conduit à tuer cet elfe ? Et les autres ? » Etait-ce la magie ? La corruption ? La vanité ? La défense d'Eleonnora ? De l'Alliance, de Délimar ? « Les raisons ne manquent pas, croyez bien que je les vois plus comme des victimes. Personne n'est blanc, personne n'est innocent, jamais. » Ça aussi, il l'avait appris. Et l'homme face à lui avait dû l'apprendre en même temps que lui car il était descendu de son petit nuage d’innocence à Morneflamme. Alors non, personne n'était blanc, ni même lui, ni même eux.

    « Mais c'est votre raison, à vous, que je viens quérir. Vous cherchez à faire justice, tout le monde cherche à faire justice, à la lumière ou dans l'ombre. Vous avez raison, des guerres ont bien lieu même si elles ne se jouent pas sur un champ de bataille. » Il en avait bien conscience, il n'y avait qu'à voir ce qu'avait toujours fait le Marché Noir pour s'en convaincre. Et il n'était pas le seul : la Toile, le jeu des nobles de la Cours, la piraterie... « Ce que j'espère, c'est trouver un compromis. Je n'aurais rien à vous proposer si j'ignore ce qui est important pour vous, ce dont vous ne pouvez absolument pas vous départir. » Son regard coula sur les cages de Nywins et il se tendit.

    « Et plus personnellement... J'aimerais bien comprendre comment vous arrivez à enfermer ces Nywins, à les affamer, comme des bêtes et à être aussi tranquille dans votre tête, en même temps. Par tous les esprits, j'ai fait des choses cruelles dans ma vie, mais je n'ai jamais eu l'audace d'infliger à d'autres les sévices de Morneflamme. J'aurais eu trop l'impression de me l'infliger à nouveau à moi-même. » Sa mâchoire se crispa, la voix vibrante d'une émotion sous-jacente et sincère. « Shyven, la dragonne rose... Elle m'a réclamé que je lui donne la possibilité de juger vos actes et de les condamner, s'ils méritent une peine. Que souhaitez-vous que je lui réponde ? » Car lui-même n'en savait rien.

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Elle peut nous juger, si elle le veut” Vaea offrit une réponse stoïque et calme, dépourvue de toute forme d’hostilité comme d’orgueil. Son regard ne vacillait pas, dans celui du vampire, s’offrant à sa mire avec une franchise éclairée d’un acceptation totale. Le lyssien n’avait rien à dissimuler de lui-même, invitant même silencieusement son vis à vis à éprouver la solidité de sa croyance et de sa dignité, à aller chercher plus loin encore le fondement qui lui permettait d’avancer. “Mais nos vies appartiennent au dragon rouge. Tous, autant que nous sommes, nous nous sommes jurés à Verith” Il montra son poignet, où était noué le ruban rouge purpurin, le lui présentant pour inspection. “Voyez. Ceci est la marque de mon allégeance, de mon serment. Grâce à ceci, si je viens à trahir sa volonté, je perdrais la main et il m’emportera dans ses flammes” Et il était en paix avec cela. Il avait noué le ruban sans la moindre pression extérieure. Il l’avait noué avec plaisir, s’offrant tout entier à sa cause. Reposant finalement le bras, il soupira et tourna son regard vers les cages.

Ces Nywins se sont tous laissés aller à manger de la magie, bien avant que nous n’intervenions, Conseiller. Certains engloutissaient dans la nature l’équivalent du flux vital d’un être en une journée seulement. Tous ont été suivi avec attention, étudiés, pour s’assurer qu’ils étaient des hérétiques, avant que nous n’agissions” Une fois de plus, son regard plongea dans le sien “Je regrette de devoir en arriver là mais je paierais ma part également à mon tour. Je ne prétends pas agir pour la justice. C’est un faux concept, vous le savez aussi bien que moi, n’est-il pas?  La justice ça n’existe pas réellement. Sinon, Morneflamme n’aurait pas existé. Et je ne serais pas ici aujourd’hui, faisant ce que je fais” Les autres Brises-sorts étaient silencieux, observateurs, alertes mais n’intervenaient pas. “C’est Verith qui m’a sauvé. Il a lavé hors de moi l’horreur de la prison. Désormais je suis simplement un instrument, celui d’une grande promesse” Il ferma les yeux, soupirant profondément, comme en transe.

Leurs noms restent en moi. Ils sont gravés dans ma chair, et dans mon âme. Ils ont été jugés coupables, mais je ne méprise pas leur mémoire. Je me souviens de chacun d’eux, et de leurs morts, de leurs mots, de leurs expressions… et de leurs crimes. Voulez-vous que je vous récite chacun d’eux, monsieur le Conseiller ?” La proposition n’avait rien d’insolent. Tout au contraire, elle tenait d’une intense ferveur, de beaucoup de sérieux et d’un immense respect. Il rouvrit les yeux. “Je ne tue pas pour la justice. Je tue pour le monde. J’élimine ceux qui abusent du don que la nature nous offre et que les dragons portent jusqu’à nous. Je peux vous parler de chacun de ces individus, oui, et vous narrer leurs vies et leurs pêchés. La façon dont ils ont, telles des sauterelles, rongés encore et encore la magie, en en usant, en en abusant. La façon dont ils ont usés et abusés de la vie elle même. Voilà pourquoi. Magie, corruption, vanité, ambition, et bien plus. Notre but est la discipline. Le contrôle. Nous ne servons plus une patrie mais la vie

Il pencha légèrement la tête et l’ombre d’un triste sourire naquit à ses lèvres. “Difficile de trouver un compromis à ça je pense. A moins bien entendu qu’un autre chemin se présente à nous aujourd’hui…” Il se redressa, puis reprit. “Vous êtes dragonnier, à nos yeux, cela vous rend intouchable car de votre vie dépend celle de votre liée. Et je vous respecte, malgré notre… passif. J’étais de ceux qui soutenait votre idée de paix quand vous êtes devenu Bourgmestre. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais ceci” D’un geste, il désigna le souterrain “Ceci est l’oeuvre de ma vie. Ceci est… ma rédemption. Mon unique but est de mettre un terme à l’usage inconsidéré de la magie et de ramener les mages les plus orgueilleux les deux pieds sur terre. Le pouvoir a cette tendance à aveugler, à vous charger de gloriole, de folie d’égo. Ils consument dans leurs glyphes, et leurs sorts, et leurs machineries pour avoir plus, toujours plus! C’est un gouffre, en eux, un puit béant. Toujours plus ! Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien” Il y eut un blanc… puis sa voix, douce, revint charger l’atmosphère. “Est-ce que cela vous renseigne suffisamment, messir Elusis? Ou voulez-vous que je vous en expose davantage ? Avez-vous quelque chose à me proposer ?

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    L'Ast acquiesça lentement d'un signe de la tête, à sa dernière question, sans pour autant qu'il ne s'élance dans les propositions. Il les gardait en lui, pour les laisser mûrir, pour les peser, à leur juste valeur. « Je ne connais pas Verith, mais je sais que son discours est plein d'Ire et de ferveur sans pour autant que ses actes ne dépassent ou n'exécutent sa parole. Il a le pouvoir de nous contrôler, de faire ce que vous faites à plus grande échelle, mais il ne le fait. Il dénonce mais ne condamne à aucun châtiment. Il adule sa liberté et renie le Lien, mais je ne l'ai jamais vu toquer à la porte d'un dragonnier ou d'un dragon lié pour le mettre en pièce. Il a même combattu avec eux, contre Gilgamesh par exemple, pour leur montrer la voie et les guider. Pour leur servir d'exemple à suivre, dans sa dévotion à protéger le monde. » S'il allait dans son sens ? Assurément. S'il pensait ce qu'il disait ? En partie. L'entrevue que le rouge avait eu avec son époux était remontée à ses oreilles pointues mais Aldaron n'avait pas menti pour autant à l'homme qui lui faisait face. Cette colère, qui irradiait de Verith, avait tendance à l'aveugler et à le rendre obtus, mais en ce monde, rien n'était noir ou blanc. Les qualités qu'il reconnaissait de Verith était celles qu'il pensait. Il taisait simplement combien le rouge était une tête de mule butée et orgueilleuse à côté de cela.

    « Vous voulez mettre un terme à l'usage inconsidéré de la magie. Et au lieu d'apporter aide et rédemption, vous clouez les égarés de l'égide d'un châtiment. Le Tyran Blanc avait aussi jugé que nous n'avions pas de place dans ce monde, parce que nous n'allions pas dans la bonne direction. » Ils avaient subi Morneflamme pour cela. Comptait-il agir comme un tyran ? « Votre message est punitif et par conséquent, il apparaîtra toujours comme injuste et incompréhensible. Vous n'obtenez que discrédit, peur et haine sur un message pourtant légitime. Qu'importe les valeurs que vous prônez. Si vous voulez vous faire entendre, c'est dans l'éducation que vous changerez véritablement la façon de voir l'usage de la magie. » Il baissa ses yeux sur ses mains, posées sur la table et nouée entre elles : « Voronwë a perdu ses parents à Keet-Tiamat. Il n'avait personne pour l'éduquer et lui montrer l'exemple. Il a cédé par manque d'accompagnement et je suis certain, du peu que j'ai pu voir de lui, qu'en lui donnant les moyens de marcher droit, il marchera droit. Je ne connais pas chacun des Nywins, peut-être que certains pourront grandir et connaître la rédemption et d'autres sont corrompus jusqu'à la moelle. La seule chose que je sais, c'était que Voronwë était là dedans et qu'il peut encore être modelé dans le bon sens, s'il est correctement encadré. Combien d'autres Voronwë sont là-dedans ? »

    Il désignait d'un index les cages, son regard venu se planter dans celui du lyssien. « Dans ceux que vous avez tué, ceux qui sont dans votre tête... Combien y avait-il d'autres Voronwë ? Vous détruisez la gangrène et elle pourrit encore ailleurs. Caladon ne comprend pas votre message et même le plus raisonnable des mages va calfeutrer sa maison d'enchantements, perfectionner la magie dans le but de défendre son foyer, sa vie et celles de ceux qu'il aime contre vos agissements. » C'était un non-sens, et il espérait le faire voir aux Brises-Sorts. Pouvaient-il encore être raisonnés ? Au moins aurait-il essayé. « Étions-nous des monstres, comme ces hérétiques que vous chassez, avant Morneflamme ? Avant que la peur et la détresse ne nous souille ? Si vous ne faites pas comprendre votre message, il y aura de plus en plus de personnes à tuer. » Et viendrait le moment où son silence ne serait plus possible. « C'est pour cette raison, je pense, que Verith n'inflige pas de châtiment. Parce que sa vision draconique voit au delà de l'immédiate action. Pour ne pas corrompre son message. Vous étiez égaré et il vous a guidé. Combien ont besoin qu'on leur ouvre les yeux plutôt que de se voir infliger le fouet ? » Il était venu renouer ses mains, sur la table, parlant avec son cœur, comme son intuition lui dictait.

    « Je peux vous montrer que ce que je dis est vrai : confiez moi les Nywins et je les sèvrerai. Je les éduquerai comme nous, les vampires, éduquons nos nouveaux-nés. Je leur ferai comprendre votre message autrement. S'ils font montre de bonne volonté et qu'ils changent, alors ils auront gagné leur seconde chance. Dans le cas contraire, je vous les rendrai et leur sort ne m'importera plus. Ce sera que vous aviez raison et qu'il n'y avait rien à faire d'eux. » Le monde n'était ni noir, ni blanc. Il le croyait sincèrement. « En vérité, je vois deux compromis possibles. » répondit-il enfin, pondérant les deux premières solutions qu'il entrevoyait avant de les exposer : « Le premier serait que nous travaillons ensemble. En changeant la façon dont vous faites connaître votre message, à Caladon. Avec de la pédagogie et de l'accompagnement. La mise en place de structures destinées à éduquer la population au caractère précieux de la magie. En poussant dans le cœur des hommes et des Conseillers de cette ville, pour que les lois évoluent... Je peux financer ces structures et je peux progressivement pousser votre message au Conseil. Je partage votre avis sur l'usage de la magie. La corruption qui se dégage de son abus. J'ai eu la chance d'être entouré de personnes qui m'ont fait comprendre combien il était vain d'en user à tort et à travers, en dépit de mes capacités. » Car il se savait être un mage plus puissant que les lambdas.

    « Les choses peuvent changer... Mais il vous faudra accepter d'être tolérant, accepter que cela puisse prendre du temps... C'est néanmoins, de mon point de vue, la façon la plus adéquate de changer vers plus de discipline en la matière, ici, à Caladon. Et si vraiment il faut intervenir radicalement, nous en parlerons et je veillerai à ce que vous puissiez faire le nécessaire sans mettre la ville en émoi. Sans qu'on associe à votre message la menace et la contrainte. Un homme m'a dit, pas plus tard qu'hier, que la loyauté sincère apportait un respect plus ancré et plus fort que l’ombre de la crainte. » C'était sa proposition et son investissement, si ces hommes souhaitaient rester à Caladon. Aldaron faisait un pas vers eux en les acceptant au lieu de les brimer. Il aurait à essuyer les traces et les preuves pour apaiser tout ce qui s'était passé à Caladon, mais il ne le ferait pas sans être certain que les choses s'apaiseraient vraiment ainsi. « Le second serait d'intervenir à la source de ce qui répand l'usage de la magie. La Loge s'est instaurée comme la structure de recherche et de partage. Elle distribue le savoir lié à la magie, la façon d'en user, comment en user. Ses préconisations sont entendues. Si vous voulez toucher l'archipel, c'est auprès d'eux et de leur notoriété que vous arriverez à associer la magie à sa régulation et son contrôle. »

    L'Ast eut un sourire en coin, joueur : « M'est d'avis qu'avec l'elfe mort hier, il y a un poste à pouvoir en leur sein. Élaguez les têtes pourries de cet organisme et remplacez les. Je ne cherche pas spécifiquement à vous mettre à la porte, car je pense que votre message aurait du bon à être entendu ici. Mais si vous êtes occupés là-bas, vous n'êtes pas ici à semer la terreur. C'est une certaine forme de compromis, je suppose. » Il haussa les épaules avant de secouer la tête de gauche à droite. « Dans tous les cas, vous ne pourrez pas continuer ainsi, et vous-même, vous le savez. Caladon n'est qu'une ville de marchands où toutes les ethnies passent, pas une citadelle de magie comme peuvent l'être Sélénia ou Ipsë Rosea. Le climat de terreur que vous instaurez va tuer la cité, les gens cesseront de passer ici avec leurs marchandises et nous ne serons plus qu'un village mourant, peut-être discipliné comme vous le voudrez mais incapable de distribuer les leçons qu'ils auront apprises dans le sang et la peur. Est-ce vraiment cela que vous voulez ? »

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Lui qui était stoïque et se passait d’une trop large expressivité ne put qu’être entraîné par le sourire en coin de son vis à vis. Et pourtant, il était terriblement difficile de lui arracher la moindre faille en temps normal. Mais c’était là l’impact que pouvait avoir un homme réellement vibrant lorsqu’on en croisait un. Vaea l’avait écouté jusqu’au bout, parce qu’il était un homme qui imposait cette attention mais pas seulement. Si le Lyssien n’avait pas réellement voulu entendre ce que son invité surprise avait à dire, il ne l’aurait pas fait, il l’aurait circoncis sans attendre. Mais il était sincèrement intéressé. Et lorsqu’on lui renvoya la parole, il prit son temps pour trouver comment expliquer les choses.

Lorsque nos ancêtres combattaient les vampires voilà des centaines d’années, avant l’exode des dragons, ils ont reçu un avertissement. Ils ne l’ont pas écouté et les dragons sont partis. Dans son immense bienveillance, le dragon-esprit nous donna une seconde chance. Cett seconde chance mena à de nouvelles guerres et de nouvelles destructions. Nous avons fait tuer la majorité des nouveaux dragons qui devaient soutenir l’énergie vitale de notre continent. Lorsque nous sommes arrivés ici, nous avons jurés que plus rien ne serait pareil avec cette nouvelle chance… et pourtant rien n’a changé” Il prit une inspiration, jugulant complètement ses émotions autours de sa façon de respirer.

