S’il fut soulagé de voir son invocation draconique réussir, il n’eut guère le temps de s’en réjouir. Il devait mobiliser toute sa concentration pour ne pas en perdre le contrôle. Quand bien même il se contentait de la garder face au Graärh, tel un bouclier pour sa femme. Femme, qui, aperçut-il du coin de l’oeil, était enfin en sécurité, loin des crocs acérés de ce maudit Graärh. L’ombre draconique quant à elle servait d’encas au grand félin qui en mâchonnait la queue. Un court instant, Ilhan se demanda s’il allait véritablement arriver à manger un être de si grande taille, quand bien même l’ombre était loin d’égaler l’envergure de Nynsith, dont il s’était inspiré… Avait-il un estomac si extensible ?
À peine cette question traversait-elle son esprit, qu’il vit la Couronne de cendres perdre l’équilibre vers l’arrière. En un sourire en coin, Ilhan comprit que Nyana avait agi, en catimini, et avait tranché la queue de leur ennemi. Un spectacle alors inopiné, qui aurait pu être des plus comiques en d’autres circonstances, s’offrit à eux, quand la Couronne virevolta un peu partout, propulsée par son souffle et ressortit par l’ouverture du toit. Aussitôt la Grande dévoreuse partit à sa poursuite, vite accompagnée par Naal qui téléporta avec lui Nyana. Le laissant seul, avec son épouse… et l’ombre draconique disparut à son tour.
Détruire la queue. Bonne idée. Le feu serait la meilleure option pour la réduire en cendres… le feu qu’il peinait toujours tant à maitriser, piètre élémentaliste de feu qu’il était. Il tenta de se concentrer pour lancer des flammes et les aviver au mieux. En pur échec. Il retenta. En vain. Et bénit sa femme qui vint à sa rescousse et lança, sans peine, un feu de belle envergure, faisant crépiter leur cible tel un feu de joie. Il lui lança un regard à la fois admiratif, inquiet… et soulagé, quand il constata qu’elle allait bien. Certainement fatiguée, après ses efforts, mais sans blessure apparente. Même si, si blessures il y avait, avec le lien altruiste qu'il avait apposé sur elle la liant à lui, lien qui était toujours actif, il les aurait prises à sa place. Il lui accorda un léger sourire, redoutant qu’elle ne s’élance de nouveau au combat. Et s’accorda un léger instant lui-même pour enfin analyser ce qui s’était passé… et surtout ce que son ornithorynque lui avait enfin soufflé. Des informations... qui pourraient être cruciales aux combattants plus haut.
Aussitôt, il ouvrit la communication avec l’anneau de Naal. S’il craignait de déconcentrer l’almaréen en plein combat, il se souvint de la dextérité dont il était capable, et du digne combattant qu’il était. L’Oracle saurait écouter ce que lui dirait Ilhan, sans pour autant en être distrait.
– Naal.
Inutile de préciser que c’était Ilhan qui l’appelait. Le prêtre de Néant reconnaitrait sa voix sans peine.
– J’ai perçu trois Esprits-Liés chez le Graärh. Des liens puissants.
Bien plus puissant que ce qu’il avait pu ressentir jusqu’alors, son ornithorynque en avait été fortement perturbé.
– C’est un maitre spirite de haute volée, qui transcende tout ce qu’on a pu connaître. Deux Esprits-Liés sont sûrs : le castor et le rat. D’où sa denture phénoménale et sa puissante mâchoire.
Par le Castor.
– Son lien avec le rat lui octroie une endurance et une résistance physique hors du commun.
Ce qu’ils avaient déjà pu observer, dans sa capacité à poursuivre le combat en dépit de ses blessures.
– Le troisième me reste mystérieux. Je ne vois qu’une vague petite silhouette se tenant à quatre pattes et munie d’une trompe. A priori la puissance de son souffle doit venir de là.
À peine le silence retombait-il, et la queue finissait-elle de brûler, qu’un portail magique ouvrait sa gueule béante devant eux, à quelques pas à peine. Un portail qu’il connaissait parfaitement pour l’avoir déjà vu invoqué par Valmys, un portail digne des hauts mages du flux de déplacement. Aussitôt Ilhan passa un bras devant Autone et se plaça devant elle, prêt à faire barrage, même si bien piètre, si un nouveau danger se présentait.
