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[INTRIGUE] Le maléfice des esprits [groupe 1]

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.: Jet 1 :.

Achroma

Compétence utilisée : Magie niveau exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

Race = Vampire : +5
Esprit-lié = Inséparable 1 : +5
Perturbation magique de la licorne : -20

Résultat => 85 - 74 = 11. Réussite simple

Le résultat déterminera le temps que mettra Achroma avant de créer le lien avec la licorne.

Réussite exceptionnelle : 1 post avant réussite
Réussite remarquable : 2 post avant réussite
Réussite notable : 3 post avant réussite

Réussite simple : 3 post avant réussite
Réussite in extremis : 4 post avant réussite
Réussite médiocre : 4 post avant réussite
Échec simple : 5 post avant réussite
Échec cuisant : Echec
Échec critique : Echec



.: Jet 2 :.

Aldaron

Compétence utilisée : Coordination niveau Bon. Marge de la caractéristique : 55.

Modificateur =>

Ecailles protectrices : Glyphe Perfectionnement de la Coordination : +10
Foudre-Eclat :  Alliage effet Dragonnier de foudre : +10
Esprit-lié = Inséparable 3 : +10

Résultat => 85 - 2 = 83. Réussite exceptionnelle


  • MR de 66 et plus : Réussite exceptionnelle. L'action fait l'effet d'un coup de génie. Un avantage conséquent est octroyé et ses effets bénéfiques font profiter tout le groupe.
  • MR de +41 à +65 : Réussite remarquable. L'action est ovationnée. Un avantage certain est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +21 à +40 : Réussite notable. L'action est particulièrement réussie. Un léger avantage est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +1 à +20 : Réussite simple. L'action est réussie simplement, sans autre résultat notable.

  • MR de 0 : Réussite in extremis. L'action réussit sur le fil du rasoir, à un cheveu près.

  • MR de -1 à -20 : Réussite médiocre. L'action réussit mais n'a pas les effets escomptés (souvent amoindris).
  • MR de -21 à -40 : Échec simple. L'action échoue. Un léger désavantage au joueur ou un léger avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -41 à -65 : Échec cuisant. L'action échoue pitoyablement. Un désavantage au joueur et/ou un avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -65 et moins : Échec critique. L'action échoue lamentablement. Un sérieux handicap est attribué au joueur et à ses alliés. L'adversité obtient un sérieux avantage.



Dernière édition par Le conteur le Dim 31 Mai 2020 - 10:42, édité 1 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 74, 2

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    Une moue apparut distinctement sur le visage du nouveau-né lorsque le tir de son feu-tonnerre n'eut pas l'effet escompté. On parlait tout de même des meilleures armes de l'archipel, avec une puissance de feu capable de couler un navire par le fond et voilà que la boîte crânienne de cette bête y résistait ? Qu'à cela ne tienne, une fois morte, il ferait des os de son crâne une armure si cela était aussi solide ! Repoussé par l'attaque de la licorne, Aldaron put remercier mentalement l'armure dont l'avait pourvu Purnendu car Kaalys n'avait pas eu autant de chance. Les blessures du dragon lié, par l'Alliance du Premier, il les ressentit comme sur sa propre peau, venant picoter ses doigts alors que le dragon noir attaquait la bête, Nahui maintenant en place la créature teigneuse, alors que Purnendu diffusait un gaz inflammable qui n'appelait qu'à une seule réaction de la part de son époux de feu.  

    Sa Liée disparut sous les flammes, mais elle était indemne, il le sentait. Il priait pour que la licorne le soit moins. La trame se distordait, comme à chaque fois en présence de la Licorne et le tintement de la cristallisation lui fit lever la tête juste à temps pour discerner les blocs de glace qui allaient lui tomber dessus. Vif, il ne manqua pas de s'écarter des plus gros et à envoyer paître par télékinésie les plus petits, qui tombèrent au sol dans une mélodie aux sons aiguës et tout juste audible dans le vacarme d'un combat. Avec une dextérité qui témoignait de ses origine elfiques, il trancha le dernier bloc à l'épée lorsque celui-ci arriva tout juste à la portée de son arme trancheuse de têtes.

    Scindé en deux, les éclats se répandirent en une myriade d'étoiles scintillantes, qui firent luire dans ses prunelles d'émeraude l'étincelle de sa colère sanguinaire alors qu'il reposait le regard sur sa principale ennemie : la Licorne. Celle-ci venait de repousser Nahui – ce qui était un affront inadmissible – et concentrait le feu tournoyant  à l'extrémité de son corne rompue. Que comptait-elle faire ? Un retour de flammes ? Qu'elle fasse donc, excepté Purnendu, ils étaient tous insensibles au feu de par leur statut de dragon ou de dragonnier. Quant au Graärh, il était béni par l'hippopotame... L'ast, un geste vif de l'index traça un lien altruiste avec Purnendu pour quelques brèves secondes : le temps de l'attaque de la licorne. Ainsi, s'il brûlait... C'était Aldaron qui brûlerait. Ou ne brûlerait pas à l’occurrence. Ainsi étaient-ils tous immunisés au retour de flamme de la Licorne. Il ne restait plus qu'à se concentrer sur plus important : gagner du temps, comme le demandait Ivanyr.

