Beaucoup de choses suivirent l’interrogatoire et les soupirs inquiets de l’Empereur, qui aurait du se douter que les murs avaient des oreilles dans ce genre de moments, puisque la nouvelle avait tôt fait de déclencher un esclandre.
Néanmoins, Claudius n’eut pas le loisir de s’y pencher tout de suite car Asolraahn vint l’informer que l’arme du crime était potentiellement sur lui. Le Havremont cligna des yeux, comme confus : est-ce que l’assassin avait eu le temps de lui planter quelque chose ? Pourtant il n’avait rien senti … ? Il y pensa quelques instants, avant d’avoir un éclair d’illumination.
« Lâche ! Allez ! Je te jure qu’elle ne nous fera pas de mal maintenant, et nous en avons besoin ! » Si la situation pouvait paraître digne d’un mauvais spectacle comique de boulevard au premier abord, Claudius était on ne peut plus sérieux quand il parlait avec sa cape, qui s’était mise à flotter toute seule face à lui. Si la discussion semblait n’aller que dans un sens, le Havremont savait que Strënge, même si pour le commun des mortels elle n’était que des bouts de tissus cousus ensemble, était intelligente, et aussi un brin compulsive : la nouvelle trouvaille de Claudius avait pour ainsi dire une fâcheuse manie de chiper des petits comme des gros objets qu’elle croisait. Parfois pour protéger l’Empereur de dangers éventuels, mais aussi parfois pour son propre plaisir.
En l’espèce, c’était la première situation qui semblait la préoccuper. Du moins, c’est ce que Claudius comprenait dans ses petits froissements caractéristiques. Mais après cette réprimande, la cape finit par abdiquer, et lui déposa finalement l’arme dans sa main, non sans un petit mouvement de retenue.
La scène laissa pour ainsi dire complètement pantois les personnes qui y avaient assisté. Le Havremont fit alors, non sans un brin d’ironie :
« Quoi ? Nous avons manqué de tous mourir ici, et c’est le fait que je parle avec ma cape magique qui vous dérange ? »Il put finalement donner l’arme du crime raté au grand Asolraähn qui la réclamait, en profitant pour lui donner la permission d’aller fouiller les environs avec les serviteurs volontaires avec lui : s’il n’était pas friand de se séparer de ses alliés en ces temps durs, l’Empereur ne pouvait être partout à la fois, et avait suffisamment confiance dans la condition physique du gigantesque félin pour qu’il ne lui arrive rien. Il ouvrit donc les portes, et laissa le grand graärh s’en aller, accompagner par ses compagnons d’un jour.
Une fois qu’il fut à nouveau seul, Claudius put constater qu’Autone fit preuve de moins de bêtises que les conseillers présents – à se demander pourquoi le Havremont les avaient choisi, mais après tout, il se répéta que son peuple avait un cruel manque d’éducation –, et calma le jeu immédiatement. Il eut un petit sourire à la dirigeante, la remerciant d’avoir tôt fait de calmer les dires des uns et des autres, et se permis d’ajouter :
« Aussi vrai que je suis là, je peux vous assurer que les autorités officielles de l’Empire n’ont rien à voir là-dedans. Je partage l’opinion de Dame Falkire. Nous sommes sur un terrain neutre. Vous n’avez peut-être aucune raison de me faire confiance, au-delà de ma parole, mais tâchons d’oublier les querelles, et concentrons-nous sur l’essentiel. Je répondrais également à cette situation si vos soupçons sont confirmés. »Claudius eut un nouveau petit soupir. Ces disputes lui rappelèrent sa condition de vieil homme fatigué, agacé d’entendre pareilles imbécilités à l’encontre de sa nation. Bien qu’il était dur dans son discours, l’Empereur n’avait jamais fait usage d’assassin pour effectuer sa basse besogne. Il avait comploté pour se faire des alliés et déstabiliser l’Alliance, pour essayer de récupérer les terres injustement prises à l’Empire, cela il le reconnaissait. Mais jamais il n’aurait fait usage d’assassin pour éliminer des personnes gênantes. Le guerrier qu’il était s’y refusait, et si toutefois il le faisait, cela n’aurait été que dans les situations les plus extrêmes. Le Havremont songea au fait que vu le tempérament de ses adversaires éventuels, il devrait peut-être revoir son code d’honneur. Peut-être qu’une garde rapprochée et quelques espions non-violents ne suffirait plus à assurer sa protection.
Mais il laissa tout cela à plus tard : en l’occurrence, sa situation personnelle importait peu de personnes ici, et Claudius put voir que toutes les personnes compétentes ici travaillèrent de concert pour faire avancer les investigations.
