Connexion
Le Deal du moment : -38%
Ecran PC gaming 23,8″ – ACER KG241Y P3bip ...
Voir le deal
99.99 €

[INTRIGUE] La forge des cauchemars

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars Empty[INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz

La forge des cauchemars



Au loin, portée par le vent, l'on peut entendre le vacarme des combats, les rugissements d'ignobles créatures se mêlant aux fracas du métal, le tout à peine couvert par la résonance d'une cloche d'alarme. Progressant au milieu des combats, un crâne rieur entre les griffes, un félin bossu au pelage au ton pourpré emprunte le titanesque escalier taillé à même le golem victorieux, avant de disparaitre dans les profondes ténèbres des sous-sols de l'île du croissant.

A cinq, la tête couverte d'or ils rentrèrent, à quatre la tête couverte de cendres ils sortirent. Tour à tour, ceux qui ont jadis fait trembler l'archipel, se réveillent du long sommeil de la mort ... mais l'un d'entre eux manque encore à l'appel.


Intrigue : La forge des cauchemars. Le 7 Juillet de l'an 1764 du troisième âge

Les joueurs disposent d'un délai de 3 jours pour poster à compter de la réception des directives. Nous vous encouragerons même à poster plus vite encore si vous le pouvez (l’intrigue n’en sera que plus développée).  Les RP d’intrigue sont prioritaires sur tous les autres rp normaux.


  • Alkhytis
  • Naal du Néant
  • Reynagane Shäa
  • Belethar Espérancieux
  • Ilhan Avente


L'ordre pourrait changer à tout moment.



Spoiler :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Pourquoi ai-je quitté Ipsë Rosea ? Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir a tout pris retrouver les êtres qui m’étaient chers ? J’aurais dû rester où j’étais, dans mon doux foyer. Il m’aurait suffit d’attendre le retour de ma Liée-dorée pour la retrouver. Elle serait revenue indemne de son périple, j’en suis persuadé. Seulement, il est beaucoup trop tard pour faire machine arrière. Je suis brisé. Anéantis de l’intérieur. Le monde est-il aussi cruel ?

J’ai tellement perdu… Mon frère… Mon père… Ma bien-aimée… J’ai beau fixer mon collier brillant de l’éclat d’une étoile, mon désespoir persiste. Les images qui défilent me torture l’esprit.

Mais qu’ai-je fais ? Quel atrocité ai-je pu bien commettre pour mériter de tels tourments ? Rien. Je suis sûr de n’avoir commis aucun crime. C’est injuste… Je suis bien trop fébrile pour me révolter contre mon sort. Tout ce qu’il me reste à faire c’est de rentrer à Ipsë Rosea. De me recroqueviller dans un coin chaud et de pleurer toutes ses larmes qui s’accumulent dans mes cœurs.

Que ne donnerais-je pas pour être à Ambarhùna, dans notre chez-nous, à Luna et moi ? A l’époque de l’insouciance et des rires, où tout le monde était encore là.

Cette époque me manque tant. Je voudrais tant y revenir et vivre comme avant. Je regrette tellement tous ces malheurs…
Tandis que je me laisse porter par les vents, ailes déployées et tête basse, j’inspire une bouffée d’air pour ne pas crouler sous le chagrin. Mais ce n’est pas cela qui va chasser ma morosité. Je sursaute. Un bruit de font résonne dans mon crâne. En y prêtant plus d’attention, je m’aperçois que c’est une cacophonie de plusieurs sons. Des fracas, des cris, la musique d’une bataille enragée. Et tout s’amplifie. Cela en devient perçant, assourdissant. Et cela provient…

Qu’est-ce que cela signifie ?! Pourquoi une lutte aussi violente dans cette direction ? Cela n’a aucun sens !

Un élément de réponse me sera l’estomac. Les deux camps ne sont absolument pas de la même espèce. Des humains et… Bon sang, mais que sont ces êtres ?! Je ne fais que ressentir leur présence et pourtant, elles ne m’inspirent rien de familier. Ni rien de réjouissant.

Que dois-je faire ?... Je ne me sens pas apte à intervenir dans l’immédiat. Cependant… Tous ces cris, cette souffrance que je perçoit. Me ferait-elle oublier, le temps d’une minute, ma propre douleur ?

De nouveaux fracas, de nouveaux cris.
S’en est trop ! Il me faut au moins en avoir les cœurs net. D’après les informations dont je dispose, je ne suis pas très loin de l’endroit d’où provient tout ce vacarme. A grands coups d’ailes, je peux y parvenir rapidement.

Il me faut me ressaisir… En y repensant, Luna ne s’est jamais laissée autant abattre. Même après la perte de sa première amante, elle s’est occupée l’esprit, elle a profité de sa vie et a continué d’avancer. Même si son chagrin ressortait de temps à autre, elle continuait. Et elle s’est relevée. Je dois prendre exemple sur elle.

Même si… C’est difficile…

Je secoue la tête un bon coup avant de foncer vers ce qui agite mes sens de dragon.


Alkhytis, alors tu survoles Calastin, rentrant d'un périple bien plus éprouvant psychologiquement que physiquement qui t'aura mené à travers les îles de l'archipel, des bruits parviennent à tes sens draconique. Ses sons portent loin et sont annonciateurs de mauvais augures. Tu reconnais le son des batailles, celui du fer contre le fer, les cris de peur et d'agonie, mais également celui de la cloche synonyme d'alerte et de détresse. A Cordont, au niveau du gouffre et des installations le combat fait rage. Des bipèdes se battent contre des créatures aux multiples formes, des bêtes sauvages mais magiques comme celles que l'on peut trouver sur l'archipel … à l'exception près que tu ne reconnais aucune d'entre elles. De taille moyenne ou grande, tantôt à fourrure tantôt à écailles. Pourvu de crocs, de griffes, de dards, d'une ou plusieurs têtes, d'une ou plusieurs queues, d'une ou plusieurs paires de pattes, d'une ou plusieurs paires d'yeux. Un défilé de créatures semblant sortit d'un cauchemar pour dévorer les hommes.

Comment réagit ton personnage  ? Dans quel état d'esprit est-il  ? Que fait-il?

[/quote]

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
    Une expédition dans les sous-sols. La première d’ampleur avait apporté la Peste de Corail. Qu’adviendrait-il pour cette seconde ? Quelles terreurs allaient-ils déterrer des profondeurs ? Pour autant, avaient-ils le choix ? La menace des couronnes de cendres apporterait bien plus son lot de malheurs que tout ce qui pouvait bien vivre dans ces souterrains. Ils se devaient de prendre les devants. Le plus simple serait encore de détruire l’un des quatre monstres tant qu’il n’était pas encore revenu d’entre les morts. Où les graärh avaient-ils la tête, jadis ? Avec Rog capable de ramener les morts à la vie… Pourquoi n’avaient-ils pas pris la précaution de détruire les autres corps ? Pour qu’ils aient ces ennuis, des siècles plus tard ? Il avait pesté mentalement tout au long du voyage tout en priant néant de leur venir en aide… L’acte était stupide car elle était globalement aussi morte que les couronnes de cendres. Il était difficile pour les trépassés d’être d’une quelconque aide, excepté à travers les souvenirs qu’ils laissaient aux vivants derrière eux.

    Les fortifications de Cordont se dessinaient à l’horizon, protégeant l’entrée des souterrains de Calastin. A cheval, il faisait le voyage avec Ilhan et il devait avouer qu’il avait joué un rôle dans le maintient de son humeur. Il lui avait évité d’être particulièrement grognon, si bien que lorsqu’un dragon… Lié de surcroît, les survola, il s’était contenté d’un soupir. Ils étaient sur les terres de l’Empire et les dragons n’y étaient pas bienvenus. Ils étaient interdits de séjour, mais celui-ci, comme tant d’autres de sa race, était soit arrogant soit profondément ignorant. Dans les deux cas, il lui faudrait un rappel à l’ordre et Naal voulait bien s’en charger. Du moins… Aurait-il bien voulu s’en charger si ce dragon avait constitué la seul ménagerie à dresser mais le son de la cloche sonnant l’alerte était synonyme de danger, probablement plus important. Ils pressèrent le pas de leurs chevaux pour arriver promptement sur place et découvrir des dizaines de créatures inconnues, sorties de nulle part, et venue saccager les lieux avec autant de discernement qu’un éléphant dans une boutique de porcelaine caladonniene. La facture allait être salée.

    N’attendant pas de se faire prier, il alla défouler sa frustration au combat, tranchant dans le vif d’un troupeau déjà fort décimé. Qu’étaient ces bêtes ? Il n’en connaissait aucune. Il avait l’habitude, avec Tiamaranta, de trouvait un folklore d’inattendu. Mais cela faisait beaucoup de spécimens réuni en un seul endroit… Et le seul être qu’il savait capable de créer des bêtes étaient Rog. Il était le créateur des Karapts et son imagination en termes de nombre de pinces et d’yeux était à l’image de ce qui se trouvait devant lui. Un appel à la Corneille, pour remonter légèrement le fil du temps présent ne trada pas à lui confirmer l’origine de cette émeute. Un graärh de couleur prune. « C’est une diversion, préparez les chevaux, il faut descendre. » Car c’était là que le graärh allait, n’est-ce pas ? Eux qui pensaient le devancer allaient être pris de court. L’avantage à cela était qu’avec la Corneille, il n’aurait qu’à le suivre à la trace et espérer s’interposer au bon moment. « C’est Rog. » fit-il plus bas, cette fois, à la seule attention d’Ilhan. « Et pitié, que ce dragon ne nous suive pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le supporter tout le voyage… » gronda-t-il. Mais qu’y pourrait-il ? Cordont ne faisait pas partie du territoire protégé des dragons qu’était l’Empire…


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz

Quel long chemin j'avais arpenté depuis mon départ de Néthéril. Combien de temps était passé ? Je n'arrivais même plus à me souvenir, cela ne devait pourtant pas être bien lointain. Alors pourquoi son odeur ne me revenais plus ? Pourquoi le regard enflammé de Nyana se brouillait-il dans mon esprit ?
En arrivant de nouveau sur Calastin, j'avais essayé de chasser tout ce qui pouvait me briser d'avantage le cœur. J'avais fait un choix et je l'assumerai quoiqu'il en coûte. Mon voyage avait été parsemé de retrouvaille chaleureuse, de rencontre surprenante et de soucis, je ne pouvais cacher ce dernier point. Pour la première fois de mon existence, j'avais réussi à m'en sortir seule. Certes mon pelage doux et soyeux avait laissé place à une teinte plus terne et plus rêche, mais mon regard ne s'était pas éteint. Il brûlait de jour en jour, me portant jusqu'à aujourd'hui, vers un objectif que je tenais bientôt entre mes griffes. J'étais arrivé à Cordont la chue il y a de cela plusieurs semaines déjà. Il été là, l'objectif de pouvoir découvrir les secrets du gouffre et de ces Couronnes de Cendres aussi dévastatrice que mythique. Aujourd'hui pourtant, la donne avait changé et je me retrouvais dans un chaos que jamais je n'aurais pu imaginer.

Les pattes pleines de sang, les oreilles rabattues et les crocs découverts, je soignais tout ceux que je trouvais sur mon chemin. Elles étaient arrivés, déferlant comme un ras de marée, ces créatures du monde d'en dessous. Le don qu'avait le chaos pour s'immiscer avec rapidité sur notre monde  faisait remonter en moi des souvenirs du Domaine Baptistrale. Des bruits couraient par de là les corps-à-corps et le sang, qu'un Gräarh à la couleur de prune avait été aperçu dans la bataille. Une déflagration été venue attaquer les barrières que j'avais tant bien que mal construite autour de mes pensées. Si les dires étaient vrais, et je savais qu'ils étaient, alors Rog était tout proche. Mes amis du Domaine Baptistrale avaient vu juste et ce chaos là était une terrible diversion... Focus sur l'instant, il n'y avait plus de petite Gräarh pleurnicharde. Oh il y avait bien la peur et le cœur battant mais elles étaient tapissées par une détermination que j'avais construit jour après jour.
J'étais maintenant accroupie au côté d'un homme fortement blessé à l'une de ses jambes. Un groupement de soldat était venu nous entourer afin de repousser l'ennemi tandis que je m'attelais à soigner sa jambe. Ignorant les hurlements et les grondements de ces monstres mêlaient aux hommes j'empoignais avec autant de force que je le pouvais son membre tandis que le capitaine m'agrippait l'épaule le souffle court.

"Faites simplement que je sois en état de me déplacer. Une expédition devait partir aujourd'hui, tout a été préparé pour elle. Nous allons prendre les ressources qui y ont été affectées et nous allons descendre dans le gouffre. Nous allons partir à la poursuite de ce salopard qui nous a envoyé ces hordes de cauchemars et rapporter sa tête."

Un instant, mon regard doré se perdit dans les petits yeux de l'humain. C'est un rugissement puissant qui me ramena soudain à la réalité. Le poil gonflé sur la tête, j'hochais fermement la tête en saisissant les différentes informations dont le fait qu'un dragon devait s'être mêlé à la bataille. Chose rassurante, j'ouvris la gueule en essayant de couvrir les cris :

Vous allez pouvoir vous déplacer, ne vous en faites pas pour ça.

Il était temps pour moi de déranger mon Esprit-Lié du Raton Laveur. Je lui faisais confiance, tout comme celui de l'Araignée, et l'enjeu à ce moment précis n'était pas négligeable. Pour tout dire, il ne l'était jamais.
Fermant les yeux, je connaissais mes faibles capacités quant à l'utilisation de mes Esprit-Liés, je pouvais cependant soulager bien des choses et créer un bandage bien plus réparateur que seulement avec mes petites pattes. Ouvrant mon esprit, je restais focus encore et toujours. Au faible contact du pouvoir de Raton Laveur, je plissais les yeux, puisant dans mon énergie. Soulageant les maux du capitaine tout en construisant une sorte de pansement fortifié, mon lien avec l'esprit du Raton Laveur se rompit alors que je rouvrais les yeux pour me pencher sur la jambe de l'humain, une goutte de sueur sur le front. Mes pattes plongèrent, après une dernière examination, dans mon sac à côté de moi pour en ressortir quelques fioles toutes tâchées de sang.

- Buvez ceci, se sont des orties avec quelques graines de pavot pour vous soulager d'avantage articulais-je avec force pour me faire entendre.

Mes oreilles se dressèrent soudain au bruit sourd de cors appelant à un rassemblement de soldats. Le capitaine n'hésita pas une seconde à boire le médicament avant qu'il ne me fasse signe de l'aider à se relever. Le soutenant le temps qu'il prenne de l'équilibre, mon regard passait du rassemblement au regard du capitaine tandis que mon esprit ressortait les lourdes paroles de l'homme. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.

- Laissez-moi venir avec vous déclarais-je soudain. Je ne serais pas un poids et je peux vous être utile ! Je vous en prie, si c'était ainsi que l'on parlait en langue commune, il va certainement se passer quelque chose de très grave sous Cordont si on  n'agit pas au plus vite. Si tout ceci n'est qu'une diversion et que certains pensent avoir vu Rog, alors il n'y a plus une minute à perdre. Je vous aiderai...Laissez-moi vous accompagner.

Je plongeais une nouvelle fois un regard profond dans les yeux de l'homme. C'était maintenant que tout se jouait.




Spoiler :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Belethar tenait le petit livre qui était accroché à sa ceinture. Il avait décidé de faire le voyage à cheval, pour une fois. Lui qui était un fier spirite du Pingouin et se servait souvent de ses aptitudes extraordinaires pour se déplacer, reprendre de temps en temps des habitudes classiques lui faisaient du bien.

Et l’avantage des voyages en terre ferme plutôt que sous l’eau était que l’on voyait généralement plus de paysage. Néanmoins, ce qui animait Belethar en ce moment n’était pas le désir de faire une petite randonnée bucolique à flanc des grandes falaises de Calastin (bien que cette perspective ne lui aurait pas déplu). Non en vérité, c’était une perspective bien plus grisante qui l’attendait à Cordont, sa destination finale.

Une nouvelle expédition dans les sous-sols devait avoir lieu, et si l’Espérancieux n’avait pas pu assister aux précédentes, c’est cette fois-ci en tant que nouveau Cawr qui avait fraîchement atteint sa condition de Baptistrel lié au Néant qu’il allait s’y rendre. Bien évidemment, l’enjeu était de taille : chaque personne avait encore en tête ce que la précédente expédition avait ramené des profondeurs de Tiamaranta. Une maladie extrêmement contagieuse, et si elle n’était pas incurable, était très difficile à soigner, même pour un baptistrel. Elle avait presque décimé un peuple entier. Ni plus ni moins.

Mais la Peste de Corail n’était pas les seules réjouissances que l’on pouvait prévoir au programme, surtout pas depuis la densification de l’activité des Couronnes de Cendre. Depuis la Vindicte menée au Domaine Baptistral par ces dernières, l’affaire était presque devenue personnelle pour Belethar. Jouer avec le feu n’était jamais bon, mais lui qui les connaissait bien à présent allait certainement être utile au groupe présent aujourd’hui.

C’est donc véritablement avec un état d’esprit dans l’expectative que comme souvent, le Cawr se rendit à son prochain lieu d’aventure.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fut pas déçu une fois arrivé à Cordont. Belethar n’eut pas trop de mal à repérer le gouffre gigantesque, mais il pu aussi constaté qu’il y avait beaucoup d’agitation au sein de celui-là.

Un léger bruit dans son oreille, comme un ultrason plus persistant se faisait de plus en plus fort au fur et à mesure qu’il avançait vers le gouffre : les vibrations lui intimait que ce fut tout récemment le théâtre de combats intenses, comme d’ailleurs en témoignait les cadavres de créatures en tout genre, et des valeureux soldats qui avaient péri au combat.

Belethar fut pris d’une légère nausée, et eut besoin de longues respirations avant de se remettre d’un tel choc. Il était encore un jeune Cawr, et de ce fait, gérer les vibrations était encore une épreuve certaine, particulièrement celles qui le touchaient directement au plus profond de son être.

Une fois un calme à peu près retrouvé (bien que l'acouphène continua légèrement de sonner dans sa tête), le Baptistrel du Néant analysa la situation, et il vit autour de lui quelques visages connus.

Dans la troupe de soldats, il pût distinguer Naal du Néant, un être au combien important dans sa vie, qui l’avait certainement beaucoup influencé et appris bien des choses sur sa nature profonde ces derniers mois. Il y avait aussi la jeune graärh Reynagane Shäa. La petite qui avait habité chez lui pour un temps, était semble t-il à nouveau prête à en découdre avec les Couronnes.

D’ailleurs celle-ci venait à l’instant de parler du fait que Rog, l’un des quatre, avait été vu par ici. Un frisson parcoura Belethar. Si c’était vrai, alors l’expédition allait prendre une toute autre tournure.

Un rapide coup d’oeil le fit se rendre compte qu’une compagnie plus voyante était avec eux pour ce jour-ci  : Alkhytis, le grand dragon cuivré, qu’il avait déjà vu et côtoyé plusieurs fois, était semble t-il aussi présent dans le gouffre, à achever les dernières créatures restées vivantes ici.

L’Espérancieux détourna le regard, pour des raisons évidentes, et salua rapidement tout ceux qu’il reconnaissait dans la petite troupe. Néanmoins au milieu de tous ces aventuriers, il chercha du regard le fameux “haut-placé de l’Alliance qu’il connaissait bien”, dont il avait eu l’information  de la présence quant il était encore au Domaine. Quelques instants plus tard, il trouva parmi les personnes présentes une silhouette reconnaissable entre mille : Ilhan Avente, son presque frère.

Enchanté de le voir par ici, Belethar s’approcha de lui, et eut un léger sourire avant de lui faire :

“Mon cher Presque-Frère ! Quelle joie de te revoir !”

Le ton de la voix se faisait légèrement distant et un peu plat, un des petits effets d’être désormais lié au Néant, mais la satisfaction était pourtant réelle.

“Là où il y a des Couronnes, tu es désormais souvent sur leur chemin, Ilhan. Alors dis moi tout, est-ce vrai que Rog a été perçu par ici ? Qu'allons-nous chercher exactement dans ces sous-sols ?”

Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Cordont. Encore et toujours. Cette petite cité d’apparence anodine était devenue un point névralgique de l’île du croissant. Comme convenu lors de leur discussion après la bataille au Domaine, une expédition avait été organisée pour descendre dans les sous-sols de Calastin, espérant y trouver la fameuse forge dont Naal leur avait parlé, entre autres. Bien entendu, Ilhan avait demandé à en être. Outre le fait qu’il estimait qu’avoir un membre de la caste dirigeante de l’Alliance de présent ne serait pas du superflu, il avait l’impression d’avoir scellé un engagement, le jour de cette réunion. Un engagement avec le groupe qui avait combattu au Domaine mais aussi, et surtout, avec les Esprits-Liés. Et avec son ornithorynque. Et ce quand bien même il avait été plus qu’affligé de devoir laisser sa femme, qui venait tout juste de sortir de la difficile épreuve de l’enfantement d’un immaculé, et que laisser ses enfants, sa famille, le suppliciait. Sa femme toutefois avait, comme toujours, fait montre d’une compréhension sans nom. Sans doute aurait-elle aimé en être elle aussi, elle qui tenait tant à protéger les siens, et qui prenait tant à coeur son rôle de monarque.

Il était donc parti, avec le secret serment de se montrer digne de sa Reine, de sa monarque, lui son prince Consor. Une petite troupe, une poignée de gardes de confiance, l’accompagnait, alliant rapidité et sécurité, ainsi que Naal. Naal, à la présence si rassurante et si réconfortante. Et ses éternelles ronchonneries esquissaient de petites touches colorées sur le lugubre tableau de leur trajet, et parvenaient à lui arracher quelques sourires malgré les pensées lointaines qui le tiraillaient entre sa famille à Caladon qu’il avait délaissée, et qu’il espérait ne pas laisser endeuillée, et les mystères des Couronnes qui les attendaient dans les sombres sous-sols de leur île. Le reste de l’expédition devait les rejoindre là-bas, si elle n’y était pas déjà. Toutefois, dès qu’ils aperçurent un dragon les survoler à vivre allure en direction de Cordont – il fut d’ailleurs étonné de n’entendre qu’un soupir chez son compagnon préféré à cette vue honnie pour lui –, et que les bruits de combat en provenance de la Chue commencèrent à rugir, l’althaïen comprit rapidement que leur plan savamment élaboré allait radicalement être mis à mal. Mais après tout, n’était-ce pas là la finalité ultime de tout plan, de changer au dernier moment ?

Au grand galop, ils rejoignirent bien vite la cité, entrant alors dans un lieu dévasté par les combats. Aux abords du gouffre, Mort rôdait en maitre, soldats trépassés et cadavres de créatures étranges s’entremêlaient dans une composition carmine des plus macabres. Naal était déjà parti au-devant, et si la situation n’avait pas été si dramatique, llhan aurait presque pu sourire de le voir ainsi déchirer sa frustration en lambeaux sous ses coups de lame bien placés. Bien vite, ses soldats se joignirent à l’Oracle pour l’aider à leur frayer un passage à travers cette scène funèbre, tranchant les créatures sans aucune hésitation, tandis que l’althaïen tenta de les aider de ses sorts de soutien. Qui fut plus rapide, qui fut plus résistant, qui vit un ennemi déstabiliser…

Un semblant de calme revint, même si Ilhan en avait encore les oreilles bourdonnantes. Alors qu’il observait le spectacle de désolation devant lui, l’Oracle en appelait déjà à sa corneille, et lui révéla l’origine de tout cela. Rog. Encore les Couronnes. Il en avait eu la vague intuition en voyant ces créatures à l’allure inconnue, mais en voilà la confirmation. Rog avait donc attaqué Cordont. Pourquoi ? Sans aucun doute pour descendre dans le gouffre, seul accès aux profondeurs de Calastin, et atteindre les souterrains, assurément. Voilà qui était fâcheux. Eux qui avaient tenté de tout mettre en œuvre pour couper l’herbe sous le pied des Couronnes, voilà que c’était elles qui leur fauchaient la primeur. Qu’avait-il dit déjà au sujet des plans ? Ah oui, destinés à changer. Eh bien, voilà qu’ils allaient changer : de plan d’exploration, ils allaient passer à un plan de traque au Rog ! Et qui sait, peut-être les guiderait-il au final vers leur destination première ?

« Et pitié, que ce dragon ne nous suive pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le supporter tout le voyage… »

Cette remarque eut le don de distraire légèrement le diplomate, qui esquissa un sourire. Pour toute réponse, il attrapa la main de l’almaréen et la lui massa doucement. Il n’allait certes pas lui mentir en lui disant ne pas avoir songé que le dragon serait, peut-être, un atout. Ou pas. Mais un dragon restait une arme non négligeable à avoir de son côté… Quelle était la folie la plus grande : refuser le soutien d’un dragon dans cette traque aux Couronnes ou allier un dragon lié et un tueur de dragons dans la même équipée ? Pour tout avouer, il préférait ne pas répondre...

Belethar les rejoignit sur ces entre-faits. Apparemment, il venait tout juste d’arriver, lui aussi. Si sa voix dénotait une étrange note distante, les mots gardaient de leur chaleur, de même que ce sourire qu’il lui dédiait. Belethar, nouveau Cawr du Néant. Qui aurait pu le deviner des années auparavant...

Mon presque-frère. Je suis heureux de te revoir aussi. Oui, nous sommes dès lors sur leur chemin. Et les Couronnes nous devancent encore et toujours, ajouta-t-il lugubrement en désignant le sinistre ensanglanté qui avait encore frappé Cordont.

Après Cordont la Chue, Cordont la Maudite ?

Oui, Rog est l’auteur de ce carnage. Et il ne s’agit plus de recherche ni d'exploration, je le crains mon presque-frère, mais de traque, fit-il en posant une main sur l’épaule de Belethar. La traque au Rog.

Et alors qu’il finissait sa phrase, il aperçut soudain un groupe de soldats non loin, accompagné d’une Graärh qu’Ilhan aurait reconnue entre mille, tant leur chemin semblait destiné à se croiser. Reynagane. Apparemment saine et sauve. Si la savoir arrivée elle aussi le rassurait, voir la petite troupe s’activer et prendre soudain possession des ressources normalement destinées à l’expédition l’alerta et relégua tout le reste au second plan. Les soldats étaient apparemment en train de finir les derniers préparatifs pour partir et descendre… sans eux ! Sans même les attendre ! Et ces soldats n’étaient en rien des membres de l’expédition !

Il remarqua aussitôt leur piteux état également. Il s’empressa de chercher du regard leur possible commandant et aperçut ce qui devait être un capitaine. Un homme blessé, ayant peine à se déplacer, s’activait à donner des ordres pour préparer la descente, tout en émoustillant la détermination de sa troupe. Leurs traits étaient tirés et un appel à Tela lui permit de cerner leur volonté : se venger. Venger leurs morts. Venger ce carnage.

Ils avaient quasi fini leurs préparatifs. Ilhan lâcha brusquement Belethar et sans un mot invita d’un geste le Cawr, Naal et ses hommes à le suivre prestement. Son geste nerveux et les traits sévères qui sculptaient soudain son visage suffisaient sans aucun doute à faire comprendre l’urgence de la situation. Les soldats n’avaient plus qu’à actionner les mécanismes pour faire descendre la plateforme, sur laquelle chevaux et équipement étaient déjà disposés, quand il arriva à leur hauteur.

Capitaine, attendez. Au nom de la Monarque de Caladon, je vous prie d’attendre.

L’homme stoppa son geste alors qu’il avait déjà la main sur le mécanisme de descente. L’appel à l’autorité de la monarque, dernière haute dirigeante de l’Alliance, eut son effet, et le capitaine releva un regard vers eux. Un regard qui n’avait toutefois perdu en rien de sa détermination. Tela lui permit de manger ses pensées pour mieux le cerner. La pensée de voir ses hommes mourir et de vouloir les venger fulgura en lui, la pensée de vouloir pourchasser celui à l'origine de l'attaque qui était descendu dans le trou, la volonté farouche de partir à sa poursuite pour venger ses hommes... Visiblement, il voulait descendre et il le ferait. Lui et ses hommes, six soldatons en tout et pour tout, dont certains sévèrement blessés.

Nous sommes de l’expédition qui devait partir au fond du gouffre aujourd’hui. Je suis Ilhan Avente, de Caladon, voici Naal du Néant, de Delimar, Belethar Espérancieux, du Domaine, et nos quelques gardes.

Cinq, tout au plus. Une bien maigre troupe, par rapport à ce qui était initialement prévu… Où était le reste de l’expédition qui devait les attendre ici ? Il était normalement prévu de se réunir en ces lieux, avec les autres membres de l’équipe et les autorités, et de se concerter sur divers plans avant de descendre. Mais l’attaque avait apparemment détruit toute chaine de commandement, certainement en décimant tous les autres hauts gradés. Les membres de leur équipe arrivés en avance étaient possiblement morts ou blessés, eux aussi… Pouvaient-ils les attendre ? Non, certainement pas, cela serait donné bien trop d’avance à Rog. Ils allaient devoir composer avec ce qu’ils avaient sous la main.

Un rapide regard vers le dragon, puis vers Naal, et il songea que, non, décidément, ils n’auraient guère le luxe, au vu de leur troupe réduite, de se passer d’un dragon, si tel était le souhait d’Alkhytis. Son regard revint sur le capitaine.

Attendez-nous pour descendre, je vous en prie. Vous et vos hommes n’êtes guère en état d’y aller.

Au regard sombre du capitaine, il ajouta :

D’y aller seuls.

Il sentait qu’il ne pourrait convaincre le capitaine de rester. Mais il ne voulait pas non plus s’encombrer de trop graves blessés qui pourraient les ralentir.

Que les plus graves blessés restent ici tout du moins. Ce serait un risque inutile pour eux et ferait prendre du retard à toute la troupe, pour rattraper le coupable de ce carnage. Vous comme moi savons que, dans une traque, le temps compte. Vous ne voudriez pas devoir laisser vos hommes derrière vous, parce qu’ils ne suivraient pas le rythme.

Il tourna un regard vers les plus atteints.

Si vous le désirez vraiment, vous êtes le bienvenu pour nous accompagner.

Cela ferait toujours quelques lames en plus.

En choisissant vos hommes les moins blessés et les plus aptes à suivre un rythme qui pourrait s'annoncer soutenu. Je peux en tout cas vous promettre, que nous ferons honneur à vos hommes tombés aujourd’hui, ainsi qu’à toutes les victimes de ce jour maudit, et que nous vous apporterons vengeance et réparation.

Il fut soulagé de voir la main enfin lâcher le mécanisme et le hochement de tête affirmatif du capitaine. D’une voix revêche, mais non dénuée de respect, il consentit à attendre. Aussitôt Ilhan fit signe à ses hommes de prendre leurs montures et effets et de tout faire monter sur la plateforme. Sur les six hommes que possédait le capitaine, seuls deux furent désignés aptes à les accompagner, au grand soulagement de l’althaïen. Il n’était pas expert, mais ces deux hommes ne semblaient avoir qu’une blessure légère chacun, rien que Reynagane ne pourrait soigner en chemin. Le capitaine bien entendu était des leurs aussi. Sa blessure semblait plus marquée, mais non handicapante. Peut-être sera-t-il affaibli, en cas de dur combat, mais peut-être leurs soigneurs pourraient-ils le soutenir… Ilhan ne manqua pas le regard lourd de déception des autres soldats restant sur place, il pouvait presque les entendre grincer des dents, mais pour autant ils obéirent à leur capitaine, visiblement  convaincus eux aussi du bien fondé de cette décision.

Ilhan se tourna alors vers le dragon de cuivre qui s’approchait et pria mentalement son Oracle tant aimé de lui pardonner.

Alkhytis, je déplore que nos chemins se rencontrent, enfin, en plein milieu d’un champ de Mort.

Il connaissait très bien sa liée, Luna, ayant été pendant de longues années son conseiller alors qu’elle était régente. Pour autant, il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer Alkhytis en tête à tête, encore moins de lui parler.

Je ne sais ce qui a guidé vos ailes en ces lieux, mais si vous souhaitez vous joindre à nous, je ne tenterais pas de vous en dissuader.

Ce n’était pas une invitation tacite. Ni un signe de bienvenue. Il n’allait pas lui dire que sa troupe allait l’accueillir à bras ouverts, alors qu’il pouvait presque deviner les dagues de Naal de le démanger… Parlant de l’almaréen, il lui attrapa une main et la massa doucement, tournant un regard vers lui empreint de mille excuses. Puis s’approchant de lui, il lui murmura à l’oreille, en almaréen :

J’espère que vous accepterez mes profondes excuses pour vous infliger cela. Mais nos troupes sont drastiquement réduites.

Eux quatre, Naal, Belethar, Reynagane et lui, ainsi que leurs cinq gardes, le capitaine et ses deux hommes... Cela était plus que réduit, en effet. Même si certains d'entre eux, comme l'Oracle ou le Cawr du Néant pouvaient être capables de prouesses. Un être de plus, fût-il dragon, ne serait peut-être pas du superflu.

Refuser les forces qui se présentent à nous pourrait être une erreur qui nous coûterait cher ensuite...

L'heure était aux douloureuses et urgentes décisions.

Une voix toutefois le coupa dans sa tentative d’apaiser de possibles tensions à venir. Le capitaine lui indiquait une information importante : l'attaque avait eu lieu il y a un petit peu moins de deux heures. Donc Rog avait au moins deux heures d'avance. Il fallait s’activer et il était temps de descendre. Toutefois, avant de se faire, il lui restait une dernière chose à faire. Il fit en sorte que ses glyphes soient réactivés, et surtout lança le glyphe de murmures épiés de sa fibule du dauphin, faisant appel à la mémoire de l’air pour entendre les bruits et les conversations ayant eu lieu, dans un rayon de deux mètres autour de leur emplacement, deux heures avant.

Puis rapidement, il contacta une araignée via son anneau unique, lui résuma la situation, et lui demanda d'organiser renforts et secours pour les blessés restés sur place et la sécurisation du gouffre, autant que faire se pourrait, ainsi que de prévenir la Monarque de la situation.

Une fois les informations reçues, et tous apparemment prêts, la descente commença. Ilhan demanda alors à Alkhytis de descendre en éclaireur s’il le voulait bien, pour vérifier que d'autres créatures ne les attendaient pas dans la descente ou en bas. Un seul carnage pour la journée leur suffisait… Quoique, peut-être un deuxième allait-il se déclencher entre Naal et le cuivré…

Une autre caresse sur la main de l’almaréen, avant de reporter son attention sur le capitaine et ses deux hommes les accompagnant. Alors que la plateforme continuait sa descente, parfois sous un petit chaos, il demanda au capitaine s’il pouvait leur en dire davantage, s’il se rappelait, lui ou l’un de ses hommes, d’informations ou de détails importants, s’ils avaient vu un individu suspect (même si concernant ledit individu, ils connaissaient déjà son identité…) et si cet individu était seul. Le capitaine lui répondit n'avoir que brièvement vu un Graärh au pelage prune, avant d'être submergé par les créatures et de devoir commencer à se battre pour protéger sa vie, et qu’il l’avait ensuite perdu de vue. Il n'avait vu qu'une personne. Mais dans le feu de l’action... Puis il lui indiqua que la Graärh ici présente, Reynagane, avait soigné plusieurs soldats et avait donc peut-être pu entendre quelque chose pendant qu’elle les soignait. Ilhan ne manqua donc pas de s’enquérir auprès d’elle de ce qu’elle avait pu apprendre. Même s’ils connaissaient l’identité du coupable, plus ils en sauraient, plus ils pourraient se préparer à ce que cette fourbe Couronne leur réservait sur le chemin. Car nul doute que Rog allait leur laisser quelques souvenirs au passage pour leur donner du fil à retordre…

Ilhan scruta alors les visages du capitaine et de ses deux soldats, puis de Reynagane, en attente de plus de réponses. Alors que son regard sombre s’ancrait sur chacun, Alkhytis leur indiqua qu’aucun danger immédiat ne les attendait. Aucune autre créature comme celles ayant dévasté la Chue, donc… Et, enfin, la plateforme s’arrêta, alors qu’ils venaient d’atteindre les profondeurs…


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
L’odeur du sang imprègne les alentours de Cordont. Bientôt, les bruits des combats cessent pour laisser pleinement place aux plaintes des blessés. Au milieu de cela, un léger grincement retentit, celui de la poulie en action qui permet à la plateforme sur laquelle se trouve de valeureux aventurier de descendre au fond gouffre. La descente prend plusieurs minutes, des minutes que les Tiamarantiens mettent à profit pour glaner quelques dernières informations sur la situation. Sous l’effet du glyphe d’Ilhan, l’air environnant commence petit à petit à se remplir de murmures. Une multitude de conversations plus banales les unes que les autres s’enchainent avant que surviennent de puissants rugissements. D’innombrables ordres et jurons commencent alors à fuser.

