S’il s’attendait à retrouver Nyana, qui devait le rejoindre sur le quai, il n’en fut rien. Une légère inquiétude la concernant l’étreignit, mais fut bien vite écartée par les préoccupations immédiates. Pas de Nyana, non. Mais à la place une réelle petite armée du Marché Noir.
A l’arrivée des hommes de main de la Triade, dont l’un évoqua avoir demandé à Bastien de contacter Ilhan pour eux, l’althaïen retint un sourire. En effet, ses arrières étaient couverts, on veillait bel et bien sur lui. Et quand Marché Noir et Toile s’alliaient, cela annonçait des nœuds inextricables des plus prometteurs, qui le mettaient en joie, rien qu’à l’idée de tous les complots possibles à eux deux.
Et quand le "Roi de la Confrérie", qui selon lui n’avait de roi que le titre, osa lui parler de ses oiseaux, Ilhan se contenta de hausser un sourcil des plus hautains, qui parlait pour lui seul.
Vermine disait-il ? Quand cette même vermine était, en ce moment même, en train de batailler pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être de cette cité infestée de maux bien pires que ses "
oiseaux" ? Oiseaux qui, de toute façon, n’en étaient pas, puisqu’il s’agissait d’araignées. Signe, une fois encore, s’il en fallait, que ledit roi ne savait décidément pas de quoi il parlait. Et parlait peut-être pour ne rien dire.
Qu’il purge donc, pensa Ilhan, qu’il purge. La purge ne serait sans doute pas celle qu’il pourrait croire. Quand le fourbe forban aurait enfin le temps de se pencher sur ses
oiseaux, ceux-ci se seront envolés depuis bien longtemps, disparus, éclipsés dans les ombres sans nom, pour reprendre un autre lieu, un autre nom. Si tant est qu’il reste quoique ce soit à purger, si la cité n’était pas tombée en ruine d’ici là. Car menacer ainsi ceux qui pouvaient être des alliés, même momentanés, n’était guère judicieux, quand cette vermine qu’on menaçait avait peut-être les clés pour sauver la cité… Qu’il purge donc, mais mieux valait qu’il ne se trompe pas de purge. Car il y avait pour l’heure bien plus urgent à résoudre, et l’althaïen doutait qu’insulter ainsi les "
agents étrangers" d’hostiles et les menacer de telle façon plaisent réellement aux hommes du marché noir ici présents, qui avaient tout lieu de se sentir tout aussi insultés, eux qui pourtant oeuvraient en cet instant même pour aider le forban à extirper sa cité du marasme dans lequel il l’avait laissé s’enliser depuis un mois. Eux qui, justement, étaient là, pour l’aider à la purger d’un mal bien terrible que ces soi-disant agents étrangers, à l’hostilité peut-être totalement fictive.
« Voyons au moins s’il peut se rendre utile. Demande à ton oiseau de piailler assez fort pour attirer Lolupata en direction des arènes. Les structures sont faites pour contrôler les grosses bêtes dans son genre. » –
Aucun de mes oiseaux ne pourra piailler, car je n'en ai aucun ici.Et il ne mentait aucunement. Il n'avait aucun oiseau. Il n'y avait qu'à regarder Belethar qui ne souffrirait aucunement de ses paroles pour s'assurer de leur véracité.
–
Mais je peux joindre mon contact et lui demander de tenter d’attirer la Couronne vers les arènes, répondit-il renforçant ses accents althaïens, tout particulièrement sur le mot contact.
Car des contacts, il en avait. Son anneau était réputé pour être effectivement lié à nombre de personnes, dont Belethar ici présent. Et dont le forban lui-même. Alors à moins que le gredin se considère maintenant comme un de ses agents, être lié à Ilhan par l’anneau ne signifiait en rien être un de ses agents... Ou alors plus de la moitié de l'archipel était de ses agents au final.
Toutefois il n’attendit ni n’écouta la possible réponse, qui ne l’intéressait guère. Il n’était pas là pour guerroyer avec ce gredin de pacotille, qui s’amusait à piailler tel un poussin dans son nid voulant montrer à ses frères qui étaient le plus fort, alors qu’il était le dernier à apprendre à voler. Un poussin qui avait toutefois intérêt à mieux traiter ses alliés du moment s’il souhaitait que ceux-ci coopèrent un tant soit peu. Ils étaient peut-être venus chercher un objet, et avaient peut-être une mission primordiale le concernant, mais ce n’était pas eux qui étaient acculés dans leur dernier retranchement. Et un objet… Cela pouvait se voler. Disparaitre. Les voleurs que ces forbans étaient ne pourraient guère dire le contraire, eux pour qui pillage était le maitre mot….
Et s’il croyait pouvoir tuer une Couronne… Lolupata ? Tué ? Ils avaient la preuve irréfutable qu’il avait ressuscité… Le tuer ne servirait à rien. Non, il leur fallait juste gagner du temps, occuper Lolupata, pendant qu’eux oeuvraient de leur côté. Ilhan tut toutefois cette pensée. Peu importait le but de chacun, la méthode semblait concorder : qu’on attire donc la Couronne aux arènes, oui, et qu’on l’y occupe (ou qu’on essaye, désespérément, de le tuer si cela leur chantait d’augmenter leur chance de se faire tuer en retour…).
Il ne broncha pas de recevoir d’autres ordres du forban, même s’il n’en pensait pas moins. Il pouvait au moins lui concéder le fait qu’en "maitre de la cité", Nathaniel se sente le droit et l’obligation de prendre les devants et de donner des directives. Et ces directives lui convenaient parfaitement, pour tout avouer. Résoudre l'énigme, c'était renouer avec SA cité. Même s’il se serait bien passé de la présence du singe…
Fabius. Quel détestable nom.
Fabius qui bondit alors sur son épaule et lui adressa un grand sourire des plus simiesques… Chose qu’Olorea ne sembla pas apprécier, sentant la tension de son maître. Elle sortit la tête et feula de rage, ce qui sembla effrayer le singe et le fit regagner la terre ferme à grand renfort de cris contrariés. Ilhan offrit à son tour un sourire mesquin audit singe, tout en caressant sa fidèle Olorea et la remerciant mentalement. Un ronronnement lui répondit, avant qu’elle ne regagne sa cachette, dans sa sacoche.