Et quel danger ! À peine le portail se refermait-il, que les griffes de la peur, d’une peur sans nom, lacéraient son esprit et son âme. Devant eux, un deuxième Graärh venait d’apparaitre, dans toute sa superbe splendeur. Majestueux, il les dardait alors de sa haute silhouette, le port droit et digne, le regard empreint d’une sérénité alarmante et d’une noblesse dédaigneuse. Un regard qui se posa aussitôt sur Ilhan…
L’althaïen sentit une terreur glaciale souffler son haleine sépulcrale sur son visage et vriller ses sens. Il manqua chavirer, tant le monde se mit soudain à tanguer dangereusement. Les Esprits-Liés tout autour couraient, fuyaient, en tout sens, épris du même effroi qui de son lourd étau l’enserrait. Un long frisson glacé courut le long de son échine, lui comprima le coeur qui manqua un battement, avant de partir en un galop effréné, et lui déchira l’esprit en mille cris. Des cris de pure épouvante, d’une frayeur indescriptible... Sa vue se brouilla, ses oreilles sifflèrent. Ilhan manqua suffoquer, et dut faire appel à toute sa volonté. L’image de sa femme encore derrière lui pulsa en son esprit, et cela seul lui permit de ne pas perdre connaissance. Il banda alors l'arc de sa détermination et parvint à prendre une profonde inspiration. Qu'il relâcha ensuite en une longue expiration. Une autre encore, et son mantra intérieur reprit ses droits. Ne pas chavirer. Ne pas céder à la peur. Volonté réclamait elle aussi ses droits. Celle de protéger sa femme, son enfant, les siens, et à la peur de ne pas céder la main.
Ses sens revinrent tout doucement, le Graärh le surplombant toujours de sa haute silhouette et les dardant d’un regard conquérant. Combien de temps cela avait-il duré ? Cela lui avait semblé une éternité, mais il sentait encore les rémanences de la magie du portail. Quelques secondes donc à peine... Et soudain, alors qu’il parvint à refluer la peur au fin fond de son esprit et à l’encercler de son bouclier de volonté, verrouillant sa détermination sur son seul objectif, il prit conscience…
Qu’il avait perdu son lien avec le dauphin ! Son ornithorynque était toujours présent cela dit. Présent, mais vacillant, frémissant de peur… de cette peur qui l’avait traversé. Cette peur ! Elle n’était pas sienne, en vérité, mais celle des Esprits-Liés ! Fort de cette compréhension, et après une autre inspiration, il parvint à reprendre pied.
Ce Graärh était sans nul doute une autre Couronne, et une Couronne bien plus puissante que les autres. Il avait déjà senti les Esprits-Liés tressauter en présence du premier qu’ils avaient combattu, mais là panique était devenue un maelstrom ravageant tout sur son passage. Qui aurait cru que les Esprits-Liés étaient capables de ressentir de tels émois ? Mais le moment n’était plus à tergiverser. Il devait agir, et vite. Combattre ? Non, ce n’était pas pour lui. Il n’était pas un guerrier. Sans compter que, devant une telle puissance, il n’avait nulle chance. Fuir ? Assurément, ils n’en auraient nul temps, vu la proximité. Gagner du temps… voilà tout ce qu’il pouvait faire. Et comment gagner du temps ? En parlant… N’était-ce pas une des choses pour lesquelles il était le plus doué ?
Mais pour dire quoi ? N’importe quoi, en fait, réalisa-t-il. Du moment qu’il parle, gagne du temps... et fasse comprendre à Naal, avec qui il était toujours en communication, ne l’ayant pas coupée, qu’ils étaient ici aussi peut-être en fâcheuse posture.
– Je suis honoré de vous rencontrer… Couronne de Cendres, fit-il en langue Graärh. Car vous êtes bien l’une d’elles, n’est-ce pas ? Est-ce que… vous me comprenez ? ajouta-t-il soudain pris d’un doute.
