25 mai 1764
Le soleil se levait, annonciateur d'une belle journée. Et je me levais au même moment, accompagnée par les premiers gazouillis des oiseaux. Vêtue d'une simple tunique légère, nouée à la taille, je traversais la chambre à pas de loups. Sous mes pieds, le bois clair craquait à peine. Les cheveux lâches, je traversais l'encadrement de la porte et la refermais sur mon intimité en un geste délicat.
La petite mezzanine était partiellement éclairée. Au-dessus de ma tête, percée dans le plafond cathédrale, un puits de lumière laissait filtrer les premiers rayons. Ceux-là, timides, se perdaient encore dans les poutres apparentes qui soutenaient la charpente. Face à moi, je posais la main droite sur la barrière de racines noueuses qui me séparait du salon, en contrebas, et laissait les doigts de mon autre main caresser les feuilles de lierres et de vignes qui descendaient du plafond. Je me penchais ensuite au dessus de la rembarres, posant mon regard sur le petit bassin en contrebas dans lequel terminaient les feuilles suspendues.
Un léger sourire étira mes lèvres et je descendais de la mezzanine en empruntant l'escalier à ma droite, celui-là formant une courbe délicate en suivant le tracé du mur extérieur. Cette maison, perchée à plusieurs mètres au-dessus du sol, était ma création. J'en étais fière. Ce n'était pas immense, loin de ce que j'avais connu dans ma jeunesse. Mais cela me suffisait amplement.
La pièce principale était un salon bordé de large fenêtre. L'une d'elles était un vitrail à terminer. Du sol au plafond, on retrouvait ce même bois clair, typique des arbres alentours. Les seules touches de couleur provenaient donc du mobilier, lui aussi confectionné par ma magie. Du bleu, du marron, du vert et du orange, par touches délicates, habillaient ainsi ma demeure. Sous la mezzanine, où se trouvait l'unique chambre, j'avais pris soin de placer une bibliothèque. Elle prenait toute la largeur du mur et deux fauteuils attendaient d'accueillir d'avides lecteurs. Les rayonnages, quant à eux, devaient encore être garnis. Une mission que je m'étais donné de remplir. Un jour.
Je détournais le regard et m'approchais de la cheminée, où j'allumais un feu du revers de la main. Feu et bois ne faisant pas bon ménage, de la pierre avait été ajoutée à la construction pour prévenir un risque d'incendie. La cheminée grimpait parmi les poutres pour déverser sa fumée à l'extérieur. J'y plaçais une bouilloire en métal remplie d'eau et de thé. Je l'avais achetée sur un marché sélénien, peu de temps après mon arrivée sur l'archipel.
En attendant que le thé soit prêt, je sortais à l'extérieur. Le vent était tiède. Le sol, couvert d'herbe verte et de fleurs, se trouvait à environs quatre mètres sous mes pieds. Un escalier en bois s'enroulait autour du tronc qui soutenait la maison et permettait donc de monter et descendre sans danger. Enfin, au-dessus de ma tête, les immenses arbres alentours formaient, de leurs branches et de leurs feuilles, un ciel agréable. Et un abri sommaire, aussi, en cas d'intempéries.
Le sifflement de la bouilloire, dans la maison, me fit rentrer. Avec un torchon, je la sortais du feu et versais le liquide brûlant dans une tasse, sur laquelle je soufflais. Les arômes du thé me montèrent immédiatement au nez et je soupirais d'aise. Je pris le temps de savourer ma boisson, m'asseyant sur la balançoire qui trônait au milieu du salon. Les cordes en chanvre qui la retenait étaient fixées aux poutres, un peu plus haut.
Un petit livre dans la main gauche, ma tasse fumante dans l'autre, je plongeais dans les études de la Loge au sujet de la magie.
Un peu plus tard, lorsque la matinée fut bien entamée, je me retrouvais de nouveau à l'extérieur. Appuyée contre la barrière qui me séparait du vide, je guettais l'unique chemin, tracé dans l'herbe, qui menait au pied de "mon" arbre. Du visiteur que j'attendais, j'en espérais beaucoup. Peut-être trop. Peut-être était-ce idiot, même, de lui demander son aide. Mais je devais essayer. Je devais en avoir le cœur net et tous les moyens étaient bons pour y parvenir.
Cet homme, je ne l'avais pas revue depuis l'ancien continent. Dans une autre vie, me semblais t-il. Et pourtant, il s'était souvenu de moi. Il avait accepté de se déplacer jusqu'ici, me rendant la vie un peu plus simple, au moins l'espace d'un instant. Dans ma dernière missive, je l'en avais grandement remercié.
Lorsqu'enfin, je l'apercevais sous les frondaisons des arbres alentours, je me redressais. Vêtue d'une tunique aux couleurs des feuilles, je m'avançais vers l'escalier qu'il devait emprunter pour me rejoindre. Face à l'homme, j'inclinais poliment la tête, quelques mèches rousses se glissant devant mes yeux. Je les replaçais derrière mon oreille d'un geste.
" Messire Avente, j'espère que vous avez fait bon voyage. Merci encore d'être venu jusqu'ici. "
Je m'efforçais d'être chaleureuse. Sans grand succès. Je me sentais raide comme un piquet. Pourtant, reconnaissante, je l'étais. Cela se voyait-il au fond de mes yeux ?