Résoudre l’énigme d’Althaïa donc. Voilà une chose qu’il ne rechignerait guère à faire. Un secret, si longuement gardé, qu’enfin, il le touchait du bout de ses doigts. Enfin… Ce qu’il touchait du bout de ses doigts, c’était plutôt sa pythie. En un geste presque instinctif, tant la situation était critique, il n’avait pu résister à l’attrait de faire appel à elle, l’urgence étant telle qu’il ne dédaignerait pas qu’on lui souffle une petite intuition.
Et intuition souffla en lui. Judith. Ce nom lui disait quelque chose. Judith Galapas était certes l’une des adeptes de l’Ordre d’Eleatria, mais elle n’était pas une althaïenne. Pas même une humaine. C’était une elfe, à la peau très pâle et aux cheveux platines. Si ses souvenirs étaient bons, elle prétendait être une descendante de la somptueuse Eleatria… Mais comment cela aurait-il pu être seulement possible ? Eleatria aimait un althaïen, un humain : ils n’avaient pu procréer ! Mais la vie des elfes étant bien plus longue que celle d’un humain, la figure du romantisme elfique aurait tout à fait pu avoir un enfant par le passé, et par conséquent, une descendance à travers les siècles... Cela avait d’autant plus de crédit, que celle qui affirmait l’être, Judith, était une Cawr et que le mensonge lui était proscrit. Ou alors Judith était-elle si intimement persuadée de descendre d’Eleatria pour affirmer une telle chose, qu’elle pouvait le faire sans mentir ? Ou tout du moins, sans vouloir mentir. À moins qu’il ne s’agisse tout simplement de la vérité ?
L’esprit en ébullition, Ilhan sortit alors le Conscientia, sous le regard étonné des hommes restés avec lui. Il leur expliqua en quelques mots laconiques avoir besoin de renseignements et préférait se permettre de consulter le livre en ce lieu qu’ils pouvaient sécuriser. Il voulait en savoir plus sur Eleatria, ainsi que sur l’Ordre et sur ces quatre noms gravés sur les fontaines. Aussitôt Conscientia lui répondit : elle était une elfe et avait renoncé à vivre parmi les siens. Elle avait bien eu un enfant, une fille, qui elle-même avait eu un enfant... Donc, probablement, la descendance d'Eleatria existait-elle bel et bien, ce que le livre lui confirma au sujet de Judith. Le livre ne connaissait pas beaucoup les trois autres : c'étaient des humains althaïens. Mais Judith, elle, gardait le secret de ses ancêtres.
Il lui révéla alors qu’Eleatria était une elfe et une baptistrelle de surcroît. Lorsque sa fille avait été vampirisée lors d'une attaque, elle avait voulu que son peuple lance une guerre, mais la faible réactivité des elfes la rendit folle. À plus forte raison qu'elle était baptistrelle et qu'elle était censée être neutre dans ce genre de conflit. Elle prit la fuite chez les humains et tomba amoureuse de Nikaos, un althaïen. Tous deux œuvrèrent alors pour, qu'à défaut de faire la guerre, ils protègent à tout jamais un sanctuaire. La configuration des sous-sols althaïens le permettait... C'est avec le chant d'origine, modifié, structuré, orienté, qu'elle forgea alors la pierre du sanctuaire, pour les protéger tous. Le livre n'en savait pas plus toutefois, mais probablement qu'avec sa chanson, elle avait essayé de léguer à son Ordre les dernières bribes de son secret. Ordre d'Eleatria qui avait été fondé par sa petite fille, et ainsi de suite, par des "prétendants" de la lignée d'Eleatria, gardant précieusement le secret du mécanisme, ou du moins... Ce qu'ils en savaient.
Voilà des informations intéressantes qui corroboraient ses laborieux souvenirs. Aussitôt Ilhan demanda au livre si un descendant d'Eleatria était vivant. Si oui, où il était et qui il était. Le livre lui confirma qu'il y avait encore un descendant vivant et qu'elle était... à Althaïa ! Un descendant qui s’appelait… Judith. Ni plus ni moins. Ilhan ne perçut aucun mensonge dans toutes ces révélations, même s’il n’était pas bien sûr que ces glyphes puissent les percevoir venant d’un livre…
Il lui fallait donc retrouver Judith sans doute. Si sa pythie le lui avait soufflé, cela semblait une priorité, une urgence même. Judith Galapas, membre éminent de l'Ordre d'Eleatria, elfe baptistrelle, cawr, se disant descendre d'Eleatria elle-même. Il ne l’avait toutefois jamais rencontrée lui-même. Quand il le lui demanda, le livre lui révéla alors qu’il s’agissait d’une elfe à la peau très pâle, aux cheveux platine et aux yeux sombres. Spirite de l'ornithorynque de niveau intermédiaire. Comme lui, étrange coïncidence, ne put-il s’empêcher de noter. En tout cas, n’ayant senti aucun autre spirite de l’ornithorynque autour de lui, ladite Judith n’était pas parmi eux a priori, pas même sous une fausse apparence. Ilhan lança alors le sort Retrouvailles pour tenter de la localiser et eut la surprise d’obtenir une réponse. Elle semblait être au domaine d'Eleatria… mais en dessous de la surface de la terre. Pas assez profondément pour être dans les galeries souterraines toutefois. Entre les deux. Un passage secret souterrain du domaine ?
Lui restait alors à décider s’il se rendait au caveau pour tenter de décrypter les énigmes seul ou… s’il partait au domaine de l’elfe pour tenter de la trouver… Dilemme.