« Hamala … Tuez ces créatures … d’où peuvent-elles bien venir ? … protégez les civils … amenez les blessés à l’abri … Là au milieu d’eux … arg je suis touché … kah … j’ai peur … kahkah … je l’ai eu … kahkahkah … inhen khao …. qu’est-ce que c’est que cette chose … kahkahkahkah … il a atteint le gouffre … kahkahkahkahkah … on ne peut pas l’aarrrgggh ! … Sonnez l’alerte … kahkahkahkahkahkah. »

Soudainement, la fibule du dauphin commence à s’emballer, la pierre du dauphin se met à briller alors qu’un rire sinistre accompagné de bruit d’os qui s’entrechoquent remplit le gouffre. Les autres murmures se font plus faibles, le ricanement venant rapidement les étouffer. Une sensation de froid commence à s’immiscer au sein des aventuriers. Le doute et la peur ne peuvent s’empêcher de les envahir. Descendre dans ce gouffre est-il vraiment une bonne idée ? Poursuivre Rog est-il vraiment une bonne idée ? Les ténèbres insondables qui les attendent au fond ne vont-elles pas les dévorer ?


.: Jet 1:.

Jet de volonte d'Ilhan Avente pour désactiver le glyphe.

Compétence utilisée : Force mentale niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

Echo du rire du seigneur des os : Echec critique -41 et moins.
Race = Immaculé : +5

Résultat => 95 + 5 - 77 = 23. Réussite notable

.: Jet 2:.

Jet de perception d'Alkhytis. (Alkhytis trouvera dans tout les cas quelques choses, ce jet va uniquement déterminer le temps qu'il mettra pour le trouver).

Compétence utilisée : Perception niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Echo du rire du seigneur des os : Echec critique -41 et moins.
Race = Dragon : +10

Résultat => 45 + 10 - 55 = 0. Réussite in extremis

.: Jet 3:.

Jet d'éducation de Reynagane pour déterminer le nombre d'informations qu'elle se souvient avoir entendu auprès des soldats qu'elle a soignés.

Compétence utilisée : Perception niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Echo du rire du seigneur des os : Echec critique -41 et moins.
Race = Graärh = +5

Résultat => 45 + 5 - 77 = - 27. Échec simple.


  • MR de 66 et plus : Réussite exceptionnelle. L'action fait l'effet d'un coup de génie. Un avantage conséquent est octroyé et ses effets bénéfiques font profiter tout le groupe.
  • MR de +41 à +65 : Réussite remarquable. L'action est ovationnée. Un avantage certain est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +21 à +40 : Réussite notable. L'action est particulièrement réussie. Un léger avantage est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +1 à +20 : Réussite simple. L'action est réussie simplement, sans autre résultat notable.

  • MR de 0 : Réussite in extremis. L'action réussit sur le fil du rasoir, à un cheveu près.

  • MR de -1 à -20 : Réussite médiocre. L'action réussit mais n'a pas les effets escomptés (souvent amoindris).
  • MR de -21 à -40 : Échec simple. L'action échoue. Un léger désavantage au joueur ou un léger avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -41 et moins : Échec critique. L'action échoue lamentablement. Un sérieux handicap est attribué au joueur et à ses alliés. L'adversité obtient un sérieux avantage.



Dernière édition par Le conteur le Dim 28 Mar 2021 - 11:30, édité 1 fois

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 77, 55, 77

Un moment d’hésitation saisie Ilhan alors que l’écho du rire sinistre infiltre son esprit. Mais au prix d’un effort mental conséquent, il parvient à prendre le dessus et à désactiver le glyphe. Le rire résonne encore dans l’esprit des aventuriers, mais ils peuvent déjà sentir un poids en moins sur leurs épaules.

Alkhytis est le premier à arriver au fond du gouffre. Il ne détecte aucune menace aux alentours. Il n’y a aucune créature en bas comme celle rencontrées en haut. Une information manque de lui échapper, mais au dernier moment il remarque des traces de sang ainsi que des traces de pattes de graärh. Bientôt, les traces de pattes de graärh disparaissent, remplacées par d’innombrables empreintes plus petites qui les unes après les autres forment presque un sillon qui se dirige en direction du nord-ouest. Il ne détecte aucune autre empreinte aussi récente.

L’écho du rire résonne en Reynagane. Celui-ci vient fait remonter en elle les hurlements des soldats blessés qu’elle a pu soigner et ne parvient à se souvenir de rien d’autre que des cris d’agonie de ces derniers.

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
La cité est en train d‘être ravagée. Des coups pleuvent et des corps tombent dans tous les sens. Cette agitation croissante me fait voir rouge. Ma panique se convertie en adrénaline dans mon sang et je me mets à bouillonner. Ma poche de feu ne demande qu’à régurgiter son contenu. Et tous ces mort… Je descends en piqué, droit sur le camp des hideuses créature, repliant mes ailes, chargeant tel un boulet de canon. Il est temps de tester mes compétences en temps réel. Au moment opportun, je me redresse et déploie mes ailes. L’écaille précieuse que m’ont offert les baptistrels va pouvoir m’aider. Je sens la force du vent remplir mes membranes. A cette distance, je vais pouvoir déverser tout ce que j’ai sur ces monstres. J’ouvre grand la gueule et crache mes flammes, calcinant un grand morceau de toutes ces erreurs de la nature. Mon chemin ardent prend fin et je remonte pour en observer le résultat.

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi galvanisé. Aussi puissant. Après tout, à quand remonte mon dernier combat ? La guerre contre les chimères ? Cela commence à faire loin. Retrouver cette sensation me procure un plaisir malsain et une rage sourde. Je meurs d’envie de les détruire. J’ai l’occasion de me défouler.

Un cri aigüe me fais sursauter. J’entends parfaitement qu’il s’agit d’une très jeune bipède. Sa panique se mélange au tumulte de façon hétérogène. Il ne me faut que très peu de temps pour la retrouver. Au milieu de décombres, elle regarde ces monstres dans les yeux, tendis que deux d’entre-elles tentent de l’en extorquer. Pour mettre fin à ses jours, à n’en point douter. Mais pas aujourd’hui, j’en fais le serment. Je passe au-dessus d’eux, parvenant à les attraper dans mes griffes. Non sans me cogner contre les débris. Qu’importe. Je reprends de la hauteurs, et puis, une fois suffisamment haut, je les projette sur la terre ferme, les regardant s’écraser sur les restes des murailles.
J’atterrie juste devant la jeune fille qui a pu sortir indemne des décombres. Elle me regarde timidement :

« M… M-Merci monsieur… le dragon... »

Je me sens bizarre. J’étais furieux il y a quelques instant, et cette colère descend. Ce que vient de dire cette fillette me fait profondément plaisir. J’ai envie de me baisser et de le lui dire à ma façon. Seulement, la bataille est loin d’être terminée. Il ne faut pas qu’elle reste là. Je la repousse doucement avec ma patte avant de retourner me battre. Au sol, j’ai pu montrer tout ce dont j’étais capable.

Quelques instants plus tard, il ne demeure plus grand-chose de cette horde cauchemardesque. J’entends que l’on me remercie de temps à autre. Au moins, j’ai pu sauver ces vies-ci.

Que fais-je à présent ? Je sens la tension qui est encore palpable dans l’air. Et quelque chose relier à ces créatures. Je suis presque certain que ce n’est pas encore terminé. Et si je veux que mon intervention ne ce soit pas montrée inutile, je ne peux pas partir tout de suite. Et j’ai encore de la colère en moi. Je veux m’en débarrasser. Je parcours les rangs de blessés et de médecins. Je viens questionner quelques personnes au sujet de ce qu’il vient d’arriver. Savent-ils ce que sont ces êtres ? Ce qui a pu les attirer ici ? Mes interrogations ne rencontre aucune piste. Et inutile de demander d’où ils viennent. Mon museau point vers le gouffre abyssal d’où elles ont sans doute surgit.

Mais mon défilé m’amène jusqu’à un petit groupe qui semble se préparer à pénétrer dans ce dernier. J’y retrouve des visages plus que familiers, à mon grand étonnement.

Maitre Ilhan et Belethar, l’ami des dragons ! Mes cœurs manquent un battement alors que je pars les rejoindre. Ils semblent accompagnés d’une femelle graärh et d’un homme couvert d’un capuchon. D’ailleurs, il émane de lui quelque chose qui me laisse une impression qui est tout sauf amicale. Je n’en n’ai cure, bien qu’il soit très intriguant, au vue de ses tatouages et de sa cape.

« Maitre Ilhan, est-ce bien vous ?! Et vous, monseigneur Belethar ! Vous n’imaginez pas comme nos retrouvailles me réchauffe les cœur.s »

Le conseillé de Luna m’adresse des paroles reflétant son désarroi :

« Alkhytis, je déplore que nos chemins se rencontrent, enfin, en plein milieu d’un champ de Mort. Je ne sais ce qui a guidé vos ailes en ces lieux, mais si vous souhaitez vous joindre à nous, je ne tenterais pas de vous en dissuader. »

Je lui rétorque, sans vraiment réfléchir :

« En effet, inutile d’essayer de m’empêcher de venir avec vous autre. Ma décision est prise et irrévocable. Avez-vous une idée de ce qui a bien pu attaquer ces pauvres gens ? »

A entendre les témoignages des membres de ce groupe insolite, il serait fort possible que le responsable soit de la même nature que ce qui a détruit le domaine Baptistrel. Ce dont Belethar m’avait informé durant la reconstruction. Les couronnes de cendres. Je ne les ai jamais vu de mes yeux, mais il est incontestable que ce sont des ennemis redoutables. Et qu’il faut les empêcher de nuire une fois pour toute.

Je ne penses pas que d’autres échanges de paroles ne nous aide d’avantage. Alors je me lance vers l’entrée du gouffre béant. Je vais pouvoir y entrer sans problème. Pour les autres, il semble qu’ils disposent du mécanisme nécessaire à leur descente.

« Je passe en premier. On ne sait jamais. »

Je me mets alors à planer entre les parois rocheuses. Je descend prudemment. C’est une véritable crevasse dont n’émane pas une seule source de lumière. L’atmosphère est inquiétante. J’atteins finalement le fond sans encombre. Un simple sol en roche. Au début, je ne repère rien du tout. Ni mes yeux, ni mon ouïe ne m’indiquent quoique ce soit. Jusqu’à ce que mon odorat ne détecte l’anomalie. Une odeur de sang. Je rapproche ma tête du sol, je repère alors des traces de pas. Des empreinte de graärh. Je n’ai pas à les suivre bien loin avant d’en trouver d’autres, dont je ne parvient pas à identifier les propriétaires. Elles sont plus petites et plus nombreuses. La démarche est complètement différente. Et je ressent la présence de quelque chose qui m’est tout aussi inconnu que les monstres remontés à la surface.

Je reviens sur mes pas et j’attends que mes compagnons humains et graärh parviennent à mon niveau, en leur annonçant à haute voix tout ce que je viens de découvrir. Mon regard reste fixé sur la grotte où se dirigent la piste, le regard méfiant et les muscles tendus, près à en découdre.

« Soyez prudents. Tout ceci ne m’inspire pas confiance. »

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
    Avertissement : Mon personnage est profondément anti-dragon. Dès lors ses propos et pensées ne reflètent que son opinion. Ce n'est ni la vérité, ni ce que je pense joueuse. mais comme le personnage est particulièrement cru dans sa haine, je préférai prévenir plutôt que blesser. Je vous aime tous :3

    Et voilà, il suffisait de placer une supplique tout haut pour qu’Ilhan Avente fasse le contraire. Et Belethar qui connaissait aussi ce dragon moisi. L’almaréen roula des yeux, dépité, pire encore lorsque le monstre en écailles confirma qu’il se joindrait à eux, non sans poser une question qui ne faisait que souligner, une fois n’est pas coutume, qu’en dépit de leur soi-disant sagesse, les dragons n’étaient pas capables de faire deux plus deux, depuis la récente attaque du domaine. Les informations avaient tout de même été partagées, par le Domaine et ceux qui s’y étaient trouvé. L’attaque avait fait grand bruit et tout un chacun se préparait contre eux, ce qui était le cas de Délimar. Aussi la description et les capacités de leurs ennemis communs étaient tout de même largement connues mais de toutes évidences, les dragons étaient soit demeurés, soit trop égocentriques et désintéressés des affaires du monde, soit les deux, ce qui, dans tout les cas n’était pas flatteur pour eux.

    Même la caresse d’Ilhan et ses explications ne parvinrent pas à écarter sa mauvaise humeur. Il avait au moins le mérite d’avoir essayé et en cela, Naal ne lui en voulait pas personnellement. C’était ce dragon le problème, pas son althaïen. « Un dragon n’est pas une force, Ilhan. Cette créature est profondément stupide. » Car oui, Naal avait tué Firindal et Cynoë, le père de ce dragon cuivré, et celui-ci ne semblait pas, à nouveau, avoir réussir à calculer deux plus deux en le voyant. Aucun sens de la famille, aucune lueur d’intelligence. La seule chose sur laquelle ils pourraient leur être utile, c’était pour servir de chair à canon, comme l’avait fait Nynsith. Et encore, ils pourraient tout à fait s’en passer à en juger de la façon dont Nynsith avait mené la tache qui lui avait été dévolue : un échec. Sans compter que sa maladresse avait failli leur coûter la vie, à Nyana et lui. « Accepter des boulets à trainer pourrait être une erreur qui nous coûterait cher ensuite, également. Le désespoir de cause n’est pas une stratégie. »

    S’il n’avait pas parlé fort, il n’avait pas cherché à cacher ses paroles et l’aversion sincère qui en découlait. L’almaréen monta à nouveau sur son cheval de bataille. Il comptait bien utiliser sa baliste de foi sur Rog. Il salua Belethar et Reynagane qu’il était heureux de retrouver, bien qu’il n’en fasse pas état avec toute la joie du monde, vu les corps qui jonchaient leurs alentours. « Avez-vous un cheval Reynagane ? » demanda-t-il à la graärh. « Je peux vous prendre derrière moi si vous le souhaitez. » Il ne savait pas combien d’heures de marche ils allaient devoir faire là-dessous. Il avait laissé Ilhan gérer les soldats. Naal n’était ni un diplomate, ni un homme qui donnait des ordres. Il était un homme de Dieu et un homme de terrain, bâti pour le combat, malgré sa petite taille pour un humain. Il jeta un regard dédaigneux sur le dragon alors qu’il plaçait son cheval sur la plateforme destinée à descendre dans le gouffre. Il savait que leur petite troupe ne ferait pas le poids contre Rog ou il ne savait quelle couronne de cendres, mais il se battrait sans nul doute contre eux s’il le devait. Il désirait entraver Rog et ne lui donner aucune prise pour accroître sa puissance, d’une façon ou d’une autre.

    Il laissa passer le dragon devant pour explorer les profondeurs, puis, leur troupe le rejoignit. L’avantage d’avoir été devancé par Rog, c’était que celui-ci allait leur servir de guide plutôt que de les laisser explorer à l’aveuglette. Naal avait une excellente mémoire et cartographier les souterrains serait plus aisé pour des visites ultérieures. La capuche sur sa tête, il sondait d’ores et déjà les souvenirs de la Corneille pour voir par où Rog était allé, son entier chemin en somme. Les voix résonnantes lui glacèrent le sang et, à la lumière des torches, il retraça le chemin pris par Rog jusqu’à l’instant présent, et l’inscrivit avec un fusain de charbon, sur une peau tannée et claire d’animal. « Sans blague... » répondit-il gravement au dragon lorsque celui-ci les invita à la prudence. Il tâcha d’inspirer calmement pour ne pas en venir aux armes. Qu’elle idée d’avoir fait venir un dragon, aussi ! Il savait néanmoins qu’il n’arriverait pas à gérer cette longue expédition bien longtemps s’il était une boule de nerfs. Il partagea le tracé de Rog fait jusqu’alors, à ses compagnon de route, excepté au dragon (ça savait lire une carte ce truc ?).

    Leur avancée dura des heures pendant lesquelles le dévot interrogeait sa Corneille pour suivre les périples de Rog : « Il est sur une monture, tout comme nous. Mais ce n’est pas un cheval, c’est une sorte de créature faites d’os. Probablement a-t-il ramené à la vie quelques cadavres comme il en est apte. Il s’est brièvement arrêté pour prendre une sorte de… Grappe de raisin. Mais blancs et luminescents, couvert de fils. » Le gouffre avait révélé toutes sorte de plantes et de créatures, depuis les profondeurs. Qu’étaient celle-ci ? Leur trajet durait à présent depuis plusieurs heures et le temps les empoignait sans qu’il ne le voie passer. Les torches projetaient les ombres géantes des golems endormis qui soutenaient le plateau de Calastin. L’obscurité régnait en maître sur les lieux, jusqu’à ce qu’une certaine luminescence apparaisse à leur vue. Une forme grande et imposante, qui se rapetissait et s’agrandissait comme s’il avait un corps élastique. Les soldats se crispèrent, prêt à l’attaque. Mais il préféra les calmer avant tout débordement. Ils avaient assez d’un dragon à garder.

    « Ce sont des Kriiktas, il me semble. On en trouve des spécimens cuivrés à la surface, ici, ils sont charbonneux. Dans la pénombre, ils sont bioluminescents. Et leurs œufs également. Ce sont des araignées mais ce qui m’inquiète, c’est que Rog s’est arrêté ici… La grappe qu’il a prise était des œufs. Vu ce qui a été capable de faire avec un karapt... » Il coula un regard évocateur à Sucre-d ’Orge. « Je suis prêt à parier que nous allons croiser la route d’araignées géantes avec des pattes tranchantes et des dards empoisonnés sur notre route. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de la créature bioluminescente, celle-ci se dispersa : la tentative d’intimidation n’avait pas fonctionné, pour autant Naal veilla à ne pas marcher, avec son cheval, sur les œufs dont quelques coquilles étaient brisées au sol.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Ma bonne étoile devait être présente en ce jour. Le capitaine du petit groupe avait accepté ma demande de les suivre au fond du gouffre. Si je ne voyais pas la malchance dans toute cette histoire, je ne me rendais pas non plus bien compte du danger auquel je fonçais sans réfléchir. Peu importait, je convoitais la descente du gouffre depuis mon arrivée à Cordont la chue, ce n'était pas maintenant que je reculerai.
Comment exprimer alors le soulagement intense qui avait parcourut l'entièreté de mon échine lorsque mon regard fatigué s'était plongé tout à tour dans ceux de Belethar, Seigneur Avente et l'énigmatique prêtre du Néant. Je n'avais plus la notion des jours, était-ce réellement aujourd'hui que l'expédition dont mes amis avaient parlé devait se dérouler ? Le coup du sort et le hasard, je n'y croyais pas. Les voir ici n'était en rien de la chance mais le destin. Je me forçais alors à garder un faciès neutre et ce qui était sincèrement dure, c'était bien d'éviter un quelconque ronronnement lorsque le groupe s'installa sur la nacelle. Le simple fait de les voir me redonna une niaque sans foi ni loi.

C'est ainsi que la plateforme s'abaissa suivant un magnifique dragon portant une couleur cuivrée que je ne pouvais qu'apprécier. Il y avait dans la présence de mon entourage des choses rassurantes et encore des murmures dans ma propre tête qui me certifiaient que j'avais fait le bon choix. L'obscurité nous encercla peu à peu et lorsque la lumière du jour ne fut qu'un petit point lumineux vers le haut, seul diverses torches étaient maintenant devenu repère. Avais-je un avantage à voir plus facilement dans l'obscurité en présence de quelques sources lumineuses ? Peut-être que oui, peut-être que non. Une chose vînt alors me glacer le sang alors que la plateforme n'en finissait pas de descendre. Je portais une attention vers les questions de Seigneur Avente mais lorsqu'un rire effroyable couvrit les voix de chacun jusqu'à raisonner contre les parois de roche, une douleur lacérante me vrilla les tympans. Incapable de retrouver mes esprits pendant quelques secondes, je serrai les crocs, les pattes contre mes oreilles velues dans l'attente que le supplice cesse. Cette impression. Cette sensation, je l'avais déjà ressentis au Domaine sans qu'elle ne soit aussi forte qu'à ce moment précis. Comment aurais-je pu l'oublier ? La question était pourquoi un tel choc sur moi...

Le rire se dissipa enfin laissant un silence mauvais dans le lieu.
Le cœur battant encore rapidement je redressais mon regard vers Ilhan d'un air presque dépourvu d'émotion en faisant un signe de négation avec ma tête.

- Je... je suis désolée Seigneur Avente, je ne crois pas pouvoir vous apportez plus d'informations. Il n'y avait que de la souffrance autour de moi.

Le regard dans le vide pendant toute la fin de la descente, tout n'était que cri et désespoir dans ma tête. Fut-il un moment ou mon esprit se calma alors que tous descendaient dans les profondeurs du gouffre.

J'avais accepté de poursuivre le chemin derrière Naal, reconnaissante de sa proposition. Bien que tout ce qui était affaire à cheval où autre animal ne me disait rien qui vaille, je ne regrettais pas mon choix lorsque les ténèbres restèrent contre nous. Je n'avais plus aucune notion du temps, plus rien. Les oreilles de plus en plus plaquées sur le haut de mon crâne. Non, décidément les ténèbres des profondeurs n'étaient pas faites pour moi. En même temps, j'aurais pu un peu m'en douter si je n'avais pas été aveuglée par ma mission de rejoindre Cordont.

Le silence et l'obscurité étaient aussi oppressant qu'une cale de navire remplit d'esclaves mourants. Une heure s'écoula peut-être encore avant que je ne me demande si sincèrement les chevaux avançaient  lorsque soudainement, des petites lumières apparurent dans mon champ de vision. J'écoutais soudainement mes amis. Le prêtre du Néant nomma une espèce de créatures hideuses et ses œufs des Kriiktas.
Un bref coup d’œil par dessus l'épaule de Naal puis un regard horrifié vers Belethar au sujet d'araignées géantes, je reprenais un air concentré. Pas de ça ici, je m'étais déjà assez fait remarquer sur la plateforme.

Reynagane tu es courageuse ! Ou pas...

Je collais mon front contre le dos du prêtre alors que les chevaux continuaient leur cheminement interminable. Leur sabots, seul bruit qui résonnait dans cet endroit. Seule mélodie à écouter dans les ténèbres. Leur sabots !

Je redressais ma tête soudain, oreilles en avant et réveillée précipitamment. Le son des sabots étaient différents. Voilà qu'ils ne marchaient plus sur le sol des cavernes mais bien contre un sol lisse et résonant.

- Regardez-le sol déclarais-je soudainement.

Les yeux rivés par terre, le sol en question n'avait rien à voir avec celui foulait à l'instant.

- On dirait... une sorte de métal non ?

Des stries plus profondes creusées dans ce métal pouvaient être perçut si on observait bien le sol. Perplexe, je décidais de jetais un coup d'oeil en mettant pattes à terre. Je marcherai peut-être un peu en suivant les chevaux. Mon fessier commençait sérieusement à me faire souffrir de toute façon. M'accroupissant sans gêne, je sentais bien des vibrations derrière le métal froid. Je n'étais pas folle ? Une patte coulissant contre un sillon, les vibrations semblaient plus importante aux creux des ciselures.

- Je sens quelque chose mes amis.

La sensation était bien étrange, presque électrique. Je retirais l'une de mes pattes alors qu'au même moment, le capitaine des soldats arrêtait le groupe d'expéditeur en montrant un pilier hexagonale en métal sortant tout à coup du sol. Qu'était-ce donc cette sorcellerie ? Ils marchaient depuis un temps incalculable et voilà que leur environnement venait de changer tout à coup.
Un puissant pouvoir se tenait en ces lieux. Pourvu qu'il ne s'agisse pas de ce que j'avais en tête.
Avançant vers l'étrange pilier, j'en dépoussiérais un peu le dessus pour y découvrir des marques. Des marques, ou plutôt des mots d'un langage Gräarh ancien que j'avais du mal à déchiffrer. Pour m'aider dans cette tâche de traduction, un petit malin avait donner de tels coups de griffes qu'un mot sur deux pouvait être lu et encore.

- J'ai du mal à le déchiffrer, marmonnais-je en entendant les respirations derrières moi. Ce n'est même pas un langage que nous utilisons de nos jours. Enfin, il a changé en tout cas.

L'esprit en ébullition, une griffe sur chaque lettre, je commençais à déchiffrer dans ma tête avant de répéter plus haut, les yeux plissés par la traduction.

- Il est écrit... « Bienvenu »... ensuite... « se dresse Aadph » tout est effacé... « enfant des esprits du »...  « sacré » et puis il y a le mot « graärh » et « Bâoli » à la fin.

Passant dans le regard de chacun avec sérieux, je reportais mon attention sur le pilier avant de me dégager pour laisser de la place aux autres. Observant les alentours en tournant les mots découvert dans ma tête. Ce haut lieu n'avait rien de banal, bien au contraire, il s'agissait d'un point précis dans ce gouffre. Mais alors pouvait-on être amener a penser que la troupe se trouvait ici-même dans un certain lieu sacré ? Cela serait en lien avec les quelques mots que j'avais réussi à déchiffrer mais encore, il était si difficile de se faire une idée dans toute cette obscurité ou pour seul repère était les ombres des torches dansantes.

M'éloignant un peu du pilier, mes oreilles se dressèrent de nouveau, percevant un léger bourdonnement. Tournant un regard vers mes amis, je me passais une griffe derrière une oreille perplexe. Décidément, j'étais perplexe à toute épreuve. Mais tout de même, avançant d'un petit pas, puis d'un autre, mon cœur s'accélérait au même rythme que le bourdonnement ou plutôt que le grincement s'accentuait. C'était imprudent ? Oui totalement, c'est pourquoi je décidais de revenir sur mes pas pour parler du son au petit groupe mais avant que je ne puisse faire un mouvement en arrière une chose complètement absurde naquit dans mon champ de vision. Absurde n'était sans doute pas le mot adéquat mais lorsque mon regard s'arrêta sur une étincelle qui venait d'apparaître dans l'ombre avant de mourir, je n'étais plus incapable de bouger. Une autre étincelle apparut soudainement, puis une autre se mirant sur le sol mais aussi sur un côté, il y avait donc bien un mur ou au moins une chose de la sorte proche de moi.

Reculant enfin d'un pas lorsque les étincelles s'accentuèrent, ma vision devenait étrange face à l'apparition de petites ombres dû aux gerbes de lumières. Il était grand temps de courir vers mes amis. Mes pattes se décollèrent finalement du métal froid lorsqu'une ombre prit la forme d'une espèce de grande et longue fine patte. Si cela venait probablement de mon imagination face à la multitude de petites étincelles qui brouillait ma vue, je n'avais certainement pas envie de rester ici. J'espérais au moins ne pas avoir fait de bêtise pour changer.


Spoiler :


description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Belethar entendit les réponses de son presque frère, et marqua un petit sourire sur son visage avec un air entendu. Ainsi, ils allaient encore tous à la confrontation. L’Espérancieux soupira : l’idée ne le réjouissait pas plus que cela, encore plus maintenant qu’il avait du mal avec la violence et le mensonge, mais il fallait après tout qu’il soit fort.

Ses amis ici présents avec qui il avait déjà partagé nombre d’aventures allaient sans doute avoir besoin de lui comme office de soutien. Et puis visiter les sous-sols de Calastin était malgré tout quelque chose d’unique, que son âme de voyageur aurait difficilement pu refuser. Même s’il aurait évidemment préféré que cela se fasse dans des conditions moins dramatiques.

Ainsi, ils furent invités à descendre dans les tréfonds des sous-sols par une petite plateforme. Là, de longues minutes s’écoulèrent,  et la descente se fit pendant ce temps, et Belethar se montra encore une fois à mi  chemin entre le distant et le préoccupé. Comme s’il était ailleurs, L’Espérancieux contempla le vide d’un air songeur. Depuis sa récente accession au rôle de Chantevide, sa vision par rapport à cette immensité avait énormément changé.

Là où il y trouvait quelque chose de peu rassurant initialement, voire intimidant, il avait appris quelque peu à faire la paix avec ce sentiment, et y trouver un certain réconfort même. Il se demanda si Naal sentait la même chose à ce sujet.

Puis, comme s’il avait conjuré le mauvais sort, des murmures puis un rire vinrent perturber la descente. Toujours d’un ton atone, L’Espérancieux y répliqua comme pour lui-même :

“Rigole encore plus fort, et fais moi entendre tous tes secrets.”

Liant la parole à l’action, Belethar ferma les yeux et tenta de faire fi des acouphènes qui vinrent lui parasiter l’esprit momentanément, avant de se concentrer à un moment sur ce rire. Celui-ci était un écho de la fibule d’Ilhan, mais ses effets se faisaient bien sentir, et d’ailleurs, si l’Espérancieux ouvrit les yeux, il aurait pu constater que les quelques soldats qui étaient avec eux n’étaient probablement pas rassurés. Un rire puissant à n’en pas douter donc, qui était articulé autour de la note “Oen” : La note des changements et des esprits, celle de la mort, les épreuves qui font plier les hommes.

Évidemment. Pensa Belethar. Le pouvoir qui se dégageait de ce rire permettant de troubler l’esprit devait venir de là. Une fois que la situation fut contrôlée par son presque-frère, L’Espérancieux partagea alors sa réflexion :

“J’ai perçu des myriades de notes dans ce rire. Si notre ennemi couronné de cendres est connu pour créer des créatures, il est fort à parier que celle qui a émis ce rire ait un rapprochement avec notre art. Si tant est qu’une créature soit à l’origine de tout ceci, bien sûr.”

Pour détendre l’atmosphère, Belethar sorti de sa besace qui l’accompagnait, un petit instrument à percussion : un djembé, pas plus gros qu’un petit vase. Il en joua alors quelques notes, improvisant un petit morceau. Si celles-ci n’avaient pas vraiment de vertu thérapeutique, il avait toujours dit que la musique adoucissait les moeurs.

Alors peut-être que ceci pouvait apaiser tout à chacun.

Ainsi, ils descendirent, et arrivèrent après un temps certain. Bien vite, Alkhytis trouva une piste à suivre, et l’Espérancieux, comme les autres, suivi le mouvement. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, les ténèbres se faisaient de plus en plus grandes, et là où tout à l’heure Belethar y trouva quelque chose de rassurant, il se sentit plus mis à l’épreuve ici.

Probablement était-ce parce que les vibrations qu’il sentait d’habitude, se faisaient de plus en plus ténues : sans qu’elles ne disparaissent, elles devenaient de plus en plus insondables. Belethar sentit qu’il allait avoir bien du mal à les interroger, encore plus quand le sol cessa d’être de la terre mais bien du métal.

Le Pater Familias tâcha de reprendre un peu contenance cependant, quand le groupe vit le pilier, et que Reynagane en donna une traduction approximative : les différents mots qu’elle y trouva sonnèrent en tout cas comme cohérent dans l’esprit du Baptistrel :

“Gardez à l’esprit que nous cherchons des Couronnes de Cendres. Quoi que l’on trouve en ces terres, et ce que ces inscriptions mystérieuses signifient, il est fort à parier que tout ceci ait un rapport avec leur histoire.”

Belethar continua la marche avec le groupe, et au fur et à mesure qu’ils avançaient, il se rendit compte que tout ici semblait imprégner de magie : que ce soit le sol, et bientôt une immense paroi de métal qui fut découverte à la lumière des torches, tout ici était fait d’une immense masse magique compacte. Cette énergie semblait émaner de plus loin, là où elle se redressait à la verticale : sans doute que tout ceci devait venir d’un catalyseur suffisamment puissant : un golem, ou autre chose ?

Le groupe le découvrirait sans doute plus tard, puisque là était la piste qu’ils suivaient.

Pour l’heure, le petit groupe faisait face à un immense mur en métal, dont les yeux de l’architecte estimèrent qu’il devait probablement être une face d’un bâtiment à la très grande taille dont le sommet était caché dans l’obscurité.

Quelques pas de plus et ils découvrirent de bien étranges créatures sur ce mur, qui eurent momentanément toute l’attention de Belethar : celles-ci prenaient la forme de fourmis, étaient animés grâce à la magie, et étaient également sans doute du même matériau que celui dont était composé le mur.

Temporairement fasciné par une telle technologie, et de tels spécimens, l’Espérancieux pris le temps d’observer ce qu’elles faisaient. Là il découvrit qu’elles semblaient réparer un trou assez large fait dans la paroi. Elles ne semblaient pas déranger le moins du monde par la présence du petit groupe, et continuaient leur petit travail tranquillement, alors que les aventuriers se tenaient à une bonne distance d’elles.

Belethar détourna les yeux un instant, bien qu’il sentait qu’il allait y revenir, et il s’aperçut alors qu’au milieu des bourdonnements de ces fourmis, il entendit l’écoulement de l’eau. Il en fit part au petit groupe :

“De l’eau. Part là bas.”

Il pointa vers la gauche. Il y avait fort à parier que si le petit groupe longeait cet immense mur, ils finiraient par tomber sur une rivière ou quelque chose de ce genre.

Cependant, présentement, l’Espérancieux était beaucoup trop tenté à l’idée de découvrir ce qu’étaient ces fourmis. Il s’approcha d’abord de quelques pas, et murmura à son groupe :

“Je vais tenter une approche. Tenez vous prêts, si jamais.”

Les trois grosses fourmis réparatrices ne firent d’abord pas vraiment attention au baptistrel, puis il vit qu’une arrêta son travail. Il distingua des sortes de pierres qui devaient probablement servir d'yeux,  et un fin rayon de lumière en sortirent. Comme toutes les choses ici, celui-ci était imbibé de magie, et le traversa de haut en bas. Cela ne fit rien d’agressif sur le corps de Belethar, et juste après ceci, les fourmis se remirent au travail.

L’Espérancieux fit :

“Vous n’êtes pas très parlantes hein ?”

Mais la phrase s'écrasa sur le mur en métal, et resta sans réponse. Belethar intima aux autres :

“Puisque notre présence n’a pas l’air de les gêner, je vais tenter de passer.”

