Souvenirs perdus dans la noirceur de sa vampirisation
1089 du Troisième Âge: Naissance
Né dans un village de pécheur, un garçon à l'avenir bien obscur, à l'aube du printemps. La sage-femme qui aide sa mère à le mettre au monde, fut décontenancée par le regard qu'il lui jette après être sorti du ventre maternel. L'enfant semble légèrement éveillé, et pourtant, il ne pousse pas le moindre cri. Il aura alors fallu que la vieille femme lui donne deux fessées pour que le nouveau-né se mette à hurler, rassurant par la même l'ensemble de la maisonnée.
La sage-femme regarda l'enfant encore une fois et se tourna vers la mère de celui-ci.-Ton enfant est bien étrange, Clara. Il n'est pas un terrien comme nous. Ses yeux sont ceux des enfants de la Mer. Et c'est probablement ce qui le perdra.
-Je l'en préserverais, Grande-Mère.
Répondit la mère.-Alors pris pour qu'il n'entende jamais le chant de la Mer.
La dessus, le village célébra la naissance et la vie reprit son cours, laissant l'enfant grandir parmi les enfants du village.
Son père, pêcheur lui-même emmena l'enfant apprendre les bases de son métier, défiant ainsi, sans même le savoir, les avertissements de la sage-femme, désormais retournée auprès de Mort. Et l'enfant ne manqua ainsi pas d'entendre le chant du large, l'appelant jusque dans son sommeil, le berçant alors qu'il revenait le soir à terre pour rejoindre sa mère et ses trois frères et cinq sœurs.1102 du Troisième Âge: L'appel
Puis vint le temps de penser par soit même. Le temps ou le cœur et l'âme s'éveillent et ou l'enfant devenant adulte fait son choix. Un choix qui se fait alors qu'il voit s'ancrer dans la rade du village un somptueux navire et son équipage.
L'enfant ne peut alors résister plus longtemps. Il veut découvrir le monde et voyager. Et pour cela, il ne peut rester dans son village. Il décide donc de s'engager à bord, et pour cela, il file à la taverne ou il a vu que des hommes du bord s'étaient rendus. Arrivé à l'entrée de l'établissement, il cherche du regard les chefs du groupe et finit par trouver un homme bien habillé de vêtement bleu nuit, une longue barbe poivre et sel et une oreille en moins. Légèrement dégarni sur le dessus du crâne, l'homme semble être un bon vivant, riant et buvant avec ses hommes.
L'enfant vint se planter devant la table du marin, qui tenait dans une main une chope de bière et dans l'autre l'une des filles de la taverne. Soreïn plaqua alors les mains sur la table et annonça tout haut:-Engagez-moi comme mousse. Prenez-moi à bord de votre navire.
Le capitaine regarda l'enfant un instant, surprit par tant d'audace à cet âge, puis parti dans un fou rire avec ses hommes. Puis lorsqu'il se calma, en faisant descendre ses pieds de la table, il se pencha sur le petit.-Et pourquoi devrais-je te prendre à mon bord, petit?
-Parce que la Mer m'appelle et que je veux voyager.
-Et qu'est-ce que j'y gagne moi?
-Des petites mains pour faire vos besognes.
Les réponses de l'enfant étaient franches et immédiates. Le capitaine pouvait voir que ce petit ne mentait pas. Malheureusement, pour Soreïn, le Capitaine n'avait pas besoin de "petites mains". Aussi, il refusa la proposition du garçon.
Celui-ci ne se laissa pas démonter. S'il ne pouvait monter par la grande entrée du navire, il le ferait autrement. Il profita donc de la faveur de la nuit pour rejoindre le bâtiment à la nage et commença à grimper le long de la chaîne de l'ancre. Il put alors observer la sublime créature qui se tenait là, à la proue du navire. Une femme aux cheveux de feu, ayant les mains tendue vers l'avenir et le regard se perdant par-delà l'horizon. Lentement, il grimpa le long de la chaîne et profita de l'obscurité pour se faufiler dans les cales du navire, ou il finit par s'endormir. Il fut brutalement réveillé et on le traîna sur le pont du navire ou le soleil tapait déjà depuis son zénith.-Cap'taine!! Rega'dez ce que j'ai trouvé dans la cale. Un sale rat.
Houspilla un matelot qui tenait le garçon par les cheveux devant l'assemblée.
Le capitaine descendit de son château et s'approcha, laissant la barre à l'un de ses hommes. Puis il se pencha sur la prise de son matelot et l'observa un instant.-Il me semble t'avoir dit qu'il n'y avait pas de place à bord de mon navire, gamin.
-Je veux venir avec vous. Je peux apprendre tout ce que vous voudrez que j'apprenne. Je ferais toutes les corvées qui me seront confié et je ne moufterais pas un mot.
Le Capitaine le regarda encore un instant, puis ajouta, derrière un sourire malsain.-Vous avez tous entendu, les gars. Voici votre larbin. Traitez notre nouveau bidou(1) comme il se doit. Et pas de corvée de charbon(2). Par contre, gamin, tes quatre premières soldes sont pour le bord. C'est le prix pour t'être infiltré sur notre Espérance.
Termina le Capitaine sous les hourras de son équipage.
Ainsi commença de longues années d'apprentissage avec un équipage qu'il apprit rapidement à connaître et à considérer comme des grands frères. Il apprit et monta dans les échelons de l'équipage jusqu'à devenir lui-même un gabier reconnut à l'âge de dix-sept ans.1106 du Troisième Âge: Petit devient Grand
Soreïn, maintenant âgé de dix-sept ans, participait activement à la vie du bord. Toujours le bidou du navire, il connaissait sur le bout des doigts jusqu'à la moindre planche de l'Espérance, le moindre bout de tissus, le moindre cordage. Il parvenait à aider chacun des maîtres du bord dans ses tâches, leur annonçant lorsqu'un bout(3) était sur le point de lâcher. Prévenant les équipes lorsqu'une voile menaçait de se déchirer.
Il apprit également le maniement de la hache et de l'épée, lors des quelques abordages que le navire opérait, avant de couler toute trace de son passage, en emportant ce dont le Capitaine et l'équipage avait besoin, que se soit marchandises comme nourriture et boissons.
Puis un soir, l'Espérance fit une halte dans le port de Aldaria et fit relâche ici pour quelques jours. Le Capitaine emmena le jeune homme dans un lieu de débauche et de plaisir qu'il connaissait, avec les autres Maîtres du bord.
Ils entrèrent dans l'établissement, l'Ancre d'Angelhan. Là, ils commencèrent par se payer de quoi boire, ainsi qu'au jeune Soreïn. Puis vint le grand moment. Ce que les Maîtres(4), le Capitaine et l'équipage attendaient. La corvée de charbon du bidou. Un grand moment, car se fut le Capitaine qui paya les services de la prostituée pour la nuit de plaisir qu'allait vivre le jeune homme. Il allait enfin entrer dans la cours des grands.
Soreïn avoua à la femme, lorsqu'ils furent seuls, qu'il ne connaissait rien à ces affaires. Ce qui ne manqua pas de faire grandement rire celle-ci, et qui ne tarda nullement à lui montrer les plaisirs de la chair et de la bonne compagnie.