On fit bientôt de nouveaux rapports à l’Empereur : le poison avait été analysé par l’alchimiste présent, qui reconnu de l’aconit tue-loup dans la composition, une fleur … Althaïenne. Cela en plus d’autres éléments qui vinrent s’ajouter au fur et à mesure, firent que la peau de Claudius se blanchit quelque peu. Il était question de symboles d’araignée sur l’anneau de l’assassin, et d’une devise écrite en elfique sur l’arme du crime :
« Il y avait un rêve, qui s’appelait Calastin. ».
Le Havremont connaissait très peu d’althaïen. En vérité, le seul qu’il connaissait était Ilhan Avente. Même si celui-ci n’avait jamais révélé quoi que ce soit à l’Empereur, il savait qu’il utilisait des anneaux pour parler à des personnes proches de lui. Il en avait même donné un à Claudius, qui hélas n’avait pas pour habitude de le porter tous les jours. De plus, même si Ilhan n’avait jamais affirmé quoi que ce soit en sa présence, l’Empereur savait pour avoir travailler avec lui à l’époque où ils étaient tous les deux sous la direction de Fabius Kohan, que le Conseiller Avente disposait disons … D’un puissant réseau, qu’il aurait été malvenu de venir contrarier.
Or, Claudius ne considérait pas véritablement Ilhan comme un ami très proche, mais plutôt comme une figure importante de ce monde, qu’il devait respecter pour la position qu’il avait autrefois à Délimar, et désormais en tant que mari de la Monarque de Caladon. Les derniers échanges qu’ils avaient eu n’étaient pas pour ainsi dire des plus roses, mais les deux hommes avaient pour habitude d’avoir malgré tout beaucoup de respect mutuel l’un envers l’autre …
Mais si c’était vraiment lui, pourquoi aurait-il voulu se débarrasser au moins des figures importantes de sa propre patrie, et potentiellement de sa propre femme ? Claudius ignorait l’état du couple, mais d’expérience avec le mariage, il savait que les premiers mois étaient toujours très passionnels …
Plein de questions, l’Empereur décida d’aller en parler avec Dame Falkire qui se trouva non loin, mais il fut interrompu par sa garde du corps d’un jour, Vex’Hylia, qui semble-t-il avait des choses à lui dire concernant son investigation du corps de l’assassin. Elle convoqua également Dame Falkire : fort bien, pensa Claudius, au moins peut-être pouvait il amené le sujet plus facilement au regard de tout ce qui s’était passé.
Si dans un premier temps, Claudius fut impressionné par le fait que sa lieutenante avait la capacité de faire parler les morts, il fut attentif à tout ce qu’elle disait, le moindre détail pouvant jouer dans cette affaire. Il en appris ainsi un peu plus sur le profil type de l’assassin, et ses motivations. Pendant ce compte rendu, il aperçut également qu’Autone prise d’un léger malaise. Soucieux d’un coup, Claudius se sentit comme l’envie d’aller voir si tout allait bien, et de la soutenir comme il l’aurait fait avec sa femme en des conditions compliquées, mais il se retint, constatant que le vertige n’était que passager et que la monarque de Caladon avait tôt fait d’être à nouveau d’aplomb.
Quoi qu’il en soit, le compte rendu semblait tout aussi suspicieux que les éléments qui avaient rassemblés jusqu’ici, et si Claudius en pris bonne note, il lança toutefois un regard caractéristique à Autone, qui disait avoir besoin d’un moment, avant de s’isoler pour … Semble-t-il parler à quelqu’un, via un objet magique. Qui cependant, Claudius n’avait aucune preuve concrète, mais il connaissait suffisamment les personnes impliquées pour se douter qu’elle parlait avec son mari.
Claudius fit alors à Vex’Hylia :
« Merci Lieutenant, pour ces investigations très précises … Du reste, faites-lui confiance, fit l’Empereur en désignant Autone. J’ai le sentiment que ce que vous lui avez dit pourra apporter des réponses à nos questions. » Il se passa ensuite de nombreuses choses. La Dame Falkire demanda à l’Empereur de s’approcher. Elle raconta alors, non sans un brin de tristesse, une vision qu’elle avait eu en s’approchant du corps de l’assassin. Claudius fronça légèrement les sourcils, avant de dire à Autone :
« Si tout ceci est véritable … Je ne puis croire que des hommes avec de si nobles aspirations se soient laissé tenter par la voie de la violence de leur propre chef. Je pense que tout ceci est plus complexe que l’on voudrait nous le faire croire … » Claudius se frotta la barbe, et avant qu’Autone ne retourne à ses propres occupations, il pris très brièvement son bras. Le Havremont fit alors :
« J’ai eu des mots blessants à votre égard par le passé. L’on m’a dit ces derniers jours qu’il était souvent plus courageux de faire la paix, que la guerre. Nous avons plus important à nous préoccuper pour l’heure, mais les temps ont changé et … » Claudius déglutit légèrement comme si on devait presque lui arracher la fin de la phrase et fit dans un soupir :
« J’apprécierai que nous puissions tourner la page, ensemble. » Le Havremont n’attendit pas de réponses à cette phrase, et vaqua à ses propres occupations, s’approchant du mur précédemment désigné par sa lieutenante. Il l’examina de loin, tâchant de repenser à ce qu’on lui avait dit le concernant, et ce qu’il venait de dire à Autone, également.