Ce message de restreindre l’usage et l’abus de la magie et de ce que cet abus provoque a déjà été convoyé à plus d’une reprise. Lorsque les dragons ont été ignorés, ils ont choisit d’épargner les bipèdes plutôt que de les détruire tous. Mais nous n’avons pas appris. Et cela fait des centaines d’années. Ce n’est pas réellement un manque de patience, Conseiller mais davantage un manque de foi. Je ne crois pas que nous puissions changer sans trancher dans le vif. Parce que si nous le pouvions, nous l’aurions fait à l’heure qu’il est. Il me semble que plusieurs fins du monde auraient tendance à ouvrir les yeux de nos pairs…” Mais non, la vérité était que beaucoup n’avaient pas ouvert les yeux.

C’est là la raison pour laquelle Verith n’intervient pas directement. Il a raison : les bipèdes doivent se gérer entre eux. Ce n’est pas aux dragons de nous servir de gouvernantes” Quelques secondes de silence passèrent. Il avait posé la question, à l’époque, au dragon rouge et celui-ci avait été impavide à ce sujet. Au départ, l’humain qu’il était n’avait pas compris et s’était même profondément vexé. Mais depuis, il avait grandi. Il avait vu et expérimenté et il avait fini par se  ranger à l’avis du grand rouge. “La voie de la parole n’a jamais réussi à fonctionner. Et à un moment, il n’est plus question de donner encore une chance, une de plus, toujours plus. A un moment, il faut savoir assumer les conséquences des choix que l’on fait. La violence n’est pas une voie à privilégier si une autre existe c’est vrai, vous avez raison… mais les autres voies ont déjà été tentées

Il eut un geste de la main, las, cynique, aucun triomphe dans ses yeux mais un certitude amère et désabusée. “Et regardez, je tue pour ma cause et soudainement, j’ai un conseiller prêt à m’offrir une opportunité. Pourtant, ce pourquoi je tue existait avant que je tue. Mais cela ne devient important que maintenant que quelqu’un tue pour cela. Pouvez-vous réellement me dire que nous pouvons encore changer quand la seule raison pour laquelle qui que ce soit soupèse enfin l’utilité d’un glyphe qui permet de changer la couleur des cheveux est une menace armée et directe au-dessus de la tête ?” Cela le dépassait qu’on lui prêche réellement la possibilité d’une prise de conscience quelconque par l’enseignement. Et pourtant, Dracos lui soit témoin, il respectait énormément l’ancien Bourgmestre. Mais même avec le passif du vampire, il en avait trop vu pour croire à de simples paroles.

Personnellement, ce que je pense, Messire, c’est que pour que quelqu’un veuille donner de son temps dans vos programmes d’éducation, ce sera uniquement pour échapper à ce que je lui ferai subir. Parce qu’à mes yeux, à mon sens, ils ne peuvent pas le faire simplement par bonne volonté et par souci de conservation du monde. C’est cela que je voudrais et je sais que ça n’arrivera jamais… alors je fais avec ce que je peux, concrètement, atteindre… pour le meilleur et pour le pire. Vous comprendrez donc que malgré le respect que je vous porte, j’ai du mal à croire en ce que vous m’affirmez. A moins que vous ne soyez prêt à me montrer, dès à présent, ce que vous pensez pouvoir faire. Auquel cas, je pourrais réellement consentir à ne plus abattre quelqu’un sans autre forme de procès  ”

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    Ce qu'il lui disait n’était que justification vaine de faire passer la violence pour seule et unique voie. C'était parfaitement faux : c'était la voie de la facilité, la voie à laquelle on finissait par se résoudre lorsqu'on perdait espoir, parce que les autres voies semblaient floues, ou semées d’embûches. L'Ast l'écouta néanmoins, car cette résolution était le porte-parole subliminal d'un homme désabusé. Aldaron comprenait assez bien cela. Sa foi en l'humanité, il l'avait aussi perdue. Son envie de prêcher de bonnes paroles, il l'avait perdue, parce que Morneflamme lui avait brûlé les yeux et l'âme. Pour autant, il avait toujours fait en sorte de soutenir, financièrement et socialement, les projets qu'il jugeait dignes d'intérêt. Il ne se battait plus lui même, en témoignait l'envie d'abolir l'esclavage à Caladon. Il était las de se battre, mais dans l'ombre, il faisait en sorte que ceux qui avaient foi en l'humanité puisse porter haut leurs couleurs. Il était un mécène, somme toutes. Rien de plus, alors, il comprenait son désarroi et son désir de passer à des solutions plus radicales. N'était-ce pas ce que voulait aussi Ivanyr par vengeance contre les humains ? Aldaron ne l'avait pas arrêté, y trouvant lui-même une satisfaction personnelle. Selenia n'était pas sa protégée, mais Caladon l'était. Il n'était pas du même avis, alors, lorsqu'il était question de la Revenante.

    « La voie de la violence ne fonctionnera pas davantage. Je pense qu'au fond de vous, vous le savez déjà. Vous êtes désabusé, déçu. La violence n’inculque rien d'autre que des traumatismes et vous savez aussi bien que moi que la seule chose qu'on a envie de faire, avec les traumatismes, c'est de les oublier. On doit les regarder en face, tant qu’on y est obligé, contraint… Mais le reste du temps ? » Il le darda de son regard verdoyant, sincère dans la souffrance qu'il soulevait et remuait. « Je me souviens que pour avoir de la nourriture, nous devions prier pendant des heures le Tyran Blanc, louer sa grandeur, sa Toute Puissance. Nous devions tous le faire, parce que si un seul refusait, nous n'avions rien à manger et le fou qui avait refusé de marcher droit était massacré par ses pairs, pour que le lendemain nous ayons une chance d'être gracié d'un don de nourriture. L'hérétique était éliminé. A n'en pas douter que tant que nous étions dans la prison, nous faisons ce que nous étions forcés de faire. Mais dès que nous fûmes dehors, dès qu'il nous a été donné la possibilité de désobéir, de faire autrement... Nous l'avons fait. Et qu'avons nous retenu des louanges au Tyran ? Rien. Le priez-vous pendant des heures, quand vient le souper, aujourd'hui ? Car moi non, ça serait même la dernière des choses dont il me viendrait l'envie. »

    Il n'avait pas oublié ce qui s'était passé, mais plus il laissait cela derrière lui et mieux il se portait au quotidien. « Elle est plaisante, la voie de la violence, car elle fait effet tout de suite. Elle fait, en effet, venir un conseiller près de vous... Et encore... Il n'y a bien que moi pour être venu. » Les autres étaient des politiciens, pour beaucoup : une grande bouche mais très peu d'audace factuelle pour appuyer leurs propos. « Et je vous aurais fait la même offre si vous étiez venu me voir sans tuer qui que ce soit. Vous ne seriez pas le premier prodige dont je suis le mécène. » Prodige n'était pas une flatterie. Aldaron aimait sincèrement ceux qui arrivaient à sortir du lot. Il les trouvait particulièrement intéressants. « La voie de la violence vous donne l'impression d'avancer mais ça n'est que factice. Vous allez vous faire des ennemis qui vous feront la peau et votre message mourra avec vous. Pire encore, si quelqu'un essaie de transmettre votre message, il sera associé à vos actes violents et décrédibilisé aussitôt. L'idée même de réguler la magie finira par devenir une grossièreté qu'il faudra s'ôter de la bouche, au même titre que "Longue Vie au Tyran Blanc" et "Gloire à Néant". » L'extrapolation était loin d'être fantaisiste, elle s'appuyait sur ce qui avait déjà existé en terme de leçons inculquées dans la violence. Le règne du tyran et la propagation de la foi de Néant, par les almaréens étaient des exemples parlants.

    « Ce dont vous me parlez, la voie qui a été tentée jusqu'alors... Ce n'est pas la voie de l’éducation. C'est le temps de la parole et de l'avertissement. Des messages proférés qui, lorsqu'ils ne touchent pas les lambdas dans leur quotidien, ne sont pas entendus. Ce n'est pas parce qu'ils ont une menace armée et directe au-dessus de la tête qu'ils réagissent, c'est parce que vous impactez leur quotidien. Et il y a d'autres moyens que la menace armée pour toucher ce quotidien. C'est cela, l'éducation. Ce qui est subtile, cryptique ou trop peu répandu, n'est pas à la portée de chacun. Les gens sont stupides, oui. L'éducation est dans l'accompagnement quotidien. Vous me demandez une démonstration mais j'en suis bien incapable. Ce n'est pas un tour de magie ou un coup d'épée qu'on obtient comme ça. » De sa main droite, il claqua des doigts. « C'est quelque chose qui prend bien plus de temps... Mais si vous désirez un exemple, sachez que j'ai adopté un Nywin. Il s'appelle Valmys, il est Cawr. Il lui a été donné l'occasion de visiter un ancien temple sur Keet-Tiamat, berceau de ces eaux qui transforment vampires et elfes en Sainûrs. Il a baigné dans une magie pure, gavé et saturé par elle et lorsqu'il est revenu, il a trouvé cela si bon qu'il voulait en manger encore. J'ai refusé qu'il le fasse alors qu'il pouvait encore se nourrir comme tout le monde et parce que je suis son père, que je prends de lui des nouvelles, que je l'accompagne... Je sais qu'il n'y a jamais touché à nouveau. Parce que je suis dans son quotidien. »

    Il poussa un soupir et s'adossa dans le fond de sa chaise. « Je sais combien l'on peut être désabusé par la nature humaine. L'on choisit souvent la facilité, le pouvoir et on en veut toujours plus. Je n'ai moi-même plus la force de porter mes messages comme autrefois. » Lorsqu'il avait, avec sa fratrie, porté haut les couleurs de la tolérance entre les races. « Je vous l'ai dit : je suis un mécène. » Plus un porte-parole. « Je ne peux pas vous laisser continuer ainsi, vous le savez. Je suis venu chercher un compromis, ce qui signifie que les choses doivent changer, pour vous, comme pour moi. Qu'il nous faut l'un et l'autre renoncer à quelque chose pour que nous puissions cohabiter. Je vous tends une main, je vous accorde mon temps, mon argent, mon soutien pour vous offrir une autre voie, tout en conservant vos méthodes pour les cas les plus incurables. » A condition que cela soit fait dans le silence, comme il l'avait exposé. « Et si vous préférez la voie de la violence, malgré tout, je vous ai montré où frapper. » A Ipsë Rosea ou à Selenia, peu lui importait. « Soit vous prenez Caladon, soit vous prenez la violence, Vaea, mais vous ne pourrez plus garder les deux, maintenant. Et ce n’est pas une menace ou une mise au défi, je n’ai pas le coeur à cela. C’est simplement la réalité. »

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Effectivement, vous me posez un réel souci. Je ne peux pas vous tuer, mais si je vous relâche vous êtes un danger pour mon entreprise” L’entournure de sa bouche frémit en un fantôme de sourire “Car vous êtes la seule véritable menace, Messir” Ce qui ne signifiait pas qu’il n’avait pas des idées en réserve si cette menace se précisait davantage. Mais il avait accepté de l’écouter, et il avait su ce que cela signifiait lorsqu’il l’avait fait comme il savait ce que l’abattre signifierait. “Nous n’avons pas la même vision des choses, c’est une évidence, au-delà de cette réalité. Vous dites que la vie quotidienne n’a jamais été impactée par les précédents mais elle l’a été. Les récoltes moins opulentes, la sécheresse conduisant à l’apparition d’un désert, la vie sauvage moins dense, l’impossibilité de plus en plus vive d’user de magie, la perte de l’immortalité pour les elfes. Tout cela a impacté la vie quotidienne

Et pourtant, ils n’avaient pas appris quoi que ce soit, n’avaient pas changés. “La guilde du dragon blanc était tournée vers l’éducation, fut-elle écoutée ?” Non, absolument pas, tellement pas qu’elle avait disparue, détruite pendant les guerres pour remerciement de ses si bons services. “Je ne trouve pas la violence plaisante. Cela ne me fait pas du bien, et ne me satisfait pas de devoir en arriver là parce que cela signifie que mon geste est dicté par un extrême, un bas-fond de nos peuples. Car je ne suis pas là pour éduquer, je suis là pour punir. Et si je dois endosser le rôle de l’homme à abattre je suis prêt à le faire. Ce n’est pas pour inculquer que je fais ça… Je ne suis pas assez hypocrite pour oser l’affirmer” Quand un chien était enragé, on le tuait et on laissait les autres. Ils oubliaient bien vite et ils continuaient à faire leur travail de gardien correctement. Et personne ne se posait la question.

Je ne sais pas si je suis un prodige, mais par contre, je peux, je pense, affirmer être pragmatique. Non, cela ne me plaît pas d’être un tueur. De laisser cela en seul héritage. Et oui, je suis désabusé. Nous le sommes tous. Ces hommes et femmes que nous tuons, ils ont trahi ce monde. Oui, à regarder tout cela en face, nous en sommes désabusés….” Il voulait exposer son point de vue. Comprenant qu’ils avaient tous deux des divergences profondes d’opinions et de visions, il voulait tout de même exposer son point de vue, lui répondre. C’était cela, une discussion après tout non ? S’ils n’avaient eu aucune chance d’entendre l’autre, tous deux, alors ils auraient laissés parler leurs arcs, non leurs langues. Et la seule partie encore optimiste de son être voulait réellement le convaincre. Malgré son dépit, il ne voulait pas dédaigner l’opportunité que représentait l’influence de cet homme.

J’ai en tête une opportunité pour vous de me montrer ce dont vous parliez et qui ne devrait pas demander des années. Ezel Bonaventure” Bien sûr, il observait les déboires de cette enquête clandestine depuis le début, et ce complètement par hasard… à cause de la venue d’Aldaron, justement, mais surtout d’Ilhan Avente. Il avait paniqué quand on lui avait dit que le conseiller s’inclinait à des travers dangereux avec la magie. “Je vous propose d’aller retrouver vos camarades, ensemble vous et moi. Je lui ai pris un membre de sa famille qui allait commettre et a commit, d'irréparables fautes à l’égard de Caladon et de tout Calastin. Pensez-vous réussir à lui faire changer son avis sur la question ? Non sur sa vengeance, mais sur son parent” Il eut l’ombre d’un sourire “Comme je vous l’ai dit. Je n’ai pas peur de mourir pour ma cause. Si cela venait à mal tourner” Perdant son sourire, il observa un dossier relié de cuir sur la grande table entre eux “Si vous réussissez… J’accepterais votre proposition de collaboration… et tournerait mon arc vers Ipse Roseä. Je vous donnerais également le nom de notre cible de demain soir et vous déciderez si vous pensez pouvoir la réformer… ou pas

Nouveau silence, regard songeur. “Et si Caladon a besoin d’un coupable malgré tout, malgré notre accord, je suis prêt à être ce coupable, si cela permet à mes frères et soeurs de poursuivre notre combat. Je ne suis pas un professeur, mais d’autres le sont. Qu’en dites-vous ?

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    S'il avait parlé à un sourd ? Oui, de toutes évidences. On lui relatait une époque qui avait été sans magie, où aucune remise en cause ou changement dans la façon de gérer la magie n'avait pu être opérée dans la mesure où elle n'existait plus. Et les siècles avaient passé, emportant avec eux les leçons. Aldaron ne doutait pas que les bipèdes soient stupides et reproduisent les mêmes erreurs. Il n'en demeurait pas moins vrai qu'à l'époque actuelle, depuis de retour des dragons et de la magie, ceux qui découvraient ces arcanes n'avaient pas été éduqués sur la façon de le faire. Quand à cette guilde du dragon blanc ? Il en avait entendu parlé oui, parce qu'il entendait parler de beaucoup de choses, mais pour être très honnête le retentissement de cette guilde avait été aussi célèbre que ses réussites en matière d'éducation. Ça n'avait pas été assez prépondérant. L'homme qu'il avait face à lui ne voulait que punir et flageller. Etait-il seulement raisonnable ?

    Une part de lui avait encore envie de le croire quand l'autre était profondément désabusée. Autant que Vaea l'était au sujet de ce monde, probablement. S'il ne pouvait pas le départir de sa violence, il ne lui restait qu'à le pousser avec plus de force vers Ipsë Rosea. La ville ne manquait pas de Nywins et des mages, il trouverait forcément son bonheur et sa satisfaction là-bas. Il trouvait cela néanmoins dommage. Il aurait aimé partager un peu plus avec ces hommes. Ils étaient fanatiques et par conséquent extrêmes, mais ils avaient des idées assez inspirantes pour peu qu'on mette un peu d'eau dans ce vin-là. Il avait toutefois essayé, il n'avait pas de regrets. La proposition néanmoins le surprit lorsqu'elle vint de Vaea. L'Ast arqua un sourcil. Ezel Bonaventure ? Vraiment ? Il n'avait donc aucune pitié pour ses pauvres nerfs ? Il avait déjà manqué de lui arracher un bras, fallait-il vraiment qu'il s'acharne là-dessus ?