Lorsqu'il redescendit le lendemain, ces confrères purent voir le grand sourire de l'ancien gamin, désormais homme. Et l'assemblée l'acclama lorsqu'il jeta le sous-vêtement de la dame sur la table devant lui.
Puis le Capitaine invita le jeune homme à le suivre et le conduisit dans les hauteurs de la cité et lui présenta ses partenaires commerciaux en ville. Il se tue quant à la raison de cette "promenade" et lorsque le soir tomba de nouveau, ils se rendirent tout deux dans la cabine du Capitaine sur l'Espérance. Là, le vieil homme invita son gabier à s’asseoir sur un tabouret qui traînait là et lui servit un verre d'un vieux vin glorien qu'il gardait dans son cabinet, puis il planta son regard dans celui du jeune Soreïn.-Petit. Cela fait quatre ans que tu es à mon bord. Que penses-tu de notre vie?
-J'adore ce monde, Cap'taine. Et tout autant notre Famille. Et je suis fier d'appartenir à vos hommes. Je ne me vois pas mener une autre vie que celle-ci.
Le vieil homme hocha de la tête et reprit.-Vois-tu. J'ai rarement vu des gamins apprendre aussi vite que toi. Et je dois maintenant songer à ce que je vais faire de ma vieille carcasse, et surtout à qui je vais laisser ma belle enfant. Voilà donc ce que je te propose. Je vais te former pour que tu puisses prendre la suite de mon commandement et que tu deviennes le prochain Cap'taine. Qu'en dis-tu?
Le jeune homme ne savait quoi répondre. Bien sûr qu'il espérer pouvoir un jour commander son propre navire. C'était le rêve de tout marin. Mais de là à se le faire ainsi proposer, il s'agissait là de la récompense d'un labeur acharné. Une récompense qu'il n'attendait pas de sitôt. Il ne put prononcer le moindre mot et serra la main que lui tendait son Capitaine.
Ainsi commencèrent de nouvelles années d'apprentissage. L'équipage était au courant de l'accord entre son commandant et le bidou, et tous l'acceptaient allègrement, car tous connaissaient les compétences de le savoir dont disposait Soreïn.1119 du Troisième Âge: Nouveau départ
Soreïn apprit et perfectionna son savoir, grâce à chacun, puis, lorsque le second décéda lors d'une tempête, il prit la place désormais vacante et seconda le vieil homme, prenant parfois sa place lorsque le corps fatigué du capitaine lui faisait défaut. Le jeune officier était pleinement accepté par l'équipage et les contacts du capitaine à qui il avait été présenté comme le futur successeur de celui-ci. Finalement, vint le jour ou, en pleine mer, en une soirée sans brise, le navire à la dérive, le capitaine laissa échapper son dernier souffle.
Durant trois jours, ce fut comme si les Esprits eux même se mêler au chagrin de l'équipage qui immobilisa le navire à proximité d'une île et y fit brûler le corps de leur ancien commandant, en adressant leurs prières aux Esprits dans le plus grand silence. Puis l'équipage repartie après avoir confié les cendres du commandant à la mer, conformément à ce qu'il avait souhaité.
Soreïn fit mener le navire jusqu'au port d'Aldaria, ou il s'assura que le Quartier-Maître(5) verse la solde de chacun des membres de l'équipage, puis que ceux désireux de partir puisse le faire en toute tranquillité.
Toutefois, très peu partir, nombre estimant que l'Espérance était leur foyer et leur famille.
Ce soir-là, conformément aux habitudes des officiers du bord, ils sortir dans la même taverne qu'à l'accoutumé, l'Ancre d'Angelhem et commencèrent à profiter de leur soirée.
Soreïn profita de la soirée pour se faire accompagner par la même demoiselle que pour sa première fois. Il était devenu l'un de ses réguliers lors de ses escales en ville. Ils montèrent et refermèrent la porte derrière eux, voulant tout deux profiter de la nuit. Elle pour gagner son argent et lui pour oublier son chagrin. Mais ils commirent tous les deux, une erreur. Ils ne vérifièrent pas s'ils étaient seuls. Ce qui n'était pas le cas, car une silhouette se leva doucement et se jeta sur eux, attrapant Soreïn par le cou et absorbant son sang, tandis que de ses mains, l'individu essayait d'immobiliser la fille de joie qui eu tout juste le temps de pousser un cri de terreur qui se fit entendre jusque dans la salle.
Les Officiers de l'Espérance se précipitèrent pour constater ce qui se passait et vire le vampire qui attaquait leur nouveau commandant. En se mettant ensemble, ils parvinrent à tuer le prédateur nocturne et à libérer Soreïn, mais ils ne purent sauver la jeune femme, morte la nuque brisée entre les mains du nocturne enragé.
La maîtresse de maison se précipita et constata également la scène. Elle pria les officiers de sortir avec Soreïn, avant qu'elle n'appelle la garde. Elle ferait parvenir un baptistrel à leur navire pour soigner le pauvre jeune homme.
Ils obéirent, emportant avec eux le jeune capitaine, dans l'obscurité de la nuit.
Ils parvinrent rapidement jusqu'au bateau, ou ils l'installèrent dans la cabine du capitaine, couvert de sueur. La fièvre empirait à chaque instant. Ils envoyèrent alors un matelot chercher un seau d'eau et ils commencèrent à lui essuyer le corps.
Finalement, une jeune baptistrel se présenta et vint au chevet du blessé. Elle demanda au jeune mousse de sortir et demanda aux officiers de lui raconter ce qui lui était arrivé. Tout en faisant de la place à la jeune femme, ils lui relatèrent ce qu'ils avaient vu des événements. La jeune soigneuse ne put alors que pousser un soupir.-De toutes les possibilités, il a fallu que se soit celle-ci. Une attaque de vampire. Je n'ai pas d'antidote sur moi, et je ne pourrais en trouver avant un moment, car il semble qu'il y ait eu un problème dans les approvisionnements pour le produire. Le temps qu'on le refabrique, il sera trop tard pour votre ami.
Vous devrez donc choisir entre le laisser devenir un vampire ou le tuer.
Les hommes se regardèrent. Ils ne se voyaient annoncer à l'équipage la perte de leur nouveau capitaine, alors que celui-ci était ci jeune. Et ils redoutaient de le laisser se transformer en vampire, les histoires sur ces créatures allant bon train.
Puis l'un d'eux fit une proposition. Elle semblait absurde, mais elle valait la peine d'être proposée.-Nous gardons le silence sur son état de vampire et nous lui offrons notre sang lorsqu'il en a besoin.
-Vous vous rendez compte de la quantité de sang nécessaire pour nourrir un vampire? Surtout un nouveau-né?
Demanda la baptistrel.-Non, mais on espérait que vous pourriez nous aider à gérer cela. Vous seriez nourri et loger le temps que la situation se stabilise
La jeune femme laissa ses épaules retomber, brusquement lasse. Elle s'attendait à ce que les humains mettent fin aux souffrances du jeune Soreïn, mais ils préféraient se sacrifier eux même pour lui permettre de continuer à exister.
Finalement, elle accepta la proposition. Ils sanglèrent fermement le jeune homme dans son couchage et commencèrent alors des journées de longue haleine et de souffrance pour Soreïn. La jeune femme prélevait le sang des officiers et du Quartier-maître, qu'ils avaient prévenu discrètement et qui avait demandé à participer, dans une coupe et le versait dans le gosier du jeune vampire.