Les conseillers, et les présumés coupables n’étaient peut-être pas si idiots finalement. Trop de querelles avaient secoués le peuple humain dernièrement. De la même façon que Claudius avait provoqué la Bataille des Cendres pour exorciser une bonne fois pour tout le mal qui rongeait la situation entre Vampires et Humains … Mais si ces deux peuplades étaient fondamentalement différentes, les humains de l’Empire et de l’Alliance n’étaient pas si éloignés. Au contraire, s’ils avaient pu coexister au sein d’un même empire pendant de longues années ensemble, c’était pour une raison.
Claudius réfléchissait, en regardant d’un œil vague tout ce qui se passait ici : qu’est-ce que ces « assassins » avaient voulu leur dire ? Ne restait-il rien à sauver de leurs plusieurs années de conflit ? Le Havremont était de ceux qui pensaient le contraire et ne pourrait se résoudre à penser que plus rien ne fonctionnerait. Ces deux nations étaient comme des mariés qui ne se supportaient plus, pourtant engagés ensemble pour le meilleur et pour le pire. Qu’est-ce qui pouvait réconcilier, au sein d’un mariage … ?
Il fut cependant bien vite tiré de ses réflexions, car aussitôt avait-il tourné la tête deux minutes que l’agitation autour de lui repris. Le serviteur qu’interrogeait la Monarque de Caladon semblait peu enclin à répondre à ses questions, et détournait les réponses comme un de ses politiciens que Claudius trouvait détestable.
Il regarda d’un air dépité la Monarque à la formulation de la réponse dudit Martignion, et adressa ensuite un regard plus furieux et lourd de sens au serviteur. Celui-ci se trouva soudainement dans une gêne croissante, et balbutia des sornettes qui ne convinrent ni Autone, ni l’Empereur.
Autone eut tôt fait d’ordonner son arrestation pour faire un interrogatoire avec l’accord tacite de Claudius, qui ajouta que l’on empêche ledit « TM » de faire quoi que ce soit d’idiot en le neutralisant physiquement et magiquement.
La dissidence n’était pas tolérée en ces lieux. S’il s’agissait d’un autre coupable, Claudius espérait seulement qu’il ne puisse pas de suite se donner la mort comme les autres avant lui et qu’il parlerait plus en détail.
Le Havremont sourcilla quand il entendit la dernière remarque dudit serviteur, concernant un piège derrière cette potentielle porte qu’il y avait de caché sur le mur.
***
A ce moment précis, Claudius était un brin agacé par la situation. Après s’être approché dudit mur puis une courte réflexion quant à la disposition de cette salle, et sur le fait qu’il y avait effectivement des courants d’air qui passaient à travers le mur, Claudius décida de lancer un :
« Ecartez-vous ! » A ceux qui étaient présents autour de lui. Les quelques personnes hésitantes eurent tôt fait de partir quand ils virent que l’Empereur rassembla son énergie dans son poing gauche, qui se mit soudainement à devenir d’un or brillant, rappelant des souvenirs à ceux qui avaient assisté à la transformation du Havremont lors de la Bataille des Cendres. Il leva ensuite son poing, et frappa avec force le sol, près du mur.
Une onde d’énergie frappa alors le sol et se dirigea immédiatement autour de ce mur. Après quelques secondes, le mur bougea un brin, et sembla reprendre sa forme originale, sans qu’aucun courant d’air ne passe à travers celui-ci.
Claudius ponctua son action par une petite phrase à l’attention de la petite assemblée qui était d’un coup bien silencieuse :
« A la vue de la physionomie de cette pièce et de ce bâtiment, cette porte mène à l’extérieur, ce qui explique les courants d’air que nous sentons près de ce mur. C’est probablement par ici que de potentiels assassins se sont infiltrés sans que personne ne remarque rien. Autant faire le tour, si vous voulez explorer les lieux. » L’Empereur se massa les tempes. Même si de nombreuses questions étaient encore sur les lèvres de tout un chacun, il semblait de nouveau y avoir une atmosphère moins bruyante qui régnait dans la pièce. Claudius observa la grande porte en face de lui, et aperçut alors dans l’entrebâillement, un bec d’oiseau, avec un plumage rouge-orangé autour de celui-ci. Le Havremont pencha la tête.