C’est alors que Reynagane le contacta pour l’avertir de sa situation. Une situation qui s’aggravait et manqua arracher des frissons à l’althaïen. Reynagane avait retrouvé Nyana (au moins il savait où était l’autre Graärh maintenant) et, ensemble, elles avaient pu découvrir que Lolupata avait creusé un tunnel (probablement avec ses dents) pour aller libérer des Graärh sans avoir à passer par la sortie principale, très sécurisée. Elle lui apprit également que Lolupata était en train de frapper et qu’il se dirigeait vers le siège des tempêtes. Elle lui donna tous les détails qu’il lui demanda, pour mieux cerner sa situation. A priori, Nyana serait en train de combattre Lolupata, Bastien en train d’accompagner son espionne vampiresse à l’hôpital car elle avait perdu une jambe. Elle lui parla également de Kaiikathal, dans les décombres, et des quatre mots laissés par Rowena (qu’il avait payée pour qu’elle s’occupe de Nyana à Althaïa) et qui avait disparu (probablement dévorée par la Couronne) en recherchant son mari. Ces mots ? "Pierre du chaos", "dans les vestiges", "sous l’hôpital" et "sauver Kaiikathal". "Pierre du chaos" désignait sans doute l’objet qui avait semé tout ce désordre et inversait les intentions, objet que Belethar et Nathaniel étaient partis traquer. "Dans les vestiges" faisait sans doute référence à des vestiges de la cité ? Mais lesquels ? Dans l’immédiat il n’en avait aucune idée. Ce morceau lui semblait plutôt obscur. Par contre, "sous l’hôpital" désignait sans doute le passage par lequel Lolupata avait fait sortir les esclaves. Quant à "sauver Kaiikathal"…
Sauver Kaiikathal, c’étaitt ce que Reynagane était en train de faire et la Graärh lui apprit que la dragonne avait une boucle d’oreille parfaitement identique à celle qu’ils cherchaient et qu’elle la lui avait… confiée. Kaiikathal qui avait également un châle similaire à celui que Reynagane avait trouvé, un châle que la dragonne avait trouvé dans son trésor et donc probablement que Nathaniel lui avait donné. En tout cas, Reynagane possédait dès lors la boucle d’oreille que tous convoitaient. Voilà un élément intéressant, songea Ilhan. Probablement le temps que le danger s’apaise… Mais cela pouvait être mis à profit aussi. Même si, dans le même temps… probablement le véritable indice maintenant n’était plus de "sauver Kaiikathal", mais de sauver Reynagane !
Sauver Reynagane donc. L’un des meilleurs moyens de la sauver était de pouvoir déclencher les protections, assurément. Et en attendant, d'occuper la Couronne suffisamment longtemps, tout en protégeant Reynagane autant que faire se pouvait… Mieux valait lui envoyer du renfort pour qu’elle tienne, en attendant qu’ils parviennent à trouver ces fameuses protections.
À cette pensée, Ilhan observa les hommes autour de lui. Cinq pirates, et cinq hommes du Marché Noir. Parmi les pirates, il sentit deux spirites du ragondin, un spirite de la pieuvre, et deux spirites du chien et parmi les deux spirites du chien, un possédait également l’Esprit-Lié de la pieuvre. Tous de niveau intermédiaire. Parmi les hommes du Marché Noir, il sentait une spirite de l'antilope, magnifique humaine dont le charme ne le laissait pas totalement insensible, un spirite du coq et du sanglier, certainement un sacré caractère au vu de la combinaison, et de haute puissance, deux spirites du geai moqueur et la dernière possédait trois Esprits-Liés. Une Graärh, observa-t-il. Assez petite, au pelage court et roux tigré, spirite de la vanesse, de l'escargot et du paon, au plus haut niveau. Ilhan nota qu’elle avait été marquée par les pirates. Ancienne esclave donc. Une Graärh qui posait sur lui des yeux verts ardents, comme lui signalant quelque chose. Comme si elle voulait attirer son attention, ou lui dire quelque chose. Elle jetait également un regard furtif aux pirates laissés par Nathaniel, et Ilhan comprit qu’elle voulait effectivement lui parler, mais ne le pouvait pas en leur présence.
L’althaïen remercia alors chacun des présents d'être restés avec lui et d’avoir attendu. Il s’approcha de la Graärh, et lui toucha légèrement le bras, faisant appel à son dauphin. Elle ne broncha pas à son contact, fait plutôt rassurant. Et son dauphin lui souffla ce qu’elle souhaitait : la liberté, pas seulement pour elle, mais pour tous les siens ici. Elle le regardait parce qu'elle savait qui il était et ce qu'il avait fait avec la Monarque, à Caladon.
Ilhan demanda alors aux autres de l'attendre encore quelques instants puis s'écarta avec deux sbires du Marché Noir, dont la Graärh. Il en profita pour contacter rapidement une araignée à Calastin et lui donna pour consigne d'investiguer sur ce qui se tramait à Cordont, sur cette tentative d’assassinat, et sur ce qui pouvait bien se passer sur Calastin d’une façon générale quand on lui apprit la mort de Dalis. Il ordonna à l’araignée d’alerter toute la Toile et d’user de tous les moyens, puis de donner toute information importante à Autone et/ou à l’Empereur.
Une fois ce
"petit" détail réglé, même si son esprit restait préoccupé, et une fois hors de vue des pirates, il activa sa sphère enténébrée, s’isolant avec la Graärh physiquement, à la fois de tout oeil acéré, mais aussi de toute oreille indiscrète. Prenant grand soin à ce que ni le serpent ni le singe ne soit avec eux.
–
Vous pouvez parler en toute tranquillité, fit-il alors, une fois sûr d’être seuls.
Elle lui révéla alors avoir été libérée par Lolupata, puis cachée par le Marché Noir, quand elle avait voulu voler à manger à l'un d'eux. On lui avait proposé de la faire partir de l'île en douce, mais elle n’avait pas voulu partir sans les siens. Elle savait que Lolupata finirait par frapper, avoua-t-elle, et elle attendait ce jour de zizanie pour aller libérer les siens. Et aide fut demandée à Ilhan.
D’un air sombre, Ilhan hocha la tête.
–
Je comprends. Certains des vôtres libérés par Lolupata semblent suivre la Couronne de Cendres, mais pas vous dirait-on ?–
Personne ne suit Lolupata, répondit-elle.
Nous avons simplement été libérés par lui. Il n'a pas eu besoin de nous donner un ordre... Il savait que nous voudrions nous battre et cela l'arrangeait.Cela se tenait. Et était tout à fait du genre des Couronnes.
–
Je peux vous promettre de tout faire pour vous aider, fit-il d’une voix grave.