Des semaines durant, ils restèrent ainsi à quai soignant le Capitaine du mal qui le rongeait. Tel fut l'annonce faite à l'équipage qui annonça son support aux Maîtres et officiers. Et s'ils avaient besoin d'aide, chacun ferait ce qu'ils peuvent pour donner un coup de main. Mais la réalité se montrait bien plus violente que cela. Ils avaient dû attacher à grand renfort de cordages le Capitaine qui se débattait comme un diable sous les effets du venin et de la soif qui l'assaillait en permanence. Les officiers s'efforçaient de le maintenir en place, mais les ruades du jeune hommes se montraient violente. Ils craignirent alors pour la survie du Capitaine. Mais la jeune baptistrel parvenait à le calmer, usant de sa magie lorsque cela devenait trop dangereux ou que cela risquait d'attirer l'attention des autres membres de l'équipage.
Puis vint le moment ou, après des journées entières à se débattre pour s'enfuir et chasser sa prochaine proie, Soreïn s’apaisa et demanda enfin ou il se trouvait?Journal du Capitaine Soreïn Dovern
13 Mai de l'an 1119 du Troisième Âge: Renaissance
Je me trouvais devant tout ces étrangers. Ces visages inconnus et pourtant si familier. Une jeune femme vêtue d'une longue robe me regardait et m'auscultait, tandis que quatre visages me regardaient l'air tendus. Leurs parfums m'emplissaient le nez et me firent éternuer. Tant de monde dans un si petit espace. Et surtout, je ne pouvais pas bouger, alors que j'étais entouré de parfaits inconnus. Je me sentais étrangement menacé, amis en même temps en paix.-De quoi vous souvenez vous?
Me demanda la jeune femme.-De...
Commençais-je. Puis je m'interrompis immédiatement. Je savais comme je m'appelais, mais c'était tout. Je me nomme Soreïn Dovern.
-Quoi d'autre?
-Rien. Que m'est-il arrivé?
-Vous avez été mordu par un vampire. Et comme nous n'avions pas d'antidote à proximité, nous n'avons pu contre carrer les effets du poison.
Me répondit l'un des hommes derrière la jeune femme.
Ils entreprirent alors de m'expliquer les choses calmement, espérant tous que cela provoquerait quelque chose chez moi, mais rien n'y fit. Bien au contraire. Je sentais en moi poindre une once d'irritation que la jeune femme apaisa immédiatement en posant une main sur mon front.
Après s'être assuré que je demeurais calme, ils me détachèrent, gardant la main sur leurs armes. J'entendais parfaitement leur respiration saccadée et tendue. Je me levais lentement et entrepris de découvrir un peu plus la pièce où je me trouvais. Basse de plafond, elle était remplie de parchemin roulé et de vêtements négligemment jetés au petit bonheur la chance.
En même temps, ils m'expliquèrent que je me trouvais à bord d'un navire nommé l'Espérance.
Étrangement, à l'annonce de ce nom, je ressentis comme un lien avec ce qui m'entourait.
Ils m'expliquèrent également que l'ancien capitaine était mort il y avait quelque semaines et qu'il m'avait choisit pour lui succéder.
Je leur demandais alors comment une personne qui ignore comment un navire peut fonctionner, pouvait en devenir le capitaine. Ils me répondirent que je savais. Que ce savoir s'était gravé au fil du temps dans mon corps et que cela me reviendrait lorsque j'en aurais besoin. Que déjà, ils voyaient en moi la démarche du marin qui avait toujours navigué.
Puis ils se présentèrent un à un, m'expliquant leur fonction respective. Et ils m'expliquèrent ce qu'ils avaient décidé de faire en ce qui me concernait. Qu'ils avaient choisi de ne pas m'abandonner et qu'ils voulaient que je continue d'être le capitaine du navire. En échange de quoi, ils s'assureraient que je puisse toujours avoir du sang pour me nourrir et ne pas risquer de blesser un membre de l'équipage. La baptistrel leur ayant montré comment prélever le nectar de vie sans risquer de contaminer les gens.
J'acceptais et bientôt, après trois jours a rester dans ma chambre à essayer de conserver mon calme, je me mis à parcourir le vaisseau, adressant des saluts muets à chacun, cherchant à cacher ma nature de vampire à ces matelots et mousses.
Tandis que je parcourais mon navire, je me rendais progressivement compte qu'en effet, je connaissais l'utilisation de chaque outil du bord, comme s'ils faisaient partie de moi et de ma vie, de manière intrinsèque. J'entendais le grincement des planches et c'était comme si le navire me parlait, m'exprimait sa joie de me revoir sur pied. Le clapotis des vagues sur la coque m'exprimait son désir de reprendre le large et de voguer de nouveau vers l'horizon. J'étais comme en union avec mon navire.
L'équipage finit par revenir à bord, et bien que certains postes ne soient pas comblés, nous levâmes l'ancre et repartîmes dans la soirée, avec la jeune baptistrel, nommée Leannor, à notre bord. Elle avait proposé d'officier comme chirurgien pour l'équipage.
Nous voguâmes ainsi durant de longues années, poursuivant ce que mes officiers appeler nos habitudes, commerçant essentiellement les marchandises que nous transportions et accomplissant des abordages à l'occasion lorsque les temps de disette s'abattaient sur nous. Je "réapprenais" très vite mon métier et renouais avec les contacts de mon prédécesseur, expliquant que ma perte de mémoire était due à une maladie qui m'avait cloué au lit pendant une longue période. Si certains restèrent sceptique quant à mon explication, ils gardèrent le silence et continuèrent de faire affaire avec notre équipage, voyant que rien n'avait changé par rapport à avant.
Leannor avait enseigné à chacun comment prélever le sang, et à moi également. Ainsi, la méthode ne serait pas perdue.
En l'an 1124, je ressentis toutefois comme une sensation de perte en moi. J'appris que le dernier dragon avait disparu de ces terres. Durant un temps, je redoutais le pire. Pourtant, le monde poursuivit sa ronde et les choses continuèrent leur cycle propre. Étrangers aux mystères de notre monde, je décidais alors de faire comme lui et de continuer ma route avec mes compagnons de Mer.1356 du Troisième Âge: Horizons et Rencontres
Puis au fil du temps, les Maîtres et les officiers se retirèrent d'une manière ou d'une autre. Il appartenait à chacun d'entre eux de choisir celui ou celle qui lui succéderait, le faisant ainsi entrer dans la confidence de mon secret. Si l'un d'entre eux ne parvenait à choisir son successeur avant sa fin, les autres choisissaient le successeur et me soumettaient la proposition pour que nous la validions ensemble.
Le passage de flambeau se faisait toujours devant l'assemblée des Maîtres et des officiers, dans ma cabine, au secret de la pièce. De plus, je décidai d'ajouter un terme à l'accord que je passais avec l'ensemble de mon commandement. Si jamais je devais un jour attaquer l'un des membres de l'équipage, ceux-ci n'auraient pas à trancher et feraient tout pour me neutraliser définitivement. Autrement dire, me tuer. Il appartenait donc au Maître d'Abordage de veiller à ce que la chose soit possible, en aillant toujours les armes prêtes pour m'entraver et le cas échéant, mettre un terme à mon existence. Nous n’eûmes toutefois pas eu l'occasion, pour notre soulagement à tous, de tester le dispositif, car j'avais appris à me contrôler, n'aillant maintenant plus besoin que de boire une fois tous les trois-quatre jours.