Sulfure ? Il lui avait pourtant dit de rester avec ses soldats … ? Peut-être que la protectrice avait dû-t-elle sentir ce qui se passait ici, en particulier avec l’agression de l’Empereur. Celui-ci esquissa un sourire, siffla un instant comme ses fauconniers lui avaient appris, pour attirer l’oiseau et il tendit le bras.
Ne se faisant pas trop attendre, l’oiseau vola jusqu’à lui paisiblement – non sans des murmures impressionnés par le fabuleux plumage du phénix – et se posa sur l’avant-bras de L’Empereur. Claudius flatta la tête de l’oiseau avec des petites caresses, avant de lui murmurer que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Il eut pour toutes réponses des roucoulements tranquilles de l’oiseau. Cela eut le don de l’apaiser un instant.
Il posa l’oiseau sur la grande table, non loin d’un petit bol contenant des biscuits ronds en chocolat, et profita de sa venue pour saisir un bout de parchemin, et de quoi écrire, pour rédiger un message rapide à ses troupes :
« Il y a eu une tentative d’assassinat sur la monarque de Caladon et moi-même. Formez un barrage autour de la ville, et du port. Coopérez avec les soldats de l’Alliance. »Il roula le bout de parchemin, et Claudius se dirigea à nouveau vers Autone pour lui glisser :
« Si vous désirez que mon oiseau transporte un message pour vos troupes, pour les informer de notre décision, vous êtes la bienvenue. » Celle-ci s’exécuta sans trop attendre. Après quoi, l’Empereur entendit un roucoulement étonné de Sulfure, et celle-ci tourna sa tête vers lui. Le Havremont eut le sourire aux lèvres, avant de dire au phénix :
« Ne t’inquiète pas. Elle n’est pas notre ennemie. Pas aujourd’hui. » …
Ni demain pensa t-il pour lui-même.
D’un roucoulement entendu, Sulfure parti les deux messages entre les pattes, l’un pour les troupes de l’Empire, l’autre pour celles de l’Alliance.
Claudius soupira, et quelques instants à peine après le départ de son oiseau, quelqu’un fit son entrée dans la pièce, faisant s’ouvrir les grands battants de la salle du Conseil. Un elfe, aux couleurs du clan Dalis, à en juger par son armure, se dirigeait vers lui escorté par un garde cordontais. Une fois vers l’Empereur, le soldat fit une révérence digne du peuple elfique, avant de dire :
« Sa Majesté Impériale, je suis porteur d’un message de grande importance. » L’Empereur avala sa salive. Il espérait ne pas avoir affaire à une autre mauvaise nouvelle …Mais le regard grave de cet elfe qui lui tendait un parchemin scellé semblait tout à fait évocateur.
Voulant être débarrassé au plus vite, Claudius lu tout de suite ce message :
« Votre Majesté,
Nous sommes dans l’obligation de vous importuner en pleine négociation mais cette affaire requiert diligence. Nous sommes affligés de vous annoncer la mort de notre Dominus de l’Information et des Affaires Extérieures, Dame Toryné Dalis.
Nous n’avons pu intervenir que tardivement. En effet, seuls un feu dévorant et les bruits de combat déjà bien engagé ont attiré notre attention, mais à l’arrivée des gardes, qui sont parvenus avec force difficulté à maîtriser le feu, seul le corps du Dominus Dalis a été retrouvé, gisant au sol, la tête tranchée. Malheureusement nous n’avons trouvé nulle trace de son ou ses assassins qui avaient déjà disparu, et nous ne sommes pas parvenus à les retrouver ni même à en trouver l’identité. Les fenêtres et tout objet de verre étaient brisés, de nombreux éclats au sol, et beaucoup de sang souillait la scène du crime, le tout calciné par le feu. Seul élément notable, sur un mur, quelques mots gravés de sang : “le Père a frappé”. Nous avons sécurisé la scène du meurtre, empêchant quiconque d’y entrer sans un ordre formel émanant de Votre Majesté ou de moi-même. Nous avons également placé toute personne au courant sous le sceau du secret, dans l'attente de vos ordres à ce sujet.
Votre Majesté, nous avons échoué à secourir notre Dominus, et nous assumerons l’entière responsabilité de cet échec. En attendant, nous restons à votre disposition et continuons à prendre les dispositions nécessaires pour poursuivre la traque de l’auteur de ce crime.
