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[INTRIGUE] Qui sème la discorde récolte le désordre

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Les profondeurs du Domaine d’Eleatria… Tout aussi sombres que n’importe quelles profondeurs. Heureusement sa fidèle fibule leur éclaira le chemin de son petit compagnon immatériel, un dauphin sautillant dans l'air sur lui-même tout du long.

Un chemin qui bien vite leur présenta deux branches, le couloir se séparant en deux extrémités. D’un sort "retrouvailles", Ilhan sut assez facilement lequel choisir, et, accompagné de sa petite escorte, plus si petite que ça, l’althaïen se retrouva face… à l’entrée d’un labyrinthe. Il retint un soupir, à la fois frustré et amusé de ces précautions tout althaïennes, et l’observa avec attention. Gauche ou droite ? Question existentielle vite balayée, quand la réponse lui vint : à gauche. Et le chemin se révéla à lui sans accroc : encore à gauche, puis une troisième fois, puis à droite, une fois à gauche, deux fois à droite, une fois à gauche, une à droite… Quelques embranchements plus loin, alors qu’il sentait le scepticisme monter parmi ceux qui le suivaient, commençant à prendre ses décisions instinctives pour de la pure folie, il déboucha triomphant sur un mur. D’apparence un simple cul-de-sac, de pierre et d’orichalque nimbé de magie.

Un nain, si toutefois il était possible de parler de nain pour un glacernois, mesurant un mètre cinquante, frissonna de dégoût à la vue de cette magie.

Je crois que je vais aller chercher votre acolyte baptistrel. Ne nous inquiétez pas, j’ai une très bonne mémoire.

Oui, en effet, il n’aurait nul mal à le retrouver, béni de la baleine qu’il était. Et béni du sanglier, un choix judicieux au vu de son sacré caractère. Ilhan acquiesça donc, lui signifiant l’avoir entendu et être d’accord.

Toutefois nul cul-de-sac, songea Ilhan en se retournant. Mais une porte. Il s’agissait d’une porte dont il fallait maintenant trouver la clé. Sur le mur trônait l’emplacement pour y poser une main. Une main qui ne soit pas sanglante, assurément. Pas aussi sanglante que celles des cadavres putrides qui trainaient au sol, et empoisonnaient l’air de leur odeur pestilentielle. Des plumes dépassaient de certains d’entre eux et un nom rugit en son esprit : chimère. Elles avaient dû vouloir forcer cet endroit, en vain, jadis, quand la belle Althaïa était entre leurs mains.

D’un sort de retrouvailles, Ilhan eut la confirmation que Judith se trouvait juste derrière ce mur… Mais comment l’ouvrir ? Personne, ici, ne semblait avoir les mains propres, songea-t-il en faisant le tour de son escorte du regard. Et pour cause, tant et tant de guerres, tant de combats… Qui pouvait se targuer d’être resté innocent ? Si ce n’est son presque-frère… Lui seul pourrait l’ouvrir, très certainement. Il leur fallait donc l’attendre.

Ilhan ?

Une voix vibrant dans l’obscurité le fit frissonner, à la fois de joie et d’appréhension. Oh non rien d’effrayant à cette présence, plutôt de la surprise. Naal. Naal du Néant ! Ici, avec lui ! Pour tout accueil, l’almaréen eut droit à une étreinte en guise de réponse, les bras du Sainnûr l’enserrant avec affection. Une affection qui lui fut rendue par une même étreinte. Et si Ilhan aurait aimé la prolonger, il dut se résoudre, à contrecœur, à s’écarter quelque peu.

Est-ce que tu vas bien ? s’enquit aussitôt l’althaïen, observant rapidement si des traces de blessures maculaient le corps de son almaréen et, n’en voyant aucune apparente, laissa une onde de soulagement l’envahir. Comment se fait-il que tu sois là ? Que se passe-t-il ?

Je vais bien. J'étais ici pour récupérer un objet que j'ai aidé à faire naître et que je ne voulais pas voir tomber entre les mains des pirates. Mais j'ai été... Contrarié dans mes plans. Lolupata est ici. Et toi ? Que fais-tu ici ?  Je sais que tu aimais Althaïa mais tout de même…

Ainsi la présence de l’objet de néant s’expliquait, ainsi que son origine. Un fin sourire s’esquissa sur les traits tirés de l’althaïen, avant qu’il ne réponde.

J'imagine qu'il s'agit de cet objet étrange qui sème le chaos. Je crois que notre ami Belethar a réussi à le maitriser. Pour ma part, je suis venu aussi pour récupérer un objet. L’objet-que-tu-sais, l'objet qu'un certain cendré nous a demandé de lui ramener… L'objet est ici. Mais comme toi, nos projets ont été... contrariés par Lolupata qui semble décider à semer la mort sur son passage. Nous avons peut-être un moyen de sauver la cité de ses méfaits.

Si tant est qu’il veuille la sauver. Mais il devinait que son presque-frère Belethar, lui, le voudrait. Ilhan désigna alors le mur devant lequel l’attroupement se tenait.

Une des personnes qui connait ce moyen semble être derrière ce mur. Une vieille légende... un vieux conte althaïen en un sens…

Naal commençait à suffisamment connaître la culture althaïenne pour voir de quoi il parlait. L’almaréen observa le mur et sembla ravaler sa salive :

Je vois. D'autres avant vous ont déjà essayé de rentrer et y ont laissé leur vie... Ou ont failli.

Il tira un peu sur sa tunique, au niveau du col, et montra une cicatrice qu'Ilhan connaissait bien, près de son épaule. L’althaïen se permit une fugace caresse sur ladite cicatrice, avant que le pan de tissu ne la lui cache de nouveau.

Véhasiel voulait tellement rentrer. Il a créé la pierre du chaos avec, des…

Ilhan sentit clairement l’hésitation. Et plus encore.

Des éclats de coquille de dragon corrompues. Mais ça n'était pas assez puissant pour annihiler la magie qui protège cet endroit.

Culpabilité et colère en un étrange mélange rongeaient Naal à l’évocation de ces coquilles de dragon, du moins de ce que lui en soufflait sa Pythie. Il lui offrit alors une légère étreinte, comme voulant lui assurer son soutien, même s’il n’avait pas encore tous les éléments.

Coquille de dragon ? osa-t-il finalement demander en un murmure, sa curiosité avivée. Corrompues ? Par les chimères ? rajouta-t-il.

Toujours enserrant Naal, ses mots presque susurrés au creux de l’oreille de l’almaréen. Quand il relâcha doucement l’almaréen, il le vit se pincer les lèvres avant de répondre :

Vehasiel avait les œufs de Nahui et de Kaiikathal. L'un des œufs était blanc et il m'a proposé de... L'ouvrir. J'ai brisé une partie de la coquille, mais... La dragonne a renforcé sa coquille ensuite pour que je n'y parvienne jamais. Véhasiel menait beaucoup d'expériences avec la magie du Néant. C'est une chance que les pirates aient tout nettoyé.

Ilhan entendit clairement par Tela la pensée non dite : "Pour une fois qu'ils faisaient quelque chose de bien." Il n’allait toutefois pas les remercier pour autant !

Il y avait des choses horribles et... blasphématoires. Il a pris ces éclats, et les a transformés en cette pierre du chaos. Elle était désactivée quand je suis arrivé, mais quand Lolupata m'est apparu, je crois que je l'ai réactivée accidentellement par ce qui émane de moi et par la panique, je crois. Je suis soulagé que Belethar l'ait arrêtée…

Une vague pensée s’envola vers Nahui. Il n’avait jamais su toute sa sinistre histoire, seulement quelques bribes, et les pièces du puzzle se rassemblaient. Mais en l’instant, sa pensée se focalisa sur Naal qu’il étreignit encore, tout en lui soufflant en un tendre et volage baiser :

Tu n'y es pour rien. Et tout est fini maintenant. Enfin... pour ces éléments-là.

Car bien d’autres restaient à régler. Naal acquiesça de la tête.

Toutefois, tu as dit "Véhasiel voulait tellement rentrer." Pourquoi voulait-il tant entrer ici ? Et faut-il s'attendre à voir ressurgir d'autres expériences de Vehasiel ?

Il disait que ce qu'il y avait ici parasitait sa magie et qu'il n'arrivait pas à aller à son plein potentiel. Comme si c'était une énergie contraire, tu vois ? Il voulait entrer pour désactiver ou détruire cette chose. Pour le reste des expériences, je n'ai rien retrouvé d'autre ici. Les pirates semblent avoir fait correctement le ménage…

Ilhan acquiesça à son tour. Oui, il pensait voir. Il sentait vibrer de la haute magie en ces lieux.

Ce fut cet instant que choisit le nain glacernois pour revenir, en compagnie de Belethar… et de l’homme dévêtu qui l’avait invité à certaines festivités un peu plus haut. L’homme adressa à Ilhan un timide coucou de la main, toujours aussi peu vêtu, une simple draperie entourant ses hanches. Certes, l’althaïen ne pouvait nier qu’il n’était pas dénué de charme… Même si le paon n’y était sans doute pas pour rien. Paon et escargot, étonnante combinaison pour cet homme. Un homme qui, toutefois, ne semblait pas nourrir de mauvaises intentions. Ilhan répondit donc à son petit geste et lui prêta sa cape pour qu'il ne reste pas si courtvétu dans les fraicheurs souterraines. Il le sentit, à son grand désarroi, très flatté par son cadeau. L’homme semblait penser que c'était un signe, un aveu discret d'Ilhan de son affection. Par tous les Dieux, voilà qui était embêtant. Toutefois le paon lui proposa son aide, si besoin était.

Sans tarder, après qu’ils se soient tous deux mis au courant de leurs avancées, Belethar posa sa main sur l’emplacement prévu. Il fut brusquement arrêté dans son geste par Naal, qu’il n’avait pas encore remarqué, mais le Baptistrel parvint à convaincre le dévot qu’il savait ce qu’il faisait. Et son presque-frère posa sa main immaculée. Des rouages se firent entendre, actionnés par magie, une puissante magie, puis… La porte s’ouvrit en deux, en une ouverture assez grande pour laisser passer deux personnes côte à côte.

De là où il était, Ilhan put voir une petite pièce, éclairée par une lumière bleutée, provenant du centre de la table entourée de quatre fauteuils confortables. Deux fauteuils lui faisaient face, occupés par deux althaïens qu’il reconnut sans peine : Colas Omalas et la superbe Lena Magdelera. Quatre fauteuils, certainement les quatre membres de l’Ordre dont ils avaient vu les initiales gravées sur la fontaine du port. Ils semblaient morts de prime abord, ou endormis, mais Ilhan entendit leur cœur, quatre coeurs battant, même si très très lentement. Tous vivants donc. Une stase ? Très certainement. De l’un des fauteuils qu’il voyait de dos, une main blanchâtre pendait nonchalamment. Judith, sans aucun doute, seule elfe des quatre, la seule à la peau blanche. Et leurs Esprits-Liés palpitaient encore eux aussi. Escargot pour Judith, certainement celle qui contrôlait la stase donc, Inséparables pour Colas et Lena, et une sorte de porte-bonheur en la coccinelle de Denizo.

Les quatre fauteuils entouraient une table de pierre merveilleusement sculptée, un ouvrage elfique magnifique. Aucun des symboles rappelant la chanson, toutefois. Ni de lance, nota rapidement Ilhan en observant toujours de loin.

Toutefois, cette magie palpitante, vibrante, puissante. Ses sens Sainnûr étaient en effervescence et en pure admiration. Oh oui, il en sentait toute la puissance, et son ornithorynque était catégorique, cela ne venait pas des Esprits-Liés. Naal avait parlé de magie contraire à celle de Vehasiel. Certainement cette magie Baptistrelle que Belethar avait sentie… Mais plus que ça encore. Une haute magie, oui il le sentait. Telle la magie des Sept Déesses contre la magie de Néant. Une haute magie emprisonnée dans de la magie baptistrelle… De la haute magie dans cette salle, ici, là, juste devant eux, en un magnifique irisé de puissance comme rarement il n’en avait vu. Pas tout à fait comme un nouveau puits du Baoli… Non… Plutôt… plutôt comme s’ils étaient en présence d'un très très très vieux dragon, songea-t-il tout à coup !

Et quand cette pensée l’effleura, Ilhan entendit de multiples tic tac dans la pièce et vit aux murs de nombreuses horloges, aucune n'affichant la même heure. Il crut un instant que ces horloges étaient liées aux quatre membres en stase, telles des horloges biologiques, mais non, il n'y avait pas un, ni deux, ni même seulement quatre tic tac, mais plusieurs dizaines. Des dizaines et des dizaines. Les murs en étaient vraiment couverts en grand nombre, allant du beau carillon au petit coucou… Chaque horloge possédait des aiguilles, toutes à des heures différentes et défilant au rythme des tic tac, certaines plus vite que d'autres, certaines plus lentement.

Intrigué, Ilhan lança alors de loin un sort d'identification sur les horloges. Chaque horloge était bien magique. Elles étaient toutes liées à une époque ou à un fil de temps, peut-être parallèle. Mieux valait donc ne pas y toucher, même si son esprit joueur aurait été tenté de faire glisser quelques aiguilles ici et là pour voir ce qui se passait, mais il préférait éviter de déclencher un cataclysme chronologique, aussi drôle et tentant que cela puisse être. Il sentit toutefois que le vrai pouvoir de ces horloges ne venait pas d'elles. Elles avaient l'air connectées à ce qui luisait au centre de la table. Ilhan y reporta alors son regard.

La lumière bleutée venait du centre de la table, d’une sphère incrustée dedans, d'environ une cinquantaine de centimètres. Une sphère qui pulsait de haute magie et de magie baptistrelle, mais trop puissante pour qu'Ilhan détermine quoi. En tout cas, une chose était sûre et certaine…

Il y avait un œuf de dragon à l'intérieur de cette sphère !

Ilhan songea rapidement à Naal qui allait frôler la crise cardiaque à cette vue. Mais bien vite ses pensées se ramenèrent sur l’oeuf. Ce dragon pourrait-il... avoir vu toutes les époques liées aux horloges ? Question qui resterait en suspens pour le moment, il avait plus urgent à faire.

Comme tenter de sortir les quatre membres de l’Ordre de leur stase. Et pour cela, entrer dans la salle. Mais Ilhan pouvait-il seulement entrer ? Lui qui avait les mains souillées ? Un sort d’identification sur la salle ne lui révéla rien de probant à ce sujet. Un instant, l’idée d’y envoyer un pirate pour tester le passage lui titilla l’esprit, mais un regard vers son presque-frère le dissuada de cette idée. Il demanda alors à Belethar si l’althaïen aux mains sanglantes qu’il était pouvait entrer, et celui-ci lui révéla que seule la porte était enchantée et qu’il pouvait donc franchir le seuil sans risque. Aussitôt, Ilhan attrapa alors la main de Belethar et fit un pas avec lui. Appréhendant un instant que la porte ne se referme derrière eux, les emprisonnant ou pire. Mais, non, la porte ne se referma pas et rien ne le foudroya.

Il eut l'impression toutefois d'entrer dans une bulle, comme si le monde autour d’eux n'existait plus vraiment. Il se retourna et fut rassuré de voir les autres de l’autre côté de la porte. Mais les sons leur parvenaient de loin, quand ceux-ci leur parlèrent. Comme s’ils étaient sous l'eau. Pas de décalage temporel en tout cas, ce qui le rassura également.

Il se tourna alors vers les quatre personnes en stase confortablement assises et "endormies" sur leurs fauteuils. Il était temps maintenant de les sortir de stase. Et pour cela, il allait devoir copier l’escargot de Judith. Même s’il n’était pas le seul capable d’user de cet Esprit-Lié, songea-t-il avec un regard vers l’homme dévêtu. Ilhan lui fit signe de les rejoindre pour l’assister, si jamais il ne parvenait à maitriser les pouvoirs de l’escargot correctement. Il activa alors son glyphe de souffle spirituel pour obtenir une meilleure maitrise des Esprits-Liés puis usa de son ornithorynque pour copier celui de l’elfe. Avant d’oeuvrer, il demanda également à Belethar de monitorer les quatre individus qui allaient sortir de leur stase pour s’assurer que tout se passe bien, et demanda au paon d’être prêt à remettre la personne en stase au moindre signe d’alerte du Baptistrel.