De tout faire pour libérer les vôtres. Tous les vôtres. Je ne peux pas vous promettre de réussir, mais au moins de tout faire pour. Il est possible toutefois que pour vous libérer tous, je doive utiliser un moyen que vous n'aimeriez guère.Il songea fort "les acheter", mais retint ses mots et se contenta de sortir une pièce d'or.
–
Quand bien même je devrais en venir là, sachez que cela ne veut pas dire que je vous considère comme un bien, et une fois auprès de moi et en sécurité loin de l'île des pirates, vous serez libres. Nous vous aiderons même à regagner le lieu que vous souhaiterez.Il songea toutefois qu’acheter les Graärh n'était guère la solution idéale, car cela entretiendrait ce "commerce". Mais peut-être n’aurait-il pas d'autres solutions ou choix pour tenir cette promesse. La Graärh pinça les lèvres avant de reprendre :
–
C'est très généreux à vous. Pour ma part, tout ce que je compte donner à ces pirates, c'est la mort. Leur donner de l'or... C'est les laisser gagner, même si les miens seront libres. C'est mon peuple, vous comprenez ? Nous ne pouvons pas vivre libres avec cette honte, ce n'est pas suffisant. Aujourd'hui j'ai l'occasion de les frapper et vous aussi. Pourquoi préférez-vous jouer leur jeu ?–
Je vous avoue que jouer leur jeu ne me plait guère et que je préférerai voir cette cité, MA cité, voir calcinée plutôt que de la voir ainsi corrompue et souillée. Oui, j'aimerais les frapper, leur ravir tout ce qu'ils ont volé, souillé, mais il y a un autre enjeu de taille. Les Couronnes de Cendres. Les pirates ont un objet primordial qui pourrait nous aider à combattre les Couronnes et à sauver l'archipel. Tout l'archipel, les légions Graärh compris. Car qu'on ne s'y trompe pas, les Couronnes sont là pour semer la mort et le chaos et détruiront tout l'archipel, les vôtres aussi. Sans compter que nous n'avons pas réellement une force de frappe pour vaincre définitivement les pirates, là, maintenant. Nous pourrions laisser la Couronne détruire cette cité, oui, nous pourrions ensuite frapper les pirates qui auraient réussi à s'en sortir, oui, mais la Couronne en sortira renforcée, sans doute avec ce qu'elle était venue chercher, et bien des vôtres mourraient aussi, toujours dans le déshonneur. Si je peux trouver un autre moyen de vous libérer, sans pour autant vous déshonorer d'une quelconque manière, et sans jouer le jeu des pirates, alors oui je le ferai. –
Qui y aura-t-il à sauver des Couronnes de Cendres, s'ils restent tous ici ? Pourquoi penser à demain... quand il n'y en aura pas pour nous ? Les pirates ont attaqué mon village, j'avais juré de les protéger. C'est comme cela que je suis devenue Aaleeshaan. Ils sont tous ici. Je n'ai rien à sauver en dehors. Qu'espérez-vous trouver ici qui nous sauve des Couronnes ? Vous ne trouverez nulle bravoure ici pour combattre ceux qui sont revenus d'entre les morts. Ce ne sont que des couards. Je sais que vous êtes brillants, Monsieur Avente. Vous savez très bien que la force n'est pas le seul gage de la victoire.–
Ce que je pense trouver ici pour nous sauver des Couronnes ? fit-il avec un léger sourire teinté de tristesse.
Je vous l'ai dit, un objet. Un objet qui nous permettrait d'avoir peut-être un allié de taille à nos côtés. Un des leurs... Parfois il vaut mieux attendre demain pour frapper plus fort et plus efficacement, plutôt que se jeter dans la gueule de la bête aujourd'hui et se suicider sans résultat. Il y a un proverbe qui dit chez nous : la vengeance est un plat qui se mange froid. La vôtre vous attend, mais pas aujourd'hui. Vous avez un avenir, je ferai tout pour vous l'offrir. Sachez que les pirates ont déjà subi de durs revers, notamment à Netheril. Si la Légion Vat’Aan’Ruda a manqué être mise à bas, elle est en train de se relever, et je peux vous certifier que beaucoup là-bas sont déterminés à reprendre le combat. Mais ils se préparent, ils forgent leurs armes, ils s'arment de patience pour se renforcer... et vous pourriez tous les rejoindre pour frapper avec eux, avec force et efficacité, plutôt que d'espérer pouvoir abattre vos ennemis aujourd'hui. Un ennemi qui vous apparait là, maintenant, à l'agonie, et qui effectivement est dans une situation délicate. Mais qui, même s'il sera durement frappé, pourra tout de même se relever, et vous vous seriez peut-être alors sacrifiée pour rien. Car votre ennemi a d'autres cités, d'autres navires. Tous les pirates ne sont pas ici. On coupera un tentacule, mais ils parviendront à en faire pousser d'autres. Les laisser se faire tuer là, ne vous assurera aucunement la victoire. Rejoindre les vôtres et oeuvrer pour que vos tribus et votre légion retrouvent leur force d'antan et plus encore, oui, ça, ça vous assurera une victoire bien plus probable.Se disant, il désigna vaguement la direction de Néthéril.
–
Oui, la force n'est pas le seul gage de la victoire. Et j'ai peut-être efficacement quelques... armes... de mon acabit dans ma besace, pour vous emporter avec moi vers un autre avenir. Vous parlez de couards ici, mais je pense que vous et les vôtres n'en êtes pas, n'est-ce pas ? Alors aurez-vous le courage de contenir votre colère et de rejoindre les autres Graärh à Netheril, de combattre ce déshonneur qui vous semble vous engloutir, pour mieux vous relever ? Trouverez-vous la force en vous d'aller renforcer les troupes de la légion de Netheril pour mieux combattre avec eux, tous ensemble ? Ou préférez-vous la solution de facilité qui serait le suicide en vous jetant sur vos ennemis maintenant les pensant trop affaiblis pour riposter ? Toutes vos tentatives ont échoué jusque-là. Pourquoi ? Parce que vous étiez seuls, isolés. Rassemblez-vous donc et frappez, mais frappez ensemble, avec les vôtres d'ici, et les vôtres là-bas qui vous attendent.Et c’est avec soulagement, qu’il la vit acquiescer de la tête.
