Je ne bougeais pas. Je devenais spectatrice d'une chose qui me dépassait complètement. Perdue entre les puissants flux de magie qui s'était déversés en un cataclysme depuis plusieurs heures maintenant. Ou peut-être que cela ne faisait que quelques minutes ? Combien de temps s'était-il écoulé depuis que je m'étais baladée dans les différents lieux du Domaine ?
Alors que mon ami Belethar s'avançait doucement en essayant de joindre ses paroles à celle de Valmys, je ressentais à nouveau le picotement qui semblait recommencer à me picorer le crâne. Mes petites oreilles tressaillirent un instant alors que je ressentais une fatigue étrange m'envahir. Il s'agissait sans doute de ce trop d'information, de toutes ces émotions qui étaient entrées en guerre d'un seul coup. Puis je comprenais enfin.
Le Gräarh avait entamé sa réponse, mais malgré cela, je ne ressentais que les battements de mon cœur toujours de plus en plus fort contre mon poitrail. Depuis quand était-il parti ? Que lui était-il arrivé ? Si le contact de l'araignée était encore légèrement perceptible, celui du raton-laveur avait entièrement disparu. Mon Esprits-Lié ! La panique. C'est bien la première chose qui, comme toujours, s’abattait sur moi.
Mes yeux se portèrent sur le fauteur de trouble. Ce Gräarh qui était le seul responsable de cette déchirure. Mes poils se hérissèrent sur ma nuque. Voilà que la colère prenait place sur la peur. Cette émotion commençait de plus en plus à entrer en contact avec moi. Devais-je m'en inquiéter ? Pas pour l'heure...
Le félin exposa alors enfin son nom. Mais mon attention fut à nouveau balayée par une soudaine vague de chaleur venant de la grotte. Mes oreilles s'écrasèrent en arrière, mes pupilles s'étrécirent et un puissant rugissement arriva jusqu'à nous. Tout ceci en l'espace de quelques secondes, si je pensais qu'il ne pouvait pas y avoir pire, je pouvais bien me fourrer la griffe dans l’œil. Une épaisse lave apparaissait enfin, s'écoulant lentement et brûlant tout autour d'elle.
« Vous pouvez encore choisir de sauver ce qui peut l’être, ou de me confronter. »
Son faciès satisfait était détestable. Et moi qui gardais encore un peu de compréhension à son égard, ce sentiment fut chassé en un instant. Si l'un de mes Esprits-Liés avait souffert à cause de ce Gräarh, il n'y avait plus de place pour la compassion.
Une nouvelle vague de chaleur me fit tituber, remettant mes drôles d'idées en place. On ne pouvait pas se confronter à Laalach au pire de devoir sacrifier toutes les personnes endormis autour de nous. On ne pouvait pas se permettre une telle chose, et vu comment le prêtre semblait confiant, notre groupe n'avait aucune chance. Comme une décharge électrique, mon instinct me fit faire un pas en direction de la jeune femme qui semblait prête à arracher bien des poils sur le félin.
- Florence ! m'écriais-je soudainement comme venant d'apparaître dans un cauchemar.
Je posais une patte sur l'épaule de l'humaine comme je l'aurais fait pour apaiser la rage de Nyana.
- Concentrons-nous sur la lave et essayons de sauver le plus de personne. Nous n'y arriverons pas sans vous.
Je n'aimais pas donner un ordre et je le prenais comme tel. Mais je suivais encore ce qu'il me semblait être le plus juste. Laalach attendait quelque chose, tout ceci semblait être un jeu fort amusant pour lui. Il y avait là une belle mise en scène.
Contre toute attente, mes paroles prirent un sens et la belle Florence se concentra sur la lave en compagnie des autres baptistrels. Voilà qu'un fossé venait d'apparaître retenant pour quelques minutes seulement la lave. Que fallait-il faire maintenant ? Si tous avait de quoi faire avec leur pouvoir, je restais pantoise, les crocs serrés par la gêne qui s'accentuait dans mes oreilles.
