Ils arrivèrent sans encombre à l’étage, et si Liv s’était attendu à subir d’autre péripéties avant de parvenir à trouver Victoria, il n’en fut rien : elle se tenait là, au bout du couloir, dans toute sa splendeur royale, et il s’en trouva brièvement captivé — bien que quelque chose lui soufflait qu’il ne s’agissait pas seulement du charme naturel de la reine qui lui faisait cet effet. Aurait-il dû ressentir autre chose ? Pas vraiment. Il n’était plus celui qui avait été son frère ; elle n’était pas sa sœur, simplement sa cible, et il était satisfait et soulagé de toucher enfin au but. Enfin, presque…
Entre lui et sa cible se tenaient quatre gardes, dont deux cadavres. Des agents infiltrés qui avaient été repérés ? C’était en tout cas ce que laissait à penser la lame ensanglantée de l’un de ceux qui se tenaient encore debout, et qui les traitait de « chiens d’Elusis ». Eh bien, voilà qui ne se présentait pas au mieux pour les plans du vampire… D’autant moins lorsque son arrivée fut remarquée. Il ne fallut pas un instant au soldat peu cordial pour le reconnaître pour ce qu’il était et se précipiter vers lui. Au moins sa collègue restait-elle en retrait à protéger la reine, ce qui lui faciliterait les choses.
Il aurait voulu lever son épée pour se défendre mais quelque chose le retint… la gamine ! Elle chantait à nouveau, mais cette fois, loin de vouloir l’aider, elle l’empêchait de se défendre ! Liv était incapable de réagir, forcé de contempler son destin qui se ruait sur lui avec empressement… jusqu’à ce que la course du soldat ne s’interrompe avec un bruit sec, et qu’il ne tombe face contre terre, une hache solidement plantée à l’arrière du crâne. Les infiltrés n’étaient peut-être pas ceux que l’on pourrait croire… ? Liv n’eut que le temps de croiser le regard de la garde qui venait de lui sauver la vie — volontairement ou par accident ? — que de nouveaux bruits de pas attirèrent son attention derrière lui.
Deux nouveaux gardes firent leur apparition, accompagnés du Parangon traître et d’un de ses vampires. Voilà qui commençait à sentir
sérieusement mauvais pour lui. De l’autre côté, il entendit la garde s’adresser à Victoria.
«
Silence et suis moi. »
Un ordre intimé avec la certitude de se voir obéir, sur un ton qu’il n’imaginait aucun soldat utiliser envers leur reine… Il en avait pris note mentalement, mais n’avait guère l’occasion de se pencher sur le sujet, puisque dans le même temps sa jeune plus-tellement-captive fit mine de s’enfuir vers les soldats nouvellement arrivés. Parfait, il n’avait pas l’intention de l’en empêcher… au contraire. De nouveau maître de lui-même, il effectua un geste rapide et expulsa son énergie, propulsant la jeune noble contre les gardes.
Il ne prit pas le temps de vérifier si la demoiselle se retrouvait malencontreusement embrochée sur une épée, se contentant de faire volte-face et de se ruer vers la pièce où Victoria et l’autre garde se dirigeaient. Il n’avait pas le temps d’hésiter et de se demander s’il s’agissait, cette fois, bien d’une alliée, il devait prendre le risque. Dans tous les cas, sa situation serait meilleure de l’autre côté : au mieux il se retrouvait dans un abri relatif, avec sa cible et une alliée apparemment fort compétente ; au pire il se retrouvait dans un abri relatif, avec sa cible, et une ennemie fort maladroite.
Il ferma la porte derrière lui et s’y adossa, l’épée toujours en main et levée dans la direction de la garde. Il allait vite savoir de quel côté elle était ; il présumait que si elle cherchait réellement à protéger Victoria, elle ne laisserait pas un ennemi dont elle ignorait les intentions si proches de sa reine sans chercher à le mettre hors d’état de nuire.
«
Et maintenant ?—
On cherche une solution pour sortir de ce cul-de-sac… »
Rassuré, il abaissa son épée.