Après tout, comme toute langue, la langue Graärh avait pu évoluer depuis tant de siècles. Peut-être parlait-il dans le vent.
– Arrêtez, vous massacrez ma langue natale, répondit enfin leur visiteur.
Ou pas.
Ilhan manqua grimacer. Certes, il n’était pas capable de prononcer les R ronronnant, et il n’avait ni les oreilles ni la queue pour appuyer ses propos, mais tout de même… Soit, en langage commun donc ?
– Je m’appelle Ilhan Avente. Puis-je connaître votre nom ?
Au point où ils en étaient… S’il parvenait à faire causette, malgré son coeur qui battait chamade à tout va et sa main, toujours posée sur Autone derrière lui, qui tremblait légèrement, il pouvait bien tenter des présentations dignes de ce nom ?
– Vos pairs semblaient déjà puissants, mais… vous est encore tout autre.
Et c’était peu dire. Il entendait encore son ornithorynque geindre dans un coin. Pourtant fidèle, il tenait bon pour rester auprès de lui, malgré la peur qui le tétanisait. Une peur si tenace que son Esprit-Lié ne parvenait à lui souffler ceux de l’autre en face de lui. Mais peu importait, Ilhan devait au moins rendre hommage à la vaillance de son lié qui ne l’avait pas quitté, et faire montre du même courage. Et soudain, une réalisation le frappa… Puissance, peur des Esprits-Liés, certes, mais aussi… son autre lien avait été coupé ! Rares étaient les choses capables de couper ainsi des liens d’Esprits-Liés à sa connaissance… se pourrait-il… ? Oui, cela se pourrait… cela expliquerait pourquoi seul son ornithorynque était resté, peut-être ? Étant un tel spirite lui-même, c’était en tout cas la première chose qui lui venait à l’esprit.
– Êtes-vous…
Vous aussi…
– Un lié de l’ornithorynque ? Je n’ai jamais vu…
Il déglutit et dut faire appel de nouveau à son mantra intérieur pour ne pas flancher.
– De telles capacités.
Il fut soulagé d’entendre sa voix se raffermir quelque peu.
– De spirites si puissants. Est-ce pour cela que les Esprits-Liés s’affolent en votre présence ? Comment…
Soudain, le portail lui revint à l’esprit également. Rares étaient les Graärh capables de magie. Mais capables de magie si exceptionnelle ? Jamais il n'en avait connu. Pourtant il avait rencontré beaucoup de Graärh.
– Et cette magie… êtes-vous donc capable aussi de manipuler la trame tel un haut mage ?
Pourtant il ne voyait pas forcément celle-ci enserrer le Graärh dans ses filets… Pas comme elle le faisait avec les êtres de magie en tout cas. Quelque chose clochait. Mais quoi ?
– J’ai entendu nombre de légendes concernant les Couronnes de Cendres. Une légion baptisée de cendres après avoir fait déverser le feu pour effacer la honte de ses fautes auprès des Esprits-liés. Est-ce cela ? Qu’en est-il en vérité ?
Sa curiosité parvenait à le faire ancrer dans la réalité et à ne pas perdre pied face à la peur qui toujours le tenaillait. Sa main sur Autone tremblait toujours autant, mais il parvenait à chasser de sa voix toute intonation hésitante.
S’il lui demandait de raconter son histoire, l’unique, la vraie ? Oui, presque. Il avait peut-être passé l’âge du "raconte-moi une histoire", mais en cet instant, c’était la seule chose qui lui venait à l’esprit. Gagner du temps. Et pourquoi pas glaner des informations ? Il avait toujours agi ainsi : étudier, analyser son potentiel ennemi, pour mieux le connaître et mieux savoir comment le combattre ensuite. Il serait inutile de se lancer, là, maintenant, dans une lutte perdue d’avance face à un tel adversaire. Et s’il advenait à mourir par cette inaction… il espérait qu’Autone aurait alors le temps de fuir… Et au moins Naal aurait tout entendu pour en apprendre un peu plus lui aussi.
– Que cherchez-vous ? Quel est votre but ?