Le Pater familias avança décidé vers le trou, et tenta de passer. Suite à quoi, les fourmis émirent des sortes de vibrations, presque comme un signe de mécontentement (comme quoi, ces créatures devaient être douées d’émotions). Belethar accéléra cependant le mouvement, craignant une représailles éventuelle. Il arriva à l’intérieur du bâtiment, et n’eut pas le temps de voir grand chose si ce n’est une lumière rouge qui clignotait et un corps étendu.

L’irruption de Belethar créa cependant une réaction imprévue de la part des fourmis : celles-ci augmentèrent le rythme de la réparation, et semblèrent cannibaliser une autre de leur camarade pour réparer le trou dans le mur. Elles n’attaquèrent pas le groupe, et semblaient au contraire déterminées à les gêner. Le trou se résorba de plus en plus vite, et si cela continuait, Belethar allait se retrouver seul.

Sans réfléchir, le baptistrel chercha le soutien de quelqu'un pouvant l'aider dans un tel marasme :

“Naal, venez avec moi !”

Bondissant sur l’occasion de se séparer du dragon, Naal passa également par le trou menant à l’intérieur du bâtiment. Belethar fit ensuite au reste du groupe :

“Longez les murs vers la rivière ! Une autre entrée doit s’y trouver ! Nous nous retrouverons ensuite, gardez la foi !”

Directives :


Questions posées :


Précision sur l’action de Naal :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Un long chemin, dans les sombres profondeurs. Lui, renommé Anarörë, Lever du soleil, devait avouer ne pas être des plus à l’aise dans cette obscurité qui leur tendait les bras avec tant d’avidité. Il aimait les ombres, mais pour avoir des ombres il fallait de la lumière. Or là, à part celle qu’ils imposaient, nulle lumière sur leur chemin. Nul espoir aussi ? Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Avaient-ils seulement une chance contre ces Couronnes, qui sans cesse les devançaient ? Et le chemin semblait tant s’éterniser… Outre les ombres, les courbatures de rester si longtemps à cheval, l’abjecte sensation d’être un tas de boue, eux qui n’avaient pu se laver depuis plusieurs jours, la fatigue, pire le harassement, qui les assaillait tous, chacun à leur manière… et les tensions. Oui tensions. Si la situation ne l’était déjà pas suffisamment, les tensions invisibles au sein même du groupe se répercutaient en écho dans son esprit, sans même qu’il n’ait besoin de faire appel à Tela. Il sentait, aussi vivement que si cela venait de lui, l’agacement de son oracle préféré envers la présence du dragon, et aurait tant aimé parvenir à l’apaiser totalement… se sentant si impuissant à y parvenir pleinement.

Bien vite, toutefois, toutes ces préoccupations furent chassées, quand ils atteignirent cet espace étrange, au sol entièrement métallisé, et ce mur, cet édifice semblait-il, d’un alliage inconnu. Voilà donc où Rog les avait menés... Nul doute aussi, que c’était là le passage qu’il avait dû emprunter… L’althaïen pouvait percevoir la puissante énergie qui courait le long du sol et du mur, et qui pulsait également avec ferveur depuis ces étranges fourmis de métal.

À la découverte de son presque-frère, il avait mis lui aussi pied à terre, comme Reynagane et Naal, et s’était approché dans son dos. Ces créatures étaient-elles seulement vivantes ? En tout cas, elles semblaient dotées d’un semblant de perception et avaient réagi à l'approche de Belethar, mais également à sa traversée de la brèche qu'elles étaient en train de colmater. C’est avec un coup au coeur qu’Ilhan vit Belethar y disparaître. Puis, bien rapidement, Naal également. L’althaïen comprit aussitôt, à la rapidité des fourmis pour réparer la brèche, qu’ils n’auraient pas le temps de tous passer de l'autre côté. Et par pur instinct, il poussa la plus proche personne vers la brèche, histoire que les deux personnes qui lui étaient si chères ne soient pas seules et aient également un autre allié avec elles. Il aurait aimé les rejoindre lui-même, mais il n’aurait guère le temps de sauter lui aussi… Sans compter qu’il avait d’autres hommes sous sa responsabilité, en tant que Prince Consor de Caladon. C’est ainsi que Reynagane passa au travers de la brèche, poussée par une force certes faible, mais sainnûrienne alimentée à l’adrénaline.

Et à peine ses dernières touffes de poils disparaissaient-elles de l’autre côté, que déjà la brèche était résorbée par les créatures ouvrières. À leur sinistre grincement se mêla l'écho des paroles de Belethar et de ceux passés de l'autre côté. La promesse de se retrouver à l'intérieur.

Une promesse qui ne suffit pas à apaiser les battements frénétiques du coeur de l’althaïen. Ilhan se retrouvait dès lors seul. Seul, dans le noir. Seul ? Non, pas vraiment, constata-t-il quand il se tourna vers la troupe restée avec lui : Alkhytis, les soldats lui servant d'escorte, et le capitaine de Cordont accompagné d’une poignée de ses hommes… Non, pas seul. Pour autant, en son coeur, une étrange solitude l’étreignait. Et seule la conscience de ses responsabilités lui permit de chasser cette sinistre émotion. Il était responsable de ces hommes attroupés là avec lui. Il en était, en quelque sorte, le commandant, même s’il n’en portait pas réellement le titre. Pour preuve, tous semblaient encore sous le choc et attendre ses ordres.

Ses ordres… Ils devaient rejoindre les autres. Soit, mais comment ? Belethar avait parlé d’une voie d’eau… Aussitôt Ilhan tendit l’oreille et pria les Huit de soutenir ses sens de Sainnûr. Nulle chance de passer par la même voie, par ce mur maudit, faire une nouvelle brèche serait peine perdue. Mais, alors que les grincements stridents de réparation émis par les fourmis avaient cessé, l'Althaïen put très clairement entre le bruit de l'eau provenant de plus loin sur la gauche, comme le lui avait indiqué Belethar. D'ailleurs, les fourmis semblaient prendre cette direction.

Sans attendre, Ilhan ordonna donc de prendre les chevaux par la longe et de le suivre, et leur ouvrit la voie, suivant à la fois les fourmis et ses sens aux aguets. Après quelques instants à marcher dans l'obscurité, ils arrivèrent vers ce qui semblait être l'un des flancs de l’édifice. Et là, devant eux, à quelques mètres à peine, béait une large bouche d'évacuation, de laquelle se déversait à grands flots une eau huileuse à l'odeur nauséabonde. Il fronça le nez, les sens agressés, mais aperçut les fourmis y pénétrer sans une once d'hésitation. Ils n’allaient quand même pas devoir passer… par là ? Si ? Il sentait le lourd regard des autres peser sur lui. Si, assurément, cela semblait être la seule voie... Pour preuve, c’était aussi celle qu’empruntaient ces fourmis honnies. Mais que des fourmis puissent passer sans encombre ne signifiait pas pour autant qu’ils le pourraient, eux, avec autant de facilité… Ils n’avaient toutefois pas le choix que d’essayer. Et d’aller patauger dans ce bourbier pour aller voir.

Ses ordres fusèrent alors. Les chevaux eux ne passeraient pas et devraient rester ici. Il ordonna une rapide inspection et observa lui-même rapidement mais avec attention les alentours. Aucun signe de danger particulier ne fut détecté. Il ordonna alors qu’on installe les chevaux un peu plus loin, un peu à l’écart de l’eau toutefois. En effet, son aspect huileux laissait à penser qu’il y avait quelque chose dedans et qu’il valait mieux éviter de la boire… Il préférait éviter que leurs chevaux meurent d’empoisonnement, si possible. Et pria les Huit qu’aucun prédateur ou autre ne s’aperçoivent de leur présence. Il aurait pu les renvoyer pour rebrousser chemin, mais de toute façon personne n’aurait pu les remonter, et le danger de mauvaises rencontres pour eux était encore plus grand sur le chemin, qu’ici, à les attendre.

Le romantique chassa ensuite avec force volonté sa répugnance exacerbée et se tourna vers la bouche d’évacuation. Le tuyau d'évacuation faisait un petit peu plus que la taille d'un homme, que les Huit soient remerciés ils pourraient y tenir debout, du moins au début. Alkhytis rapetissa pour pouvoir s’y engouffrer avec eux. Quand ils s’y engagèrent, Ilhan retenant avec peine un haut-le-cœur, l'eau leur arrivait jusqu'à la taille, du moins le concernant, étant l’un des plus petits des bipèdes présents. Un vacarme épouvantable résonnait dans ce sombre couloir gluant, un vacarme d’eaux et de bruits métalliques, lui martelant le crâne avec férocité. Ils atteignirent ce qui semblait être l’extrémité de ce dernier, mais rencontrèrent alors un obstacle : une large fenêtre s'ouvrait devant eux, mais par intermittence seulement, et la fréquence d’ouverture était bien rapide, déversant des trombes d'eau. Il avait l’impression d’être devant une sorte de roue à eau. Les fourmis mécaniques semblaient d’ailleurs se mettre à phase avec le rythme et bondissaient au moment opportun avant de disparaitre de l'autre côté.

Soit… ils allaient apparemment devoir passer par là, eux aussi. Mais entre ce rythme frénétique des lames qui menaçaient de les déchiqueter et la pression de l’eau s’y déversant qui ralentirait leur mouvement… Ils risquaient de se faire réduire en bouillie ou de se faire couper en deux à la moindre erreur s’ils osaient ce coup de folie. Un haut-le-cœur manqua de nouveau le happer à cette image et il dut faire appel à sa volonté pour ne pas y céder. Non, ils devaient trouver une autre solution. L’échec leur serait fatal. Il leur fallait trouver un moyen de ralentir ou  de bloquer temporairement les traitres pales qui tournaient, pour pouvoir passer et accéder de l'autre côté.

Bien des idées lui traversèrent l’esprit. Amener une grosse roche, ou un objet de grande taille et assez solide, par télékinésie, pour bloquer le mouvement, ou créer un objet par un sort éthéré, ou des golems, des serviteurs maintenant les pales bloquées… oui, bien des solutions, mais toutes lui apparaissaient risquées. D’ailleurs alentour, seuls quelques débris, de petits morceaux de métaux, se présentaient à lui, rien qui puisse suffire pour un véritable blocage. Il utilisa alors, comme souvent lors de ces moments de choix crucial, sa pythie. Il grogna un peu quand, en la saisissant, il la salit avec l'eau huileuse, mais bien rapidement il se concentra sur ce qu’elle lui offrit. Et bien grand lui en prit.

Il reçut l’intuition que si le groupe tentait de passer par sa seule agilité, la moitié, sinon plus, allait finir broyée. De même, lui fut soufflé que la solution d’un objet éthéré était une mauvaise idée, bien mauvaise : des morts ou des blessés graves... Ce qu’il perçut lui confirma son idée de golem toutefois, qui semblait le meilleur compromis. Toutefois, et il en remercia sa fidèle pythie, il repéra aussi une faille dans ce plan… une faille qui pourrait se produire durant l’action du golem, entrainant des blessés, une faiblesse du golem à un certain endroit qui aurait tenu moins longtemps et la pale se serait abattue sur le dernier soldat qui passait… Une faille toutefois qu’il pouvait corriger maintenant qu’il en avait connaissance ! Par contre, alors qu’il tentait de pousser sa pythie, sur la fin de son utilisation, il sentit une étrange résistance, comme il n’en avait jamais ressentie. Comme si la trame répondait mal au glyphe et que ce dernier avait des manqués…

Il sortit alors de la sorte de transe dans laquelle sa pythie l’avait plongé, la teinte bleutée que ses orbes sombres avaient prise s’éteignant, et laissa couler un court instant, perplexe quant à la dernière sensation ressentie. Ainsi leurs glyphes risquaient de se désactiver, ou du moins de mal fonctionner ? Il regarda sa pythie en main, sa pythie souillée… et aussitôt une intuition, cette fois de lui seul, lui parvint : l’eau. L’eau huileuse…  Tout ce qui toucherait l'eau huileuse pourrait donc ne plus fonctionner correctement ? Pourquoi et comment ? Est-ce que quelque chose, qui donnait à l’eau cette consistance huileuse, était aussi "anti-magie" ou apparenté ? Aussitôt pensé, il lança un sort d’identification sur l’eau… Il perçut qu’il n’y avait pas d’effet anti-magie, mais que cette consistance huileuse transportait en elle-même un peu de magie. Plus comme s'il s'agissait de quelque chose de... pollué…

Toutes ces informations à l’esprit, Ilhan expliqua ce qu’il projetait de faire pour les faire passer, et leur donna ses instructions. Il leur donna notamment un ordre de passage précis, pour que le tout se fasse sans heurt, avec célérité, mais sans précipitation non plus : ils devaient tous agir avec diligence et discipline, une fois que le golem serait en place. Ordre de ne pas perdre de temps. Il prévint également tout le monde des propriétés de l’eau découverte, et leur conseilla d’éviter de plonger leurs artefacts magiques auxquels ils pouvaient tenir et avoir besoin dedans… pour ceux qui n’y étaient pas encore imbibés toutefois. Assurément, les glyphes de tous leurs vêtements, ou presque, seraient hors d’usage.

Ilhan lança alors le sort du golem qui parvint effectivement à arrêter le mouvement des pales. Il parvint à le placer pour éviter la faille que sa pythie lui avait soufflée, et parvint à contourner cette difficulté pour permettre à tout le monde de passer de l'autre côté sans qu'il n'y ait de blessés. Alkhytis fut le premier désigné, puis le capitaine et ses hommes, l’escorte d’Ilhan suivit, puis lui-même en dernier…

Dès qu’il sortit de cette eau bourbeuse, il s’empressa de jeter un sort de création élémentaire d’eau, afin de nettoyer sa pythie aussi vite que possible, priant qu’elle ne soit pas trop affectée par les traitres propriétés de l’eau huileuse… Il sentit toutefois encore une résistance, et soupira, légèrement dépité et frustré, espérant toutefois que cet effet ne serait que passager…

Nul temps toutefois de s’appesantir sur la question et de pleurer sur sa toupie, ils avaient encore du chemin à faire pour rejoindre les autres et ne devaient pas perdre de temps. Ilhan releva alors les yeux sur l’endroit dans lequel il venait d’arriver et resta un instant sans voix.

Une vaste salle s’ouvrait devant eux. En ces lieux, c’était tout l'inverse des tréfonds. De la lumière irradiait de partout, aussi bien du plafond, que du sol. Mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus choquant. Oui choquant, c'était le mot. Des bras géants articulés faits de métaux, et ayant à la place des mains des pinces ou encore des outils, étaient en train d'assembler des objets qui glissaient sur des sortes de plateformes. Ces objets, l’althaïen parvint à en identifier certains : cela ressemblait aux pattes des fourmis rencontrées un peu plus tôt. En plus de la lumière, qui lui agressait presque la rétine, après leur long périple dans les ténèbres, le bruit était omniprésent, menaçant lui aussi de percer ses tympans. Après un examen minutieux, Ilhan observa que les bras bougeaient seuls. Certains avaient leur base dans le sol, d'autres en hauteur.

Comme à son habitude, il lança son ornithorynque à la recherche d’une présence, ou de tout autre être que leur troupe. Il fut soulagé de constater qu’au moins les pouvoirs des Esprits-Liés fonctionnaient toujours, mais il ne perçut aucun autre Esprit-Lié que ceux de leur équipée. Il ne vit personne non plus autre qu’eux, dans cette pièce. En dehors de ces étranges bras de métal, il ne semblait pas y avoir d'âme qui vive…

Il sonda la salle, comme toujours à son entrée dans toute pièce inconnue, à la recherche d’issue ou de portes. Il put remarquer que les plateformes mouvantes passaient à travers une sorte de rideaux de lamelles et allaient sûrement dans une autre salle. Il remarqua aussi une porte, au-dessus de laquelle se trouvait un petit et étrange pictogramme, une sorte de Graärh passant une porte, pictogramme aux couleurs blanches et vertes. Un pictogramme tel qu’il n’en avait jamais vu, lui qui pourtant avait beaucoup étudié la culture des Graärh. Mais essentiellement la culture Graärh actuelle… Il aperçut également un ou deux panneaux avec des écritures, mais rien qu’il ne parvint à déchiffrer. Du Graärh ancien ?

Et ses sens de Sainnûr qui lui permettaient de voir la trame lui indiquèrent qu’il y avait bien de la magie en ces lieux, il en suffoquait presque tant elle pulsait avec force. Ce lieu inondait de magie, mais étrangement de façon assez ordonnée, comme si elle suivait des lignes invisibles… des lignes, qui, étrangement, passait par tous les bras métalliques…

Il indiqua alors tout ce qu’il vit à ses comparses, leur désignant les panneaux, le pictogramme et la porte, ainsi que la sortie des plateformes par les rideaux de lamelles, et enfin ce qu’il ressentait par la trame. Un ressenti que devait d’ailleurs partager le dragon, peut-être même de façon plus puissante encore et plus précise peut-être.

Il lança un dernier sort, puisant dans les glyphes de sa fibule pour ne pas épuiser toute son énergie, se gardant bien de la souiller d’une quelconque façon. Un sort de perception du contenu, afin de voir ce qui pouvait bien se trouver au-delà des rideaux de lamelles, mais aussi au-delà de la porte…

Il ressentit alors dans la pièce vers laquelle allaient les plateformes en passant les rideaux de lamelles plus ou moins la même chose que ce qu'il y avait dans la pièce dans laquelle ils étaient présents. Quand il chercha à sonder à travers la porte toutefois, il perçut comme des sortes d’interférence, en grand nombre, certainement dû à la présence de cette magie en grande quantité, qui devait perturber son propre flux. Tout ce qu’il parvint à percevoir de prime abord fut que l'édifice était très grand, à son échelle sainnûrienne du moins, mais en dehors de ces deux pièces il ne parvenait pas à aller plus loin, ni à rien voir d’autres, à moins de se déplacer et de changer de pièces. Les murs étaient saturés de ces lignes de magie, et lui rendaient le tout difficilement lisible. Il dut forcer et se concentrer pour percer l’autre pièce au-delà de la porte, et encore avec peine… Tout cela pour percevoir qu’il s’agissait d’un simple couloir, un long couloir qui continuait ensuite vers la droite et vers la gauche, menant… vers d'autres pièces.

Il essaya alors de se situer un peu, et parvint à comprendre le chemin à emprunter, l’indiquant alors à ceux autour de lui. S’ils voulaient rejoindre Naal, Belethar et Reynagane, ils allaient devoir passer la porte, emprunter le couloir et aller vers la droite…


Directives :


Informations supplémentaires :


Autres :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
    Il ne fallut pas longtemps (ou peut-être que si ?) au groupe pour arriver sur un sol à présent métallique qui dénotait nettement de le précédent environnement. Le bruit des sabots fit relever la tête que la jolie graärh avait laissé reposer contre son dos. Elle aussi, ça l’avait interpelé, brisant la monotonie de leur avancée dans l’obscurité. Tous descendirent de cheval pour s’approcher à pas feutrés l’antique endroit. Un rapide appel à la Corneille lui confirma que Rog était bel et bien passé par là et plus exactement pas la béance que des fourmis métalliques étaient en train de colmater. Voir ces créatures ne fut pas sans lui rappeler l’étrange araignée qui trainait dans les pattes de Verith. Ce que décrypta Reynagane ne lui évoqua rien, si ce n’était qu’à n’en pas douter, il s’agissait bel et bien d’un vestige graärh. Comme ils s’y était attendu. Il jeta un regard vers Ilhan. S’il était satisfait de voir ses suppositions s’avérer vraies, cela ne signifiait qu’une chose à présent : Rog n’était pas là pour rien et une quatrième couronne de cendres devait se trouver ici.

    « Il a utilisé les œufs pour en faire une sorte d’acide qui a fragilisé le métal, puis il a ouvert la brèche avec une faux osseuse... On aurait dit une mandibule… Dans tous les cas, il est passé par là. » Il n’était pas très rassuré à l’idée de laisser Belethar s’approcher des fourmis mais celles-ci ne semblaient pas agressive, contrairement à l’araignée qui trainait dans les pattes de Verith. Il passa la brèche et les créatures se mirent à travailler plus vite. « Sucre d’orge, revenez ! » Il passa au travers, pour attraper Belethar en vue de le sortir de là, car il était hors de question qu’il le laisse marcher seul sur les pas de Rog, mais lorsqu’il se retourna, ce fut pour ce manger la fourrure de Reynagane qu’Ilhan avait envoyé vers eux : « Venez ilha-mpfeuhfeuhfeuhfeuh ! » Voilà qu’ils se retrouvaient à trois dans une obscurité rougeoyante. Naal resta à cligner des yeux, tandis que Belethar donnait à Ilhan quelques instructions. Le dévot avait plaqué ses mains sur ses joues d’un air catastrophé : il avait laissé Ilhan avec le dragon ! Il aurait pu s’inquiéter du fait que leur groupe avait été séparé mais ce qui le faisait vraiment craindre le pire, c’était qu’il avait laissé Ilhan en proie des griffes du montre écailleux.

    « I-Ilhan ? » Il semblait que son ami l’entende : « Fais attention au dragon, ok ? » Le mettre en garde contre les milliers de dangers de ces souterrains ? Non. Le mettre en garde contre le dragon : ça oui ! Il regarda en direction de là où Belethar avait désigné une entrée mais il ne distinguait rien. Devant eux, plus loin, il semblait y avoir un corps au sol. Si Rog était bel et bien passé par là, il n’était pas étonnant que des cadavres soient sur son sillage et cela tombait presque bien… Car cela leur donnerait une piste à suivre. En effet, lorsqu’il essaya d’utiliser le pouvoir de vision de la corneille, il ne vit d’une forme géométrique triangulaire contenant en son sein des pictogrammes. Il les dessina à l’aide d’une craie blanche sur le mur et Reynagane parvint à en lire quelques un : loi, protection, titre, propriété et secret. Ses esprits-liés était toujours là, mais dès qu’il souhaitait voir que chose à propos de ce lieu, sa vision se brouillait. Un sceau devait forcer à l’oubli. Était-ce du aux graârh d’antan qui avaient voulu tout effacé du passé ?

    Il décrivit à Ilhan ce qu’il voyait et le corps au sol. Il s’approcha de celui-ci et le toucha du bout de sa dague. Aucun mouvement. Cela ressemblait à un tas de ferraille humanoïde. Comme une armure vide. Cela avait été mis en morceaux. Un bras et une jambe trainaient plus loin et le crâne était fendu en deux. Des cristaux étaient brisés. Était-ce cela que Dwëmmer avait appelé noyau de commande ?Il se releva et continua d’avancer pour tomber sur un second cadavre, mais celui-ci bougeait encore et essayait d’atteindre le bas de son corps. « Restez derrière-moi… » fit-il au deux autres alors qu’ils se firent scanner de haut en bas par un rayon rouge. Naal cacha dans son dos la dague, puis finit par la ranger. Il plaça son bouclier entre lui. Ami ou ennemi ? Il poussa du bout de son pied nu le bas du corps en direction du haut pour qu’il arrête de ramper difficilement, vers celui-ci. « Qu’est-ce que tu es toi ? » Après-tout, celle de Verith savait parler. Il n’eut pas de réponse cette fois. Mais un nouveau scan. Péniblement l’homme de métal se mit en position puis son bras se disloqua en une sorte de tube. Le dévot redressa son bouclier devant lui et se recula en voyant une flamme bleu en jaillir. Quelques minutes plus tard, le mécanisme avait à nouveau un second bras. Il se réparait donc… Mais pour le moment, il n’avait montré aucun signe d’agression.

    L’almaréen rangea son bouclier et l’aida, dans sa besogne. Son peuple était de fiers scientifiques et technophiles. Cette technologie-là était tout bonnement incroyable. Il notait son fonctionnement, puis, lorsque la créature réparée alla voir la première, Naal eu confirmation que tout le génie de ces créations demeurait bien dans leur cristal.  Comme les golems, en somme, mais en plus poussé. En plus intelligent encore. « Tu ne veux pas parler ? Il faut qu’on arrête Rog. Qu’il soit venu ici ne me dit rien de bon… » Ils progressèrent dans le couloir, tandis que l’homme de métal utilisait les pièces des uns, trop endommagés pour réparer les autres. Il l’aida, autant qu’il le pouvait : « Je vais t’appeler Kalnario, cela veut dire ‘celui qui est doué de ses mains’ dans ma langue natale. Ça te va ? » Autant qu’il ait un nom,  et il avait retenu de Michel le Karapt qu’il ne fallait pas imposer un prénom dont l’autre ne voulait.  Il n’eut toutefois pas de réponse de l’homme de métal. Il poussa un soupire : au moins celui-ci n’agitait pas furieusement ses mandibules. C’était bon signe ?

    Voilà qu’il les pointait alors du doigt et leur fit signe de le suivre. Il n’avait pas aimé son prénom, c’était là ? Il observa ses comparses, et suivit leur hôte, non sans oublier de donner à Ilhan des informations sur leur progression. Mails son amant avait, du mal à recevoir ces messages à présent…  Kalnario partit alors dans le couloir, tandis que le deuxième homme de métal commençait à voir pour réparer ses autres comparses. Au détour d'une porte fracassé le couloir finit par déboucher sur un hall avec une grande statue de graärh au milieu et un bureau en arc de cercle. Quelques végétaux, bien entretenus, agrémentaient cette pièce de métal. Ici, d’autre homme de métal étaient tombés au combat. Activant un mécanisme, Kalnario revint avec de tout petit bouchons noirs et semblait vouloir lui en mettre un dans l’oreille. Perplexe, Naal fronça les sourcils mais se laissa faire.

    « Bonjour cher visiteur et bienvenu à Aadphorjmik, territoire sacré des enfants des esprits qui n'a d'égal que le Bâoli et propriété des entreprises Ychgama. Ychgama, la technologie qui vous facilite la vie. » L’almaréen cligna des yeux. Il avait bien entendu ce qu’il venait d’entendre ? Il se tourna vers ses deux comparses qui avaient, eux aussi eu droit à un bouton d’oreille. « Ce lieu est fermé au public et les visites ne sont plus organisées. Aadphorjmik rencontre actuellement des incidents à la suite d’une intrusion non autorisée. Pour votre sécurité, nous vous prions de bien vouloir prendre place dans la salle d'attente et de patienter jusqu'à la venue de l'administrateur ou la fin de la réunion du président des entreprises Ychgama, seul employé encore présent dans nos locaux. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée. Votre espèce n'est pas répertoriée dans notre registre, nous ne sommes pas en mesure de vous proposer un rafraichissement adapté, veuillez nous pardonner pour la gêne occasionnée. » Cette fois, il parlait à Belethar et lui-même.

    « A-attendez… Il y a encore un graärh vivant ici ? Et si c’est le seul employé, avec qui fait-il une réunion ? » Non pas parce qu’une réunion avec lui-même, ça s’appelait de la méditation ! « C’est lui le président ? » demanda-t-il en montrant la statue. « Ou un gros dragon rouge ? On ne peut pas attendre, il faut arrêter Rog. Je ne sais pas ce qu’il fait ici, mais il ne se serait pas donné tant de mal à venir ici pour rien. Qu’est-ce qu’il veut ? »


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
La senteur sanglante se dissipe. Elle laisse place à une flagrance métallique étrange. Chaque pas renforce cette odeur que j’ai l’impression de reconnaitre. Pourtant, il n’en n’est rien. Ce n’est ni de l’acier, ni du fer. L’odeur ne se rapproche d’aucun métal rare de ma connaissance. Et un mur entier de ce matériaux semble se dresser dans la pénombre. Je sens comme un édifice colossal. Rien que de part mes sens, je peux presque en dessiner la forme. Une sorte de cube gargantuesque surmonté d’étrange pics en son sommet. Comment une structure pareille à pu arriver ici ? Par quelle sorcellerie ? Et depuis combien de temps est-elle enfouie au milieu de la roche ?

Les autres humains arrivent enfin. Et l’encapuchonné qui ne cesse de me prendre de haut veille de façon ostentatoire à ne pas m’approcher, ni même me regarder. Moi je le regarde. Plusieurs fois. Malgré son aversions très claire pour les dragons, il m’intrigue. Et surtout, pendant un moment, son apparence me semble familière. C’est assez étrange mais je me demande d’où peu bien me venir cette impression de déjà-vu. Mais son humeur absolument désagréable ne m’invite absolument pas à venir lui adresser la parole. Peu importe, je vais plutôt m‘attarder sur la multitude de fil lumineux que je peut presque voir de mes yeux. Ces flux magique que je peux voir danser dans une farandole complexe et organiser a vraiment de quoi interloquer. Cet édifice est de plus en plus curieux et ma curiosité s’enflamme progressivement. Comment autant de magie peut-elle se trouver dans un même endroit ? Sans qu’il n’y ait le moindre incident ? Qui ou quoi est capable d’une telle prouesse ?

Avec le groupe, nous effectuons un tour d’inspection de cette chose. Et nous trouvons finalement une brèche relativement étroite dans une des parois. Elle est suffisamment écartée pour y faire passer un bipède, mais moi, il me faudra rétrécir. Dit comme cela, ce pourrait être un jeu d’enfant. Néanmoins, c’est sans compter avec les bestioles à la forme d’araignée ou de fourmis, visiblement recouverte d’une armure intégrale et rebouchant ladite brèche. Belethar, la graärh femelle et l’homme à la soutane parviennent à s’y jeter. Seulement, ces insecte métalliques se mettent alors à tuer une des leurs et utilise la matière de son corps pour achever leur ouvrage. Un spectateur très dérangeant et pourtant fascinant à observer. Sont-ce des représentantes d’une espèce animale inconnue ? Mais bon sang ?! l’heure n’est pas à la science ! Nous sommes séparés, à présent. Comment allons-nous faire pour entrer ?!

Je m’approche du mur refermé et donne quelques coups de patte, comme si je toquais à une porte :

« Seigneur Belethar ? m’entendez-vous ?! Si c’est le cas, éloignez-vous, je vais tenter de rouvrir le passage ! »

Je recule à mon tour, en invitant les autres à en faire de même :

« Ecartez-vous, je vous prie. »

Fin prêt, je prends une grande inspiration, et lance alors un crachat de flammes contre le mur. Le étincelles rebondissent dessus, l’on pourrait croire qu’elles glisse à la surface. Et je constate, subjugué, que rien ne se passe. Le mur n’est marqué d’aucune trace noire, pas une seule brulure. Je m’en vais vérifier la chaleur de celui-ci, il est aussi froid que la glace.

« Comment cela est-il possible ?... »

Je ne peux pas perdre mon temps en divaguassions. Le seigneur Ilhan, ses hommes et moi allons devoir trouver une autre issue. Et celle-ci est déjà toute trouvée :

« Il nous faut suivre ces insectes. Après vous, monseigneur. »

Je suis ces messieurs, sur la piste de nos fuillards. Et cette stratégie finit par payer. Nous nous retrouvons face à un large conduit relâchant une eau sans nulle doute non potable, et, à en juger par ce que je ressens dans mon corps, chargée en énergie magique. Nous n’avons donc point d’autre solution que de passer par là. Et pour ma part, il va me falloir rétrécir. Je déclenche donc le pouvoir de mon collier afin d’ajuster ma taille.

Mais… Que se passe-t-il ?!... Pourquoi suis-je en train de rapetissir et de grandir à une vitesse absurde ?! Je devient minuscule, puis je reprend ma taille normale avant de rapetisser à nouveau ! Bonté divine, serait-ce la magie contenue dans l’eau à proximité qui dérègle la magie de mon pendentif ?! Je… Ne parviens… Pas… A… Stopper… Ce… manège !

Après plusieurs tentative pour arrêter mon constant changement de taille, je parviens finalement à me stabiliser à l’état d’un dragon très jeune, mesurant à peu près la même taille que mes camarades bipèdes s’ils avaient été des adolescent. Je peux ainsi suivre les humains dans ce conduit poisseux, au bout duquel tourne frénétiquement une roue à eau. Un violent tourbillon qui réduirait quiconque tenterait de passer en charpie. Ilhan, qui mène le groupe, semble se concentrer sur un objet magique que je ne distingue pas depuis ma position. Mais à en juger par son attitude, il recherche une solution.  Et après un court instant, il la dégotte. A l’aide d’un golem de sa création et un ordre de passage précis, nous allons pouvoir  franchir cet obstacle. Le golem en question parvient à bloquer les pales et je suis le premier à passer, non sans me précipité, de peur de finir en viande haché. Quelle frayeur ! Grâce à cet ingénieux stratagème, nous sommes parvenu à tous ressortir de l’autre côté. Du moins… tous les êtres de chair et de sang. L’objet que tiens le chef du groupe d’humain, dont l’expression trahit la frustration, est couvert de cette eau impure. Je m’approche de lui et observe ce qui ressemble à une toupie en métal. La crasse, tout comme la pollution magique sont visibles dessus :

« Je pense que ce n’est que temporaire, seigneur Ilhan. Ne vous inquiétez donc pas pour cela. »

Je me retourne et prend le temps d’observer l’endroit où nous avons atterri. Une grande salle, assez haute, et très bruyante nous accueil, remplie de rouages, de bras articulés et effectuant toutes sortes de mouvement en totale autonomie. Je n’avais encore jamais vu un spectacle semblable… Comment ces choses à l’apparence très proche de bras et d’articulation peuvent remuer indépendamment d’un quelconque corps ? Cette pensée en devient effrayante. Ces même bras, en y regardant de plus près, on l’air d’assembler des objets petits et diverses. D’un noir profond et comparables à des bouchons de bouteille de vin. Je ressens une quantité de magie phénoménale émaner de tous les coins et les recoins. Cela me donne presque le tournant, tant ce lieu est inédit.