Votre dévoué, le capitaine Ailducïgn. »
Claudius eut un long, très long soupir, et sentit soudainement des frissons le prendre tout le long de son corps quant il eu fini de lire ce message. Ainsi se terminait donc la vie d’un de ses très proches camarades de ces derniers mois, qui avait œuvré mieux que personne pour que l’Empire soit à nouveau indépendant et uni.
Apprendre la mort d’un proche n’était jamais agréable pour un militaire. Car plus qu’une simple connaissance, le Dominus Dalis avait su obtenir la confiance, l’amitié et le respect de Claudius. Il aurait probablement donné sa vie pour qu’on ne prenne pas la sienne, malgré sa réputation des plus sulfureuses.
S’il n’était pas contraint de garder son calme compte tenu de la situation alarmante, Claudius aurait probablement pris un instant pour pleurer. Mais le deuil se ferait plus tard. L’ennemi, lui, ne devait pas attendre. Comme pour le ramener dans l’instant présent, l’elfe fit :
« Votre Majesté, je suis votre humble serviteur et reste à votre entière disposition, même si je ne peux malheureusement pas retourner sur les lieux de suite. Les éléments sont minces, mais nous avons peut-être quelques pistes. » Claudius hocha la tête. Il lui indiqua de venir avec lui, dans un coin isolé de la pièce où on ne l’entendrait pas. Après quelques secondes, et une fois qu’ils furent « isolés », le Havremont commença à parlementer avec le messager, et lui expliqua en bref qu’une tentative d’assassinat venait de se faire ici également, expliquant la confusion générale qui régnait ici, et lui demanda quels étaient les hypothèses concernant l’assassinat du chef de file du clan Dalis.
Le soldat stoïque, écouta, et une fois que Claudius eut terminé, il fit :
« Je suis heureux que votre majesté ait pu en réchapper. Quant à nos hypothèses… Seuls les membres de la garde Dalis qui sont arrivés sur les lieux ou qui ont été réquisitionnés sur les lieux ou qui ont été réquisitionnés pour sécuriser la scène du crime sont au courant, et ont été mis au secret. Plusieurs parmi nous n’ont toutefois pas pu manquer certains détails frappants et ont été émis des hypothèses, rapportés à notre capitaine. La décapitation et le feu … Cela nous rappelle fortement Sélénia et ressemble fort à une signature. Une signature des Elusis. Les animosités qui sévissaient entre le Prince Noir Elusis et sa mère Toryné Dalis sont assez connues aussi, certains d’entre nous étaient là quand ils se sont confrontés brièvement à Sélénia et que le Dominus Dalis a pris votre parti. Sans compter … Le Père. Le Prince Noir Elusis est connu pour avoir grand nombre d’enfants… Se serait-il fait appeler ainsi pour marquer son opposition à la Mère de la Nuit ? » Claudius fronça les sourcils, et se frotta la barbe. Effectivement, cela ressemblait potentiellement aux actions que pourrait commettre les Elusis, et cela n’étonnerait pas le Havremont que ce soit le cas … En temps de guerre toutefois. L’Empereur avait suffisamment ramé pour négocier un pacte de non-agression pérenne avec Aldaron. Aurait-il bafoué si rapidement leurs accords ? Après tout, il n’avait pas été d’une grande honnêteté avec lui ces dernières années …
Toutefois, Claudius accorda le bénéfice du doute, et l’elfe ajouta d’ailleurs :
« Nous ne pensons pas toutefois qu’il ait agi lui-même. Il serait plutôt fort probable qu’il ait payé ou soudoyé quelqu’un pour agir à sa place. » Le Havremont hocha la tête et se frotta la barbe. C’était une hypothèse effectivement probable, et qui méritait d’être considéré. Pour l’instant il n’en disait rien cependant. Mieux valait ne pas prendre de décisions hâtives, surtout sur des enjeux diplomatiques si épineux. Il aurait aimé avoir accès à son vase rouge qui aurait permis de dialoguer avec le chef vampire …
Le Havremont demanda ensuite au messager s’ils avaient pu inspecter la scène du crime, ou si dans l’urgence de la situation ils avaient préféré alerter tout de suite l’Empereur. Là, l’elfe répondit :
« Nous avons inspecté scrupuleusement la scène du crime, pendant qu’une partie partait traquer l’assassin, autant que faire se pouvait, et qu’une autre partie sécurisait et barricadait les lieux. Nous avons trouvé une pièce dont les vitres de verre et tout objet de verre ont été brisés. Tout, sauf un. » Là, il sortit un petit miroir, que Claudius identifia facilement comme le miroir magique auquel Toryné était très attaché de son vivant. Le Havremont fut surpris de le voir ici. L’elfe continua son récit ensuite :
« Il y avait également beaucoup de sang sur la scène de crime, sans doute celui du Dominus Dalis mais peut-être aussi celui de son ou ses assassins ? Nous avons vu les mots inscrits avec du sang sur le mur. Et la pièce entière était calcinée. Le corps n’est pas beau à voir, mais la pièce est ravagée. Nous avons trouvé un bout de parchemin, mais il n’y a que peu de choses à voir. » Il sortit un bout de parchemin, effectivement calciné. Il s’agissait en vérité d’un coin de parchemin, dont les bords sont noircis et ratatinés sur eux-mêmes sous l’ardeur du feu. On y aperçoit cependant vaguement une forme vers la partie noircie, mais qui était difficile à voir à l’œil nu, vu l’état du parchemin.