–
Que voulez-vous que nous fassions pour récupérer cet objet ?Ilhan lui toucha alors de nouveau le bras, le lui serrant doucement, comme pour appuyer un serment, une promesse, et hocha la tête. Son dauphin lui souffla qu’elle nourrissait la même volonté de libérer les siens, mais de façon plus tempérée. Cela était toujours ça de gagner, sans doute…
–
Je suis honoré que vous acceptiez de vous joindre à nous, répondit-il alors.
Vous avoir à nos côtés sera un atout. J’aurais effectivement sans doute une mission pour vous, si vous le souhaitez.Elle semblait tout ouïe. Lui, pourtant, se reprit à réfléchir rapidement à la situation de Reynagane, une situation qui pouvait être critique. Le tunnel creusé par Lolupata pourrait peut-être être emprunté au besoin, par exemple pour faire entrer plus de personnes d’un coup par l’entrée principale ET par ce tunnel pour aller plus vite, ou pour fuir ou autres, même s’il faudrait sans doute ramper un peu dedans. C’était en tout cas une issue à prendre en compte. Mais cela n’aidait en rien son amie Graärh dans le besoin.
Il contacta alors un de ses agents de la Toile encore disponible, celui travaillant au casino, et lui donna comme consigne de retrouver Reynagane et d’assurer ses arrières. Puis il se tourna enfin vers la Graärh.
–
Votre mission, si vous l’acceptez, sera vous aussi de retrouver cette Reynagane.Il lui donna alors la description détaillée de son amie version humaine, en lui disant qu’elle portait un châle avec une lance dessus. Il lui demanda de la protéger coûte que coûte, lui affirmant qu’elle était une clé pour obtenir l’objet. Il donna à la Graärh carte blanche pour cette mission, et que toute aide sera la bienvenue pour aider Reynagane.
Une fois fini, il désactiva la sphère enténébrée et les sortit du dôme d’ombres. Avant qu’elle ne parte, il la retint, rejoignit les autres qui les attendaient un peu plus loin, et assigna cette même mission à deux autres agents du Marché Noir, un des spirites du geai, gardant avec lui le second pour que les deux agents restent en contact, ainsi que le spirite du coq et du sanglier. Se gardant bien de mentionner l’objet cette fois-ci toutefois. Puis il apposa sur un bijou de chacun des trois un glyphe de communication, leur disant qu’ils pourraient ainsi se tenir tous informés de leur situation. Et c’est avec un regard lourd d’appréhension, et un brin d’espoir pour Reynagane, qu’il regarda les trois compères partir ensemble rejoindre le siège des tempêtes.
Lui restait maintenant à choisir sa propre voie, sa propre mission. Aller au caveau, comme convenu, et suivre le chemin que semblait leur indiquer la chanson... ou tenter de retrouver Judith qui serait d’une aide bien précieuse pour l’énigme et les protections althaïennes, comme le lui soufflait si ardemment la Pythie. Une Pythie qui, quand il la toucha de nouveau en la tournant trois fois, lui murmura que retrouver Judith serait le plus judicieux, le chemin le plus salvateur.
C’est alors d’un pas déterminé, qu’il prit le chemin du domaine d'Eleatria, au harem du lion donc. Toute sa petite troupe sur les talons, ce maudit Fabius y compris. Il avertit rapidement Belethar par l’anneau de son changement de plan, et du pourquoi du comment, ainsi que de la situation de Reynagane, même s’il resta succinct à ce sujet.
En direction du quartier des plaisirs, Ilhan remarqua assez vite qu'ici aussi le chaos avait frappé, comme au quartier marchand. Avant probablement, puisque tout un chacun semblait s'être bien relevé de ses mésaventures. Quelques blessés à déplorer, hélas, mais rien qui ne soit bien grave. Le domaine d'Eleatria se dressa finalement devant lui, dans toute sa majestuosité. En entrant, l’althaïen put admirer de magnifiques jardins, des vignes, avec six fontaines en cercle. Sur chacune, il y avait une statue d'où coulait l'eau et qui représentait la vie d'Eleatria, et de son époux, un humain althaïen. La première statue représentait les deux amants enlacés, la seconde leur mariage, la troisième montrait Eleatria se battant à la lance contre des vampires, au vu de leurs crocs acérés, tandis que dans la quatrième l’elfe agonisait, au bord du trépas, sur la pile de vampires tués. La cinquième la représentait comme une sainte magnifiée et enfin la sixième représentait son époux, triste et seul. Les statues avaient dû déplorer de sévères dommages, mais elles avaient été merveilleusement bien restaurées. Certainement pas par les pirates, au vu de leur manque flagrant de raffinement et de poésie, songea Ilhan avec un profond mépris et une tristesse prégnante, mais très probablement par Belethar, son cher presque-frère. Ilhan tenta rapidement, par acquit de conscience, de faire bouger la lance ou les vignes sur les fontaines, ou de fredonner la chanson dans sa version recomposée, mais rien ne se passa. Comme il s’y attendait. Cela aurait été trop facile.
Il lui fallait donc chercher ailleurs. Se tournant vers le harem, maudit soit-il de souiller ainsi un si beau domaine, il en observa les trois parties. Une aile principale, face à Ilhan, et deux ailes de chaque côté de telle sorte que le bâtiment formait un fer à cheval. La lance était entreposée jadis dans l'aile de droite, et lorsqu'il avait lancé son sort "Retrouvailles" un peu plus tard, cela semblait concorder aussi dans la direction de cette aile.
En entrant par l'aile droite, il évita l'entrée principale où Reynagane avait rencontré quelques soucis. Cette aile semblait être celle qui avait le moins souffert de destructions, même si elle portait elle aussi quelques stigmates et quelques marques de restauration. Les murs dénotaient par leur vide incongru, gardant la trace d’anciens tableaux d’antan. Des tableaux aujourd'hui probablement vendus ou détruits, pensa-t-il avec nostalgie. Caressant lesdits murs d’une main distraite et songeuse, il continua son chemin. Et rencontra de nombreuses salles occupées par des groupes qui profitaient... d'une belle compagnie… dans des activités qu’il préférait ne pas décrire.