Sa première cible fut Judith, estimant, qu’en tant qu'elfe, elle serait plus résistante aux possibles effets secondaires de la stase et qu’ils seraient ainsi trois spirites de l’escargot si nécessaire. Son réveil se déroula heureusement sans accroc. Elle papillonna des yeux, lorsqu'elle les ouvrit et observa Ilhan en silence un long moment. Elle avait l'air déphasée, comme ils pouvaient s’y attendre, mais ne semblait pas souffrir d’un manque d’énergie vitale ni magique. Voyant toutefois que tout allait bien, Ilhan et son nouvel ami (et non amant !) réveillèrent les autres, le temps qu'elle reprenne un peu contenance. Autres qui parurent tout autant déboussolés.

Les chimères ? furent les premiers mots de l’elfe, ou plutôt sa première question.

Mortes, répondit tout d’abord Ilhan de ses accents althaïens graves et posés. Enfin du moins dans ce monde. Elles ne sont plus ici. Je m'appelle Ilhan Avente, vos acolytes me connaissent déjà, je suis althaïen comme vous vous en doutez. Voici Belethar Espérancieux, Baptistrel et Gardien du domaine, et... un ami.

Ilhan réalisa ne pas connaitre le nom de l'homme dévêtu et d'un regard le lui demanda.

Sebastian, fit l’homme avec un grand sourire charmeur.

Ilhan reprit sans attendre :

Vous avez été apparemment depuis longtemps en sommeil. Nous avons dû fuir les chimères loin de notre continent, et avons trouvé refuge dans un archipel, mais elles nous ont pourchassés et retrouvés, ont fait d'Althaïa leur cité de prédilection et une sorte de... d'île volante, qui a atterri au milieu de l'archipel où nous nous étions réfugiés. Nous avons combattu les chimères et avons réussi, grâce aux Baptistrels, à les renvoyer dans un au-delà. Ou un autre monde.

Après tout, elles semblaient continuer d’exister dans le monde astral.

Il serait long de vous résumer tous les événements que nous avons vécus et que vous avez manqués, et le temps nous est compté. Nous avons dû vous réveiller, car nous avons besoin de vous, de votre aide. Si vous le souhaitez, vous pouvez lire mon chant-nom, vous devriez apprendre tout ce que vous souhaitez, sur ce qui est arrivé depuis votre mise en stase, et... également sur mes intentions, si cela peut vous rassurer.

Judith acquiesça doucement de la tête à ses explications qui semblaient lui faire sens.

Nous n'avions plus le temps de partir d'Althaïa, quand les chimères ont attaqué, répondit-elle. Alors j'ai emmené mes trois amis ici, et nous nous sommes enfermés. Mais nous n'avions pas de vivres pour tenir un siège, alors je nous ai placés en stase, sans grand espoir de réveil. Je me suis réveillée tous les ans, pour m'enquérir de l'état de cette cité, pour savoir si nous pourrions sortir. Et j'ai perdu espoir, je l'avoue. Je suis heureuse que cela soit enfin terminé.

L'espoir est ténu et nous avons souvent cru le perdre aussi. Mais chaque fois, une petite étincelle semble se rallumer dans le noir pour nous guider et nous tentons de nous reconstruire.

Un léger silence flotta avant qu’il ne reprenne. Sans doute avait-elle eu le temps de lire en lui ce qu’elle souhaitait.

Vous avez dû entendre dans mon chant-nom ce qu'est malheureusement devenue notre belle Althaïa... mais vous avez dû voir aussi la raison de notre présence ici, et ce que nous essayons de faire. Si les chimères ont disparu, un autre ennemi nous menace. Tous, sans exception. Un autre ennemi contre lequel nous cherchons des alliés, des renforts, entre autres. Un ennemi qui est actuellement ici même, en train de dévaster cette cité et de ravir nombre de vies.

Lolupata. Les Couronnes de Cendres. En son coeur, il aurait pu dire les pirates, mais cet ennemi aujourd’hui n’en était pas un, mais un possible allié.

Si les légendes disent vrai, si les contes ne sont pas que des contes, comme c'est souvent le cas en Althaïa, il existerait ici un moyen de les sauver de cet ennemi, du moins en partie. Et ce moyen... je crois que vous le connaissez.

Se disant, il regarda les trois autres membres qui écoutaient en silence et qui avaient repris leur moyen. Elle acquiesça de nouveau :

Je peux en effet activer les défenses de la ville, mais il faut que tout le monde soit dans les souterrains pour cela, car cela les verrouillera. Cela protégera ceux qui s'y trouvent. Quant aux bâtiments en surface ils... rejoindront une autre temporalité ?

Ilhan entendit presque la question muette que le haussement de sourcil de l’elfe suggérait : était-ce clair ? Il avait envie de dire oui. Et non.

La ville va, de visu, disparaitre en surface, le temps que le danger... s'en aille ou que la menace disparaisse. Ensuite nous pourrons les faire réapparaître. Eux, ou bien ceux d'une autre temporalité : chacune de ces horloges au mur conserve une... mémoire de la ville, à un moment différent de son histoire. Vous comprenez ?

Cette fois, oui, il comprenait assez. Bénissant son lien avec Olöréa qui lui avait fait toucher du doigt ce genre de concept. Il acquiesça et déglutit, et se permit quelques questions, afin d’être sûr.

Que deviendront ceux qui seront à la surface ? Seront-ils renvoyés dans cette autre temporalité ? Une sorte de... mondes parallèles ?

D'un geste, il caressa Olöréa dans sa besace.

Et le danger, que deviendra-t-il ? Sera-t-il envoyé dans cette autre temporalité lui aussi ? Pouvant décimer l'autre temporalité pour protéger la nôtre ? Et risquerions-nous de faire réapparaitre les chimères à la place, si jamais la cité fait apparaitre une temporalité dans laquelle elles étaient présentes ?

Non, ceux à la surface ne disparaîtront pas, mais ils seront livrés à eux-mêmes. Quant à la menace... Si elle n'a plus rien à faire ici, elle partira. Mon ancêtre était Cawr, elle a créé une protection. Contre les vampires. Bien souvent, ils retournaient à l'ombre quand le soleil se levait. Nous ne risquons pas de faire revenir les chimères, seuls les bâtiments, dans tout leur art, sont captés par l'enchantement.

Cette fois, tout était clair et l’althaïen remercia l’elfe d’un geste de tête. Il leur fallait maintenant agir. Et déjà un plan d’action se dessinait. Laissant Belethar et l’elfe puiser dans son chant-nom pour comprendre ce qu’il entreprenait, il ne perdit pas plus de temps. Il souhaitait faire en sorte que soit rameuté le maximum de personnes dans les sous-sols, pour qu'ensuite Judith déclenche les protections. Et ce, sans que Lolupata n’en soit averti, ou le plus tard possible. Lolupata ne devait en aucun cas rejoindre les souterrains lui aussi.

Il contacta tout d'abord ses araignées présentes dans la cité, avec pour ordre de se rendre dans les souterrains et d'y amener toutes les personnes qu'elles trouveraient en chemin, et d'aller chercher leur consœur vampiresse à l'hôpital. Il donna les mêmes consignes aux acolytes du Marché Noir présents avec eux. Si les agents de son père étaient là pour le protéger, il se devait aussi de les protéger en retour, et il était hors de question de les sacrifier. Sebastian aussi fut mis à contribution. Qu’ils sauvent les leurs, et toute personne qu'ils rencontreraient, et qu’ils aillent tous se réfugier, eux y compris, dans les souterrains sans attendre.

Il contacta rapidement les capitaines des bateaux avec lesquels ils étaient venus et leur ordonna de s'écarter un peu au large, afin d’éviter que Lolupata ne s'attaque à eux.  

Il contacta ensuite la Graärh qu’il avait rencontrée au port. S’il fut tenté un court instant d’en profiter pour leur dire de rejoindre les bateaux de mercenaires, il se ravisa aussitôt. Ce serait un réel coup dans le dos au roi des forbans. Certes, cela avait été son premier réflexe, en bon fourbe qu’il était aussi, mais un tel coup bas mettrait à mal toute coopération et toute négociation ensuite, la parole d'Ilhan n'aurait plus eu de valeur pour Nathaniel qui ne pourrait plus s'y fier. Si en temps ordinaire, il n’en aurait eu que faire, les circonstances étaient tout autre. Et les pirates n’étaient pas leur ennemi. Pas réellement. Non, au vu de leur passif et de leur relation compliquée, s’ils voulaient collaborer un tant soit peu efficacement maintenant, et peut-être dans l’avenir, car il ne fallait écarter aucune opportunité, Ilhan devait retenir ses coups bas. Pour le moment. Tant que le roi des forbans retiendrait les siens. De toute façon, les Graärh auraient eu peu de chance d’avoir le temps de rejoindre les bateaux. Il appela donc l’Aaleeshaan et lui proposa qu’elle et les siens se réfugient dans les souterrains, où ils pourraient être protégés, à moins que certains souhaitent et acceptent de continuer à protéger Reynagane le temps qu'il les rejoigne dans l'arène. Le choix lui appartenait, à elle et aux siens. Il lui ordonna toutefois que, s’ils choisissaient de rejoindre les souterrains, ils le fassent en toute discrétion sans en alerter la Couronne.

Restait le problème Reynagane. La Graärh avait finement joué jusque-là. Et avait la boucle d’oreille tant désirée par tous. Toutefois… Toutefois, il allait falloir ruser, car Lolupata était focalisé sur elle. Ce fut donc son prochain contact.

Reynagane, c’est Ilhan. Écoutez-moi bien, jusqu’au bout s’il vous plait, et surtout ne révélez pas tout haut ce que je vais vous dire.

Il lui expliqua alors qu’ils avaient trouvé un moyen de protéger les souterrains, qu’ils allaient devoir s’y réfugier, elle d’autant plus, MAIS, car il y avait un mais de taille :

Mais vous ne pouvez pas vous y rendre tout de suite, sous peine que Lolupata vous suive. Or s’il atteint les souterrains, les protections ne pourront rien faire contre lui. Elles protègent quiconque y est. Il va falloir qu’on trouve un moyen pour que vous puissiez vous esquiver dans les souterrains sans qu’il s’en rende compte. Il va vous falloir tenir le maximum de temps possible, et nous attendre. Nous allons vous rejoindre pour vous aider. Une fois arrivé, je vais tenter de créer un double illusoire de vous. Dès que vous verrez que votre double a toute l’attention de la Couronne, et que votre double joue bien son rôle de diversion, fuyez aussi vite et discrètement que possible, en direction des souterrains. Nous tenterons d’occuper Lolupata le temps qu’il faudra. Pas de folie, pas de tentative suicidaire. Ce que vous portez est primordial. Vous tenez notre destin à tous entre les pattes. Vous devez parvenir aux souterrains et y être protégée, coûte que coûte, avec l’objet, sans que Lolupata ne vous rejoigne. Est-ce compris ?

Une fois sûr que tout était clair pour Reynagane et qu’elle était d’accord, autant que faire se pouvait du moins, il se tourna vers les acolytes restés. Il leur faudrait eux aussi rameuter le maximum de personnes vers les souterrains pour qu’ensuite Judith active les protections. Il demanda également à Naal ce qu’il préférait, venir avec lui ou rallier les gens aux souterrains, et l’almaréen choisit la deuxième option, lui révélant qu’il existait un passage par les vestiges de la muraille. Ce Naal, une perle, pensa-t-il avec un sourire triste et une dernière étreinte. Espérant… que ce ne soit justement pas la dernière.

Quand tous partirent à leur tâche, ne restaient plus que Belethar et Judith à qui il offrit un sourire empreint de gravité et d’appréhension, conscient du moment fatidique et de la possible folie qu’ils allaient commettre. Il leur serra la main à tous deux en même temps. Puis il demanda à Judith de n’activer les protections qu’à son signal qu'elle pourrait avoir par le biais de Belethar lié à lui par l'anneau, ou qu'en cas de situation désespérée quand le maximum aura rejoint les sous-sols protégés.

Il se tourna vers l’oeuf de dragon et quand il indiqua vouloir le mettre en sécurité et faire en sorte qu’il ne tombe pas aux mains des Couronnes, afin que les sinistres expériences des Chimères ne recommencent pas, Judith lui indiqua que l’oeuf devait rester dans la sphère au coeur de la table, table qui était reliée aux horloges, horloges qui contenaient des "chants-noms" d'Althaïa. Il devait donc rester en place, au moins le temps que les protections soient activées, car sinon les défenses ne fonctionneraient plus. Ilhan acquiesça sombrement. Il s’était douté de cette réponse. La haute magie alliée à la magie baptistrelle allait nourrir les protections grâce à l’oeuf. Il confia donc la protection de l’oeuf à Judith, en lui faisant promettre de le mettre ensuite en sécurité s'il n'y était pas déjà et de tout faire pour que les Couronnes ne mettent pas la main dessus.

Judith lui expliqua que la salle où ils étaient présentement était comprise dans les protections et qu’elle pouvait activer ces protections de là où elle était. Elle se tourna alors vers Belethar et lui demanda son aide en tant que Baptistrel et Gardien, peu sûre qu’elle était d’avoir la puissance magique nécessaire après sa stase. Belethar accepta. Ilhan étreignit son presque frère fugacement, le coeur noué à l'idée de devoir le quitter, lui qui avait songé se téléporter avec lui.

Mais le temps était compté. Quand il le lâcha, il prit sa pierre de voyage des anciens et posa un sceau des anciens dans la salle… ce qui devrait lui permettre ainsi d’y revenir en un instant grâce à sa pierre si besoin. Avant que les protections ne soient posées toutefois.

Et lui restait encore une dernière personne à prévenir de son plan. Le roi des forbans.

Nathaniel, fit-il d’une voix sombre. Ne me répondez surtout pas, Lolupata ne doit rien savoir. Ne dites rien tout haut qui ne puisse lui faire comprendre quoi que ce soit. Nous avons trouvé comment activer des protections efficaces.

Il avait envie de lui répondre "Cheh, tu disais quoi concernant les chansons althaïennes ?"

Ces protections ne joueront les boucliers que dans un seul endroit de la cité toutefois, et il ne faut en aucun cas que la menace ne rejoigne cet endroit protégé.

La menace étant ici Lolupata bien évidemment.

Ces protections seront activées et les personnes protégées aux uniques conditions... d'avoir la boucle d'oreille et les Graärh évadés. Concernant la boucle d’oreille, nous voulons la vraie bien entendu. Soyez assuré, bien sûr, que celui la désirant si ardemment sera mis au courant de la coopération des pirates dans cette affaire pour récupérer son bien.

Le pirate pourrait refuser, certes, mais était-ce dans son intérêt ? Tout comme Ilhan pouvait mettre son "chantage" à exécution, mais était-ce son intérêt aussi ? Tous deux savaient très bien ce qui allait réellement se passer. Ilhan n’attendit d’ailleurs aucune réponse.

Il enchaina aussitôt pour lui expliquer son plan.

Je vais vous rejoindre. Je partagerai votre destin, en preuve de ma bonne foi. Nous savons tous deux qu’il est primordial que la boucle d’oreille soit mise en sécurité dans le lieu protégé, plus que tout autre chose. Et cette boucle d’oreille est possédée actuellement par vous-savez-qui.

Il n’allait pas dire le nom de la Graärh, qui d’ailleurs en cet instant était encore sous apparence humaine. Nathaniel comprendrait très bien qu’il faisait référence à cette belle jeune femme qui avait échangé avec sa liée.

Je vais donc me téléporter près de vous, et dès que j’arriverai, je vais créer un double illusoire de la porteuse de l'objet, afin qu’elle puisse fuir en sécurité. Ce double illusoire attirera l'attention de Lolupata, et nous aurons pour but de retenir Lolupata le plus longtemps possible, qu’il morde ou non à l’hameçon de cette diversion.