Je portais enfin mon regard vers le maître baptistrel qui bougeait légèrement les lèvres. Depuis combien de temps ? Un coup d'oeil vers la lave avant de reporter mon attention devenue inquiète en voyant les tremblements légers de l'humain en fauteuil. Il y avait de quoi s'inquiéter sincèrement pour cet homme mais je n'osais pas non plus lui porter une aide, sans doute inutile, ne voulant pas déranger son chant. Belethar ! Il pourrait peut-être faire quelque chose, mais alors que je m'élançais vers mon ami, je me stoppais net. Il n'y avait bien pas que mon Esprit-Lié du raton qui avait disparu, mais bien ceux de tout mes camarades. Le vide était soudainement intense, puissant, atroce. Si je venais de comprendre que le Gräarh n'était nul part en vu et avait terminé sa mission ici, j'entendais ma tendre petite arachnide, celle qui m'avait porté pendant de longues et lourdes épreuves, qui ne m'avait jamais trahis, jamais laissé pour compte. Mon étoile qui me protégeait depuis toujours essayait encore une fois de me rassurer. Elle était encore là. Elle, n'avait pas disparu. Je l'entendais malgré ma gêne constante dans mon crâne.
Je décidais de placer mes pattes sur mes oreilles comme si ce geste pourrait me rapprocher d'elle. Garder le dernier lien qui me restais. Et c'est ainsi que je l'entendais m'offrir une bénédiction pour récupérer le pouvoir d'un Esprit-Lié disparu. Je connaissais soudainement les Esprit-Liés de chacun ici présent. L'araignée me soufflait son courage et sa puissance. Il n'y avait plus qu'à transmettre cette puissance à l'un des miens. Un qui se battait sans relâche pour sauver ce qui pouvait être sauvé. La lumière se porta alors sur l'Esprit de la Grenouille lié à l'enflammé Florence. L'idée de pouvoir stopper la lave par la pluie me semblait être la meilleure solution pour tous. Je m'avançais vers l'humaine. J'avais peur, comme toujours j'étais effrayée. Avais-je au moins le droit de prendre un tel droit ? Je n'étais qu'une petite Gräarh bien trop naïve pour porter un tel fardeau. Est-ce que réellement, la bénédiction de mon Esprit-Lié allait jouer un tournant dans toute cette histoire ? Non... il m'était impossible de le penser.
Le fossé allait déjà bientôt déborder et chacun de mes pas me semblait être de plus en plus lourd. Le bourdonnement persistait à en devenir insupportable. C'est peut-être grâce à ça au final que ma tête se tournait avec une lenteur maladive vers le maître baptistrel blanc comme un linge. Chaque seconde comptait. Qu'est-ce que j'attendais bon sang... il y avait là quelque chose qui m'échappait. La respiration saccadé je pouvais presque voir le temps s'écouler en face de moi. Le chant, bien que faible, était perceptible dans ce chaos. Le chant...le chant. Florence était proche de moi. Une griffe tendu. Un souffle. Puis d'un mouvement je collais mes deux mains griffus ensemble. J'avais déjà trop perdu de temps et l'hésitation n'était plus de mise. Il était temps d'assumer mes actes.
Avec la bénédiction de l'araignée, je ravivais l'Esprit du raton-laveur. J'espérais que personne ne penserait à une quelconque forme d'égoïsme par ce geste. L'idée de soutenir le maître baptistrel en difficulté me semblait en réalité la meilleure solution, lui qui tentait une chose encore inconnue depuis le début. Cet homme qui semblait être quelqu'un de confiance sachant que Belethar avait tout de suite penser à lui lors de l'éboulement.
Une part de moi se calmait un peu en reprenant le contact avec mon âme guérisseur. Je courais maintenant vers l'humain en fauteuil avant de m'accroupir à ses côtés afin de pouvoir lui toucher l'une de ses mains. Je n'avais plus qu'à fermer les yeux et demander de l'aide à mon Esprit-Lié. Après quelques secondes, je sentais comme une énergie se lier à notre contact.