Nous nous rassemblons et nous prenons le chemin pour retrouver nos compagnons. Nous déambulons dans un interminable couloir, jusqu’à atteindre une intersection. Si nous poursuivons tout droit, nous retrouverons à coup sûr le groupe. Même la puanteur de ces égouts ne peut dissimuler les flagrances de nos alliés. Cependant, à notre gauche, un nouveau couloir, bien moins étendu et plus sombre semble mener à une pièce dans laquelle je distingue une forme humaine. Je fais halte sans prévenir, bousculant les quelques hommes derrière moi, la tête tournée vers cet intriguant corridor :

« Attendez un instant… je crois apercevoir quelque chose par là… »

N’attendant pas de réponse, je m’enfonce dans l’obscurité de ce couloir. Ce dernier est d’ailleurs rempli de poussière et de toiles d’araignée. On dirait que personne n’est venu par ici depuis quelques temps… Mais des êtres voyages forcément au sein de ce bâtiment. Le reste des endroits que nous avons parcouru depuis que nous avons pénétré ici étaient impeccablement propres. Cette structure est fonctionnelle et entretenue. Sauf par ici. Je sors de la pénombre pour arriver face à ce qui est réellement un bipède, doté d’une allure étrangement dérangeante, dans une large pièce en cercle. Il est vraisemblablement couvert de la même matière que les fourmis de toute-à-l’heure, à l’exception qu’il lui manque un bras et que sa tête est abimée, affublée d’une fente en son milieu. Derrière lui, une petite estrade. Au-dessus, un haut plafond avec sans doute un étage supplémentaire. Et autour de lui, des barrières métalliques placées en désordre. Cette pièce est encore moins entretenue que le couloir qui le précède. Mais tout ceci ne peut détourner mes yeux de l’humain argenté. Je m’approche prudemment de lui. Curieusement, une infime étincelle de magie émane de lui, je la sens. En approchant, mes griffes heurte de petits fragments de cristal sur le sol. Je les esquive et continue de venir. Cette chose est encore plus endommagée vue de près. On l’a martelé de coups puissants. De petits cratères lui parcourent l’anatomie. Je l’étudie sous toutes les coutures. Et je remarque un creux dans son crâne. A l’intérieur, un cristal, aussi endommagé que son propriétaire. C’est de ce petit joyaux menaçant de tomber en morceaux qu’émane la faible magie que je ressentais. Malgré le risque, je me dresse et tente d’extraire la pierre le plus délicatement possible. Du moins, c’est ce que je ferais si mes griffes pouvaient passer…

J’entends des pas venir dans ma direction. Un des gardes de Cordont est venu me rejoindre. Je ne lui laisse pas l’occasion de poser la moindre question. Il va pouvoir m’aider :

« Ah ! Vous tomber à point nommé. J’aurais besoin que vous me donniez un coup de main. J’essaie de retirer ce cristal de la boite crânienne de cet… euh… de cette chose. Approchez. »

Après quelques difficulté, mais sans trop de casse, nous avons réussi à prendre cette pierre qui repose entre les mains de mon assistant. A peine avons-nous pris possession de cet objet qu’un autre tombe à terre dans un bruit de clou heurtant une enclume. Le même que ce que les bras autonomes manipulaient. Un bouchon noir épais. Je m’approche avec beaucoup d’appréhension. Mon museau renifle cette énième étrangeté. Rien. J’essaye plusieurs fois jusqu’à ce que l’objet mystérieux ne roule et touche mon museau. Un petit éclair me travers les sens. Je sens comme une petite connexion de nature magique avec cette chose. Elle… se dresse sur de minuscules pattes pointues. Elle saute sur moi comme une araignée tandis que je sursaute, me redressant d’un seul coup. La panique me gagne soudainement et je me mets à remuer violemment la tête pour me débarrasser de cette saleté ! Mais elle va bien trop vite et j’ai la sensation qu’elle entre dans mon oreille !! Des liens très petits la maintiennent tout près de ma cavité auditive. Tout à coup, j’entends une voix grésillante et saccadée :

« Bonbonbooooonjour cher visiteur et bienbienbiiiiienvenu à Aadphorjmiiiiik, terterterriiiitoire sacré des enfants des esprits qui n'a d'égagagaaaaal que le Bâoli et propriété des entretreteeeeprises Ychgama. Ychgama, la technononooologie qui vous facilite la vie. Vous vous troutrouuuuvez dans l'aile du savoir relalalaaaatant l'histoire et l'ascension des entrepriseseseeeees Ychgama. En raison de dédédéééégradation, les visites sont temporairement suspenduesduuuues. »

Ma respiration qui s’est accélérée à cause de la peur est redescendue subitement, tandis que je me concentre pour mémoriser les paroles de cette petite créature. Je me tourne ensuite vers le garde :

« Avez-vous entendu la même chose que moi ?! »

Il secoue négativement la tête. Mon regard se perd un instant dans le vide. Je ne sais ce qu’il se trame, ici, mais je compte bien le découvrir. Mais pour le moment, il me faut ne pas trop m’éloigner du reste du groupe. Je me retourne à nouveau vers l’homme, dont le visage montre l’incompréhension la plus totale :

« Voulez-vous bien ramasser ceci ? nous allons faire examiner toutes ces bizarreries aux autre. Je vous remercie. »


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Le temps était à la découverte. Jamais, jamais oh grand jamais je n'aurais pu me douter une seule seconde de tous les vestiges que renfermait Cordont la chue. J'avais entendu des rumeurs, quelques mystères en rêvant depuis mon plus jeune âge de les voir de mes propres yeux. Et aujourd'hui, j'y étais. Moi, la petite Reynagane reniée, je me retrouvais au cœur de l'histoire de mon espèce.

Les étranges créatures de métal nous avaient malheureusement séparé des autres. Enfin je m'étais surtout prise en pleine face le prêtre Naal qui n'avait semblait-il pas apprécier le goût de mon pelage lorsque Seigneur Avente eut le temps de me pousser par le trou qui se refermait.
Plongeait dans l'obscurité, le souffle court, je m'étais retrouvée en compagnie de l'adepte mais également de Belethar. L'angoisse s'était immiscé dans mon sang en étant ainsi séparé des autres. Tout pouvait arriver, et voilà que nous n'étions plus que trois.

Suite à la réparation d'une des machines et de nos petites péripéties dans les vestiges de l'ancien temps, notre chemin nous mena alors jusqu'à un grand hall qui me donna immédiatement le tournis. J'avais la gueule entrouverte, les oreilles en avant et sûrement des milliers d'étoiles pétillantes dans les yeux tant la beauté et la qualité de l'endroit était incroyable. Il y avait cette grande table, cette immense statue sculptée en forme de Graärh, beaucoup trop de faits pour mon petit cœur qui ne tarda pas à briser une partie de la carapace que j'avais construite. Les larmes aux yeux, je portais une patte sur mon museau en me retenant de bondir de joie et d'excitation tout  en oubliant le but premier de notre mission. J'en étais sûr, au fond de moi, je le savais que les Graärhs avaient été un jour des êtres incroyables. Comment avions nous pu régresser autant ?... La réponse à cette question, je commençais à la comprendre hélas.

J'installais le petit bouchon d'oreille comme mes amis en avançant dans cette spacieuse salle avant de m'arrêter en écoutant les paroles provenant du bouchon. Cette magie était véritablement incroyable !

« Bonjour cher visiteur et bienvenu à Aadphorjmik […], Un de nos automates va venir vous apporter un café afin de rendre plus agréable votre attente. »


Tout aussi étonnée que émue, je visitais chaque recoin avec un intérêt dévorant. L'idée qu'il restait encore une personne vivante ici me créait beaucoup de questionnement mais aussi de perplexité. Peut-être qu'il s'agissait seulement d'un automate de plus ?
Je redressais les oreilles en écoutant les questions de Naal. Questions que j'avais moi-même dans ma tête sans oser les dire à voix haute. Au moins, pouvait-on dire que nous étions dans le même désarroi.

J'hossais les épaules en faisant traîner une griffe sur la table central.

- On dirait presque qu'il fait exprès de nous embrouiller. Je continuais en marmonnant comme pour moi-même en essayant de trouver un résonnement censé à toutes mes questions. Je ne vois pas comment un Graärh peut encore vivre ici seul et depuis si longtemps. C'est im...

Je n'eus cependant pas le temps de poursuivre mon dilemme quand une porte s'ouvrit sur un côté. Bondissant de surprise, le poil tout gonflé, j'observais un automate venir jusqu'à moi avec un jolie petit plateau d'argent avec au milieu une tasse tout aussi raffinée et encore fumante. Intelligente que j'étais, je jetais un regard vers Belethar, puis Naal, puis vers l'automate bien trois fois de suite avant de me saisir de la tasse les moustaches frémissantes de timidité.

- Hum... merci beaucoup.

L'automate s'en alla comme il était venu et je restais planter là au milieu d'un site chargé d'histoire avec une tasse dans les pattes. L'odeur piqua ma curiosité. Cela sentait étrangement bon et la chaleur qui s'émanait d'elle me disait bien de le goûter. Après tout, j'avais une certaine confiance en ce lieu, ce qui était bien étrange me connaissant.

- Ça à l'air bon, dis-je en m'adressant à mes amis en souriant bêtement.

Je reprenais une mine sérieuse en portant la tasse à mes babines pour en boire une petite gorgée. C'était sincèrement bon et fort en goût comme j'appréciais mes propres infusions. Passant la langue sur le nez je tendais la patte vers Belethar ne sachant pas trop qu'elle était la meilleure chose à faire pour ne pas paraître impolie à siroter seule.

- Si vous en voulez, sa réchauffe, je n'ai à vrai dire jamais goûter une chose pareil. Du... café, je crois que c'est comme cela qu'il a appelé le breuvage. Bien sûr, Naal aussi si vous en voulez, enfin... oui enfin servez-vous je ne veux pas boire seule alors que l'on ne vous à rien proposer... Pourquoi personne n'est venu pour vous d'ailleurs ? Demandais-je alors soudainement intriguée.

"Chez visiteur, j'entends que vous avez beaucoup de questions et votre entrain d'en savoir plus sur les entreprises Ychgama fait plaisir à voir. Afin de rendre plus agréable votre attente, nous vous proposons un petit voyage dans l'histoire."

Je sursautais de nouveau en soufflant bruyamment. Mes vieux démons étaient en train de réapparaître alors que nous étions dans les souterrains depuis … depuis un temps inconnu.

Lorsqu'une porte s'ouvrit dans le grand hall, j'écarquillais les yeux encore une fois prise au dépourvue. Et là ? Que fallait-il faire ? On nous avait demandé de patienter jusqu'à ce que quelqu'un viennent à nous et maintenant on nous proposait une visite ?

- Nous étions à la base partie arrêter une Couronne de Cendres, dans quel endroit avons nous mit les pattes déclarais-je piquée par une curiosité sans gêne.

Contournant la grand table je m'arrêtais cependant en percevant des carcasses d'automates dans un coin sombre du hall. De là, je distinguais pour la première fois un début d'escalier, un détail qui ne me disais rien qui vaille.

- Regardez, je n'avais même pas vu tout ces débris avant... Vous... vous pensez que c'est l’œuvre de Rog ?

Encore une question, une question qui s'ajoutait au panier à questions dans ma tête. Bientôt elle allait déborder si cela continuait. C'était sans doute déjà le cas d'où l'apparition d'une migraine derrière mes petits yeux.
Une petite discussion eu lieu, savoir qu'elle était la meilleure chose à faire. Continuer à se retrouver derrière Rog, prendre un nouveau chemin qui pourrait répondre à certaine de nos questions ? Perdre de temps, ou en gagner ? Un dilemme bien contraignant mais la conclusion avait été la même pour Naal, Belethar et moi-même. Prendre le couloir pour en apprendre plus sur cette « entreprise ».

Nous nous mirent alors en chemin. Quittant le grand hall pour passer la porte qui se referma directement après notre passage. Mes poils sur ma nuque se hérissèrent légèrement et j’attrapais d'un coup le bras de Belethar et de Naal de chaque côté de moi, lorsque le sol se mit à bouger sous nos pieds. Nous... nous avancions ?! Sans bouger !

- Oh euh... désolé chuchotais-je affreusement honteuse en desserrant mon emprise autour des deux hommes. Je ne m'attendais pas à ça.

« Que tu peux être sotte ma pauvre ».
Un petit rire nerveux suivit alors que j'essayais de regarder sous mes pattes pour comprendre la sorcellerie. L'espèce de tapis roulant se mit alors à monter créant ainsi des marches. Voilà que j'assistais à une construction d'escalier aussi fascinante qu'incroyable. Je gardais une gueule entrouverte et un petit air hébété. Mon cœur faisait des bons tandis que de nouveau la voix se fit entendre.

«  Fondez par Paanevaala Ychgama, le groupe Ychgama n'a depuis sa création que pour objectif la progression et la facilitation. La progression de notre société et la facilitation de notre vie courante."

J'écoutais avec attention le guide invisible relater l'histoire du fondateur. Forgeron modeste, il était partie de rien avec huit enfants à sa charge. La voix changea lorsqu'on entendit alors un enregistrement propre à Paanevaala. Une voix portant les traits d'un Graärh âgé mais si savant... Je me délectais de ce que le fondateur pouvait bien raconter. Tout avait commencé alors que le Graärh emmenait ses petits à la pêche. Il aurait reçu une espèce d'illumination sans trop savoir son origine exact. Coup de soleil ou coup des esprits ? De cette vision, il c'était sentit obligé de faire un pèlerinage jusqu'au Baôli ou là-bas, il aurait prit contact avec l'esprit-lié du Scarabée. Tout commença suite à ce fameux jour. De là, il créa le premier prototype de machine autonome à l'aide d'un « éclat de cristal ».

La voix changea de nouveau. Je pouvais écouter le récit de Paanevaala encore des heures pourtant. Le guide reprit donc en avançant les débuts de l'entreprise. D'une forge, l'entreprise gagna de l’ampleur, des employés, les premiers étant ses propres enfants apparurent ensuite. Puis, d'une affaire familiale, l'entreprise Ychgama attira « les Trentes ».

Les oreilles toujours dressaient en écoutant la voix relater la fin de vie du fondateur puis la succession, le couloir dans lequel nous défilions maintenant portait de part et d'autre des murs de magnifiques portraits. Ni peinture, ni gravure ni quoique se soit connu des Graärh de mon époque faisait office d’œuvres. Non, les portraits et autres images semblaient avoir été prise à temps réelle. Comme si on pouvait tendre la patte pour plonger dans le passé. Et encore ! Je frottais mes yeux lorsque je cru en voir une bouger.

- Je... je n'ai pas les mots.

Bouleversée oui ! Par les esprits-liés cette découverte était des plus incroyable qui soit. Si tout les Graärhs de la Légion pouvait avoir la chance de venir jusqu'ici... Comprendraient-ils au moins ? Nyana... Dire qu'elle ratait ça. Malgré nos différences il fallait absolument que je décrive tout ceci dans un carnet afin qu'elle puisse les lire quand tout irait mieux.

Les portraits furent enfin ceux de tout les présidents de l'entreprise. Tous des Ychgama avec leur date de naissance et leur date de décès. Cette famille !

Le dernier président de l'entreprise arriva enfin portant le nom de Udyog Ychgama. De la prestance et du charisme il en avait, ça je pouvais le dire. Pourtant, ce n'était pas sa beauté qui attira mon regard mais bien les inscriptions au dessus. Mon sang se glaça alors : une date de naissance, une date de décès, puis une nouvelle date de naissance datant d'il y deux années. Pour être plus exact, dans quelques jours, cela ferait deux ans que se soi-disant Udyog aurait, reprit vie ?

"Nous arrivons enfin dans le hall du savoir où toutes vos questions au sujet des entreprises Ychgama trouveront réponses".

Mes amis avaient sûrement du voir la même chose que moi. Ou peut-être que je disjoncter après tant de nouvelle d'un coup ? Dans tout les cas, je n'étais soudain plus du tout tranquille, ma queue battait l'air tandis que le sol s'arrêtait de bouger nous laissant ainsi découvrir une nouvelle salle circulaire. Nous étions maintenant sur un étage ouvert, ou une autre pièce en dessous pouvait être distingué par dessus la rambarde. Je notais avec une anxiété grandissante la pièce toute poussiéreuse qui n'avait certainement rien à voir avec ce que nous venions de quitter. Je me penchais au sol pour ramasser un petit morceau de cristal en remarquant que le sol en était garnis en plus d'autres débris avec toujours plus de poussière. Puis en ouvrant la gueule pour parler de Udyog, je m'arrêtais soudain en entendant une voix en contre-bas. Lointaine, je percevais notamment des bruits de mouvements atténués. Ce que j'avais reconnu, et ça je pouvais en être sûr c'était bien un langage humain en dessous de nous.


Directive :



Udyog Ychgama :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
La voix de Naal lui était rassurante et allégea quelque peu cet étrange sentiment de solitude qui l’avait étreint en les voyant disparaître derrière cette muraille fourmilière. Il aurait presque souri quand l’oracle le mit en garde contre le dragon. Car assurément, il ne lui demandait pas de faire attention à lui dans le sens de prendre soin de la créature ailée… Mille et un dangers les guettaient, dont potentiellement l’une des Couronnes les plus vicieuses, mais le dragon semblait bien plus traitre encore aux yeux de Naal. Et cette mise en garde, signe de l’inquiétude que son amant lui portait, lui mit du baume au coeur.

Tout le temps de leur avancée, il reçut des nouvelles régulières de celle de l’autre groupe, grâce à son anneau unique, et lui-même tentait de tenir Naal au courant. Toutefois, bien vite, quand ils arrivèrent dans le tunnel d’eau souillée, les communications semblèrent se brouiller… Était-ce simplement dû à cette eau stagnante et bourdonnante de magie qui semblait aliéner leurs glyphes ? Ou y avait-il encore d’autres protections contre la magie en ces lieux ? Il avait nettoyé ses anneaux, ses précieux, si précieux, alliés, en même temps que la pythie, mais pour autant, les communications ne semblaient toujours pas passer. Et son sentiment de solitude revint en flèche.

Plus encore quand Alkhytis décida de bifurquer dans les ombres, comme pris d’une soudaine lubie.

« Attendez un instant… je crois apercevoir quelque chose par là… »

Mais bien sûr, attendre, ils n’avaient que cela à faire, attendre ! songea-t-il, une once d’agacement, titillée par son inquiétude d’être coupé des autres et de ne pas savoir ce qui leur arrivait, griffant sa patience légendaire. Après une profonde inspiration, il parvint toutefois à se forcer à… attendre. Il se résolut à cette infortune en songeant que cela permettait aux hommes encore fragiles suite à leur blessure de récupérer quelque peu. Jusque-là ils ne les avaient que peu ménagés. Cette petite halte ne leur serait pas forcément inutile…

Et déjà Alkhytis revenait, avec quelques trouvailles… intrigantes. Fort intéressantes. Aussitôt curiosité pointa le bout de son nez, comme souvent chez l’althaïen, et chassa quelque peu ses préoccupations. On lui présenta une sorte de cristal, assez détérioré. Cependant, bien qu'il soit brisé et irisé d'une façon différente de ce qu'il avait pu avoir entre les mains, Ilhan reconnut sans peine de quoi il s'agissait : un cristal de magie. Ni plus ni moins. De ces ingrédients dont on se servait pour concevoir les glyphes, de ceux que l'on retrouvait au sein des golems non loin du lac d'Émeraude. Y aurait-il de telles créatures ici aussi ? Vigilance constante était de mise !

Mais ce qui attira plus encore son attention fut l'étrange et frêle petite créature avec laquelle le garde semblait se battre : alors qu’il l'attrapait entre ses mains, la créature parvenait à se faufiler et tous deux dansaient un ballet qui aurait pu être des plus comiques en d’autres circonstances. Ilhan plissa les yeux pour mieux observer ce petit mystère animé : la créature ressemblait… à une sorte de petit bouchon noirâtre, capable de filer à vive allure à l'aide de ses petites pattes sur les mains et les bras du soldat. Ilhan demanda au dragon ce qu’était cet objet, et fut encore plus intrigué quand lui fut conté ce qui s’était passé. Ce que le bouchon avait… "dit". En fanatique de communication rapide qu’il était, forcément cet objet l’attirait plus encore… Ainsi il permettait de communiquer... A qui ? Comment ? L’althaïen tenta alors de s’emparer du bouchon, avec délicatesse, et lança dans le même temps un sort d’identification sur l’objet. Le petit bouchon se débattit un peu, mais finit par se laisser faire quand il commença à user de magie. Comme si cela… l’apaisait ? Sans surprise, Ilhan perçut effectivement de la magie en cet objet. Plus encore : en cette chose, un cristal de magie était incrusté. Sans doute minuscule, mais bel et bien présent. Le bouchon possédait des glyphes qui lui rappelèrent sans peine ceux de son anneau unique, même si un peu différents, ou du moins l'esprit du glyphe était le même, mais en plus complexe. Oui, fascinant… Et pourtant cet objet semblait extrêmement vieux et l'âge ne lui avait pas fait de cadeau !

N’y résistant guère plus, Ilhan approcha alors le bouchon à son oreille, comme Alkhytis le lui avait décrit. Et il se passa… exactement la même chose que ce qu'il lui avait dit : un choc électrique, tel un coup de foudre, lui vrilla l’oreille, puis il entendit dans sa tête les mêmes paroles qu’on lui avait rapportées… avec les mêmes grésillements désagréables à vous en faire frémir les tympans.

Tout à son observation, il demanda à Alkhytis de tout lui raconter, et mieux même, de l’amener à cette salle. Temps perdu pour temps perdu, autant essayer d’en comprendre plus. Il ne savait pourquoi, mais il avait l’intuition qu’au final il fallait peut-être suivre l’instinct draconique qui l’avait mené à aller voir cette salle.

Une salle elle aussi des plus étranges, comme tout ce qu’ils avaient pu rencontrer jusque-là. Grande pièce circulaire, en son centre trônait un large piédestal incurvé et bordé de barrières. Face à celui-ci se tenait une créature à l'allure bipédique, mais constituée apparemment du même métal que les fourmis vues précédemment... et probablement du même métal que tout cet édifice, songea l’althaïen. La pièce était dans un sale état, poussières volaient autour d’eux au moindre pas. Mais pire encore, une tempête semblait avoir rugi en son sein et avait tout dévasté sur son passage, au vu des multiples débris qui jonchaient le sol. Des débris métalliques ainsi que des fragments de cristaux… Le plafond de la salle planait haut au-dessus d’eux, laissant deviner au moins un étage en raison des rambardes, voire peut-être plus. Il aperçut le long des murs de plus petits piédestaux, tous vides sauf un, qui, de loin, semblait présenter une sorte de maquette. Rapidement également, son œil avisé nota la présence, dans l'un des coins de la pièce, d’une porte. Fermée. Seule autre issue apparente de cette pièce immense, outre la porte qu’ils venaient d’emprunter.

Ilhan reporta son regard sur le bipède de métal situé face au piédestal central et observa le crâne fendu et le bras en moins, tout en écoutant le récit d’Alhyltis. Le crâne était vide, et le cristal en leur possession provenait de là, lui disait-il. Le dragon avait demandé au soldat l’accompagnant de l’enlever… Le bipède de métal aurait-il donc été capable de s’animer grâce au cristal ? À cette pensée, Ilhan tenta de replacer ledit cristal dans le crâne… En vain. Rien de ne se passa. Déception et dépit l’envahirent un court instant. Alkhytis avait sans doute endommagé définitivement cette créature en enlevant le cristal… Mais peu importait, se rabroua-t-il mentalement. Ce qui était fait était fait. Peut-être aurait-il commis la même erreur, après tout, tout leur était une totale inconnue en ces lieux.

Son regard se porta alors sur le bras encore en place sur le bipède, dont le poing était légèrement serré. En forçant un peu, remerciant sa nature de sainnûr qui l’aida, il parvint à ouvrir le poing et vit alors d’autres petits bouchons au creux de la paume. Paume dans laquelle il y avait comme une petite encoche… comme si le bipède métallique servait à distribuer ces petits bouchons. Sans attendre, Ilhan s’empara des petits bouchons, resta songeur quelques secondes à peine, à les observer, puis les tendit à un homme tout en s’adressant à Alkhytis :

Peut-être l’un d’eux fonctionnera mieux que celui que vous avez trouvé. Accepteriez-vous de les tester ?

Après tout, en tant que dragon, il serait assez apte à tester ce genre d’objets magiques ? Et sait-on jamais, ces bouchons pourraient bien leur servir…

Alors que l’homme le déchargeait des petits objets et s’empressait de les tendre un à un au dragon, l’althaïen reporta son attention sombre sur la salle, de plus en plus déterminé à l’examiner avec minutie. Même si le temps s’égrenait, il escomptait que c’était là du temps investi pour comprendre dans quoi ils mettaient les pieds et comprendre le possible danger à venir. Il n’était pas réputé pour foncer tête baissée sans informations… et puisqu’il était coupé de toute source d’informations, son anneau refusant de répondre, il allait devoir les récolter lui-même.

La première chose qu’il finit d’examiner fut la créature de métal, créature qui semblait en fait soudée au sol, liée au piédestal central, comme destinée à servir ici à jamais sans pouvoir se déplacer. Le piédestal quant à lui prenait presque toute la pièce, incurvé un peu comme une coupole, et contenait en son centre un socle. La base d'un morceau de très gros cristal, bien plus gros que ceux vus jusqu’ici, était enfoncée dedans, mais malheureusement tout autour du socle d'innombrables éclats étaient épars, certains plus gros que d'autres. Certainement provenaient-ils tous du même cristal. Ilhan n’aperçut sur le piédestal aucune inscription particulière permettant de le guider. Il devinait toutefois que le gros cristal endommagé avait sans doute un intérêt, une utilité… si on parvenait à le reconstituer.

D’un regard sombre, il jaugea les différents débris au sol. Certains provenaient assurément du bipède métallique, mais d'autres provenaient d'autres objets. Certains semblaient pouvoir s'emboiter, et d'autres non, mais il y avait tant et tant de morceaux d'objets différents alors… Reconstituer le tout serait une véritable partie d’énigmes, et il était fort probable qu'il manquait certains morceaux des différents objets. En observant les rambardes, Ilhan songea d’ailleurs que certains desdits objets avaient dû être jetés depuis les étages supérieurs… Non, tout reconstituer serait fastidieux et inutile. Par contre, ils pouvaient tenter de reconstituer au moins le gros cristal du piédestal, sait-on jamais. Aussitôt l’althaïen ordonna alors à la poignée d’hommes aux bras ballants de s’en charger.

Pendant qu’ils s’activèrent, il alla examiner lui-même la porte. Fermée, mais non verrouillée. L’ouvrir serait sans doute difficile, mais pas impossible. Elle tenterait sans doute de leur résister, mais ils étaient plusieurs, ils devraient y arriver. Il lança rapidement un sort de perception pour voir ce qu’il pouvait y avoir au-delà, et vit alors un escalier permettant de rejoindre le premier étage de la salle. Ce qui correspondait en effet aux petits pictogrammes au-dessus de la porte, présentant une flèche avec un bipède de type Graärh et la forme d'un escalier… Bien, au moins savaient-ils comment rejoindre l’étage supérieur. Il tendit l’oreille, aux aguets, mais aucun bruit ne se fit entendre. Les hommes étaient toujours au labeur avec le gros cristal, et le dragon et son comparse bipède testaient les bouchons.

Ilhan reporta alors son attention sur les derniers éléments de la pièce : les piédestaux contre les murs. Quand il s’en approcha, il put constater que devant chaque piédestal se trouvait une large encoche et que dans certaines d'entre elles restaient des morceaux de cristaux. Encore et toujours ! Il sentait encore des résidus de magie palpiter en eux d’ailleurs, une magie qui était bien plus vive dans le piédestal de la maquette. Il s'agissait donc probablement d'un mécanisme magique lié aux expositions. Un piédestal pour chacune. Intéressant. À croire que tout ici ne fonctionnait que grâce aux cristaux… Une bonne chose à savoir en tout cas.

La maquette l’attira, et aviva sa curiosité. Il reconnut sans peine une maquette de bâtiment, très probablement celui dans lequel ils se trouvaient. Certaines parties pouvaient coulisser, bouger, mais quand il s’y essaya, elles lui résistèrent. Avec un soupir, il observa le socle au niveau du piédestal portant la maquette, et le cristal à l’intérieur. De tous ceux qu’il avait pu voir jusqu'ici, celui-ci semblait le moins endommagé. Il y avait certains éclats au sol, mais il avait bien plus de chance de parvenir à le reformer en entier… Après quelques minutes, il parvint à reconstituer partiellement le cristal de la maquette. Il manquait encore quelques morceaux, essentiellement des petits, mais il sentait la magie vibrer bien plus encore du socle. Toutefois… rien ne se passa. Déception le happa, avant qu’il ne réalise une chose, grâce à ses sens de sainnûr qui percevait la trame : contrairement aux autres pièces visitées jusqu'ici, ce lieu n'était pratiquement pas alimenté en magie. Peut-être fallait-il fournir une source quelconque pour alimenter un peu les éléments de cette pièce ?  

Ilhan lança alors, le coeur battant, un sort d’innervation afin d’insuffler un peu d’énergie et d'aider à sa régénération… Et ce fut avec un soulagement évident et une certaine joie qu’il sentit la vibration devenir un peu plus forte, puis se calmer, avant que, enfin, le cristal ne se mette à illuminer. Et soudain, au-dessus du cristal, une sphère magique apparut.

Quelques secondes s’écoulèrent sous la surprise, avant qu’il ne se force à reprendre son observation et sa partie d’énigmes. Il aperçut alors des sortes de striures sur la sphère, et sur chaque flanc des sortes d’empreintes de paume Graärh, comme si des mains venaient enserrer l'orbe. Il n’avait ni les griffes ni l’envergure de ces paumes, mais… il lui fallait bien essayer… Il posa alors ses mains tremblantes sur les emplacements, le coeur palpitant, et… attendit. Rapidement, il sentit un petit fourmillement au niveau de ses mains et dut faire appel à sa volonté de fer pour ne pas les retirer sous l’appréhension. Grand bien lui en prit. Il sentit que l'orbe lui permettait de prendre le contrôle sur la maquette face à lui ! Il pouvait enfin faire bouger les parties coulissantes, et ce sans plus aucune résistance. Avec un certain émerveillement, son esprit d’enfant jouant prit un court instant le dessus, puis il se força à se reconcentrer. Il les fit alors bouger, tout en observant attentivement si des parties de la maquette correspondait à l'endroit où il était, ou si des pièces à bouger lui évoquaient quelque chose.

La sphère bougea entre ses doigts… et des parties du toit de la maquette commencèrent à coulisser, avant que celui-ci ne finisse par s'ouvrir en deux comme une maison de poupée. Un grand sourire aux lèvres, Ilhan continua, et ce qui se trouvait à l'intérieur de la maquette s'éleva pour finalement en sortir. Un véritable plan se dessinait alors devant lui… Il s’enivrait de cette magie et de cet instant unique, de ce jeu palpitant qui s’offrait à lui. Il dut se forcer à se sortir de cette transe fascinée, pour se focaliser sur le plan. Sur le plan, et surtout les informations cruciales qu’il pouvait lui donner. Revenant alors, avec peine, à un semblant de sérieux et de concentration, il aperçut sur le plan cinq étages. Il se trouvait, comme il pouvait s’y attendre, au rez-de-chaussée. Mieux même, quand il choisissait un étage, celui-ci s'avançait vers lui pour lui permettre de mieux voir...

Un petit point lumineux palpitait sur le plan en maquette, et correspondait vraisemblablement à l'endroit où ils se trouvaient. La pièce dans laquelle ils étaient avait bel et bien plusieurs étages : deux étages précisément.

Il parvint à distinguer le chemin qu’ils venaient de prendre pour atteindre ce lieu et remarqua que de là où ils venaient se trouvait une succession de salles de grande taille. Il aperçut clairement dans ces salles des sortes de petits bras de métal qui s'activaient, avec une sorte de petit circuit sur lequel glissaient des objets, tout en répétant les mêmes mouvements en boucle… exactement ce qu’ils avaient pu apercevoir de leurs propres yeux dans la salle par laquelle ils étaient arrivés. Sur le plan, il y avait énormément de pièces du même genre, et toutes les pièces ne semblaient pas reliées entre elles. Il y avait même comme des sortes de vides… Était-ce effectivement des pièces vides ? Ou s’agissait-il d’autre chose encore ? Tels… des passages ou des pièces secrètes gardées non visibles aux possibles visiteurs ? Cela titillait sa curiosité, mais le plan refusa de lui en montrer plus à ce sujet.

Il s’apprêtait à mémoriser le tout, quand deux autres salles, toujours sur le plan du rez-de-chaussée, achoppèrent son regard. D’abord une salle assez grande, non loin de celle dans laquelle ils étaient, qu’ils pouvaient rejoindre sans peine par le couloir qu'ils venaient de prendre, avant d'arriver dans ce hall du savoir. Il vit dans cette salle une sorte de large bureau devant une grande statue, dans un coin des tables et chaises, de la décoration florale, et surtout, derrière la statue, un escalier menant au premier étage.

L’autre salle du rez-de-chaussée que lui indiquait le plan était d’immense taille comparée à toutes les autres. Mais l'intérieur était intégralement vide. Là où, dans toutes les autres représentations, il était indiqué ce qu'il y avait à l'intérieur, celle-ci était totalement vide. Vide… comme si l’on ne voulait pas qu’ils voient ce qu’il y avait dedans. Rien que cela indiquait une possible destination… Cette salle était immense aussi bien en dimensions horizontales que verticales : elle s’étendait sur pas moins de quatre étages visiblement. Son seul accès semblait venir du premier étage. Apparemment, de ce qu’il comprenait du plan, il leur faudrait aller dans la salle du bureau, emprunter l’escalier derrière la statue pour gagner le premier étage, et seulement là ils pourraient atteindre cette salle immense. Elle ne semblait présenter aucun accès direct depuis le rez-de-chaussée.

Autre détail important d’ailleurs, la pièce dans laquelle ils se trouvaient actuellement, le musée visiblement, ne semblait elle-même ne donner d’accès au reste qu’en passant par le rez-de-chaussée… en reprenant le couloir qu’ils avaient quitté précédemment. Il ne semblait pas y avoir de liaison directe au premier étage entre cette salle du musée et l'autre salle avec le bureau, sorte de salle d'accueil. Il fallait apparemment obligatoirement passer par le rez-de-chaussée. À moins qu’il n’y ait quelques passages cachés ?

Enfin un dernier détail l’intrigua. Il remarqua que le cinquième étage était le plus petit de tous. En fait l'édifice se finissait en hauteur par d'immenses "flèches", et le cinquième étage était composé de ces différentes flèches…

Bien, voilà des informations intéressantes. Peut-être cruciales, pour s’orienter dans ce qui semblait être un véritable labyrinthe Graärh antique. Il tenta alors de tout mémoriser, même s’il lui serait peut-être difficile de se rappeler de chaque détail. Il aperçut alors que ses hommes avaient eux aussi réussi à reconstituer, en partie, le gros cristal du piédestal central. Ledit cristal commençait d’ailleurs à s’illuminer un peu. La sphère toujours entre les mains, et le plan encore levé devant lui, Ilhan sentit qu’il y avait moyen de faire glisser ce qu’il était en train de faire vers le piédestal central, sans qu’il ne sache comment lui venait cette intuition, conviction. Sans attendre, il opéra. Les morceaux de cristaux réassemblés s'illuminèrent, et la maquette réapparut au-dessus du piédestal central, en une représentation magique d'image de grande taille, en une projection à échelle bien plus grande. Cependant elle était devenue quasi illisible, comme si plein de trous la constellaient et la rognaient. Certainement dû au fait que le cristal central n'était pas complet, songea-t-il, presque déçu. Au moins tous purent apercevoir l’ébauche de plan…

Un lourd soupir lui échappa, quand, soudain, il entendit des bruits venant de l’étage. Une porte qui s’ouvrait… D’un geste de tête, il indiqua à ses hommes de se rabattre sous les rambardes, tout en rejetant lui-même la projection géante de la maquette vers son emplacement d’origine, hors de vue des nouveaux arrivés, sans encore lâcher totalement la sphère. Ordre bien futile toutefois, constata-t-il rapidement, quand son ornithorynque lui souffla les Esprits-Liés nouvellement entrés. La baleine, le pangolin et la corneille si rassurante de son amant… Le pingouin de son presque-frère… L’araignée et le raton-laveur de Reynagane… Ils étaient de retour et les avaient retrouvés ! Et alors que le soulagement le percuta de plein fouet et lui ôta ce poids qui comprimait sa poitrine, il nota, avec une certaine surprise, qu’ils étaient apparus… par aucun passage indiqué sur le plan. Ils venaient d’entrer (il avait parfaitement entendu le bruit d’une porte) au premier étage du musée… Or aucune issue n’était indiquée sur le plan aux étages supérieurs de cette pièce. Cela voulait donc dire… qu’il existait bel et bien des passages cachés, non indiqués sur le plan ! Y en avait-il un autre du même genre encore dans cette pièce ? Pouvaient-ils ainsi trouver un passage plus rapide vers la pièce immense qu’il avait aperçue et qui l’intriguait tant ?

Naal, Belethar, Reynagane, appela-t-il aussitôt. Quel soulagement de vous revoir. Tout le monde va bien ? Nous sommes en bas.