Le soleil se levait, annonciateur d'une belle journée. Et je me levais au même moment, accompagnée par les premiers gazouillis des oiseaux. Vêtue d'une simple tunique légère, nouée à la taille, je traversais la chambre à pas de loups. Sous mes pieds, le bois clair craquait à peine. Les cheveux lâches, je traversais l'encadrement de la porte et la refermais sur mon intimité en un geste délicat.
La petite mezzanine était partiellement éclairée. Au-dessus de ma tête, percée dans le plafond cathédrale, un puits de lumière laissait filtrer les premiers rayons. Ceux-là, timides, se perdaient encore dans les poutres apparentes qui soutenaient la charpente. Face à moi, je posais la main droite sur la barrière de racines noueuses qui me séparait du salon, en contrebas, et laissait les doigts de mon autre main caresser les feuilles de lierres et de vignes qui descendaient du plafond. Je me penchais ensuite au dessus de la rembarres, posant mon regard sur le petit bassin en contrebas dans lequel terminaient les feuilles suspendues.
Un léger sourire étira mes lèvres et je descendais de la mezzanine en empruntant l'escalier à ma droite, celui-là formant une courbe délicate en suivant le tracé du mur extérieur. Cette maison, perchée à plusieurs mètres au-dessus du sol, était ma création. J'en étais fière. Ce n'était pas immense, loin de ce que j'avais connu dans ma jeunesse. Mais cela me suffisait amplement.
La pièce principale était un salon bordé de large fenêtre. L'une d'elles était un vitrail à terminer. Du sol au plafond, on retrouvait ce même bois clair, typique des arbres alentours. Les seules touches de couleur provenaient donc du mobilier, lui aussi confectionné par ma magie. Du bleu, du marron, du vert et du orange, par touches délicates, habillaient ainsi ma demeure. Sous la mezzanine, où se trouvait l'unique chambre, j'avais pris soin de placer une bibliothèque. Elle prenait toute la largeur du mur et deux fauteuils attendaient d'accueillir d'avides lecteurs. Les rayonnages, quant à eux, devaient encore être garnis. Une mission que je m'étais donné de remplir. Un jour.
Je détournais le regard et m'approchais de la cheminée, où j'allumais un feu du revers de la main. Feu et bois ne faisant pas bon ménage, de la pierre avait été ajoutée à la construction pour prévenir un risque d'incendie. La cheminée grimpait parmi les poutres pour déverser sa fumée à l'extérieur. J'y plaçais une bouilloire en métal remplie d'eau et de thé. Je l'avais achetée sur un marché sélénien, peu de temps après mon arrivée sur l'archipel.
En attendant que le thé soit prêt, je sortais à l'extérieur. Le vent était tiède. Le sol, couvert d'herbe verte et de fleurs, se trouvait à environs quatre mètres sous mes pieds. Un escalier en bois s'enroulait autour du tronc qui soutenait la maison et permettait donc de monter et descendre sans danger. Enfin, au-dessus de ma tête, les immenses arbres alentours formaient, de leurs branches et de leurs feuilles, un ciel agréable. Et un abri sommaire, aussi, en cas d'intempéries.
Le sifflement de la bouilloire, dans la maison, me fit rentrer. Avec un torchon, je la sortais du feu et versais le liquide brûlant dans une tasse, sur laquelle je soufflais. Les arômes du thé me montèrent immédiatement au nez et je soupirais d'aise. Je pris le temps de savourer ma boisson, m'asseyant sur la balançoire qui trônait au milieu du salon. Les cordes en chanvre qui la retenait étaient fixées aux poutres, un peu plus haut.
Un petit livre dans la main gauche, ma tasse fumante dans l'autre, je plongeais dans les études de la Loge au sujet de la magie.
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Un peu plus tard, lorsque la matinée fut bien entamée, je me retrouvais de nouveau à l'extérieur. Appuyée contre la barrière qui me séparait du vide, je guettais l'unique chemin, tracé dans l'herbe, qui menait au pied de "mon" arbre. Du visiteur que j'attendais, j'en espérais beaucoup. Peut-être trop. Peut-être était-ce idiot, même, de lui demander son aide. Mais je devais essayer. Je devais en avoir le cœur net et tous les moyens étaient bons pour y parvenir.
Cet homme, je ne l'avais pas revue depuis l'ancien continent. Dans une autre vie, me semblais t-il. Et pourtant, il s'était souvenu de moi. Il avait accepté de se déplacer jusqu'ici, me rendant la vie un peu plus simple, au moins l'espace d'un instant. Dans ma dernière missive, je l'en avais grandement remercié.
Lorsqu'enfin, je l'apercevais sous les frondaisons des arbres alentours, je me redressais. Vêtue d'une tunique aux couleurs des feuilles, je m'avançais vers l'escalier qu'il devait emprunter pour me rejoindre. Face à l'homme, j'inclinais poliment la tête, quelques mèches rousses se glissant devant mes yeux. Je les replaçais derrière mon oreille d'un geste.
" Messire Avente, j'espère que vous avez fait bon voyage. Merci encore d'être venu jusqu'ici. "
Je m'efforçais d'être chaleureuse. Sans grand succès. Je me sentais raide comme un piquet. Pourtant, reconnaissante, je l'étais. Cela se voyait-il au fond de mes yeux ?