L'espoir ne m'avait pas quitté grâce à eux. J'espérais ainsi avoir fait le bon choix en soignant le maître chanteur.
Alors que mon ami Belethar s'avançait doucement en essayant de joindre ses paroles à celle de Valmys, je ressentais à nouveau le picotement qui semblait recommencer à me picorer le crâne. Mes petites oreilles tressaillirent un instant alors que je ressentais une fatigue étrange m'envahir. Il s'agissait sans doute de ce trop d'information, de toutes ces émotions qui étaient entrées en guerre d'un seul coup. Puis je comprenais enfin.
Le Gräarh avait entamé sa réponse, mais malgré cela, je ne ressentais que les battements de mon cœur toujours de plus en plus fort contre mon poitrail. Depuis quand était-il parti ? Que lui était-il arrivé ? Si le contact de l'araignée était encore légèrement perceptible, celui du raton-laveur avait entièrement disparu. Mon Esprits-Lié ! La panique. C'est bien la première chose qui, comme toujours, s’abattait sur moi.
Mes yeux se portèrent sur le fauteur de trouble. Ce Gräarh qui était le seul responsable de cette déchirure. Mes poils se hérissèrent sur ma nuque. Voilà que la colère prenait place sur la peur. Cette émotion commençait de plus en plus à entrer en contact avec moi. Devais-je m'en inquiéter ? Pas pour l'heure...
Le félin exposa alors enfin son nom. Mais mon attention fut à nouveau balayée par une soudaine vague de chaleur venant de la grotte. Mes oreilles s'écrasèrent en arrière, mes pupilles s'étrécirent et un puissant rugissement arriva jusqu'à nous. Tout ceci en l'espace de quelques secondes, si je pensais qu'il ne pouvait pas y avoir pire, je pouvais bien me fourrer la griffe dans l’œil. Une épaisse lave apparaissait enfin, s'écoulant lentement et brûlant tout autour d'elle.
« Vous pouvez encore choisir de sauver ce qui peut l’être, ou de me confronter. »
Son faciès satisfait était détestable. Et moi qui gardais encore un peu de compréhension à son égard, ce sentiment fut chassé en un instant. Si l'un de mes Esprits-Liés avait souffert à cause de ce Gräarh, il n'y avait plus de place pour la compassion.
Une nouvelle vague de chaleur me fit tituber, remettant mes drôles d'idées en place. On ne pouvait pas se confronter à Laalach au pire de devoir sacrifier toutes les personnes endormis autour de nous. On ne pouvait pas se permettre une telle chose, et vu comment le prêtre semblait confiant, notre groupe n'avait aucune chance. Comme une décharge électrique, mon instinct me fit faire un pas en direction de la jeune femme qui semblait prête à arracher bien des poils sur le félin.
- Florence ! m'écriais-je soudainement comme venant d'apparaître dans un cauchemar.
Je posais une patte sur l'épaule de l'humaine comme je l'aurais fait pour apaiser la rage de Nyana.
- Concentrons-nous sur la lave et essayons de sauver le plus de personne. Nous n'y arriverons pas sans vous.
Je n'aimais pas donner un ordre et je le prenais comme tel. Mais je suivais encore ce qu'il me semblait être le plus juste. Laalach attendait quelque chose, tout ceci semblait être un jeu fort amusant pour lui. Il y avait là une belle mise en scène.
Contre toute attente, mes paroles prirent un sens et la belle Florence se concentra sur la lave en compagnie des autres baptistrels. Voilà qu'un fossé venait d'apparaître retenant pour quelques minutes seulement la lave. Que fallait-il faire maintenant ? Si tous avait de quoi faire avec leur pouvoir, je restais pantoise, les crocs serrés par la gêne qui s'accentuait dans mes oreilles.