« Nous ne savons pas si nous pourrons trouver d’autres indices notables. » Commenta l’elfe.
Claudius demanda à réquisitionner les « pièces à conviction » pour analyse, ce à quoi le messager consentit sans problème. L’Empereur en profita pour lui montrer la dague et l’anneau, pour lui demander si cela lui disait quelque chose vis-à-vis de ce qu’il venait de voir.
L’elfe regarda les deux objets avec attention, et après une demande du regard pris la dague dans sa main. Il la tourna dan tous les sens, de même avec l’anneau, avant de finalement les rendre au Havremont et de lui dire :
« Je suis désolé de vous décevoir, votre majesté, mais tout ceci ne m’évoque rien en particulier. » Claudius hocha la tête et remercia l’elfe, qui fit un petit garde à vous. L’empereur lui demanda ensuite :
« Êtes vous encore en état de servir, malgré votre venue si rapide ? » L’elfe répondit qu’il était à son service, et qu’il ne pouvait simplement plus utiliser de téléportation avant plusieurs heures. Claudius cru se souvenir en effet qu’il fallait une journée de repos pour pouvoir répéter le processus. L’elfe étant toujours au garde à vous, Claudius lui fitr signe de romper et fit :
« Vous ne serez pas de trop ici, pour enquêter sur la tentative d’assassinat que nous venons de subir. Quel est votre nom et votre fonction au sein du Clan Dalis, monsieur ? » L’elfe détendit sa posture, avant de répondre :
« Mon nom est Sindar Gwarthiâr, lieutenant de la garde personnelle du Dominus Dalis. » Claudius hocha la tête, et lui expliqua plus en détail tout ce qui s’était passé ici jusqu’à leurs conversations. L’Empereur lui demanda par la suite de rejoindre Asolraahn – dont il fit une brève description même si le gigantesque graärh n’était pas du genre à être difficilement identifiable – et de fouiller l’endroit avec lui. Il lui demanda en outre d’être particulièrement vigilant à tout éléments pouvant lui paraître concomitant avec ce qu’il avait vu dans le domaine Dalis.
Il hocha la tête, et répondit :
« Votre Majesté, vos désirs sont des ordres », avant de partir rejoindre les enquêteurs d’un jour à l’extérieur de la salle.
Claudius resta là un instant, hésitant. Toutes ces informations venaient bien ternir cette journée, mais pour autant il ne savait pas si pour l’heure, ces deux assassinats étaient reliés ou s’ils s’agissaient d’actes séparés. L’instinct du Havremont lui faisait dire que tout ceci intervenait à un intervalle bien rapide pour que cela soit une simple coïncidence, mais pour l’instant, le mystère s’épaississait de plus en plus, sans aucune preuve tangible pouvant permettre d’identifier clairement un suspect …
Le Havremont soupira, avant de se lever et quémander l’attention de tous via un petit bruit sur un verre. Il s’éclaircissa la voix avant de dire :
« Vous avez tous vu ce messager rentrer dans cette pièce. Celui-ci vient de m’annoncer la mort de notre Dominus de l’information et des affaires extérieures, Dame Toryné Dalis. » L’annonce fit grand bruit et des murmures parcourirent la salle à toute vitesse. Claudius eut tôt fait de les calmer d’un petit geste évocateur de la main, quémandant silence pour qu’il puisse continuer à parler :
« A l’heure actuelle nous n’avons pas plus d’informations sur sa mort, si ce n’est un message qui nous a été laissé « Le Père a frappé ». Je vous prie s’il vous plaît de bien vouloir garder votre calme et raison gardée quant à cette annonce. Il est encore beaucoup trop tôt pour tirer quelques conclusions que ce soit, envers qui que ce soit. Si quelqu’un a des informations concernant un individu ou un bandit quelconque se faisant appeler de façon avérée « Le Père », publiquement, il est invité à venir m’en parler directement. » Claudius soupira une fois qu’il eut fini sa petite annonce, et alla trouver Vex’Hylia qui se trouvait non loin de lui, avant de lui glisser à l’oreille :
« Notre camarade du Clan Dalis a trouvé un miroir magique, dont je sais qu’il appartenait à Toryné pour l’avoir souvent vu avec, ainsi qu’un … Bout de parchemin sur lequel il semble avoir été écris quelque chose, sur la scène du crime. Ils sont à votre disposition si vous souhaitez les examiner, vous qui avez une expertise magique nettement supérieure à la mienne, vous serez peut-être plus à même de faire parler ces choses-là … »Il lui tendit les deux pièces à conviction.