    Il eut un sourire en coin à ses derniers propos. « J'en dis que nous devrions nous hâter dans ce cas, avant que mes camarades ne toquent à la porte de Paoele avec votre visage. » S'il avait envie d'en rire ? Oui, vraiment. Ils avaient de l'idée, mais comme beaucoup de monde, ils manquaient d'audace en préférant un plan plus 'sécuritaire'. Aldaron n'était pas du genre à passer par ces petits chemins tortueux pour atteindre son but. « Enfin, sauf si vous avez envie de voir si le jeu d'acteur de Bonaventure est digne de vous. Personnellement, je suis très curieux de savoir si Paoele se laissera prendre ou si elle lui collera un poing dans la figure d'entrée de jeu. Vous prenez les paris ou c'est contre votre religion ? » plaisanta-t-il. Il haussa les épaules et se leva, secouant la tête de gauche à droite, mi-dépité, mi-amusé. Il alla reprendre ses armes, les attachant à sa ceinture. « Vous disiez que vous vous souvenez de chacune de ces vies. Peut-être pourriez-vous me parler un peu plus de Laïos et de ce qu'il a fait, sur la route ? A en croire votre détermination, ça ne doit pas trop être qu'une question de crâne à vœux, hm ? »

    Il porta son regard sur lui, un instant, pensif : « Et très sincèrement, je n’ai pas l’intention de vous laisser mourir, même pour votre cause. Des hommes comme vous, capables de défaire un mage, ça ne court pas le rues. Excepté en ce moment, bien sûr. » Oui, car il y avait justement cet homme dans les rues de Caladon, mais c’était plus au sens figuré que propre qu’il s’exprimait. « J’aime bien garder en vie des atouts au cas où un autre cinglé comme le Tyran venait à refaire surface. Qui sait de quoi sera fait le prochain de cet acabit ? Un guerrier invincible ? Un mage abusif ? Dans le doute, mieux vaut palier aux éventualités. Des coupables, j’en trouverai. Mais ça ne sera pas vous.»

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Ils voulaient tromper Paoele en prenant son apparence ? Voilà qui était bien joué et il avait bien envie de voir comment ils allaient s’y prendre. Et cela lui permettrait de jauger de Paoele également. “Pour tout avouer, je suis également curieux. Ezel me connait plutôt bien” Il n’avait aucune raison de le lui cacher à présent. Ezel le connaissait bien. Mais pas assez pour avoir vu au travers de son jeu. Cependant, cette connaissance lui donnait un gros avantage pour se faire passer pour lui. Peut-être que cela lui montrerait même comment Ezel le percevait exactement. “Je prend le pari. Paoele se laissera tromper je pense. Quel enjeu voulez-vous ?” Sa religion ne lui interdisait pas de jouer, juste d’éviter de tuer le monde qui lui avait offert la vie. Lui-même se leva et harnacha de nouveau son arc dans son dos avant de récupérer ses lames et de donner des ordres strictes aux autres soldats présents dans le dialecte Lyssien.

Pendant qu’il effectuait sa prière auprès de l’autel rouge, la voix d’Aldaron l’accompagna et ce ne fut qu’à la fin qu’il décida de lui répondre. “Certains diraient que sa participation dans la tentative de subversion de Dame Ostiz est bien suffisante. Mais ce serait presque poétique s’il n’y avait que cela” Ils sortirent, discrètement et par une autre porte cachée : celle des contrebandiers. Marchant côtes à côtes avec le vampire, il reprit. “Le Cirque Bonaventure a séjourné à Délimar avant de venir à Caladon. Laïos a réussi, par magie, à tromper la vigilance des brises-sorts en poste et a volé des schémas d'ingénierie de très grande importance ainsi que des informations confidentielles. Les premiers étaient destinés aux pirates, les seconds à la Loge afin de faire plier l’Intendante et le conseil pour l‘installation d’un banc de la Loge en ville. Auparavant, il a également aidé à faire transiter de très nombreuses gemmes de sang vers les cales des pirates, gemmes qui, je ne vous apprend rien, sont destinées aux pires usages. Par magie, il a volé, trompé et contrôlé plus d’une dizaine de personnes civiles innocentes

Le brise-sort décocha un regard en coin vers le vampire “Nous ne sommes pas pour un arrêt complet de l’usage de la magie mais nous sommes pour son contrôle. Il y a énormément d’usages du fluide vital de notre monde qui ne sont pas nécessaires. Le Cirque, de façon générale, est un concentré de cette inutilité. Si vous ajoutez à cela les crimes commis contre l’Alliance, c’est bien assez pour confirmer la tendance nocive d’un individu. Nous avons effectué ces vérifications et enquêtes pour chaque victimes. Nous validons un meurtre après avoir confirmé un usage irraisonné de la magie conjugué à des actes illégaux ou, et, dangereux” Il se tut un instant, ravalant sa rancune avant de reprendre d’un ton plus sombre “Et il a aidé un homme que je traque depuis très longtemps maintenant. Depuis que j’ai noué le bandeau rouge” Nouveau coup d’oeil vers Aldaron, vif, igné cette fois “L’homme qui a ordonné la mort de Sarash et de son dragonnier. Laïos était une des pistes, comme tous les autres…” Il n’avait rien obtenu de lui.

Il dû prendre quelques minutes pour parvenir à digérer sa propre haine tandis qu’ils arrivaient au bout du passage et remontaient vers la ville. Il commença également à faire des ajustements à sa tenue pour paraître moins intimidant et ouvertement agressif. “Je ne sais pas si mes pouvoirs seront utiles contre les Couronnes de cendres, Messir” Il défit une sangle rapidement “Je suis au courant, bien entendu, dès le jour de votre discussion avec le graärh. Je me suis entraîné pour circonvenir les esprits mais ce n’est pas encore probant. Ma capacité à vaincre les mages, c’est Verith qui me l’a enseigné quand il m’a enseigné la trame et à l’époque, les esprits pour nous n’avaient pas tant d’importance…” Il soupira “Je suppose néanmoins que les plus grandes menaces sont internes. Elles viennent de nous tous. Savez-vous pourquoi je n’ai choisi que des Nywim ? En raison du Traité de la Honte. L’aviez-vous deviné ?

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    Ainsi donc ils allaient prendre du maïs soufflé et regarder la scène comme on allait voir jouer une pièce de théâtre. Et Vaea pariait. Aldaron roula des yeux. Il ne savait pas s'il devait l'admirer de réussir à croire en ce saltimbanque ou s'il devait avoir pitié de ce pauvre lyssien qui allait y laisser des pièces d'or lorsque viendrait l'échec. « Cela me va, j'aurais été bien peiné de devoir espérer qu'Ezel fasse preuve d'un quelconque talent. Je vous remercie de vous y coller. Et pour la mise, 10 pièces d'or, cela vous convient ? » Pari tenu, il le suivit dans... SON réseau de contrebandiers. Par tout les esprits, comment se faisait-il qu'il connaisse SON réseau sous-terrain aussi bien ?! Ceci dit, cela expliquait aisément comment ils parvenaient à se faire aussi discrets. L'ancienne Caladon avait aussi eu son réseau sous-terrain que le Marché Noir utilisait au temps du Tyran Blanc pour faire passer vivres et réfugiées vers le Protectorat sans jamais se faire prendre. Il avait reproduit la même tactique dans cette nouvelle cité de l'or.

    Mettant de côté sa surprise, il écouta attentivement ce dont était coupable de cher Laïos car ce serait autant d'argument dont il devrait se servir pour parvenir à convaincre Ezel comme Vaea le lui avait demandé. « Si cela peut vous rassurer, son cirque risque de ne plus jamais remettre les pieds à Délimar après ce que j'ai soufflé à Avente. » Il avait failli dire 'mon fils'. Il aurait eu l'air bien fin. « Que sont devenus les éléments volés ? Ont-ils atteint leurs bénéficiaires ? » Il faudrait qu'il se renseigne là dessus et vite. Car si un projet de cet acabit avait été engagé par ses contrebandiers... Il n'était pas au courant et ce serait bien problématique. Malheureusement, avec son amnésie vampirique, il était encore malaisé de tout reprendre en main et il ne doutait pas que ces filous de pirates aient profité, comme bien des personnes en vérité, de son absence pour faire leurs coups en douce. Il allait falloir qu'il règle cela, et vite. Fort heureusement, Vaea lui apprit que tout était rentré dans l'ordre là nuit où Laïos avait été tué. Nul doute que Vaea avait du reprendre ces éléments.

    Quant aux gemmes de sang... Et bien cela faisait partie des très nombreuses choses qui transitaient par le Marché Noir et la contrebande des pirates. Il était très drôle que Vaea ignora qu'il s'adressait au Capitaine des Contrebandiers en personne. Mais de la qu'il ignora s'adresser à la Triade... Il en doutait : « Je crois que je serai très mal placé de faire la leçon à Laïos, s'il était encore en vie, sur ce dernier point notamment. » confia-t-il. Combien de gemmes de sang avait-il fait transiter, à l'ère du Tyran Blanc ? Et même après ? « A Caladon tout se vend et tout s'achète. Vous vous doutez bien que je suis le plus gros investisseur de cette ville. Des gemmes de sang, des artefacts magiques, j'en ai vendu plus en deux ans que nous sommes ici qu'il n'en vendra jamais de toute sa vie. A plus forte raison maintenant qu'il est mort. » Il poussa un soupir : « En revanche, le vol dont a été victime Délimar... Je crois qu'Avente sera très heureux de recueillir ce que vous avez pu glaner, comme informations... Et récupérer ce qui appartient à Delimar. » Aldaron promettait aussi mentalement de remettre de l'ordre parmi ses contrebandiers. Il avait accepté de se mettre au soutien de Nathaniel mais dans un but d’équilibre dont la rose dragonne serait friande, pas pour trahir ses alliés.

    Il écouta la suite en silence, alors qu'il se trouvaient un point de vue où ils auraient une vue parfaite sur l'entrée en scène d'Ezel. Il prit du maïs soufflé pour son comparse de pari. « Oui, je m'en doutais un peu. Les menaces sont internes, en effet, et nous les entretenons avec des rancunes séculaires, hélas. » Bien que ce Traité ne soit pas aussi vieux que cela. Mais les clivages se créaient et perduraient ainsi. « Avec ce genre de représailles, on frappe l'autre pour le mal qu'on nous a fait et l'autre nous frappera un jour plus fort. Puis nous riposterons avec plus de violence encore. J'ai vécu assez longtemps pour voir que les guerres sont basés sur des principes dont tous ignorent souvent l'origine. » Il haussa les épaules. « Les elfes sont des crétins. Des créatures hautaines qui n'ont jamais levé le petit doigt quand les humains ont eu besoin d'eux. Ils les voyaient comme des animaux dans une basse-cour. Ils ont été accueilli avec plus de dévotion qu'ils ne le méritaient. Je ne le sais que trop bien. »

    Il avait quitté très tôt le Royaume Elfique pour cela : « Mais nous ne valons pas mieux qu'eux avec un tel traitement. Il est dommage que vous vous serviez de votre cause pour régler des comptes personnels. Tout n'est qu'une question de parti pris, en vérité. Je n'aime pas ce que vous faites aux Nywins, parce que les elfes, en dépit de ce qu'ils ont comme défauts, sont mon peuple de naissance. On a tendance à pardonner beaucoup à ceux qu'on aime, même en ayant la clairvoyance de leurs vices et pêchers. Mais vous le savez. Vous ne me demanderiez pas d'ouvrir les yeux d'Ezel sur Laïos à votre place, dans le cas contraire. » Il s'adossa contre le mur. Les acteurs entraient en scène. Il devait avouer que le jeu d'Ezel n'était pas si mauvais. Probablement était un exemple de ce qu'il venait de lui dire. Ezel avait du talent, mais Aldaron était plus prompt à le nier et à le condamner, là où Vaea était l'ami de ce saltimbanque. Et comme tous les amis, il avait d'avantage foi en lui. A fermer les yeux sur ses échecs pour ne voir que la réussite.

    « Les couronnes de cendres ne seront pas la dernière menace que nous aurons à affronter. Il y en aura d'autres... » Toujours d'autres. De paix, il n'y aurait jamais vraiment. Seul un semblant d'équilibre que l'Ast essayait d'obtenir. Ilhan et Ezel furent accueillis par Paoele. Aldaron poussa un soupir et envoya une bourse dans les mains de Vaea. « Félicitations, vous avez fait perdre de l'argent à un spirite du saumon, vous pourrez rajouter cela à votre liste de hauts-faits. » railla-t-il, avant de reprendre : « Est-ce que cela a un lien avec la mort de Firindal, cet homme que vous poursuivez ? » finit-il par demander. Cet homme, jadis, avait tué un dragonnier et son dragon. Frappait-il de nouveau maintenant que la vérité sur le Lien avait éclaté au grand jour ? Cela l'intriguait, autant qu'il savait que cette menace pesait sur ses propres épaules.

    « Poison. » fit-il, d'un seul coup, au message de Nahui. « Il y a du poison dans le thé. » Il y avait des dissensions au sein de ces Brise-Sorts. Ce qu'avait vu Shyven le soulignait et l'acte de Paoele venait le confirmer. Aldaron quitta sa cachette, suivi par Vaea et les dracènes. Le vampire entra dans la modeste demeure de leur hôte meurtrier et pointa son feutonnerre sur elle. « Paoele, l'antidote. » Pas de bonjour, mais vu les circonstances, on ne lui reprocherait pas ses manières. Malheureusement, la spirite de l'hippocampe affirmait qu'il n'y avait pas d'antidote... Ce que Nahui lui infirmait après son étude des lieux. Il demanda à sa Lié de prendre l'antidote et de l'apporter à Ezel. En voyant la lyssienne paniquer, il baissa son arme. « J'ai suivi la piste dans laquelle Shyven était tombée par inadvertance. J'ai été dans l'entrepôt à poissons pour discuter avec ceux qui semaient le trouble à Caladon. Je cherchais un compromis, un moyen pour que cela ait des proportions moins extrêmes. Comme vous. Vous avez fait des choses que vous ne vouliez pas faire, n'est-ce pas ? C'était trop pour vous. Vous vouliez mettre un terme à cela, n'est-il pas ? »

    Il la dardait de son regard verdoyant, inflexible. « Paoele, ce n'est pas un complot contre vous, baissez votre arme avant de blesser quelqu'un. Je ne suis pas votre ennemi. » Il s'était mis entre ses comparses déguisés et le trident.


Spoiler :

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Shyven avait bien profité de la visite du jardin avec Nahui.

En fait, d’une façon générale, elle aimait bien les moments passés avec la jeune dragonne liée, spécialement en ce genre de moments avec ce contexte de trouble permanent, voir de paranoia pour savoir qui avait fait quoi ou qui pensait quoi.

Nahui apparaissait, avec son calme et son implication modérée dans la situation soutenant finalement son lié qui donnait déjà beaucoup de sa personne, comme un pilier sur lequel elle pouvait compter.

Et finalement, c’était une bonne chose. Parce que cela permettait à Shyven de pouvoir se détacher pour mieux envisager la situation. De fait, l’enquête commençait à vraiment à se complexifier, même pour une dragonne comme elle qui avait pourtant un savoir naturellement supérieur aux autres bipèdes. Ce n’était point pour se faire mousser ou pour ressembler à son oncle-zigoto Ssaadjith, mais c’était simplement un fait.

De fait, ce qu’elle avait partagé avec le petit groupe commençait à la travailler : le Lien était peut être visé, ce ne serait pas très étonnant venant de son grand-père, mais après tout l’essentiel du problème pouvait aussi bien venir de la Magie en elle même, et son usage. Après tout, c’était la première hypothèse qu’avait établi Shyven, et il était en soi tout à fait possible que vu les dysfonctionnements dont se plaignaient certains bipèdes à présent, tout ça ait finalement pris corps dernièrement … Si on ajoutait à cela les discours de Verith qui avait disons … Une verve reconnaissable … Cela pouvait commencer à faire sens.

Mais alors, question cornélienne que celle-ci : comment Shyven, toute dragonne qu’elle était, pouvait au mieux s’impliquer dans cette affaire ? Après tout, ne pas savoir se servir de la magie, où en abuser … C’était un peu un truc de bipède. Puisque la magie passait à travers les dragons, eux n’avaient pas ce problème, et de fait si Shyven concevait l’usage de la Trame qu’avait les bipèdes, de part sa nature draconique, elle ne pouvait jamais vraiment bien le comprendre.