    Un buisson. Voilà où c'était retrouvé le vampire après son esquive. Le houx avait ses fruits rouges enneigés et il ferait un très bon endroit pour disparaître. Il posa un index sur son front et le fit glisser le long de l'arrête de son nez jusqu'à ne plus être visible. Quelques petites minutes seulement : cela n'était pas un sort dont il avait l'habitude. Mais par son lien d'inséparable, il en bénéficiait. Il comptait profiter de cette illusion pour attaquer la licorne et lui planter l'épée entre les deux omoplates. Avec un peu de chance, il toucherait son cœur. Tel le prédateur nocturne qu'il était, il bondit tout crocs dehors sur son dos pour chevaucher la bête par surprise et mener à bien son attaque.

    Spoiler :


    Spoiler :



    Directives :

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Ses griffes se refermèrent sur le dos et le flanc se la licorne tandis qu'il s'y appuyait tout son poids. Mais l'animal était anormalement résistant, comme en témoignait le peu d'entailles que Kaalys parvint à lui faire. Son poil était bien maculé d'un peu de sang, mais certainement pas autant que le jeune dragon s'attendait à voir. Ce dernier souffla de frustration, l'air chaud sortant par ses naseaux se transformant aussitôt en un petit nuage visible dans l'air froid de Nyn-Tiamat. Le dragon se recula, par la suite, transformant la neige qu'il foulait en glace rougeâtre. Il se préparait à un second assaut lorsque la licorne cristallisa la neige environnante en plusieurs pieux de glace d'une taille impressionnante. Sentant l'impact arriver, car il n'aurait jamais le temps de s'échapper sans piétiner l'un de ses alliés, Kaalys préféra lui présenter son poitrail, là où ses écailles étaient les plus épaisses. Skêlz, l'armure qu'il portait et sur laquelle étaient accrochés selle et bombes, amenuiserait l'impact également. Mais Kaalys n'avait pas mesuré la puissance de la licorne à sa juste valeur et les pieux de glace parvinrent à transpercer légèrement l'armure et les écailles, faisant couler un peu de son sang bouillant dans la neige.

Grognant de frustration face à sa faiblesse, sa fierté de dragon quelque peu entaché, Kaalys se replia davantage. Les sacs de bombes étaient protégés derrière ses pattes, tandis qu'il continuait de faire face à la créature. Si celle-ci était d'une résistance hors du commun, elle ne semblait pas aussi puissante qu'à leur première rencontre. Kaalys se souvenait d'une créature capable d'illusion et d'une magie beaucoup plus dévastatrice. Se réservait-elle ? Était-elle amoindrie depuis leur première rencontre ? Cela lui semblait invraisemblable, alors… s'agissait t-il d'un autre spécimen ?

"- Recule toi un peu !!!”

La tape légère sur son flanc lui fit réaliser la proximité de Purnendu. Comprenant ce que ce dernier voulait faire, et sachant qu'il transportait toute leur puissance de feu non-magique, Kaalys obéit et se recula tant bien que mal dans cette végétation fournit en obstacles de toutes tailles.

Kaalys ressentit une pointe de fierté lorsque l'explosion retentit. Son Lié avait une affinité avec le feu que le jeune dragon ne pouvait qu'apprécier. Et personne n'avait été blessé, surtout Purnendu. Il y avait un avantage à avoir une équipe constituée presque exclusivement de dragon et de dragonnier. Mais, à présent, le feu déchaîné devenait l'arme de la licorne, qui rassemblait les flammes en un tourbillon au-dessus de sa corne brisée. Même si Kaalys ne craignait pas les flammes, il s'inquiétait pour Purnendu et également pour la forêt, tout simplement. Déclencher un incendie qui brûlerait la moitié de l'île ne lui plaisait pas, il y avait des créatures dans ces bois qui ne méritaient pas la mort.

Mais le tintement des petites bombes contre ses écailles lui rappelèrent qu'il transportait une charge explosive conséquente et si Purnendu lui avait demandé de se reculer, ce n'était pas pour les voir exploser maintenant. Le jeune saurien planta ses griffes dans la terre et la neige, juste avant l'explosion de la nova, et attendit le dernier moment pour protéger son précieux chargement de ses écailles d'ébène.

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Sort utilisé :

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La situation n’allait pas dans le sens escompté. Non seulement ses bombes n’avaient pas causé autant de dommage sur la licorne qu’il l’aurait voulu, mais cette saloperie avait le mauvais goût de retourner les flammes contre eux ! Ne pouvait-elle pas simplement mourir ? Ils avaient plus urgent à faire ; comme par exemple trouver et abattre l’alpha de cette horde hennissante par exemple. Avec les poils gonflés le long de son dos, Purnendu semblait plus massif encore qu’à son habitude. Babines retroussées, il surveilla avec méfiance les flammes qui léchaient les sapins dont la résine crépitait et s’embrasait d’un rien. Ses yeux au vert d’acide se tournèrent sur Kaalys qui se maintenait à distance, puis d’Aldaron qui se tournait vers lui. Sans trop savoir ce que l’ancien elfe venait d’appliquer comme magie, le graärh alla se réfugier tout de même derrière un obstacle suffisant pour le cacher de l’attaque imminente de la créature.