Si Nathaniel avait peur que sa boucle d’oreille fuie loin de lui ? Ce serait une peur futile en soi. Le bijou appartenait à sa liée, une liée, du peu qu’il connaissait, fort attachée à ses biens… Nul doute que la dragonne ne laisserait jamais son trésor fuir ainsi. Nulle crainte de ce côté-là. C’était d’ailleurs une des raisons qui avait fait qu’Ilhan avait préféré ne pas user de la situation pour voler le bijou. Se mettre un dragon à dos était quelque peu suicidaire. En tout cas, pour quelqu’un comme lui qui n’avait aucune capacité de tueur de dragons.

Il n’attendit pas de réponse, et demanda aussitôt à Olöréa de le téléporter dans l’arène près de Nathaniel, et non loin de Reynagane, si elle le pouvait. Dès qu’il arriva, il jeta un bref regard à Nathaniel, espérant qu’il coopérerait dans leur intérêt à tous, chercha du regard Reynagane, puis lança sans attendre son sort pour créer un être fantasmagorique ayant toutes les apparences de la vie, pouvant agir quelque peu sur le monde physique et ressemblant autant que sa puissance le lui permettait à Reynagane dans son apparence actuelle. Croisant les doigts intérieurement que ce double de la Graärh attire l’attention de Lolupata suffisamment pour le berner, et que Reynagane puisse fuir.


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Sort et objets utilisés :

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Le temps

Qui aurait un jour crut qu’un esprit-lié mettrait en échec le plan du roi des forbans ? Ils étaient ses alliés, ses meilleurs outils et armes. Ce fait n’aurait sans doute jamais effleuré ne serait-ce qu’un instant l’esprit du Nywim sombre reconnu pour sa maitrise de ceux-ci. Sans doute était-ce l’arrogance ou sa trop grande confiance en lui qui causa sa perte, ou peut-être ne s’attendait-il pas à ce que le serval lui fasse à ce point vriller l’esprit. Le gredin avait bien rodé son plan, mit tout en œuvre pour son exécution, puis au moment de se lancer tout avait basculé. Une rage intense s’était emparée de lui, lui faisant perdre tout contrôle de lui-même. Tuer, massacrer, briser le graärh face à lui, voilà tout ce qui imprégna son esprit avant que la douleur ne le ramène à lui. Un râle s’échappa de l’immaculé à la chevelure d’écume en sentant son crâne se faire lacérer et son oreille être sectionnée. Puis ce fut son souffle qui se coupa lorsqu’un coup le projeta en arrière. Le gredin valdingua, retombant plus loin. Un craquement se fit entendre, un craquement bien trop familier à la désormais unique oreille du Nywim sombre. Une douleur tel un électrochoc parcourut sa jambe en partant du genou au moment où celui-ci heurta le sol. Le genou … pourquoi encore et toujours le genou ? Le souvenir d’Athgalan le hantait toujours ? Est-ce l’esprit de la ville qui lui voulait d’avoir été sacrifié ? Ou est-ce les âmes des innombrables graärh ayant péri là-bas qui le tourment en guise de vengeance ? Nathaniel prendrait soin de consulter plus tard, pour le moment il avait mieux à faire.

Ses sens bourdonnaient, le monde tournait autour de lui. Il avait du mal à se repérer. Il lui fallait faire un grand effort pour rester maitre de lui-même. Des grondements de douleur s’échappaient de lui alors que ses poings se serraient. L’un d’entre eux semblait toutefois se refermer avec fermeté sur quelque chose. Oui, il se souvenait. Son bâton. Heureusement, il ne l’avait pas lâché. Le serval ne l’avait au moins pas condamné. L’Eärendil sentit sa magie lui revenir. Son lien avec l’ornithorynque s’étiola. Chor-Srot n’était plus avec lui. Où était-elle ? Où était-elle ?! Nathaniel pu l’espace d’un instant remonter la piste magique qui le liait encore à elle et qui était en train de disparaitre. Tout pointait vers Lolupata, vers l’intérieur de lui. L’enflure, il l’avait volé. Comment osait-il ? Il était le roi des forbans et on ne vole pas le roi des forbans ! Le Nywim sombre rassembla sa conscience afin de tenter de se concentrer tandis qu’il entendait Kaiikathal hurler son inquiétude dans son esprit.

Soudainement, un nuage de poussière se souleva. Bien, voilà une bonne initiative. Dans la foulée, l’Eärendil sentit une masse contre lui, tentant de le relever. Qui était-ce ? Le gredin leva son regard en direction de la source de ce mouvement et remarqua l’humaine à qui Kaiikathal avait remis la boucle. Bien, au moins l’une des boucles était toujours à sa portée. Peut-être était-ce l’occasion pour lui de s’en emparer, si l’occasion se présentait. Il devait toutefois faire vite sans quoi le bâton du bourdon ne serait pas en mesure de le ramener avant qu’il ne subisse les coups de la couronne. Une vague vint le parcourir, lui redonnant espoir. De l’espoir ? Oui, il ne crachait pas dessus, c’est certain. Il en allait avoir besoin. L’espoir de pouvoir fracasser le crâne de ce félin ventripotent qui saccageait sa cité. Plusieurs sifflements se firent entendre et Lolupata tituba. Certains projectiles d’ivoires venaient de percer sa chair. Bon, au moins cette partie de ce plan avait fonctionné, même si Nathaniel aurait aimé être en état pour activer l’ivoire et causer plus de dégât. Il y avait sur l’heure plus important.

« LOLUPATA ! »

Le gredin plissa des yeux alors que le hurlement de la personne dont il lui semblait reconnaitre la voix résonna.

« C’EST-CE QUE TU VEUX ? »

L’humaine à la voix familière leva à la vue de tous la boucle d’oreille de sa dragonne. Que comptait-elle faire ?

« Donne-la moi et je m’en vais d’ici sans faire de massacre. »

Comment ça ? Hors de question. Il ne fallait pas lui donner. Un massacre ? Bien sûr qu’il y en aurait, le Nywim sombre le désirait : une couronne de cendre massacrée.

« Alors, viens la chercher. »

Oh ! Elle souhaitait l’attirer ? Bonne idée ! Reynagane lâcha le roi des forbans, rangea la boucle en sécurité dans l’une de ses poches et fit volteface, s’apprêtant à courir. Cependant ! Le plan de la féline déguisée pouvait encore être amélioré. Nathaniel avait quasiment repris contrôle de lui-même et il lui restait assez de concentration pour faire cela. Tout se figea autour du gredin. La pluie, les hommes, les graärh, la magie et bien entendu la couronne. Prestement, l’Eärendil vint glisser sa main dans la poche de l’humaine, celle-là même dans laquelle elle venait de ranger la boucle d’oreille. Habile voleur qu’il était et qui plus ait appuyé par le fiable esprit-lié du bourdon, le roi de la confrérie n’eut aucun mal à dérober l’objet et à le remplacer par la même occasion. Dans la main du prince des mensonges apparut une sphère métallique, une grenade anti-incendie. Voilà une double tromperie à laquelle Lolupata ne s’attendrait certainement pas. Nathaniel retira sa main, la serrant, prenant soin de bien dissimuler le bijou avant que le cours du temps ne reprenne son fil. Reynagane s’élança dans les gradins, la couronne de cendre aux trousses et l’Eärendil devenu insignifiant aux yeux de son ennemi bascula sur le côté, venant tomber en direction du sol. Mais avant de heurter celui-ci, le Nywim sombre prit le soin d’activer son bâton.

Le forban forbe se déplaça dans le temps et dans l’espace, réapparaissant au centre de l’arène, à peine un instant avant que les crocs du félin tigré ne se referment sur lui. Indemne, Nathaniel était indemne. Très vite, la douleur ne fut qu’un lointain souvenir. Portant son poing fermé au niveau de ses lèvres, le roi de la confrérie rassembla un peu d’eau de la pluie battante et enroba la boucle d’une couche d’ivoire de narval. Puis sans autre mesure, il fit passer celle-ci du creux de sa paume à l’intérieur de sa bouche et l’avala. La bulle d’eau s’assurerait qu’elle glisse le long de son œsophage sans complication. Un petit haut de cœur souleva le gredin, mais cela parti très vite. L’objet désiré de Lolupata était désormais en sécurité et nul hormis Nathaniel ne savait où elle se trouvait.

¤ Je vais bien Kaiikathal. Il en faut plus pour m’avoir. J’ai été en mesure de récupérer la boucle, l’ennemi ne semble pas s’en être aperçu puisqu’il est toujours à la poursuite de cette humaine. Faisons comme si elle était toujours en possession de celle-ci pour le moment. ¤

L’Eärendil s’essuya la bouche. Bien, il avait récupéré l’une de ses propriétés, il était à présent temps de récupérer l’autre. Tout autour de lui, l’arène faisait pâle figure. Dire qu’elle n’était qu’à quelque spectacle de rentabiliser le coût nécessaire pour sa construction. Le regard empli de colère, le Nywim sombre se tourna en direction des gradins et du vacarme qui y avait lieu. Saisissant son bâton de sa main gauche, il ouvrit en grand sa main droite, venant confectionner dans celle-ci un javelot meurtrier en ivoire de narval. C’est alors que la voix d’Ilhan retentit à ses oreilles en raison de l’anneau qu’il portait. Le roi des forbans se retint de soupirer. L’enfant adoptif d’Aldaron semblait avoir le même défaut que son père : celui de concevoir des plans sans en faire part à Nathaniel, ou du moins lui en faire part en temps et en heure. L’Eärendil se retint de mettre à jour les informations en possession de l’ancien Althaïen. Pour tromper au mieux son ennemi, il devait aussi tromper ses alliés, fussent-ils de circonstance.

« La confrérie récompense ceux qui fournissent des résultats. Le siège des tempêtes est tombé, l’arène également. Ma cité a déjà subi des dégâts, vos protections dont vous m’avez fait la promesse arrivent un peu tard pour que vous soyez en mesure de réclamer autre chose que la boucle. Je n’ai aucunement l’intention de laisser Lolupata partir d’ici avec ou sans la boucle. Vous voulez partager mon destin ? Alors vous allez le tuer avec moi. Cela laissera tout le loisir à votre petite fouineuse de se mettre à l’abri avec le bijou. Et je vous offrirais ces quelques graärh auxquels vous tenez. »

Le javelot finit de se matérialiser dans la main du forban. Parfaitement équilibré et la lame munie de crochets pour en accentuer les dégâts et rentre plus difficile son extraction. Le Nywim sombre fit quelques pas rapidement en avant pour s’arrêter brutalement et balancer son bras armé en direction de son ennemi en train de gravir les gradins. Le javelot fila d’entre les mains du roi de la confrérie, en direction de ce qu’il espérait être Lolupata, venant se couvrir d’une énergie meurtrière. Au même instant, Ilhan fit son apparition non loin de Nathaniel, lançant son sort en direction de Reynagane pour créer un double.

***

Dans le même temps, dans une alcôve secrète que seules les mains innocentes peuvent ouvrir, un singe et son complice reptilien, qui avaient été conduits ici en suivant l’homme que leur maitre leur avait ordonné de garder à l’œil, observaient l’étrange salle à l’intérieur de laquelle ils se trouvaient. Celui qu’ils devaient garder à l’œil venait de se volatiliser et ils leur étaient bien impossible de localiser où celui-ci avait bien pu se rendre. Pour autant, un visage familier demeurait, celui de l’homme qui accompagnait l’être à surveiller. Fabius se dirigea jusqu’à Belethar, grimpant le long de ses vêtements jusqu’à ce poster sur l’une de ses épaules. Et tandis que le macaque vérifiait dans la toison de l’humain que celui-ci n’avait pas de poux, le petit museau de Nhäghini dépassait à peine de la poche de la chemise du singe, son regard se portant sur l’étrange objet au centre d’une table.
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Objet :



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Il eu les deux impacts. Je pouvais les voir, transpercer la peau épaisse de l'Animal, ressortir et tomber plus loin parmi les débris du combat. Mon regard suivis la voix de l'humaine qui résonna dans ce qui restait de l'arène. Je continuais de dévaler les marches quand la chaleur des flammes me stoppa. Je sentais les cendres du bois se déposer sur mes épaules. Le feu m'arrêta, je ne fis pas un pas de plus. Des flashs d'une flotte en feu me revenait. Ce n'était pas mon premier combat. Ce n'était pas le premier où je restais figé, la graarh puisait dans la Salamandre pour attaquer le glouton. C'était impressionnant, une chorégraphie de dance se déroulait, où le moindre faux pas étaient mortel. C'était beau, la sueur qui souillait le visage des hommes, les respirations saccadés par l'épuisement, les postures prisent en souvenir des entrainements.
Un pique blanc traversa l'image, lancé par l'elfe qui avait été rejoins par un homme. Puis tout se détailla, les images se maintenaient plus longtemps devant mes yeux. Je pus voir Le monstre prendre sa respiration, encore une fois. Sa poitrine se gonfler. Le bouclier qui pendait le long de mon bras se posa le long de ma poitrine. Je gardais mon calme quand le souffle renvoya le javelot et le feu vers le sud. Je suivis le javelot des yeux, il passa si près de la tête du maître. C'était le dernier moment où le monde avait encore pied. Tout se souleva, d'abords la poussière et de plus en plus lourd chaque débris, puis les hommes. Je me retournais pour prendre le souffle dans le dos. Le bouclier en avant de ma chute qui allait être longue. Je pus apercevoir les regards des pirates qui sortaient de leurs maisons en courant dont les vitres se brisaient. Certains se prient de pleins fouet les planches de bois de l'arène. Il eu un corps qui fut soulevé, un instant à peine avant qu'il s'écrase contre la brique d'une maison. Il n'avait désormais plus de corps. Les bâtiments morceaux par morceaux s'envolaient au loin et venaient s'écrouler sur d'autres habitations, sur d'autre vie. Un vrais carnage, et moi je volais en regardant se désastres mouvements par mouvement, ses personnes n'avaient rien fait pour subir ça. J'appelais des esprits de garder en vie leur lié. De laisser une chance à chacun de vivre. Je passa au dessus de la maison soufflée, j'avais l'espoir de rester en vie. J'étais si prit par tout les dégâts du quartier  que je fut surpris par le choc du sol sur le bouclier, puis sur moi. Ma respiration fut coupé, mais pas ma conscience. Je gardais les yeux grand ouvert vers anciennement l'arène, voyant Lolupata s'approcher la rage figé sur son visage bouffis je retrouvais mes moyens. Il s'en prônait à l'homme qui avait rejoins L'elfe avant que tout s'envole. Je tournais mon visage à ma gauche, il y avait tout près, à un bras de distance le corps de l'elfe. Je lâchais le bouclier et me mis à quatre patte. Je sentais que mon corps était douloureux mais ma glyphe me permettait de ne pas être plus inquiété, surtout que l'étoile de mer me protégeait autant que j'aimais l'honorer. Approché du corps, ma main vins sur le cou du roi. Deux doigts pressa légèrement l'artère. C'était des gestes que je connaissais bien, ils étaient si naturel. L'elfe était en vie. Je sentais sous mon coussinet les pulsations de son sang. J'entendis que Le monstre en avait finit avec l'humain, il le laissa tomber et il sortit de son sac un instrument de musique, un cor de chasse. Une lueur bleuté, glacé émanait de l'objet, de la magie ? A quatre patte pour se prendre la douleur des cris des passants, des habitants qui maudissaient et imploraient. Quelle monstre, quelle bête pouvait autant s'en fiche des autres, comment faire souffrir tout une ville dans un seul et même cris de détresse ? Serré, mon cœur se serra d'avantage lorsqu'une fois encore je vis la poitrine se vider, doucement de la Bête. Les babines se poser sur le bec du cor. C'est alors qu'il souffla. Le souffle se transformait en vent, des vents déchainés. C'était là un euphémisme. On pouvait sentir la force nous arracher notre respiration. Dans cette élévation des vents sonnaient la fin du monde. La chaleur des vents montèrent rapidement au ciel, le froid des nuages retombèrent de plus belle sur Althaïa. Un cycle se créa, à peine montés qu'ils descendaient avec force. Le vent tournoyait, sur lui même. Il arrachait les toits des maisons. Emportant avec lui l'espoir.
Un cyclone jamais vus. Ni dans mes souvenirs, ni dans ceux de mes ancêtres on avait connus pareil douleur. Car tout n'est plus que carnage et malheur, lorsque notre maison s'envole avec notre enfant, lorsque les poutres s'enfoncent dans le sol recouvrant ceux qui ne couraient pas assez vite, lorsque décrire ne sert plus à rien  tant la violence arrache les mots, oui alors tout n'est que désolation.