Rougissant éhontément, l’althaïen poursuivit, tentant de regarder le moins possible ces scènes obscènes et déplacées en ce haut lieu d’histoire et de raffinement, son coeur saignant de voir cette souillure maculer ce domaine. Nul temps de pleurer toutefois sur tout ce qu’ils avaient pu perdre. Le sort Retrouvailles lui souffla la direction "en dessous", mais pour le moment et à sa connaissance, il n'y avait pas de cave ou de chemin pour descendre. Il rencontra enfin quelques rares tableaux et statues, souvent pour représenter Eleatria à la lance ou des tableaux d'elle et son mari. A priori, sans ordre déterminé, rien qui ne puisse lui rappeler la chanson. La seule chose qui puisse le guider était de retrouver le lieu où était entreposée autrefois la lance, lieu dont il se souvenait vaguement l’emplacement.
Cette salle, Ilhan y arriva enfin. Mais ce furent toutefois obscénité et vice qui l’accueillirent de plein fouet et voulurent le happer en leur sein. Le lion le narguait jusqu'au bout, dirait-on. Bravement, braquant toute sa force mentale sur son objectif, il y entra. Notant au passage toute issue, toute source potentielle de danger, tels des gens armés (non parce que des gens louches, ils étaient tous louches en ce lieu de dépravation), ainsi que tous les Esprits-Liés présents. Il observa aussi tout tableau, toute statue, ou tout objet qui aurait pu l’aider dans sa quête. Grande pièce de belle superficie, elle comptait quatre grandes portes-fenêtres qui donnaient dans les jardins et offrait une jolie vue sur le petit palais non loin. La pièce avait gardé de son cachet d'autrefois avec des bancs... malheureusement occupés par des gens très... affairés. Elle était de forme rectangulaire, et Ilhan aperçut sur l'une des petites largeurs une sorte d'autel, du moins ce qu'il en restait : le socle de bois où se tenait autrefois la lance.
Et alors qu’il tentait de rejoindre l’autel, un homme, bien bâti, de près de deux mètres, bien peu vêtu, s'approcha d'Ilhan et vint poser sa main sur son épaule.
–
Tu me plais beaucoup, tu sais ? fit-il en tendant à l’althaïen un verre d'un alcool ambré.
Ilhan releva les yeux, les releva encore, et encore, tout du long de ce corps, ma foi très musclé, et regarda l’homme sans sourciller, autant que faire se pouvait du moins, même s'il n'en menait pas large intérieurement. Fourberie fut alors son premier instinct.
–
Une rumeur m'a dit que quelqu'un là-bas te plaisait aussi beaaaaucoup et que tu lui feras honneur comme il se doit, murmura-t-il, la voix presque ronronnante, usant sans honte de son glyphe des rumeurs, tout en désignant un homme qui lui ressemblait, au moins en carrure, même si cet homme était de dos et très occupé à autre chose.
L’homme massif regarda ladite personne et eut un petit sourire en coin. Il leva son index et l'agita devant Ilhan d'un air de dire "toi alors". Il lui fit alors un petit clin d'oeil et alla offrir le verre à cette autre personne. Ilhan soupira intérieurement, de soulagement non feint, et son sang pulsa moins fort à ses tempes. Aussitôt il se dirigea vers son objectif, le fameux autel, tentant d'esquiver toute autre alpaguage.
Un autel qui avait beaucoup souffert lui aussi de saccage. Ou de pillage. Ilhan se souvenait encore des tableaux et des fleurs par centaines qu'on venait poser ici pour qu'Eleatria leur offre son romantisme, bénissant la sainte pour s'attirer amour, charme ou élégance. Aujourd'hui... Eh bien aujourd'hui, il n'y avait plus rien de tout cela. Les tableaux, les fleurs, les offrandes ? Disparus. Ils n’étaient plus. Ne restait que ce socle de bois. Un disque haut d’une quinzaine de centimètres, fixé au sol et percé en son milieu pour recevoir la lance abîmée. Se dressaient des supports sculptés de feuilles de vignes... Mais aucune trace de lance. Ah et... une fine dentelle féminine trônait sur l'autel, certainement oubliée là, non pas en offrande, mais en sacrilège honni.
Ilhan écarta, avec un air méfiant, la dentelle féminine, dentelle à la propreté fort douteuse… et révélant quelques pièces d’or cachées sous elle. Dégageant tout cela d’un geste, l’althaïen se focalisant alors sur le reste de l’autel, à la recherche d’un quelconque mécanisme. Il monta sur le disque… Mais bien entendu rien ne se passa. Si ce n’est qu’il venait de gagner quinze centimètres, ce qui, en soi, n’était pas rien. Il pourrait dire au moins avoir un peu grandi dans cette histoire…
Reprenant un peu plus de sérieux, il reprit son observation attentive, tentant diverses manipulations, comme appuyer sur les feuilles de vigne. Aucun mécanisme ne se manifesta. Pourtant, il savait que, quand la chanson avait été "intégralement" transmise aux Althaïens, la lance était venue reposer dans cet endroit, qu'Eleatria avait choisi avant sa mort. Cette place était très importante pour la chanson. Cet emplacement sur lequel il se tenait précisément.
En désespoir de cause, il lança un sort de perception du contenu, en posant la main sur le disque, afin de voir les pièces alentour, notamment celles potentiellement en dessous. Au-dessus et alentour le sort lui révéla de nombreuses salles… toutes occupées. Reniflant de dépit, il fut soulagé de percevoir toutefois qu’en dessous, se trouvait une cavité à environ trois ou quatre mètres de profondeur, vide, mais qu’elle se poursuivait ensuite plus loin. Trop loin toutefois pour sa perception. Cela devait sans doute correspondre à la possible "cachette" où se trouvait Judith… Il lui fallait donc persévérer en ce lieu.