Puis un jour, alors que nous étions amarrés dans un petit village de pécheur, se présenta une elfe. Toute fine qu'elle était, elle portait sur elle les traces des voyages qu'elle avait accomplis avant de parvenir en ce lieu. Elle demanda à monter à mon bord et vint directement se présenter à moi.-Bonjour. Je me nomme Orfraie Ataliel. J'aimerais embarquer pour me rendre au nord du continent. Pourriez-vous m'y conduire?
-Et comment comptez vous payer votre voyage?
-Je n'ai guère beaucoup d'argent, mais je peux offrir mes soins à votre équipage.
La ravissante elfe venait de clouer les négociations et je devais reconnaître qu'elle avait su m'offrir quelque chose que nous n'avions pas depuis fort longtemps. Les membres de l'équipage seraient heureux de pouvoir profiter de cette présence.
C'est donc ainsi, que nous prenions la Mer, voguant d'escale en escale, déchargeant les marchandises que nous devions vendre et embarquant celles que nous achetions ou transportions. Nous répondions toujours à l'appel de notre Amour. La Mer exerce toujours son attrait sur ceux qu'elle a un jour séduit.
Je profitais de ce voyage pour apprendre à faire connaissance avec Orfraie. La jeune elfe était pleine de vie et me conta ses voyages, tandis que je lui contais les splendeurs de la Mer et des paysages uniques que nous pouvions y découvrir, comme une baleine blanche sautant hors de l'eau pour retomber dans une gerbe d'eau. Ou alors le spectacle d'une trombe d'air tournoyant au-dessus de la surface de la Mer, emportant sur son passage les plus téméraires et les plus stupides des capitaines qui s'approchaient de trop près de la tornade. Ou bien encore un banc de dauphins nageant devant l'étrave(6) du navire. Ou alors, la couleur vert émeraude que peut prendre la vague de l'étrave à la nuit tombée.(7)
Puis un soir, elle m'interrogea sur le sabre qui pendait au dossier de mon siège.
Je lui expliquais alors que lors d'une escale à Gloria, alors que j'étais de sortie avec mes compagnons du bord, je me suis retrouvé mêlé à un différent avec un officier de la garde de la ville. Celui-ci, fort éméché, venait en effet d'insulter aussi bien mon équipage que mon navire. Les deux étant plus importants pour moi que tout l'or du monde, je demandais réparation à l'officier, qui releva mon défi, contre l'avis de son compagnon. Nous nous affrontâmes alors dans la rue en prenant chacun un témoin. Mon adversaire prit son compagnon de soirée, tandis que je prenais mon second.
Malgré son état d'ébriété et mon incitation à reconsidérer la chose, l'officier décida qu'il s'agirait d'un duel à mort. Quel ne fut alors pas mon malheur que de voir le dit officier s'embrocher sur ma propre lame en s'emmêlant les pieds et en chutant vers moi.
Son ami recueillit ses dernières paroles et nous laissa filer en échange de la promesse de ne rien répéter sur le duel ou le nom du malheureux. Je promis de taire le nom de mon adversaire, mais aucunement de taire ce duel. Je demandais également l'arme du défunt à titre de compensation pour mon équipage. L'homme me laissa l'arme et emporta le corps de son ami. Dés lors, pour me souvenir de cette leçon, j'avais baptiser l'arme "Effroi". L'effroi de la mort et l'horreur de la bêtise. Les deux symbolisées par cette unique lame.
Puis après trois semaines de voyage, nous parvenions à destination, ou je raccompagnais Orfraie à terre avec l'un des canots de notre navire. 1398 du Troisième Âge: Obscurité
Je regagnais ensuite ma douce fille, Espérance et nous reprenions la route des flots. Le temps reprenait sa route. Tantôt, nous étions marchands, tantôt nous nous faisions flibustiers. Mais toujours nous avons veillé à préserver l'anonymat de notre vaisseau lorsque cela été possible. Nous taisions le nom de notre navire pendant l'assaut et repartions aussi discrètement que nous étions arrivés, laissant derrière nous juste une épave au fond de l'eau et les corps enchaînés de son équipage. Il fut évident que ce genre de comportement attirerait un jour ou l'autre l'attention des autorités. Et cela ne manqua pas. Un jour, alors que nous nous apprêtions à lancer un abordage, l'un de mes vigies m'annonça une voile sombre dans le lointain. Ne réfléchissant pas plus, je pris juste le temps d'observer la voile à travers ma lunette d'approche et y vit un bâtiment armé pour la chasse. Il ne faisait pas de doute que nous étions sa cible.
Mais il demeurait hors de question que je laisse mon navire et mon équipage se faire attraper. Aussi, nous mettions les voiles pour partir et commencions alors une course-poursuite avec le navire derrière nous. Cinq jours durant, ils ne parvinrent à nous rattraper. Le sixième, l'on vit une brume s'abattre sur notre chemin. Sentant une occasion unique, j'y fis plonger ma fille, lui demandant de m'accorder toute sa confiance et celle de notre équipage. J'avais parcouru les côtes d'Ambarhùna sur presque toutes leurs longueurs, évitant soigneusement les côtes elfique, si bien que je connaissais les dangers du rivage sur le bout des doigts.
Je parvins finalement à trouver, dissimulé derrière des arbres, une petite crique où je fis entrer mon vaisseau. Puis l'on commença à patienter. L'on s'effaça de la carte pendant un moment, profitant de l'occasion pour échouer l'Espérance et ainsi pouvoir le caréner( 8 ) ainsi que lui faire les quelques maintenances nécessaires.
J'envoyais par la même occasion certains de mes gars dans les villages voisins pour chercher ce qui nous était nécessaire pour notre attente.
Lorsque le premier revint, il nous annonça alors que l'année précédente, l'on avait attenter à la vie de l'Empereur de Gloria. Toutefois, la nouvelle me laissa indifférent. La politique ne m'intéressait que peu, pour ne pas dire pas du tout. Ce qui m'intéressait était plus ce qui pouvait faire varier le cours des prix de mes marchandises. Aussi, j'ignorais la nouvelle que j'entendis quand même rapidement sur nombre des lèvres de mes marins.
Suite à cela, je me concentrais désormais sur le commerce, bien plus rentable à long terme pour moi et mon équipage, opérant encore un abordage à l'occasion. Mais durant les trois et demi qui suivirent, l'Espérance se présenta comme un navire de commerce parfaitement respectable.1750 du Troisième Âge: Premiers choix
Cette année fut terrible pour moi, car en effet, d'autres vampires avaient entreprit de déclarer la guerre aux humains et aux elfes. Je dois reconnaître que plus d'une fois, je frémis au son d'un bruit qui se fit entendre derrière moi dans les rues des villes, guettant le moment où l'on viendrait m'arrêter pour le simple fait d'être un vampire. Toutefois, bien que je reçus la visite d'une compagnie de la garde d'Aldaria, il me fut simplement demandé si je participais au conflit. Ce à quoi je répondis que je ne soutenais pas les vampires dans leurs assauts. Rapidement, il me fut demandé alors d'assurer du transport de troupes en échange d'une liberté de mouvement pour moi et mon navire, ainsi que mon équipage.