Voilà pourquoi la chose commençait à lui déplaire : tout ce qui se dressait comme des “problèmes” potentiels pour les bipèdes, était environ inconnu pour elle … Et elle n’avait pas fait le déplacement pour rien, !

Quitte à être si impliquée, elle comptait bien aider tout le monde et ne pas abandonner en si bon chemin. C’était indigne de sa race, de renoncer à la moindre difficulté.

C’est dans ce contexte de profonde réflexion qui trottait en elle que Shyven vécu la visite de chez Lié-de-Nahui, et le déplacement vers chez Paoele. La dragonne fut positivement surpris que l’essentiel du plan énoncé par Bipède-pas-palot se passe bien. Il était vraiment malin, ce Ilhan, et cela se voyait …

Seulement la situation pris une tournure inattendue, et le bipède-acteur-extravagant ingurgitea ce qui semblait être du poison selon les dires de Nahui et de son lié. Cela poussa les deux dragonnes à accourir vers la maison en urgence, et à finalement intervenir à toute vitesse.

Nahui prit ses responsabilités et fouilla la maison pour trouver un antidote avant d’immédiatement se diriger vers Ezel qui était encore une fois victime du sort. Shyven devait admettre, que même s’il n’était pas bien malin, là cela devait commencer à faire beaucoup.

Elle adressa une pensée de soutien au bipède-acteur, avant de finalement se retourner vers les autres. Evidemment, cette grande comédie sans son acteur principal tombé au sol était rapidement une sorte de grand mélodrame, dont Shyven captait toute la tension un peu comme une éponge : il y avait d’abord Face-Brûlée et Paoele qui se regardaient en chien de faïence, une arme dehors pour la jeune femme … Puis Aldaron qui semblait avoir sorti lui aussi une arme de bipède, mais qui l’avait baissé également, essayant de calmer le jeu.

… Mais ce n’était pas que Shyven doutait du grand charisme du lié-de-Nahui, mais elle décida quand même de s’interposer entre les différents acteurs de la scène, prenant une place de choix au centre des tensions, toute dragonne de l’équilibre qu’elle était.

C’est quand elle choisit cette place, que finalement la tension se brisa en partie. Paoele eut d’abord un gros sanglot, avant de tomber au sol. Surprise par cette réaction, Shyven en profita pour s’aventurer dans l’esprit de la spirite hippocampe, et se rendit compte que la lysienne avait accumulé beaucoup de stress, de choses faites en désaccord avec ses principes profonds … La jeune femme s’en voulait encore énormément pour ce qu’elle avait fait à la dragonne rose … Et elle avait vraiment l’intention de mettre un terme à l’existence de Face-Brulée d’une minute à l’autre, dans son éclatement elle n’avait d’ailleurs pas lâcher son arme..

Shyven eut un petit soupir triste quand elle entendit la jeune femme se confondre en excuse de manière très très confuse entre deux pleurs. La petite opale vint poser son nez sur la main libre de Paoele, se frottant légèrement à elle. Elle lui intima que tout ce qu’elle avait fait n’était pas grave à ses yeux. La dragonne lui avait déjà pardonnée au moment où elle avait reconnu ses torts et que cette petite mésaventure ne venait pas remplacer tout les bons moments qu’ils avaient rapidement passé ensemble par la suite, comme ceux où elle avait accepté d’avoir Shyven dans sa maison alors que tout n’était qu’agitation dehors.

La petite opale espérait sincèrement que cette marque d’affection, qu’elle pensait vraiment tout à fait sincèrement, calme un peu le jeu de ce côté là … Et pour l’autre …

Elle coula un regard ténébreux et empli de jugement à Vaea, voulant en dire long sur ce qu’elle pensait actuellement du brise-sort.

“Vous.” Fit-elle, l’intonation grave. “Vous me connaissez n’est-ce pas ? Je suis Shyven, fille de Kaalys et Nynsith, et petite fille de Verith, Dragon de l’Ire, et Keetech, Dragonne de l’Orage.”.

Cette fois-ci, Shyven était très sérieuse. Même si du haut de ses quelques centimètres, la dragonne rose n’était encore qu’une enfant, des millénaires d’histoire contemplaient Vaea. S’il vouait un culte à son grand-père, c’était important qu’il en ait conscience.

“Je vous épargnerai une grande logorrhée qu’Aldaron vous a sûrement déjà faite sur tout ce que vous avez fait dans cette ville, et les impacts de vos actions sur l'Équilibre. Vraisemblablement, la situation actuelle ne joue pas en votre faveur, Face-Brûlée.”

Elle fit une pose dramatique dans son monologue, jaugeant du regard Vaea puis Paoele, avant de reprendre ce qu’elle avait à dire :

“Messieurs et dame. Il semblerait que beaucoup de non-dits se soit glissé dans nos affaires. Et je vous en conjure, au nom de mon grand-père, ne réglons pas cela par la force. Car j’ai le fort sentiment que ce qui nous réunit ici, vaut bien plus qu’un bain de sang. Chacun a sa part d’ombre et de lumière, et aucun sujet ne sera tabou si vous acceptez d’en parler calmement...”

Toute médiatrice qu’elle était, Shyven proposa naturellement un débat pour calmer les tensions, afin de régler ça sans trop subir de nouveaux événements fortuits. Elle ajouta finalement :

“Je vous en conjure. Acceptez ma requête, faites le choix de préserver l’Équilibre précaire de cette pièce, et avançons ensemble sur cette crise qui nous traverse.”

Rectives :

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Le contact du museau aux écailles lisses et chaudes contre sa main tremblante fit sursauter Paoele. Elle lâcha son arme, et se resserra davantage sur elle-même, refermant une main contre son abdomen, l’autre en contact avec la dracène rose. La présence mentale de la jeune créature calma progressivement la Lyssienne qui cessa progressivement de pleurer, hoquetant de temps à autres et tremblant de tous ses membres. Ce qu’elle avait été obligée de faire à Shyven, elle ne se le pardonnait pas. C’était mieux que la mort, mais cela restait un acte horrible. Un acte qui la souillait elle, et son lien avec l’Hippocampe. Et en fin de compte, même le fait que la dracène accepte de lui pardonner était un coup pour elle, car elle ne pensait pas mériter ce pardon. Silencieuse, si on omettait les aveux de sa détresse, elle se prit à essayer de respirer lentement, pour se calmer, alors que la scène continuait de se dérouler, inexorablement. Elle ne s’était pas attendue à ce déroulement et avait espéré être partie rapidement après avoir tué Vaea et son compagnon d’arme, être loin avant que les autres ne découvrent ce qu’elle avait fait. Maintenant ? Maintenant elle ne savait plus.

Vaea, de son côté, se remettait lentement du choc premier. La hache venait de lui passer à quelques centimètres de la tête, métaphoriquement. Qui pouvait affirmer qu’il aurait senti le poison avant de boire ? Et surtout, Paoele ? Non, clairement, il ne s’y attendait pas. Il lui avait fait confiance, chose rare, et elle le poignardait dans le dos. N’importe qui aurait été secoué. Silencieux, alors qu’Aldaron s’exprimait, il gardait un oeil sur son ancienne alliée, pas certain qu’elle se calmerait. Et pourtant, il semblait bien que si. Un léger soupire passa ses lèvres et il se détendit, en se redressant légèrement. Bien, elle se calmait et Ezel était sauf grâce à Nahui. Et maintenant peut-être allaient-ils pouvoir agir utilement. Ou alors parler ? Son regard tomba sur la dracène rose et il haussa un sourcil. Ah ? La situation ne jouait pas en sa faveur ? “Il me semble que c’est vous qui me menacez” Lui n’avait rien dit et n’avait sortit aucune arme. Le conjurer de ne pas régler les choses par la force était très fort tout de même, comme de croire qu’il se trouvait en position de faiblesse. Néanmoins, il avait un accord avec Aldaron.

S’avançant légèrement, il se détourna d’elle pendant un bref instant, et observa Ezel. “... Désolé que tu ais subis ça à ma place. Il faut croire que tu joues trop bien ton jeu” Puis, observant les autres, il reprit, stoïque “Vous avez voulu nous trouver. Vous l’avez fait. Nous aussi, nous vous avons trouvé. Certains d’entre-vous veulent se venger. Certains veulent condamner. Certains veulent entendre, ou préserver. Certains veulent … peu importe. Nous aussi, nous voulons certaines choses. Et c’est exactement pour cela que je suis là” Son regard accrocha Aldaron “Messir Elusis semble penser que des possibilités d’accord entre nous sont possibles. Il est convainquant, je dois le dire, tout comme certains de vos actes. Si c’est ce que vous désirez effectivement, nous ne sommes pas sourds à cette idée” Ne l’avait-il pas dit et discuté avec le vampire ? Il se tourna de nouveau vers les autres, ignorant superbement Paoele désormais. Tout cela se jouerait plus tard. Ce n’était pas le plus important. Pour l’instant, il était très curieux de voir ce qui se dirait entre tous ces esprits réunis pour l’arrêter. Et il était d’autant plus curieux de savoir s’ils se rangeraient à son avis ou non.

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Comme beaucoup d'acteurs et de comédiens, je voulais mourir sur scène, dans une dernière ovation de mon public qui admirerait mon ultime prestation comme une preuve éternelle de mon talent. Mais pas aujourd'hui. L'horrible goût de l'antidote suffisait à peine à atténuer la bile amer de ma rage. Cette haine, difficilement contenue était toute dirigée vers O'pea, ou plutôt devais-je dire Vaea. Je n'en voulais pas le moins du monde à Paoele. Sa tentative était elle aussi dirigé vers le traître après tout. Je rétorquai d'ailleurs au pseudo état d'âme avec froideur.

-Ça valait le coup, au moins tu sais ce que ça fait d'être trahi.

Cracher ainsi mon venin ne servait absolument à rien mais bon sang ce que cela faisait du bien. J'avais échappé de peu à la mort, encore une fois. Je jetai d'aileurs un regard à Ilhan et lui adressa un mouvement de tête. Je lui en devais une. Ça ne me plaisait pas des masses, mais contrairement à ce qu'il -ou ils- pouvai(ent), je disposais d'un code de loyauté. Une fois cette sotuation bordique résolue, il me faudrait converser avec  le conseiller délimarien...

Visiblement la situation était tendue mais à mon grand désarroi, Paoele ne semblait plus en état d'achever la misérable vie de Vaea. Aussi, je repris mon apparence normale. Non décidément, je ne supportai vraiment pas de porter la laideur sur moi...
Les poings crispés et le regard mauvais, j'écoutai le meurtrier de Laïos déclarer être prêt à parlementer. Son attitude hautaine, comme si nous n'étions rien de plus qu'une nuisance et un "petit" contretemps dans ses projets m'énervait au plus haut point et malheureseuement pour moi, je n'étais pas un guerrier et mon envie de lui mettre mon poings dans la face ne resterait qu'une simple envie...
Je faisais des efforts surhumains pour ne pas craquer et hurler le fond de ma pensée. J'avais failli mourir une fois, je n'allais sûrement pas provoquer ma chance en réclamant des réponses. Qu'est-ce que ce satané vampire et cet ignoble steack demi-cuit avaient bien pu parler pendant que nous prenions le thé à l'arsenic ? Qu'est-ce qu'il voulait discuter de si important pour que sa tête ne soit encore attachée à son corps ?

-Pourquoi as-tu assassiné Laïos ?, finis-je par craquer.

Et qu'il ne me rèponde pas qu'il ne l'avait pas tué, mais les Nywin si, ou je ne répondais plus de rien. Il était le cerveau derrière toute cette opération, le grand chef qui se prenait pour un dieu, à décider qui devait vivre et qui devait mourir. Ridicule.

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    Les propos de la petite rose eurent tôt fait de désarmer psychologiquement Paoele. L'Ast sentit les barrières, en elle s’effondrer, s'apaiser en quelques sortes, bien qu'elle fut toujours égarée. C'était déjà un bon point. Le vampire coula un regard sur la dracène, emprunt d'une certaine tendresse à l'égard de celle que sa Liée chouchoutait tant. Peut-être deviendraient-elles de bonnes amies, avec le temps et qu'elle vivraient de belles aventures. Le spectre des couronnes de cendres et les menaces de l'archipel n'auguraient rien de bon, mais il savait que même dans l'obscurité la plus noire, il ne suffisait, parfois, que de savoir faire naître la lumière. L'on faisait parfois des choses qu'on ne voulait pas faire. Aldaron n'avait, lui-même, jamais voulu être le monstre qu'il avait été à Morneflamme. Mais il avait du le faire. Charge à chacun, ensuite, de se relever et de trouver son chemin. Vaea avait choisi le contrôle de la magie. Peut-être que Paoele voudrait se racheter auprès de Shyven et deviendrait l'écuyer de la chevalière de l’Équilibre.

    L'apaisement ne fut néanmoins que de courte durée. A peine Vaea eut-il pris la parole pour présenter des excuses à Ezel que ce dernier lui cracha son venin. Le Conseiller Caladonien ne lui en voulait pas, il trouvait même sa colère et sa véhémence légitime. Sa réaction était même assez sage, pour une fois. Les derniers événements l'avait-il refroidi ? Il se souvenait pourtant de l'ardeur joviale de leur rencontre, au début de cette affaire. Voilà qu'Ezel s'en trouvait soudain plus affligé parce que lui, personnellement, avait été trahi, que lorsque la mort de Laïos avait été annoncée. Aldaron savait qu'on ne réagissait pas de façon régulière, logique et raisonnée, lorsqu'on perdait un être cher... Mais dans le cas présent, cela ne faisait que rajouter une couche d'incohérence sur cet étrange personnage. Par respect, l'Elusis se retint de se masser des tempes et se contenta de mirer ce blondinet avec une certaine forme de paternalisme. Disons qu'au final, Ezel lui faisait l'impression d'un enfant égocentrique qu'il lui faudrait remettre face à ses responsabilités d'adulte.

    Vaea reprit la parole pour mettre sur la table l'accord, le compromis qu'Aldaron était initialement venu chercher. Cela serait-il possible, encore ? Après ce qu'avait fait Paoele et la réaction d'Ezel ainsi que de Shyven, il craignait de n'avoir à porter un nouveau secret seul. Il était prompt à l'accepter, néanmoins, mais marcher sur la voie d'un compromis était un premier pas. Si cela n'était possible, alors il ferait ce que tout Conseiller Caladonnien se devait de faire : conduire ce criminel vers la garde. La question d'Ezel perturba le fil de ses pensées. Pourquoi ? Voilà qui était une grande question. Aldaron n'eut pas à mirer Vaea pour sentir le regard de cet homme au visage à moitié brûlé se poser sur lui. Les yeux de l'Ast s'échouèrent sur Ezel, emprunts d'authenticité et de peine... Puis il coula un regard sur Ilhan. Ezel tenait-il vraiment à ce que les méfaits de Laïos soient ainsi annoncés en commun ? Etait-il stupide à ce point ? Il devait pourtant bien se dire que les affaires du Cirque n'étaient jamais tout à fait très réglementaires, non ? Que de cela découlerait forcément des conséquences ?

    Son regard revint à nouveau sur son saltimbanque. « Désirez-vous sincèrement savoir pourquoi, Monsieur Bonaventure ? Ou n'attendez-vous qu'une liste de griefs que vous rejetterez en clamant que cela ne légitime pas la mort de Laïos ? » Étrangement, c'est le moment qu'Ilhan choisit involontairement pour reprendre son vrai visage. Il perdit son pantalon et son haut descendit de plusieurs centimètres, venant tout juste cacher ce qu'il y avait à cacher. Aldaron dut se mordre la lèvre pour ne pas rire de la situation, car l'ambiance n'y était pas très favorable. Il se contenta de défaire sa cape, brodée des armoiries de son époux pour venir couvrir avec les épaules de son fils. Et là, il était encore jaloux l'Avente ? L'Ast ferma délicatement la boucle et lissa le tissu. Ilhan était plus petit que lui, mais cela valait mieux que de se promener les fesses à l'air libre. Une part de lui aurait sincèrement voulu offrir une telle cape à son fils mais... Cela n'aurait-il pas été de mauvais goût pour l'image de ce dernier. Il l'aimait mais il devait l'aimer en silence. Telle était la honte que les vampires avaient à porter.