Et grand bien lui en fit. La nova de feu balaya absolument tout sur son passage et il aurait très certainement fini avec de graves brûlures si la majorité des flammes n’avait pas été déviée sur Aldaron. Remerçiant en silence l’aste, il releva la tête juste ce qu’il fallait pour poindre le bout de ses moustaches et observer la licorne. Toujours debout, toujours alerte et belliqueuse. Un grognement dépité lui échappa et il chercha ses alliés pour évaluer un peu mieu la situation. Achroma continuait de préparer son sortilège, Kaalys protégeait les bombes qui heureusement n’iraient pas exploser sous quelques esquilles de braises égarées, voire un peu de chaleur. Faites de terre cuite, il fallait les briser pour répandre chez les unes le gaz et chez les autres créer l’ignition nécessaire à leur explosion.

Pianotant pensivement des griffes sur le bord de sa cachette, Purnendu pondéra l’idée de cribler la licorne des-dites bombes explosives, mais renonça bien vite. La créature avait le cuir trop épais vu combien elle ressortait avec seulement quelques écorchures suites aux grignotages intensifs de deux dragons de grande taille. Un pli de dépit et d’agacement souverain ourla les babines sombres du Graärh qui finit par soupirer lourdement. Vu l’état de vigilance de leur adversaire, il y avait peu de chance pour qu’une attaque surprise fonctionne totalement aussi le félin se redressa après avoir sortit du sac sans fond “Souffle Ancien” ; son bâton magique. Il se positionna devant la licorne et dressa l’objet au dessus de ses cornes, de façon perpendiculaire.

“- Hey, Fïndhus* !!! Par ici !

Alors qu’il abattait l’arme pour frapper le sol, Purnendu déploya deux choses. Premièrement, il tordit la fonction première de son bouclier de l’Hippopotame pour créer sur les jambes de l’équidé des chaînes. Il ne le protégeait pas, mais cherchait à protéger l’extérieur, le monde entier, de lui et donc enfermait ses jambes par la pression négative du bouclier. La seconde chose fut l’activation de son glyphe “Lumière des étoiles” avec toutefois une telle intensité qu’elle devrait si non aveugler la créature, au moins la désorienté et/ou la focaliser pleinement sur lui. D’une patte, il avait osbtrué les ¾ du glyphe de sorte à ne créer qu’un cône précis qui englobait l’encolure et la tête de la licorne. Après tout, il serait dommage d’aveugler ses alliés, non ?



* Fïndhus : terme péjoratif désignant une monture que l'on veut transformer en hachis parmentier.


*** *** *** ***

Directives :


Souffle Ancien :

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Cela faisait bien de l’agitation au sein d’une forêt hivernale, bien des éléments que les sens de Nahui se devaient d’interpréter au plus vite. Un renâclement de satisfaction s’échappa de la gorge bouillonnante de l’incendiaire aux ailes de glace, comme la chaleur des flammes venait lécher ses écailles. Sous ses crocs, la chair s’agitait, se faisait molle, puis plus ferme, comme la licorne se débattait dans sa douleur. Cette petite chose commençait à regretter, à vouloir fuir plutôt qu’attaquer. Un bref éclat de lucidité passa dans l’esprit de la dracène. La créature entre ses crocs était sans doute magique, mais son esprit n’était pas assez complexe pour qu’elle soit la seule coupable des maux dont on l’accusait. L’instant suivant, la magie fusait autour d’eux en moult salves menaçantes. Lié n’étant pas encore invincible, malgré ses injonctions en ce sens, la Liée du maître de l’Or se précipita, étendant ses ailes, pour protéger ce qu’elle avait de plus précieux. Ce dernier avait néanmoins un autre plan. Lorsqu’elle le comprit, Nahui s’écarta, pour lui laisser tout le loisir d’agir.

Le mot dut se transmettre, par quelque autre lien qui n’apparaissait pas au regard brisé de l’invincible. Elle sentit la présence de Kaalys se mouvoir, pour mieux se positionner, et l’ami-odeur-féline s’agiter dans un exercice pour attirer l’attention de la créature. Frère-de-Feu, lui, préparait quelque sort ; la magie en son sein se préparait, s’ordonnait, s’amassait. Un assaut final était prévu. Nahui n’avait plus de pitié pour celle qui avait osé résister à Lié et tenter de lui porter atteinte.

Son bipède s’élança, avec toute la férocité du prédateur qu’il était. Un nouveau rugissement d’encouragement et de fierté échappa à Nahui, dont les envies de chasse portaient une fine bave aux lèvres. Elle avait goûté le sang de la bête, c’était au tour de Lié de s’en repaître ! Qu’il leur montrât, à tous, l’implacable puissance de sa Nuée ! La douleur et le sang éclatèrent. La licorne s’agita, remua, de façon bien trop sporadique pour que l’immaculée dragonne tentât d’à nouveau refermer sa mâchoire sur elle. Aldaron tenait bon, s’accrochait, poignardait.

Les écailles de Nahui lui parurent frémir quand enfin le sort de Frère-de-Feu vint projeter ses crocs acérés dans la chair de la bête. À la puissance Ravageuse du Frère venait s’opposer une toute autre magie, que la jeune enfant n’avait encore jamais croisée auparavant. Voilà qui corroborait sa théorie selon laquelle la licorne n’était qu’outil de plus grand danger. Un froncement de nez vint trahir son sentiment. Cette magie-là s’échinait à vouloir résister à ce cher Lié-de-Lié. Pourtant, l’odeur du sang était de plus en plus forte. La bête n’était plus que chair mutilée à l’odeur de suie, frénésie hurlante de terreur, poussée dans ses derniers retranchements. Elle donnait bien du mal à Lié, qui pourtant approchait de son but.