Mais cette année fut également pour moi l'occasion d'officialiser mon nouveau second dans sa fonction. Le jeune Joshua Meverns prenait la suite de son prédécesseur. Je connais ce garçon depuis toujours, ayant eu l'occasion de sauver son père d'un naufrage de son petit navire de pêche alors qu'il été sorti par mauvais temps. Depuis, je rendais régulièrement visite à la famille pour prendre des nouvelles. J'ignore ce qui me poussait à leur rendre ainsi visite, mais toujours est-il qu'ils m'ont toujours accueilli à bras ouvert et qu'ils me demandèrent même de prendre leur fils en apprentissage sur mon navire. Ce que j'acceptais. Je plaçais alors le jeune Joshua sous la tutelle de mon second.
Puis lorsque celui-ci décida de prendre sa retraite, le jeune homme prit sa place à mon bord.
Vint l'an1752. Alors que les peuples étaient en effervescence, d'une part parce que la guerre continuait sa levée de dîme macabre, et d'autre part parce que le Dracos Honoris était apparu aux dragonniers encore en vie, il fut annoncé que de nouveaux œufs attendaient d'éclore. Les chefs humains me demandèrent alors de me tenir prêt à appareiller à tout moment pour me rendre sur l'Île du Flocon à la rescousse des futurs draconniers et de leurs œufs encore à naître
Peu enclin à m'opposer à la décision, j'acceptais, mais refusant toujours de prendre part aux combats qui opposaient les peuples.1753 du Troisième Âge: Prédateurs
Bientôt, les vampires ne furent plus la seule menace dans le conflit. J'appris rapidement qu'un autre peuple d'humains venait de poser le pied sur Ambarhùna et qu'ils se lançaient à l'assaut de ce qu'ils appelaient les peuples magiques. À savoir les elfes et les vampires.
À cause, ou plutôt grâce à ce conflit et au traité que signèrent les Gloriens avec les almaréens, je vis un beau matin une femme elfe se présenter à mon bord. Elle me regarda un instant, puis scruta mon équipage. Elle hocha de la tête et s'avança vers moi.-Je souhaiterais vous parler en priver.
Me déclara-t-elle.-De quoi s'agit-il?
-Disons un entretien d'embauche.
Je l'observais à mon tour et l'invitais à me suivre, faisant signe au passage à mes officiers de me rejoindre, tandis que le Quartier-maître se chargerait de superviser la fin de l'embarquement des marchandises que nous devions emporter à ce moment-là.
Je m'installais dans ma cabine, derrière mon fauteuil et l'invitais à faire de même, tandis que les Maîtres présents et mon second, ainsi que le pilote s'installaient.-Est ce nécessaire qu'il y ai autant de monde pour cet entretien ?
Me demanda l'elfe.-C'est le marché entre moi et mes officiers. Nous sommes tous présent pour l'embauche d'un nouveau à bord. D'une part, pour que chacun sache ce que fera le nouveau, mais aussi qui aura sa responsabilité.
-Intéressant. Surtout en sachant que le Capitaine est un vampire.
Je la regardais, légèrement surprit. Puis je prêtais attention à ses vêtements. Elle avait due affronter les vampires par le passé, à n'en ne pas douter. Je partis donc dans un franc rire.-En effet, je suis un vampire. Et si l'équipage l'ignore, mes officiers eux le savent. C'est pour cela que je passe un certain nombre d'accords avec chacun de mes officiers lorsqu'ils prennent leurs fonctions. La première étant qu'en échange de sa place à notre bord, et pour éviter d'avoir à chercher un autre capitaine, les officiers humains acceptent de me donner un peu de leur sang, de manière volontaire et en suivant une méthode qui nous a été enseigné il y a longtemps par une baptistrel. Et ce, afin d'éviter toute contamination par le venin que je porte.
-Pourquoi n'avez vous pas rejoins les vôtres lors du conflit contre les humains et les elfes ?
-Parce que les désirs politiques des vampires ne m'intéressent aucunement. J'ai mon navire et mon équipage. Je me montre correcte avec eux et en retour, nous naviguons ensemble sur les flots.
-Cela me convient.
-Bien. Que pouvons-nous faire de vous à bord ?
-Je sais me battre.
-Çà, nous l'aurions parié.
-Cap'taine ! Nous pourrions lui confier le rôle de Maîtresse d'Abordage. Je suis sûr que cela lui conviendrait comme responsabilité.
Me suggéra Joshua. Je souriais à sa proposition-Voilà pourquoi nos entretiens d'embauche se font ainsi. Qu'en dites-vous, Dame Elfe ? En tant que Maîtresse d'Abordage, vous aurez la responsabilité que l'équipage soit prêt à se battre à tout moment. Que le matériel d'abordage, comprenant les armes de chacun, mais également les armes du navires soient correctement entretenu. De plus, petite particularité à mon bord, en tant que Maîtresse d'Abordage, et cela est mon contrat avec chacune des personnes ici présente, si je me mettais à attaquer l'équipage comme un vampire assoiffé, vous aurez pour devoir de m'arrêter. Et si vous n'y parvenez pas, vous aurez champ libre pour m’exécuter afin de prévenir tout danger envers l'équipage.
La jeune elfe me regarda comme si c'était la première fois qu'elle me voyait. Elle était surprise. C'était le moins que l'on puisse dire. Elle se reprit rapidement et me serra la main que je lui tendais pour clore le contrat.-Je me nomme Mestrea Lunarie. C'est un plaisir que de rejoindre votre équipage, Cap'taine.
-Bienvenue à bord Maîtresse Mestrea.
Ainsi, elle avait saisi le surnom que l'équipage me donnait. L'on consigna les clauses sur parchemin et les autres officiers lui firent faire le tour du navire avant que nous ne reprenions la Mer.
Je vis également mon carnet de clients s’agrandir lorsque je reçus, à l'occasion d'une escale dans un petit port, la visite coup sur coup d'un commanditaire quelque peu particulier.