À peine cette question traversait-elle son esprit, qu’il vit la Couronne de cendres perdre l’équilibre vers l’arrière. En un sourire en coin, Ilhan comprit que Nyana avait agi, en catimini, et avait tranché la queue de leur ennemi. Un spectacle alors inopiné, qui aurait pu être des plus comiques en d’autres circonstances, s’offrit à eux, quand la Couronne virevolta un peu partout, propulsée par son souffle et ressortit par l’ouverture du toit. Aussitôt la Grande dévoreuse partit à sa poursuite, vite accompagnée par Naal qui téléporta avec lui Nyana. Le laissant seul, avec son épouse… et l’ombre draconique disparut à son tour.
Détruire la queue. Bonne idée. Le feu serait la meilleure option pour la réduire en cendres… le feu qu’il peinait toujours tant à maitriser, piètre élémentaliste de feu qu’il était. Il tenta de se concentrer pour lancer des flammes et les aviver au mieux. En pur échec. Il retenta. En vain. Et bénit sa femme qui vint à sa rescousse et lança, sans peine, un feu de belle envergure, faisant crépiter leur cible tel un feu de joie. Il lui lança un regard à la fois admiratif, inquiet… et soulagé, quand il constata qu’elle allait bien. Certainement fatiguée, après ses efforts, mais sans blessure apparente. Même si, si blessures il y avait, avec le lien altruiste qu'il avait apposé sur elle la liant à lui, lien qui était toujours actif, il les aurait prises à sa place. Il lui accorda un léger sourire, redoutant qu’elle ne s’élance de nouveau au combat. Et s’accorda un léger instant lui-même pour enfin analyser ce qui s’était passé… et surtout ce que son ornithorynque lui avait enfin soufflé. Des informations... qui pourraient être cruciales aux combattants plus haut.
Aussitôt, il ouvrit la communication avec l’anneau de Naal. S’il craignait de déconcentrer l’almaréen en plein combat, il se souvint de la dextérité dont il était capable, et du digne combattant qu’il était. L’Oracle saurait écouter ce que lui dirait Ilhan, sans pour autant en être distrait.
– Naal.
Inutile de préciser que c’était Ilhan qui l’appelait. Le prêtre de Néant reconnaitrait sa voix sans peine.
– J’ai perçu trois Esprits-Liés chez le Graärh. Des liens puissants.
Bien plus puissant que ce qu’il avait pu ressentir jusqu’alors, son ornithorynque en avait été fortement perturbé.
– C’est un maitre spirite de haute volée, qui transcende tout ce qu’on a pu connaître. Deux Esprits-Liés sont sûrs : le castor et le rat. D’où sa denture phénoménale et sa puissante mâchoire.
Par le Castor.
– Son lien avec le rat lui octroie une endurance et une résistance physique hors du commun.
Ce qu’ils avaient déjà pu observer, dans sa capacité à poursuivre le combat en dépit de ses blessures.
– Le troisième me reste mystérieux. Je ne vois qu’une vague petite silhouette se tenant à quatre pattes et munie d’une trompe. A priori la puissance de son souffle doit venir de là.
À peine le silence retombait-il, et la queue finissait-elle de brûler, qu’un portail magique ouvrait sa gueule béante devant eux, à quelques pas à peine. Un portail qu’il connaissait parfaitement pour l’avoir déjà vu invoqué par Valmys, un portail digne des hauts mages du flux de déplacement. Aussitôt Ilhan passa un bras devant Autone et se plaça devant elle, prêt à faire barrage, même si bien piètre, si un nouveau danger se présentait.