    Il se tourna à nouveau vers Ezel, reprenant après cette brève interruption : « Laïos était un pirate, Monsieur Bonaventure. La présence du cirque était prétexte à sa contrebande et ses larcins. Lorsque le Renouveau a séjourné dans la Cité Libre de Délimar, Laïos a trompé la vigilance des Brise-Sorts, par magie, et a dérobé des schémas ingénierie de grande importance, ainsi que des informations confidentielles. Les premiers étaient destinés à renforcer l'armement de la Confrérie pirate, les seconds étaient destinés à faire chanter certains membres du Conseil de Délimar afin d'obtenir leurs faveurs. » Et voilà, quand on était stupide... On se retrouvait dans le pétrin. Au moins, Aldaron n'aurait pas à souffrir d'avoir balancé sournoisement Ezel puisqu'il venait de balancer ouvertement Laïos. Comme le blondinet était si intelligent pour avoir conclu tout seul que Vaea avait tué Laïos, il aurait du laisser ses deux neurones connectés un peu plus longtemps pour se douter que Laïos, comme toute le Cirque du Renouveau, n'était pas tout blanc.

    Aldaron, resté proche d'Ilhan, avait doucement serré son bras pour l'intimer au silence, pour le moment. Il avait des choses à leurs dire, beaucoup de choses. Il les laisserait tous parler ensuite. « Vaea s'est désolidarisé néanmoins des forces Délimariennes. Il pourra vous confirmer ne plus obéir aux ordres de l'Intendante. La raison pour laquelle il a agi à l'encontre de Laïos n'est pas d'avoir obéir aux ordres de Délimar. Il a agi parce que Laïos a commis ces méfaits et est parvenu à ses fins en utilisant la magie. C'est l'usage de la magie à desseins malveillants, égoïstes et dispensables que Vaea combat. Croyez bien que je fus le premier à lui reprocher ses méthodes, Monsieur Bonaventure. Elles sont pour moi toujours extrêmes. Il n'en demeure pas moins vrai que son point de vue se défend. L'elfe de la Loge avait fait usage d'un crâne de Troïka. Cet objet permet de faire d'obtenir, par un acte magique, des choses que l'on ne pourrait obtenir naturellement puis d'en payer le prix. Il faut croire que la venue de Vaea aurait été de ces conséquences destinées. »

    Le vampire lâcha son fils, s'exprimant d'une voix égale : « Ce crâne de Troïka, de confection pirate, avait été vendu par Laoïs à l'elfe de la Loge, qui s’apprêtait à en faire usage pour s'attirer illégitimement les bonnes grâces de ma fille, Eleonnora. Afin que cette dernière lui soit redevable. » Il n'avait pas ébruité l'intégralité de ce qu'il avait découvert, avec Ilhan, mais cela serait bien suffisant. « Voici pourquoi, Monsieur Bonaventure. Mais je doute que cela apaise votre colère, au demeurant. Si je vous l'ai dit, c'est pour que vous preniez conscience de ce que cela signifierait pour votre avenir à vous, et votre Cirque. Vous cherchiez des réponses, je vous en donne, mais cette vérité peut vous faire plus de mal que de bien. Regardez déjà les conséquences qu'elle aura après avoir été révélé à un nombre aussi restreint que le nôtre. » Il posa son regard sur Ilhan qui ne saurait cacher une telle information à Tryghild. Celle-ci prendrait ses dispositions, à l'avenir, contre le Renouveau et exigerait peut-être réparation.

    « La réputation de votre Cirque... Et de ceux qui l'ont soutenu... » Il parlait-là, de Toryné. « Risquent d'en souffrir. Je ne saurais que trop vous conseiller, à vous et à ma mère, de désavouer Laïos. De condamner publiquement ses actes et vous désolidariser de lui. J'ignore si vous aviez été informé de ses malversations frauduleuses, mais qu'importe votre degré d'implication, il vaudra mieux pour vous et pour votre avenir d'affirmer voir en votre parenté qu'une odieuse trahison. » Il secoua doucement la tête de gauche à droite : « Voyez, à la lumière de ceci, comme la vérité au sujet des actes commis par les victimes pourraient faire plus de mal, si Vaea venait à devoir s'expliquer devant un tribunal. Personne n'est blanc... Personne n'est parfait. Pour préserver la paix, il est parfois nécessaire de taire la vérité. L'équilibre n'est pas de punir celui qui déroge à la loi, car cela signifierait que l'équilibre est un génocide. »

    Son regard était venu se poser sur Shyven. Comprendrait-elle ? Rien n'était blanc, rien n'était noir. Des gens mourraient tous les jours. Les lois n'étaient que des créations bipèdes, biaisées, changeantes et inéquitable. Est-ce que tuer était mal ? Beaucoup criaient que oui. Mais quand on l'associaient à la notion de défense ou de justice, le meurtre était réclamé dans toute les bouches. Qu'était alors la justice ? Jusqu'où s'étendait la notion de défense ? L'on acclamait des héros de guerre couvert du sang dans leurs ennemis. On tuait un assassin pour faire justice. On avait droit de tuer s'il s'agissait de défense. Vaea défendait le monde, l'entendrait-on ? Tout n'était alors qu'une question de subjectivité. « Je suis allé trouver Vaea pour établir un compromis. Je veux que Caladon soit libre de ce climat de terreur. Que ces meurtres s’apaisent au profit d'un message plus éducatif ou que ces meurtres perdurent en dehors des murs de ma ville... L'un ou l'autre, peu m'importe. Je peux aussi appeler la garde mais... »

    L'Ast secoua la tête de gauche à droite : « Ce n'est pas moi qui lui jettera la première pierre. J'ai au moins autant de sang que lui sur les mains, comme beaucoup de personnes en ce monde. La guerre n'a épargné que les nouveaux-nés et les lâches. » Comme Ezel Bonaventure ? Oups. Il entendait par là que ce n'était que la couardise du saltimbanque qui l'avait épargné, était-ce plus honorable ?

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Les poings serrés, la mâchoire crispée, j'écoutai les explications du vampire non sans un certain agacement. Vaea avait une bouche non ? Il n'avait sûrement pas besoin d'un interprète. Cela dit, peut-être était-ce mieux ainsi. Je pu ainsi en apprendre plus sur la vision du vampire, et étonnemment, je la partageai également. Cela ne changeai en rien mon animosité envers lui, je n'avais et n'aurai probablement jamais d'affinités avec lui, mais au moins, je découvrai une facette un peu moins détestable. Nul doutes que si je n'étais pas moi-même aussi hautain et méprisant, les choses auraient pu mieux se passer... Mais les choses étant ce qu'elles étaient, j'avais trop de fierté, sûrement mal placée, pour essayer de briser la glace.
Je finis par croiser les bras et secouer la tête en soupirant, faisant miroiter Arendal sur ma tête. Décrire mes sentiments étaient assez compliqué, mais la lassitude était sans aucun doute une des émotions dominantes...

-Je vois.

J'étais donc confronté à deux choix. Confronter Vaea sur son crime ou désavouer Laïos. Réclamer justice ou salir son nom. C'était un choix difficile, mais pour le bien du Cirque, je me devais de mentir. De toute façon, le Renouveau connaitrait la vérité derrière la façade.

-Laïos était une Pie, je le savais prompt à menu larcins, mais jamais je n'aurais imaginé qu'il irait aussi loin... Vous avez raison messire Aldaron, ce n'est pas par gaité de cœur, mais pour le bien du Renouveau, son nom sera désavoué...

Je soutenai son regard placidement. En d'autre circonstances, j'aurais volontier débatu sur le statut de "pirate", ce que ni Laïos ni le Cirque n'étaient, mais la situation désavantageuse dans lequel je m'étais embourbé m'intimait fortement à m'abstenir. Je devais avant tout protéger les intérêts de ma famille.
Reportant mon attention sur Vaea, je toisai le responsable de toute cette sordide affaire.

-Je m'attendais à mieux de toi tu sais. Je te croyais assez intelligent pour ne pas finir par tomber dans le fanatisme. Car oui, tes actions ne sont que du fanatisme. Punir les personnes pour une utilisation égoïste et inconsidérée de la magie ? Messire Aldaron est peut-être allé trop fort avec ton visage pour que tu ne vois pas à quel point c'est stupide ? La magie est l'essence de la vie. Tant que l'une et l'autre existeront, il y aura toujours des gens pour l'utiliser, en "bien" comme en "mal". Il est utopiste de penser qu'il ne peut y avoir que le "bien" en ce monde. Toute chose, toute action possède son opposé, suivant cet Équilibre précaire et instable que Dame Shyven ici présente chérit tant.

Je n'en revenais pas de devoir lui faire un exposé sur la nature du monde. Mais il semblait s'être perdu en chemin, et il etait de mon devoir de vaincre son idéologie néfaste, à défaut de le vaincre physiquement.

-Dans ton égarement, tu as choisi de vénérer le dragon de l'Ire, et en son nom, tu t'es lancé dans une croisade insensée... Ne vois-tu donc pas que plus la flamme est éblouissante, tout autant sont les ombres qu'elle créé ? Tu combats pour une justice qui n'existe pas en ce monde, et puis qui es-tu pour prétendre à déterminer qui doit vivre ou mourir ? Tu n'es qu'un humain, aussi imparfait que ceux que tu traques. Tu as dominé, manipulé, affamé même, des créatures pensantes dans le but de nuire et servir tes intérêts. Qu'est-ce donc qui te différencie de ceux que veux éliminer alors.
Et tu pourras retourner mes arguments dans tout les sens, tu ne pourras pas changer ce fait : il est dans notre nature d'être imparfaits. Il y a aura toujours des abus.


Je m'arrêtai un instant, ma queue fouettant l'air de manière sporadique. Plus que de la colère, c'était du dégoût que je ressentais envers lui. Laïos était mort de la main d'un fanatique. N'y avait-il pas plus mort plus décevante que celle-ci ?

-Je ne suis ni juge ni bourreau, aussi je ne peux rien faire. Mais laisses-moi te dire une chose : je te plains. Tu as franchi une limite que tu n'aurais jamais dû franchir, et tu la pairas, tôt ou tard.

Je lui jetai un dernier regard mauvais, avant de regarder les autres, puis sans un mot, je venais m'adosser près de la fenêtre, aussi immobile qu'une statue de glace. Je n'avais plus rien à dire ou à débattre. J'attendais patiemment le jugement des conseillers et des dracènes. Que pouvais-je faire de plus après tout, je n'étais qu'un amuseur de foule.

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Dire qu’il fut surpris et inquiet en voyant Ezel tomber sous l’effet du poison serait un doux euphémisme. Sur l’instant, la culpabilité de n’avoir pu réagir à temps, de n’avoir pu déceler la fourberie avant que la saltimbanque ne boive, le figea sur place. Une voix vaguement lui susurra qu’il faudrait l’antidote, qu’il devait se bouger, s’activer… mais tout ce qu’il parvint à faire fut d’appeler au secours mentalement en envoyant son onde d’inquiétude et de presque panique aux dragonnes. Ce ne fut qu’une fois le saltimbanque tiré d’affaire, qu’il se fustigea de cette perte de contrôle, de cette perte de sang-froid. Quand bien même il ne s’était pas écrié de vive voix ni n’avait viré à l’hystérie. Son inaction sur l’instant était tout aussi parlante que tous les cris qu’il aurait pu pousser.

Toutefois il n’eut guère le temps de s’appesantir sur sa flagellation intérieure, que tout se bouscula, tout alla très vite. Et là encore il resta en pur spectateur, observant attentivement chaque personne présente, chaque geste, chaque expression et écoutant avec avidité tout ce qui se disait. Se révélait. Et des révélations, il y en eut. De nombreuses. Plus qu’il ne pouvait digérer, songea-t-il sur le moment. Il avait envie de leur crier de tout arrêter, de figer les grains de sable s’égrenant, de tout rembobiner et de mieux recommencer. Mais il se contenta de ronger son frein, en silence, et d’attendre, d’écouter. Et en voyant enfin Paoele se calmer au contact de la dragonne rose, il ne put que s’émerveiller de l’influence que les dragons avaient sur les bipèdes, d’une façon générale.

Ou s’en effrayer. Il ne savait trop, pour tout avouer. Un peu des deux. D’abord les Brise-Sorts, qui semblaient vénérer un dragon rouge, le dragon de l’ire s’il avait tout compris, ensuite Aldaron lié à Nahui, opale dragonne de neige, et enfin Paoele si dévouée et écoutant avec attention ce que lui disait Shyven, la dragonne rose. En observant ces liens qui se créaient entre ces créatures séculaires et les bipèdes qu’ils étaient, il ne put que s’interroger sur cette influence, et sur l’impact, l’importance, que les dragons pouvaient avoir sur leur vie. Le rôle qu’ils pouvaient, devaient ?, jouer. Et une petite touche d’envie de comprendre, connaître, un tel lien, pointa le bout de son nez, avant qu’il ne la chasse rapidement. Ce n’était nullement le moment de penser à tout cela. Il avait bien plus urgent à faire.

Et alors qu’enfin la tension semblait se calmer, il sortit silencieusement son carnet resonare et le consulta le plus discrètement que possible pour voir si Tryghild lui avait répondu. Et effectivement réponse il y avait. Une réponse telle qu’il s’y était attendu. Il referma aussitôt le carnet, mais ce fut le moment que choisit son Esprit-Lié pour prendre fin. Et avant qu’il n’ait le temps de copier à nouveau le spirite du serpent, il se retrouva sous ses véritables traits… complètement à nu. Ou presque. Dans un réflexe, qu’il n’avait même pas eu conscience d’avoir, il avait réussi à rattraper un pan de sa tunique, et avait évité de mettre ses parties intimes à la vue de tous. Il était déjà bien assez mortifié ainsi. Et bien assez contrarié que tous puissent voir les veinules courant sur ses épaules et avant-bras, trahissant ainsi sans conteste son appartenance aux Immaculés. Et non aux humains, lui qui jusque-là avait pris grand soin de se faire passer pour l’un d’eux…

Heureusement son pè… Aldaron eut la rapidité et la présence d’esprit de lui offrir sa cape. Sa cape ! Au blason des Elusis du clan vampirique ! Son clan, en un sens aussi. Même s’il ne pouvait s’en prétendre. Une onde de chaleur ondoya en lui et il se surprit à espérer qu’Aldaron la ressente alors. Il exultait intérieurement. Et sentit des filaments le titiller. Il peina à les réfréner mais y parvint, même s'il ne sut vraiment comment.

Même si son père et lui ne pouvaient échanger pleinement comme ils le voudraient en public, Ilhan ne pouvait s’empêcher de ressentir cet élan vers ce paternel vampirique, cette envie de le connaître, de se rapprocher de lui, cette envie d’être avec lui, à ses côtés. Mais entre Tryghild et Aldaron, il devait choisir, apparemment. Et son ancien lui avait choisi Tryghild. Quand il la voyait, une part de lui comprenait et ressentait cette même dévotion, cette même envie de la soutenir, de rester à ses côtés pour l’aider au mieux de ses capacités, d’être digne d’elle et de Delimar. Mais il aurait tellement voulu pouvoir, aussi, être aux côtés de son père, de son clan, pouvoir également les connaître, les aider, les soutenir… Pourquoi devait-on toujours faire un choix ? Question malvenue, se fustigea-t-il aussitôt, tout en la balayant d’une onde mentale. Il avait plus urgent à faire, une fois encore. Et mieux valait savourer ce petit instant, cette belle cape sur ses épaules, dans laquelle il pouvait se pavaner avec joie et légitimité, même si sous un prétexte qui semblait fallacieux en son coeur. Peu importait le comment, du moment qu’il avait le quoi.