Soudain, le crépitement des flammes cessa, la température chuta, le chaotique piétinement des sabots de même. Un simple sifflement, aigu et persistant, vint feuler au travers du silence. La licorne avait abandonné - ou peut-être était-elle déjà morte. Mais elle n’allait s’échapper dans la défaite. Le coeur de Nahui manqua un bond alors qu’elle percevait, cette fois-ci avec plus de précision que quiconque, ce qui se déroulait sous leurs yeux. Ce n’était là rien qui ne soit habituelle dans le monde des bêtes, ni celui des créatures. La licorne aspirait le plus de magie alentour possible, afin de muer ses forces en un ultime coup de grâce.

La sensation sur les écailles de Nahui se fit plus précise. Elle aussi avait réussi, dans son horreur, à attirer à elle cette magie dont elle était la gardienne et la fille. Cette magie palpitait entre chacune de ses écailles, contre chacune de ses griffes. Elle aussi pouvait agir. Elle ne savait trop comment s’y prendre, elle ignorait si sa volonté avait un quelconque impact sur ce qu’il se passait. De plus en plus, la magie vint également à elle, la rengorgeant de fierté, puisqu’elle pouvait bien mieux faire que cette pâle copie qu’était la licorne. Elle voulait tout lui prendre, tout, jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus rien, que la lame d'un bipède au sein de son coeur.

rectives :


Avec autorisation expresse du MJ :

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Tissant précautionneusement le flot de la magie, le nouant adroitement autours de la poupée de sinistre intention, le parangon acheva enfin l’arme qui devait briser leur adversaire. Sous leurs assauts répétés et la malveillance de la poupée, la licorne faiblissait continuellement en dépit de sa hargne, sa fourrure ne tardant pas à être poisseuse d’humeurs et de sang. Sa virulence déclinait, mais elle n’était pas pour autant moins mortelle tant qu’elle perdurait. Sentant sans doute la fin approcher, la créature tenta un ultime coup contre leurs rangs, une explosion de magie qui soufflerait sans doute plus que la clairière improvisée qu’ils avaient créés. Une volonté meurtrière qui fut promptement, et de façon fort spectaculaire, soufflée par Nahui. La dracène avait attiré à elle les flux de magie alentours afin de les refuser à la voracité destructrice de l’équidé cauchemardesque. Pattes et échine brisée, colonne vertébrale fendue, les flancs ouverts et le crâne atteint, la créature se vit ainsi déposséder de son ultime recours tandis que les flammes diminuaient et la quittaient, se nichant dans les crevasses et les écueils des écailles de la dracène blanche. Vidée de sa substance vitale, l’équin cauchemar devint une proie facile pour Aldaron, qui plongea sa lame en son coeur d’un mouvement fluide, scellant définitivement son destin.

Le grand corps poisseux eut un ultime frémissement avant de s’effondrer dans un bruit sourd, ne laissant que le silence en manière de leg. Le haut mage approcha de son lié, Kaalys, mais Purnendu se proposa pour soigner les blessures du dragon de jais, lui permettant de sauvegarder une part de son énergie. Remerciant son ami, Achroma se tourna ensuite vers Aldaron et Nahui. Tous deux semblaient en bon état également, en dehors de quelques blessures légères pour la dracène couleur de neige, qui seraient aisées à effacer. Conscient de son importance, le vampire posa un genoux à terre pour amasser ce qui restait de la corne de leur adversaire à présent défait et en était à examiner le crin emmêlé et sale lorsqu’un battement de coeur vint vibrer au creu de ses tympans. Aux premiers instants, Achroma pensa qu’il s’agissait du coeur de Purnendu, ou des dragons mais le rythme ne correspondait aucunement, et il entendait chaque membre de cette triade au même moment. Se redressant, il interrogea les autres membres de leur équipée. Le rythme était sourd, lent et lourd, ressemblant à un tambour de guerre dépourvu de vibrations, ou à l’agonie d’un antique béhémoth. De source inconnue, le son emplissait lentement l’atmosphère, prélude à l’étrange.

Une brume dense, froide et étouffante commença à suinter du cadavre encore tiède, remontant en appendices sinueux au travers de l’air ambiant jusqu’à s’accrocher à leurs formes alertes. Comme un voile opaque et insidieux, ce brouillard alla en s’épaississant, jusqu’à parfaitement occulter le paysage alentours, réduisant le monde à leur union physique, corps encore proches les uns des autres. La forêt ondoya avant de cesser d’exister, ne laissant, pendant quelques instants, qu’un univers anthracite délavé, qui, à sa plus grande horreure, sembla continuer de s’épaissir jusqu’à avoir la consistance d’un mur de pierres. Et pourtant, cela ne semblait pas influencer leur état physique. Cela n’excluait pas le moins du monde la possibilité que cela soit tout de même dangereux mais en tout état de cause, ils disposaient d’un répit. Avec moultes précautions, le haut mage vérifia ce que sa magie pouvait lui apprendre, puis étendit son bâton de guerre pour essayer de fendre cette brume solide grâce aux glyphes de vent apposés sur le bois antique. Le geste sembla, aux premiers battements de coeur, n’avoir aucun effet et une part primitive de son être tendu et méfiant fut soulagée. Il déchanta pourtant bien vite lorsque les cornes sculptées semblèrent toucher quelque chose de dur qui eut une très légère résistance avant de céder.