Toujours debout sur le disque, il ne perçut rien de particulier. Pas de passage ailleurs : c'était ici, sous ses pieds. Et la chanson lui revenant encore en tête, il la fredonna, espérant y trouver l’inspiration. Prier sur ce qui se fendille… Ou sur ce qui aurait dû être là selon les voeux d'Eleatria, sans doute. La lance ? Et s’il retrouvait la lance ? Retrouvailles lui indiqua que la lance était au siège des tempêtes. Mais non, son intuition lui souffla que si c'était la lance qui débloquait ce mécanisme, le passage aurait dû être ouvert toutes ces années où elle avait été ici. Or, ça n'avait pas été le cas.
Ilhan se pencha, espérant que les autres ne regardent pas, pour essayer de voir si des symboles ou autres se trouvaient sur le bord du disque. Il aperçut quelques fentes dans le bois. Mais il lui fallait être plus près du sol pour mieux voir. Maugréant de cette situation qui allait le mettre dans une position malaisante en ce lieu malséant, il se pencha plus encore, et finit par se coucher à terre pour être au même niveau.
Quand soudain son "
ami" de tout à l’heure s'interrompit et vint vers lui, un peu inquiet :
–
Ça va pas ? T'es malade ? Tu as envie de vomir ? Je crois que j'ai une potion pour ça...Et déjà il se dirigeait vers sa besace et y fouillait. Ilhan grommela intérieurement.
–
C'est gentil à toi, mais tout va bien, fit-il finalement, l’air le plus neutre possible.
Je cherche quelque chose, je crois que je vais le retrouver d'ici peu.Et se disant, il se saisit de la première chose qui lui vint sous la main… à savoir la petite dentelle féminine. Il l’offrit alors à l'homme, avant d’ajouter d’un air faussement conspirateur :
–
Mais je crois que ton ami t'attend avec impatience, en désignant de nouveau l'autre homme vers qui il l'avait déjà envoyé.
Pendant ce temps, Ilhan put apercevoir des gravures sur le bas du disque, toutes petites : une lance, une dague, une flèche, un cœur, une feuille de vigne, une cloche et un... chat. Ces sculptures semblaient pressables.
Mais l’homme restait toujours à ses côtés. Il jeta à l’althaïen un petit coup d'œil inquiet.
–
Ok, mais n'hésite pas hein ? Je voudrais pas qu'il t'arrive du mal.Et enfin, il retourna à son affaire.
–
Merci, ton attention me touche, s’obligea à répondre Ilhan, le plus aimablement possible, retenant la tension et l'agacement qui l'habitaient.
Après tout, l’homme n’avait été ni désobligeant ni menaçant. Au contraire. Toutefois il avait bien plus urgent à faire.
Et dès que son compère fut parti, l’althaïen s’empressa d’appuyer sur les symboles. Son premier réflexe fut de tenter les symboles du coeur, de la cloche, de la flèche, et de la vigne, songeant à la chanson reconstituée. Les trois premiers coups enclenchèrent quelque chose, mais le dernier coup fit tout relâcher. Il tenta alors une autre suite, se fustigeant intérieurement. Coeur, cloche, flèche, lance furent son choix. Songeant d’un air taquin, en regardant le chat, qu’ils jouaient presque au chat et à la souris. Cette fois, il entendit un clong final… Puis rien. Puis le sol trembla sous lui. S'enfonça d’une vingtaine de centimètres, et finalement le "sol" sur lequel il se trouvait passa sous le vrai sol. Ilhan roula sur le côté juste à temps pour éviter une chute redoutable. Près de six mètres lui ouvraient les bras, observa-t-il quand il jeta un œil au fond de la cavité béante.
Il se trouvait au bord du "gouffre", littéralement. Et pouvait sans doute s'estimer heureux d’avoir réchappé à la mort.
Il lui fallait maintenant descendre. Aucune plante alentour pour s’en servir de lianes. Par contre, les rideaux aux fenêtres alpaguèrent son regard. Magnifiques et grands rideaux, dont il s’empara. Il les noua ensemble, vite aidé par les sbires qui l’accompagnaient, et en renforça les noeuds par altération (savait-on jamais, vu le résultat avec les caisses…). Enfin, il accrocha un bout à un support robuste et demanda à deux hommes, un pirate et un homme du marché noir, de tenir la corde improvisée. Il ordonna à deux autres pirates de rester faire le guet et de surveiller la cavité, pour empêcher quiconque d’autre d’y descendre. Puis il désigna deux hommes du marché noir pour le suivre.
Juste avant de descendre, il prévint rapidement Belethar de ses trouvailles, et du lieu où il se rendait. Judith l’attendait. Du moins l’espérait-il. Et c’est sur cette pensée, qu’il se lança dans la descente de cette cordée...
Sorts et objets utilisés :
Sort Retrouvailles :
Niveau Moyen : Retrouvailles
Geste clef : se passer le pouce gauche sur l’œil droit
Action : recherche dans les échos de la trame l’empreinte unique correspondant à une cible déjà rencontrée.
Effet : permet au lanceur de savoir où se trouve la cible (personne ou objet) au moment du sort. La puissance du lanceur détermine la puissance de la perception.
Moyen : permet de localiser la cible si elle est autour de soi, au milieu d'une foule, ou cachée sur une distance de 30 mètres
Bon : permet de localiser la cible par-delà les murs, au milieu d'une foule, ou cachée, sur une distance de 60 mètres
Très Bon : permet de localiser la cible peu importe les murs, la foule ou la dissimulation, dans le rayon d'un quartier de ville
Maître : permet de localiser la cible dans le rayon d'une ville
Grand Maître : permet de localiser la cible dans le rayon d'une région
Exceptionnel : permet de localiser la cible dans le rayon d'une île
Sphère enténébrée :
Sphère enténébrée
- Maîtrise des ombres – Élémentaire :
Permet de contrôler les ombres, de les animer et de les épaissir pour en draper l'utilisateur. Ne sert cependant pas à l'attaque, il s'agit d'un objet conçu dans un objectif de dissimulation.
Glyphe rare
- Obsurdius – Unique Draconique :
Crée un dôme de quelques mètres de diamètre, isolant l'intérieur, rendant impossible d'entendre, même pour des sens affinés, ce qui se dit à l'intérieur. Quand le glyphe est activé sur l'orbe, les ombres créées par l'orbe viennent se répandre le long des parois du dôme. La taille et la durée du dôme dépendent de la puissance magique du mage qui active la glyphe.