Et fier de cette pensée, il offrit un sourire empreint d’une certaine tendresse à son père alors que celui-ci en lissait les pans, puis, dans un geste noble et digne, s’en drapa avec panache, en rabattant un des pans sur l’une de ses épaules. En prenant bien soin toutefois à ce que l’autre pan lui couvre bien tout le corps. D’un pas digne, le menton levé comme si de rien n’était, il sortit de ses bottes devenues, elles aussi, bien trop grandes pour lui, se contentant de marcher pieds nus. Et écouta sagement Aldaron qui reprenait, comprenant au geste de son père qu’il devait encore garder silence. Il se mordit la langue pour s’empêcher de l’interrompre, quand bien même certaines révélations auraient pu le faire sauter au plafond, tant les sentiments s’entremêlaient. Colère et sensation de trahison, que ce soit envers les Brise-Sorts qui paraissaient avoir rompu tout serment envers Delimar, ou que ce soit envers ce pirate d’eau douce de Laios, et possiblement ce saltimbanque d’Ezel qui, malgré ses dires, pouvait très bien être dans la manigance. Mais aussi peine et tristesse en réalisant, peu à peu, que si les Brise-Sorts, pourtant des personnes portées sur l’honneur elles aussi, en étaient venues à de telles extrémités c’est qu’elles devaient être désespérées. Désespérées de quoi ? Il n’en était pas bien sûr. Mais généralement quand on en venait à un tel degré de violence, à moins d’en aimer le goût ce qui ne semblait pas réellement le cas ici, c’est qu’on était acculé, qu’on ne voyait aucune autre issue… n'est-ce pas ? Il n'en était pas bien sûr non plus, cela dit. Il savait si peu au final de la vie, lui qui n'était revenu que depuis un mois à peine...

C’est avec un lourd soupir, qu’il écouta la fin du discours d’Ezel. Il avait été tenté, aux révélations d’Aldaron, de reprendre la plume, quitte à en emprunter une à Paoele, telle celle qu’il voyait là-bas sur le bureau plus loin, pour écrire tout cela à Tryghild et avoir son avis, son aval, au plus tôt. Mais… Une petite voix intérieure lui susurra d’attendre. Certes, il ne voulait pas mentir ni cacher quoique ce soit à sa Reine. Enfin son ancien lui le lui avait écrit, tel un conseil ultime, fatidique, qui devait le guider tout du long, le temps qu’il recouvre tous ses souvenirs. Mais… quand bien même il n’aurait pas eu ce conseil de son ancien lui, sans doute aurait-il pensé de même au premier regard qu’il avait posé sur Tryghild. Elle n’était pas femme qu’on voulait trahir. Et non parce qu’on la craignait, mais parce qu’on ne voulait pas la décevoir. Toutefois…

Toutefois ces révélations attendraient, et peut-être lui fallait-il trouver la force de forger la voie de ses décisions lui-même. Peut-être se tromperait-il. Peut-être devrait-il ensuite en assumer les conséquences et la possible colère de sa Reine. Mais… son instinct lui soufflait une solution. Ou quelques-unes. Certaines pas tout à fait délimariennes. Car elles étaient synonymes de compromis, comme le disait Aldaron. Et Delimar n’aimait pas toujours les compromis. Il devrait donc trouver une juste mesure entre son instinct, qui lui venait d'il ne savait où, tel un écho lointain au fond de lui, les ordres et désirs de sa Reine, et les valeurs de Delimar. Voilà qui allait s’avérer compliquer.

En tout cas, une chose était certaine : son instinct, et sa colère qu’il avait de plus en plus de mal à réfréner, lui chuchotaient qu’il y avait certaines personnes, en ce lieu, auxquelles il ne pouvait avoir confiance. Son regard sombre, dur et froid soudain, se posa alors sur le saltimbanque. Ce pirate, ce menteur éhonté, ce fourbe qui peut-être les avait tous dupés, et qui escomptait sans doute sauver son cirque en reportant toute faute sur Laïos. Non, il ne pouvait parler librement devant lui. Il ne pouvait…

Alors Ilhan fit la première chose qui lui vint à l’esprit. Il s’était peu à peu reculé, pendant tous ces discours, et s’était positionné un peu en arrière. Le saltimbanque était à présent juste près de lui. Juste là… à ses côtés... à portée. Ilhan posa alors son précieux carnet. Puis il prit son courage à deux mains, littéralement, et leva les deux poings en les serrant l’un contre l’autre… sauta pour prendre l’élan et abattit ses deux poings sur le crane de son adversaire. Qui tomba comme une masse.

Soudain conscient de son geste, Ilhan releva les yeux, et eut un rictus penaud. Plus penaud encore quand il réalisa que dans son geste, il s’était mis à nu. Il s’empressa de rattraper les pans de sa cape, et de les rabattre dans le même drapé que précédemment. Il s’abaissa rapidement pour vérifier qu’il n’avait pas tué Ezel. Cela aurait fait mauvais genre, tout de même. Il n’était pas guérisseur, mais au moins il put constater que l’homme respirait et qu’il ne saignait nulle part. Ce devait être bon signe ? Il se releva alors, et se racla la gorge, rassemblant toute la maitrise qu’il avait pour reprendre contenance et dignité.

Je souhaitais pouvoir parler tranquillement, et en relative sérénité, sans craindre… une quelconque autre traitrise, quant aux propos que je m’apprêtais à dire, expliqua-t-il enfin.

Se retenant, avec peine, de lancer un regard incendiaire et furibond sur le corps à terre. Il l’enjamba d’un pas digne, presque hautain, puis s’avança vers les autres, aussi calmement que possible, tout en levant une de ses mains pour signifier qu’il n’aurait aucun autre geste violent.

Je sais que ce comportement n’a rien de politiquement correct. Mais rien dans toute cette affaire ne l’est, vous me le concéderez.

Il observa Vaea et Paoele tour à tour, d’un regard sombre et perçant, avant de reprendre la parole.

Je rejoins pour beaucoup l’avis donné par le Conseiller Aldaron Elusis. Sur de nombreux points en tout cas. Mon instinct me souffle qu’il ne serait pas sage, et ce pour personne, que toute cette affaire soit révélée. Non pas que je souhaite protéger les coupables, ajouta-t-il rapidement en jetant un bref regard vers Paoele pour lui faire comprendre qu’il ne cherchait pas à protéger les Brise-Sorts.

S'il avait compris une chose de sa tentative d'empoisonnement, c'est qu'elle voulait que Vaea au moins paye pour ses crimes.

Mais je souhaite surtout protéger la paix. Je souhaite avant toute chose éviter une guerre.

Cette fois, son regard s’ancra sur Vaea.

Or je pense, je suis même sûr, que si nous révélons tout au grand jour, un procès aura lieu. Et un procès des Brise-Sorts voudra dire un procès de Delimar. Que vous affirmiez ou non que vous avez agi seuls, sans ordre de notre Intendante, que notre Intendante affirme haut et fort de même, peu importera. Aux yeux de tous, Delimar sera tout aussi coupable. Si ce n’est de trahison envers l’Alliance, du moins de négligence voire d’incompétence pour ne pas avoir su contrôler… certains membres de ses troupes.

Et de cela, il doutait que personne ici présent puisse lui affirmer le contraire. Un procès des Brise-Sorts entacherait la réputation de Delimar, et surtout…

Outre cela… Car Delimar serait encore capable d’assumer ces accusations potentielles et de ronger son frein pour racheter son honneur et sa dignité dans les années à venir… Outre cela, un tel procès menacera clairement la paix au sein même de l’Alliance.

Il jeta un rapide coup d’oeil vers Aldaron.

Du moins cela compliquera sévèrement les relations diplomatiques entre Delimar et Caladon, si l’on tient compte des inclinaisons politiques de l’actuelle Bourgmestre.

Il reporta son attention sur Vaea.

Pour toutes ces raisons, je préférerais grandement que cette affaire reste secrète. Que les tenants et aboutissants ne soient pas révélés. Que nous trouvions une tout autre excuse… ou pas… à ces crimes. Cela me semblerait une sage solution. Toutefois…

Il s’avança d’un pas vers le Brise-Sort et dut lever les yeux pour garder ses orbes de jais dans ceux clairs de l’autre homme.

Toutefois il est évident également que Delimar et notre Intendante voudront tout de même que les responsables paient pour leurs crimes. Et ils sont au minimum de deux types, si je ne m’abuse. Tout d’abord envers Caladon et l’Alliance vous êtes coupables pour ces crimes commis proprement dits. Ensuite, envers Delimar, vous êtes coupables d'insubordination et désobéissance, de mise en danger de l'Alliance, de désertion, et possiblement de haute trahison pourrions-nous dire également.

Son ton se fit ferme, presque froid.

Même si le secret est gardé, Delimar demandera donc l’extradition de tous les coupables rattachés originellement à Delimar, pour leur intenter un procès en bonne et due forme. Je peux tenter de plaider pour que seul le responsable de votre groupe, à savoir vous, si j'ai tout compris ?, soit inculpé du dernier chef d'accusation de haute trahison si celui-ci est retenu. Je pense que vous connaissez suffisamment nos lois pour savoir la peine encourue.

Le bannissement, à vie, dans le meilleur des cas, voire la peine de mort si la haute trahison était retenue.

Un soupir lui échappa, avant qu’il ne reprenne, d’un ton plus doux, d’une voix moins ferme, et avec un léger sourire contrit.

Bien entendu il reviendra à Caladon de choisir d'abord votre sanction, si un procès doit vous être attenté, même si à huis clot. Les crimes étant commis à Caladon, je pense que Delimar pourra concéder de laisser à Caladon la charge de ce procès-là et de demander sa part ensuite en fonction des condamnations.

Ce qui serait une grosse concession. Et il comptait bien sur Aldaron pour saisir la balle au bond. Il serait libre, si cette solution était choisie, de décider de ce pan-là. Ilhan prenait là un gros risque, une lourde responsabilité, en proposant un tel marché.

Et je rejoins ce qui a été brièvement évoqué par Aldaron. J’aimerais un compromis quant à vos actions… en partant sur un plan éducatif. Je…

Il déglutit.

Je peux comprendre votre possible ressentiment sur la magie. En fait, non, ce serait mentir. Disons que je peux essayer de comprendre toutefois. Et les Huit m’en soient témoin j’essaie tous les jours. Je me dis que vous devez être désespérés pour en être venus à une telle extrémité, une telle violence. Cela ne justifie pas forcément vos actions, mais cela les explique au moins.

Il pencha la tête en interrogation muette vers Vaea. Il cherchait véritablement à comprendre. Tout ce qu'il disait là n'était que supposition, déduction, intuition. Il mourrait d'envie de toucher sa pythie alors à son cou pour savoir, pour qu'elle lui souffle une réponse, l'aide... Mais il songea que ce serait là donner raison aux possibles craintes de Vaea. Il se retint donc.

Peut-être pour vous tous les mages, les mages les plus corrompus du moins, sont sans doute des cas désespérés.

Lui le premier ? Et un éclat d’or de pure tristesse brilla dans ses yeux sombres.

Mais j’aimerais croire que même pour les cas désespérés, il est encore possible de leur apprendre, de leur faire comprendre. Certes, cela ne se fera pas en un jour. L’éducation par la compréhension, plutôt que par la peur ou la terreur, met souvent plus de temps, des années, voire des décennies. Mais je reste persuadé, même si je peux me tromper…

Surtout avec sa maigre expérience, et sa mémoire lacunaire…

Qu’à terme, cette éducation aura un effet bien plus pérenne que toute autre méthode. Il n’y a qu’à songer aux enseignements que nous avons retenus du Tyran Blanc ou du règne des almaréens… Rien. Nous n’avons rien retenu. Car ils ont tenté de nous les inculquer par la force, et non par la compréhension.

Il baissa la tête, songeur, et hésitant.

Je me dis aussi que nous sommes sans doute tous le cas désespéré de quelqu’un d’autre. N’est-il pas ?

Il releva ses yeux sombres et observa tour à tour les personnes présentes.

Si nous devions tuer tous nos cas désespérés, il ne resterait plus personne. Nous nous entre-tuerions tous… Ne devrions-nous pas nous focaliser sur reconstruire plutôt que détruire ? Éduquer plutôt que frapper ?

Son regard se teinta de lassitude et de tristesse, qu’il tenta au mieux de réfréner, même si ses orbes de jais pétillaient d’or de façon inconstante.

Et enfin je doute que le dragon de l’ire serait heureux que vous le fassiez passer pour un Tyran. Le Tyran rouge sera bientôt son nouveau surnom, tel le Tyran blanc il fut un temps. Est-ce ce qu’il voudrait ? Voudrait-il vraiment faire passer son message ainsi ?

Et cette fois il se tourna vers les dragonnes. Il jouait sur beaucoup de suppositions encore une fois. Il tentait de rassembler toutes les informations qu'il avait engrangées, mais sa mémoire vide lui donnait l'impression alors de jouer au funambuliste en cet instant.

C'est d'un pas plus hésitant qu'il recula alors légèrement.

Tel est en tout cas, ce que je propose. Moi, Ilhan Avente, Conseiller de Delimar.

Et en prononçant son titre, il s’engageait à tout faire pour faire respecter ces termes-là s’ils étaient acceptés.

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Et voilà, c'était reparti.
Ah c'étaient bien les bipèdes, ça. Ils étaient mignons, très attachants, mais par l'Esprit-Dragon, qu'est-ce qu'ils pépiaient ! Certains y passaient la journée sans se lasser. Piapia Caladon par ici, piapia Délimar par là, piapia fanatisme ici... Installée dans un panier à fruits, Nahui commençait à s'ennuyer ferme, et le bout de sa queue tapait régulièrement le sol d'agacement. Ne pouvaient-ils pas tous juste se rappeler que Lié était la tête de la nuée, et juste suivre ses ordres si bien pensés ? Lié aurait dû les malmener. Un bon coup de papatte en travers de la tête calmait généralement les plus récalcitrants. Dans la tête d'Aldaron, elle proposa cette idée, tout en sachant très bien ce que Lié allait répondre. Cela n'aurait fonctionné qu'un instant. Les bipèdes avaient leur propre fonctionnement. Dans les faits, elle comprenait. Tout comme elle comprenait la sagesse qu'il y avait à y aller plus subtilement. Une bonne part de mauvaise foi et d'ennui faisait qu'elle préférait faire mine de ne pas entendre tout cela, et préférer d'ancestrales méthodes.

Bientôt, ce furent cela, les mots qui résonnèrent en Aldaron. Car oui, faute d'être comprise par concepts uniquement, Nahui tenta même de communiquer avec des mots.

"- Je m'ennuie. Je m'ennuie. Lié, je m'ennuie. Tu veux vraiment pas les crâmer ? Cela ferait de l'action. Lié-de-Lié aimerait bien. Vous parlez trop, et cela ne m'intéresse pas."

L'intérêt de Nahui était une loi en ce monde. Après tout, n'auraient-ils pas dû craindre les humeurs de celle qui leur était supérieure ? Celle qui allait, plus tard, écraser jusqu'au terrible Verith ?

Elle dut être suffisamment pénible. Quelques instants plus tard, elle était dehors, avec quelques gardes et sa charmante congénère. C'était parfait ! Elles allaient pouvoir s'amuser. En trottinant, Nahui entrainait celle-qui-valait-moult-peines à travers la ville, avec assurance, la tête haute, le pas bondissant. Il était possible qu'elle ait intimé au Garde de marcher devant elle pour les emmener à bon port, la foule et les nids-sans-magie des bipèdes étant quelques peu problématiques pour elle. Mais cela, Shyven ne le saurait pas.

"- Tu apprécies les bipèdes, n'est-ce pas ? Qu'as-tu pensé de tout ce que tu as entendu ?"

Elle ne donnait pas encore son propre avis, ayant en elle assez d'instinct stratégique pour savoir qu'il valait mieux attendre la réponse et faire mine d'y adhérer, si elle voulait l'affection de sa congénère. Et elle la voulait. Elle voulait que Shyven ait envie de passer du temps avec elle, qu'elle la considère comme quelqu'un de spécial. Elle avait même, à nouveau, employé le langage des bipèdes, bien qu'il lui soit toujours aussi peu agréable. Shyven avait vraiment l'air de porter de l'intérêt à ces petites créatures au corps faible et à l'esprit complexe. Si Nahui pouvait la faire parler de ses passions... Elle profiterait de la voix mentale de la sucrée. Et cette voix mentale n'était pas désagréable. Plus douce que la sienne, plus légère. Nahui, elle, s'était imprégnée des voix bipèdes rencontrées. Son entourage étant principalement fait de voix graves, la sienne en avait pris quelques aspects.
Obtenir du temps et de l'attention de Shyven était désormais son principal objectif, puisqu'elles étaient libérées de considérations auxquelles elles ne prenaient encore part. Tandis que la douce au goût de sucre lui répondait, un plan vint à l'esprit de Nahui, qu'elle murmura au Garde. Changement de trajet. Ce dernier n'allait pas être bien long. Il laissait tout juste le temps de disserter un peu des bipèdes. Parler d'eux dans leur dos avait un goût tout à fait agréable.