Le paysage sembla se craqueler, autours de la forme de son bâton, comme une couche de mercure ou d’argent liquide à peine durcit. Alarmé, le haut mage resta immobile une poignée de secondes, puis expira profondément, empêchant sa main de trembler, et ramena l’arme vers lui, lentement. Hélas, le mal semblait être fait, la craquelure ne fit que grandir, par lignes nettes et tranchantes, jusqu’à consteller leur univers entier de fissures sombres. Leurs corps n’étaient pas touchés, quand bien même une fêlure épousait leurs silhouettes. Les claquements et crissements s’intensifiaient, tout comme le battement de ce coeur invisible et inconnu. Par réflexe, le vampire dressa un bouclier autours d’Aldaron, Purnendu et lui-même afin de protéger les membres les plus délicats de leur équipée. Le monde semblait arriver à ses limites, prêt à s’effondrer en millions d’éclats. Par pur réflexe, Achroma se mit à retenir son souffle dans l’ambiance emplie de craquements, l’air lourd de cette tension qui atteignit son point culminant dans un souffle de silence plein sinistre. Frémissant, les sens en alertes, le vampire se tourna très légèrement pour pouvoir croiser le regard de son Inséparable, prêt à user de télépathie pour échanger sur leur situation…

Son pied heurta une racine, causant un sursaut involontaire, et il entendit très clairement le bruit d’une vitre se brisant alors que les éclats du monde tombaient au sol dans un vacarme assourdissant. Contrairement à sa crainte affolée, ils ne se tinrent pourtant pas dans un vide absolu mais dans un paysage à la fois familier et complètement étranger. La forêt était bien là, ses arbres immenses dominant même les dragons, sa futaie dense occultant le soleil. La neige absorbait toujours le bruit de leurs pas. La ressemblance, cependant, s’arrêtait là. La forêt était sombre, très sombre, mais ils n’étaient pas pour autant aveugles dans cette noirceur. Les feuilles des arbres portait une luminescence naturelle d’un bleu profond, ressemblant à celui d’une opale, tandis que les rares fougères résistantes au froid possédaient un halo d’un bleu océanique, en contrepoint à la futaie illuminée. Les troncs et la neige étaient constellées d’étoiles turquoises à peine visibles, mais dont le nombre constituait un halo délicat. La roche se parait de lignes luisantes violettes et vertes alors que les flocons de neige fraîchement tombée scintillaient d’une couleur dorée pâle comme un songe. Des champignons glaciaux, eux, changeaient de couleur par ondoiements.

Le paysage mirifique s’enlaçait de haubans enténébrés et d’une brume qui adoucissait les contours des formes présentes. Comme les lueurs d’un feu sur le sol, les couleurs dansaient, disparaissant par instant dans les ombres, tandis qu’à d’autres, elles étaient éclatantes et chatoyantes. Ce fut sur la valse d’une de ces volutes qu’il entrevit la forme équine, seul témoignage de la présence d’une licorne : le cadavre avait disparu. Sa silhouette éthérée, pourtant, narguait tandis qu’elle galopait au loin, fuyant leur présence. Et en dépit de l’étrangeté de la situation et le curieux de ce nouveau monde aux arbres distordus et parfois fongiques, la hargne revancharde du parangon chassa curiosité comme prudence pour se lancer à la poursuite de sa proie. Tandis qu’ils suivaient la piste laissée par l’être de brume, la détermination du haut mage s’émoussa juste assez pour lui permettre de se rendre compte de l’évolution du monde autours de lui, car si la toile de fond restait sombre et obscurcit, la végétation prenait des teintes en camaïeux de bleus et de verts, alors que le drapé de la nuit s’intensifiait et qu’une aurore boréale vienne jouer dans les feuilles d’un arbre plus gigantesque encore, à la forme impossible à décrire, comme une couronne le surplombant.

Parvenant aux pieds de cet impressionnant spécimen, il s’arrêta enfin et prit soudain conscience que ce qui lui faisait face n’était pas de même nature que le reste. L’arbre était pâle d’écorce, parcourut d’arborescences sombres, noires, comme des vaisseaux sanguins corrompus, mais solides. Lianes et parasites fongiques ne ressemblaient que vaguement à la flore de la forêt réelle, et il ne connaissait leur nature que grâce au flux d’érudition. D’un rouge pâle tirant parfois sur le mauve, elle ornait le tronc comme les racines avec opulence. Comme le drapé d’un jupon, la végétation aux nuances carmines protégeait les racines, dans une sorte de cuvette ou de cratère, et il réfréna l’envie de descendre plus près : il sentait un danger, diffus mais bien présent. Tout autours de lui, la magie abondait, et à présent rié hors de sa fureur première, il ne pouvait plus l’ignorer. Elle semblait provenir d’une source unique, qui la diffusait avec largesse sur l’ensemble de la forêt alentours, et elle avait quelque chose d’exotique, dans les sensations qu’elle invoquait, quelque chose d’unique. Cette magie lui rappelait énormément celle de la Licorne, qu’il avait déjà pu observer à deux reprises. étaient-ils donc tombés dans une illusion ou un cauchemar créé par la bête ?