«
Ça je m’en occupe. Barricade la porte au mieux. »
La jeune femme — il ignorait toujours son nom, mais ils n’avaient guère le temps pour les présentations — obtempéra sans rechigner, et il prit un instant pour observer où ils se trouvaient. Si ses calculs étaient bons, cette pièce devait se trouver juste au-dessus du passage secret par lequel Nathaniel et lui étaient arrivés. Il lui suffisait donc d’ouvrir un passage au bon endroit grâce à la clef du pirate, en espérant qu’il était en train de causer suffisamment d’agitation pour qu’on ne les remarque pas…
Cherchant l’endroit adéquat pour mettre son plan à exécution, il remarqua les trophées qui ornaient la pièce, dont certains émanaient une puissante magie, mais il ne s’y attarda pas. Ils avaient plus urgent à faire. Il jeta également un œil sur Victoria, mais celle-ci se contentait de se tenir debout, fixant le vide. Hypnotisée ? Pratique… Il ne s’était jusque-là pas particulièrement intéressé à cette branche de la magie, mais après aujourd’hui, il commençait à se dire qu’il devrait s’y mettre…
Après quelques instants de réflexion et d’estimation à vue de nez, il se dirigeait vers le coin de la pièce qu’il pensait être le bon lorsqu’un… trou… fit son apparition, non loin de là où il avait eu l’intention d’ouvrir un passage.
Par la Corne de la Licorne quoi. Encore. Le trou s’était refermé quelques instants plus tard, et s’il n’avait rien vu le franchir, il
sentait qu’un glyphe l’avait traversé et se trouvait désormais dans la pièce, et il entendait un battement de cœur supplémentaire. Il avait levé Brise-Argent dans sa direction, méfiant, mais une seconde plus tard Nathaniel apparut. Bien sûr, qui d’autre ? Le vampire n’eut même pas la force de s’en étonner, se contentant de rouler des yeux en rangainant son épée.
«
C’est gentil de venir me chercher, mais tu n’aurais pas dû te donner cette peine. J’ai ce pourquoi on est venus, on peut repartir par là où tu es arrivé. Il montra la clef que le singe lui avait confié, et qui allait leur permettre d’ouvrir un nouveau passage. Après réflexion il ajouta, en désignant la garde qui l’avait aidé :
Oh, et je me suis fait une nouvelle amie. »
Mais le pirate ne semblait pas décidé à partir tout de suite, plus intéressé par les trophées exhibés dans la pièce… D’un instant à l’autre, une troupe de gens très énervés allaient chercher, et sans doute réussir, à défoncer la porte, mais Son Altesse était trop occupée à faire du lèche-vitrine pour s’en soucier… Eh bien soit. Si le pirate avait le temps de s’approprier un souvenir, lui aussi pouvait se le permettre. Sans la moindre hésitation, il se dirigea vers un bâton qu’il avait remarqué un peu plus tôt, finement ouvragé et émanant la magie. Damyr n’arrêtait pas de lui dire de se trouver un bâton digne de ce nom, voilà qui était fait. Revenu à son point de départ, il lança un regard au pirate.
«
C’est bon tu as trouvé ce que tu voulais, on peut y aller ? »
Il utilisa la clef pour ouvrir un passage, et observa la situation en-dessous. Ce coin de la bibliothèque était encore au calme, mais le chaos régnait de l’autre côté de la pièce. Et il était effectivement juste au-dessus du passage secret. Sans perdre de temps, il se laissa tomber, aussi discrètement que possible. Une fois par terre, en attendant que les autres le rejoignent, il prit le temps de tracer un cercle au sol, assez grand pour les contenir tous les quatre, et qui incluait l’entrée du passage, et se concentra quelques secondes pour transformer ces quelques centimètres carrés en sanctuaire. Au mieux, ça ne servirait à rien, mais si jamais de nouvelles surprises devaient leur tomber dessus, cela pourrait leur permettre de gagner suffisamment de temps pour filer. Une fois fini, il releva la tête pour voir où en étaient les autres.
Résumé des actions a écrit:
— Sort de niveau bon Torsion (flux de Déplacement) sur Filipine et les gardes
— Obtention de Syraine Kohan
— Utilisation de la clef squelette de Nathaniel
— Sort de niveau très bon Sanctuaire (flux de Protection) devant l’entrée du passage secret
Objet récupéré :
Syraine Kohan
Bâton de bois d’if, incrusté d’ivoire, il est finement ciselé d'inscriptions ressemblant à de l'elfique, de couleur carmine semblant ainsi gravées dans le sang, et soulignées de filigranes d'argent. Quand l’un de ses glyphes est activé, il se met à luire et les inscriptions semblent pulser, tel un coeur battant, quand le porteur en active ses pouvoirs protecteurs. Une sculpture magnifique évoquant une femme à queue de poisson, portant fièrement sur le coeur l’emblème des Kohan trône à son sommet, évoquant le passé de pirates des mers qu’ont été antan cette noble famille.
En effet ce bâton, relique d’un très ancien passé, est un des trésors appartenant à la famille Kohan, qui se transmettaient d’héritiers en héritiers, tel un sceptre impérial, avant que l’épée ne devienne l’arme de prédilection des derniers Kohan.