Il s’empressa de copier la baleine et de mémoriser autant que possible tout le plan qu’il avait ainsi visité, puis lâcha enfin la sphère. Certes, la mémoire de la baleine ne jouerait pas grandement sur lui, mais il pourrait implanter le plan dans l’esprit de Naal, qui, lui, avait une mémoire eidétique… Ils seraient sûrs d’être plusieurs à avoir le plan en tête… et surtout de n’en perdre aucun fragment !

Rejoignez-nous, il y a un escalier qui vous permet de descendre, fit-il, tout en se montrant enfin en vue des rambardes et en pointant la porte du doigt.

Il indiqua alors à trois hommes d’ouvrir la porte. Puis soudain, Ilhan se ravisa.

Non, attendez, ajouta-t-il rapidement en direction de ses compagnons au premier. Nous allons vous rejoindre… J’ai trouvé… J’arrive.

Il n’avait aucune envie de forcer la voix à leur expliquer d’en bas. Et il n’était guère sûr qu’il soit le plus judicieux de descendre, ils semblaient avoir exploré tout ce qu’il y avait à observer dans cette partie de la pièce. Peut-être serait-il intéressant de regarder au premier et deuxième étage ? Se concerter sur la question leur serait utile.

Bien rapidement, ses hommes parvinrent à forcer la porte, même si elle tenta de leur résister, et Ilhan passa le premier, montant presque les marches quatre à quatre, arrivant presque essoufflé à la hauteur de ses compagnons. Il s’apprêtait à enlacer Naal, mais se retint, quand il avisa l’état dans lequel il se trouvait lui-même, après avoir pataugé dans cette eau souillée. Cette eau qui détériorait les glyphes… ce serait idiot que tous soient contaminés par cette… infection. À cette pensée, il retroussa le nez, ses sens althaïens répugnant à se trouver dans cet état pitoyable.

Mieux vaudrait ne pas nous toucher. Nous avons dû passer par une canalisation dont l’eau avait de redoutables propriétés magiques. Nos vêtements sont contaminés et leurs glyphes semblent… inopérants. Ou en tout cas, des plus capricieux.

Il leur raconta alors rapidement leurs découvertes : la canalisation, l’eau et ses propriétés, les lames étranges qu’il avait dû neutraliser pour passer, la salle aux bras mobiles, puis toutes leurs trouvailles dans cette salle, les bouchons étranges, les cristaux et le fait que tout semblait fonctionner par ces cristaux, le bipède de métal, et… le plan.

Un plan dont aussitôt il imprégna l’esprit de Naal, en lui touchant le front avec affection, alors qu’il usait de sa baleine pour lui transmettre ce fragment de mémoire au complet.

Tu te souviendras bien plus que moi de tous les détails. Et mieux vaut être plusieurs à connaître ce plan, si jamais…

Il ne finit pas sa phrase, mais elle devait résonner dans l’air. Si jamais ils se retrouvaient à nouveau séparés...

Alkhytis, avez-vous trouvé des bouchons d’oreille fonctionnels ? s’enquit-il alors.

Puis se retournant vers les nouveaux arrivés.

La salle immense aperçue sur ce plan m’intrigue. Elle semble vide sur le plan, mais je doute qu’elle ne le soit vraiment. Son seul accès apparent est par le premier étage. Mais pour parvenir à ce premier étage, le plan semble indiquer que nous devons redescendre…

Il indiqua les escaliers qu’il venait d’emprunter, puis le rez-de-chaussée du musée, qu’il venait de quitter.

Emprunter le couloir dans l’autre sens, rejoindre cette salle au bureau, emprunter alors l’escalier qui s’y trouve derrière la statue. Là nous arriverons au premier étage, et nous pourrons accéder à de nombreuses salles alors, dont cette salle immense. À moins…

Il regarda la porte par laquelle ses compagnons venaient d'arriver.

À moins qu’il existe d’autres passages cachés comme celui-là. Cette porte, cet accès, n’était pas indiqué sur le plan. Allez savoir s’il y en a un autre ici…

Il désigna le premier étage où ils se trouvaient dès lors.

Ou au-dessus.

Il désigna cette fois le deuxième étage du musée, qu’ils pouvaient apercevoir.

Et à voir aussi si accéder à ce cinquième étage si étroit serait utile. Cet étage aux salles étranges et si petites.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
De toutes les choses qu’il avait été donné de voir à Belethar, celles qu’il découvrait dans ce gigantesque édifice de métal fut des plus incroyables, et des plus surprenantes. Qui pouvait croire que la population des Graärh tel qu’elle était aujourd’hui pouvait avoir dans son histoire, bâti tout un empire technologique qui dépassait de très loin la compréhension du Baptistrel ?

La réponse à cette question appartenait à l’Histoire qui s’apprêtait à lui être conté : ainsi, en compagnie de son compagnon adepte de Néant et de son amie Graärh, ils entendirent le récit de “l’entreprise Ychgama”, et donc de “Aadphorjmik”, le bâtiment dans lequel ils se trouvaient manifestement. Belethar qui ne connaissait pas grand chose des histoires du peuple autochtone de Tiamaranta autres que les quelques conversations qu’il avait eu avec les félins qu’il avait pu rencontrer de son côté.

Quoi qu’il en soit, l’édifice était pour le moins saisissant et les nombreuses pupilles de Belethar ne savait plus où donner de la tête : entre les petites choses technologiques qui grouillaient ça et là, le petit bouchon noir faisant résonner la voix du petit robot qu’ils avaient aidé à reconstruire, mais aussi en découvrant les immenses couloirs et pièces du bâtiment qui ne semblait n’en plus finir. Cela laissa sans voix l’architecte qu’était l’Espérancieux, qui veillait cependant bien à prendre des notes dans son esprit quant à l’ensemble architectural et à avoir quelques regards  curieux sur ces êtres de métal qui se succédaient.

Depuis qu’il avait accueilli Nasod dans son quotidien, l’Espérancieux était un grand curieux des êtres qui habitaient l’archipel. La faune si diversifiée l’impressionnait, du moins tout ceci était quelque chose qu’il n’avait jamais vu sur l’Ancien Continent.

Cependant au milieu de tout ceci, il ne fallait pas oublier que le danger d’une Couronne de Cendres planait toujours sur eux, et cela Naal le rappela bien aux oreilles de l’être mécanique, qui ne tarda pas d’avoir une petite formule dans son sac :

“Cher visiteur, j'entends que vous avez beaucoup de questions et votre entrain d'en savoir plus sur les entreprises Ychgama fait plaisir à voir. Afin de rendre plus agréable votre attente, nous vous proposons un petit voyage dans l'histoire."

Belethar acquiesça, faisant signe à l’être mécanique qu’il était d’accord, et reporta son attention sur Reynagane qui l’avait interrogé quelques secondes avant cela, prenant volontiers un peu de sa boisson, et se sentant étrangement réchauffé et énergisé après une gorgée. Il répondit à sa camarade Graärh, alors qu’il vit un peu plus de la grande pièce dans laquelle ils étaient rendus :

“J’imagine que cela veut dire qu’ils ne nous connaissent pas. Après tout, notre arrivée sur cette archipel est très récente comparativement à l’histoire de votre peuple.”

Le Baptistrel du Néant fut ensuite attiré par la remarque de Reynagane, qui soulignait la présence de carcasse d’automates devant un escalier, et effectivement c’était bien le cas. Quant à savoir si c’était l’oeuvre de Rog, Belethar ne préféra pas se prononcer : le cawr tout jeune qu’il était n’avait pas envie de voir diminuer ses pouvoirs sous le coup d’une affirmation mal placée. Il se contenta de dire :

“Quoi qu’il en soit, nous n’en saurons pas plus à moins d’y aller, ou de suivre cette créature mécanique. Et je suis du genre à penser qu’il vaut mieux connaître chez qui nous sommes, avant d’établir tout jugement.”

La remarque du baptistrel fut entendue, puis collégialement ils décidèrent de suivre le “voyage dans l'histoire” que l’engin leur proposait. Ils se firent guider dans un couloir derrière lequel la porte se trouva fermée d’un seul coup, surprenant quelque peu le Baptistrel. Puis soudainement … Le sol se mit à bouger tout seul sous eux. Belethar écarquilla les yeux, et il sentit la patte ferme de Reynagane se tenir à lui. Tremblement de terre ? Qu’était-ce donc que ce cela ?!

… Belethar resta alerte un instant avant de se rendre compte qu’ils étaient comme une sorte de tapis, les faisant bouger à travers la pièce à une vitesse raisonnable. Très étrange qu’était tout ceci, mais tout était absolument édifiant ici. Là encore, l’Espérancieux s’interrogea bien par quelle sorcellerie tout ceci pouvait bien marcher. Mais il y avait un temps pour tout.

Le Baptistrel assista là encore silencieusement à la présentation des lieux faites par la même petite voix : “Le groupe Ychgama n'a depuis sa création que pour objectif la progression et la facilitation. La progression de notre société et la facilitation de notre vie courante.”. Là-dessus Belethar tiqua bien sur les termes “progression de la société”.

Oui, définitivement, s’il y avait bien le président de cette entreprise dans les lieux, il fallait que Belethar s’entretienne avec lui. Lui-même grand défenseur du Progrès avant tout, il serait curieux de connaître l’avis de quelqu’un d’une toute autre race et culture sur la question.

Toujours est-il, il écouta paisiblement la suite de l’histoire : tout ceci aurait donc été fondé par un graärh spirite du scarabée. Voilà donc pourquoi presque tout était fait de métal ici : une utilisation ingénieuse de son esprit-lié, doublé à un brin de génie … En effet, Belethar retint bien aussi les termes “d’éclat de cristal”, voilà encore pourquoi il avait trouvé de pareilles choses dans les yeux des grosses fourmis par exemple.

En tout cas, qui qu’étaient ces graärh, ils avaient l’air de présenter les choses : bientôt ils entrèrent dans une galerie de portraits et de tableaux qui semblaient mouvants (à ce stade, Belethar avait abandonné tout espoir de trouver quelque chose d’à peu près similaire à leur monde actuel), dans laquelle il vit notamment tous les “présidents” de l’entreprise … Sans grande surprise, tous des Ychgama. Cependant, le dernier portrait attira son attention : Udyog Ychgama. Une date de naissance, de décès … Puis une nouvelle date de naissance.

“C’est lui que nous cherchons.”

Se contenta de dire Belethar, avisant sur la situation. Ils arrivèrent ensuite sur une autre pièce, construite en cercle. Ils étaient au niveau d’un étage ouvert, où une autre pièce en dessous pouvait être distinguée par dessus la rambarde. La pièce était poussièreuse, et crasseuse à n’en pas douter.

Et le comble pour celui qui aimait d’ordinaire les espaces bien agencés, esthétiques, sans fioritures, et sans choses qui trainent, il y avait de nombreux débris au sol. Belethar soupira : Ychgama, une entreprise qui avait probablement révolutionné la vie de milliers de Graärh, mais qui était incapable d’assurer des choses basiques comme le ménage.

C’était très ironique.

Pour autant Belethar ne se laissa pas démonter, et son oreille fut aussi attirée par une voix humaine venant de plus bas :

“Naal, Belethar, Reynagane. Quel soulagement de vous revoir. Tout le monde va bien ? Nous sommes en bas.”

Belethar fut très soulagé d’entendre cette voix qu’il aurait reconnu entre mille : son presque frère, Ilhan Avente, avait suivi ses conseils et ils se retrouvaient enfin. S’il savait tout ce qu’ils venaient de vivre …

Après un instant où ils cherchaient à se rejoindre, Belethar eut enfin de visuel un Ilhan tout poisseux. L’Espérancieux eut un petit regard de pitié envers l’Althaïen qu’était son grand ami. Tel qu’il le connaissait, il ne devait avoir qu’une seule envie : se jeter dans un bain de roses et aux magnolias. Il respecta toutefois ces consignes, et ne le toucha pas, bien qu’il eut enfin de le prendre dans une grande étreinte de soutien comme il avait su le faire par le passé.

L’heure du réconfort viendrait bientôt, Belethar en était certain.

L’Espérancieux fut d’ailleurs assez surpris de voir qu’Alkhytis avait changé de taille drastiquement : était-ce un des maléfices de cet endroit ? Après tout, Belethar ne sentait plus du tout les vibrations qui émanaient ça et là, alors rien ne l’étonnait plus.

Il écouta ensuite paisiblement son presque frère qui fit un compte rendu de leurs découvertes : dans tout les éléments qu’il évoqua, le plan était celui qui retint particulièrement l’attention de Belethar. Du reste, ils avaient vécu des aventures à peu  près similaires, mais il fut content de constater que Ilhan aussi s’émerveillait de tout ceci. Il attendait impatiemment de pouvoir échanger avec lui, et pouvoir partager toutes ces choses, comme ils le faisaient dans des temps où ils étaient un peu moins séparés, dans l’Ancien Domaine.

Belethar avisa sur le plan, se frottant la barbe, en même temps qu’Ilhan partageait ses réflexions. Là, l’Espérancieux trouva judicieux d’interrompre l’Avente pour qu’il raconte ce qu’ils avaient vécu : Les automates qu’ils avaient aidé à se reconstruire, et surtout le discours que leur avait tenu l’être mécanique : le fait qu’ils n’étaient pas répertoriés, les entreprises Ychgama, son histoire, et basiquement tout ce qu’ils venaient de voir. Bien évidemment, ce récit ne fut pas un long monologue, et Belethar laissa de la place pour ses compagnons s’ils désiraient mettre un peu de leur grain de sel là dedans.

Quand ce petit point fut fini, Belethar fit finalement à Ilhan :

“Tout ça pour te dire, mon presque frère. La salle au bureau et l'escalier derrière la statue, nous y sommes allés. Et effectivement, il y avait bien un escalier, par ailleurs jonché de cadavres de métal … On ne sait pas pourquoi, mais Reynagane pense que c’est l’oeuvre de Rog. Nous jugions plus judicieux de passer par ici avant de tenter quoi que ce soit …”

Mais le fait est qu’ils allaient sans doute devoir y retourner. Par la suite, l’Espérancieux s’éclipsa doucement de la conversation, et laissa son regard se porter sur la pièce délabrée. Il se souvint des dernières paroles de l’être mécanique :

“Nous arrivons enfin dans le hall du savoir où toutes vos questions au sujet des entreprises Ychgama trouveront réponses.”

Si c’était là le hall du savoir, c’était quelque chose de bien vide. Le baptistrel qu’il était n’avait même pas de quoi se mettre quelque chose sous la dent, à ramener à l’Ordre. Mais un détail attira l’attention du baptistrel du néant. Au niveau des murs se trouvaient des cadres, tous vides. A la base de chacun se dresse un socle : certains vides, d’autres avaient des morceaux de cristaux en eux.

Belethar plissa les yeux, et alors que le groupe s’entretenait, il alla fouiner de son côté pour essayer des choses. D’abord, il fit un rapide tour de la pièce, et constata qu’il y avait un peu moins d’une dizaine de cadres sur les murs. Certains étaient intacts, d’autres brisés, ou arrachés du muret, au sol.

L’Espérancieux soupira, et constata qu’au sol se trouvait des morceaux métalliques, mais aussi des morceaux de cristaux qui ressemblait en tout point à la description que faisait Ilhan des cristaux de magie. Son instinct d’architecte repris le dessus, et Belethar tenta d’abord de réparer un cadre brisé qu’il vit, se basant sur un modèle intact. Il commanda à la Trame de construire cet objet, et donc le cadre avec le socle se fit sans problèmes.

Belethar haussa les sourcils, surpris. “La facilitation technologique et le progrès de la société”, n’était donc qu’à un pas de lui ! Il eut un petit sourire, et se disait que bientôt, il lancerait un grand plan de “transformation technologique” chez l’Entreprise Espérancieux ! Oh oui, il en serait expert, même !

Content de lui, L’Espérancieux reproduisit l’action pour les cinq autres cadres qui étaient endommagés dans la pièce, obtenant un résultat convaincant. Il regretta que Valmys n’était pas là pour voir cela : réparer une antique édifice graärh, cela devait bien compter pour au moins trois villes dans leurs compétitions de rénovation d’édifices !

Mais bientôt, Belethar le bricoleur s’attaqua à un problème plus corsé : il retourna au premier cadre, là où il avait vu un cristal dans le socle, se demandant comment il allait bien pouvoir réparer cela. Il avisa un instant, retournant aux deux autres cadres, comparant l’étendue des dégâts sur les cristaux : tous n’étaient pas endommagés au même endroit, les Huit soient loués ! Il allait donc pouvoir essayer de reconstruire le cristal.

Belethar retourna au premier cadre, et invoqua alors la Trame pour reconstruire un cristal. Le sort fonctionna une nouvelle fois, et bientôt il vit une sphère s’illuminer au dessus du cadre. Bingo ! Il avait réussi ! “Expert de la Transformation Technologique”, Udyog Ychgama n’avait qu’à bien se tenir !

Trop content pour être suspect d’une quelconque façon, Belethar s’approcha de la sphère et posa sa main dessus. L’intérieur du cadre commença à s’illuminer d’une petite fenêtre bleu puis … Soudainement il y eut un bruit infâme d’un grincement de métal très fort qui s’entendit dans les oreilles de Belethar, et une ligne rouge passa rapidement sur l’écran au son du métal grinçant. Le tout fit presque tomber à la renverse le Baptistrel, qui lâcha tout de suite la sphère. Le Cawr très sensible au son eut bien besoin de quelques minutes avant de totalement se remettre de cette expérience.

Couché au sol, il tenta de se relever en titubant. Peut-être qu’il n’allait pas être expert de la transformation technologique des entreprises tout de suite.

L’Espérancieux ravala sa fierté, et alla de ce pas demander de l’aide à quelqu’un qui pouvait vraiment lui apporter son soutien même dans les moments les plus compliqués : Ilhan.

Il lui demanda à nouveau comment fonctionnaient les cristaux de magie, et ensemble ils allèrent étudier un autre de ces cadres. Belethar retint bien la leçon cette fois-ci, et décida d’aller à la main pour réparer le cristal. Epaulé par Ilhan, l’opération pris toutefois un certain temps : c’était comme un puzzle, il fallait trier tous les morceaux s’emboitant ou pas, mais au bout de plusieurs minutes, les deux presque-frère arrivèrent à quelque chose de convaincant. Il n’était pas aussi parfait que celui de tout à l’heure, car il manquait des bouts, mais c’était ce qu’il pouvait faire de mieux.

Belethar posa délicatement le cristal dans le socle, et là rien ne se produit. Evidemment. Ilhan fit signe à son presque-frère d’insuffler un peu de magie en lui pour qu’il fonctionne, ce qu’il fit rapidement.

Là, le cœur s’illumine une nouvelle fois d’une couleur bleue. Mais cette fois-ci, il n’y eut aucun son strident, ni de ligne rouge. Belethar soupira de soulagement. Il y avait tout de même quelques grésillements dans les quelques sons, et l’image ne semblait pas tout à fait nette, mais il put reconnaître un nombre substantiel d’informations.

D’abord, un portrait s’afficha de quelqu’un qu’il reconnaissait : Udyog Ychgama. Puis un texte s’afficha devant ses yeux, entièrement en langue Graärh. Belethar s’apprêta à appeler Reynagane en renfort, mais une décharge qu’il subit dans l’oreille le devança. La voix métallique se remit à parler, semblant traduire le texte exposé :

Il s’agissait d’un article de “journal” qui se nommait “Vishv”, “Monde” en Graärh. Ignorant totalement ce que pouvait être un “journal”, Belethar écouta cependant attentivement la voix qui lui faisait la lecture. Le texte portait sur Udyog Ychgama, qui apparaissait ici plus jeune qu’il ne l’était sur le portrait. Précisément, il portait sur l’accession d’Udyog au titre de “président de l’entreprise”, suite au décès de son prédécesseur. Néamoins, le texte semblait assez critique à l’égard d’Udyog pour deux raisons : les entreprises Ychgama ont un rôle important dans la société. Forcément … garda Belethar pour lui-même, alors qu’il se souvint de toutes les étrangetés technologiques qu’il avait pu voir ici. Cependant le texte ne précisa pas quel rôle précisément : évidemment, cela devait être acquis pour l’époque.

La deuxième raison était que Udyog n’avait pas un caractère de celui que l’on pourrait attendre d’un successeur de président des entreprises Ychgama. Les préoccupations de ce Graärh ne semblaient pas vraiment être celles de la sociétés, ou même de l’entreprise. Il était dépeint comme ayant hérité de l’esprit d’invention béni de ses ancêtres, mais il possédait de nombreuses lacunes en relation et gestion d’entreprises.

Belethar eut un petit regard triste soudainement : “Cela arrive à tout le monde, ne t’inquiète pas”, fit l’Espérancieux comme si Udyog pouvait l’entendre, qui luttait lui aussi avec le fait qu’il devait gérer les affaires de sa famille noble, alors qu’il n’était pas vraiment destiné à cela de base.

Udyog était dépeint comme une des personnalités les plus convoités, et comptait déjà trois divorces à son actif… Belethar eut un nouveau regard triste, et une pensée pour sa femme qui l’avait abandonné avec son enfant, pour partir avec Nathaniel. Définitivement, cela arrivait à tout le monde. Il apprit que les recherches et les créations comptaient bien plus aux yeux d’Udyog que que veiller à la réussite du mariage et au développement d’une vie de famille, qui était selon le texte, nécessaire pour assurer la pérénité des entreprises Ychgama après sa mort.

Foutaises pensa Belethar, qui n’avait eu aucun scrupule à céder une partie de la gestion des affaires des Espérancieux à ses cousins, qui avaient très bien réussi à prendre ces responsabilités.

Le texte continua ensuite sur quelque chose de plus commun, repassant quelques éléments de la vie d’Udyog, comme l’éducation stricte qu’avait connu le personnage, les différents prix qu’il avait pu gagné, dans des compétitions sportives ou scientifiques … Et enfin, il fut mention des convictions très proches de la Terre, de l’environnement en général plus que de son entreprise, du personnage … Et de son rapprochement avec “le docteur et activiste” Rog Paarish, dont la voix a émergé suite aux scandales ayant secoué les entreprises Ychgama. Ceux-ci n’étant pas précisé.

Belethar cligna des yeux. Il n’était pas sûr d’avoir tout compris, dans tout ce qui venait d’être dis. Tout semblait à une période tellement plus avancée que la leur, que l’Espérancieux eut grand peine à ressortir les informations importantes.

Il se rapprocha cependant d'Ilhan par la suite, pour lui demander :

“Dis moi, mon presque-frère, les Couronnes de Cendre, selon la légende, ils sont bien au nombre de quatre n’est-ce pas ? Rog, Lalaach, Lolupata et …”

Belethar ne finit pas sa phrase, et raconta ce qu’il vint de trouver aux autres membres du groupe, et notamment la fin du texte où il était que Udyog et Rog s’étaient rapprochés.

“Nous devons tirer tout cela au clair, et agir vite. Je propose que nous allions dans cette salle qui se trouve après l’escalier. Si Udyog est en réunion, et que Rog est présent aussi ici ... “

Belethar ne termina là encore pas sa phrase, mais chacun avait bien compris ses allégations.

"Allons-y vite, avant que l’on nous devance.”

Termina t-il, dans un nouveau petit soupir.

Directives :


Questions posées :


Plan de la pièce :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
La structure me rappelle d’avantage un labyrinthe cubique que la demeure d’un ancien graärh revenu d’entre les morts. Les salles semblent semblables aux pièces d’un gigantesque puzzle. Comment pourrions-nous parvenir à retrouver la trace du dernier des couronnes de cendre dans ces conditions ? Il connait sans dite bien mieux les lieux qu’aucun d’entre nous et possède donc un avantage du terrain considérable. Je ne serais pas étonné qu’il ne soit déjà plus là. A moins qu’il ne soit si sûr de lui qu’il doute avoir quoique ce soit à craindre d’un petit groupe d’êtres singuliers composé sans réelle préparation. Cela ne me surprendrait pas non plus. J’en viens à penser que notre principale objectif est d’ores-et-déjà de quitter cet endroit au plus vite.

Allons, Alkhytis ! Que racontes-tu là ? Ce n’est absolument pas le moment opportun pour remettre en cause le pourquoi du comment vous en êtes arrivé là. Concentre-toi !

Tandis que le seigneur Ilhan examine ce que j’avais à lui présenter sous la forme de l’humanoïde de métal, un des hommes de sa troupe se mit à effectuer… une danse qui m’était alors inconnue.
Blague à part, il se débat contre la course effrénée d’un des bouchons noirs encore fonctionnels le long de son bras. J’informe ces messieurs de la nature de cette créature et raconte ce qu’il s’est passé. Le voici particulièrement intrigué. Il parvient à s’emparer du bouchon vagabond qui tourmentait son soldat et le place dans son oreille. Nous avons maintenant un point commun : la même fascination pour tous ces mécanismes farfelues. Sans plus de discours, je les conduit dans la salle d’où je viens.

Immédiatement, il inspecte l’homme de fer, dont le cristal dans son crâne est définitivement perdu. Je me sens un peu stupide, mais tant pis. Ilhan arrive au point encore un peu serré. Il l’ouvre et un tas d’autres exemplaires de bouchons noirs tombe à terre. Il se tourne vers moi :

« Peut-être l’un d’eux fonctionnera mieux que celui que vous avez trouvé. Accepteriez-vous de les tester ? »

Je hoche la tête et me mets immédiatement au travail. Je lui indique assez rapidement lesquels sont fonctionnels et je les essaie un à un. Au final, seuls trois d’entre eux semblent être en mesure de remplir encore leur fonction. Ne disposant pas de bourse, je vais les exposer dans ma bibliothèque portative toute neuve. Cadeau des baptistrels. J’enclenche donc l’anneau situé à la base de ma queue. Ce dernier prend temporairement vie, la tête de serpent ouvre une petite bouche et avale les trois petites choses. Ceci étant fait, je m’en vais donner un coup de patte à Ilhan.

S’ensuit alors une suite de puzzles et de casse-têtes, que nous traversons, guidés par un plan trouvé précédemment par Ilhan, décrivant les passages de cette partie de la bâtisse. Nous les passons sans trop de problème, malgré tout.

Et puis, un bruit retentit. Cela vient d’au-dessus de nos tête. Cela se rapproche. Mais nulle besoin d’être effrayé. Je ressens des présences que je connais. Ce sont les autres membres du groupe ! Nous voici enfin tous réunis, au premier étage. Je laisse les uns et les autres échanger sur les formalités et les découvertes que nous avons fait. Pour ma part, je souhaite avancer dans ce labyrinthe. Je jette un œil au balcon où nous nous trouvons. De nouveau nombre de débris de pierre magique, vraisemblablement destinés à ces socles que je peux voir reliés à des sortes de cadres en métal. Vraiment, j’en vient à me demander combien de forgerons ont été sollicités pour bâtir un tel édifice. Quoi qu’il en soit, nous nous penchons sur ce cas de figure, à la recherche d’une pierre possédant encore un minimum de magie en son sein. Et en cherchant bien, nous n’en trouvons pas une, mais deux. Toujours sur leur socle respectif. Belethar s’engage dans l’entreprise de les réparer. Et c’est une demi-victoire pour lui, car seul une des deux pierre résista. Et pendant ce temps, j’avance encore. Jusqu’à atteindre une porte coulissante entrouverte.

Je force un peu pour agrandir le passage.  Et sans hésitation, je gravis les escaliers jusqu’au deuxième étage. La salle est très similaire aux deux autres étages. Grande, circulaire, emplie de débris. Seulement, quelque chose change ici. Des détails macabres. Quatre bipède de métal sont étalés sur le sol à ma gauche, massacrés, réduits en miettes, tandis qu’à l’autre extrémité de la salle, un tas d’os s’étale en-dessous d’un reste de cage thoracique maintenue contre le mur par une longue lance plantée dans l’acier.

L’affrontement a dû être terriblement violent…

Mon premier réflexe est d’aller inspecter les restes d’hommes. Plus de jambes, le dos et les bras lacérés, les membres disloqués. Je n’ose imaginé quel spectacle atroce cela aurait été s’il avait été constitué de chaire et de sang. En redirigeant mon regard dans son crâne, je vois ce qu’il reste du cristal qui l’animait sans doute. Même situation pour les autres, excepté un. Le cristal dégage encore un peu de magie. J’ai déjà commis l’erreur de le retirer directement du précédent, je ne réitérerai pas ce faux pas. J’use de ma magie et l’insuffle dans son cristal. Observons sa réaction…

Il tremble, comme s’il était atteint de spasmes. Il tourne la tête vers moi. Puis lève son bras aussi dans ma direction, la paume ouverte. Soudain je sens une force magique grandir dans sa main. Et une lumière se forme, s’intensifie. Non ! Il veut m’attaquer ! Ni une, ni deux, j’abats ma patte sur son bras et le bloque parterre. Alors sa magie achève son chargement et un rayon de magie de feu s’expulse de son membre pour venir brûler le mur. Bon sang. Il a fallut que je ranime une machine à tuer. Et pour ne rien arranger, toute la magie qui lui restait a été consommée par l’attaque. Une belle perte de temps…

Tant pis. Je vais les laisser pourrir ici. Je m’en vais inspecter le tas d’ossements de l’autre côté. A en juger par son crâne, il s’agissait d’un graärh. Mais un détail préoccupant m’attire. Une légère trace de magie émane des mains. Et quelles mains ! Elle ne sont pas d’os, mais de métal. Elles adoptent la forme de griffes de graärh. La magie qui s’en dégage est si infime… Rien, même au fond de ma mémoire draconique ne me permet de vraiment comprendre de quoi il s’agît. Suis-je réellement le tout premier de mon espèce à rencontrer pareils choses ? Il y a quelque chose de très grisant dans cette sensation. J’en sourie presque.

Non loin du tas d’ossements, un autre squelette de graärh. Et une fois encore, celui-ci a vu une partie de son corps être échangée par ce qui ressemble à une prothèse, tout comme les mains de son compagnon. Son avant-bras métallique dégage un semblant de magie, comme une trace minuscule.

Hm ? Quel-est ce bruit ? J’entends un vacarme sourd, étouffé mais proche à la fois. C’est juste de l’autre côté du mur. J’entends que ça bouge, ça se rapproche. Je m’éloigne, peu assuré et sur mes gardes. Lentement. Alors que le bruit atteint son paroxysme, il s’interrompt soudainement. Les cœur aux aguets, je temps prudemment l’oreille. Une faille se forme dans le mur, me faisant sursauter. Celle-ci s’élargie pour laisser apparaitre un curieux objet à mi-chemin entre une brouette et une charrette. Et celle-ci dégage une forte intensité magique. C’est bien la chose animée la plus magiquement puissante que j’ai rencontré depuis que je suis à l’intérieur de ce palais de fer. Je me tends, en phase d’observation. Je ne sais pas ce que cette chose compte faire, mais je demeure silencieux, le regard fixé sur le chariot de métal.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
    Le dévot renifla le café, mais à l’odeur étrangement amère, il fut rebuté, laissant à Rey son breuvage. L’automate leur proposait des réponses à leurs questions : cela allait peut-être les éclairer… Du moins l’espérait-il. Ses mires bleutées de Naal se posèrent sur l’escalier où Rog avait semé la destruction, que Reynagane avait repéré. La couronne de cendre avait de l’avance sur eux. La suivre jusqu’alors n’avait pas joué en leur faveur, à plus forte raison que leur groupe avait été séparé en deux. Prendre un autre chemin ne pourrait que leur être profitable et avec un peu de chance, ils retrouveraient Ilhan… Et hélas le dragon. Mais Ilhan était plus important : il pouvait bien supporter un dragon si cela signifiait de le retrouver. Il approuva les parole de Belethar qui soulignait qu’il était nécessaire de connaître leur ennemi avant de lui faire face. Pour l’heure, les créatures de métal étaient aimables avec eux… Mais si la couronne de cendre était leur maître et qu’ils devaient la combattre ?

    Le sol se mit alors à trembler et la jeune graärh agrippa les deux humains, un bras chacun, dans sa surprise. Puis ils avancèrent, sans vraiment bouger. Il tapota l’épaule de la jeune graärh, d’un geste assez paternel avant de s’accroupir et poser sa main sur le sol. On aurait qu’il y avait des mécanismes en dessous, cela tremblait subtilement, et il sentait les vibrations à chaque cran de rouage. « Intéressant… » Il comprenait alors la raison pour laquelle il s’agissait de ‘technologie qui facilite la vie’. Tout almaréen qu’il était, il ne pouvait qu’être en admiration face à de tels prodiges : d’abord des automates, maintenant ce sol qui se déplaçait… Il y avait de quoi faire de cette technologie très poussée une véritable défense contre le fléau vampirique et les Liés, et ainsi, se protéger de leur influence néfaste. Ils pourraient vivre en paix, avec de tels mécanismes.

    Se relevant, il écouta l’histoire assez vendeuse de l’homme parti de rien et poussé par une illumination divine. La foi pouvait faire des miracles et pousser tout un chacun à donner le meilleur de lui-même. Paanevaala était un remarquable scientifique et technophile… « Votre société n’est-elle pas matriarcale ? » demanda-t-il, à Rey, pensif devant ces mâles fondateurs. Cela ne dérangeait par Naal et sa misogynie, au contraire ! Mais c’était un détail qui le troublait. On ne parlait que de fondateur, de président, d’administrateur… Aucun titre qui fut féminin, pour une société qui, pourtant était très tourné vers la sagesse et le pouvoir des femmes. Les graärh avaient-ils changé ? Après les erreurs des couronnes de cendres ? Pour ne pas laisser leur peuple entre les mains cupides des mâles ? Il n’aimait pas trop cette histoire, ni sa solution.

    Il était assez persuadé que donner le pouvoir aux femmes était la pire des erreurs : il n’y avait qu’à regarder l’amitié fatale qu’avait noué Victoria Kohan avec les vampires. Sa fille Minerva et Tryghild étaient différentes de cela. Pour être honnête, Tryghild aurait pu passer pour un homme althaïen à la peau blanche, et Minerva avait deux âmes, à mi-chemin entre l’homme et la femme.  Cela changeait la donne. La galerie des portraits était fascinante. Sans les détestés, Naal n’était pas un amoureux inconditionnel de la nature et des magnifiques paysages de la création. Cela avait été l’œuvre des déesses là où le cœur de l’humain avait été l’écho du Néant. Il aimait à sentir les émotions dans les... Peintures ? Représentations ? Des dirigeants de l’entreprise. Il sentait dans leurs yeux la vocation. Avaient-ils tous été des spirites du scarabée ? Claudius aurait été ravi d’être là.