C'était un vampire, tout ce qu'il y avait de plus simple. Il n'arborait aucun ornement particulier. Toutefois, il me fit une proposition en or. Il voulait que j'attaque la flotte almaréenne et que j'y inflige un maximum de dégâts. Évidemment, tout ce que je pouvais récupérer à bord des navires ainsi attaqués était pour moi et mon équipage. Il déposa devant nous une bourse remplie de pièces d'or. Je jetais un œil surpris à mes camarades, et surtout à Mestrea qui hocha de la tête, puis acceptait le contrat. Surprit par l’événement, je me disais qu'il faudrait alors que je complète mon équipage pour mener à bien cette mission. Je chargeais donc mon Quartier-maître de faire le recrutement dans les ports que nous visiterions à l'occasion. Et finalement, il me recruta presque une vingtaine de mousses et matelots de tout bord. Mais mon attention fut surtout attirée par une jeune femme qui se trouvait parmi eux. Elle botta un certain nombre de derrière à des matelot un peu trop entreprenant ou déplacé envers elle. Je pus même la voir participer à un abordage sur un navire almaréen, et ainsi constater qu'elle n'avait pas mentit sur sa compétence. Elle savait traiter la menace et savait comment frapper pour faire mal et achever son ennemi. Elle m'intéressait, mais elle disparue avant que je puisse même lui proposer un contrat plus durable à mon bord. Elle disparut à la faveur de la nuit, alors que nous avions jeté l'ancre dans une crique pour nous abriter d'un vent contraire qui dura toute la nuit. J'offrais ainsi à mon équipage l'opportunité de se reposer et de profiter des prise que nous avions fait sur les navires almaréens que nous avions attaqué et coulé. L'or prit, quant à lui fut partager entre chacun, conformément à la Chasse-Partie(9) signé par chacun à l'engagement ou au départ de la mission. Je mis toutefois de côté l'or de la jeune femme, attendant le jour où je pourrais le lui remettre.An 2 du Quatrième Âge: Choix
A l'occasion d'une escale non loin d'un petit port au nord du continent, je reçus la visite sur mon navire d'une délégation. Nous étions en pleine saison estivale. Pourtant, le climat et les vents se déchaînaient comme si les éléments et les Esprits exprimaient leur colère. J'avais donc fais jeter l'ancre pour nous mettre à l'abri, au moins le temps que les éléments se calme avant de reprendre la Mer.
La délégation vint à la faveur de la nuit, sur une petite embarcation, et accosta mon navire. Après avoir obtenu de mon second l'autorisation de monter, et avoir confié leurs armes à Mestrea, ils furent conduits dans ma cabine où je compulsais mes cartes, mon journal de bord, mais également mes notes. Trois individus entrèrent donc, suivit par mes officiers qui les gardaient bien en vue.[/i]
-Messieurs, Dames.
Commençais-je. Que me vaut le plaisir, ou le déplaisir, de votre visite ?
J'annonçais tout de go que leurs réponses pouvaient leur valoir une exécution à mon bord, si celle-ci ne nous convenait pas.
Se fut un elfe qui dévoila son visage et prit la parole.-Capitaine. Je suis Lendoriel Ataliel. Je suis envoyé en représentant des forces restantes des survivants d'Aigue-Royale. Nous aimerions que vous rejoigniez notre combat contre les forces du Voleur de cœur.
-Et en quoi cela me concerne ?
Je n'avais pas la moindre idée de quoi il parlait, mais je ne souhaitais nullement le lui avouer.-Il s'agit d'un conflit de grande ampleur, Capitaine. Si votre équipage ne nous rejoint pas, je crains que Tyran Blanc vous oblige à le rejoindre lui.
L'elfe semblait sincère. Pourtant, je ne souhaitais pas m'enchaîner à quelques parties que se soit. Je jetais un regard d'apparence distrait à mes officiers qui hochèrent tous de la tête. Visiblement, ils avaient entendu des choses que j'avais négligé. Je poussais alors un soupir.-Fol'vue. Pouvez-vous conduire ces gens à une des cabines d'invités que nous avons ? Merci. Ah ! Par contre, avant que vous ne nous laissiez, je souhaite voir le visage de vos compagnons. J'aime savoir à qui j'ai à faire, mais plus encore connaître leur visage.
Les deux autres ambassadeurs jetèrent un regard à Lendoriel, puis se découvrir. J'avais là une humaine et un vampire en plus de l'elfe.-Au fait, Lendoriel ! Seriez-vous un frère ou un cousin de Dame Orfraie Ataliel ?
-Il s'agit d'une lointaine cousine en effet. Pourquoi ?
-Pour rien. Merci.
J'attendis que mon Quartier-maître les ait emmené pour lever enfin mon regard des notes devant moi et observer mes officiers.-Bien. Il semble que des événements m'aient échappés. J'avoue ne guère m'intéresser aux affaires du monde, mais là, ça devient nécessaire. Donc, mes amis, je vous écoute. Que savez-vous de ce Tyran Blanc ?
Ils entreprirent de m'expliquer les événements et la situation des royaumes, ou du moins ce qu'ils en savaient. Ainsi, j'appris que le royaume elfique n'était plus, que les elfes se cachaient quelque part. Par contre, tous ignoraient ou se trouvait Aigue-Royal. Nous discutâmes toute la nuit durant. Puis au matin, les envoyés furent conviés à nous rejoindre pour le repas du matin. Ils assistèrent donc à ce petit rituel que mes officiers et moi-même avions à l'occasion. Ce que nous appelions ironiquement le « sacrifice ». Mestrea préleva le sang des officiers participant cette fois-ci, devant nos invités, puis m'offrit la coupe.
Je vis avec amusement, l'elfe et l'humaine regarder cela avec une surprise non feinte, tandis que le vampire se délectait du spectacle. Comme si on lui offrait un cadeau. Ce que je fis, puisque je lui tendis une autre coupe remplie de sang. En effet, avant leur venue dans la cabine, les officiers ne devant pas participer initialement à ce petit rituel, avait offert de leur sang pour l'occasion.
Nous commençâmes alors le repas, en leur expliquant comme fonctionnait mon navire et les règles que nous avions parmi nous. Je leur annonçais ensuite avoir pris la nuit pour discuter de la situation avec mes officiers, et que nous acceptions leur proposition de rejoindre le combat. Ainsi, ils repartirent avec la bonne nouvelle au matin.-Un splendide navire que vous avez là Capitaine. Digne des vaisseaux sur lesquels sont arrivé les premiers humains.
Me complimenta Lendoriel.-Ceux ci devaient être bien plus grand. Mon Espérance n'est qu'un modeste navire.
Répondis-je.
Puis mon navire mit de nouveau les voiles et l'on commença à s'attaquer de manière active aux navires de ce qu'ils appelaient la Théocratie. Pillage et arraisonnement. Nous ne coulions plus les navires, nous les récupérions lorsque cela était faisable, pour le compte de ceux qui fuyaient les troupes de Tyran Blanc.
Pendant trois ans, nous devenions de véritables pirates sur les mers. Nous nous lancions aussi à l'occasion, lorsque le besoin se faisait ressentir, à l'assaut des petits villages et petites villes côtières afin de nous approvisionner en nourriture et en eau.
Pour ce qui était des marchandises que nous piquions aux théocrates, nous en revendions une partie aux Protégés, tandis que nous cachions le reste sur une île non reportée sur les cartes. Une île que nous avions aménagée après l'avoir trouvé. Une petite île avec une crique ouverte sur la Mer et de hautes montagnes. Je signalais ensuite l'emplacement à d'autres capitaines devenu flibustiers comme moi et en qui j'avais toute confiance. Dés lors commença un petit commerce noir, soutenant le Protectorat qui se mettait tranquillement en place dans le désert d'Esfelia.
Le temps passa et bientôt, se fut une petite flotte d'une dizaine de navires qui faisait des rotations dans l'île, entre leurs assauts. La guerre qui faisait rage sur le sol, se répétait sur la Mer ou nous livrions des combats acharnés à coup de balistes et de magie.
Je ne compte pas le nombre de fois ou mon équipage et moi sommes revenus à l'île dans un état de délabrement notoire. Ils nous fallait alors plusieurs semaines pour panser les plaies et retaper l'Espérance. Nous avions donc prit le parti de construire les nécessités dans la crique pour pouvoir retaper nos navires. À cette occasion, je m'aperçus d'un détail qui m'avait échappé jusque là. Mon navire surpassait celui des autres capitaines par la taille. Surprit par cette constatation, je me tus à ce sujet et me promis d'y porter une réflexion ultérieurement.