Et quel danger ! À peine le portail se refermait-il, que les griffes de la peur, d’une peur sans nom, lacéraient son esprit et son âme. Devant eux, un deuxième Graärh venait d’apparaitre, dans toute sa superbe splendeur. Majestueux, il les dardait alors de sa haute silhouette, le port droit et digne, le regard empreint d’une sérénité alarmante et d’une noblesse dédaigneuse. Un regard qui se posa aussitôt sur Ilhan…
L’althaïen sentit une terreur glaciale souffler son haleine sépulcrale sur son visage et vriller ses sens. Il manqua chavirer, tant le monde se mit soudain à tanguer dangereusement. Les Esprits-Liés tout autour couraient, fuyaient, en tout sens, épris du même effroi qui de son lourd étau l’enserrait. Un long frisson glacé courut le long de son échine, lui comprima le coeur qui manqua un battement, avant de partir en un galop effréné, et lui déchira l’esprit en mille cris. Des cris de pure épouvante, d’une frayeur indescriptible... Sa vue se brouilla, ses oreilles sifflèrent. Ilhan manqua suffoquer, et dut faire appel à toute sa volonté. L’image de sa femme encore derrière lui pulsa en son esprit, et cela seul lui permit de ne pas perdre connaissance. Il banda alors l'arc de sa détermination et parvint à prendre une profonde inspiration. Qu'il relâcha ensuite en une longue expiration. Une autre encore, et son mantra intérieur reprit ses droits. Ne pas chavirer. Ne pas céder à la peur. Volonté réclamait elle aussi ses droits. Celle de protéger sa femme, son enfant, les siens, et à la peur de ne pas céder la main.
Ses sens revinrent tout doucement, le Graärh le surplombant toujours de sa haute silhouette et les dardant d’un regard conquérant. Combien de temps cela avait-il duré ? Cela lui avait semblé une éternité, mais il sentait encore les rémanences de la magie du portail. Quelques secondes donc à peine... Et soudain, alors qu’il parvint à refluer la peur au fin fond de son esprit et à l’encercler de son bouclier de volonté, verrouillant sa détermination sur son seul objectif, il prit conscience…
Qu’il avait perdu son lien avec le dauphin ! Son ornithorynque était toujours présent cela dit. Présent, mais vacillant, frémissant de peur… de cette peur qui l’avait traversé. Cette peur ! Elle n’était pas sienne, en vérité, mais celle des Esprits-Liés ! Fort de cette compréhension, et après une autre inspiration, il parvint à reprendre pied.
Ce Graärh était sans nul doute une autre Couronne, et une Couronne bien plus puissante que les autres. Il avait déjà senti les Esprits-Liés tressauter en présence du premier qu’ils avaient combattu, mais là panique était devenue un maelstrom ravageant tout sur son passage. Qui aurait cru que les Esprits-Liés étaient capables de ressentir de tels émois ? Mais le moment n’était plus à tergiverser. Il devait agir, et vite. Combattre ? Non, ce n’était pas pour lui. Il n’était pas un guerrier. Sans compter que, devant une telle puissance, il n’avait nulle chance. Fuir ? Assurément, ils n’en auraient nul temps, vu la proximité. Gagner du temps… voilà tout ce qu’il pouvait faire. Et comment gagner du temps ? En parlant… N’était-ce pas une des choses pour lesquelles il était le plus doué ?
Mais pour dire quoi ? N’importe quoi, en fait, réalisa-t-il. Du moment qu’il parle, gagne du temps... et fasse comprendre à Naal, avec qui il était toujours en communication, ne l’ayant pas coupée, qu’ils étaient ici aussi peut-être en fâcheuse posture.
– Je suis honoré de vous rencontrer… Couronne de Cendres, fit-il en langue Graärh. Car vous êtes bien l’une d’elles, n’est-ce pas ? Est-ce que… vous me comprenez ? ajouta-t-il soudain pris d’un doute.
Après tout, comme toute langue, la langue Graärh avait pu évoluer depuis tant de siècles. Peut-être parlait-il dans le vent.
– Arrêtez, vous massacrez ma langue natale, répondit enfin leur visiteur.
Ou pas.
Ilhan manqua grimacer. Certes, il n’était pas capable de prononcer les R ronronnant, et il n’avait ni les oreilles ni la queue pour appuyer ses propos, mais tout de même… Soit, en langage commun donc ?
– Je m’appelle Ilhan Avente. Puis-je connaître votre nom ?
Au point où ils en étaient… S’il parvenait à faire causette, malgré son coeur qui battait chamade à tout va et sa main, toujours posée sur Autone derrière lui, qui tremblait légèrement, il pouvait bien tenter des présentations dignes de ce nom ?