    Le dernier graärh avait deux dates de naissance dont l’une remontait à deux ans, faisant arquer un sourcil à l’ancien monarque à la mémoire eidétique. L’incohérence le troublait. Rog avait été libéré au début de l’année 1763 de son mausolée. Ce n’était donc pas deux ans plus tôt. Était-ce alors une fausse piste, ou un aveu évocateur ? Il le signala à Ilhan, avec l’anneau des murmures, avant d’ajouter : « Rog n’avait pas encore été libéré de son mausolée à cette date. Il ne pouvait pas être près de lui pour il l’a fait avec les deux autres… En revanche, je pense savoir ce qui s’est passé il y a deux ans. » Il inspira profondément, pour ne pas déborder de colère : « J’ai expliqué à Verith que je n’avais jamais connu le royaume de mort, à chaque fois que je suis décédé. Néant me prenait en son sein. Il m’a alors expliqué avoir ouvert un portail vers le Royaume de Mort, et qu’il était passé dans un entre-deux et… »

    Bien qu’il ait une peau foncée, on pouvait très distinctement constater qu’il devenait rouge de colère. S’en suivit tout un chapelet d’insultes en langue almaréenne, à mesure qu’il réaliser l’ampleur de la faute qu’avait ENCORE commise un DRAGON ! « Un dragon ! C’est encore à un dragon qu’on doit tout ça ! Mais ce n’est pas vrai ! En Almara, on n’avait pas de dragon, et devinez quoi : on n’avait pas de guerres inter-peuples utilisant les dragons comme engin de bataille, on n’avait pas de chimères, pas de Tyran Blanc et PAS DE COURONNES DE CENDRES ! Et après nianianiah, les bipèdes, c’est tous des aberrations et des idiots… » Était-ce une imitation peu flatteuse de Verith ? Absolument ! « Venant de la part du dragon qui a détruit la seule épée capable de tuer de Tyran Blanc et qui a ouvert un portail qui a permis aux Couronnes de Cendres de revenir ! AH ! LA BONNE BLAGUE ! »

    Il se raidit, serrant les poings et tâcha d’inspirer lentement et profondément, les yeux clos. Il fallait qu’il se calme, péter une durite maintenant ne serait pas à son avantage, surtout à son vénérable âge de deux millénaires. Naal fulminait intérieurement, tant et si bien qu’après quelques minutes à essayer de s’apaiser, il finit par se tourner vers Rey : « J’ai besoin d’un câlin… » Ni une, ni deux, il était venu l’enserrer dans ses bras, le nez dans sa fourrure. Ah ! Là c’était mieux. Parfois, il n’y avait rien de tel qu’un peu d’humanité pour lui redonner foi. Il resta blotti contre sa peluche préférée jusqu’à ce que son cœur tourmenté par ces abominations draconiques se calme. Et que la voix d’Ilhan résonne !

    Il relâcha Reynagane et se mit à chercher partout du regard. Son amant et les humains, (ainsi que le truc à écailles miniaturisé) les rejoignirent et Naal récupéra le plan qu’Ilhan lui transmettait. Voilà qui était intéressant : ils savaient à présent comment se déplacer et, pourraient aisément deviner l’emplacement d’éventuels passages secrets, comme le soulignait Ilhan. Pendant que Belethar se montrait utile en bricolant, Naal conduisit Ilhan un peu à l’écart, où celui-ci pourrait être caché derrière un pilier. « Déshabille-toi, tu ne peux pas rester avec ça. Je n’ai pas la moindre idée de ce que c’est. Mais si ça se met à infecter tes glyphes, je ne voudrais pas que ça se ronge la peau ou te rende malade. Allez hop hop hop ! » fit-il en l’aidant à se déshabiller, non sans lui voler un baiser. Il emballa dans sa besace les vêtements souillés d’Ilhan et retira sa coule pour l’enfiler sur l’althaïen. Quant à lui ? Et bien, depuis quand c’était un problème pour lui de se promener nu ?

    Alors qu’il revint avec le sainur, un bruit affreux perça le silence et lui fit grincer des gens : « Sucre d’orge ! Vous cherchez à invoquer une chimère ?! Que faites-vous ? » Le baptistrel semblait suffisamment mal en point pour qu’il ne le fustige pas d’avantage. Il l’aida à se relever, quand il fut en état et Belethar réclama l’aide d’Ilhan. Juste d’Ilhan ? En plan, Naal resta silencieux et coula un regard sur Reynagane. Etaient-ils donc si inutiles tout deux ? Il était vrai qu’une graärh dont on découvrait le passé et un almaréen, spécialiste des sciences et technologies de l’archipel seraient parfaitement peu utiles pour cette mission de réparation technologique graärh. Le dévot roula des yeux et finit par rejoindre les deux hommes pour écouter ce qui disait l’article… Et qui confirmait ce qu’il avait compris plus tôt. Du reste, il n’était pas du même avis que Belethar. « Non. Certainement pas. »

    Sa voix était grave, sombre mais il s’expliqua : « Si Rog et Udyog sont des couronnes de cendres, ils ne sont, pour autant, pas amis. Cela fait deux ans, deux années qu’Udyog est revenu à la vie et nous n’avons pas entendu parler de lui, contrairement aux trois autres qui ont semé chaos et destruction. Et pour être très honnête, Ilhan est mon ami : quand je lui rends visite, je ne détruis pas tout sur mon passage et je n’éventre pas chacun de ses employés. Nous avons combattu des couronnes de cendres, nous savons de quel mal est capable ne serait-ce qu’une seule d’entre elles : je n’ai pas très envie qu’on se retrouve au milieu d’une de leur rixe. Qu’ils s’entretuent, cela nous en fera un de moins. » Un vacarme attira son regard : le dragon avait réussi à s’attirer les foudres d’un automate. Naal claqua sa main contre son front, sans trop savoir s’il devait lui venir en aide ou le laisser se faire mettre en pièce. La non-assistance à dragon en danger n’était pas un meurtre, n’est-ce pas ?

    Un wagonnet arriva et on les invita à monter à bord : « Cher visiteur, j’espère que vous avez apprécié ce petit voyage dans l’histoire des entreprises Ychgama et j’espère que vous avez pu obtenir réponse à toutes vos interrogations. L’administrateur est disposé à vous recevoir. Je vous invite à vous rendre au deuxième étage de cette pièce et à monter à bord du wagonnet de transport. Pour des questions de sécurité, je vous demanderais de vous attacher et de ne pas sortir vos bras et vos jambes à l’extérieur durant toute la durée du trajet. » Il se tourna vers ses compagnons : « Il doit effectivement y avoir un passage secret, mais jusqu’alors, nous avons été traités avec égard par quelqu’un qui n’est pas l’ami de Rog. Je suis d’avis de suivre ses règles et de ne pas nous introduire par effraction. Et argument supplémentaire : j’ai très envie d’essayer ces wagonnets. » Voilà, il n’y avait pas lieu à la discussion avec ça. Il poussa ses camarades à l’intérieur et s’installa tout devant avec Reynagane.

    « Ouh, c’est un peu froid ! » Et pour cause : il avait les fesses à l’air contre le métal. Il remua du popotin sur le siège jusqu’à s’habituer à la température. Le mur se referma et le groupe se retrouva plongé dans le noir. Quoi, c’était tout ? C’était déceptif. Le sol commença lentement à s’illuminer, faisant apparaitre des sillons parallèles, droit devant eux. Les wagonnets ne mirent à vibrer (ce n’était pas désagréable) et, sans prévenir, se mirent à avancer à toute vitesse, plaquant tout le monde contre son siège : « Weeee-weeeeee-weeeee ! » Cela lui rappelait son voyage avec Michel dans les galeries des Karapts ! Et à l’époque, il avait tout autant adoré l’adrénaline ! Très vite, une lumière apparut au bout du tunnel, alors que les sillons lumineux disparurent… Et pour cause ! Une descente abrupte les attendait ! Excité, Naal tâcha de rassurer Reynagane, à côté de lui : « Ne t’inquiète pas, les chats retombent toujours sur leur pattes. » Il lui tapota la patoune et leur chute commença : « Weeeeeeeeeeeeee !! » s’écria-t-il alors qu’ils prenaient une pleine vitesse, puis traversèrent d’innombrables pièces du bâtiment, plus ou moins grandes. Certaines avaient des bras mécaniques qui construisaient des pièces, probablement pour tous les êtres mécaniques.

    Puis, ils reprirent de la hauteur et traversèrent une pièce infiniment longue où était fabriqué quelque chose d’absolument titanesque ! Aussi grand que les golems sous Calastin ! Était-ce cette entreprise qui les avait construits ? Finalement, ils s’enfoncèrent à nouveau dans un couloir sombre avant que les wagonnets ne ralentissent puis s’arrêtent. Oh. Déjà fini ? « Cher visiteur. Vous pouvez à présent retirer les attaches de sécurité. La sortie s’effectuera sur votre droite. »  Docile, mais pas moins triste que son attraction s’achève, Naal obtempéra. Le mur sur la droite s’ouvrit sur une petite salle avec une fenêtre donnant sur une salle presque aussi gigantesque que la précédente. A l’exception que celle-ci reflétait des signes de combat récent très récent. Comme si le combat venait de s’achever. Il y avait des flammes encore au sol, des arcs de foudre qui s’échappaient de lacérations dans les murs, des cadavres de bipèdes de métal au sol et trois énormes golems métalliques dont un au sol, un tenant à peine debout et un semblant encore vaillant. « Je vous avais dit qu’il valait mieux ne pas être entre eux… » Mais nul temps de contempler l’endroit très longtemps, car du bruit approchait. Une nouvelle créature de métal apparut, bien que différente de ses congénères. Elle était plus gracieuse, plus élaborée.

    [INTRIGUE] La forge des cauchemars 31-75

    « Bonjour cher visiteur. Je suis le prototype D-3-PO, mais vous pouvez m’appeler l’Administrateur. Vous ne craignez aucun risque ici, du moins tant que vous ne tentez rien à l’encontre des entreprises Ychgama et de ses intérêts, la menace étrangère a été neutralisée par nos services de sécurité. Le Président a été informé de votre présence et sera disposé à vous recevoir dans quelques instants dès que vous serez plus présentable. Il convient de procéder à la désinfection de certains des visiteurs exposés au déchet produit par notre industrie, conformément au code de l’entreprise et à la législation sanitaire numéro trois cent quatre de notre état, pour éviter l’apparition de maladie. »

    « Vous avez tué Rog ? » demanda-t-il, perplexe : « Non, nous n’avons pas tué le Docteur Paarish, mais que nos forces de sécurité ont dû gérer la créature qui l'accompagnait. » En même temps, à jouer avec des os et la mort, ça allait forcément dégénérer. « Où est-il à présent ? Le Docteur Paarish » l’interrogea-t-il. « Les capteurs Aadphorjmik ne le détectent plus. » Il n’avait tout de même pas disparu ? Il laissa Ilhan se rendre à la désinfection, tout en laissant son glyphe de communication actif. Il remit aux mécanismes de métal les affaires souillées d’Ilhan, au cas où ils pouvaient les désinfecter. « Je croyais que le Docteur Paarish et le président étaient amis. D'après l'article que nous avons lu dans le musée. Ils se connaissaient. Pourquoi une telle destruction, dans ce cas ? »

    « Monsieur le président et le docteur Paarish sont de vieilles connaissances en effet. Mais, mes données ne me permettent pas d'affirmer que leur relation d'aujourd'hui est la même qu'autrefois. Qui plus est, monsieur le président représente tout ce que le docteur Paarish a combattu il y a très longtemps, en dépit de l'amitié qui a pu les lier. Enfin, leurs visions respectives du monde ont toujours été source d'opposition entre eux. L'un des domaines de compétence du docteur Paarish est la biologie. Ce qui n'est pas de chair et d'os, ou encore végétal, ne trouve pas grâce à ses yeux. A ces yeux, les enfants d'Ychgama ne sont que sources de pollution qui corrompent la nature. » Cela semblait logique, du moins à ses yeux. Les almaréens n’avaient jamais été respectueux de la nature. Ils prenaient ce dont l’homme avait besoin. En rencontrant les ambarhùniens, ils avaient découvert une autre façon de voir le monde, plus respectueuse de ses ressources. Il pouvait comprendre à quel point ces deux visions pouvaient s’opposer : les ambarhùniens avaient, à ses yeux, beaucoup de comportements qu’il ne comprenait pas.

    C’est le moment que choisit une créature de métal pour lui rapporter sa coule. Propre. Elle avait été nettoyée et séchée si vite ? Sûrement une technologie pour cela. Il l’enfila, se disant que les vêtements d’Ilhan avaient dû subir le même soin. « C’est amusant, qu’il s’agisse du point de vue du Docteur Paarish, quand on sait qu’il corrompt la nature pour la rendre destructrice… » Il désigna vaguement la salle endommagée : « Cette créature d’os… L’asservissement des Karapts. On voit plus facilement le mal chez les autres que chez soi. Rog détruit ce monde d’une façon différente, mais pas moins réelle. Vous avez pourtant un "protocole sanitaire", non ? De désinfection. Comme pour… » Il sembla désigner un endroit où était parti Ilhan pour sa désinfection et il fut heureux de le retrouver propre comme un sous neuf. Il vint le prendre dans ses bras : « Tu dois te sentir mieux, n’est-ce pas ? » Connaissant Ilhan : oui !

    « Est-ce vous qui avez construit les golems qui sont sous Calastin ? Et pourquoi ces créations ? Elles sont immenses ! Quel était leur but ? Sauver cet endroit ? »


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Les informations que lui transmettait Naal par l’anneau n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Une quatrième couronne qui serait réapparue avant les autres, sans pour autant les attaquer eux étrangers en Tiamaranta, ni même ressurgir à la surface. Une Couronne qui avait choisi de rester dans l’ombre de sa forge… Une Couronne qui serait apparemment revenue de l’antre de Mort grâce aux actions du dragon de l’ire... Voilà des informations plus qu’intéressantes, dont certaines pourraient faire, peut-être, pencher, enfin, la balance de leur côté.

Mais le temps pressait et ils avaient d’autres Graärh à fouetter. Ilhan se laissa entrainer à l’écart par Naal sans protestation, se demandant quelle autre information capitale son almaréen préféré voulait lui transmettre en secret. Quelle ne fut sa stupeur quand son amant lui proposa de se déshabiller. Là ? Maintenant ? Voulait-il réellement faire ça, ici, alors que… Ah non, ça… Si déception le happa un court instant, elle fut bien vite chassée par une douce chaleur en son coeur. Son aimé s’inquiétait pour lui. D’un sourire entre taquin et attendri, il obtempéra et se laissa faire. Non sans rougir, sous ce regard envoûtant, ce baiser volage, et surtout… devant cet autre corps nu qu’il aurait finalement bien dévoré tout cru. Alors que Naal emballait ses affaires, il le retint rapidement avant qu’ils ne rejoignent les autres, et, posant ses deux mains sur les joues glabres de l’almaréen, ce fut lui cette fois qui lui vola une embrassade, aussi fugace qu’un papillon, mais aussi ardente que le souffle d’un dragon.

Quand ils revinrent, il masqua sa gêne d’avoir ainsi volé la coule de son amant, alors nu devant tous sans honte aucune, sous un air faussement impassible, qui ne devait guère tromper leur maitre baptistrel. Il aurait bien continué à contempler Naal, et que les Couronnes continuent de courir dans les souterrains obscurs si ça les amusait ! Mais Belethar l’appela pour reconstituer un cristal. À la vue de ce qu’ils avaient réussi à révéler, Ilhan plussoya les déductions de Naal d’un simple hochement de tête. Oui, il en venait aux mêmes conclusions. Il n’eut guère le temps d’ajouter quoique ce soit, que cacophonie rugit derrière eux. Et tout se précipita au quart de tour.

Ou plutôt quart de virage… Ils se retrouvèrent soudain dans un… il ne savait quoi… Si au début Ilhan prit soin de se placer derrière Naal, les yeux rivés sur lui, admirant, dans un soupir intérieur, cette magnifique statue mouvante, son coeur se mit soudain à battre chamade, non plus de sulfureuse emprise, mais de terrible vertige. L’engin mi-magique mi-métallique s'était mis à filer aussi vite qu’un oiseau de haute voltige, tel un dragon grande vitesse. L’arrivée manqua lui arracher un vomissement misérable et ce ne fut qu’avec l’énergie de toute sa volonté qu’il retint un traitre haut-le-coeur. Une véritable ascension émotionnelle...

Il lui fallut quelques secondes pour que sa vue cesse de se brouiller et qu’il chasse cette terrible suée. Il aperçut alors la pièce dans laquelle ils venaient d’arriver : petite pièce donnant vue sur une salle gigantesque portant les stigmates d’un combat récent. Sans aucun doute, la fameuse salle immense et mystérieuse qui avait attiré leur attention sur le plan. Leur salle était en hauteur, environ au deuxième étage de prime abord. Il nota aussitôt que de la baie vitrée qui donnait sur la grande salle, ils pouvaient aussi apercevoir un grand nombre d’autres vitres, et donc probablement d'autres salles attenantes…

Ses observations furent coupées par l’arrivée d’un étrange individu. Ou plutôt étrange être de métal, se nommant D-3-PO, ou encore l’Administrateur. Il dégageait une forte aura magique et son apparence tranchait avec la créature de métal qu’il avait pu observer au rez-de-chaussée du hall du souvenir. Non seulement il était en excellent état, sans poussière ni rouille, mais il possédait également des formes gracieuses, qui ne laissèrent pas l’althaïen indifférent à cette œuvre raffinée, alors qu’il détaillait sa cuirasse recouverte d’une multitude d'arabesques gravées.

La voix de l’Administrateur résonna dans sa tête, grâce aux petits bouchons qu’il avait réussi à arracher à Alkhytis, avant que le dragon ne les embarque tous sous ses écailles. Quelques grésillements manquèrent lui briser les tympans, mais la curiosité l’emporta sur tout désagrément. Malheureusement, la conversation fut pour lui de courte durée, alors qu’on l’invitait, avec les autres contaminés, à se rendre dans une salle adjacente pour opérer une "décontamination". L’eau huileuse semblerait faire aussi courir des risques pour la santé en plus d’altérer les glyphes... Voilà qui était charmant. Et qui allait encore inquiéter Naal. Ilhan n’avait heureusement perçu rien de particulier avec ses sens de Sainnûr : si affection il y avait, elle ne semblait en tout cas pas couper son lien avec la magie.

À peine entrèrent-ils dans la salle indiquée, qu’ils furent pris en charge par une petite troupe de minuscules créatures métalliques. Celles-ci prirent leurs possessions, vêtements compris, et tout ce qu’ils portaient, et les poussèrent rapidement à l’intérieur d’étranges cuves, du même alliage que ce lieu, munies d’un hublot. Ilhan oscilla entre méfiance et appréhension, faisant appel à ses mantras intérieurs pour ne rien en laisser voir et rester aussi calme que possible. Piège ? Traquenard pour encore les séparer ? Ou… Mais non. Ils furent réellement sujets à un étrange procédé de décontamination. Le nettoyage fut plutôt brutal.

Pas de petites fleurs, pas de bain pour barboter, non juste un jet virulent qui les aspergea de tout côté et manqua même l’étouffer. Au moins cela eut le mérite d’être rapide et efficace, même s’il se retrouva trempé jusqu’aux os. Puis soudain, un puissant souffle provenant de tous les côtés vint le sécher. À la sortie, il fut soulagé de retrouver ses possessions et effets, et de pouvoir se rhabiller de propre et de frais. S’il aurait bien gardé la coule de son amant, ne serait-ce que pour profiter encore de son odeur à chaque instant, il devait avouer se sentir plus à l’aise avec ses propres atours qui couvraient mieux son corps, et moins culpabiliser, en songeant que Naal avait dû aussi retrouver son habit. Il sentit aussitôt que ses glyphes touchés par l’eau huileuse en subissaient encore les funestes effets, mais déjà l’énergie leur revenait.

Et ce fut alors avec un nouveau soulagement qu’il retrouva ses compagnons d’infortune. Naal était apparemment en grande discussion avec l’Administrateur et les sens en alerte du Tisseur captèrent ses dernières questions. Il accueillit l’accolade de Naal avec joie, lui rendant son étreinte avec force chaleur.

« Tu dois te sentir mieux, n’est-ce pas ? »

Oui, nettement mieux, répondit-il. Bien qu’il n’y ait eu ni bain, ni fleurs, je suis propre et frais, comme jamais depuis une semaine.

Oui, une semaine sans bain était une terrible affliction, ne vous en déplaise ! Puis lui soufflant à l’oreille, à celle qui ne portait pas le petit bouchon :

Même si cela aurait été encore mieux avec toi.

Les réponses de l’Administrateur les extirpèrent toutefois de ce bien trop bref échange.

« Les go…lems ? Oh je vois, vous faites référence aux UDCT-2G, unité de défense & civile titan deuxième génération. Le temps ne leur a fait pas de cadeau, mais le fait qu’elles soient encore debout aujourd’hui après tant d’années est la preuve de la qualité des produits des entreprises Ychgama. La défense de l’ile n’était qu’une caractéristique accessoire de ce modèle, jamais son concepteur n’a cru qu’elle serait un jour véritablement utilisée. Non, son utilité était avant tout civile. Il devait faire office de point de relais aussi bien énergétique que de transferts de données. Oh, je vois que tous les visiteurs sont enfin prêts. Le Président est disposé à vous recevoir. Je vais vous conduire jusqu’à la forge souterraine. »

Une nouvelle porte s’ouvrit alors, donnant sur une pièce carrée sans fenêtre ni sortie. Le Tisseur manqua frissonner à l’idée d’entrer dans une pièce sans issue. Mais, encore une fois, son instinct lui dictait de suivre les consignes. Jusque-là leur guide ne les avait pas trompés… Toutefois dès qu’ils mirent le pied dans la pièce, aux vibrations qu’ils provoquèrent en entrant, Ilhan sentit que ce lieu était comme suspendu dans le vide. Mais déjà la porte se refermait avant qu’il ne puisse réagir. L’Administrateur, imperturbable, s’approcha d’un des murs. Un socle y dépassait, muni d’un cristal, encore et toujours ces cristaux, et une sphère lumineuse flottait au-dessus. Lorsque l’être de métal posa la main dessus, la pièce se mit à vibrer et le lieu sembla se mettre en mouvement… plus précisément se mit à descendre. Lentement. Mais à descendre. Ilhan comprit alors que la sphère faisait office de commande, pour cette fameuse descente. Toujours bon à retenir… Au cas où.

Et alors que le temps menaçait de s’étirer, l’althaïen laissa parler sa curiosité. Après tout, jusque-là, l’Administrateur avait eu l’air enclin à répondre à leurs questions…

Qu’entendez-vous par "faire office de point de relais" ?

L'Administrateur se tourna alors vers lui et lui répondit qu'une démonstration valait mille mots. Haussant un sourcil, curieux et avide d’en voir et d’en comprendre plus, Ilhan l’observa lever les deux mains, paumes vers le ciel. Dans sa main de droite, apparut une sorte de petite sphère bleutée dont l'intérieur était plein. Dans sa main gauche, apparut une autre sphère bleutée, mais cette fois vide. Puis soudain, des filins se mirent à sortir de la sphère pleine pour se diriger vers la sphère vide. La sphère pleine commença lentement à se vider, tandis que la sphère de gauche se remplit totalement. Transfert d’énergie. Oui, en effet, une démonstration parlante. L’althaïen sentait vibrer, palpiter, la magie et le spectacle était sublime et… tentateur. Mais l’Administrateur n’en avait pas fini : il éloigna ses paumes et recommença le même spectacle, sauf que cette fois les filins se dispersèrent et partirent dans tous les sens pour finalement disparaitre.

« Le point de relais agit ici comme un chemin, les filins d'énergies ne vont pas se perdre en cours de transfert ni disparaitre, mais vont simplement passer par le point relais et ainsi atteindre une destination même si celle-ci est éloignée, » expliqua alors D-3-PO.« Et c'est la même chose concernant les données. Par exemple, dans la mesure où nous sommes face à face, je peux échanger des données avec vous. »

Sous-entendu, le fait de parler, comprit sans peine Ilhan en hochant la tête. Admiratif de tant d’inventivité, fasciné, émerveillé et clairement déterminé à en apprendre plus sur cette haute magie pour voir s’il était possible de la recréer…

« Mais si je me trouvais à un kilomètre de vous, je ne le pourrais pas. Le point relais ferait alors office de chemin, comme pour l'énergie, pour que mes paroles vous parviennent. »

S’ils pouvaient créer un tel réseau… Imaginez un réseau de communication grâce à de tels points relais ? Tout le monde pourrait se parler à l’autre bout de l’archipel ! Ce serait… mirifique !

Mais nul temps de rêver. Ils devaient en apprendre le plus possible. La descente continuait, et ses questions, elles aussi.

Merci de vos explications fort claires. Vous avez dit toutefois que la défense de l’ile n’était qu’une caractéristique accessoire de ce modèle. Que vouliez-vous dire exactement ? Comment ces unités devaient-elles défendre l’île ? Et la défendre de quoi ?

Cette fois, l’Administrateur lui répondit un "classifié secret défense, en raison des accords conclus par la société et l'État" et qu’il ne pouvait donc rien leur dire. Première impasse. Frustration grimpa d’un cran. Pourtant, n’en montrant rien, il ne se démonta pas et continua.

Savez-vous ce qu’il s’est passé sur l’île, pour que cette caractéristique secondaire se soit déclenchée ?

Oui, l'Administrateur savait ce qui s'était passé sur cette ile, bien qu'il n'était pas encore assemblé à l'époque, fut tout d’abord la seule réponse. Se fustigeant de ne pas avoir été plus clair dans sa question, Ilhan insista alors.

Pouvez-vous alors nous raconter ce qu’il s’est passé ?

Il s’attendait à un autre "classé défense", et fut étonné quand l’Administrateur daigna leur révéler que le Supervolcan de Tiamat était entré en éruption. Ilhan hocha la tête, souriant de son rictus énigmatique.

Qu’est-ce qui a créé l'irruption ?

Mais cette fois, seul le silence lui répondit. Il comprit que le terrain était bien trop miné pour s’entêter sur le sujet. La descente n’était toujours pas finie, aussi reprit-il sur un autre chemin, l’air de rien.

Cette cité… Peut-on parler de cité ?… Ces lieux ont-ils toujours été souterrains ?

« Le terme cité est inexact, ce lieu n'était pas destiné à accueillir des personnes pour y vivre. C'est un lieu où les employés se rendaient pour travailler. Et non, ce lieu n'a pas toujours été souterrain. »

Par contre, il les conduisait à la forge souterraine… donc, là où ils allaient avait bel et bien été sous terre antan. Mais pas les salles visitées précédemment. Et donc le plateau de Calastin… n’était sans doute pas les terres originelles de l’île… Il en frissonna d’appréhension, qu’il se força bien vite à chasser.

Et sur ces mots, la pièce s’immobilisa, mettant fin à leur échange. Une descente qui avait été fort longue, constata-t-il. Ils devaient être descendus bien plus bas que deux étages, bien plus bas que le Rez-de-chaussée donc. Chose qui n'était pas indiquée sur le plan…

L’unique porte de la pièce s’ouvrit sans attendre. Une vive chaleur les fouetta soudain de son haleine chargée, et une puissante énergie magique les étreignit dans une embrassade vigoureuse. Elles semblaient baigner toute la salle qui s’offrait à eux. Ilhan se crut un instant dans la gueule d’un dragon. Il constata toutefois rapidement que cette nouvelle salle ne correspondait pas à la salle immense qu’ils avaient pu voir par la baie vitrée. C'était encore un autre lieu.

Ilhan tenta de faire fi de la chaleur suffocante et se concentra pour observer les lieux quand il entra. Il ne vit aucune machine pouvant ressembler à celles qu’ils avaient vues précédemment. Une sorte de profonde respiration se faisait entendre toutefois, et il aperçut trois, non quatre, grandes pompes qui devaient faire office de souffleur et qui bougeaient de façon automatique. Il avança à pas comptés dans la pièce, aux côtés de ses compagnons, et remarqua alors des sillons, dans le creux desquels coulait quelque chose. Du métal en fusion, dirait-on. En tout cas, mieux valait ne pas y toucher ni même s'en approcher. Au milieu de la respiration des soufflets et de l’ébullition du métal en fusion, de violents "TCHONK", tel le bruit d'un marteau frappant le métal, résonnait à leurs oreilles.

Aucune issue, ni porte ni fenêtre, n’était visible, ce qui ne rassura en rien ses instincts de Tisseur. Les murs étaient tous, sans exception, recouverts de râteliers d'armes et d’armures. Tous entièrement remplis.

Ses sens de Sainnûr vibraient aussi, encore et toujours : magie imprégnait toute la pièce, comme tout ce qui concernait cet édifice. Les murs, le sol, le plafond, tout criait magie. Elle semblait alimenter le lieu même. Mais dénotait ici quelque chose de plus vibrant encore, qui crépitait plus encore que tout ce qu’ils avaient rencontré jusqu’alors. Une puissante énergie magique pulsait dans chaque arme, chaque armure exposée sur les murs. Il ne s’agissait clairement pas de simples objets magiques. C’était bien plus que cela.

Et alors qu’ils avançaient, son ornithorynque lui souffla une présence autre que leur groupe. Une seule, unique, solitaire. Deux Esprits-Liés. Un scarabée et ce qui semblait être un gros félin, probablement un tigre. Deux Esprits-Liés très puissants, de la même puissance qu’il avait ressentie en présence de Lolupata. De cette puissance caractéristique des Couronnes, comme ils avaient pu s’y attendre.

Ce fameux président donc… La quatrième Couronne...

Un président qui ne réagit aucunement à leur approche. Les coups de marteau continuaient, imperturbables. Un Graärh massif, d'une taille imposante, se tenait là, devant eux.

[INTRIGUE] La forge des cauchemars Couron10

D'une main, il tenait un morceau de métal en fusion. Aussitôt, Ilhan remarqua que quelque chose clochait avec cette main... avec ce bras... avec cette épaule… Et en fait avec tout ce qui composait ce membre. Il songea aussitôt à un bras métallique, tel qu’en possédait l'Administrateur.

Alors qu’ils continuaient à approcher doucement, le Graärh donna un violent coup avec son marteau et cette fois-ci le bruit retentit différemment. Une légère onde de choc traversa la pièce, la faisant trembler, et les repoussa de quelques pas. Se remettant rapidement de la surprise et du choc, et songeant que cette puissance devait avoir un lien avec le Scarabée, il observa ce que la Couronne forgeait. Étrangement, contrairement à ce à quoi il s’attendait, il ne s’agissait visiblement ni d’une arme, ni d’une armure, ni… en fait cela ne ressemblait à aucun objet qu’il connaissait. Rien d’étonnant, en soi, dans un tel lieu, où tout n’était que découverte et nouveautés entre fascination et terreur. Il vit alors le métal se tordre et… oui, les pouvoirs du Scarabée étaient pleinement à l'oeuvre. Mais pas seulement.

Prenant alors son courage à deux mains, l’althaïen se décida à manifester leur présence. Non pas que le Graärh ne soit pas au courant de leur arrivée imminente. Au vu de sa puissance, et surtout considérant le fait qu’il les avait fait venir lui-même… mais il semblait bien trop absorbé dans son travail pour les avoir remarqués.

Toutes mes salutations, Monsieur le Président, fit-il alors d’une voix calme et profonde. Je vous présente mes excuses de cette intrusion imprévue et vous remercie de votre hospitalité. Votre forge est magnifique.

Quand il prit la parole toutefois, l'Administrateur mit soudain un bras devant l’althaïen. Le Président continua de les ignorer, trop concentré sur son oeuvre. Il empoigna de nouveau l'objet et frappa une ultime fois avec son marteau. Un sifflement strident résonna, manquant les rendre sourds. Progressivement, l'objet qu'il était en train de forger perdit sa teinte rouge vif, laissant apparaitre une apparence au ton cuivré. D'un geste de la main, le Graärh fit léviter la pièce, qui s’envola vers le plafond et alla s'emboiter dans un objet un peu plus grand, suspendu au plafond, en forme de cône spiralé. Un objet assez volumineux, a priori non fini… et qui ne lui évoqua rien.

Ce n’est qu’à cet instant qu’enfin le félin se retourna vers eux. Il se mit à parler en langue Graärh, dans un dialecte si ancien qu’Ilhan n’en comprit guère grand-chose, quand bien même il maitrisait maintenant bien la langue des Graärh de l’archipel. Mais le bouchon dans leur oreille eut l’obligeance de traduire.

"Il faut être particulièrement idiot ou courageux pour poursuivre cet empêcheur de tourner en rond qu'est Paarsih. Il croit que c'est une caractéristique de vos espèces que de vous jeter en avant sans réfléchir. Vous vous êtes mis dans un sacré pétrin, j'espère que vous en avez conscience."

En appelant à sa Pythie, Ilhan perçut que, pour le moment, le Graärh n’avait aucune intention négative à leur égard. Tela lui souffla que le Président semblait plus préoccupé par le fait de finir son objet qu'autre chose. Quant à ses sentiments… il transpirait à leur égard un mélange de curiosité… et d’agacement. Curiosité, car ils étaient quelque chose de nouveau. Agacement, car leur présence l'empêchait de poursuivre son travail.

Ilhan se posta légèrement devant Naal, dans un geste naturel, comme s’il cherchait simplement à s’avancer un peu, et mit ses mains dans le dos, toujours d'un air naturel, en bon acteur qu'il était… Il transmit ainsi à son amant ce qu’il venait de percevoir par la pythie, Tela et l’ornithorynque, en langue des signes. En espérant que Naal parvienne à décrypter ce qu’il disait en silence.

Dans le même temps, il reprit la parole à l'égard du Graärh, pesant ses mots et laissant ses accents althaïens chanter. Il voulait de la nouveauté ? Il aurait de la nouveauté. À eux tous, ils devraient avoir suffisamment de quoi attiser sa curiosité, pour l’empêcher de les mettre dehors avant qu’ils aient pu en apprendre plus.

Nous sommes désolés de vous déranger en plein oeuvre. Et en effet, je ne sais si nous sommes doués pour chercher les ennuis ou si les ennuis sont doués pour nous trouver. Sans doute un peu de deux, offrit-il d’un sourire teinté de taquinerie et d’autodérision.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Tout allait bien trop vite pour une petite tête comme la mienne. D'abord il y avait eu un gros câlin venant du prêtre Naal qui m'avait, à la fois surprise et à la fois fait ronronner bien fort. Ensuite, les voix entendues s'étaient  bel et bien avérées celles de nos amis en-dessous qui ne tardèrent pas à nous rejoindre. Tous étaient dans un état bien déplorable. Et enfin,  pourquoi, comment, par quel sortilège encore, le majestueux dragon cuivré avait rapetissé de cette façon ?! Bon, il fallait respirer, se concentrer seulement sur ce que nous venions d'apprendre qui était déjà bien capitale. La tête chauffante, je me massais doucement les tempes en laissant une seconde mes camarades se charger de la reconstitution des cristaux. Le petit débris que j'avais ramassé plus tôt émanait, bien que très légèrement, une puissance qui me rendait curieuse.

J'allais m'asseoir par terre une minute en écoutant les hypothèses de chacun, lorsqu'un fracas résonna dans la salle. Ce lieu bien que merveilleusement magnifique allait avoir ma peau si on s'amusait à jouer avec mon cœur de la sorte. Tournant vivement ma tête en suivant de près les pas de Belethar, je découvrais en même temps que les autres le wagonnet que la voix venait d'annoncer. Je me demandais une seconde comment le beau Alkhytis pourrait monter dedans et ce n'est pas avec une mince appréhension que je grimpais dedans... Devant. Les yeux amusés de Naal totalement nu à côté de moi ne faisait qu'accentuer le suspens de ce que ce wagonnet allait faire. « Mais par les Esprits, on allait tous y passer ! »

Les pattes sur les yeux, je me répétais cette phrase alors que le dit wagonnet devenait complètement fou furieux. Oh il y en avait un qui s'amusait grandement à côté de moi. « Les chats retombent toujours sur leur pattes »

- C'est bizarre, mais ça ne me rassure pas du... Je vais mourir iciii !! Hurlais-je alors que le démon chutait dans le vide.