Pendant cette époque, je renouvelais mon équipage plus souvent que je ne l'aurais souhaité. Et un beau jour, je vis une femme se diriger vers notre bateau alors que nous étions à quelque distance de la côte. En prêtant plus attention, je remarquais qu'elle été poursuivie par des hommes. Elle nous faisait de grand signe, nous suppliant de la prendre à bord. Je fis rapprocher le navire et mettre une embarcation à l'eau, à bord de laquelle je fis monter mes meilleurs hommes. Ils rejoignirent la femme alors qu'elle avait l'eau au niveau des épaules et que les assaillants se trouvaient à moins d'une longueur(10) derrière elle. Mes hommes repoussèrent les assaillants et ramenèrent la jeune femme qui se présenta sous le nom de Margarette Sullven. Elle demanda à embarquer et rester à bord. Lorsqu'on lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour nous, elle commença par nous proposer de nous faire les repas. Ce à quoi mon cher Joshua éclata de rire avant de lui dire que notre coq (11) n'apprécierait la concurrence. Elle nous expliqua alors qu'elle savait coudre et tenir un magasin. Fol'vue proposa alors de lui confier le poste de Maître Voilier, vue que le dernier était mort le matin même et que personne n'était encore ne mesure de prendre la place. Tout le monde était d'accord avec la proposition. Toutefois, Margarette se tourna vers moi.-Vous en êtes un, n'est ce pas ?
Me demanda-t-elle-Si vous parlez des vampires, oui. Si c'est des théocrates, alors non.
Elle acquiesça et revint sur les officiers qui l'emmenèrent et lui expliquèrent ses fonctions et lui présentèrent ses équipes.
Durant trois ans, nous participâmes ainsi au conflit, puis vint ce jour où l'on vit au loin les flammes qui ravageaient le champ de bataille terrestre opposant les Protégés et les Esprits aux Théocrates et leur dieu le Tyran Blanc. Dans le même temps, nous nous livrions une bataille maritime contre les navires du Voleur-de-Coeur. Une bataille navale qui s'acheva après de longues journées de manœuvres serrées et des chocs entre navires. Le bruit des échanges de coup raisonnait sur l'eau, transformant le calme de la mer en une cacophonie, le tout teinté de l'écarlate du sang des morts.
Je fus alors le témoin macabre des derniers soupirs des marins qui s'enfonçaient dans les abîmes de la mer, et des navires qui sombraient dans le silence des fonds marins. L'Espérance elle-même ne ressortie pas indemne du combat. Nous avions perdu nombre de nos frères et la coque comme les mats et la voilure avait prit de sérieux dégâts, nous ralentissant d'autant. L'on rejoignit notre île à quatre navires. Sur les trois qui nous accompagnaient, seul un put être sauvé. Les deux autres furent démontés pour réparer l'Espérance et sa sœur blessée, l'Elizée. Du côté Théocrates, il s'agissait plus d'une victoire qu'autre chose. Pourtant, malgré la dizaine de navires qui leur restaient, ils se retirèrent de la zone et rentrèrent chez eux, sans qu'un cri ne retentisse.
Les équipages survivant se répartirent pour combler le manque de main d’œuvre là ou on en avait besoin. Certains décidèrent de s'installer sur l'île pour la faire vivre lorsque nous n'étions pas présent. Ainsi se forma une petite communauté d'une dizaine d'individus présents en permanence dans ce que nous appelions désormais l’Oeil. Maintenant, chacun aller pouvoir vaquer à ses occupations et songer à panser les plaies que la guerre avait infligées à chacun. Pour ma part, je me penchais sur le livre de mes comptes et fus affligé de voir le nombre de noms de matelot qui avaient périt sous mon commandement pour une guerre que nous n'avions pas demandé, mais que nous avions accepté, car nous savions que nous ne pouvions y échapper.
Ce soir-là, je me joignis à mon équipage et à ceux encore présent sur l'Oeil pour célébrer une grande veillé funéraire, ne pouvant faire brûler les corps de nos frères disparus. A tout le moins, nos pensées les accompagneraient dans l'au-delà.
Nous devions apprendre quelques jours plus tard que les Dieux nous avaient quitté pour se sacrifier contre Tyran Blanc et ainsi pouvoir le défaire. L'on pleura alors également la perte des Esprits, adressant nos prières au seul Dieu restant que nous connaissions, le Dracos Honoris. Qu'il ai pitié des pauvres âmes qui furent sacrifier sur l'autel de la paix contre la tyrannie du Voleur-de-Coeur.
Puis le commerce reprit ses droits sur notre douce Mer. On aménagea progressivement l'Oeil pour qu'il devienne une étape de détente pour les marins, loin des jeux politiques et des soucis du continent et un point de repli pour les navires fatigués qui souhaitent se refaire une santé.
Un peu plus d'une année s'écoula et nous voici désormais en septembre de l'An 7 du Quatrième Âge. Une nouvelle couvée de Dragons voit le jour et les peuples semblent vouloir se diriger vers un futur empli de paix et de sourires. Les humains acceptaient de livre du sang aux vampires pour que ceux-ci ne soient plus à traquer les humains pour se nourrir. Je commandais donc un tonneau pour ma consommation personnel, transmettant ainsi le nécessaire à mon cambusier(12) et au Quartier-maître afin que le stock soit renouvelé de manière régulière, levant ainsi la nécessité du petit rituel, mais le tout, après avoir annoncé la vérité à mon équipage, refusant de lui cacher la chose plus longtemps. Je fus alors surpris par la réaction de mes matelots et de mes mousses qui m'adressèrent tous un sourire. Il fut à noté que le seul qui débarqua le fit, car il souhaitait retrouver sa famille. Nous étions désormais de nouveau sur les flots et une nouvelle confiance régnait à bord.
Avec l'Espérance, nous nous consacrâmes presque exclusivement au commerce et au transport, aménageant progressivement l'intérieur de notre frégate pour pouvoir parcourir plus amplement les mers, mais également dans l'idée de pouvoir accueillir des dragons sans entraver la bonne marche du navire.
Nous l'avons donc mit en carène et avons commencé aussi bien à l'allonger, en ajoutant des sections supplémentaire, mais également en ajoutant sur le fort arrière, une plate-forme, couvrant certes la roue, mais offrant aux dragons qui pourraient le souhaiter, une vue sur les alentours du navire. Pour cela, on dédoubla le mat d'artimon que l'on inclina de par et d'autre de la plate-forme et on augmenta ainsi sa voilure et le déployant comme deux ailes supplémentaires, pouvant être ainsi utilisé en fonction du vent.
Évidemment, cela nous occupa durant de très nombreux mois, pour ouvrir le ventre de l'Espérance et l'adapter à ce que nous avions à l'esprit. Nous en profitions pour remplacer les traverses usées et abîmées par les rigueurs de la mer et du temps. Comme l'on dit souvent, l'on bichonna notre enfant pour lui donner une nouvelle jeunesse, et tous, sans exception apporta sa contribution d'une manière ou d'une autre. Même moi, pourtant le Capitaine, je n'hésitais pas à venir porter les poutres que l'on taillait, ou à prendre le pinceau pour peindre. L'on renforça les parties en ayant besoin et l'on affina le profil de la coque. Les compétences de chacun furent ainsi mises fortement à contribution durant près d'une année entière passée à terre.