Il fallait que ça s'arrête, pour toutes ses personnes qui vivaient juste là. Pour celles qui étaient, mortes, mourantes, blesser, fuyant, et celle qui le serrait. Les larmes coulaient sur mon visage. Il n'y avait plus de dance. Il fallait bouché le cor, le remplir pour qu'il ne joue plus sa mélodie déchirante. Ma main sentis le bouclier sous elle. Je pris le coté de celui-ci, je me redressais et je sentais mes genoux grincer. Debout derrière le cyclone. Le vent n'était pas aussi fort au début. Car le vent prend sa force en s'éloignant de sa source. Je réussis à faire les quelques pas qui me s'éparait du Tigré. Je voulais planter mon bouclier si solide dans son cor pour l'empêcher de jouer. Mais je n'avais pas assez de force, c'était évident, je ne servais à rien.
La chance me souri dans cette vaste blague, Il reprenait son souffle. Il avait vidé ses poumons. Il éloigna un peu le bec de sa gueule, il tenait fermement le cor. Une petites prises d'air, puis une autre, et enfin la grande. Celle qui avale tout, celle qui soulève avec force. Maintenant Je savais quoi faire, si je n'avais pas la force d'enfoncer et de bloqué le bouclier dans le cor alors il fallait utiliser son souffle contre lui. J'attendis, le bon moment, la libellule et mes heures d'observation du monde me permettaient de mieux voir ce moment précis. Je jetais avec force le bouclier comme un freebis. Il vola par dessus lolupata. Je voulais que l'inhalation du monstre aspire le bouclier, puis qu'il revienne avec force dans le cor pour le boucher. Il fallait que ça fonctionne, mais je ne pris pas le temps d'observer car déjà je tournais mes talons, je laissais la nature décider du sort du peuple et du notre. Je courus vers L'elfe, il fallait le prendre et s'enfuir, vite aussi vite qu'on le pouvait.
Je criais dans ma langue maternel.

-"Fuyons ! Fuyons ! fuyons !"
Spoiler :


Dernière édition par Panaa Sansunnom le Sam 11 Déc 2021 - 14:35, édité 1 fois

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Si l’on avait dit à Belethar qu’il aurait pu un jour se retrouver dans une salle dans les souterrains d’Althaïa, de manière complètement hors du temps, en compagnie de son meilleur ami, d’une baptistrelle qui venait de se réveiller d’une stase de plusieurs mois, voir années, et surtout … D’un œuf de dragon, un objet digne des divins, des mythes et légendes de sa famille que l’on lui racontait quand il était petit … Le Pater Familias n’y aurait certainement pas cru, et aurait peut-être même ri quant à cette possibilité.

Force était de constater que la vie était pleine de surprises.

Alors quand ils étaient entrés dans cette salle pleine de haute magie et de magie baptistrale, Belethar s’était tu sagement dans un premier temps, et avait sorti d’une petite poche de sa tunique un chapelet à l’effigie des Huit, qu’il fit ricocher sur ses mains dans une sorte de demi-rythme avec les bruits mécaniques des horloges. Le tout créait une petite musicalité à la situation, qui rendait le bruit un peu plus audible pour le joueur de percussions qu’était Belethar.

Ainsi donc Judith se libéra de sa stase, et pu échanger avec Ilhan sur les modalités de défense de la ville, un échange que Belethar suivit avec attention, et participa quand on lui demanda son avis.

Pour être tout à fait honnête, si l’Espérancieux savait que la magie baptistrale était capable de bien des choses si l’on en avait l’expérience et la créativité, tout ce que Judith expliqua semblait comme un vrai système complexe, où si les engrenages n’étaient pas tournés dans le bon sens, alors tout risquait de capoter d’un moment à l’autre. Mais Belethar serait bienheureux de pouvoir apporter son aide s’il le pouvait.

Il choisit d’ailleurs de rester auprès de Judith, pendant que Ilhan et les autres partirent pour rameuter les foules à l’intérieur du souterrain, afin de pouvoir aider au moment de déclencher les défenses, et pouvoir faire le relai de la communication avec son presque-frère.

Une fois qu’ils étaient tous partis à leur mission, un semblant de calme revint dans la pièce, et il fut là l’occasion pour Belethar d’en apprendre un peu plus sur Judith, et surtout d’aider à la préparation du sortilège. Judith tenta tant bien que mal de se lever, celle-ci ayant vraiment du mal à marcher après tant de temps passer en stase … Mais finit par retomber sur son fauteuil, trop fatiguée et n’ayant plus suffisamment de force dans les jambes.

Elle pointa finalement péniblement une horloge à l’attention de Belethar avant de lui dire :

« Pouvez-vous m’apporter celle-ci, cette avec les feuilles de chêne peintes en rouge ? C’est la mémoire d’Althaïa avant le retour des dragons, en 1750. Je pense… Je pense que ce sera une date parfaite, un souvenir de ce qui fut avant que nous traversions toutes ces guerres et tous ces abominables tourments. » L’émotion était palpable dans sa diction : sans doute que la Cawr qu’elle était devait avoir connu nombre de traumatismes insolubles en ayant vu tant de combats et de sang versés en si peu de temps.

Belethar acquiesça, et s’enquit d’aller chercher l’horloge. Il constata par ailleurs que les acolytes de Judith commençaient eux aussi à se réveiller, tout aussi déboussolée qu’elle il y a quelques instants. L’Espérancieux tint le même discours qu’Ilhan avait eu auparavant à ceux-ci, et les laissèrent à leur réveil : il était important de ne pas trop importuner un dormeur qui venait de se réveiller de manière plus ou moins forcée. Belethar l’avait notamment appris en côtoyant son maître Kehlvehan, et ses (trop) nombreuses gueules de bois.

Sur ces entrefaites, il apporta donc l’horloge à Judith, qui demanda ce qu’il pensait de ce choix. Belethar fit un petit acquiescement de la tête pour toute réponse : cela lui convenait très bien, et semblait une date idéale pour tout remettre en ordre. Elle fit ensuite au Gardien de l’Ordre :

« Je crois qu’elles pourront revenir au domaine, lorsque tout ceci sera terminé. Elles sont de précieuses archives, intactes et sincères de l’ère des Hommes sur Ambarhùna. » Ce à quoi Belethar acquiesça poliment : si là était son souhait, alors ils récupèreraient ces horloges.

Belethar posa par la suite une autre question à sa collègue :

« Est-ce que lancer ce sortilège de défense risque d'être dangereux pour vous ? Si non ... Une fois que la crise sera passée, souhaiterez-vous revenir parmi les vôtres au Domaine ? »

L’elfe fit un petit sourire au Gardien, avant de lui donner sa réponse :

« C'est aussi dangereux que peut l'être la magie baptistrale en tout temps, mais s'il est est utilisé avec justesse, non je ne devrais pas trépaser, si c'est ce que vous craignez. Connaissez-vous le chant d'Origine ? Je serai ravie de découvrir le nouveau Domaine, une fois ceci terminé. »

Belethar eut un petit sourire entendu concernant la dernière partie de cette phrase : il était content de voir une consœur rentrée « chez elle », auprès de sa communauté, après tout ce temps. Il répondit à ses interrogations par la suite :

« Je connais tout à fait le chant d'Origine ! Souhaiteriez-vous ... de l'aide dans votre chant au moment venu ? Ou du moins, que j'entonne votre sortilège avec vous. » Là encore, il y eut un nouveau sourire ainsi qu’un acquiescement de tête, puis l’elfe répondit : « Oui ce serait parfait. Cette pièce, cette table réagit à ce chant et les sécurités de la ville ainsi que la création des bâtiments de jadis opéreront »

Belethar eut un sourire entendu et un autre hochement de tête … Et justement, parlant de sécurité de la ville, il se tourna vers le centre de la table, ou résidait cet œuf de dragon … Un œuf qui dégageait une énergie particulière, dont les ondes … Rappelaient des choses à l’Espérancieux, pour autant Belethar n’arrivait pas à identifier précisément pourquoi il sentait de telles choses. Cependant, comme pour taire ses interrogations, une voix grave et profonde vint résonner dans sa tête à cet instant précis :

« Enchanté, descendant de Valahar. »

Belethar sursauta, toujours pas très habitué à ce genre de contacts télépathiques, et surtout surpris que l’on nomme son ancêtre qui existait il y a très très longtemps, plutôt que sa propre personne. Il mis un instant à chercher d’où cela pouvait bien venir, mais finit par se rendre compte que c’était bien l’œuf … Ou tout du moins le dragon à l’intérieur de celui-ci qui lui parlait. Belethar cligna des yeux, puis porta finalement son attention sur son interlocuteur du jour qui se présenta :

« Je suis Izeli, fils de Drunzii. C’est un honneur de rencontrer l’actuel porteur du Serment. »

L’Espérancieux, haussa soudainement les sourcils, écarquillant les yeux, manquant presque de défaillir sous le choc de cette information. Un œuf qui se prétendait le fils de Drunzii… Se pouvait-il que … Non … Pas après tout ce temps tout de même ?

Pour taire ces doutes, Belethar alla explorer le chant-nom du dragon … Mais si c’était bien cela. Le légendaire œuf de dragon que son très lointain ancêtre Valahar avait voulu sauvé, suite au serment qu’il avait fait avec les dragons libres … C’était lui. Depuis tout ce temps, il avait été posé là, en Althaïa à l’abri des regards et sans que personne ne le sache.

Mais que dire alors ? Sous le choc d’une telle information, Belethar peina pour une fois à trouver la parole, ne sachant que dire face au poids d’une telle information, qui venait de résoudre un mystère familial millénaire. Nul mensonge n’était là pour altérer ses dires, tout autant que son être. C’était là la pure vérité. Et c’est peut-être celle-ci qui choqua le plus le baptistrel.

L’Espérancieux, n’en croyant pas ses yeux, fit rapidement à Judith :

« Est-il arrivé que le dragon dans cet oeuf vous adresse la parole ? » Judith jaugea un instant son interlocuteur avant de lui répondre : « Quelques rares fois oui. Il vous parle ? ». Belethar hocha la tête avant de lui expliquer : « Il me parle effectivement. Nous nous connaissons, ou plutôt, il a connu un très lointain ancêtre de ma famille. – Il montra d’un geste la bague familiale – Valahar Espérancieux, celui qui a fondé ma famille, était semble-t-il un ami d'une de vos ancêtres, Eleatria. C'est lui qui lui a confié l'œuf. »

Judith pris alors un air tout aussi stupéfait que lui, comme si le même sentiment les partageaient de ne pas avoir cru en de fausses légendes pendant tout ce temps. Elle fit ensuite : « Dans ce cas, il vous attendait. »

Prenant acte de cette information, Belethar hocha la tête et discuta à nouveau avec le fils du légendaire dragon « lié » à sa famille pour toujours :

« Est-ce donc Valahar qui vous a caché ici après cette fameuse histoire de vol d'œuf ? Ou alors, est-ce un de mes autres ancêtres qui vous a trouvé sur l'ancien continent avant de venir vous cacher ici ? »

L’œuf pris un instant pour lui répondre, avant de lui raconter toute l’histoire :

« Valahar m'a retrouvé, caché et quand le dragon-esprit a demandé à ce que soit mis en sûreté les œufs restants, pour l'avenir, je lui ai dit que je ne faisais pas confiance au dragon-esprit. Je ne voulais pas faire partie de son plan... Et j'ai eu raison. Il m'a mis à l'abri du Lien. Il s'est tourné vers le domaine baptistral et a rencontré Eleatria, qui a accepté de me cacher en construisant cet endroit, mêlant sa magie à la mienne pour que jamais on ne me trouve. Les Althaiens ont toujours cru en la légende selon laquelle des défenses viendraient protéger les leurs, en cas d'attaque. Mais c'est là une erreur née de leur égocentrisme. Ce n'est pas eux que cela protège ou tout du moins, ce n'est pas eux que cela est sensé protéger, même si indirectement, ils bénéficient de cela. Le secret a été précieusement gardé : Eleatria l'a transmis à sa fille, puis à sa fille jusqu'à Judith. Tous Cawr, tous destiné à être cawr pour protéger cet endroit. Lorsqu'un petit groupe de vampires a eu vent de mon existence, Eleatria a demandé à sa fille de venir activer mes défenses, ici-même. Et elle, elle s'est battue contre la menace, rompant son serment pour tuer ceux qui en savaient trop. Et son nom est entré dans la légende. Et le mien dans l'oubli où il devait reposer. Eleatria aimait Althaïa, elle a fait en sorte que des fragments de chant-nom soient capturés dans ces horloges. C'était son rêve, pas le mien. D'ailleurs vous n'aurez pas besoin de moi pour restaurer la ville, comme Judith vous en a parlé. Vous n'aurez besoin que de ces horloges, du chant-origine et tout ce que sa magie a gravé dans cette pièce. Je ne suis là que pour activer mes protections... Mais pour quoi le ferais-je ? Les vies à la surface sont insignifiantes et je ne suis pas en danger, puisque vous êtes là et que vous portez le serment de Valahar... Ou bien êtes-vous un imposteur ? »

Belethar acquiesça, pesant le poids de toutes ces informations. C’était une histoire incroyable, qu’il raconterait à toute sa famille une fois qu’il serait rentré à Caladon : une légende venait de « prendre fin » aujourd’hui, et l’Espérancieux était tout heureux de pouvoir être contemporain à cette résolution et de pouvoir écrire son chapitre à cette grande histoire. Il répondit à Izeli :

« Je ne suis pas un imposteur. Je suis bien Belethar Espérancieux, descendant de Valahar Espérancieux, et Gardien de l'Ordre Baptistral ... Et je dois avouer que je réalise à peine tout ce qui se passe ici. Vous ne le savez peut-être pas, mais la disparition de Valahar a toujours été un grand mystère dans notre famille, tout autant que ce qu'il était advenu de cet œuf ... De vous, en fait. Mais nous aurons le temps de reparler de tout cela plus tard, vénérable fils de Drunzii ... Si vous êtes disposés à écouter ces histoires, bien sûr. Judith m'a dit que vous m'attendiez. En quoi puis-je vous servir, y'a t-il que je puisse faire pour honorer le serment d'assistance à ceux de votre espèce ? »

Le dragon envoya de la satisfaction à Belethar, à l'entendre se montrer volontaire : « Je suis Lié. Ou du moins, je devrais l'être. Un elfe de jadis m'était instinctivement destiné et pour pouvoir éclore, il devait me rencontrer... Mais je le refusais. Eleatria m'a bien caché de lui, et ses descendants après elle. Je me disais qu'une fois qu'il mourrait, je serait libéré et je pourrais éclore en paix et libre... Mais il a vécu des siècles ce bougre d'Ataliel ! ». Belethar sentit alors que le dragon était déçu, d’aucun dirait bougon et ronchon. Il reprit ensuite : « J'ai patienté, les enfants d'Eleatria me tenaient compagnie, parfois, lorsque j'étais éveillé, et alors qu'il a rendu son dernier souffle... Je n'ai toujours pas pu éclore. Un autre être, un vampire du nom de Saeros, m'était à présent destiné. Mais je ne le voulais pas ! Je suis resté caché et lorsqu'il est enfin mort, ce malotru de buveur de sang de dragon, voilà qu'un autre se manifestait encore ! C'était sans fin. Ce sera sang fin. Je veux naître libre, Belethar Espérancieux. C'est pour cela que j'attendais le retour du porteur du Serment.... Et vous êtes là. Trouvez une solution. »

Belethar sourit en entendant l’histoire peu commune du dragon, et tout ce qu’il avait traversé depuis tout ce temps : bien qu’il n’était jamais sorti de son œuf, il avait un sacré vécu ! Il  écarquilla cependant les yeux en entendant la dernière phrase. « Trouvez une solution ? », là comme ça, tout de suite ? Mais … Si ses pouvoirs de baptistrel pouvaient certainement permettre d’altérer un Lien, ce devait sans doute être une opération extrêmement périlleuse et dangereuse, sachant les dangerosités pour la vie et l’ordre des choses de tout ceci … Il sembla se murer dans sa réflexion, avant que le dragon ne ponctue :

« Oh rassurez-vous, je n'ai pas de solution immédiate donc vous n'en avez pas non plus. Mais vous aurez du travail. »

Belethar eut un petit soupir de soulagement, n’osant pas répondre au dragon qu’il n’avait pas de solutions toute faite dans l’immédiat, surtout qu’à la base, il n’était pas vraiment parti pour trouver de telles choses, surtout vu l’ambiance qui régnait à l’extérieur de la ville. L’Ami répondit finalement :

« Je ne pourrais évidemment pas vous répondre tout de suite ... Mais j'ai quelques idées qui me viennent quant aux solutions que l'on pourrait trouver. Je m'engage en tout cas à trouver une issue à votre problème aussi vite que possible. »

C’était bien là ce qu’il devait au dragon quasi-millénaire en face de lui. Revenant à ses moutons cependant, au vue de la situation dramatique, il échangea brièvement avec Izeli au sujet des défenses de la ville :

« J'ai un service à vous demander, Izeli. Bien que votre aide ne soit pas utile pour transporter les immeubles d'Althaïa dans une autre temporalité, je souhaiterais malgré tout que vous activiez les défenses de la ville, une fois que nous aurons des nouvelles de mon ami Ilhan, qui était entré ici quelques secondes auparavant. Le chaos règne à la surface, et un grand massacre a lieu. Quoi que l'on dise des pirates, ils restent des êtres vivants et je suis un baptistrel. J'ai conscience qu'ils ne sont que peu appréciables, mais le véritable danger qui rôde là haut, est cette Couronne de Cendre qui met à sac cette ville, un danger qui pourrait tous nous guetter à l'avenir si nous ne l'arrêtons pas maintenant. Seule une puissance venant d'un esprit supérieur comme le vôtre pourrait l'arrêter en ces lieux. »

Là, Belethar senti Izeli confus, et d’un coup, son esprit draconique vint un peu prendre le pas sur celui du baptistrel, celui-ci cherchant les informations pour comprendre ce dont le Gardien parlait. Puis sa réaction fut sans appel :

« Vous ne pouviez pas me dire cela plus tôt ?! C'est quand vous voulez ! »

L’Espérancieux eut un autre sourire, et s’excusa poliment mentalement : ce n’était pas tous les jours que l’on retrouvait un dragon ancestral, qui avait marqué les mythes de sa famille sur toutes les générations jusqu’à lui.