Le manège continua encore et encore pendant au moins six bonnes heures je pense. C'est avec le poil complètement ébouriffé que les mouvements s'arrêtèrent enfin. Mon regard sur le côté je découvrais une nouvelle et gigantesque pièce. Je m'assurais cependant que tout le monde allait bien d'un coup d’œil. Certaines peaux étaient plus pâles que d'autres et j'en profitais pour aller voir comment Seigneur Avente se portait.
Le chaos derrière nous, je n'allais pas être au bout de mes surprises, oubliant d'un trait le wagonnet lorsque D-3-PO se présenta à nous.
Il était... splendide. Merveilleusement bien dessiné et c'était avec des yeux brillants, encore et toujours, que j'écoutais les réponses qu'il pouvait nous apporter. Mon appréhension redoubla d'intensité lorsqu'il nous expliqua qu'on allait rencontrer Udyog Ychgama. Je mourrais d'envie d'aller à sa rencontre au même niveau que je ne souhaitais jamais croiser sa route. Paradoxale au possible, je ne pouvais oublier ce qui s'était passé au domaine Baptistrale. On pouvait s'attendre à bien des malheurs. D'autant plus qu'il y avait une autre couronne de cendres qui se promenait dans la forge. On disait qu'il semblait être parti ? Tout pouvait laisser à penser à un piège pour coincer notre petit groupe. Dans tous les cas, mieux valait rester prudent.

Une fois entrée dans une pièce exigüe, celle-ci s'était mise à descendre. Profitant de l'occasion, je retenais mon souffle lorsque l'Administrateur fit une démonstration en expliquant comme fonctionnait les « points relais ». Mais comment avions nous pu perdre autant de connaissances ? Plus j'en apprenais sur ce lieu et plus je ne pouvais pas croire à la vie que les gräarhs avaient décidé de mener maintenant. D-3-PO précisa bien à Seigneur Avente le fait que les gräarhs de l'ancien temps venaient ici seulement pour le travail. Alors... se pouvait-il que d'innombrables souterrains comme celui-ci regorgeaient d'anciennes cités ?... D'anciennes traces de légion sur Calastin ?
Je me creusais la cervelle, n'osant pas prendre la parole avant que la curiosité ne soit trop forte.

- Pardonnez-moi, hum monsieur l'Administrateur. Si les gräarhs venaient ici seulement pour travailler, peut-on retrouver d'anciennes habitations, ailleurs ? On retrouve deux légions sur l'archipel, se pouvait-il qu'il y en avait une troisième ici ?

" Les salariés venaient de toute l'archipel, bien que la plupart d'entre eux habitaient Khokhattaan. D'après les archives, 10% des salariés de Aadphorjmik provenait de Devastsheen, une ville située au plus à l'est. Malheureusement, le réseau est trop endommagé pour que je puisse vous dire si la ville existe encore aujourd'hui." Il ne manqua pas de préciser qu'il était sûr à 99,99% que plus aucun salarié n'était vivant là-bas à ce jour. Stupéfaite par la découverte de Devatsheen, une partie de moi me disait cependant que si une éruption avait tout endommagé, il ne devait pas rester grand chose de l'ancienne cité de Calastin. Je notais cela dit cette information importante dans ma tête pour reprendre mes recherches de retour à la surface. C'était si incroyable. Combien de fois l'avais-je dit ? Mmmh.
J'écoutais la suite avec grande concentration. " Je ne possède aucune information concernant deux légions sur l'archipel, pas plus qu'une troisième. L'absence de légion sur Khokhattaan est cela dit, probablement dû à l'éruption du supervolcan. Avant l'activation du protocole de défense, les dernières informations captées par Aadphorjmik de l'extérieur de Khokhattaan laissaient présager que l'île de Khokhattaan allait être la plus durement toucher. "

Je jetais un coup d'oeil vers Ilhan en me demandant sincèrement à mon tour quelle était la cause de cette éruption. Et de plus, si Calastin avait été la plus touché, c'était bien que le volcan dont D-3-PO parlait n'était pas celui dont tous avait connaissance... Si ? Il y avait un supervolcan sur Calastin caché sous terre ?

- … Est-ce que l'archipel était autrefois une seule et même île... Monsieur l'Administrateur ?

« Aussi loin que mes données Aadphorjmik me permettent de voir, non, les îles de l'archipel ont toujours été séparés. »

J'hochais la tête timidement avant que le sol sous nos pattes ne fasse un léger soubresaut. Une nouvelle salle apparut alors dans une chaleur suffocante. Moi même qui aimais tant la chaleur, je me sentais soudain asséchée net. J'avançais le museau vers le sol pour éviter les sillons où coulait le métal en fusion tout en plaquant mes oreilles sur mon crâne face aux vacarmes. Je n'aimais pas la puissance que dégageait la grande pièce bouillante et une sensation que j'avais déjà ressenti au domaine raviva de douloureux souvenirs en apercevant soudain le gräarh au bras de métal. Il était là, la quatrième couronne de cendres. En chair et en os. Bien bâtie et assurément puissant aussi imperturbable que le déchaînement des tempêtes. Mon cœur battait à tout rompre lorsque Seigneur Avente commença la conversation. Le courage qu'avait cet homme était si admirable que je quittais une seconde Udyog pour observer l'attitude de l'althaïen.

Oui, alors si même le grand forgeron disait « sacré pétrin » c'est qu'on était pas sortie d'affaire. J'étais en tout cas bien d'accord avec lui, mais je le fus soudainement moins lorsque son regard toisa les nôtres avant de s'arrêter sur le mien. Je... le... que...

"Si la vie m'a appris une chose c'est à ne pas me fier au jugement des autres, ni au mien. Je ne vous blâmerais pas pour votre effraction au sein d'Aadphorjmik, Paarsih et son manque de discrétion en est le seul responsable. Nous allons commencer par toi, petite graarh. Sortez tous le bien le plus précieux à vos yeux. Ce sont eux qui vous jugeront."

Le monde semblait vriller sur les côtés tant j'étais tétanisée. Mes yeux voyaient sa patte faire un léger mouvement et une force invisible apparut doucement dans mon dos pour que j'avance.
Je faisais quelques pas maladroit, en me répétant dans ma tête, « non, non, non, non... » Mais la couronne était bel et bien là devant moi, attendant apparemment un présent qui m'était cher.
Je n'osais aucun mouvement en direction de mes amis bien trop concentrés à ne pas faire un arrêt cardiaque ici. La Reynagane qui se voulait changée en courageuse à la surface avait bien vite régresser tout à coup. Je levais une patte tremblante vers mon oreille pour venir détacher mes boucles d'oreilles que Ilhan Avente lui-même m'avait offerte il n'y a pas si longtemps de cela au final. Symbole d'un espoir immense et d'une porte de sortie pour moi et Nyana.

Je ne lâchais plus du regard les boucles que la couronne venait de déposer sur son enclume. Déposant la tête de son marteau doucement sur les boucles, je le regardais maintenant fermer les yeux avant de les rouvrir. Mes boucles d'oreilles revinrent alors vers moi en flottant dans les airs et je les reprenais toujours pattes tremblantes. S'il faisait chaud dans la pièce, je me sentais bouillante alors que ses yeux croisaient les miens. Frissonnante, il savait. Par n'importe quel puissance, il savait tout de ces bijoux et de ma propre histoire. Je pensais avoir déjà était nerveuse auparavant mais cette sensation semblait avoir doubler d'intensité lorsque la voix d'Udyog résonna de nouveau dans les bruits de la forge.

Toi que l'araignée a béni, je suis prêt à répondre à certaine de tes interrogations ... mais encore faudrait-il que tu en ais le courage."

Le... ouf là là, j'allais me liquéfier définitivement.

Je replaçais mes boucles d'oreilles en essayant de me concentrer sur l'instant présent. Le courage. Avais-je assez de courage ? Des questions j'en avais. Mille. Mais du courage... Oh non, je n'allais tout de même pas pleurer ! J'inspirais un coup, mes pattes portaient à mes joues avant de faire un minuscule pas en avant comme si j'allais récupérer du courage de cette façon.

- Je... Le... Docteur Paarish est donc venu vous voir mais... il est reparti ? Que... vous voulait-il ?

"J'ai vu le docteur Paarish, effectivement. Il savait que j'avais bien mieux à faire que de lui parler alors il a décidé de mettre le bordel dans mon entreprise pour que je n'ai d'autres choix que de lui accorder un peu de mon précieux temps. Bien que nos idéaux et intérêts divergeaient sur un nombre majeur de points, nous avons été amis ... mais tout ca, c'était dans une autre vie. Il est venu récupérer des affaires qu'il avait laissées ici il y a longtemps. C'est grâce à lui que je suis de nouveau dans ma forge à pouvoir travailler, alors par égard pour cela je l'ai laissé faire et je lui ai indiqué la sortie. Il savait que vous le suiviez, mais je ne pense pas qu'il avait du temps à vous accorder. Vous devriez oublier l'idée de le poursuivre. Je me doute de ce que vous lui voulez, mais vous n'êtes pas de taille pour lui faire face."

Pas de taille, oh oui, je crois que j'en avais bien conscience maintenant. Ainsi donc, Rog était parti.

- Mer...ci pour votre réponse. Mais alors, qu'est-il venu chercher ?

La patte massive d'Udyog balaya l'air et je me permettais de jeter un coup d'oeil sur toutes les armes et magnifiques armures qui étaient entreposés partout dans la pièce.

"Je pense que je n'ai pas besoin d'en rajouter sur la nature de ce qu'il est venu récupérer aujourd'hui. Enfin, il a également tenté de me rallier une fois de plus à la cause qui nous a autrefois unis."


Mes oreilles s'élevèrent légèrement au-dessus de mon crâne, me sentant légèrement mieux face aux réponses de la couronne. Celui-ci semblait véritablement enclin à entendre mes questions. Rog était en train de se préparer à la guerre. Une guerre que l'archipel entière allé subir...

- La cause... vous n'étiez pas au domaine Baptistrale... Vous n'avez pas cette colère que les autres Couronnes ont, pourquoi donc avez vous decidez de vous détachez de cette "cause" justement... Vous...devez être au courant de ce qu'on fait Lolupata et Laalach sur Néthéril non ?

"Le domaine Baptistrale? Qu'est ce que c'est? Peu importe. Je ne sais pas ce qu'ont fait Lolupata et Laalach. Je suis bien trop occupé pour porter mon regard hors de ce lieu. S'ils l'ont fait, c'est qu'ils doivent surement avoir leur raison. Ce ne sont pas mes affaires de toute manière. Nous sommes tous devenus ce que vous appelez couronnes pour des raisons différentes. Par altruisme? Par égoïsme? Cela dépend du point de vue de chacun. Nos protecteurs ne me tiennent pas rigueur de mes actes, je n'ai pas arraché le pouvoir d'accomplir mes desseins, je n'ai demandé que la connaissance. Mes anciens compères ont commis une erreur qui m'a conduit à me détourner d'eux et n'ayant que peu d'intérêt pour ce qui se passe en dehors de ces murs je me suis détaché de ce monde extérieur susceptible de m'interrompre dans les travaux. Jamais je n'aurais cru que Paarish me ramènerait d'entre les morts, mais étonnamment il l'a fait. Peut-être par culpabilité? Quoi qu'il en soit après cette journée je peux considéré cette dette comme payée."


Je n'aurais pas été dans une telle situation, je me serais bien mis une claque sur la tête. Bien sûr que Udyog ne connaissait pas le domaine Baptistrale, cela était même évident. Je buvais maintenant les paroles du gräarh, bouleversée par autant d'explications et de paroles venant de lui. Si il répondait à mes questions, d'autres apparaissaient alors, pourquoi ne pouvaient ils pas tous se poser ? J'étais capable de l'écouter pendant des heures, pas sûr en revanche qu'Udyog soit très coopératif. Répondre ici et maintenant lui faisait perdre un temps précieux pour son travail, je le savais.

- Il semble cela dit tous vouloir vous ramener à la vie... De, de quelle façon avez vous d'ailleurs pu tenir si longtemps... sans ne jamais dépérir ? C'est tellement incroyable... Vous devez vous...vous sentir bien seul ici dans votre si grande et magnifique forge. Vous n'êtes alors jamais remonter à la surface ? Vous forgez...incessamment sans vous arrêtez alors que Paarish a bien fait comprendre au monde de la surface qu'il était la pour se venger... S'il vous plaît Udyog pensez vous qu'il y ai un moyen de calmer la colère de "vos anciens compères" ? Paarish a sûrement dans l'idée de faire revenir d'entre les morts la dernière couronnes de Cendre... mais nous ne connaissons rien d'elle.

Je voulais qu'on parle enfin de la femelle gräarh, nous n'avions rien, absolument rien sur son histoire, pourquoi donc ?

"Oh je ne suis pas mort de vieillesse si c'est ce que vous vous demandez. Bien des années après m'être enfermé dans Aadphorjmik, une de mes expériences a mal tourné. Moi qui pensais pouvoir passer chaque seconde de ma vie à faire ce qui me plait. J'y ai laissé mon bras, mais l'explosion avait tellement meurtri mon corps que les automates médicaux n'ont pas réussi à me sauver. Mais en tant que président des entreprises Ychgama, le protocole veut que mon corps soit guéri puis conservé. On peut dire que j'ai eu de la chance. La solitude? Ahahah! On n'a pas le temps de la sentir quand on travaille sur sa passion. Et puis, j'ai D-3-PO avec moi. Ca va bientôt faire deux ans que je me suis réveillé, je n'ai pas eu le temps de me la couler douce et de penser à faire une promenade dehors. Le temps n'a pas été clément avec Aadphorjmik, ce lieu a certes été conçu et amélioré pour être autonome, mais la présence d'un graärh derrière la machine finie toujours par être nécessaire. J'ai bien cru à un moment tomber à court d'énergie, mais pour une raison que j'ignore une puissante vague de magie à déferler. J'ai réussi à en capter une partie pour remplir les niveaux. J'avoue avoir été intrigué par l'origine de cette vague phénoménale, particulièrement quand je me suis rendu compte que son épicentre était le Bâoli. Mais j'avais bien trop à faire.
Je me suis toujours considéré comme le plus raisonnable de nous quatre. Mes ambitions étant plus simple, plus matérielle, plus éloignées de la cause. Laalach et Rog ne changeront jamais d'avis, pas après ce qui c'est passé, pas alors qu'ils savent qu'une partie de nos protecteurs les soutiennent. Lolupata ... il a tout sacrifié. Abandonner reviendrait à dire que tout ce à quoi il a consenti l'a été en vain. La dernière couronne de cendre? Mais de quoi parlez-vous? Laalach, Rog Lolupata et moi-même sommes les seuls à porter ce sinistre titre. Je pense que la chaleur de la forge vous faites embrumer l'esprit. Vous devriez aller vous asseoir près des soufflets
"

Cette même force invisible que plus tôt revînt vers moi pour me faire reculer et je portais une patte sur mon front, complètement épuisée. Dégoulinante même tant il faisait chaud, avec tout ça je m'étais bien mal exprimer. L'erreur la plus neuneu possible, je venais de la faire devant une couronne de cendres. Par les Esprits cela n'arrivait qu'à moi.

Les soufflets, oh oui, j'en avais peut-être besoin au final tant je me sentais soudain mal. Je n'avais  pas espéré tant du gräarh qui avait était bien ouvert. Des centaines d'émotions me submergeaient alors que je cherchais réellement un soufflet pour me calmer un peu.
Avec tout ça, mes yeux s'arrêtèrent sur mes compagnons qui avaient tout entendu. Je revenais  brusquement à la réalité.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Belethar entendit d’une oreille les contre-propositions de Naal. Lui ne désirait pas se rendre au plus vite auprès des couronnes. Un choix raisonné, du moins il estima que les arguments s’entendaient. Quoique devoir attendre l’agaça quelque peu : après tout, l’Espérancieux savait mieux que personne de quoi était capable les Couronnes, et lui-même n’avait pas très envie que les mêmes choses qui se sont passées au Domaine se reproduisent ici-même.

Mais après tout, Naal avait raison : s’ils avaient un rapport conflictuel, comme en témoignait l’état de cet endroit, il y avait fort à parier qu’il ne valait mieux pas s’en occuper. Cela étant, en vérité Belethar n’eut pas à attendre bien longtemps car aussitôt avaient-ils finis leurs conversations que vint se présenter une petite charrette automatique, puis une nouvelle voix dans leurs bouchons les invitèrent à se placer dedans, et à bien garder bras et jambes à l’intérieur du véhicule.

Toujours fasciné par cette technologie, Belethar obtempéra gentiment, ne faisant même plus attention aux mimiques de Naal qui avait encore trouvé le moyen de se déshabiller : la chose était monnaie courante pour qui le fréquentait souvent, et si le Pater Familias eut été choqué les premières fois, cela devenait presque comme une habitude à force. A croire que dans les commandements de Néant, il existait un précepte religieux de la sorte : “Tu te déshabilleras à chaque fois qu’il t’arrive quelque chose !”. Belethar eut un petit sourire quant à cette éventualité, rigolant intérieurement, puis il se laissa porter par le wagonnet qui avançait inexorablement, leur promettant des sensations fortes.

L’Espérancieux ne réagissa que très peu aux diverses chutes et à la prise de vitesse du moyen de locomotion, contrairement à Naal qui était tel un enfant dans ce petit manège. Belethar ressentait des choses bien évidemment, et eut lui aussi des frissons, mais depuis sa cérémonie d’intronisation, il avait étrangement moins peur du vide, ou de l’inconnu. Au contraire, tout ceci l’inspira, et Belethar ferma ses grands yeux non pas par peur, mais pour trouver l’inspiration. A son retour chez lui, il écrirait sans doute une fabuleuse symphonie pour conter cette ode qu’ils vivaient tous depuis le début de cette journée. Voilà une perspective intéressante.

A la fin de ce moment surréaliste où Belethar était comme un gros rocher au milieu d’un torrent, le petit groupe arriva dans une salle immense puis on les invita à descendre. Des restes de combat gisaient ça et là, et l’Espérancieux eut un petit sourire quand il entendit Naal faire sa remarque. Non sans une pointe d’ironie, le Baptistrel répondit seulement, toujours de sa voix calme et quelque peu distante :

“On ne vous appelle donc pas l’Oracle pour rien alors !”

Était-ce de la mauvaise foi ? Un peu. Mais toujours dans la taquinerie, et jamais dans la moquerie. Naal était un habitué de ce genre de boutades : après tout, lui avait bien propagé son histoire de Sucre d’Orge à toute l’Alliance.

L’Espérancieux fit ensuite connaissance de la créature mécanique qui se présenta comme l’Administrateur. Il entendit les échanges de tout à chacun, le Pater Familias resta cependant coi. Belethar était suffisamment occupé à scruter l’architecture autour de lui, se demandant comment diable le peuple des Graärh avait pu régresser à ce point, alors qu’en tout point de tout ce qu’il avait vu jusqu’à présent était un puissant vecteur de progrès.

Les histoires de données, de point de relai pour faire passer l’énergie, cette “forge” qui semblait s’auto-alimenter en énergie, les gigantesques golems qui étaient en fait des systèmes de défense … Belethar s’estimait comme un architecte d’expérience et avait bâti des villes entières, et pourtant il n'avait jamais rien vu de tel.

Il aurait fait n’importe quoi pour repartir de cette forge avec ne serait-ce qu’un tout petit peu de ce génie qui avait permis de bâtir tout ceci, car il était persuadé qu’en de bonnes mains, cela ferait mille fois progresser les êtres vivants. Belethar était sans doute trop optimiste cependant, on le lui avait souvent reproché. Car après tout, si tout ceci avait fini six pieds sous terre alors que dans le temps, cela ne l’était de toute évidence pas, c’est qu’il devait y avoir de bonnes raisons.

Mais tout de même.

Le voyage dans cette pièce verticale qui se déplaçait toute seule s’arrêta bientôt … Et enfin ils arrivèrent dans cette fameuse forge, où Belethar sentit soudainement le poids de la chaleur sur ses épaules. Heureusement, sa cape le protégeait de toute suffocation, mais il eut tout de même un brin de compassion pour ses autres compagnons qui n’avaient pas cette chance.

Là, ils avançaient, et s’ils les entendaient d’abord de loin, L’Espérancieux perçut à nouveau des vibrations. Belethar poussa un grand soupir de soulagement, comme s’il recouvrait l’audition après un long moment de surdité. Si pour le commun des mortels, les bruits ambiants ne devaient ressembler ni plus ni moins qu’à un forgeron travaillant son métal, l’ouïe aiguisée du Baptristrel reconnue comme une mélodie qui chantait la note d’Oen, cependant cette mélodie était inoffensive pour les corps et les esprits. C’était bien la matière et l’énergie magique qui était la cible de cette symphonie.

L’Espérancieux trouva intéressant que la personne se trouvant à l’intérieur de cette forge, il manie avec autant d’aisance un pouvoir si grand que des baptristrels mettaient au bas mot plusieurs dizaines d’années avant d’en découvrir tous les secrets.

Définitivement, ce Udyogg Ychagma ne devait, lui aussi, vraiment pas avoir usurpé son identité. Il ne fallu que peu de temps au petit groupe avant de découvrir le faciès poilu en chair et en os du Président qu’ils avaient auparavant vu dans des tableaux. Il était en tout point identique avec ce qu’ils avaient vu, hormis un bras qui semblait métallique à la manière d’autres créatures de cette forge.

La conversation s’engagea ensuite, d’abord Ilhan se chargea de les présenter, puis se fut au tour de Reynagane d’interroger Udyogg, et ainsi ils en apprirent un peu plus sur le passé de cet être si particulier.

Une fois cette conversation avec son amie féline passée, les mires de feu d’Udyogg se posèrent sur le baptistrel. La Couronne de Cendre n’eut pas à en dire plus pour qu’il ne s’avance, et ne présente à son tour le bien le plus précieux : sa bague, Pupillam. Synonyme d’héritage familial, mais aussi d’un engagement et d’une puissance mystérieuse, et en tout point révélatrice de l’histoire de Belethar et de sa famille, l’Espérancieux l’avait choisie dans l’espoir que cela parle un peu aussi à Udyogg, qui semblait faire aussi partie d’une famille au puissant héritage.

La Couronne s’en saisit et commença à la regarder :

“Cet objet ne t'appartient pas. Du moins, tu n'en es pas le possesseur originel."

Belethar haussa un sourcil. Il glissa un petit : “Effectivement” se demandant bien comment Udyogg pouvait aussi vite déterminé cela. Puis il approcha l’objet près de son oreille avant de le poser sur l’enclume :

“Je vois, un leg familial. Il est passé entre de nombreuses mains. Un peu comme mon entreprise.”

Bingo ! L’Espérancieux eut un petit sourire et fit : “C’est encore une fois exact. Nous avons des choses en commun vous et moi”, avant de laisser Udyogg à son analyse. Il leva alors brusquement son marteau, Belethar ouvrit alors grand les yeux, s’apprêtant à dire à Udyogg d’y aller doucement … Mais la Couronne, semblant bien avisée, vint poser délicatement la tête de son outil sur l’objet. Une toute petite secousse invisible au commun des mortels vint mettre alors en branle l’objet, puis les vibrations liées à celui-ci se mirent en branle, avant de s’ordonner comme pour composer un chant-nom.

Belethar resta pantois : D’abord les notes d’Oen, puis maintenant cela … Décidément, ce marteau devait être un artefact d’une très grande puissance, pour qu’il produise cela en un tour de main. Arriver à reproduire un genre de pouvoir baptistral sans rien connaître de cet ordre sécha complètement le Cawr. C’était très étonnant, mais encore plus caractéristique de la puissance réelle de l’être qui se trouva en face d’eux.

Udyogg ferma un instant les yeux, puis revint à lui dans un pouffement de rire :

“C'est paradoxal qu'un homme pour qui la famille compte autant, ne soit pas parvenu à garder auprès de lui sa femme et son enfant.”

L’Espérancieux fit une moue boudeuse : qu’il aille dire ça à ce salopard de Nathaniel, et aux Chimères qui avaient envahi leurs territoires. C’étaient de leurs fautes si elle était partie, avec son enfant … Il ne réagit cependant pas plus que cela. Même s’il pouvait le voir, Udyogg ne comprendrait sûrement pas même si on se prenait la peine de lui expliquer : tout ceci devait paraître tellement loin, pour quelqu’un qui ne connaissait rien de rien à leurs espèces.

Le regard se fit toutefois plus sérieux à sa prochaine remarque :

“Oh ... voilà qui est intéressant. Vous feriez mieux de rester à l'écart de Rog. Il n'apprécie pas quand on touche à ce qui lui appartient.”

Là, Belethar eut le visage qui s’empourpra. Udyogg n’avait pas besoin de plus élaborer la chose pour que le Cawr ne comprenne de suite de quoi il était question : il est vrai qu’il avait passé du bon temps avec Danalieth, son rucher, et le petit Nasod. Mais de là à s’accaparer cette création de Rog … L’Espérancieux agita sa main devant sa figure pour se cacher de cette chaleur qui l’envahissait malgré ses artefacts.

Heureusement, Udyogg ne creusa pas le sujet et releva son marteau avant de le faire légèrement tournoyer dans ses mains :

“Vous possédez une technique très intéressante. Vous entendez des choses que le commun ne peut pas entendre. Un peu comme moi. Mais vous concernant, le domaine est plus vaste, peut-être trop d'ailleurs. La spécialisation n'est pas une limitation du potentiel, seulement un approfondissement dudit potentiel. Je vous propose de faire un essai : je vous autorise à me poser deux question parmis les dizaines qui se bousculent dans votre tête.”

Belethar agita la tête, mettant en ordre ses pensées, avant de hocher la tête positivement aux remarques d’Udyogg. Là encore, il aurait bien voulu évoquer toutes les subtilités de la magie baptistrale avec lui, toutes ses applications, et les spécialisations bien réelles qui existaient pour les Maîtres, mais il préféra se taire. Deux questions était deux questions, aussi devait-il réfléchir avant de les poser.

Belethar hésita un instant, jettant un petit regard à ses camarades avant de lui faire :

“Monsieur le Président. J'ai lu votre passé, du moins une partie, en réparant une partie de vos très ingénieux systèmes qui conservaient l'histoire de votre entreprise, et de votre famille. Si nous avons en commun d'entendre une partie de la musique de ce monde, alors vous avez très certainement vu que Pupillam ne m'est pas revenu de suite. Je n'ai pas rassuré ma famille, peu avaient confiance en moi, à dire vrai. Je ne suis pas comme les autres et tout comme vous, je n'aspire pas à faire le mal, simplement à connaître, et à tourner les êtres vivants, tous autant qu'ils sont, vers le Progrès et l'Harmonie. Nous sommes nombreux, comme vous, comme moi. C'est le propos de l'Ordre Baptistrale, dont je fais partie, qui est celui que ma camarade vous présentait tout à l'heure. Un Ordre vivant dans un Domaine simple sur la grande île au Sud de Khokhattaan, qui a été saccagé par vos anciens compères. Vous vous êtes séparés d'eux, et pourtant les fours de votre forge tournent encore aujourd'hui à plein régime : qu'est-ce qui vous motive à créer, et à pratiquer patiemment votre art aujourd'hui ?”

Udyogg hocha la tête. Au fur et à mesure qu’il posa sa question, Belethar sentait La Couronne à l’aise, et confiant. Il ne craignait pas les personnes en face de lui, mais pour autant ne cherchait pas à les piéger. Les notes qui s’agitaient en lui révélaient qu’il était également curieux vis-à-vis d’eux, mais aussi agacé par eux. Pour quoi exactement ? Belethar ne put le déterminer car là vint la réponse d’Udyogg :

“Le progrès ... l'harmonie. Il s'agissait ici du rêve de mon aïeul. Sans doute se serait-il bien entendu avec votre ordre. Mais je suis quelqu'un de bien moins philanthrope. Tout comme mes ancêtres, les esprits m'ont doté d'un talent et d'une passion. Mais ce que je fais de mes pattes, ce que je forge, ce que je crée ... Je le fais avant tout pour moi-même. Et c'est justement cet égoïsme que beaucoup m'ont reproché, mon désintéressement pour autre chose que mon art, mon amour et ma dévotion envers celui-ci, qui font que je surpasse tous mes prédécesseurs. Je suis né pour forger, pour honorer le scarabée au travers de mes créations. Aadphorjmik n'est pas seulement une entreprise, c'est aussi un temple. Égoïsme ... dévotion ... amour ... Les justifications ne me manquent pas pour battre le métal. Le feu Aadphorjmik et le talent des Ychgama furent autrefois un don mis à disposition de la société ... Un don qui a attisé la jalousie ... la convoitise ... aujourd'hui, ce n'est que justice qu'ils soient mis au seul profit du dernier représentant la lignée auquel ce don appartient.”

L’Espérancieux entendit la réponse de la Couronne, et hocha la tête. Là était alors sa réelle motivation : l’amour de son art, qui avait finalement transité en un égoïsme certain. L’amour était un bien étrange sentiment, qui pouvait donner bien des réactions étonnantes. En tout cas, Belethar hocha la tête. Ce n’était pas là sa vision des choses, mais Udyogg devait sûrement avoir vécu une vie qui l’encourageait à s’être mis dans ce carcan de pensées. Peut-être qu’un ou deux mots pourraient changer les choses ? Après tout, Belethar avait senti une once de regrets quand Udyogg avait mentionné son lien avec Rog.

En tous les cas, la frustration et l’agacement que Belethar avait ressenti, pris corps quand Udyogg avait mentionné l’amour pour son art : en vérité, ce pourquoi il forgeait et le travail qu’il menait avant que le petit groupe arrive, l’obnubilait. Voir même, c’était d’une extrême importance. Les notes de vie se firent plus exactes : on sentait de la colère et de la vexation en lui.

Belethar se jeta alors dans cette faille qu’il avait perçu, et ne tarda pas à poser sa deuxième question :

“Je vois que vous vous affairez à votre forge avec une grande insistance depuis tout à l'heure, alors ma deuxième question sera simple : Qu'est-ce qui est entrain d'être forger par ce feu de la création et vous même ? Êtes vous entrain de reconstruire cet endroit qui était en un état assez ... Hasardeux, par moment ?”

Là encore, le regard d’Udyogg se fit lourd, et il ne tarda pas à répondre non plus :

“Question très intéressante. Le temps n'a pas été tendre avec Aadphorjmik et pourtant, ce lieu a été conçu pour tenir un long moment sans intervention graärh ... mais pas éternellement. Depuis mon réveil, j'ai eu bien assez de temps pour réparer les systèmes devant permettre à l'entreprise d'assurer son entretien et sa réparation. Les salles principales ont retrouvé leur activité d'avant ma mort. D'ici moins d'une année, Aadphorjmik devrait être de nouveau pleinement opérationnelle. Mais, ce que vous avez l'occasion de contempler au plafond n'a pas pour but de réparer, c'est même tout le contraire. Je l'ai surnomé CC-02 : corne du coléopètre numéro deux. La première fut un échec cuisant sur lequel je n'ai pas vraiment envie de revenir. Mais celle-ci sera une réussite. Il est certaines choses qui ne peuvent être détruite ... du moins en théorie. Ceci, sera mon ultime réponse à un affront qui m'a été fait il y a longtemps ... ainsi que mon unique outrage aux créations du scarabée. Mais je sais qu'il me pardonnera.”

Belethar leva les yeux au ciel, et effectivement, il vit une très grande flèche torsadée faite de métal, et d’une énergie si puissante, que L’Espérancieux eut à peine à se concentrer pour voir toute l’énergie destructrice qui émanait dans les vibrations de cette fameuse corne de coléoptère.

Belethar se recula de quelques pas, ses questionnements étaient encore multiples, mais il décida de ne plus user du temps de la Couronne plus que cela. Le Baptistrel avait accepté sa proposition, et n’avait qu’une parole. Il adressa cependant un regard appuyé à son presque-frère et Naal : eux n’avaient pas encore parler, et pouvaient peut-être creuser pour lui certains sujets qu’il avait abordés ici en surface. Cette corne de coléoptère était plus qu’inquiétante, aussi devaient-ils trouver de bons choix de mots pour trouver ce qu’Udyogg comptait en faire …

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Nom de nom… Si je n’avais point quatre membres sur lesquels m’appuyer je me serais effondré sur le sol comme un sac de pommes de terre. Ce chariot branlant qui filait aussi vite qu’une dragon en plain vole… Quelle sensations étranges et particulièrement désagréable ! J’ai bien cru rendre mon déjeuner en plein trajet. Est-ce un instrument de torture ? Il devait être d’une efficacité horrifiante sur des personnes souffrant d’insuffisance cardiaques. J’en ai des frissons d’horreur. Et comme si ce n’était pas suffisant, cet étrange appareil doué de parole et de raison nous a imposé, au seigneur Ilhan, ses hommes et moi-même, une séance de « nettoyage ». Des petites bestioles métalliques se sont emparées de nos effets. Malgré mes protestations, je n’ai pu que grogner de colère :

« Bande de petits vauriens ! Rendez ceci avant que je ne vous réduise en miettes ! »

M’égosiller n’apporta évidemment rien de concluant. Déjà, un puissant jet d’eau m’éclaboussait la gueule. Et d’autres passèrent un peu partout sur mes écailles à nues. La délicatesse n’était vraisemblablement le mot d’ordre de cet endroit. Cette épreuve passée, je pus enfin récupérer mes précieux objets.

Par la suite, nous suivons le dénommé D-3-PO le long de nouveaux couloirs, nous menant jusqu’à l’intérieur de ce que je comparerais volontier à un monte-charge cubique, et nettement plus spacieux. Ce dernier nous fait descendre pendant d’interminables minutes, tandis que plusieurs d’entre-nous interrogent notre hôte à engrenages. Je peux enfin mieux comprendre ce qu’il s’est passé au domaine il y a quelques temps. Ainsi que le golem face auquel Luna s’est retrouvée confrontée. Tout ceci est donc bel-et-bien lié aux couronnes de cendre depuis tout ce temps. En y repensant, Tiaramanta est le territoire d’origine des graärhs après tout. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils y aient installés nombre d’éléments qui leurs sont spécifiques.

Enfin, nous arrivons tout en bas. A mesure que nous nous rapprochions de cette immense pièce, la température grimpait, atteignant une certaine intensité que je pouvais ressentir, à défaut d’en souffrir comme mes compagnons suant à grosses gouttes. Nous descendons de la boite mobile géante et nous faisons face à une gigantesque forge, munie de fourneaux surdimensionnés, équipés d’un quatuor de soufflet en marche. Des morceaux de ferraille absolument partout, présentés dans un harmonieux désordre. Au milieux de tout ceci, un graärh, grand, fort bat son fer à coups de marteau :

« Il faut être particulièrement idiot ou courageux pour poursuivre cet empêcheur de tourner en rond qu'est Paarish. Il croit que c'est une caractéristique de vos espèces que de vous jeter en avant sans réfléchir. Vous vous êtes mis dans un sacré pétrin, j'espère que vous en avez conscience. »

Je ne sais que penser de ceci. Les couronnes de cendre sont certainement très puissantes, mais malgré tous leurs pouvoirs, elles ne pourront rien face à toute l’archipel.

Celle qui se trouve devant nous adopte alors un comportement étrange. Par je ne sais quel tour de magie, celui qui se fait connaitre comme Udyog, parvient à déceler nos vies passées et nos secrets en touchant de ton outil de forge l’objet qui nous est le plus précieux. Ma patte griffue se posa sur ma cascade étincelante. Ce collier de cristal que m’a offert Luna il y a bien longtemps. Il est le symbole de notre lien, ma Liée-dorée et moi. Il vaut tous les trésors du monde. Alors que cet inconnu aux grands pouvoir y touche ne m’enchante pas le moins du monde.