– Vos pairs semblaient déjà puissants, mais… vous est encore tout autre.
Et c’était peu dire. Il entendait encore son ornithorynque geindre dans un coin. Pourtant fidèle, il tenait bon pour rester auprès de lui, malgré la peur qui le tétanisait. Une peur si tenace que son Esprit-Lié ne parvenait à lui souffler ceux de l’autre en face de lui. Mais peu importait, Ilhan devait au moins rendre hommage à la vaillance de son lié qui ne l’avait pas quitté, et faire montre du même courage. Et soudain, une réalisation le frappa… Puissance, peur des Esprits-Liés, certes, mais aussi… son autre lien avait été coupé ! Rares étaient les choses capables de couper ainsi des liens d’Esprits-Liés à sa connaissance… se pourrait-il… ? Oui, cela se pourrait… cela expliquerait pourquoi seul son ornithorynque était resté, peut-être ? Étant un tel spirite lui-même, c’était en tout cas la première chose qui lui venait à l’esprit.
– Êtes-vous…
Vous aussi…
– Un lié de l’ornithorynque ? Je n’ai jamais vu…
Il déglutit et dut faire appel de nouveau à son mantra intérieur pour ne pas flancher.
– De telles capacités.
Il fut soulagé d’entendre sa voix se raffermir quelque peu.
– De spirites si puissants. Est-ce pour cela que les Esprits-Liés s’affolent en votre présence ? Comment…
Soudain, le portail lui revint à l’esprit également. Rares étaient les Graärh capables de magie. Mais capables de magie si exceptionnelle ? Jamais il n'en avait connu. Pourtant il avait rencontré beaucoup de Graärh.
– Et cette magie… êtes-vous donc capable aussi de manipuler la trame tel un haut mage ?
Pourtant il ne voyait pas forcément celle-ci enserrer le Graärh dans ses filets… Pas comme elle le faisait avec les êtres de magie en tout cas. Quelque chose clochait. Mais quoi ?
– J’ai entendu nombre de légendes concernant les Couronnes de Cendres. Une légion baptisée de cendres après avoir fait déverser le feu pour effacer la honte de ses fautes auprès des Esprits-liés. Est-ce cela ? Qu’en est-il en vérité ?
Sa curiosité parvenait à le faire ancrer dans la réalité et à ne pas perdre pied face à la peur qui toujours le tenaillait. Sa main sur Autone tremblait toujours autant, mais il parvenait à chasser de sa voix toute intonation hésitante.
S’il lui demandait de raconter son histoire, l’unique, la vraie ? Oui, presque. Il avait peut-être passé l’âge du "raconte-moi une histoire", mais en cet instant, c’était la seule chose qui lui venait à l’esprit. Gagner du temps. Et pourquoi pas glaner des informations ? Il avait toujours agi ainsi : étudier, analyser son potentiel ennemi, pour mieux le connaître et mieux savoir comment le combattre ensuite. Il serait inutile de se lancer, là, maintenant, dans une lutte perdue d’avance face à un tel adversaire. Et s’il advenait à mourir par cette inaction… il espérait qu’Autone aurait alors le temps de fuir… Et au moins Naal aurait tout entendu pour en apprendre un peu plus lui aussi.
– Que cherchez-vous ? Quel est votre but ?
Directives :
L’invocation d’Ilhan est parvenue au résultat escompté, c’est-à-dire empêcher sa douce de finir en casse-croûte pour graärh. En effet, la queue du dragon d’ombre vint être aspirée par le félin qui se mit alors automatiquement à la dévorer. Le félin orangé est-il capable de manger tout et n’importe quoi ? Pas le temps de se poser la question, car la graärh a qui le délimarien a confié la dague un peu plus tôt agit, venant trancher la queue de l’adversaire qui perd alors l’équilibre et virevolte un peu partout, propulsé par son souffle, avant de passer par le toit.
Le toit justement, où Nynsith, Naal et Nyana partent sans attendre, laissant les deux époux seuls … ou en plan, avec la directive de la dragonne qui résonne encore la trame : détruire la queue.
