Il est peu de chose qui ne soit pas remarquable lorsque l’on croise Liz pour la première fois. De taille moyenne pour une aldarienne, Liz mesure un mètre cinquante-sept et arbore une silhouette svelte et déliée, marquée par des muscles fins, et composée de courbes féminines légères mais suffisantes. Délicate, on pourrait l’imaginer respirant grâce et distinction, ce qu’elle fait la plupart du temps, toisant le reste du monde de son mètre cinquante sept comme si elle le dominait par quelque chose de bien plus de valeur que de malheureux centimètres. Elle se tient toujours droite et la tête haute, une posture parfaite que ce soit pour la bienséance… ou l’affrontement.

Ses yeux bleus, légèrement en amande, sont pailletés d’or, un trait hérité de son père vampirique Aldaron. Expressifs, ils savent se faire comprendre lorsque Liz ne souhaite pas s’exprimer oralement. Tout comme elle sait jouer de la définition presque parfaite de ses sourcils fins et ô combien mobiles qu’elle arque et fronce selon ses humeurs. Ses lèvres pleines s’ornent rarement d’un sourire mais lorsqu’elles le font, c’est tout son visage qui se modifie. D’ordinaire inexpressive ou glaciale, un sourire et elle se change alors en créature enchanteresse d’une beauté joyeuse et rayonnante. Liz est particulièrement expressive lorsqu’elle se l’autorise, plus exactement : elle a conscience de l’effet qu’elle peut avoir sur les autres et de combien il est aisé de manipuler les gens en affichant la bonne expression au bon moment.

Ses cheveux sont d’un blanc nacré, presque argenté, et elle les porte long, souvent arrangés en une composition complexe constituée de tresses qu’elle orne souvent de bijoux en argent.

Liz est toujours habillée avec goût, qu’elle soit en robe ou en pantalon, ses vêtements sont coûteux et parfaitement ajustés à sa personne. Elle ne laisse rien au hasard, à moins que ce ne soit volontaire, et est attentive au moindre détail. Sa garde robe peut aussi bien passer par de belles robes à la tenue d’équitation tout en passant par une tenue plus guerrière ou plus orientée vers la discrétion.

Liz est ambitieuse, déterminée et calculatrice. C’est une jeune femme qui ne laisse généralement peu de place à l’hésitation et à l’incertitude. Elle a confiance en elle-même et en ses capacités bien qu’elle continue de découvrir l’étendue de celles-ci. Intelligente, elle aime analyser les choses mais ne perd généralement pas trop de temps avant de prendre action, les tergiversations au point de laisser passer une opportunité : très peu pour elle.
Elle dégage de l’assurance et de la distinction, qu’elle illustre parfaitement lorsqu’elle se déplace.

Liz est curieuse mais de façon méthodique, si un sujet l’intéresse elle n’ira pas nécessairement s’abreuver de tous les éléments concernant le sujet en question mais procédera de façon plus efficace. S’il s’agit d’un être vivant : ses points faibles et ses points forts, à commencer par la façon la plus efficace de le tuer. S’il s’agit d’un objet : son utilité et ses limites, comment s’en servir et dans quelle situation.

Liz est, la plupart du temps, sérieuse et concentrée. Le côté prédateur du vampire est particulièrement présent chez elle, que ce soit dans l’aura de danger qu’elle peut dégager comme la focalisation prédatrice qu’elle a en tout temps. Ou presque.

Il est peu de choses capables de briser la concentration et l’attention d’acier de la jeune femme mais placez sur sa route une chose mignonne et il se peut que cela vole en éclat. Sensible à ce qui est beau, que ce soit esthétique ou non, Liz peut se révéler faible à ce qu’elle considère comme mignon. Cela peut bien entendu varier, tout le monde n’a pas les mêmes goûts et il se trouve que la jeune vampire en a de très particuliers.

Un nouveau départ, ce n’est pas donné à tout le monde. Pourtant, pelotonnée dans son lit et serrant un oreiller contre son ventre, elle se demandait s’il n’y avait pas un boulet invisible attaché à sa cheville qui la retenait à son ancienne vie.
Cependant, à mesure que les minutes s’égrènaient avec inexorabilité, l’impatience la gagna. Retroussant la lèvre supérieure et dévoilant ses crocs en un rictus agacé, la nouvelle-née se redressa hors du lit, jetant l’oreiller sur le côté et s’empara des vêtements qui étaient mis à sa disposition. Elle s’immobilisa à l’instant où ses doigts entrèrent en contact avec le tissu fin. Doucement, tout doucement, elle caressa l’étoffe en s’émerveillant du travail délicat et un sourire léger, à peine là, étira ses lèvres charnues.
Plus calme, elle enfila les vêtements avec mesure, les ajustant à sa silhouette fine et gracile, appréciant les courbes de son corps qu’elle redécouvrait. Ses hanches juste assez larges pour être remarquées, pas assez pour être évidentes ou exagérées, sa poitrine suffisante sans être pesante, son ventre plat et ferme, ses cuisses déliées et ses bras fins. Attentive, elle observa ses longs doigts fins, les remuant pour en tester la dextérité, observant le jeu des muscles roulant sous la peau. Un lent sourire satisfait étira ses lèvres.

Inspirant à fond, elle jeta un coup d’oeil dans le miroir, s’assurant qu’elle offrait une apparence digne et parfaitement ajustée. Satisfaite, elle hocha la tête à l’attention de son reflet, s’attardant à peine pour découvrir - redécouvrir - les traits de son visage à la fois familiers et étrangers.
Décidée à aller rencontrer celui - ceux - qui l’avaient ainsi faite, elle se dirigea vers la porte, l’ouvrit d’un geste assuré et s’engagea dans le couloir.