A l’image d’un grand maitre des énigmes, il nous donne un nombre limité de questions auxquelles il consent à répondre avec honnêteté. Notre graärh s’interroge sur le passé de leur espèce à tout deux, seigneur Belethar dirige ses questions sur l’activité du président de ces entreprises Ychgama.

Mon tour vient. Je le sens sincère depuis qu’il a ouvert la bouche à notre arrivée. Il n’y a pas de raison qu’il ne se montre pas honnête envers moi. Il s’approche, et affiche une mine pleine d’intérêt :

« J'ai vu bien des créatures étranges en côtoyant le docteur Paarish, mais toi ... on peut dire que tu es quelque chose. J'ai presque l'impression de voir un semblant de Bâoli ... tu irradies d'énergie. Tu dissimules également ta véritable apparence, ou devrais je dire taille ... mh oui, je crois deviner pourquoi. Ce lieu n'est pas adapté à un être comme toi. Qu'est-ce que tu es ? Non attend, ne me répond pas. Ton bien le plus précieux à tes yeux répondra à cette question. »

J’hésite à lui présenter la cascade étincelante. Mais je ne dois pas faire l’enfant. J’ai besoin de lui poser quelques questions après tout ce que nous avons appris en fouinant cette forteresse souterraine. Je lui indique d’une griffe le collier qui orne la base de mon cou :

« Ce collier est mon bien le plus précieux. Je vous prierais d’être plus soigneux que vous ne l’avez jamais été avec vos propres création. »

Il pose la tête de son marteau sur le bijoux. Une magie particulièrement puissante émane de son outil. C’est impressionnant ! Voici donc un infime fragment de ce que représente une couronne de cendre ?... Je prends de plus en plus conscience de l’étendue de leurs pouvoirs.

« Époustouflant. Je n'avais encore jamais vu une telle chose. Penser que deux êtres puissent être unis ainsi. Je suis intrigué et déçu à la fois. Aucune possession matériel que tu pourrais me présenter ne sera jamais aussi précieuse que cette… Quel-est son nom déjà? Luna, il me semble. Mh, je me demande si une telle union est possible avec un objet ... voilà un projet intéressant. Mais pas autant que tout ce que j'ai pu apprendre avec ce simple contact. Ma comparaison avec le Bâoli n'était pas erronée. »

Il est comme moi. Lorsqu’il se retrouve fasciné par quelque chose, ce n’est pas à moitié. Et le Lien semble l’emballer. Bien que je ne parvienne pas à comprendre comment il a pu lire en moi aussi aisément, il m’intrigue réciproquement. Et il ne m’a pas donné de limite à mes questions. Il me faut en profiter :

« Monsieur. Vous possédez cette mystérieuse capacité qui vous confère un avantage certain sur nous. Vous pouvez tout connaître de notre nature et de notre identité. Si cela ne vous ennuie pas, je voudrais rééquilibrer cette balance. Qui êtes-vous exactement ? »

Il se retourne vers moi et répond :

« Je suis Udyog Ychagma, dernier descendant de cette prestigieuse lignée, héritier des entreprises du même nom, élu du scarabée, plus grand forgeron que l'archipel n'ait jamais connu et ne connaitra jamais. Dans la mesure où je respire encore et qu'à ma connaissance personne d'autre n'a été désigné, je suis l'un des protecteurs du Bâoli. Et enfin aux yeux de l'histoire de ma race je suis une couronne de cendre, un gardien ayant trahi son serment ainsi que la confiance des esprits-liés. Pourtant, je suis encore là et j'ai toute la confiance des esprits-liés ayant choisi de ce lier à moi. »

C’est donc cela une couronne de cendre, lorsqu’elle parle d’elle-même. Je ne doit pas en rester là, j’ai bien trop d’autres interrogations en tête :

« Nous avons croisé nombre de ce qui doit être de vos créations. Des insectes géants fais de métal, des bipède avec des cristaux en guise de cervelle, nombres de mécanismes étranges. Même ce bâtiment aux proportions démesurées. Que fabriquez-vous exactement ? »

« Concernant Aadphorjmik, ce n'est pas moi qui l'ais construit. Ce lieu existe depuis de nombreuses générations avant ma naissance, se sont mes ancêtres qui l'ont battis, chacun l'améliorant petit à petit. Pour ma part je n’y ai pas touché. J’ai une préférence pour les création ne comportant pas d'éclat de cristal. »

Il se tourne en direction du mur du fond, là où sont exposés toutes ses œuvres, tels des tableaux de maitre.

« Mais ce lieu est simplement une entreprise de fabrication d'automates qui sont destinés à remplir des tâches diverses. Surveillance, construction de bâtiment, protection, réparation. Chaque machine possède sa raison d’être. Dans le temps, elles étaient censées faciliter la vie des graärhs. Ce n’est pas tout. Il s'agissait aussi d'un lieu de recherche, orientées vers l'amélioration technologique et plus particulièrement l'amélioration des automates. Enfin, ce que vous voyez-là, ce sont mes créations personnelles. Des armes, des outils et des bijoux construits avec la bénédiction du scarabée. Une sorte de collection privée. Elles sont autant une preuve de mon talent que des objets destinés à m’aider à faire face aux situations que je pourrais rencontrer. »

Un peu à l’image d’une brèche dans le mur, colmatée par ces automates fourmis. Ou ces bipèdes armées jusqu’au sang. Et puis je repense à l’instant où j’ai voulu ouvrir un passage depuis l’extérieur :

« Monsieur Ychgama ! il me faut savoir. Le matériau que vous utilisez pour confectionnez vos… machines… quel-est-il ? Comment vous le proccurez-vous, à moins que vous ne le fabriquiez vous-même ? Et tire-t-il sa prodigieuse robustesse ? »

« "L'orichalque en fascine plus d'un. C'est ainsi que les graärhs ont nommé cet alliage lors de sa découverte. Mais seul les Ychgama ont su l'utiliser à son plein potentiel en l'associant aux éclats de cristaux. Si vous posez cette question, c'est que vous avez compris qu'il ne s'agit pas d'un métal comme les autres. Une puissante énergie le parcourt ce qui le rend propice à de nombreuses utilisation. Vous comprendrez bien que pour des raisons de propriété intellectuelle des entreprises Ychgama je ne peux révéler le secret de fabrication de l’orichalque et encore moins les détails de son exploitation. Et de toute manière, cela ne vous servirait à rien. Bien avant ma mort, les mines des métaux servant à la fabrication de cet alliage se sont épuisés. Elles se trouvaient sur l'ile de Tiamat. Oh certes, il existe bien d'autres mines comportant des métaux semblables permettant la création de cet alliage, mais aucun des gisements provenant ces mines n'a permis de créer de l'orichalque. L'influence du Bâoli ou du volcan de Tiamat sur les premières mines y était assurément pour quelque chose. Fort heureusement, nous avons trouvé un moyen de recycler d'anciennes créations faites à base d'orichalque afin de pouvoir l'utiliser à nouveau indéfiniment. »

Des étoiles se lisent dans mes yeux, tant ce discours me fascine. Un alliage aussi impressionnant et unique que ce dernier est tout bonnement enivrant. Il pourrait se révéler plus précieux que le platine ou que l’or ! Mais ce n’est point le moment ni le lieu de s’extasier. Je dois en venir aux faits. A plusieurs reprises, il a évoqué sa relation avec Rog, la couronne que nous pourchassons. Et il à l’air de vouloir rester en dehors de ceci. Cette personne est égocentrique au possible, c’est sûr, mais il ne pourra pas rester éternellement dans son coin. Je suis même persuadé qu’il le sait. D’un ton des plus sérieux, je m’adresse à lui :

« Je voudrais savoir. Quel-est votre objectif en restant cloîtré ici, avec vos précieuses créations pour seules compagnie ? Vous n'allez pas demeurer en hermite ici simplement pour poursuivre l’héritage d’aïeuls oubliés depuis des siècles ? Nous apporterez-vous votre concours dans notre quête pour stopper Rog, vous qui nous mettez en garde contre lui ? »

Il se retourne une nouvelle fois vers nous :

« Le rêve de mon aïeul ne me concerne pas. Il souhaitait faciliter la vie d'autrui. Je ne suis pas si altruiste. Je ne désire qu'exercer mon art, mon talent, encore et encore. Découvrir si je possède une limite et si oui la dépasser. Aadphorjmik me permet de faire cela. Je dispose ici de toutes les ressources et de la tranquillité nécessaire pour y parvenir. Enfin sauf en des jours comme aujourd'hui. Peut-être mettrais-je un jour les pieds en dehors de ce lieu, mais ce n'est pas au programme pour le moment. J'ai bien trop à faire. Vous semblez avoir soif d'aventure, ce n'est pas mon cas. Vous aidez à arrêter Rog, Laalach et Lolupata? Pourquoi ferais-je une telle chose? Je n'ai pas plus d'intérêt de vous aider que je n'ai d'intérêt de les aider eux. Voilà bien longtemps que j'ai coupé les ponts avec eux. Bien avant leur chute. La cause ne me concerne plus. Créer, et par mes créations honorer le scarabée, ma collaboration avec mon esprit-lié, voilà ce qui me tient à cœur. Rog a lui aussi tenté de me rallier, mais je lui ai répondu la même chose que je viens de vous répondre. Cela ne me concerne pas. Cela ne me concerne plus. Et je doute que vous possédiez quoi que ce soit pour me convaincre du contraire.»

Il me fait ensuite un léger signe de la main pour m'inviter à m'éloigner.

« Ce fut une rencontre des plus intéressante, Alkhytis. Mais nombre de vos amis attendent encore d'être jugé. »

Il ne compte donc aps prendre part à cet imminent combat ? Il est tellement absorbé par son monde d’art et de machinerie qu’il en oublie le rôle qu’il peut, et doit jouer dans cette histoire. Je ne peut pas accepter cela. J’ai perdu bien trop de gens qui m’étaient chers, alors si les couronnes m’en prennent encore sans que je puisse y faire quoique ce soit, que vaux-je comme dragon ? Non. Comme être appartenant à ce monde ? Je ne recule nullement face à son geste qui pourrait passer pour dédaigneux et hautain, et je monte le ton :

« Donc vous ne comptez pas agir, rester terrer ici à exercer la même activité jour après jour, année après année ? A votre aise. Mais vous avez tort lorsque vous dites que nous n’avons rien qui puisse vous convaincre, vous avez tort. Vous connaissez bien vos anciens camarades. Je suis sûr que vous savez ce qu’ils désirent. Mais même si ce n’est point le cas, leur objectif impliquera forcément de détruire et de tuer. Pléthore de gens mourront. Loin de moi l’idée de faire appel à votre conscience, mais plutôt à votre bon sens. Ils sont déterminés à atteindre un but que nous ne connaissons pas. Et si l’un d’eux a déjà essayer de vous rallier, que croyez-vous qu’ils feront par la suite ? A un moment où à un autre, les autres couronnes reviendront vers vous. Et si vous persistez à réfuter leur cause, ils feront au moins en sorte que vos puissantes création, toute votre technologie, vos armes, ne puissent pas tomber entre les mains d’autrui. Vous ne serez pas en sécurité, même ici. »

Je le fixe furieusement, les yeux baignés de flammes ardentes. Impatients de connaitre sa réaction. Et j’espère que mes compagnons le pousseront dans cette voie. Même celui qui semble haïr les dragons et dont le facies m’est de plus en plus familier.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Voilà un bien étrange rituel que celui-là. Une bien étrange façon de juger les gens par leur objet, leur possession. Non pas que ce soit là une notion qui soit inconnue à l’althaïen : juger les gens par leur richesse et leurs plus grands objets de valeur avait souvent fait foi dans le monde des humains, ces êtres éphémères si attachés au paraître et au fait de posséder. Si lui-même n’avait pas été en reste, il fut un temps, petit fils bourgeois ayant réussi à se hisser dans les hauts rangs de la noblesse, la vie lui avait appris bien d’autres valeurs.

Mais il s’agissait là d’une toute autre épreuve que celle de l’or ou de l’apparence. Il s’agissait là, il en avait l’intuition, du jugement du Scarabée. Et plus l’athaïen observait la Couronne oeuvrer, plus il observait ce descendant de Ychagama agir, et plus il se disait que tout ce qu’il voyait était sans doute l’oeuvre, le pouvoir, la puissance, du Scarabée, alors étalée devant eux, sans ostentation réelle, simplement tel un musée d’oeuvre d’art, tel que leur créateur les voyait. Toutes ces armes, confinant aux pouvoirs légendaires… Cette façon de percevoir certains pans de leur vie par leurs objets… comme un forgeron serait capable de percevoir la qualité d’une arme ou d’un bijou de métal rien qu’en l’examinant de son œil expert. Mais à un tout autre niveau encore ici.

Aux dernières paroles d'Alkhytis, le félin consentit à répondre, en toute simplicité :

"J'ai déjà plus de sang sur les coussinets que vous ne pouvez l'imaginer, Alkhytis. Si demain mes anciens comparses arrivent à leurs fins, alors tout le sang versé ne l'aura pas été en vain, mais je ne pourrais plus créer. À l'inverse, si demain mes anciens comparses échouent, alors tout le sang versé l'aura été en vain, mais je pourrais continuer à créer. Dans les deux cas, ma satisfaction sera mitigée, mais je saurais m'en contenter. J'entends vos paroles, dragon, et elles sont justes. Peut-être devrais-je donc commencer à me préparer à accueillir ceux qui oseraient s'en prendre à l'héritage des Ychagama."

Accueillir ceux osant s’en prendre à l’héritage Ychagama ? Voilà qui était une réponse intéressante… Udyog était donc prêt à accueillir ses comparses Couronnes si elles décidaient de revenir ici s’en prendre à lui. Cette forteresse devait sans doute regorger de protections et autres secrets en tout genre, qu’Ilhan aurait rêvé pouvoir percer… s’ils en avaient eu le temps. Mais il sentait là aussi que c’était une mise en garde plus générale encore… Udyog était prêt à se défendre contre quiconque chercherait à envahir son antre. Eux y compris, si leur venait l’idée de vouloir investir sa forge sans sa permission. Non pas que cela serait venu à l’idée d’Ilhan, par respect pour le Graärh et parce qu’il aurait été idiot de s’aliéner la seule Couronne prête à ne pas les attaquer. Mais d’autres pourraient ne pas avoir de tels scrupules… Un point sur lequel il serait sage de se pencher pour éviter tout litige.

Puis vint le tour de son aimant. L'Almaréen leva son bouclier et le présenta à la Couronne, avec l’assurance et la prestance d’un guerrier mille fois centenaire. Étrangement, pour la première fois peut-être depuis leur arrivée, hésitation palpita dans le regard du Graärh, avant qu’émerveillement ne chasse cette lueur déroutante.

"Fabuleux... J'ai vu bien des objets dans ma vie, mais rares sont ceux arrivant ne serait-ce qu'a la cheville d'une de mes créations. Alors... un les surpassant. Je n'ai qu'à poser mes yeux dessus pour me rendre compte qu'il ne vous appartient pas... et pourtant qu'un lien spécial vous unit."

Udyog se saisit finalement du bouclier et le posa sur son enclume. Il sembla remarquer quelque chose dessus et un petit rictus de contrariété déforma ses babines. Il leva finalement son marteau et posa la tête de celui-ci sur Gierūljagon. Un flash les aveugle soudain, irradiant de toute part, et la pièce trembla sous leurs pieds l'espace d'un instant. Leur cécité s’estompa doucement, et l’althaïen put alors voir qu’Udyog lui-même avait reculé de quelques pas. Des marques de griffures striaient le sol, comme si le félin avait été repoussé et avait tenté de contrer cela. Un feulement s'échappa alors de sa gorge, une main griffue posée sur son coeur, de ce geste que l’on fait pour en calmer les battements frénétiques. Il reprit toutefois rapidement contenance, puis un ricanement s’éleva, à l’écho empreint d’un certain malaise, une certaine joie et une sourde colère s’y mêlant en une dysharmonie qui happèrent ses sens déjà malmenés.

"Il semblerait que je ne croiserais jamais la route de celui qui a forgé Gierūljagon. Mais j'ai au moins eu le plaisir de pouvoir croiser sa création grâce à son serviteur."

Un soupire s'échappa alors du félin qui se pencha à nouveau sur le bouclier.

"Lolupata a toujours eu la dent dure... au sens propre du terme, j'entends. Sa force n'a pas faibli après tant d'années. Je n'ai pas pour habitude de toucher aux créations d'autrui, mais ici il s'agit plus de restauration. En tant que maître forgeron, je suis attristé de voir une telle oeuvre dans cet état."

Udyog se retourna et s'approcha d'un des sillons au sol. Il plongea sa main métallique dans le métal en fusion avant de la sortir, puis vint verser le liquide se trouvant dans le creux de sa paume sur Gierūljagon avant de commencer à abattre son marteau. Chaque frappe résonna tel un coup de tonnerre, mêlant flash aveuglant, bruit assourdissant et tremblement de terre. Au bout d’une dizaine de frappes, Ilhan manquant de peu de se boucher les oreilles à chacune d’elle, Udyog s'arrêta enfin, au grand soulagement de l’althaïen.

Quoi qu'il ait pu se produire, l'émotion sembla alors submerger l'Almaréen qui tenta d'enlacer le félin. A ce mouvement si naturel de l'Oracle, Ilhan retint un sourire, sentant son coeur tendre battre plus fort encore pour son amant si spontané. Mais le Graärh arrêta Naal d’un geste.

"Je comprends le bonheur que vous submerge, votre gratitude me touche, mais j'ai pu grâce à vous poser les yeux sur une oeuvre dépassant tout ce que j'ai pu créer, cela me suffit amplement."

Naal récupéra enfin son bouclier, l’air heureux. La brisure apparue suite au combat contre Lolupata avait en effet disparu. Au pire, si vraiment Naal était en manque de câlins, l'althaïen ne se ferait pas prier pour les lui offrir après..

Avec soulagement, Ilhan accueillit le retour au calme dans la forge, et avec étonnement vit le regard orangé de la Couronne de Cendre se poser finalement sur lui. Ainsi donc, après toutes ces émotions, le dévot du Néant n'aurait pas l’occasion de poser ses propres questions. Mais d’un rapide appel à Tela, Ilhan en entendit quelques-unes, dont certaines faisaient écho à celles qu’il se posait lui-même.

Son heure sonnait donc… L’heure de poser ses questions. Mais tant et tant d'interrogations se bousculaient déjà dans son esprit…

Toutefois, comprit-il rapidement, avant d’avoir le droit et l’honneur d’assouvir quelques lambeaux de sa curiosité insatiable, il lui fallait d’abord passer l’épreuve de l’objet. Quel objet possédait-il qui soit le plus précieux à ses yeux et le plus représentatif de ce qu’il était ? Il réalisa alors qu’il n’y avait pas un objet, mais trois, qui lui étaient chers et dont il ne se séparait jamais. Il posa dans sa main ces trois objets, les observant tour à tour un court instant : l'anneau des murmures, ce pan de la Toile à part entière, un pan entier de sa vie, de son ombre, de son oeuvre en quelque sorte… Tela, son pan immaculé, cet objet irradiant de magie qui en avait été inondé lors de ses transformations successives, également très représentative de ce qu’il était au fond de lui, de ses vies, d’humain à immaculé, cette non-vie si courte de vampire, cette volonté de retrouver l’aube pour que la nuit ne l’emporte pas…. Et enfin sa pythie, ce pan si représentatif de son côté intuition, de son amour de la magie, mais également de son côté frôlant parfois, souvent ?, les interdits et le danger… Cette pythie qu’il savait si dangereuse, à double tranchant, si précieuse mais si redoutable aussi. Et il sut alors que ce serait elle qu’il présenterait. Toutefois, quand il tendit enfin le traitre objet au Graärh, il le prévint qu’elle ne se laissait normalement pas toucher par un autre que lui. Non pas qu’il doutât des compétences du Maitre Scarabée, mais il préférait prévenir que guérir...

À ces mots, Udyog lui offrit un léger sourire. D’un geste sûr, il s’empara de la pythie. Aussitôt Ilhan sentit un petit crépitement de magie, qui pourtant n’affecta en rien le Graärh.

"Effectivement, elle est aussi fidèle qu'un chien, dommage que son aboiement soit celui d'un jeune chiot."

Ilhan se retint de lever les yeux au ciel. Ah certes, il ne s’agissait pas d’un objet légendaire digne du Scarabée qui vibrait de tant de puissance devant lui. Pour autant, il savait tout le potentiel, et donc toute la dangerosité, de cet objet. Voulait-il qu’elle aboie plus qu’un petit chiot ? Parfois, souvent même, l’idée lui avait effleuré l’esprit et il aurait été tenté de répondre oui. Et d’autres fois, quand raison reprenait ses droits dans les limbes les plus obscurs de son esprit, il se disait que mieux valait un chiot aux petits aboiements, qu’un chien enragé incontrôlable.

Toutefois, déjà Udyog posait la tête de son marteau dessus. Le regard du félin coulissa de nouveau sur Ilhan, avant de revenir sur l'objet pour l’observer sous toutes ses coutures puis de le porter à son oreille.

"Vous n'entendez pas encore sa voix, n'est-ce pas ? Qu'est ce que je disais, l'aboiement d'un jeune chiot."

Non, il ne l’entendait pas, pas toujours. Peut-être parce que parfois il préférait ne pas l’entendre ? Ou avait peur de l’entendre ? Il n’aurait su dire. Mais le félin n’attendit guère de réponse, comme s’il la connaissait déjà, et sa prise sur son outil se raffermit. Ilhan sentit celui-ci se gorger d'énergie comme jamais il n'avait vu un objet en faire autant auparavant, si ce n’est peut-être Tela quand il était devenu vampire puis avait immaculé. Et encore, en cet instant, il avait été si pris par ses propres affres, qu’il n’avait pas assisté à l’immersion de magie qui avait imprégné sa bague.

Le Graärh donna un petit coup dessus et la toupie se redressa d'elle-même, avant de se mettre à tourner à toute vitesse sur l'enclume d'Udyog.

"Reprenez votre bien, Ilhan. Si elle vous juge toujours encore digne de la saisir."

Ilhan tendit la main pour reprendre sa petite toupie, mais une hésitation le saisit, et au moment où sa main se posa enfin dessus pour l'arrêter de tourner, il eut l'impression d’un coup féroce derrière la nuque. Trois visions s’interposèrent alors, s’imposant en son esprit et occultant tout autour de lui.

Une rue d’abord, comme s’il la survolait tel un oiseau voletant au-dessus d’elle. Était-ce une rue de Delimar ? De Caladon ou de Sélénia ? Il était incapable de le dire avec certitude. Une rue donc, dans laquelle sang, cris et peur rugissaient de la lente litanie d'agonie, tandis que des gens se faisaient massacrer par des créatures de métal identiques à celles qu’ils avaient rencontrées dans ces souterrains.

Puis une île la remplaça… Une île vue de loin, l'ile de Tiamat en feu, et dont le sommet déversait des torrents de lave. Une main se levait, une main dont il incarnait le propriétaire. Pourtant, ce n’était pas sa propre main… Une main dans laquelle reposait un objet, un bijou. Mais avant qu’il n’ait pu tenter de l’identifier, déjà la vision disparaissait, supplantée par une autre.

Cette fois ce fut le marteau d’Udyog qui s’imposa à lui, un marteau alors couvert de sang, Lolupata et Rog gisant au sol dans leur sang devant lui…

Trois visions. Trois futurs hypothétiques ? Oui, sans doute, il en avait l’impression. Trois voies, trois chemins, apparemment non liés entre eux… Trois fils possibles que le monde pouvait suivre et tisser. Des futurs différents, un où Udyog rejoignait apparemment ses anciens camarades et où tous se faisaient alors massacrer par les Couronnes, un autre où il ne les rejoignait pas, mais ne rejoignait personne tandis qu’un cataclysme se déclenchait… peut-être en lien avec le bijou que tenait la main… et enfin un autre où il les rejoignait eux, tiamarantais, possible espoir de salut…  

Et ce bijou… Ce bijou lui disait quelque chose, mais tout était si flou, encore trop flou dans son esprit, pour qu’il parvienne à en saisir toutes les bribes et à trier ses souvenirs. Un claquement de doigts devant lui l’extirpa de ses songes et Ilhan revint au temps présent. Udyog devant lui, le regardant attentivement.

"On dirait que tu en es toujours digne."

C’est avec peine qu’Ilhan reprit contenance et lui offrit d’abord un simple signe de tête en guise de réponse. Il préféra toutefois taire ce que la pythie venait de révéler. Et préféra changer de sujet. Se rappelant alors ce qu’il avait perçu dans l’esprit de Naal, qui rejoignait tant ce que lui-même avait pensé, il répondit enfin :

Je me demande si votre volonté de créer n'est pas plus forte que votre souhait de voir que le sang sur vos mains n’ait pas été versé en vain. Souvent la peur d'avoir fait des choses en vain est un biais dans notre jugement qui nous fait prendre de mauvaises décisions, une mauvaise route, un chemin qui nous détourne de notre véritable but ultime, parce que nous nous accrochons à ce que cela nous a coûté, plutôt qu'à ce que nous coutera un mauvais choix. J’ai l’impression, mais peut-être puis-je me tromper, que votre but ultime à vous est la création.

"Vous avez très certainement raison. Ce que nous quatre avons fait, nous l'avons fait pour des raisons différentes. Sans doute les ai-je suivis pour réparer les erreurs faites par mes prédécesseurs, alors que j'aurais dû continuer de créer. Une de mes créations aurait sans doute pu réparer ça."

Dans ces paroles, quelque chose heurta la curiosité de l’althaïen, et bien que mille autres questions se disputaient la primeur, il choisit de suivre cette voie ouverte par le Graärh.

Les erreurs faites par vos prédécesseurs ? Et quelle création aurait pu réparer cela ? L'avez-vous perdue ? N'est-il pas possible de la retrouver ?

"Vous en portez les stigmates. Enfin, portiez, avant que l'on vous en débarrasse pour vous présenter à moi. J'ai travaillé sur quelques projets par le passé, avant que je ne devienne l'un des gardiens du Bâoli. Mais après cela, et surtout après ce que nous avons fait avec Lalaach, Rog et Lolupata, ces projets n'avaient plus d'intérêt."

Soit. Ainsi cette création n'existait pas. Il avait travaillé sur des projets par le passé, mais n'avait pas terminé et maintenant, cette création ne semblait plus avoir beaucoup d'intérêt. Pourtant, il semblait dire aussi que s’il avait continué à chercher et travailler sur ses projets, il aurait pu réparer les erreurs de ces ancêtres… Ces erreurs… Très certainement la pollution de l'eau dans laquelle ils avaient barboté ? Oui, c’était bel et bien lié à cette eau huileuse. Certes, il ne connaissait pas tout les effets de cette pollution, mais il pouvait deviner que c'était probablement plus grave encore que ce qu’ils avaient pu en entrapercevoir. Particulièrement si on avait pris tant de peine à les en débarrasser… Ilhan sentait l’envie de pousser ses questions plus avant à ce sujet. Mais d’autres lui semblaient, au final, plus urgentes. Dont une qui avait été tant criée par l’esprit de Naal et qui faisait tant de sens… Une question pragmatique et à l’urgence immédiate, bien plus immédiate que cette pollution dont ils pourraient s’inquiéter plus tard.

Parlant création, Rog est venu chercher une arme, une de vos créations sans doute. Quelle est-elle et connaissez-vous le moyen pour la contrer ?

Udyog le regarda et dans ses yeux se mêlèrent défi, moquerie et vexation. Non pas vraiment envers lui, ni envers sa question, pas tout à fait du moins… Le sainnûr le sentit par Tela, une grande part semblait diriger envers Rog, son ancien comparse.

"Ilhan, vous ne pensez tout de même pas que je vais vous révéler les secrets de mes créations. Je n'ai pas remis qu'un objet à Rog, mais trois. Un pour Lalaach, un pour Lolupata et un pour Rog... ils ne les méritaient pas, mais bon, un cadeau est un cadeau, je n'allais pas le leur reprendre même après plusieurs siècles. Je ne vous dirais qu'une chose. Le docteur Parish est un créateur tout comme moi, même si ces bêtes de chair ne peuvent être qualifiées d'oeuvres. Tout comme moi, il n'aime pas que l'on touche à ce qu'il crée et il s'assure de la fidélité de celles-ci... D'une façon ou d'une autre. "

Oui, un certain "mépris" d'Udyog suintait de ces mots envers les créations de Rog. Telle une guerre d'égo entre deux créateurs. Mais là où Rog créait des choses biologiques et vivantes, Udyog créait des choses métalliques, mécaniques, non vivantes. Deux créateurs, deux rivaux… La faiblesse des créations de Rog seraient donc la fidélité de ces créations sans doute ? Cela se tenait. Après tout, ne l'avaient-ils pas déjà aperçu avec Danalieth ?

Je comprends. Nous sommes tous quelque peu protecteurs envers nos créations.

Et sa main se resserrera sur la pythie.

Et nous sommes tous peu enclins à révéler nos secrets les plus intimes.

Puis il laissa son regard errer un temps sur le bâtiment autour d'eux, et sur les créations tout le long des murs, avant de refixer Udyog droit dans les yeux, tel que les Graärh préféraient qu’on les regarde. Et il décida de bifurquer sur un autre sujet, puisque celui-ci était trop sensible pour qu’il obtienne plus de renseignements.

Vous avez dit que certains de vos protecteurs, les Esprits-Liés, soutiennent la cause des Couronnes, ou du moins l'ont soutenu : la soutiennent-ils toujours ? Et quelle cause exactement ? Si vos comparses arrivent à leur fin, pourquoi ne pourriez-vous plus créer ? Quelle sera cette fin ? J’imagine que cela a un lien direct avec la cause que vous évoquiez.

À ces mots, Udyog jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, comme s'il regardait quelque chose derrière lui, qu’Ilhan ne put voir. Quand il tourna à nouveau son regard sur l’althaïen, son faciès félin se fit un peu plus fermé.

"Par le passé, Laalach a fait le choix de révéler le secret de la cause. Cette révélation a déchiré tant les Graärh que nos protecteurs. Si vous me posez cette question, c'est que la cause est redevenue un secret. Quand bien même vous subissez les affres du combat de mes anciens comparses, la cause ne vous concerne pas. Quand bien même vous seriez un Graärh, je ne pourrais vous la révéler."

Udyog pointa la pythie.

"Je l'ai vu au travers d'elle. Vous avez déjà tenté d'interroger nos protecteurs. Notre retour a réveillé le débat au sein des Esprits-Liés. Comme à l'époque, certains soutiennent la cause. Dans le temps, Laalach a fait le choix de parler pour éveiller les Graärh, mais cela n'a fait que forcer la main aux protecteurs. Tant que le secret sera préservé, ils ne chercheront pas à agir, du moins directement, tant pour un camp que pour l'autre. "

Ilhan acquiesça en silence. Il sentit alors que plus aucune question ne leur serait permise. En effet, déjà Udyog avait fait un pas de côté, s'éloignant un peu comme pour se désengager de la conversation. C’est alors que le regard sombre de l’ancien délimarien aperçut ce que la carrure massive lui cachait. Un peu plus loin, une sortie d'établi s’érigeait. Ainsi qu’un croquis assez large, tel un schéma. Des lacérations plus ou moins rafistolées défiguraient presque le croquis, comme si un Graärh avait déchargé sa rage sur lui.

Soudain, Ilhan reconnut le schéma. Un bijou. Ce même bijou qu’il avait vu dans sa vision. Et, sans qu’il sache pourquoi ni comment… Un déclic frappa son esprit. Était-ce à cause du bijou, de la main, ou de la vue de l'ile de Tiamat qui ne pouvait être obtenue que depuis un navire au large ? Toujours est-il qu’aussitôt une pensée, une personne, s’imposa à lui. Nathaniel. Ce fourbe de forban. Et sans crier gare, les souvenirs affluèrent eux aussi, vils, tortueux, manquant lui donner un haut-le-cœur… Oui, il se souvenait de ce bijou, en possession de ce maudit mécréant, là, à sa main, alors qu’il…

Ilhan ne put réprimer un frisson, tout en fixant quelques secondes avec force intensité le fameux schéma. Ce fut au prix d’une volonté acharnée qu’il parvint à s’arracher aux souvenirs et aux visions pour revenir au temps présent. Son regard sombre mordoré se reporta alors sur Udyog.

Nous avons beaucoup abusé de votre temps et je ne doute pas que vous ayez envie de retourner à vos créations, fit-il enfin d’une voix aux accents graves et profonds. Nous devons sans doute partir pour vous laisser enfin en paix. Toutefois...

Il jeta un nouveau regard sur le croquis, en une invite muette envers le Graärh à faire de même.

Peut-être pouvons-nous faire quelque chose pour vous remercier. Ce... bijou... vous appartenait ?

"Ça ? Non."

Si jusqu'ici Udyog avait toujours été maitre de lui-même, l’althaïen perçut pleinement une pointe d'un mépris très violent percer sa carapace. Un terrible mépris envers l’objet.

"Vous semblez le reconnaître ?"

Il me semble. Je pense savoir qui l'a en sa possession actuellement.

"Oh vraiment ?"

Udyog leva alors la tête vers le plafond, regardant l'objet qu'il était en train de créer avant qu’ils n’arrivent

"Si d'aventure vous deviez repasser ici, il serait bon que vous l'ayez en votre possession."

Ilhan suivit son regard et observa l'objet en cours de création et il fit, laborieusement, encore quelque peu bouleversé par ce qui le hantait, le rapprochement avec ce que leur avait révélé le Graärh un peu plus tôt, au sujet de cet étrange objet au plafond. CC-02, corne de coléoptère numéro deux, un objet qui n'avait pas pour but de réparer, mais tout le contraire, un objet en ultime réponse à un affront qui lui avait été fait il y a longtemps... ainsi que son unique outrage aux créations du scarabée… Ainsi donc cet objet était destiné à détruire la boucle d’oreille, ce bijou maudit ?

Un court instant, la question du pourquoi vouloir détruire l’objet s’imposa à Ilhan. Une question qu’il n’osa poser. Une question qui, d’ailleurs, commençait à obtenir réponse d’elle-même : Udyog lui avait dit qu’il ne s’agissait pas d’une de ses possessions. Peut-être n’était-ce pas même l'une de ces créations, surtout au vu du mépris qu’il ressentait envers cet objet et en considérant le fait qu'il en parlait comme d'un affront. Il avait dit également à Naal qu'il avait rarement vu des objets arrivant ne serait-ce qu'à la cheville de ses créations… et enfin que ses anciens compères avaient commis une erreur qui l'avait conduit à se détourner d'eux… Cet objet était la réponse de tout cela. Cet objet, l’affront, et ce qui avait fait qu’Udyog s’était écarté de la cause des Couronnes… Un objet important donc. Un objet qu’il serait sans doute bon alors de lui rapporter, autant pour s’attirer les bonnes grâces du Graärh, dernière Couronne, mais également pour éviter le possible cataclysme que sa vision lui avait fait voir…

Fort de cette décision, Ilhan s’inclina alors légèrement, sentant qu’il était temps de prendre congé pour qu’Udyog ne prenne pas ombrage de leur présence outre mesure :

Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour tenter de vous la ramener, répondit-il alors d’une voix presque solennelle.

Après un dernier mot de remerciement, qu’il prononça cette fois en Graärh, Ilhan se retourna vers ses compagnons. Aussitôt l'Administrateur revint vers eux et les invita à le suivre, en indiquant que Monsieur le Président avait encore beaucoup de travail qui l'attendait.


Directives :

description[INTRIGUE] La forge des cauchemars EmptyRe: [INTRIGUE] La forge des cauchemars

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<