Je portais enfin mon regard vers le maître baptistrel qui bougeait légèrement les lèvres. Depuis combien de temps ? Un coup d'oeil vers la lave avant de reporter mon attention devenue inquiète en voyant les tremblements légers de l'humain en fauteuil. Il y avait de quoi s'inquiéter sincèrement pour cet homme mais je n'osais pas non plus lui porter une aide, sans doute inutile, ne voulant pas déranger son chant. Belethar ! Il pourrait peut-être faire quelque chose, mais alors que je m'élançais vers mon ami, je me stoppais net. Il n'y avait bien pas que mon Esprit-Lié du raton qui avait disparu, mais bien ceux de tout mes camarades. Le vide était soudainement intense, puissant, atroce. Si je venais de comprendre que le Gräarh n'était nul part en vu et avait terminé sa mission ici, j'entendais ma tendre petite arachnide, celle qui m'avait porté pendant de longues et lourdes épreuves, qui ne m'avait jamais trahis, jamais laissé pour compte. Mon étoile qui me protégeait depuis toujours essayait encore une fois de me rassurer. Elle était encore là. Elle, n'avait pas disparu. Je l'entendais malgré ma gêne constante dans mon crâne.
Je décidais de placer mes pattes sur mes oreilles comme si ce geste pourrait me rapprocher d'elle. Garder le dernier lien qui me restais. Et c'est ainsi que je l'entendais m'offrir une bénédiction pour récupérer le pouvoir d'un Esprit-Lié disparu. Je connaissais soudainement les Esprit-Liés de chacun ici présent. L'araignée me soufflait son courage et sa puissance. Il n'y avait plus qu'à transmettre cette puissance à l'un des miens. Un qui se battait sans relâche pour sauver ce qui pouvait être sauvé. La lumière se porta alors sur l'Esprit de la Grenouille lié à l'enflammé Florence. L'idée de pouvoir stopper la lave par la pluie me semblait être la meilleure solution pour tous. Je m'avançais vers l'humaine. J'avais peur, comme toujours j'étais effrayée. Avais-je au moins le droit de prendre un tel droit ? Je n'étais qu'une petite Gräarh bien trop naïve pour porter un tel fardeau. Est-ce que réellement, la bénédiction de mon Esprit-Lié allait jouer un tournant dans toute cette histoire ? Non... il m'était impossible de le penser.
Le fossé allait déjà bientôt déborder et chacun de mes pas me semblait être de plus en plus lourd. Le bourdonnement persistait à en devenir insupportable. C'est peut-être grâce à ça au final que ma tête se tournait avec une lenteur maladive vers le maître baptistrel blanc comme un linge. Chaque seconde comptait. Qu'est-ce que j'attendais bon sang... il y avait là quelque chose qui m'échappait. La respiration saccadé je pouvais presque voir le temps s'écouler en face de moi. Le chant, bien que faible, était perceptible dans ce chaos. Le chant...le chant. Florence était proche de moi. Une griffe tendu. Un souffle. Puis d'un mouvement je collais mes deux mains griffus ensemble. J'avais déjà trop perdu de temps et l'hésitation n'était plus de mise. Il était temps d'assumer mes actes.
Avec la bénédiction de l'araignée, je ravivais l'Esprit du raton-laveur. J'espérais que personne ne penserait à une quelconque forme d'égoïsme par ce geste. L'idée de soutenir le maître baptistrel en difficulté me semblait en réalité la meilleure solution, lui qui tentait une chose encore inconnue depuis le début. Cet homme qui semblait être quelqu'un de confiance sachant que Belethar avait tout de suite penser à lui lors de l'éboulement.
Une part de moi se calmait un peu en reprenant le contact avec mon âme guérisseur. Je courais maintenant vers l'humain en fauteuil avant de m'accroupir à ses côtés afin de pouvoir lui toucher l'une de ses mains. Je n'avais plus qu'à fermer les yeux et demander de l'aide à mon Esprit-Lié. Après quelques secondes, je sentais comme une énergie se lier à notre contact.
L'espoir ne m'avait pas quitté grâce à eux. J'espérais ainsi avoir fait le bon choix en soignant le maître chanteur.