Non. Son premier avis fut d’écarter la possibilité d’une illusion. Il l’aurait vu, s’il s’agissait d’une illusion, sans parler de son expérience à bord du Maelström et de sa visite dans un autre monde fait de sable et de vers géants, qui tendait à lui faire accepter avec plus d’abandon l’idée d’un autre monde. Comment étaient-ils parvenus ici exactement ? En tuant la licorne ? Devaient-ils en tuer une autre pour repartir dans ce cas ou un simple sortilège de téléportation fonctionnerait-il ? Il allait interroger ses compagnons pour entendre leurs pensées sur leur situation présente quand une voix impromptue vint troubler son intention. Achroma mit quelques instants à retrouver l’identité du propriétaire de la voix et fronça les sourcils, perturbé.

Pendant de nombreux siècles je pus rêver en paix. Nul ne vint troubler mon domaine. Nul ne vint le mettre en danger. Tout juste les enfants des étoiles venant braver l'interdit, se soumettant malgré eux à l'épreuve pour laquelle ils n'étaient pas encore prêts, pas encore dignes. Puis vint le cauchemar, jetant le trouble sur mon domaine, violant mes frontières, répandant le sang, appâtant l'appétit. En réponse, je m'évertuai à le chasser le plus loin possible, sortant même de mes frontières. Et pourtant le revoilà, étendant plus loin encore le trouble. Il désire à présent mettre fin à cette bataille qu'il a pourtant déclenché? Est-ce sincère? Êtes-vous ses émissaires? L'Arbre-songe est prêt à discuter, mais la paix aura un prix.
-Nous ne sommes pas hostiles à l’idée d’une paix. Naturellement la paix aura un prix, mais quel sera ce prix ? Nous sommes prêts à entendre vos demandes. Bien entendu nous ne pouvons garantir de les accepter, mais nous pouvons garantir d’y réfléchir et de négocier un accord qui sera profitable à nos deux parties. Dites-nous donc quelles sont vos revendications.
-Mon domaine doit retrouver sa sérénité. Mes frontières ne doivent plus être violées. Le cauchemar devra se tenir loin du rêve. L’appétit éveillé devra être comblé, le sang devra être versé et la chair devra être déposée

Avec qui exactement discutait-il ?

Je ne suis pas sûr que ce bougre et sa pléiade de licornes soient prêt à négocier. C’est un ultimatum et il me semble attendre que toutes ses requêtes soient suivies à la lettre. Le prix de la paix. Dommage qu’il se nourrisse de la vie, une caractéristique dont vous êtes dépourvus je crois.Vous voulez envoyer des esclaves à votre place ? Quelle générosité… Et dans une semaine, lorsqu’il ne sera plus rassasié et qu’il reviendra hanter Nevrast pour en demander d’autres ? On ne parle pas d’un fenrisúlfr affamé. Si lui et ses larbins s’éveillent chaque fois que quelqu’un pose une patte sur une branche, le maléfice demeurera à tout jamais. Il nous faut trouver un moyen de l’empêcher de nuire, et mettre fin à cette sorcellerie

Il ne connaissait pas cette voix mais il avait l’impression très nette qu’il valait mieux intervenir tout de suite s’il s’agissait vraiment de Nathaniel et de… quoi ? Qu’est-ce qui discutait avec lui ? La dernière voix était celle d’un graarh, semblait-il, avec son accent et ses grondements. Mais l’autre ? Son domaine ? Enfants des étoiles ? Ses frontières ? Est-ce qu’il s’agissait d’un gardien quelconque de la forêt ? Si c’était véritablement le cas, il allait lui toucher deux mots ! On envoyait pas des licornes comme ça sur les braves gens sous prétexte qu’on ne savait pas contrôler ses nerfs tout de même ! Mais avant d’en arriver là, il allait devoir essayer de calmer les ardeurs des deux individus qui discutaient de la suite à cette affaire.

Calmez-vous messieurs” fit-il d’une voix ferme et sonore qui se répercuta dans l’air figé.

Nathaniel ? C’est bien vous ? Je vous entend mais je ne vous vois pas. Je pense que vous devez être dissimulé par le tronc avec le reste de votre groupe.. enfin le tronc et probablement un plan d’existence ou un autre monde. On a tué notre licorne mais sa mort a ouvert une sorte de passage. Je n’ai pas pu en étudier les détails sur le moment. Arrêtez moi si je me trompe, mais vous discutez avec un gardien de la forêt, c’est cela ?

Il attendit un peu pour avoir la réponse avant de détourner son attention vers l’arbre. Est-ce que c’était ça le gardien ? Vu la différence avec le reste de ce lieu, le doute était bien mince. Nathaniel n’avait pas tort, mais son interlocuteur félin non plus. Il fallait s’assurer que, quelle que soit la décision qui devait être prise, elle soit sécurisé et dans leur sens à eux. Pour autant, il n’était pas prompte à simplement faire la guerre à tout pouvoir étranger auquel ils étaient confronté si celui-ci avait plus de jugeote que ses licornes affamées. Pourtant simplement décider d’une solution sans réellement comprendre ce qui se passait lui semblait dangereux.