Son coeur aurait-il encore été en mesure de battre, il se serait arrêté.

Là, comme figé au beau milieu du chemin, se tenait un autre vampire. Il avait les cheveux blonds là où elle les avait blancs mais ils avaient les mêmes yeux bleus. Cependant ce n’étaient pas les ressemblances physiques - multiples qui la firent s’immobiliser à son tour. Car à l’instant où elle croisa son regard, ce fut comme si le monde avait finalement pivoté sur son axe pour enfin adopter sa posture naturelle. Comme une pièce de puzzle perdue retrouvant enfin sa place dans la grande image du monde. Le vide logé dans son ventre et dans ses bras demeurait, mais sa poitrine s’emplit d’un sentiment d’appartenance et elle esquissa un premier vrai sourire sincère à l’attention du vampire.

Son inséparable.

Une forme de routine s’installa dans la demeure de Névrast où Aldaron s’était réfugié après la perte de son propre inséparable. Pas insensible à l’ironie de la situation, Elizabeth Natasha Elusis, surnommée Liz, s’efforça de partager son temps entre son frère, Liv, et son père, Aldaron, lequel venait de souffrir la pire perte qui soit. Cela faisait peu de temps qu’elle connaissait Liv et qu’elle lui était liée - et en si peu de temps il avait déjà réussi à la rendre folle avec ses choix vestimentaires douteux - mais elle ne pouvait imaginer un monde sans lui. Autant qu’elle le pouvait, elle passait son temps avec lui. Que ce soit collée à lui ou dans la même pièce, suffisamment proche pour le voir, l’entendre, le sentir et avoir l’impression ténue de ne pas être sur le point de basculer dans l’inconnu. Il lui avait rendu l’équilibre alors qu’elle ignorait encore qu’elle en manquait, mais il lui offrait également un point d’ancrage, ce dont elle avait désespérément besoin car elle avait parfois l’impression de partir à la dérive.

C’est pelotonnée dans un fauteuil confortable lors d’une des rares occasions où elle ne se trouvait pas en compagnie de Liv, un épais volume traitant des différents feutonnerres et leur fonctionnement ouvert sur les genoux, qu’elle entendit la voix pour la première fois. La voix était proche, si proche qu’elle se redressa, alerte et méfiante. Il n’y avait aucune odeur, aucune sensation d’être épiée ou menacée, aucun son indiquant une intrusion. Elle était seule, la pièce était identique à ce qu’elle était une poignée de seconde auparavant. Excepté pour la voix qui reprit, plus ferme et Liz distingua des mots, cette fois-ci.

La voix, indubitablement masculine, s’enquit de son bien-être avec une intonation douce et sincère. L’anneau qu’elle portait depuis son réveil, plus par habitude que par vanité ou intérêt pour le bijou, se révéla être un instrument de communication que sa précédente personne détenait et avait utilisé afin de communiquer avec un certain Ilhan Avente. A partir de ce jour-là, elle entreprit d’utiliser l’anneau à des heures diverses et variées afin de voir si l’homme allait lui répondre et de quelle façon, cherchant à voir s’il perdrait patience, à quel moment il répondrait - ou non. De simples détails qui pouvaient en dire long sur l’étrange personnage et elle était curieuse d’en savoir davantage, un but parmi d’autres qu’elle se découvrait jour après jour.

Auprès d’Aldaron, assidue, elle travailla, depuis son réveil, à contrôler sa Faim, apprit tout ce qu’elle pouvait. Notamment concernant les Graärhs de l’île que Liz se découvrit un soudain désir de rencontrer bien que redoutant légèrement sa réaction face à une créature qu’elle savait d’avance trouver adorable.
C’est également à ces occasions qu’elle entendit parler de la tendance de son père à étêter ses opposants. Une habitude qui ne la troubla pas outre mesure. Un bon ennemi, est un ennemi mort et c’est un fait qui semble on ne peut plus logique à la jeune femme. D’autant que si couper des têtes apaise, dans une moindre mesure, la douleur de son père de crocs, elle n’y voit absolument aucun inconvénient. Du moins pour l’instant.

Pour l’heure, ses journées - peu nombreuses depuis son réveil - se déroulent entre sa chambre où elle se pelotonne généralement en compagnie de son frère et d’un livre, Aldaron auprès duquel elle apprend tout ce qu’il souhaite lui enseigner et s’assure qu’il se porte bien, s’occupe de lui avec une attention toute particulière, et les rues de Névrast qu’elle découvre petit à petit. La ville semble neuve, certains bâtiments pas beaucoup plus vieux qu’elle. Comme si la ville avait été créée dans le seul but de les accueillir, elle et Liv, et de les protéger pendant qu’ils étirent leurs nouvelles jambes de vampire en attendant qu’ils soient suffisamment entraînés pour s’aventurer hors des murs de la ville. Elle ressent une forme d’affection pour la ville, un lien ténu probablement parce que c’est ici qu’elle s’est éveillée mais plus certainement parce que la ville est aussi fraîche et jeune qu’elle. Un lien qui la poussera certainement à la défendre avec tout ce qu’elle a, tout comme la ville la protégerait certainement si elle en avait besoin.

Un nouveau départ dans une nouvelle ville, une nouvelle histoire à écrire.