Un calme s’installe alors, laissant le temps au spirit de l’ornithorynque de traiter les informations qu’il a pu glaner grâce à son esprit-lié, mais aussi de s’assurer qu’Autone va bien.
L’Althaïa a perçu chez ce graärh trois liens. Des liens puissants, bien plus puissants qu’il a connus jusqu’alors, confirmant que cet adversaire est un maitre spirit de haute volée transcendant tous ceux qu’il a pu rencontrer, dépassant assurément les standards connus. Parmi ces connexions, Ilhan peut confirmer avec certitude deux esprits-liés : Le castor et le rat. Un castor conférant une denture et une mâchoire proprement phénoménale et un rat octroyant une endurance et une résistance physique hors du commun, expliquant assurément sa capacité à poursuivre le combat en dépit de ses blessures.
Le troisième reste en revanche auréolée de mystère et nécessitera des recherches, Ilhan ayant vaguement distingué une petite silhouette se tenant à quatre pattes et munie d’une trompe. Mais par déduction, la puissance de son souffle doit venir de là.
Quoi qu’il en soit, ce petit moment de calme de dur pas. Après avoir trouvé un moyen de détruire la queue de Lolupata, un portail magique s’ouvre, digne des hauts mages du flux de déplacement, et se referme aussi tôt.
Un énième graärh fait son apparition. Ce dernier se tient droit, sa posture est à la fois calme et noble … tout l’inverse de celle d’Ilhan lorsque son regard se pose sur lui.
La peur prend le Délimarien aux tripes, une terreur immense qui le parcourt de part en part. Il ne doit de ne pas perdre connaissance, sous l’intensité du sentiment, uniquement à son mental d’acier. Il ne ressent plus son lien avec le dauphin, mais il ressent très clairement son lien avec l’ornithorynque, pire même, la peur qui le traverse provient de cet esprit-lié.
Que fait ton personnage ? Comment réagit-il ? ... si tant est qu'il en soit capable.
Le toit justement, où Nynsith, Naal et Nyana partent sans attendre, laissant les deux époux seuls … ou en plan, avec la directive de la dragonne qui résonne encore la trame : détruire la queue.
Un calme s’installe alors, laissant le temps au spirit de l’ornithorynque de traiter les informations qu’il a pu glaner grâce à son esprit-lié, mais aussi de s’assurer qu’Autone va bien.
L’Althaïa a perçu chez ce graärh trois liens. Des liens puissants, bien plus puissants qu’il a connus jusqu’alors, confirmant que cet adversaire est un maitre spirit de haute volée transcendant tous ceux qu’il a pu rencontrer, dépassant assurément les standards connus. Parmi ces connexions, Ilhan peut confirmer avec certitude deux esprits-liés : Le castor et le rat. Un castor conférant une denture et une mâchoire proprement phénoménale et un rat octroyant une endurance et une résistance physique hors du commun, expliquant assurément sa capacité à poursuivre le combat en dépit de ses blessures.
Le troisième reste en revanche auréolée de mystère et nécessitera des recherches, Ilhan ayant vaguement distingué une petite silhouette se tenant à quatre pattes et munie d’une trompe. Mais par déduction, la puissance de son souffle doit venir de là.
Quoi qu’il en soit, ce petit moment de calme de dur pas. Après avoir trouvé un moyen de détruire la queue de Lolupata, un portail magique s’ouvre, digne des hauts mages du flux de déplacement, et se referme aussi tôt.
Un énième graärh fait son apparition. Ce dernier se tient droit, sa posture est à la fois calme et noble … tout l’inverse de celle d’Ilhan lorsque son regard se pose sur lui.
La peur prend le Délimarien aux tripes, une terreur immense qui le parcourt de part en part. Il ne doit de ne pas perdre connaissance, sous l’intensité du sentiment, uniquement à son mental d’acier. Il ne ressent plus son lien avec le dauphin, mais il ressent très clairement son lien avec l’ornithorynque, pire même, la peur qui le traverse provient de cet esprit-lié.
Que fait ton personnage ? Comment réagit-il ? ... si tant est qu'il en soit capable.