Quoi qu’il en soit, tous à l’intérieur restaient maintenant suspendus aux informations de la surface …

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Le corps en sueur, la mort au trousse, voilà ou la folie l'a mènerait. Une vague de chaleur étouffante lui brûla les poumons tandis que ses pieds quittèrent les gradins qui se brisaient sous elle. Reynagane n'eut alors pas la chance de voir la suite des événements. Des flammes grandissaient tout autour de l'arène. Ou du moins de ce qu'il en restait. L'esprit dans le brouillard, des acouphènes dans les deux oreilles et de la poussière dans les narines, l'espionne se releva difficilement des décombres. Sur le côté, il y avait encore bon nombre de mouvements du combat. Reprenant difficilement ses esprits, la jeune femme appuya une main sur son front qui saignait un peu trop à son goût avant d'entendre la communication qu'Ilhan essayait en vain de créer depuis tout à l'heure.

" Écoutez-moi bien [...] Pas de folie, pas de tentative suicidaire. Ce que vous portez est primordial. Vous tenez notre destin à tous entre les pattes. Vous devez parvenir aux souterrains et y être protégée, coûte que coûte, avec l’objet, sans que Lolupata ne vous rejoigne. Est-ce compris ?"

Reynagane toussa en imprimant chaque explication tout en reprenant son souffle. Pour tout dire, entendre le Seigneur Avente dire qu'elle tenez le destin de tous ne l'a rassurait pas le moins du monde, pas après sa chute dans les gradins, pas après son échec cuisant.
Lorsque Reynagane aperçut Ilhan apparaître plus loin entre les décombres et un double d'elle-même sur le côté, elle ne se fit pas prier pour prendre ses jambes à son coup et s'éloigner des ruines. Courir était soudainement devenu bien plus compliqué alors que la douleur l'a piquait de partout.

Comment était-ce possible ? Les mouvements de Lolupata étaient encore si vif, si puissant. N'allait t'il pas en finir un jour ou attendait-il que tout ne se retrouve dans les confins de son ventre ?
Apparemment sa dernière question résonna dans l'esprit de la Couronne. Entre les milles fracas de la ville, un craquement plus sonore encore lui vrilla les tympans dans sa fuite vers les sous-sols. Se retournant dans sa course, Reynagane fronça les sourcils en voyant une vague ondulante brisant tout les bâtiments sur son passage arriver droit sur elle et les habitants qui fuyaient tout autour.

Trois...
Deux...
PAM !!!

Projetée plus loin, Reynagane s'éclata à plat ventre sur le sol en observant difficilement des habitants faire de même autour d'elle. Tout s'écroulait. Le verre des vitrages se brisaient. Les piliers s'écroulaient. Les tuiles se fracassaient. Des cris d'agonie et d'effroi  s'envolèrent dans les airs, suppliant n'importe quel maître des cieux d'arrêter ce massacre. Reynagane venait encore une fois de prendre cher. Très cher. Et pourtant, par, elle ne savait qu'elle force, la Gräarh déguisée se releva encore.  
Tournant le visage vers ses camarades laissaient proche de Lolupata, Reynagane jura pour la première fois haut et fort. La Couronne venait de prendre un énorme bouclier dans le ventre et était en train de vomir tout ce que son estomac contenait depuis le début des hostilités. Autrement dit, beaucoup, mais alors beaucoup de chose. Elle aperçut au loin Nyana mais également ce fichu Nathaniel qui avait les yeux rivés sur les membres vomit par le Gräarh.
Inconsciemment, Reynagane avait fait deux trois pas vers ses amis en difficultés avant de se rappeler ses consignes. Mais comme si les Esprits essayaient inconsciemment de lui faire passer un message, son regard suivit celui du Roi des pirates pour déceler un éclat rouge dans la flaque dégoûtante.

Le cœur au bord de l'arrêt, un mauvais pressentiment l'attaqua, ses mains plongèrent dans la poche ou elle avait caché la boucle d'oreille de Kaiikathal pour en ressortir une sorte de grenade anti-incendie comme elle avait déjà eu la chance dans voir avec Bastien. Malgré sa peau sombre, on aurait pu parier la voir pâlir jusqu'à devenir verte tant elle se sentait soudainement très mal. Comme pour arranger le tout, un craquement titanesque retentit au loin. Voilà qu'une énorme tornade balayait les côtés et se rapprochait de la cité.
Du désespoir jaillit une folle rage envers ce satané Nathaniel. Il n'y avait pas d'autre fautif que se sale... sale... Il fallait se calmer, Reynagane était en train de péter un câble.

Inspirant un coup, la Gräarh sentait ses veines battre fort contre ses tempes alors qu'elle revenait vers le champ de bataille. Qu'elle nulle elle était par tout les Esprits ! Elle s'était fait berner et voilà qu'à cause d'elle, ils allaient tous échouer.

« Vous tenez notre destin à tous entre les pattes. »

« Pardonne-moi Ilhan... »

Effleurant la bague dans sa course, Reynagane essaya d'envoyer un message à peu prêt claire entre deux sanglots de rage et de désespoir mêlés à Ilhan pour lui expliquer les... complications.
Au moins y avait t'il un avantage, Lolupata allait bientôt l'a laisser royalement tranquille. Du moins elle l'espérait.

Arrivant aussi rapidement que le pouvaient ses jambes et son mal de crâne. Essoufflée mais ses yeux lançant des éclairs, Reynagane sortit la sorte de grenade de sa poche. Elle était là, en tout cas, la boucle d'oreille de Nathaniel encore accrochée à son oreille se trouvait dans le vomit ensanglanté.  Au moins avait-elle une chance !

- Espèce de ... saloPARD, tu es content tu as récupéré tes deux boucles d'oreilles ! Cracha t'elle vers le Roi des pirates assez fort pour que Lolupata puisse entendre.

Avec un peu de chance, Nathaniel perdrait plus qu'une oreille avec ce que venait d'entendre la Couronne. Puis sans se faire attendre, Reynagane lança la grenade activée en direction des deux. De là, de l'eau jaillit en quantité plus que suffisante déstabilisant semblait-il Lolupata qui se retrouva bien vite les pattes sous l'eau. Reynagane n'eut pas la rapidité nécessaire pour récupérer la boucle d'oreille avant que celle-ci ne soit balayée dans l'eau avec le reste des morceaux de corps. À ce moment précis, Reynagane aurait bien voulut se noyer avec tout le reste et disparaître à jamais. Ou se donner des baffes à n'en plus finir. Mais qu'elle cruche elle était !

Essayant de fouiller frénétiquement dans l'eau devenue boue et sang, il fallait se dépêcher. Son regard s'arrêta sur un objet flottant plus loin. Il ne s'agissait pas de la boucle, loin de là, mais elle aurait pu reconnaître la signature d'Udyog sur l'objet entre mille. Une sorte d'instrument de musique que Lolupata portait avant sa fuite de l'arène. Un objet de légende. Un objet bien trop puissant pour essayer de le voler ou même de le briser. Quoique, voler, ça se tente.  Non ?

Il n'y avait plus rien à faire, Reynagane avait clairement fait une bêtise en perdant les deux boucles de vu et si cela se trouvait, ils allaient maintenant tous y passer alors que le conte à rebours avait démarré avant que la tornade n'arrive sur eux.
Sans réfléchir une seconde de plus, Reynagane se précipita vers l'objet légendaire en priant pour que la chance et les Esprits lui souries. Avec ça, y avait-il une chance d'arrêter au moins le ciel destructeur ?

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Le combat. Toujours le combat. A croire que les pirates étaient comme les Délimariens, à n’en voir que par la guerre et le sang… Mais il y avait parfois de meilleurs moyens de gagner une guerre que l’affrontement direct. Ruse et stratégie pouvaient remporter la partie aussi. Surtout face à un adversaire de taille, telle qu’une Couronne de Cendres.

Une Couronne qui semblait ne pas avoir dit son dernier mot. Et qui semblait sur le point de sortir le grand jeu, alors qu’elle révélait aux yeux de tous l’arme en sa possession. Cette arme que le Graärh avait récupéré chez Udyog. Une arme transpirant la magie, faisant presque chavirer ses sens de Sainnûr. Une arme de légende !

Ilhan n’eut guère le temps de répondre aux mots acerbes du pirate qui se jetait sans attendre dans la bataille, que déjà chaos rugissait sa rage en plein coeur de l’arène sous le souffle destructeur de Lolupata. Feu et javelot retournèrent à leur envoyeur, et la fureur du vent se transforma en véritable furie, détruisant tout sur son passage et réduisant en miettes le peu qu’il restait de ce funeste lieu de jeu de combat. Bois et pierre volèrent en éclats. Arène disiez-vous ? Il était aisé de douter de son existence en cet instant, au vu des ruines qui en restaient. Plus rien ne pouvait plus contenir la Couronne à la puissance déchainée.

Ilhan tenta de lutter quelques secondes contre la brise enragée, ses cheveux lui fouettant le visage, et des échardes menaçant à tout instant de l’éborgner, malgré son bras rabattu contre son visage pour s’en protéger. Seul point positif : le vent souffla le feu avant qu’il n’ait pu étendre plus encore ses ravages et avant que ses traitres flammes ne blessent Nyana. Le fourbe forban fit montre de son agilité légendaire, malgré ses blessures, et parvint à éviter son javelot d’ivoire, qui pourtant le manqua d’un cheveu. Littéralement. Mais l’althaïen ne put se réjouir plus avant, que le souffle eut raison de lui. De tous. Et tout le monde fut soufflé par le raz-de-marrée de vent qui les flagella de ses rudes fouets, les faisant voler sur plusieurs mètres pour retomber en lamentables poupées de chiffon, presque désarticulées.

Ilhan fut sonné dans sa chute et ne reprit pleinement conscience de l’âpre réalité que quelques secondes plus tard. La vue floue et l’ouïe dissonante, il aperçut tout de même les balafres qui avaient ravagé tous les bâtiments autour. Balafres étant un doux euphémisme. Le quartier des plaisirs et le quartier résidentiel semblaient n’être plus qu’un champ de ruine : les bâtiments les plus proches s’étaient éboulés, emportant sous leurs pierres certainement bien des âmes. Les plus éloignés tenaient encore vaillamment debout, mais leurs vitres brisées témoignaient de la puissance et de la portée de ce souffle destructeur. Des hurlements s’élevaient de toute part, martelant le crâne endolori du jeune sainnûr. Douleur et peur, criaient-ils sourdement en une lente agonie. La population prise dans le chaos, malgré elle, par la folie des plus grands et leur combat de titan, tentait de fuir, malgré les flammes de son désespoir et de sa douleur. En un dernier instinct cherchant un refuge, un protecteur…

Un rapide regard vers ses compagnons. Ilhan aperçut Nathaniel, étendu, apparemment sans connaissance, un Graärh, portant les marques de l’esclavage près de lui et montrant encore quelques signes de vie. Nyana ? Apparemment assommée, ayant atterri contre une banquette de l’arène.

Ilhan tenta alors de se redresser, ses muscles se récriant contre ce traitement sans concession. Mais ses jambes flagellantes peinèrent à le porter, sans compter le monde qui tournait autour de lui de façon bien vertigineuse. Comme il s’en était douté, le double qu’il avait fait apparaître pendant que Reynagane s’enfuyait s’était évaporé, certainement quand sa tête avait cogné il ne savait quoi. Une tête qui tambourinait et le martelait de douleur. Mais soudain, tout ceci fut le cadet de ses soucis, quand il aperçut la Couronne s’approcher de lui. Il n’eut pas même le temps de tenter de fuir, que déjà elle était sur lui et l’attrapait par le collet. Ilhan baissa un instant les yeux vers les griffes acérées qui déchiraient ses précieux vêtements… et menaçaient de lui lacérer la peau au passage.

Où est-elle ? gronda Lolupata, d’une voix sourde de menace.

Ou peut-être les griffes préféreraient-elles lui arracher la tête, songea-t-il rapidement, tout en relevant ses sombres prunelles sur le Graärh ventripotent. Nul mot ne franchit ses lèvres. Non pas par peur, pas seulement. Même s’il était tellement sonné, qu’il n’était guère sûr de pouvoir parler. Mais lucidité revint en force en son esprit, qui reforgea aussitôt ses défenses, pour devenir forteresse inexpugnable. Et ses orbes noirs, jusque-là vitreux de douleur et de confusion, se raffermirent eux aussi de détermination. Non, il ne céderait pas et n’avouerait pas. Pas aussi facilement. Même si… Pouvait-on dire qu’être aux mains d’une Couronne était une menace facile ? Fou qu’il était, il allait mourir, là, maintenant, fut sa seule pensée. Mais cela ne l’empêcha pas de résister, et dans sa folie entêtée d’offrir à la Couronne un regard des plus ferme et résolu à un silence obstiné. Un silence qui eut raison du peu de patience du Graärh.

Dans ce cas vous mourrez tous, et je n’aurai qu’à venir me servir sur vos cadavres.

Et les griffes acérées relâchèrent aussitôt Ilhan qui retomba comme une masse au sol, étouffant un gémissement de douleur. En relevant les yeux, il aperçut le cor de chasse, que le Graärh tenait dans sa main, pulser d’une magie qui le fit luire d’un bleu glacé. Un bleu qui glaça les os d’Ilhan quand il réalisa ce qui allait se passer. Ils allaient, effectivement, tous mourir…

De son souffle puissant, Lolupata en appela définitivement au chaos et sonna l’ouverture d’un désastre. Une immense tornade se forma depuis les flots, comme si Althaïa était dans l’œil d’un géant et puissant cyclone. Le vent se leva avec une violence inouïe, comme jamais Ilhan n’en avait vu de toute sa vie. Il protégea son visage, toujours à terre. La tempête mugissait sa colère et la terre même en tremblait de terreur.