Auriez-vous l’amabilité de vous expliquer davantage Gardien ? De quel cauchemar parlez-vous ? Quel sang a été répandu ? Vous vous attaquez aux vampires mais que je sache les vampires ne faisaient que traverser vos terres, ils n’avaient rien de plus à voir avec votre domaine. Comprenez qu’il est impossible de jeter la faute sur les autres quand ces autres ne savent pas de quoi il est question. Vous dites avoir tenté de chasser ce qui vous faisait vous sentir menacé mais avez-vous tenté d’entrer en contact pour prévenir ? Vous dites êtes sortis de vos frontières mais vous attaquez les vampires pour être rentrés dans les vôtres, n’est-ce pas biaisé et injuste ? Avant de parler de prix ou de négociations, j’aimerais beaucoup que vous nous expliquiez ce que vous êtes ou qui vous êtes et ce qui s’est passé de votre point de vue. Mon peuple ne voulait pas de guerre avec la forêt et ne l’a jamais voulu, si un bris a été commis c’est sans connaissance de la réalité des choses

Pour le moment, il tu son idée exacte sur la situation. Ils avaient défaits les licornes, ils étaient arrivés jusque là. Ils étaient conquérants… et les conquérants ne payaient pas de prix aux vaincus. Mais l’histoire de son propre peuple était si parsemée d’injustices à leur égard qu’il était aussi prêt à être raisonnable envers cette créature si elle l’était également. Il avait également besoin d’en apprendre plus, pour concrétiser ses idées. Se tournant vers le reste de l’équipée qu’ils partageaient, il glissa avec plus de douceur.

Qu’est-ce que vous en pensez ? J’ai quelques idées pour établir une entente avec cette entité mais avoir toute l’histoire me semble plus adéquat avant tout… comment vous-vous les choses ?

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    Barbouillé de sang, le vampire se faisait assaillant lors qu'il planta son épée dans le dos de la bête, s’agrippant à elle, tel un prédateur refusant de relâcher sa proie. Il chevauchait la Licorne et son épée peinait à s'enfoncer dans cette carne. Son visage se crispait, les crocs dehors, et il grondait sourdement. Puis la peau de la bête se fit moins résistante. Avec une satisfaction sauvage, Aldaron se plaisait à regarder la Lame Blanche des Elusis s'enfoncer de plus en plus profondément jusqu'à percer le cœur et ôter la vie de la créature. Nahui, sa chère Liée, avait empêché ce monstre de regagner des forces par un autre moyen. Leur travail s'achevait sur ce point.

    Son corps vint lentement s'échouer sur celui de l'équidé, et son oreille pointue fut accolée contre la cage thoracique ignée d'un cadavre qu'il fut malaisé de combattre. Maintenant, le silence revenait et les crocs devenus carmin du vampire signaient la victoire d'un sourire carnassier. Silencieusement, retrouvant ses forces, il rendait hommage à sa proie. Elle avait été un adversaire redoutable. Jadis, l'elfe avait ployé devant elle ; aujourd'hui, le vampire la tuait. Il se sentait comme un lien intrinsèque avec elle, une histoire dans laquelle deux prédateurs s'affrontent pour faire vaciller la réalité. Il tenait d'elle sa métamorphose, son union avec les rêves et les ambitions. Il était Ast, le premier d'entre eux, le premier marqué. Il lui était reconnaissant et l'admirait.

    Il se relevait, ses doigts effleurant le pelage massacré avant de venir prendre la main d'Ivanyr. L'épée quitta la bête, gorgée de son sang. Puisse-t-il être un présage, pour les vampires de Nevrast, d'une nouvelle ère. Ils avaient tué une licorne et ils les tueraient toutes s'il le fallait pour avoir la paix. Le nouveau-né cala sa joue sur l'épaule d'Achroma, l'expression amusée. « J'adore notre voyage de noces. » railla-t-il pour moitié. Il était bon de laisser parler ses instincts primaires. Sélénia lui réclamait beaucoup de maîtrise de lui-même et bien trop de bien-séance. La chasse lui faisait viscéralement du bien. Il bannissait ainsi la frustration accumulée au cours des derniers mois : cela faisait son bonheur.

    L'environnement se chargea d'une brume épaisse, de plus en plus opaque, si bien qu'il ne percevait plus que les cœurs battants des vivants autant que sa vue se fit blanche. Il y eut la forme équine sous les lumières pastelles de l'aurore boréale. La forêt prenait une toute autre allure : magnifique et magique. Elle ne perdait rien de sa dangerosité mais la végétation hivernale formait des sillons sombres face au ciel coloré. Avançant dans le décor, ils suivaient les pas de la Licorne qu'il admirait songeusement. Revenait-elle à sa source pour renaître ? Créature horrible, créature magnifique. Cela était si impressionnant. Quant à l'arbre immense à l'écorce pâle, ses racines et ses branches lui faisaient penser à l’emblème de son clan, l'arbre de vie, brodé à même sa cape. Existait-il une destinée ? Un chemin tout tracé sur lequel il marchait et qui semblait prendre sens à mesure du temps ? Les coïncidences faisaient les traits au crayon, la structure du paysage qu'il peignait au cours de sa longue existence.