Glyphe Futur de la Pythie :
Le glyphe Futur de la Pythie : C’est le temps du possible et de l’impossible.
Ilhan a la capacité de percevoir, en faisant rouler la toupie trois fois entre ses doigts, sur la toile des infinis avenirs possibles, les différents chemins de l’avenir. Il ne sait pas lequel sera emprunté, car ils sont mouvants et changent en permanence, mais il peut en voir les possibilités, les opportunités qui s’offrent à lui et aux autres. Il s’agit de probabilités plus que de visions arrêtées : la Pythie affine l’intuition et permet à Ilhan de deviner, de détecter, parmi les diverses probabilités à venir, celle (ou celles) qui a (ont) le plus de chance de se réaliser. Il peut les visualiser mentalement (plus la vision est lointaine, et plus elle est floue). Il suffit d’un acte peu prévisible pour que cette intuition ne se réalise pas. Quand la pythie est ainsi utilisée, les yeux d’Ilhan prennent une lueur bleu floutée pendant quelques secondes.
Gylphe Rumeurs de chuchotis :
le glyphe Rumeurs de chuchotis – Unique Draconique :
Lorsque le porteur souffle les mots "Une rumeur m’a dit que", il est alors capable de suggérer une action à la cible à qui il chuchote ses mots et ce qui les suit. Cette action doit toutefois être une action que la cible aurait pu réaliser de sa propre volonté. Le porteur ne peut aller contre la réelle volonté de la cible, il ne fait que lui suggérer la volonté de cette action. La cible peut résister à l’attrait de suivre la suggestion (jet de Force mentale si plus de deux niveaux de différence avec le porteur).
(Flux : Mental / Coût en énergie : Faible / Utilisation : Active / Jet de sauvegarde : Force mentale)
Sort perception du contenu :
Perception du contenu
Geste clef : poser une main sur la surface contenant ce qu’il faut identifier
Action : étend l’esprit au travers de la trame afin de passer au-delà de la barrière physique du contenant (boîte, mur, autre).
Effet : informe le lanceur de ce qui se trouve au-delà de la surface visée, dans ses alentours immédiats (contenu d’une boîte, d’une pièce). La puissance du lanceur détermine la taille de la perception. Si une force magique protège l'objet ou la pièce, il faut un jet de dés.
Faible : permet de voir le contenu d'un objet/meuble (sans précision, on peut voir si cela contient des pièces, mais pas le dessin dessus)
Moyen : permet plus de précisions dans ses visions
Bon : permet de voir le contenu d'une pièce (silhouettes, meubles)
Très Bon : précise le contenu de cette pièce
Maître : permet de voir à travers deux pièces/étages avec précision
Grand Maître : permet de voir à travers trois pièces/étages avec précision
Exceptionnel : permet de voir à travers quatre pièces/étages avec précision
Directives :
Le Roi de la Confrérie, averti des dangers qui planent sur sa ville, prend de multiples décisions : préparer un accueil pour Lolupata aux arènes, s’occuper de la pierre du chaos avec Belethar, quant à Ilhan, il est mis en charge de mettre au clair l’énigme de sa ville natale. Un secret, si longuement gardé, qu’enfin, il touchait du bout de ses doigts. Enfin… Ce qu’Ilhan touchait du bout de ses doigts, c’était plutôt sa pythie. La situation était critique et témoignait d’une urgence pour laquelle une belle intuition serait plus que bienvenue.
L’une des adeptes de l’Ordre d’Eleatria, Judith Galapas, n’était pas une althaïene et pas même une humaine. C’était une elfe à la peau très pâle et aux cheveux platines. Si ses souvenirs étaient bons, elle prétendait être une descendante de la somptueuse Eleatria… Mais comment cela aurait-il pu être possible ? Eleatria aimait un althaïen, un humain : ils n’avaient pu procréer. Mais la vie des elfes étant bien plus longue que celle d’un humain, la figure du romantisme elfique avait pu avoir un enfant par le passé et par conséquent, une descendance à travers les siècles. Cela portait d’autant plus de crédit que celle qui affirmait, Judith, était Cawr et que le mensonge lui était prohibé. Il suffisait alors que Judith ait été intimement persuadée de descendre d’Eleatria pour affirmer une telle chose sans mentir… Ou tout du moins, sans vouloir mentir. A moins qu’il ne s’agisse tout simplement de la vérité ?
Reynagane contacte Ilhan pour l’avertir de sa situation… Qui s’aggrave. Elle a retrouvé Nyana et, ensemble, elles ont pu découvrir que Lolupata avait creusé un tunnel (probablement avec ses dents) pour aller libérer des graärh sans avoir à passer par la sortie principale, très sécurisée. Elle lui apprend également que Lolupata est en train de frapper et qu’il se dirige vers le siège des tempêtes. Elle te donne tous les détails que tu souhaites sur sa situation (cf RP de Rey, ou me MP si tu as besoin d’infos en plus). A priori, Nyana serait en train de combattre Lolupata, Bastien en train d’accompagner ton espionne vampiresse à l’hôpital car elle a perdu une jambe. Elle te parle également de Kaiikathal, dans les décombres, les quatre mots laissé par Rowena (que tu as payé pour qu’elle s’occupe de Nyana à Althaïa) et qui a disparu (probablement mangée) en recherchant son mari. Ces mots sont « pierre du chaos », « dans les vestiges », « sous l’hôpital » et « sauver Kaiikathal ». Sauver Kaiikathal, c’est ce qu’elle fait et Rey t’apprend que la dragonne avait une boucle d’oreille parfaitement identique et qu’elle lui a… Confié. Probablement le temps que le danger s’apaise… Si bien que le véritable indice maintenant n’était probablement plus de « sauver Kaiikathal », mais de « sauver Rey ».
Fabius bondit sur ton épaule et t’adresse un grand sourire… Chose qu’Olorea ne semble pas apprécier, sentant la tension de son maître. Elle sort la tête et feule, ce qui essaie assez le singe pour qu’il regagne la terre ferme à grands renforts de cris pas contents. Fort de toutes ces informations et plus encore, que fait Ilhan ?