Il espérait en vérité qu’à force de trouver des éléments concomitants, qu’ils allaient pouvoir enfin faire toute la lumière sur cette affaire … Même si Claudius n’en disait rien, plus le temps passait, et plus il se sentait perdu et esseulé par tout ce qui se passait, pris dans ses propres pensées sur le pourquoi du comment de cette affaire ...
directives partie 1 :
Quand tu as suggéré de boucler la ville avec vos armées respectives à l’extérieur, Autone Falkire accepte et propose aussi de fermer le port. Il est temps de faire exécuter cet ordre.
Uns fois Asolraahn parti fouiller le reste du bâtiment avec deux serviteurs, vous parvenez à maîtriser le brouhaha des accusations, Autone, Vex'Hylia et toi. Notamment Dame Falkire écarte rapidement les accusations contre l’Empire ou contre l’Alliance et affirme y répondre toutefois si les accusations contre l’Alliance s’avéraient fondées. La monarque exprime clairement sa volonté de se focaliser sur l’enquête et non sur des accusations sans preuve.
Les investigations ont pu ainsi se poursuivre. Nombre d’éléments sont trouvés : le poison est analysé par Thôrmir, l’arme de l’assassin est trouvée (sacrée cape cleptomane…) et l’alchimiste parvient à en lire les inscriptions. Un anneau avec une araignée gravée est également trouvé sur le corps de l'assassin. Vex'Hylia vous rend compte également en privé, à Autone et à toi, de ses investigations. Lors de ce compte-rendu, tu aperçois la monarque se retenir à la table, comme sous l’emprise d’un léger malaise, mais cela semble passer rapidement.
Dans tout cela, quelques éléments te titillent sans doute… Et peut-être n’es-tu pas le seul. Dame Falkire s’écarte quelques minutes. Vous l’entendez parler à quelqu’un, et tu peux deviner qu’elle parle à une personne extérieure par un objet magique, mais sans pouvoir affirmer avec certitude à qui, tant elle se montre discrète dans les propos qu’elle tient. Puis la monarque s’approche du corps de l’assassin, et, après un moment, revient vers vous pour vous raconter la vision qu’elle vient d’avoir. Elle semble avoir vu, dans une scène passée, l’assassin en conversation avec quelqu’un, tous deux parlant de leurs désillusions quant à leur rêve d’un peuple humain et d’une Calastin unis. Dans cette vision, l’assassin et son acolyte, qu’Autone n’a pas pu voir, évoquent vouloir “partir” en laissant un dernier message.
Ton lieutenant révèle également à tout le monde avoir trouvé un passage sous la tenture située en face de la porte principale, une tenture cachant une porte dérobée habilement dissimulée dans le mur par la magie, et demande à ce qu’on s’assure qu’il n’y ait pas de pièges avant de tenter de l’ouvrir. Encore un problème à gérer ?
La monarque de Caladon quant à elle a repris son interrogatoire du serviteur ayant dit être l’oncle de Martignion. Toutefois cet interrogatoire tourne vite au vinaigre : il lui répond en louvoyant, tout en bafouillant sous le regard sévère de la monarque, mais vous n’êtes pas dupes. Sous votre regard insistant, le serviteur répond finalement par ses initiales, TM, et dit être là pour servir. Dame Falkire te lance alors un regard lourd de sens, et presque complice, même si ses yeux pétillent de colère contenue, d’un air de dire que ces réponses ne lui conviennent pas du tout. Puis, après avoir réprimandé sévèrement le serviteur TM, elle ordonne à un garde cordontais son arrestation, et d'aller l’interroger tout en restant dans la pièce pour ne pas prendre de risque. Tu ajoutes comme consigne que le garde prenne toutes les mesures pour l’empêcher de faire quoique ce soit, autant physiquement que magiquement.