Lolupata souffla à nouveau et la tornade s’épaissit en venant ravager les côtes de l’île : plus il soufflerait et plus le cataclysme atteindrait son paroxysme. Le Graärh esclave près du roi des forbans s’était relevé et envoya soudain son bouclier au moment où la Couronne inspirait. L’arme protectrice fut avalée par le souffle puissant et vint s’écraser dans le ventre de Lolupata. Un violent haut-le-coeur le souleva et le fit soudain recracher ses dernières dégustations : des membres décharnés, sanglants et suintants s’éparpillèrent au sol. Et manquèrent faire vomir l’althaïen. Une chose gluante avait atterri sur sa joue… Etait-ce un œil humain ? De dégoût, réprimant avec force difficulté son estomac de rendre également tout son contenu, Ilhan le jeta au loin.

Et se figea quand il entendit la voix humaine de Reynagane. Contre toute attente, elle était revenue et le regard de Lolupata se tournait vers elle, déjà prêt à fondre sur sa proie. Pourquoi était-elle revenue ? L’accusation de Reynagane fusa alors. Vraie ou fausse ? Non, aucun mensonge. Et la Couronne se tournait déjà vers un Nathaniel qui reprenait tout juste connaissance, aidé par l’esclave. Diantre. Donc ce fourbe avait récupéré la boucle-d’oreille ! L’althaïen aurait toutefois aimé voir ce satané bijou à l’abri sans dire à la Couronne quelle proie il devait suivre, quand bien même cela voulait dire protéger les arrières de ce maudit roi des forbans. Le temps n’était plus à la réflexion toutefois et déjà Reynagane avait agi avec instinct et vivacité. Une grenade anti-incendie inonda le terrain… et c’est avec une joie non dissimulée qu’Ilhan vit Lolupata, sans queue ni sol stable, en perdre son cor de chasse qui tomba à portée de main de l’althaïen… Bien joué, Reynagane, souffla-t-il rapidement, d’une voix sourde.

Toutefois, rien n’était encore gagné. La tempête ne semblait pas s’arrêter et se déchainait toujours, même si dans l’oeil de ce cyclone ils en subissaient moins les effets. Le Boucher déjà réfléchissait à sa riposte. Le Graärh fronçait les sourcils et se mit à quatre pattes pour récupérer de la stabilité. Il commença à inspirer de l’air, en direction de Nathaniel, Nyana et Panaa… Inspirant sans s’arrêter, de manière inhumaine. Comme voulant les avaler… Gérer la tempête ou aider le trio, qui étaient maintenant tous réveillés ?

Les secondes s’égrenèrent. D’instinct, le regard d’Ilhen se reporta sur le cor. Et lança sans attendre un sort d’identification, avant de s’en saisir. Une arme de légende avait souvent des protections… Mieux valait ne pas s’en saisir sans précaution. Oui, c’était bien un objet forgé par Udyog, il y a assez longtemps et remis en état il y a peu. Objet intimement lié au vent, mais ça, il s’en était déjà douté à en juger par la tempête créée... Mais plus que cela.... Ilhan perçut qu'il fallait maîtriser le vent à travers un Esprit-Lié très spécifique. Car plus que le vent, c'était la maîtrise du souffle qui permettait de s’emparer de l’objet et qui apportait à l'objet de légende toute son aura. Et cet Esprit-Lié… Ilhan leva les yeux, bénissant son ornithorynque. C’était le tapir !

Mais le toucher pourrait s’avérer dangereux, même en se liant à cet Esprit-Lié. Il n’avait pas la puissance de Lolupata, même si son souffle spirituel agissait encore. Il pourrait très bien se faire aspirer à l'intérieur de l'objet ! Nul temps toutefois de laisser sa couardise le faire hésiter plus longuement. Lolupata allait aspirer le trio d’un instant à l’autre. Ilhan copia alors le Tapir de Lolupata et s’empara du cor d’une main presque tremblante, raffermissant toutefois sa volonté.

Soulagement l’embrasa quand le cor se laissa attraper. Ilhan sentit une communion s’établir entre lui et l’objet, grâce à l’Esprit-Lié copié. Mais cette communion n’était en rien stable et encore moins innée. Ilhan parvint à avoir le contrôle de la tempête... mais elle prit soudain un envol non désiré : elle venait d'avancer brusquement vers le sud, mangeant très largement le quartier au nord, à savoir le marché. Ilhan le sentit à travers l'objet, et un sentiment d'urgence extrême s’éveilla en lui. Une situation d’urgence bien plus éminente qu’aider le trio qui, malheureusement, commençait bel et bien à se faire attirer par un Lolupata des plus avides, malgré leur résistance.

Sous la surprise et le sentiment d'urgence, Ilhan inspira l'air sèchement et... se retrouva soudain avec une Nyana dans les bras. Ou plutôt sur lui, alors qu’il manquait de totalement perdre l’équilibre, qu’il recouvra avec difficultés. Il comprit alors, sentit, que le souffle de Lolupata agissait par une profonde inspiration, plus lente mais plus puissante, longue et globale devant lui, là où Ilhan par sa puissance plus limitée ne produisant qu’une inspiration brève et rapide, non faite pour durer. Toutefois, il n’avait plus de temps. Il manquait de temps ! Et devait agir !

Mu alors par l’instinct agité par l’urgence grandissante, il fit appel à la Pythie… et figea le temps. Que Lolupata n’aspire plus ses compères d’infortune et que la tempête n'évolue pas plus, le temps qu’il puisse agir ! C’était là tout ce qu’il souhaitait. Et contre toute attente… Tout se figea. Lolupata se figea, la tempête se figea ! Tout… sauf Nathaniel. Apparemment immunisé à tout effet d’arrêt du temps. Un bref échange de regard entre eux. Mais sans attendre, Ilhan inspira brièvement et attira le Graärh esclave à lui, faisant un pas de côté pour ne pas le prendre sur lui. Il fit de même avec Reynagane, puis avec un malin plaisir avec Nathaniel. Même si ce dernier n’eut guère de mal à ne pas tomber. Au moins tous étaient hors du champs d'aspiration de la Couronne si celle-ci se défigeait.

Le temps du combat n’est pas venu, nous n’avons pas les armes. Fuyons, tant que nous pouvons sauver Althaïa. Car on peut remettre la cité comme neuve… mais pour cela, il va falloir me suivre en lieu sauf qui sera protégé… Seulement ensuite nous pourrons faire revenir la cité sans dommages. Nous vous expliquerons les détails plus tard, le temps est compté.

Allait-il lui faire confiance ? Jusque-là il avait tenu parole. Il sonda rapidement le forban du regard qui sembla finalement se ranger à son plan. Avec un certain soulagement, Ilhan reporta son regarg sur le cor. Il était temps maintenant de réduire cette tempête à néant ! Pour contrôler la tempête, il fallait sans aucun doute souffler dans ce maudit cor et songer à l'ordre à donner : créer une tempête, la déplacer, la diriger… la disperser… Mais plus l'objet venteux créé était puissant et plus le souffle à placer dans le cor devait l'être. Or il n’avait pas la puissance de la Couronne. Il n’était pas Maitre spirite non plus. Et à cette pensée, son regard se porta sur le pirate près de lui. Lui, était maitre spirite ! Même si Nathaniel était loin d’égaler la puissance de la Couronne. Pas à lui seul. Ilhan ou Nathaniel seuls ne pourraient y parvenir… mais à deux ? Cette simple pensée manqua lui arracher une grimace de dégoût tant elle lui répugnait. Mais… un regard rapide vers la tornade figée… Avait-il vraiment le choix ?  

Prenant sur lui et faisant appel à toute sa force de volonté, il se tourna vers Nathaniel, un air mortellement sombre sur le visage, comme le dissuadant de jouer au plus malin dans cette situation ou de se rire de ce qu’il allait proposer.

Il nous faudrait allier nos puissances pour souffler dans le cor, et maitriser cette maudite tempête. Si vous copier son Esprit-Lié du Tapir, fit-il en désignant Lolupata d’un signe de tête, vous pourrez entrer en communion avec ce cor. Et en soufflant tous les deux en même temps, en songeant au même objectif, à savoir la disperser dans les cieux, nous aurons la puissance nécessaire pour détruire ce vil enfant de la Couronne.

Par ce vil enfant, il parlait de la tempête.

Oui, cela le répugnait. Heureusement le roi des fourbes se rallia là encore à son plan. Il lui fallait toutefois sa boucle d’oreille que Lolupata avait avalée… et recrachée. Et c’est avec un dégoût cette fois non dissimulé qu’il vit le pirate aller fouiller le vomi pour la récupérer. Et un dégoût plus prononcé encore qu’il le vit revenir vers lui, poser sa main pleine de vomi sur son épaule, et lui souffler de son air presque le plus charmeur :

C’est quand tu veux.

Un regard noir des plus acéré foudroya le pirate pour toute réponse. Mais sans un mot, il leva le cor à portée de leurs lèvres et, alors qu’ils étaient tout près et se rapprochaient du cor, fit en un murmure retenu :

Maintenant.

Quand tous deux inspirèrent avant de souffler, ils furent vivement rapprochés, lèvres contre lèvres, Ilhan manquant écarquiller les yeux d’horreur. Mais reprenant rapidement ses esprits, il souffla dans le cor et fut soulagé de voir Nathaniel l’imiter. Ilhan se concentra alors pour maitriser la tempête, tentant de la faire plier à sa volonté, et rien qu’à la sienne… Qu’elle se dissipe dans le ciel et disparaisse ! Et ce fut avec joie, qu’il vit leur vœu se réaliser.

Et avec dégoût qu’il s’écarta vivement du pirate. Sans lâcher le cor.

Il s’empressa de défiger l’esclave, Reynagane et Nyana, puis les entraina sans attendre au loin.

Maintenant, fuyons, pauvres fous !

Direction les souterrains. Et alors qu’ils s’enfuyaient, il sentait le reste se défiger doucement mais sûrement. Espérant être hors de vue de la Couronne, pour qu’elle ne les suive pas ! Dans sa course, Ilhan s’empressa de contacter Belethar.

Nous arrivons bientôt. Tenez-vous prêts !

Le cor toujours en main.

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Sort et compétences utilisées :

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Pirate

Les oreilles du sainur sombre sifflaient et son crâne bourdonnait. Que s’était-il passé encore ? Il ne se souvenait pourtant pas avoir pris une cuite hier soir. En vérité, cela ne serait pas étonnant qu’il ne s’en souvienne pas. Alors, avec qui avait-il bu cette fois ? Avec son équipage ou en charmant compagnie ? Le gredin se força à ouvrir les yeux, s’attendant à se réveiller dans un lit de satin ou au milieu du pont de son bâtiment. Il n’en était rien. La sensation au niveau de son dos ne lui rappelait ni la douceur d’un matelas douillet ni la dureté du bois. Cela ressemblait plus à la froideur de la pierre. Il ne s’était pas retrouvé en cellule de dégrisement tout de même ? Non, c’était impossible, il venait de se souvenir qu’il était le roi de la confrérie. Qui oserait faire cela. Lentement, le pirate à la chevelure d’écume ouvrit les yeux. Il y avait à côté de lui un graärh en train d’essayer de le trainer. Quoi ? Il avait passé la nuit avec un graärh ? Il devait en tenir une bonne. Bon, certes, ce n’était pas la première fois depuis son arrivée sur l’archipel, mais tout de même, il préférait les sans-poils. Réfléchissant déjà à la meilleure réplique à sortir à ce félin qu’il ne reconnaissait pas encore, vantant la nuit extraordinaire qu’il venait de passer, mais rappelant qu’il avait d’importantes obligations à remplir justifiant qu’il s’éclipse dans les plus brefs délais, le regard du forban se porta sur son environnement. Il n’y avait ici que ruine et désolation. Le gredin se mit alors à retrouver ses esprits. Althaia ! La couronne de cendre ! La bataille ! Il avait lancé un javelot dans le dos de son adversaire, mais ce dernier était parvenu à le contrer et envoyer balader tout le monde. Inadmissible ! Comment avait-il fait ? Nathaniel posa sa main sur le félin qu’il reconnaissait sous le nom de Panaa afin de l’arrêter. Il se redressa en s’appuyant sur lui avant de chercher son adversaire du regard. Il finit par repérer ce dernier. Il se tenait non loin de Reynagane toujours sous les traits d’une humaine. Oui ! Cela lui revenait. Son plan. Aller sale félin, chope là ! Les yeux de monarque glissèrent ensuite jusqu’à la main de l’humaine, remarquant que celle-ci avait la grenade en main. Ah, elle avait trouvé son cadeau. Elle devait donc avoir compris qu’elle s’était fait berner.

C’est alors qu’un bouclier passa dans son champ de vision, venant par chance frapper de pleins fouets Lolupata pour lui faire cracher tripes et boyaux. Dans le flot de bile et de morceaux de cadavre, l’Earendil crut déceler un petit éclat brillant. Avait-il régurgité son bien ? Avec un peu de chance oui. Il lui faudrait trouver le moyen de le récupérer, mais dans l’immédiat cela risquait d’être complexe. Peut-être qu’une occasion se présenterait. C’est alors que la voix de Reynagane s’éleva, haute et forte, tentant de couvrir le bruit de la tornade qui sifflait non loin.

« Espèce de … salopard, tu es content tu as récupéré tes deux boucles d’oreilles ! »

Sur ces propos, le regard du graärh au pelage tigré se tourna vers lui. Quoi ? Comment osait-elle ? Elle lui refilait le bébé ! Sale pirate ! Il valait mieux ne pas l’avoir en ami sous l’ère de la théocratie du Tyran Blanc. Toutefois, en dépit de cette honteuse dénonciation, la graärh jeta la grenade que le forban avait échangée contre la boucle d’oreille. Nathaniel leva une main en direction de celle-ci et au moment des trombes d’eau en jaillirent, l’orque fit au mieux en y alliant ses pouvoirs pour aggraver la déstabilisation de l’adversaire. Et cela fonctionna ! Bon certes, l’Earendil aurait préféré faire usage de cette carte secrète autrement, comme en usant de l’eau pour crever les yeux ou noyer l’opposant, mais il se contenterait de cela. Cette soudaine opportunité lui permit de se redresser, de reprendre le contrôle et de se mettre à jour concernant la situation. Celle-ci était grave, Althaïa était plus en danger qu’il ne l’aurait souhaité. De par la bague qui le liait au centre d’information initialement chargé de suivre Lolupata à la trace, on lui remontait le critique de la situation. Le Palais était tombé et bouchait l’entrée permettant de rejoindre le souterrain. L’évacuation ne pouvait désormais se faire que par un trou au sein de l’hôpital, mais il ne permettait pas de traiter le flux de réfugiés. Seule la moitié de la population avait été mise à l’abri …

Que faire ? L’Earendil pouvait-il vraiment sacrifier l’autre moitié de la population ? Après tout, selon le code des pirates, il faut se battre pour prendre la fuite et ceux qui ne sont pas à leur place restent sur place. Tandis qu’il traitait les informations, envisageant donc cette possibilité, pesant le pour et le contre, Lolupata parvint à retrouver l’équilibre. Se mettant à quatre pattes, il ouvrit sa gueule en direction du gredin et aspira l’air face à lui. Tel un siphon, celui-ci commença à aspirer le sainur, et le graärh à côté de lui. Instinctivement, le gredin fit jaillir un pieu d’ivoire de sa main et le planta profondément dans le sol afin de ne pas s’envoler et se faire dévorer. De son autre main, il vint saisir Panaa afin qu’il ne connaisse pas non plus un sort funeste. Était-ce un geste bienveillant de sa part que de venir en aide à cet esclave ? Non, bien sûr que nous. On parle de Nathaniel Earendil. Commençant à tirer Panaa jusqu’à lui pour le faire se rapprocher, le forban envisageait déjà un plan. Il lui restait des grenades. Il lui suffisait de bourrer les poches de l’esclave, de le lâcher, de laisser Lolupata le dévorer et déclencher un beau spectacle pyrotechnique.