Nombreux furent ceux à subir le mal de terre. Je dois bien reconnaître que je le vécus également, avec une violence qui me surprit grandement, m'obligeant, au départ à rester pendant une journée entière allongée. Je ne parvenais à rester debout sans m'écrouler au bout de quelques pas. Ce que je ne subissais habituellement pas lorsque nous faisions escale dans les ports, je le vécus pleinement lors de cette carène des plus importante.
Puis vint le lancement de notre enfant. Sa remise à l'eau. Nous guettions avec impatience ce moment important, lorsque des villageois nous apprirent que les peuples se remettaient sur le chemin de la guerre, contre des entités inconnus. Je regardais alors mes hommes et y vis l'appréhension de devoir repartir en mer pour se battre contre des créatures. Je ne pouvais le leur infliger. Aussi, je leur promis que nous ne livrerions aucune bataille pour laquelle nous ne serions pas prêt.
L'on procéda à la remise à flot, entièrement concentré sur notre tâche et laissant le monde suivre son cours autour de nous. Puis l'on reprit la mer, nous rendant dans quelques ports ou nous pouvions encore nous rendre. Mais le constat se posa rapidement à nous. Les peuples n'étaient plus à se concentrer sur le commerce, mais se préparer à combattre un ennemi dont ils ignoraient tout.Fin de l'An 7 du Quatrième Âge : Appel des Cieux
Alors que les peuples se battaient au loin, un appel retentit. Le dernier des dieux fit rugir sa voix. Et bien que notre équipage se soit tenu loin des conflits, l'on entendit, ou plutôt, l'on ressentit son appel à l'aide.
Tous à bord restèrent silencieux pendant un long moment, tandis que le vent continuait de s'engouffrer dans nos voiles. Je portais alors un regard sur mon second. Et Joshua hocha de la tête. Je portais ensuite mon regard sur chacun des maîtres présents sur le pont de mon navire et tous acquiescèrent à la question muette que j'avais en tête. Je pris alors ma voix la plus puissante, caressant le bastingage de notre Enfant.-Cap sur Aldaria. Nous prêterons mains fortes autant que faire se peut, mes amis. Ce combat et aussi le nôtre et nous devons le gagner.
En guise d'applaudissement, j’eus le droit à un hourra général et tous se mirent à la manœuvre avec une énergie débordante. L'on parvint même à rejoindre le port encore plus vite que je ne l'avais prévu, parcourant l'équivalent d'un voyage d'une semaine en à peine quatre jours. Ce fut comme si l'Espérance et les Dieux nous poussaient en avant, approuvant notre décision.
Lorsque l'on arriva à destination, je me rendis immédiatement au palais, annonçant aux autorités que mon navire et mon équipage nous nous mettions à leur disposition pour aider à la tâche que le Dracos avait confié aux peuples. Nous livrerions les matériaux-là où l'on nous le demanderait. Je demandais toutefois que les états nous fournissent les vivres nécessaires à mon équipage pour la durée de cette mission, en guise de payement. Puis l'on se mit au travail.
Pourtant, au début de l'an huit du Quatrième Âge, ce ne fut pas des matériaux que l'on dût transporter, mais des gens, car les royaumes humains tombèrent face à la menace de l'invasion approchante. Nombres de nobles embarquèrent donc sur mon navire, avec des vivres et leurs familles, devant laisser derrière eux nombre de biens. L'on se rendit alors en direction du désert, ou je les fis débarquer à proximité de Fort Espérance.
Mais le sort décida qu'à partir du mois de juillet, nous n'étions plus les bienvenus sur ces terres qui avaient vu naître tant d'entre nous. Les peuples entreprirent de quitter ces royaumes et de commencer une grande armada pour s'exiler loin des Chimères et de ce conflit qui semblait désormais perdu.
Nombre de Capitaines comme moi furent réquisitionné et l'on nous demanda d'embarquer autant de personnes que possible. D'aller à la limite de ce que les navires pouvaient emporter, en vivre et en gens. Ainsi, mon équipage passa de cent trente cinq à six cent vingt personnes pour une traversée qui devrait durer pour une période indéfinie. Je dépêchais mes Maîtres et officiers sur d'autres navires pour former les officiers et Maîtres d'autres navires nouvellement construit et confié à des volontaires. L'on parvint ainsi à réduire nombre d'accidents et d'erreurs de manœuvres. Mais ils devraient apprendre à la dur à manœuvrer leur Enfant. Et je ne fus pas le seul à le faire. En effet, d'autres capitaines expérimentés firent de même. Ainsi, rapidement, l'ensemble de l'armada eu, dans les premier temps, un Maître ou un officier expérimenté sur chaque navire, formant ceux qui n'avait aucune connaissance. Et les échanges d'officiers se firent régulièrement, grâce à l'aide inestimable des dragonniers qui purent faire la navette entre les navires.
C'est donc ainsi que commença un exil et une traversée qui devait finalement durée pendant près de huit mois. Huit mois où nous vivions dans la promiscuité, attendant que les vigies nous signalent le moindre signe de terres, que les dragonniers et leur compagnon repères la moindre île ou nous puissions nous poser. Mais ce ne fut qu'au bout de ces huit mois que le premiers signe d'espoir devait finalement nous apparaître. Je ne compte plus le nombre de fois ou, à cause de la promiscuité, je dus remettre une personne à sa place, faisant appliquer des punitions de principe plus que de raison. Je faisais travailler tout le monde, les forçant ainsi à oublier les choses en s'occupant l'esprit grâce au travail. Ce qui, mine de rien, me permit, au final d'avoir l'un des navires avec le moins de trouble de l'armada.
Régulièrement, les Capitaines et dirigeants des nations, nous nous retrouvions pour décider du cap à prendre. Mais un même constat se faisait à ces occasions. Nous ne savions ou aller sur ces mers inconnues. Nous ne pouvions que nous fier aux astres, et malheureusement, nombres de personnes ne savaient comment l'on naviguait ou se dirigeait grâce aux étoiles ou même grâce au soleil.
Février de l'an 9 du Quatrième Âge :
Ce n'est finalement qu'après cette longue traversée, que je reportais régulièrement sur des morceaux de parchemins, que l'on parvint en vu d'une île ou l'on put jeter l'ancre et permettre à chacun de poser pied à terre. L'île était glacée, mais elle semblait pouvoir permettre d'offrir un foyer aux peuples. Du moins était-ce notre espoir. Jusqu'à ce que les vieilles querelles reviennent et qu'il faille à nouveau séparer les peuples. L'on demanda alors à nouveau à mes confrères et moi-même un coup de main pour déplacer les humains et les elfes sur des îles qui s’avérèrent former un immense archipel constitué de cinq îles. Je fus donc des Capitaines à déplacer les humains sur l'île où ils décidèrent de fonder leurs nouveaux royaumes.
Depuis lors, je navigue entre ces nouvelles terres, reprenant, à l'occasion mon activité de flibustier, en continuant d'adopter les mêmes principes de précaution et de discrétion.[/i]