Le garde attrape donc TM, pour le neutraliser et l’emmener à l’écart. Dans le mouvement, ils passent non loin de la porte dérobée (pour s'écarter du groupe, ils passaient obligatoirement près d'une des deux portes, et le garde semble avoir préféré ce chemin-là, la porte dérobée sans doute plus difficile à ouvrir), mais le garde tient bien TM qui d’ailleurs n’oppose aucune résistance. Et quand ils passent près du mur en question, le serviteur regarde ton lieutenant et lui dit qu’il ressent un piège au niveau de la porte dérobée dans le mur. Le garde n’attend pas vos réactions, et conduit TM vers un coin de la pièce, loin des portes (que ce soit la porte principale ou la porte dérobée). Il le fait asseoir sur une chaise, l'y ligote puis lance quelques sorts le neutralisant aussi bien physiquement que magiquement, comme demandé, puis les isole tous deux magiquement pour que vous ne les entendiez pas alors qu’il s’apprête à commencer l’interrogatoire.
Comment réagis-tu à tout cela ? Que fais-tu ? Quelle décision ou quelles mesures prends-tu face à cette situation ?
directives partie 2 :
Peu à peu vous semblez reprendre les rênes de la situation, et vos investigations avancent, même si tu sens que vous avez encore pas mal d’éléments à éclaircir. Toutefois, alors que Sulfure repart tout juste de la salle du Conseil, à nouveau les lourds battants de chêne s’ouvrent.
Cette fois, sur un elfe, apparemment appartenant à une garnison de Dalis au vu de son armure, elfe désarmé et escorté par un garde cordontais. Quand il entre, le garde l’escortant ressort en fermant les portes derrière lui, et l’elfe se tourne vers toi, t’offrant une révérence digne du beau peuple.
–
Sa Majesté Impériale, je suis porteur d’un message de grande importance.Il te tend alors un parchemin scellé. A son regard empreint de gravité, tu sens que ce parchemin est porteur de mauvaises nouvelles.
Votre Majesté,
Nous sommes dans l’obligation de vous importuner en pleine négociation mais cette affaire requiert diligence. Nous sommes affligés de vous annoncer la mort de notre Dominus de l’Information et des Affaires Extérieures, Dame Toryné Dalis.
Nous n’avons pu intervenir que tardivement. En effet, seuls un feu dévorant et les bruits de combat déjà bien engagé ont attiré notre attention, mais à l’arrivée des gardes, qui sont parvenus avec force difficulté à maîtriser le feu, seul le corps du Dominus Dalis a été retrouvé, gisant au sol, la tête tranchée. Malheureusement nous n’avons trouvé nulle trace de son ou ses assassins qui avaient déjà disparu, et nous ne sommes pas parvenus à les retrouver ni même à en trouver l’identité. Les fenêtres et tout objet de verre étaient brisés, de nombreux éclats au sol, et beaucoup de sang souillait la scène du crime, le tout calciné par le feu. Seul élément notable, sur un mur, quelques mots gravés de sang : “le Père a frappé”. Nous avons sécurisé la scène du meurtre, empêchant quiconque d’y entrer sans un ordre formel émanant de Votre Majesté ou de moi-même. Nous avons également placé toute personne au courant sous le sceau du secret, dans l'attente de vos ordres à ce sujet.
Votre Majesté, nous avons échoué à secourir notre Dominus, et nous assumerons l’entière responsabilité de cet échec. En attendant, nous restons à votre disposition et continuons à prendre les dispositions nécessaires pour poursuivre la traque de l’auteur de ce crime.
Votre dévoué, le capitaine Ailducïgn.
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Votre Majesté, je suis votre humble serviteur et reste à votre entière disposition, même si je ne peux malheureusement pas retourner sur les lieux de suite.Tu devines donc qu’il a dû se téléporter. Même si tu n’es pas mage toi-même, tu connais assez bien certains us et coutumes de tes mages de combat, et tu sais notamment qu’ils doivent attendre un certain délai avant de pouvoir user de nouveau de téléportation.
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Les éléments sont minces, mais nous avons peut-être quelques pistes.Il n’en dit pas plus, ne voulant pas évoquer tout haut ce qu’il(s) pense(nt) tout bas. Pas devant toute cette assemblée. Considérant sans doute qu’il revient à l’Empereur de décider si oui ou non cette sinistre nouvelle doit être révélée maintenant. Même s’il y a tout lieu de penser que la rumeur va vite se répandre…
Comment réagis-tu à cette nouvelle ? Que fais-tu ? Quels ordres veux-tu donner ou quelles investigations souhaites-tu faire ? Et comment, à une telle distance, la torynésie étant à trois jours de cheval ? As-tu des questions à poser à l’elfe messager ?