- Glyphe 1 : Aura de protection – Draconique : En frappant le sol avec le baton le porteur crée une aura protectrice autour de lui, capable alors d’arrêter les attaques magiques ou physiques, directes ou indirectes… et de les renvoyer à leur expéditeur. Selon la puissance en magie du porteur, il peut renvoyer ainsi une à plusieurs attaques comme suit :
- jusque moyen : une seule attaque
- de bon jusque maitre : 2 attaques
- grand-maitre et exceptionnel : 3 attaques
Dure 5 minutes / 1 tour d’intrigue ou jusqu’à ce que le nombre d’attaques maximal ait été repoussé. Nécessite ensuite 1 heure / 2 tours d’intrigue avant de pouvoir être réutilisé.
Glyphe rare
- Glyphe 2 : Gardien des protégés – Draconique : sur activation par la seule volonté de sa pensée, le porteur peut étendre cette aura protectrice sous la forme d’un dôme englobant ainsi toute personne s’y trouvant dans un périmètre de 5 mètres.
Glyphe rare
- Glyphe 3 : Force des Kohan – Draconique : la famille Kohan a peut-être perdu de son prestige, mais antan il en était tout autrement. Le porteur gagne en charisme et sa présence en impose : il peut en touchant une cible de son bâton lui impulser la volonté de lui faire plaisir et de le défendre, sauf au péril de sa vie. La cible peut tenter d’y résister (sur jet de force mentale).
Dure 10 minutes / 2 tours d’intrigue maximum
Glyphe rare
Glyphe 4 : Piraterie des Kohan – Draconique : en touchant une cible, le porteur est capable de gagner un rang dans une compétence donnée dans laquelle le personnage touché est supérieur au porteur, compétence précisée lors du toucher (le porteur gagne alors un rang dans la compétence, mais sa cible ne perd pas un rang en compensation). La cible peut tenter d’y résister (sur jet de résistance magique).
Dure 10 minutes / 2 tours d’intrigue maximum
Ne peut être utilisé qu’une seule fois par période ou par intrigue.
Glyphe rare
Directives :
Grâce au chant de Filipine, vous passez sans heurts et conflits au troisième étage. Votre but se rapproche : Victoria, sa soeur humaine, apparaît à sa vue dans le couloir, ses blonds cheveux surmonté d’une couronne dorée. C’est la première fois que Liv la voit : comment réagit-il ?
Ce n’est qu’après quelques secondes au regard porté sur la Reine (hypnotisé par la spirite du paon), que le vampire réalise le reste de la scène : deux soldats de la garde royale sont à terre et deux autres soldats semblent s’en être occupés.
“Ces chiens d’Elusis…” gronde l’un d’entre eux (on va l’appeler Norman pour que tout le monde s’y retrouve), l’épée ensanglantée. L’autre soldat (on va l'appeler Valérie pour que tout le monde s’y retrouve) tient la Reine derrière elle, pour la protéger. Un domestique part en courant, visiblement affolé par ce qui se passe ici et tenant un tant soit peu à la vie.
Les deux soldats lèvent la tête vers les deux arrivants, et Norman, reconnaissant le visage de Nolan devenu de ces “chiens d’Elusis”, laisse sa collègue et la Reine en arrière pour venir s’attaquer à Liv. Et là, étrangement, le vampire réalise que Filipine ne chante pas le moins du monde pour arrêter la violence comme plus tôt et pour protéger Ivanyr : elle n’a vraisemblablement jamais été totalement de son côté. Pire, elle essaie d’attirer son attention par sa douce voix, afin qu’il ne puisse pas se défendre le moins du monde.
L’esprit ankylosé, il n’est sauvé que par une hache de lancer, que Valérie vient d’envoyer, et qui s’est plantée très franchement à l’arrière du crâne du malheureux. Norman tombe à terre et s’y vide de son sang jusqu’à la mort. Est-ce une mauvaise visée de Valérie qui aurait voulu avoir Ivanyr plutôt que son collègue ? La question n’a pas le temps d’être posée : deux gardes de l’armée apparaissent en haut des escaliers, suivis de près par Toryné, dans sa grande absence de discrétion, et son garde vampire.
Valérie fixe Victoria (a-t-elle seulement scillé une fois depuis tout à l’heure ?) et lui intime un ordre auquel la Reine ne semble pas pouvoir désobéir : “Silence et suis moi.” La tête blonde s’exécute alors que Valérie l'entraîne vers la salle des trophées, au bout du couloir. Filipine lâche la main de Liv et s’apprête à fuir vers les soldats et Toryné.
Que fait Liv ?