    L'Ast penchait la tête sur le côté, perplexe et fasciné. Cela lui faisait l'impression étrange d'être un explorateur posant les pieds pour la première fois dans un lieu sacré. L'arbre parlait. Tiamaranta regorgeait de surprises. Les elfes auraient tué pour avoir un arbre qui parle, eux qui étaient si proches de la nature. Ne l'avait-on pas nommé Aldaron ? Cela signifiait 'roi des arbres' si cela ne pouvait être qu'une preuve de plus. Il entendit la voix de Nathaniel : ainsi avait-il lui aussi touché au but. Il n'était pas étonnant de l'entendre négocier une paix : il voulait son bois. Il voulait sa flotte. Mais ce n'était guère le cas de tous. L'Ast gronda sourdement alors que l'ivoire des canines refaisaient surface entre ses lèvres prédatrices. Heureusement, Achroma vint calmer le jeu afin de discuter avec l'arbre.

    « Vous êtes le cauchemar. En vous arrogeant le droit de passage et d’installation sur mon domaine, vous avez perturbé sa sérénité. J’ai toléré un temps votre proximité, mais vous vous êtes mis à violer toujours plus loin mon domaine. Le mettant en danger. Les enfants des étoiles se sont toujours tenus à l’écart de mon domaine, conscient que les profondeurs de la forêt n’acceptaient pas leur présence, pour quoi en serait-il autrement pour vous ? Mes soldats de chairs tiennent à l’écart les indésirables. Pourtant vous avez continué à verser le sang entre la montagne et la mer. Tout ce qui se trouve au sein de cette forêt me nourrit, tout ce qui se trouve au sein de cette forêt est mon domaine. Ce sang qui a éveillé l’appétit était une moindre compensation et un moindre avertissement pour votre intrusion … mais vous avez répliqué, vous avez tué l’un de mes soldats, vous avez déclenché cette bataille. Je me dois de le protéger du danger, alors que me dois de vous chasser le plus loin possible. Je suis l’Arbre-Songe et je LE protège de ceux qui ne sont pas dignes de lui. Vous ne vouliez peut-être pas de cette guerre, mais vous l’avez déclenché. L’Arbre-Songe est prêt à accepter la paix et il a donné son prix.»

    Des négociations ? Le Saumon frétillait par avance. « La responsable de la violation de votre domaine a été tuée, il y a un mois, par Achroma Elusis. Elle s'appelait Irina Faust. Elle contrôlait les vampires. Achroma a fait évacué Aerthia, dès qu'il a compris la situation dans cette forêt et l'interdiction qui la frappait. Nous avons mené les vampires sur la côte pour les conduire plus au sud, là où il ne troubleraient plus votre domaine. Plus rien ne traverse votre forêt depuis lors, c'est la forêt qui vient à nous. Vous vous évertuez à déclencher une bataille alors que votre message et votre demande ont été parfaitement entendus. C'est cette obstination que nous sommes venus aujourd'hui comprendre et résoudre. S'il y a un prix à payer pour la faute de Faust, nous le paierons. S'il vous faut du sang, il reste à Nevrast de ses fanatiques ignorants qui refusent de se plier aux nouvelles règles. Croyez bien que je vous livrerai sans délai ceux qui ont bafoué le sacré de votre domaine. » Restait à délimiter les contours exact du reste.

    « Votre soldat est tombé. Les enfants des étoiles sont ce qu'ils sont, mais le nouveau peuple est différent et plus dangereux. Pourtant... Vous nous avez fait un cadeau. Le savez-vous ? Ceux de mon espèce se nourrissent du sang qui traversait votre domaine. Les traits de la licorne m'ont touché, si bien que lorsque j'ai ouvert les yeux en ce monde, le sang si récrié n’attisait pas ma Faim. Je me nourris des rêves et des cauchemars, des ambitions et aspirations, des peurs les plus profondes et des désirs. Ce fut le cas, ensuite, pour d'autres vampires, à Nevrast : nous n'avons plus besoin de sang. Par nous, votre domaine ne sera plus souillé. Suis-je votre enfant ? Votre premier-né ? » La question lui avait longtemps trotté en tête. La licorne avait eu un impact considérable sur lui. « Si tel est le cas, je serai aussi votre soldat car celui de chair qui nous affrontait est tombé. Vous protégez votre forêt, mais le nouveau peuple installé sur l'archipel... Vous ne pourrez le contenir s'il vous attaquait. Moi oui. » Par la diplomatie. Chose que n'avait pas, de toutes évidences, l'Arbre-Songe puisqu'il avait fallu forcer ses négociations.

    L'arbre n'était pas un vainqueur, c'était eux les conquérants, mais Aldaron se refusait de succomber à l'orgueil : il paierait. « Que protégez-vous ? » demanda-t-il perplexe. Il avait un genou à terre et ses doigts froids venaient à proximité d'une des racines pâles de l'arbre-songe, qui sortait de la terre. « Puis-je ? » Sa main effleurait le bois terreux, suivant les veinules carmines d'un index curieux. « Une offrande de chair des responsables de votre trouble, vous convient-il assez ? » Il adressa un regard vers Nahui, lui demandant mentalement si un voyage vers Nevrast pour capturer les non-Elusis et les offrir à l'arbre la tentait.


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