Le sainur se prépara à mettre en œuvre son plan, quand il sentit une perturbation. Le bourdonnement des ailes de l’esprit-lié du bourdon semblèrent résonner à ses oreilles tel un avertissement et instinctivement, le pirate usa d’un de ses sorts pour se prémunir des effets temporels. Tout se figea autour de lui, l’aspiration de Lolupata cessa et Nathaniel qui était jusqu’alors balloté parallèlement au sol chuta tandis que Panaa continuait de flotter dans les airs. Le roi de la confrérie lâcha un grognement puis chercha autour de lui ce qui pouvait être la cause d’un tel évènement. Car oui, il n’en était pas responsable. C’est alors qu’il vit Ilhan tourné en sa direction, un léger étonnement se lisant sur son visage. Quoi, c’est lui qui avait fait cela ? Mais comment ? Avait-il copié son bourdon ? Le caladonien prit une inspiration et attira à lui aussi bien le pirate que le graärh. Mais ! C’était la même capacité de Lolupata. Avait-il copié son esprit-lié ? Sans doute. Mais alors, comment bloquait-il le temps s’il ne copiait pas son bourdon ? Le gredin se donna une gifle mentale afin de chasser de son esprit ces questions-là. L’heure n’y était pas. Il avait un moment de répit. Il fallait en profiter pour agir !

« Le temps du combat n’est pas venu, nous n’avons pas les armes. Fuyons, tant que nous pouvons sauver Althaïa. Car on peut remettre la cité comme neuve … mais pour cela, il va falloir me suivre en lieu sauf qui sera protégé … Seulement ensuite nous pourrons faire revenir la cité sans dommages. Nous vous expliquerons les détails plus tard, le temps est compté. »

Le sainur sombre observa l’autre sainur, d’un air contrit. Cela ne lui plaisait pas, il souhaitait châtier ce graärh pour avoir mis à sac sa ville. Il voulait châtier ce graärh pour ne pas donner d’idées aux autres. On ne résiste pas à la confrérie et encore moins à son roi. Pour autant, Ilhan avait raison. Ils ne semblaient pas avoir les armes, et jusqu’ici le combat se faisait au détriment de la confrérie.

« Tu as peut-être raison … si Althaïa peut être reconstruit, alors les dégâts ne sont pas un problème. Ce n’est en revanche pas le cas des habitants. J’imagine que vous ne pourrez pas ramener les morts à la vie. Sacrifier une ville pour un combat ne me dérange pas, je l’ai déjà fait. Mais la dernière fois, j’ai pris le soin de faire évacuer l’intégralité de la population avant. »

Ilhan semblait réfléchir en son for intérieur. L’hésitation de travailler de concert avec le gredin était palpable. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, après tout ce que le forban avait fait. Puis tout en montrant le cor de la couronne, il lui fit comprendre que l’objet était à l’origine de la tornade. Si celle-ci n’était pas neutralisée, alors il y aurait encore plus de dégât et de mort. Si elle retournait entre les mains du Lolupata, alors il y aurait encore plus de massacre. Chaque chose en son temps, le caladonien proposait avant tout de venir à bout des vents déchainés. Mais pour ce fait il avait besoin de l’Earendil.

« Je comprends … oui cela peut marcher. Mais j’ai besoin de ma boucle d’oreille, sans cela je ne serais pas en mesure de copier la force de notre ennemi. Je reviens tout de suite. »

Se hâtant, ignorant combien de temps le fils adoptif d’Aldaron serait en mesure d’empêcher le flot du temps de reprendre ses droits, Nathaniel se dirigea vers le vomi du félin. Plongeant les mains dedans, farfouillant à travers la bile et les cadavres, il ramassa sa boucle d’oreille. Retournant vers Ilhan tout en la secouant, il retira l’oreille qui y était suspendue, la rangeant dans l’une des poches de son manteau, avant de revenir l’accrocher à l’une de ses oreilles encore rattachées à sa tête. Se retrouvant à côté du Caladonien, il vint poser sa main sur lui, en profitant alors par ce contact pour lui copier l’esprit-lié de l’ornithorynque. Ceci fait, il copia l’esprit-lié du tapir de Lolupata. Il eut du mal cependant à s’en saisir, mais parvient à trouver un chemin. Il n’avait jamais vu un esprit-lié lui résister de la sorte, étrange. Ilhan jeta un regard noir au gredin qui y répondit avec son meilleur sourire.

« C’est quand tu veux. »

« Maintenant. »

Autant l’un que l’autre prirent une grande inspiration. Malheureusement, le pouvoir du tapir est tout nouveau et difficile à contrôler. Les deux hommes furent rapprochés et leurs lèvres se collèrent. Un baiser surprise, qui ne fut pas pour déplaire au sainur … le sombre pas l’autre. Il y aurait presque mis la langue si la situation avait été différente.

« On pas le temps pour ce genre de démonstration d’affection ! »

L’un comme l’autre reprirent une grande inspiration, en faisant attention cette fois, puis, vinrent souffler de concert dans le cor de la couronne. Un son unique résonna, le sainur sombre sentit son énergie être aspirée. L’objet était aussi puissant que vorace ! Les cieux semblèrent répondre aux deux alliés de circonstance et se calmèrent. La tornade se dissipa. Très bien, il n’y avait plus que Lolupata à présent. Et mieux valait qu’il ne remette pas la main sur le cor.

Ilhan attira à lui, Nyana et Reynagane avant de venir les défiger avec Panaa. Nathaniel remarqua à l’occasion que celui-ci portait une étrange toupie dans la main. Était-ce donc là l’origine de cette manipulation temporelle ? Intéressant. Il faudrait qu’il parle avec lui à l’occasion. Mais pas tout de suite.

« Maintenant, fuyons, pauvres fous ! »

Oui, fuir, il fallait fuir … mais la situation ne changeait pas pour autant. Lolupata était toujours là. Un peu moins de la moitié de la population n’avait pas été évacuée. Dans cette moitié, il y avait sans doute de nombreux blessés et morts. Mais ceux valides, en état de fuir, devaient se presser devant les ruines du palais ou de l’hôpital. Il n’y avait aucun autre endroit sur cette ile pour se mettre en l’abri en dehors des sous-sols. Mais s’ils s’y rendaient, Lolupata viendrait également. Au final, à quoi bon fuir si l’ennemi est toujours en mesure de nous suivre. La diversion de Reynagane et la supercherie de Nathaniel étaient tombées à l’eau lorsque celle-ci avait dénoncé le pirate. Il aurait été préférable que Lolupata pense que cette dernière possédait toujours l’objet de sa convoitise. Depuis le début, il ne cherchait que cela, rien d’autre. Tout le reste n’était que dommage collatéral. Tous ceux qui se sont dressés sur sa route ont été blessés.

« Avente ! »

Nathaniel vint retirer son gant plein de vomi et le jeta au sol. Il vint enfoncer deux doigts de sa main propre dans son gosier et vint régurgiter ce qu’il avait avalé un peu plus tôt. Il jeta une sorte d’œuf en ivoire plein de bile à l’attention de son allié de circonstance.

« L’ennemi n’a plus aucune des boucles d’oreilles et il est dépossédé de ce qui semble être son arme secrète. Plus de la moitié de la population d’Althaïa a pu évacuer, mais il en reste encore de nombreux autres. L’accès au souterrain par le palais des tempêtes est bloqué. Le nouvel accès par l’hôpital n’est pas assez grand pour assumer à lui tout seul le flux. Il existe un autre accès, un secret. Ombreport. Rends-toi là-bas, emporte le maximum de monde avec toi. Sur place, dis à ceux que tu trouveras : que de ces pinces le scorpion étreigne ceux qui désirent la bénédiction du père. »

Le sainur sombre fit quelques pas en arrière.

« Si on ne le retient pas ici, il nous pistera facilement et n’aura qu’à se rendre là où tout le monde fuit. Grâce à ta petite araignée, il sait que c’est moi qui suis en possession de la boucle. Quelqu’un doit rester pour faire l’appât. Et je suis tout désigné. Après tout, comment résister en me voyant ? »

Le sourire déformant les lèvres du gredin s’effaça progressivement, son faciès venant afficher une mine dure et sombre alors que l’aura de terreur de l’orque l’enveloppait. Tournant les talons, le sainur sombre se mit à courir en direction de la couronne de cendre encore figée. Lentement, Nathaniel pouvait sentir la perturbation temporelle s’amenuiser. Faisant surgir un javelot en ivoire dans sa main, le pirate effectua un premier petit saut.

« Le bourdon risque de m’en vouloir … mais je n’ai pas trop le choix. »

Le forban fit un deuxième petit saut. L’influence des pouvoirs de l’esprit-lié du bourdon se dégagea de Nathaniel, venant se propager et plier le temps à sa volonté. Celui-ci ne se figea pas, mais ralenti considérablement. L’influence de la pythie vint s’éteindre, tout se remettant à bouger, mais avec une infinie lenteur de par l’influence du bourdon qui venait la remplacer.

Le pied de l’ancien elfe frappa le sol alors qu’il venait stopper sa course pour venir projeter son bras vers l’avant. Le regard de Lolupata se tourna vers celui de Nathaniel et croisa le sien. Restreint par des chaines invisibles, la couronne de cendre commença à tourner la tête avec l’intention de convertir son aspiration en un souffle pour repousser l’énième assaut du forban. Et c’est alors que …

Une gerbe de sang fusa, volant dans les airs, avant de retomber en direction du sol pour le peindre d’une couleur carmin. Nathaniel tomba vers l’avant … étant emporté par son élan qu’il avait voulu soudain arrêter pour projeter son javelot. Son corps chuta … mais avant de toucher le sol son autre pied frappa le sol pour le retenir … relevant la tête pour regarder son adversaire, une gerbe de sang s’échappa d’entre les lèvres du capitaine de la confrérie … Les cornes et pics d’ivoire qui étaient apparus çà et là sur son être s’étiolèrent, tombant en morceaux sous la dissipation du sort.

Le muscle de la jambe du gredin se contracta alors afin de la pousser en avant. Malgré la douleur qui soudainement l’assaillait, un sourire vint étirer les lèvres du roi. Le sainur à la chevelure d’écume reprit sa course, bondissant sur son adversaire dont un javelot venait de lui transpercer le crâne. Le temps reprit son cours et le gredin sentit son lien avec le bourdon s’affaiblir. Nathaniel percuta le corps de Lolupata qu’il renversa au sol. Au-dessus de lui, il le plaqua au sol et vint lui mettre un violent coup d’avant-bras au niveau de la gorge avant de se saisir à l’aide de sa main libre du javelot dépassant de son crâne.

« Voilà ce qui se passe quand on a le malheur de me chier dans les bottes, enfoiré ! »

Le gredin sentait encore la vie chez son ennemi. La flamme était faible, mais toujours présente. Hors de question qu’il s’en sort. Hors de question de lui laisser une seconde de répit. Il représentait un danger bien trop grand. Lui bloquant le cou à l’aide d’un de ses avant-bras, tenant toujours le javelot dépassant de son crâne à l’aide de son autre main, Nathaniel chercha à lui faire pivoter la tête de la même manière qu’on débouchonnerait une bonne bouteille de vin. Dans le même temps, copiant le colibri à l’aide la poupée liée à Aldaron, via l’ornithorynque lui-même copié grâce à sa boucle d’oreille, Nataniel usa des pouvoirs du premier tenté de cristalliser une partie des souvenirs de celui-ci. Le gredin avait encore beaucoup de questions sans réponse, il devait en profiter pour tenter de les obtenir tant qu’il restait chez son adversaire un dernier souffle de vie.

Puis il y eut un craquement d’os.
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Ilhan, Nyana, Panna et Reynagane fuirent  la zone de combat une fois la tempête apaisée, ayant disparu aussi rapidement qu’elle était venue, grâce à un baiser. Nathaniel resta combattre la couronne de cendres, seul, pour que son peuple puisse avoir le temps de se mettre à l’abri. Et du temps, il en a gagné assez. Les passages s’ouvrent : la population des bas-fonds d’engage à Sombre Port, celle du quartier de plaisir est conduite par Naal jusqu’aux murailles Althaïennes (au grand plaisir de Naal qui adora véritablement secourir des demi-nus). Les autres quartiers rejoignirent l’hôpital ou le siège des tempêtes où l’effort commun permis de libérer l’accès.

Population sauvée, nul n’entendit la nuque de Lolupata qui se brisa, excepté François, rendant son dernier souffle dans les décombres, le cœur soulagé que sa belle soit à l’abri. Et l’Esprit-Lié du Bourdon apparut devant son spirite pour le jauger au moment fatidique. C’était trop et son lien avec Nathaniel s’étiola. Au sein des Esprits-Liés, la colère d’un débat houleux s’animait. La discorde les divisait rudement.

***

Dans les caves du domaine d’Eleatria, au signal, un chant d’Origine était entonné, vibrant et profond. La magie draconique s’y mêlait, entrainé par des artefacts façonnés par les baptistrels pour enclencher l’ultime protection. Les bâtiments à la surface d’Althaïa disparurent complètement, laissant les pauvres hères restés là-haut bien hagards devant ce spectacle hors du commun. A perte de vue, il n’y avait rien d’autres que quelques centaines de cadavres étendus sur le sol et le bruit des vagues qui s’éclataient sur les rochers de l’île du crépuscule. La capsule contenant l’œuf de dragon sur la table fut ouverte, laissant entrevoir celui qui n’était jamais né. De ses doigts blancs, elle prit la coquille brune aux reflets verdoyants pour venir le mettre dans une poche cousue à l’avant de sa robe, comme un kangourou. Comme dans un sac sans fond, l’œuf sembla disparaître, à l’abri, protégé. La Cawr jeta un regard noir au serpent et au singe, comme pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas intérêt de seulement essayer. Judith était tenue par le serment baptistrel, mais comme son ancêtre avant elle, elle n’hésiterait pas à le briser pour protéger cet œuf.
[HRP : j’ai volontairement fait en sorte que Belethar ne touche pas l’œuf, mais n’y voyez aucun signe annonciateur : je n’ai fait que préserver ses éventuelles chances de devenir un dragonnier s’il venait être choisi (ou pas) par celui ou celle qui incarnera Izeli. S’il avait touché l’œuf, on aurait été obligé de trancher à non.]

***

Sous la terre, le peuple rassemblé attendait, mais le silence qui provenait de la surface ne semblait rien annoncer de bon. Que ce passait-il ? La main de Naal se posa sur l’épaule de Nyana, soit pour la rassurer, soit pour la féliciter ou la remercier du combat qu’elle avait mené contre Lolupata. Dans tous les cas, il ne s’était pas attendu à voir l’une de ses vies antérieures à ce moment-là.

« M’wano, arrête un peu de faire le singe : je ne suis pas un arbre sur leq-aïe. » fit un graärh svelte au pelage tigré quand son graärhon arriva sur sa tête, à force de grimper, et de lui mettre l’un de ses pieds à coussinets dans l’œil. A l’œil observateur, on aurait reconnu Lolupata à l’issue d’une cure phénoménale d’amincissement et d’un bon entrainement musculaire. Son rire heureux éclata.

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« Papa ? » miaula le graärhon. « Maman ? » Le visage du graärhon, à travers une vitre, semblait avoir été dévoré par les minéraux. Ou… Par du corail ? Ses petits coussinets couinaient contre la porte qu’il grattait, la moue prête à pleurer. « Tu ne peux pas sortir petit smilodon. Notre ami Rog cherche un remède, et lorsqu’il l’aura trouvé, je pourrai à nouveau te serrer, dans mes bras, tu comprends ? » Malgré les larmes naissantes, le graärhon acquiesçait de la tête : « J’ai mal… » couina-t-il avant de retourner à son tigre en peluche, jouant mollement avec.

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Les cris étaient devenus insupportables, la douleur aussi. Dans son bunker vitré, le graärhon était devenu incontrôlable, dévoré par la douleur, sous le regard désemparé de ses parents. « Aide-moi... Papa ! Maman ! » Le miaulement était aigue et déchiraient le cœur. Les larmes ne suffisaient plus et l’enfant finit par être submergé.


Naal leva sa main de l’épaule de Nyana la bouche ouverte. Il mit un instant avant de réagir à nouveau : « Nyana, dans l’une de vos vies antérieures, vous étiez M’wana, fils de Lolupata… Il est mort de la peste de corail… » Grâce au don de la baleine, il partagea ce qu’il avait vu avec Nyana, puis avec Ilhan, Reynagane et Panaa. La peste de corail ne datait pas d’hier.