"- Tu pourrais rester un peu auprès de nous. Nous avons plein de bipèdes pour nous entourer. Ici, ils sont encore plus bipèdes qu'ailleurs. Ils parlent beaucoup. Ils utilisent beaucoup les noeuds de leurs esprits. Tu pourrais les étudier. Mon Lié peut même te faire découvrir l'effet que cela fait d'être Lié. Il a un objet qui lui permet cela."

Peut-être même pourrait-elle participer aux fameuses "réunions" de Lié. Elles étaient tout à fait ennuyeuses. Mais au moins, les bipèdes parlaient, et d'affaires qui les concernaient. Si ces tracas insipides plaisaient à Shyven... Peut-être que Nahui ferait l'effort de s'y intéresser aussi.

Bientôt, elles arrivèrent à destination. Un caillou. Un caillou sculpté en l'honneur de fille-de-Lié. Caillou quand même. Sans magie, inerte. Une joie malicieuse habitait désormais la petite dragonne. La sculpture était plus grande qu'elles. C'était parfait. Si fière que cela en frôlait l'illégalité, Nahui s'en approcha, et posa une de ses cornes contre la statue. Une corne ornée d'un anneau d'orichalque et d'électrum.

La statue prit alors la forme d'un fruit. Rose, charnu sucré, à l'odeur délicate. Surtout : le fruit était énorme. Plus gros qu'elles. Satisfaite, Nahui se sentit presque grandir dans l'orgueil gonflait en elle. Se tournant vers Shyven, elle vint quérir son avis :

"- Pour toi."

Mais si elle se donnait l'air d'une dracène assurée, elle ne pouvait s'empêcher de craindre que cela déplut à sa congénère. Certes, Nahui était une fabuleuse dragonne, aux milles pouvoirs et à l'esprit somptueusement façonné par les glaces, le sang, et les ancêtres. Que valaient néanmoins toutes ces qualités si elles ne brillaient pas dans un coeur de sucre ?

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Shyven tourna sa tête à gauche, puis à droite, essayant de suivre les conversations qui fusaient ça et là. Elle sentait sa tête chauffée. Le cerveau bipède était bien curieux, mais les langues se déliaient enfin.

La dragonne rose passa totalement à côté du conflit qui semblait opposé Bipède-extravageant, Bipède-Pas-Palôt et Lié-de-Nahui. Elle voulu écouter leurs conversations d’abord, mais elle estima qu’elle n’avait pas grand chose à y apporter. Son avis de dragonne n’importait peu pour ce genre de cas là : il s’agissait de petites guerres de petits groupes, qui passait bien au-delà de ses grandes ailes … Enfin, de ses futures grandes ailes.

Elle eut un petit soubresaut quand elle vit Bipède-Pas-Palôt assommé de la sorte Bipède-Extravageant. Dis donc, il avait en fait de la force ce Ilhan, même s’il ne montrait pas forcément. Cela étant, c’était une manière comme une autre de trancher un conflit. Peut-être pas celle que Shyven aurait choisie, mais après tout c’était des affaires de bipède, à eux de juger de la méthode adéquate.

La dragonne d’opale pencha une nouvelle fois sa tête, écoutant chaque mot du Bipède-Pas-Palôt qui avait l’air d’être un véritable sachant dans cette affaire, avec Lié-de-Nahui. Ce qui était plutôt appréciable dans ce capharnaüm où tout le monde donnait son avis, la dragonne comprise.

Seulement, là, l’instinct de Shyven lui souffla que l’heure n’était plus à l’émotion mais à l’écoute, ce qu’elle s'empressa de faire. En vérité, la petite opale ne comprenait pas vraiment les implications politiques d’une telle affaire : son père avait bien essayé de lui expliquer mais … Mais ça ne lui parlait pas plus que cela.

C’était bête à dire, mais elle était bien plus passionnée par des problématiques d’ordre “supérieures”, et d’ailleurs ce qui lui avait le plus parler initialement quand toute cette affaire commençait à prendre sens, c’est l’atteinte que les Brise-sorts avaient porté à la Magie, à la Trame. Leur défiance de l’ordre établi depuis des millénaires était quelque chose qui avait profondément choqué Shyven.

Elle choisit donc de baisser ses oreilles quand Ilhan et Aldaron discutaient de sanctions de Caladon et Delimar envers Vaea, et des potentielles conséquences de celles-ci. C’était peut être innocent, mais Shyven leur faisait confiance pour ces détails. Eux mieux qu’elle connaissaient la justice bipède, et quelque chose lui disait que si elle intervenait pour suggérer une sentence, beaucoup de monde allaient grincer des dents.

L’objectif n’était pas de devenir son Grand-Père non plus …

Elle s’étira et regarda amusé Nahui. La pauvre dragonne avait l’air de s’ennuyer fermement, en témoignait les mouvements réguliers de sa queue. Elle lui transmit des pensées de soutien, et de soulagement. Qui sait, peut être que ça l’aiderait.

Puis elle porta son attention vers … Pao… Pwel … Paoele -Il fallait reconnaître que son nom était difficile à conceptualiser-. Elle semblait s’être calmée, et avoir repris ses esprits, c’était bien. La petite dragonne vint se coller à elle, et chercha une ou deux gratouilles entre les écailles. Sa compagnie lui plaisait. Elle semblait vraiment dévouée et sincère au-delà de cet aspect perdue qu’elle avait laisser paraître ces derniers instants. Peut-être que si Shyven la guidait sur la bonne voie …

Finalement, la petite opale revint à ce qu’Ilhan disait quand il fut question - enfin, aurait-elle presque ajouté - sur le fond du message de l’agression de différents mages.

En vérité, il était possible de disserter des heures sur un potentiel “bon usage” ou non de la magie et même pour elle, dragonne, tout ceci lui paraissait vraiment théorique et assez nébuleux. Connaissant son caractère, Shyven aurait probablement eu dans l’immédiat une réponse toute centrée et pas vraiment tranchante.

Ce n’était pas le genre de la dragonne de statuer rapidement sur ce genre d’affaires très graves, mais pour sûr que ses questions qu’avaient posé Vaea allaient accompagner ses nuits pendant un bout de temps …

Shyven soupira, et pris la parole pour s’exprimer vraiment sur la question quand Ilhan eut terminé :

“Même si mon Grand-Père n’est pas spécialement reconnu pour sa parcimonie, je pense en effet que tout extrême est condamnable. Tuer en masse ne résout rien, et au contraire cela attisera la peur et la colère des masses. La preuve étant : vous êtes déjà entrain de parler de conséquences judiciaires et politiques de tels actes. Continuer ainsi provoquerait des conséquences irréversibles pour votre île, et qui sait plus tard, pour tout l’Archipel.”

Shyven s’accorda une petite pause avant de pousser un nouveau soupir :

“Mon avis, s’il vous intéresse, est que le fond du problème ne se résoudra pas ici et maintenant, en un clin d’oeil. Vaea, si je conçois votre dévouement à la doctrine de mon grand-père, vous êtes allés beaucoup trop loin. Mais je ne suis pas mon grand-père, je n’ai aucun droit de vous juger au nom de ma famille ici et maintenant. Soyez cependant assuré que je ne manquerai pas de tout lui raconter dans les moindres détails à ma prochaine rencontre avec lui.”

Et Verith seul décidera ce qu’il est bon de faire de Vaea, et des autres de son mouvement. Cela lui semblait plus qu’honnête. Pour le reste des accusations dont Ilhan et Aldaron discutaient, elle ne jugea pas bon de s’exprimer dessus. C’était la justice bipède, et cela allait en dehors de son champ de compétences.

“La seule demande que je vous ferais à titre personnel, Vaea, c’est de ne plus jamais vous approcher de Paoele. Et inversement.”

Une condition acceptable, pour ces deux-là qui semblaient se détester à présent.

“Et pour le reste des questionnements que vos agissements soulèvent, je fais appel à votre responsabilité pour ne pas déclencher un conflit qui pourrait embraser un archipel tout entier. Une solution raisonnable prendra son temps, au vue des enjeux en présence. Si tant est que c’est à nous d’en décider, j’en parlerai en profondeur à mon grand-père, pour faire porter vos avis et les miens.”

Et ainsi soit-il, elle avait dit l’essentiel de ce qu’elle avait à dire. Elle voulait développer son propos tellement plus, mais elle sentait qu’elle y perdrait en pertinence. Elle n’avait pas de réponse absolu sur la question dans l’immédiat, mais elle sentait avoir réussi à maintenir un certain équilibre pour l’instant. Elle jugea que c’était bien suffisant pour l’instant, car à présent c’est un véritable travail de fond qui allait s’engager, pour les bipèdes, comme pour les dragons.

Sur ce, elle laissa les bipèdes entre eux, et se retrouva un instant plus tard dehors en compagnie de Nahui, et Paoele. L’impatience de la blanche liée avait finalement dû avoir raison des nerfs de son Lié, qui les avaient congédiés après que Shyven eut fini de dire ce qu’elle avait à dire.

La petite opale avait insisté pour que Paoele vienne avec elles deux, Shyven voulait absolument lui parler de la suite des événements. Si rien de bon n’était sorti de l’entrevue avec Vaea, peut être pouvait-il espérer compter sur elle pour commencer à entrevoir la suite des événements.

Elle se focalisa cependant sur les dires de Nahui dans un premier temps :

“Tu apprécies les bipèdes, n'est-ce pas ? Qu'as-tu pensé de tout ce que tu as entendu ?”

Shyven pencha la tête, avant de lui répondre :
“Je ne sais pas, Nahui. Ce n’est pas que j’ai particulièrement envie de les aider … En vérité je ne comprends pas vraiment pourquoi ils se disputent. Leurs petites politiques, leurs machinations, et tout le reste … Tout cela me dépasse un peu.”

Elle soupira, l’air légèrement désabusé alors qu’elle déposa affectueusement un bout d’aile sur la blanche-liée, signe de sa fatigue et de son besoin de soutien.

“A vrai dire, je suis beaucoup plus inquiète par l’attentat qui a été commis vis-à-vis de la Magie, et de la Trame. Je ne sais pas si Vaea a vraiment conscience de ce qu’il a fait … On ne défie pas l’Ordre de cette façon. Spécialement pas quand on est un bipède.”

Shyven estimait que son grand-père le pouvait beaucoup plus que ce simple bipède. Après tout, lui avait le poids et l’expérience pour le faire.

“J’ai peur qu’en ce jour, la Balance a connu une blessure qui prendra longtemps, très longtemps à être refermé …”

Autre petit soupir. Ces histoires chiffonnaient vraiment la dragonne. Elle voulait s’y positionner, mais n’était pas sûr de comment elle pouvait vraiment le faire, sans empiéter sur les platebandes bipèdes, ni trop s’immiscer dans des puissances dont elle avait vraiment du mal à saisir la nature.

"Tu pourrais rester un peu auprès de nous. Nous avons plein de bipèdes pour nous entourer. Ici, ils sont encore plus bipèdes qu'ailleurs. Ils parlent beaucoup. Ils utilisent beaucoup les noeuds de leurs esprits. Tu pourrais les étudier. Mon Lié peut même te faire découvrir l'effet que cela fait d'être Lié. Il a un objet qui lui permet cela."

Shyven pencha sa tête et un petit sourire. Elle trouva l’image amusante. Elle vint mordiller les cornes de sa congénère avant de finalement lui dire :

“Rassure toi, je ne compte pas partir tout de suite. Je ne sais pas si j’étudierai les bipèdes en profondeur, mais je resterai bien pour profiter de ta compagnie, et pour régler deux trois choses avec la bipède aux cheveux argentés.”

Elle se tourna un instant vers Paoele, avant de rapidement lui glisser :

“Cela te dirais de rester avec moi ? Je ne t’oblige à rien, mais tu pourrais faire plein de choses à mes côtés … Et bien plus enrichissantes qu’avec Vaea.”

Shyven n’eut pas plus le temps d’échanger car leur petite balade les menèrent bien rapidement à une grande place, où une grande statue dorée était placé au centre de celle-ci. De qui cela s’agissait ? Shyven n’en savait rien. De ce qu’elle avait vu, cela ressemblait bien à d’autres peintures qu’elle avait croisé dans la cité … Peut-être un personnage important de la ville ?

Quoi qu’il en soit, cela n’empêchait pas Nahui d’adopter un air fort coquin en la regardant. Shyven se tourna vers elle et la regarda la blanche d’un air amusé. Qu’avait-elle encore en tête ?

Quelques secondes de plus, et Nahui se dirigea vers la statue, y posa une corne, puis un éclat de magie plus tard et la statue s’était changé en un fruit gigantesque, identique à celui que Bipède-extravagant lui avait offert la veille.

“Pour toi." s’exclama la triomphante Nahui alors.

Shyven eut un grand regard attendrissant envers la Liée-du-Bipède-Pâlot. Elle s’en approcha avant de venir émettre un petit bruit de contentement entre ses écailles. Même si elle ne savait pas encore ce qu’elle allait en faire, ni comment la transporter, elle appréciait vraiment le geste.

Quelques roucoulements plus tard, elle s’approcha du fruit, avant de convier Paoele, Nahui et les gardes l’accompagnant autour de celui-ci. D’un coup de griffe habile, elle découpa des morceaux, tout en prenant garde à ce qu’ils soient bien égaux, et en donna un à chacun.

Elle fit finalement :

“Venez vous asseoir, et dégustez un peu du fruit que m’a gracieusement offert la Liée-Adorable ! Nous avons connu deux jours de trouble, et probablement que d’autres seront à venir. Mais pour l’heure nous pouvons être fiers d’avoir débusqué ce qui se tramait dans les ruelles de Caladon !”

Elle termina sa petite allocution triomphante par un grand coup de langue affectueux à Nahui, et se jeta sur le morceau pour dévorer le fruit, sucré et excellent au demeurant.

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    La réponse d'Ezel le soulagea. Ce n'était pas seulement parce qu'ainsi, sa mère pourrait plus aisément se sortir des mauvais draps dans lesquels elle s'était fourrée avec le Renouveau, mais également parce qu'il était intiment persuadé que personne n'était totalement parfait ou totalement imparfait. Entendre Ezel prendre de bonnes résolutions le confortait dans cet équilibre précaire qu'était l'humanité. Jamais blanc, jamais noir. Jamais pleinement excellent, jamais pleinement décevant. Toujours un amalgame qui unissait les deux pendants de l'être. « Je vous remercie. » L'Ast inclinait sa tête, en signe d'une gratitude qui n'avait rien de feinte ou de biaisée. Il le remercierait et le protégerait, probablement à son insu, mais c'était ainsi qu'agissait le marché noir. Dans le silence et sans attendre les lauriers ou les offrandes.

    Le vampire posa son regard sur Vaea. Il avait fait ce qu'il devait. Ezel n'était du même avis, mais pourrait-il seulement l'être un jour ? Il était aveuglé par la perte et l’écœurement et s'il y avait des erreurs dans son discours, il y avait aussi des vérités. Aldaron était tout aussi persuadé que détruire le mal était une mission impossible. Il n'y avait d'ordre sans chaos, de mal sans bien. Cela ne signifiait néanmoins pas qu'il fallait baisser les bras et ne jamais se battre. L'ordre se devait d'exister, lui aussi. Le chaos ne saurait régner, jamais. Même au plus haut de sa gloire, il perdurait. C'était justement cet affrontement entre le chaos et l'ordre qui permettait au monde d'exister. Même chez les pirates, il y avait des règles. Même chez de preux chevaliers, il y avait la créativité et la folie.

    Ainsi le laissa-t-il assener son discours à l'encontre de Vaea. Tout un chacun avait droit de croire à la réalité qu'il voulait. Aldaron avait, lui aussi, baissé les bras face à la fatalité. Il savait le monde à jamais corrompu et que ceux qui se disaient blancs étaient probablement les pires. Le vampire avait le marché noir à présent pour soutenir les talents qui voulaient se battre pour l'ordre. Il nourrissait ces êtres que lui-même ne pouvait plus être. Morneflamme lui avait ôté ce feu en lui, mais il continuait de vouloir le voir vivre... Dans d'autres. Alors tout ce qu'il pouvait faire, c'était protéger et favoriser ces autres qui se battaient pour un monde qu'il espéraient voir devenir meilleur. Il ne les assenait pas du marteau de la fatalité et de la réalité. Ceux qui faisaient avancer le monde étaient des rêveurs. Aldaron, lui, était désillusionné.

    Nahui commençait à lui signaler son impatience avec des cours de queue dans l'air. Il savait sa Liée fort peu encline à s'intéresser aux affaires bipèdes et cela allait bien au dragonnier. L'on avait bien trop reproché aux Kohan d'être devenus instable par le Lien, leur dragons prenant une place trop importante dans la vie politique des bipèdes. Aldaron aimait sa dracène, mais il était aussi convaincu que c'était se préserver et la préserver également que de scinder leur existence à ce moment-là. Cela n’intéressait pas Nahui. Peut-être était-ce parce qu'elle était encore trop jeune ou peut-être que cela ne l'intéresserait jamais. Même chez les humains, ils y avaient des personnes qui se désintéressaient du pouvoir. Tous n'étaient pas aveuglés par un désir de puissance.

    L'Ast, lui, avait besoin de pouvoir. Après Morneflamme, toute forme de pouvoir était synonyme de sécurité à ses yeux. L'impuissance qu'il avait ressenti, enfermé, était une hantise qui ne le lâchait. Le pouvoir par l'or. Le pouvoir par la loyauté. Le pouvoir même par l'amour. Il n'usait pas du pouvoir pour qu'on vienne flatter son ego. L'ombre lui allait merveilleusement bien. Il aimait le pouvoir pour la sécurité qu'il apportait, et la certitude que ceux qu'il aimait ne souffriraient d'un monde déchiré. Cela ne le dérangeait donc pas que Nahui s'en désintéresse et cajola l'esprit de sa Liée en l'étreignant du sien, promesse que le supplice de ces affaires bipèdes serait bientôt terminé. Nahui et Shyven étaient si jeunes. Leur esprits n'étaient assailli par les considérations politiques et Aldaron ne désirait pas maculer leur innocence.

    Aldaron sursauta en voyant le conseiller Délimarien assommer Ezel sans préavis. « Ilhan ! » s'exclama-t-il, se portant auprès de l'humain pour vérifier qu'il n'était pas mort. Un mauvais coup ou une mauvaise chute était si vite arrivés, mais fort heureusement, le blondinet n'était qu'inconscient. L'Ast l'allongea en sécurité avant de se redresser et darder son fils d'un regard inquisiteur. Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Aldaron lui offrit une mine désabusée lorsqu'on lui expliqua les raisons d'un tel acte. Certes, ils seraient plus tranquilles... Mais n'aurait-il pas tout simplement mieux valu lui demander une audience privée ? Le vampire n'était pas aussi inaccessible qu'un roi tout de même ! Et puis, Paoele était aussi prompte à révéler ce qui s'était passé. Pourquoi ne pas l'avoir assommée, elle aussi ?

    Ilhan ne voulait donc pas ébruiter l'affaire, mais ce qui chiffonna l'Ast, c'était que lui-même devrait se taire et mentir à sa fille pour protéger Délimar... Mais qu'Ilhan n'était, visiblement, pas prêt d'accepter de cacher ces mêmes épineuses problématiques à Tryghild. Il devait tromper sa bourgmestre, s’entacher et prendre des risques, qu'Ilhan n'était pas prêt à partager avec lui ? Combien de temps avant que le pot au rose ne soit découvert et que la position d'Aldaron ne soit mise à mal ? Et cela alla de mal en pis : il pensait que Délimar ''pourrait concéder de laisser à Caladon la charge de ce procès'' ? Pourrait concéder? Mais pour qui se prenait Délimar ?! La grande Reine de Calastin ?! Les crimes avaient été commis à Caladon et relevaient donc de la juridiction de Caladon.

    Que les crimes aient été commis par des Délimariens ne rendait pas à Délimar la primeur des décisions et jugements à l'égard des fautifs ! Il n'y avait rien à concéder, c'était un du ! Qu'on lui fasse avaler qu'il s'agisse d'une faveur de la part de Délimar le mettait hors de lui. Est-ce qu'on allait encore se payer sa tête longtemps ? Le vampire fulminait intérieur et fort heureusement, comme il ne respirait pas, comme son cœur ne battait pas, l'orage du dragonnier restaient lui, grondant avec colère, préparant la foudre qui s'abattrait bientôt. L’émeraude de ses yeux avaient la froideur d'un hiver glacial. L'Ast se détourna lorsqu'Ilhan s'adressa d'avantage à Vaea. Il marcha vers la porte ouverte qui menait sur le balcon où l'on avait pris le thé, un peu plus tôt.

    Faisant dos à tous, il ferma les yeux et tâcha de s'accrocher au bons moments qu'il passait avec ceux qui lui étaient chers. Son époux, sa Liée, ses enfants. Sa famille, son clan. Il devait impérativement se calmer car l'incident qu'ils traversaient aurait besoin de toute son habilité diplomatique. Il devait garder la tête froide, quand bien même Délimar se montrait bien grandiloquente alors qu'elle ne devrait faire que profil bas. C'étaient des soldats d'élite Délimariens qui avaient échappé au contrôle de l'Intendante pour tuer dans les rues de Caladon. Pour cet ingérence, Délimar devrait être en train de ramper à ses pieds pour le supplier de trouver un compromis, non pas de monter sur ses grands chevaux comme si tout lui était du. Rah ! Il devait se calmer, bon sang ! Pas ressasser !

    Lorsque Nahui lui signifia son ennui, il l'invita à aller se promener avec Shyven et Paoele. Vaea, Ilhan et lui avaient des choses à se dire. Cela relevait d'avantage de leurs pouvoirs respectifs. Par le balcon, il fit signe à ses alliés de monter. Il voulait faire escorter les dracènes, car il y avait toujours des Nywins dans la nature. Les propos de Shyven étaient plein d'une innocence et d'une ignorance si souvent attribuées à la jeunesse. Elle n'avait pas connu le Tyran Blanc ni le combat contre les chimères pour savoir ce qui signifiait vraiment 'tuer en masse'. Ce qui était loin d'être le cœur des actions de Vaea, au contraire, puisqu'il ciblait des individus bien précis. Qu'étaient cette douzaine de morts à côtés des véritables massacres perpétrés par les Almaréens ou le Tyran Blanc pour asseoir leur pouvoir ? Elle ne savait rien des meurtres en masse.

    Une part de lui enviait son innocence qui s'indignait pour une poignée de morts. Les vies étaient précieuses mais, pour être honnête, c'était de loin la moins violente des hécatombes qu'ils aient connu ces dernières années. C'était aussi insignifiant que courant, aux yeux d'Aldaron. Les gardes entrèrent. Parmi eux, il y avait Osborn, ainsi que quelques gardes rencontrés la veille. A l'exception de Jaime, ils étaient tous du Marché Noir, bien que cette exception ne saurait durer maintenant qu'il savait la loyauté auréolée par les esprits que le capitaine lui vouait. « Formez une escorte pour les dracènes. » fit-il en adressant une caresse tendre sur les écailles robustes de sa Liée. Elle ne saurait le sentir, mais c'était l'affection derrière le geste qui comptait.

    Il laissa partir les écailleuses. « Il va falloir me faire confiance, maintenant. » confirma-t-il à l'intention Vaea. Il avait accomplit sa part du marché, mais maintenant, il allait falloir rendre compte de tout cela et décider pour l'avenir. Ilhan désirait garder le secret, mais ce qu'il lui demandait de faire, Aldaron ne pouvait l'accepter. Cela revêtait d'un caractère international et c'était un fardeau qu'il n'acceptait pas de porter seul. Ilhan voulait avoir le beau rôle dans tout cela, le rôle de l'honnêteté, laissant à Aldaron la tâche ingrate du mensonge et de la tromperie envers les siens. Après ce qu'il lui avait offert, comme Ilhan pouvait-il se montrer aussi ingrat et vouloir se laver les mains de toute cette affaire ?

    « Osborn, Elena, prenez des hommes en qui j'ai confiance et rendez vous, avec Vaea, au repère dans le port. Vaea, vous direz aux vôtres de prendre toutes leurs affaires et de suivre Elena. Elle les conduira en lieu sur, le temps que cette affaire se tasse. Si Délimar, en grand prince, nous concède généreusement de faire de vous l'unique responsable, nous aurions tord de ne pas profiter de sa grâce. » Il était plus amère qu'il ne l'aurait voulu, dans son ton, suintant d'une ironie vorace. Il serra les mâchoires, ravala sa bile : il n'était pas tous les jours aisé d'être un nouveau-né. Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait giflé son fils pour le corriger. Mais son esprit savait cela contre productif. « Vous prendrez avec vous ce qui a été dérobé à Délimar, et vous serez escorté, ensuite, jusque chez moi. »

    Il posa son regard sur l'homme en armure dorée : « Jaime, il y a des Nywins affamés en cage. Allez-y avec des mages pour les nourrir et les calmer. Libérez-les, mais gardez-les sous contrôle. Je vais faire avertir Elric Dorne, Cybele Paulus et Cymoril Veanya, du cercle des Aînés. Ils sauront vous aider : ils ont l'habitude d'éduquer des êtres qui ont excessivement Faim. Faites votre rapport à la Bourgmestre. Indiquez que vous avez trouvé cette planque grâce à des signalements de citoyens et que vous en avez conclu, eu égard de l'attaque qui s'est produit à la morgue, que les Nywins étaient utilisés comme des armes pour tuer. Poursuivez vos recherches pour retrouver les Nywins dans la nature afin de sécuriser complètement la ville et de pouvoir lever le couvre-feu. Signalez que vous recherchez toujours celui qui utilisait les Nywins pour tuer, mais que sans ses armes, il devrait être d'avantage inoffensif, à présent. »

    Il fut entendu et obéi, mais avant que le Capitaine ne le quitte, Aldaron l'intercepta : « Soyez prudent, Osborn. » Il n'en tirerait aucune gloire personnelle. Du moins pas directement. La résolution de cette affaire, il venait de l'offrir à Osborn. Il avait toujours favorisé ceux qui lui vouaient loyauté. L'Ast ne désirait aucun lauriers. Il les offrait de bon gré à Jaime pour qu'il soit, lui, gratifié. Peut-être aurait-il une médaille, une montée en grade. Devenir puissant, c'était aussi avoir la loyauté de personnes de plus en plus puissantes. Le marché noir ne mettait pas ses hommes dans les hautes sphères. Ils faisaient monter des talents, offrait des opportunités, à ceux qui savaient à qui ils étaient redevables. Et si le capitaine devenait commandant ? Alors le Marché Noir aurait, en plus de la majorité du Conseil, la main mise sur la seule force armée de Caladon.

    Il le laissa partir, avec Vaea, et rassembler ses hommes. L'Ast s'agenouilla près d'Ezel et passa un bras dans son dos, l'autre derrière les genoux pour le saisir et le soulever. « Allons chez moi. Je ne veux pas vous entendre, Ilhan. » fit-il à son fils. Il ne doutait pas qu'Ilhan comprendrait combien la rue ne serait pas un endroit sur pour parler. Portant Ezel jusque chez lui, escorté, il déposa son pauvre saltimbanque dans un lit et le confia aux bons soins de ses domestiques. Il avait laissé à son fils le soin d'aller se changer et de retrouver des habits plus adaptés. *Nahui ?* fit-il pour sa Lie, captant ce qu'elle venait de faire de la statue en or d'Eleonnora : *La prochaine fois, trouve quelque chose d'autre à transformer en fruit, je te prie...* Pourquoi était-ce toujours à lui de débourser pour les autres ? Mais c'était encore le moins grave : il manqua de s'étouffer en entendant Shyven clamer aux gardes qu'ils avaient résolu ce mystère.

    Encore heureux qu'il s'agisse de l'escorte qu'Aldaron avait formé avec des gens de confiance. Il s'installa dans le fauteuil de son bureau, attendant Ilhan avec patience. *Nahui, peux-tu demander à ton amie de se faire discrète quelques jours. Nous parlions de secrets, j'apprécierai qu'elle ne me mette pas dans de beaux draps sans le vouloir, veux-tu ?* S'il allait finir par s'énerver ? Il ne l'espérait pas mais il sentait son sang ne faire qu'un tour, fougueux et violent. Il n'aimait pas ce qu'il avait découvert. Mais il allait falloir qui trouve une issue.

    *Shyven devrait puiser dans la mémoire draconique. Elle verrait qu'en des temps reculés, sur Ambarhùna, les bipèdes ont tant et tant utilisé la magie que, comme un verre qui se vide à mesure qu'on le boit même lorsqu'on n'a pas soif, il n'en resta plus. Les dragons sont alors retournés sur le continent sauvage, car sur Ambarhùna, ils se mourraient. La magie a disparu pendant des siècles, plus personne ne pouvait en user et les races magiques ont été gravement affaiblies. Il fallut du temps pour que la magie se régénère, se reforme dans les entrailles de ce monde pour que des dragons naissent et rendent de nouveau cette magie accessible aux bipèdes, en servant lien. Aujourd'hui, nous avons la magie... Mais si nous la consommons à nouveau, à outrance, nous la perdrons encore. C'est pour cet usage modéré et cantonné à l'indispensable que Vaea se bat. Il a tué ceux qui en abusait, dans un combat vain mais pourtant nécessaire. Laisser faire, c'est cela la véritable blessure. La Balance penche déjà d'un côté, de façon infime. Mais lorsqu'on s'en rendra compte, cela sera peut-être trop tard. Vaea a voulu faire peser l'autre côté, pour retrouver le véritable Équilibre, celui que personne ne voit en ne jurant que par le factice Bien.*

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Sur Ambarhuna, l’usage inconsidéré de la magie, allié aux guerres destructrices entre races, causa le départ des dragons vers le continent sauvage et la transformation des plaines d’Esfelia en un immense désert aride. Pendant des centaines d’années, Ambarhuna fut une terre stérile où les races dites magiques agonisaient à petit feu, n’ayant plus d’essence magique pour soutenir leurs existences. Sur l’Archipel de Tiamaranta, la majeur partie des populations a poursuivi son usage intensif de l’énergie vitale du monde, cette magie convoyée par les dragons et le Baoli. Teinte de cheveux, lueurs magiques, contrôle de l’esprit… de nombreux sorts et glyphes fleurissent pour des situations aussi diverses que variées. L’Ordre des brises-sorts carmins, suivants les enseignements du dragon de l’ire, Verith, décida, en un acte désespéré, d’inciter la modération par la terreur en tuant ceux qu’ils identifiaient comme des destructeurs. Une enquête fut menée pour découvrir l’origine de ces meurtres qui menaçaient l’équilibre économique de la ville de Caladon. Avec leur découverte vint aussi à la lumière du jour l’intention salvatrice derrière ces morts et la controverse qu’ils créaient. Quelle solution apporter à un problème qui ne semble pas trouver d’issue pacifique ? Un meurtre pour la survie du plus grand nombre est-il répréhensible ? La fatalité vaut-elle que l’on se batte contre elle ou bien est-ce peine perdue ? Peut-on pardonner un parent coupable de mettre le monde en péril ? Où est l’Ordre et où est le Chaos ? Le Bien et le Mal ? Qu’est-ce qui tient de l’éthique, du biais, de l’avis et qu’est-ce qui doit être accepté unanimement ? Qu’est-ce qui tient de la morale ou d’une question de morale ?


Mot du MJ : Ce sujet n’était que la première pierre à la trame des brises-sorts carmins. Le sujet se termine ici, mais la trame elle-même va se poursuivre au travers d’autres rps. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, seulement des choix et des conséquences sur le contexte du forum, qui feront évoluer l’univers dans son ensemble, progressivement. Ceci était la première pierre et je vous remercie de l’avoir poser et d’y avoir participer. Je listerais les RPs liés à cette trame dans ce post au fur et à mesure qu’ils seront effectués, afin que tout le monde puisse suivre aisément s’il le désire.

Je vous remercie également d’avoir été nos cobays pour cette première intrigue en style enquête, j’espère qu’elle aura été intéressante et plaisante pour vous. Ayant tout à fait conscience que la chose est optimisable, j’invite les joueurs à me faire un retour et à partager vos impressions et suggestions pour les prochaines afin que l’on puisse améliorer cela. C’est important que l’on puisse entendre ce que vous avez à dire car c’est surtout comme cela que l’on pourra rendre les intrigues plus prenantes et agréables.



Jet de dés de récompenses :

-Aldaron : 300 PO
-Ezel : Rabais de 1000 PO
-Ilhan : Glyphe , Bonus, Effet unique
-Shyven : 300 PO
-Nahui : 300 PO

Dernière édition par Le conteur le Mer 29 Jan 2020 - 15:57, édité 1 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Lot d'Intrigue' :
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Jet bonus doublure d'Ilhan : Rabais de 600 PO

Dernière édition par Le conteur le Mer 29 Jan 2020 - 16:00, édité 1 fois

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