***

Epuisé, vidé de sa force, le Roi de la Confrérie finit par s’étendre au sol près du corps sans vie de Lolupata jusqu’à ce qu’un museau draconique vienne le secouer un peu et le récupérer sur son dos. Ils prirent leur envol au-dessus de l’île défaite de ses maisons, de ses bâtiments. Seuls quelques corps au sol parsemaient la terre mise à nue. C’était comme s’il n’y avait plus rien, d’un seul coup.

Les flammes du dragon embrasèrent la dépouille de la couronne de cendre : si Rog voulait le ramener à la vie, il avait intérêt à de se lever tôt car cela prendrait très très très très longtemps et Kaikathal n’en était pas peu fière. Et puis de nulle part apparut 1750, sous ses yeux. La ville dévastée, puis disparue, laissait place à l’Althaïa d’autrefois… Puis le mobilier pirate réapparut, s’empilant parfois étrangement avec celui déjà en place. Si bien que dans les jours qui suivirent, on retrouva aussi bien une table sur un lit, qu’un établi de menuisier pris au piège d’un mur, ou encore un sublime buffet dressé avec raffinement au beau milieu de latrines publiques. Disons qu’il y aurait quelques ajustements à faire.

Quant au dragonnier et pourfendeur de couronnes de cendres, pour l’heure, un objet d’ivoire, au creux de sa main attirait toute son attention. La figurine représentait un graärhon dévoré par la peste de corail qui dévoilait les souvenirs captés en son sein. Il y avait la vie exemplaire d’un guerrier graärh qu’on appelait Lolupata. Il y avait l’épouse à qui il avait donné un petit chaton. Et puis il y eut l’horreur, la descente vers les abysses. La peste de corail frappait son fils mis en isolement dans un conteneur de verre. Il y avait de la colère contre Udyog et toute sa famille, toute l’entreprise Ychgama responsable de ce fléau. Il y avait le docteur Rog Parish, travaillant en vain sur un remède. Et il y avait M’wano qui pleurait et hurlait de plus en plus de douleur.

Soutenir son fils, le rassurer était devenu de plus en plus difficile. Il criait de rage sa douleur dès qu’il pouvait s’isoler. Perdre un enfant était horrible, mais le voir dépérir pendant de longs mois sans pouvoir rien faire l’était d’autant plus. Il ne le supporta pas. Sa femme non plus, mais elle, elle n’eut pas le courage de rebondir. Lolupata la trouva au sol et aurait voulu rejoindre épouse et enfant dans la Roue de la Réincarnation si Lalaach n’avait pas su le convaincre. Il y avait un moyen de les faire vivre éternellement, de transcender leurs existences pour revenir aux étoiles d’où ils étaient tombés. Il y avait un espoir… Mais le chemin pour y conduire était si long et sa colère si grande que manger fut son refuge. Les mets ne lui suffirent plus. Il avalait les vies, rongé par la douleur. Une douleur qui ne s’effacerait jamais, tant qu’il n’aurait pas atteint son but. C’était sa raison d’avancer. La raison de sa chute. Sa souffrance était terminée.

***

1750, n’était-ce pas une belle année ? Avant les guerres, le retour de la magie ? Les rues d’Althaïa transpiraient le romantisme et dans cette ruelle, derrière cette grille, se dressait une maison dans laquelle un homme, sa femme et leur enfant passèrent une vie, avant le drame. Les jouets d’enfants trainaient encore sur le tapis de la chambre du petit et les robes dans l’armoire parentale avaient encore l’odeur d’une tendre aimée. Un bain, surement froid maintenant, était coulé. Il sentait la rose et le magnolia. Ici se dressait la demeure des Avente.

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Le temps…. Sans que je ne m’en rende compte, il a défilé si rapidement… Les images ont défilé devant mon esprit, les actions, les paroles, tout ceci s’efface peu à peu. La chaleur n’a aucun effet, comme si une part de moi venait de mourir. Des morts gisent sur le sol, des bâtiments encore fumants, le résultat d’une guerre sans fin… Et pourtant, aucun sentiment de joie… Ma sœur de cœur est en vie, en sécurité, mais je ne parviens pas à trouver ce sentiment positif qui devrait m’animer. Est-ce à cause de la fatigue ? Est-ce à cause du contre coup ? Possible… Comment ne pas être perturbé par cette révélation ?

Lorsque la main de Naal, c’est posé sur mon épaule, avant tout ceci, mon cœur était en paix, tout comme mon esprit, je voyais la fin d’un ennemi… L’ignorance est la meilleure des choses, elle nous empêche de regretter tellement de choses… Je n’ai pas trouvé les mots, je n’ai pas eu le courage de dire quoi que ce soit, alors que ma tête me dévoile toutes ces images, toute cette souffrance et un profond regret…

Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à exprimer cette haine qui me ronge depuis tout ce temps ? Je voulais haïr, mais mon cœur s’y refusait… A la place, j’ai l’impression de me sentir mourir de l’intérieur… Mon regard se perd, se noie dans cette obscurité que je me suis fabriquée. Je n’avais qu’une envie, une envie que je ne parvenais pas à expliquer… Celui de rejoindre les flammes… Mais la peur m’arrête, effaçant mes rêves, remettant en cause mes choix, mes croyances… Pourquoi tant de doute ?

Si tout pouvait s’effacer, si mon cœur me laissait le contrôle de ses sentiments, que je puisse simplement me retourner et partir… Si seulement cela pouvait être si simple… Mais je vais devoir laisser le temps agir… Je ne dois pas faire de faux pas, pas après tout ce que j’ai enduré pour obtenir la place que j’ai tant désirée.

Ce temps que je ne compte plus, qui disparaît sans que je ne sois en mesure de le voir, me donne l’impression d’être aussi lente qu’un escargot, alors que je me déplace vers ma sœur de cœur. La prenant dans mes bras, sans bruit, sans un mot… Et malgré tout, les larmes s’échappent sans que je ne parvienne à les arrêter. Une larme silencieuse, que je ne souhaite pas montrer aux autres. Il a fallu trouver la mort pour pouvoir exister dans ma vie, et maintenant ? Que dois-je faire ? Lui qui est devenu éternel dans mon esprit…

« Guide-moi… »

Dans un souffle, un souffle si faible, je prononce ces mots pour ma sœur. Je me sens ailleurs, perdu entre deux univers. Comme si ma vie venait de prendre un autre tournant, un virage que je n’aurais jamais cru possible…

Serrant de plus en plus fort le corps de ma sœur, alors que j’avais trouvé un nouvel équilibre, la voilà redevenue mon pilier, la seule lumière pouvant me montrer le chemin à suivre… Je profite de cet instant, car je sais qu’il finira briser… Nous évoluons dans deux mondes différents dorénavant, et cela sera toujours aussi dur de la savoir loin de moi, et peut-être encore plus dans les prochains jours… Mais je dois cesser cette dépendance que j’ai envers elle…

En fin de compte, tout se confond dans ma tête, tout se contredis, je veux y voir plus clair, mais l’émotion m’empêche de raisonner de manière logique. Et la faim se fait sentir dans le creux de mon estomac… Une faim invisible, et la crainte s’emparent de moi… Peut-être plus similaire que je ne le pense… Une nouvelle page se tourne et j’ignore de quoi sera composé mon futur, car c'est un adieu qui a été prononcé par le feu sacré...

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Je voulus fuir juste après avoir jeté le bouclier, mais à peine retourner que tout se passa très vite. Je fus happé dans un tourbillon d'image et d'évènement qui se mélangeaient tous. Ma tête avait du cogner et cela n'arrangeais pas beaucoup ma confusion.
L'image qui me restait en tête c'était les vomissement immondes et dégoulinant de sang de la couronne. Le bouclier était revenu en plein ventre. Je remerciais les esprits. C'est un ordre, clair et net qui me sorties de ma prière. Fuir. La couronne étaient amoché, mais pas autant que les ruines de la ville. Je suivis les deux humains et la Graarh grise que j'avais suivis le matin même. On partis dans une course folle en laissant l'elfe aux griffes du monstre. Je fermais les yeux, il y avait déjà trop d'image qui se bousculaient.
Quand on s'arrêta, entouré de plein de monde dans un brouhaha assourdissant. J'étais épuisé, les autres tenaient eux aussi plus ou moins bien sur les pattes arrières. Maintenant qu'allait 'il se passer ? Où était Rona ? Le calme revenant peu à peu dans la pénombre, les souvenirs revenaient par brides. Il eu aussi un flash, une impression de déjà vus avec l'humaine qui avait combattu à nos cotés. Je m'approchais d'elle, c'est à se moment que j'entendis l'histoire de la réincarnation du fils de la couronne. Il y avait eu trop d'information, je ne fis donc pas attention à celle qui s'ajoutais aujourd'hui. Je tapotai le bras de l'humaine Rey et entendu qu'elle pause ses yeux sur moi.

-"On se connaissais déjà?" dis-je en graarh. Ajouter à la parole je pointais de la griffe elle puis moi pour lui faire comprendre que peux être on c'était déjà rencontré.

J'essayais de m'attacher à une bride de souvenir et de non confusion. Au milieu de tout le monde j'avais besoin de lumière et de soutien. Car après, j'allais faire quoi ? Essayer de m'enfuir avec d'autre esclave, ou peux être avec ce groupe avec qui on avait combattu le monstre. Mais pour m'enfuir où ?

Lorsqu'on pus ressortir, je cherchais dans la foule Grimaldi et Rona. Je ne trouva que Grimaldi, le singe de l'homme du désert. Rona fut introuvable. J'étais à nouveau seul au milieu de toute les personnes qui retrouvaient leurs foyer où les ruines bugée. J'attendais qu'on me prenne par la main, qu'on m'aide à remonter à la surface après ce cauchemard dont je n'arrivais pas à sortir et trouver quoi faire.

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Si l’action battait son plein au-dessus de Belethar, là, dans les souterrains d’Althaïa, point grand-chose n’atteignait l’étrange quiétude dans laquelle avait été plongée la pièce dans laquelle il se trouvait.

En vérité, tous attendaient le signal d’Ilhan, se regardant dans le blanc des yeux pour savoir quand allaient-ils pouvoir commencer à incanter le sortilège. De longues minutes passèrent donc, pendant lesquelles Belethar agita quelque peu un chapelet dans sa main droite, pour se calmer en faisant des petites percussions avec l’objet.

Ces notes eurent pour mérite de détourner l’attention quelques instants de l’Espérancieux, qui s’aperçut qu’il avait été rejoint par le singe de Nathaniel, ainsi que son serpent. Si ce dernier était bien petit et n’aurait pu être perçu que par un œil avisé, on ne mentait pas à un Baptistrel qui pouvait se rendre compte de tout ce qu’il y avait autour de lui en un instant.

Le macaque était monté sur son épaule, et semblait s’amuser un brin avec la tête du Cawr, inspectant avec attention son cuir chevelu. Belethar trouva la chose amusante, et sorti de sa poche une petite pièce d’or Caladonienne, qu’il tendit à Fabius avec un petit sourire. S’il sentait que les yeux des animaux du roi des pirates étaient rivés sur l’œuf de dragon, que Belethar avait désormais pour mission de protéger, la distraction opéra et l’Espérancieux gagna quelques précieuses secondes pendant lesquelles Fabius était occupé à faire toutes sortes de choses avec cette pièce d’or portable à bout de bras par le singe, qui brillait de milles feux.

Cela dit, il n’eut guère plus de temps de faire une séance de ces animaux, quoique Belethar aurait adoré reproduire ces tours de ses confrères baptistrels qui arrivaient à faire bouger le corps des serpents sur le rythme de la musique. Mais peut-être que le serpent de Nathaniel n’aurait pas été de cet avis, surtout concernant le genre de dressage qu’il avait du recevoir de son propriétaire. En effet, au milieu de toutes ces petites distractions et du bruit à la surface, Belethar entendit enfin le signal d’Ilhan, qui signifiait que tout ceux qui avaient pu être sauvés étaient en sécurité.

Il n’en fallut pas plus pour que Judith et Belethar se mirent à chanter ce fameux chant d’Origine, pour venir actionner ce rituel complexe, auquel la magie draconique de Izeli vint se mêler.

Fort heureusement pour eux, tout alla comme sur des roulettes – peut-être un ultime clin d’œil de Valahar qui venait bénir la situation à travers le dragon qu’il avait toujours chercher à retrouver – et le sortilège put se lancer sans d’ultimes complications. Le processus fut lent, mais finalement tout rentra dans l’ordre, et les « défenses » purent s’actionner. A la fin du sortilège, la capsule s’ouvra, laissant l’œuf de dragon à nu. Avant que quoi que ce soit puisse être fait, Belethar jeta un coup d’œil évocateur à Judith, qui s’empressa de protéger l’œuf au sein de sa robe, qui semblait avoir des propriétés magiques pour stocker nombre de choses.

Fabius et Nhäggini furent déçus, bien sûr, mais le Gardien de l’Ordre eut un regard ferme envers les deux animaux : à présent que le sortilège avait été amené à son terme, l’œuf était sous la responsabilité de Belethar, à qui le dragon avait confié une mission qu’il comptait bien remplir. L’amener au Domaine, en lieu sûr, était la première étape de résolution dudit problème.

Après que tout ceci se soit déroulé, Belethar pris un instant tout seul, pour respirer, et éventuellement s’assoir pour reprendre des forces. Cela faisait beaucoup d’un coup pour l’Espérancieux, qui avait dû chanté une ode complexe, même pour les baptistrels les plus expérimentés, et qui avait vécu révélation sur révélation sur ces derniers instants. Autrement dit, souffler était primordial pour le corps de l’Espérancieux qui allait être sur le point de lui faire défaut s’il ne se reposait pas.

Quelques minutes après, Belethar se leva de son endroit, et retrouva ses camarades : Ilhan, Naal, mais aussi Reynagane, qui étaient tous là.

« Les Huit soient loués, vous êtes tous vivants. » fit Belethar, soulagé de voir qu’aucune des personnes qu’il estimait et aimait n’avait péri.

Il profita de l’instant de répit général pour demander des nouvelles de la surface à tout à chacun, et on lui raconta alors la péripétie des combats autour de la boucle d’oreille, bien sûr les effondrements de bâtiments, et le fait que Nathaniel était resté à l’étage supérieur pour se battre jusqu’au dernier moment contre la Couronne de Cendres.

Un acte courageux, d’aucun dirait peut-être un peu stupide ou désespéré, mais qui n’étonna pas plus que cela Belethar. Ces pirates avaient de la ressource, l’Espérancieux avait pu le constater pour ces fois où il était venu leur rendre visite. A défaut d’être une nation exemplaire sur le traitement de ses citoyens, le Gardien de l’Ordre reconnaissait que c’était là la manifestation d’une bravoure certaine. Il espérait simplement que cette bravoure était fait d’une réelle volonté de sauver les siens, et non pas pour récolter les lauriers d’une glorieuse bataille.

Probablement un peu des deux, songea le baptistrel. On ne changeait pas un chat en chien en une journée, après tout. Mais si toute cette histoire avait pu au moins faire réfléchir les pirates sur ce qui était tolérable, et ce qui ne l’était pas, alors Belethar en serait le plus heureux.

Ceux qui semaient la discorde, finissaient fatalement par récolter le désordre. L’Espérancieux n’était pas vraiment du genre à y croire, mais c’était peut-être là un beau message du destin.

Toujours est-il qu’à présent que tous étaient réunis là, il était peut-être temps de récupérer la fameuse boucle d’oreille qui leur avait valu tant de problèmes, et d’aller retrouver Udyogg prestement, afin de lui rapporter l’objet et de se préparer à la suite. Car le Baptistrel se doutait que les représailles se verraient encore plus fortes, cette fois-ci.

Mais avant … Belethar s’approcha de son presque-frère et lui fit doucement, pour que personne d’autre n’entende :

« Tu sais … Althaïa a été restaurée comme à l’époque. Et toi qui m’en parlait si souvent, et qui m’a tant narré des choses sur ta vie d’avant … Peut-être que tu devrais aller jeter un coup d’œil. Tout ne restera pas comme ça bien longtemps. »

Belethar fit un petit clin d’œil à Ilhan, et passa son bras droit derrière son dos pour venir agripper sa taille d’un geste fraternel :

« Bien sûr, ne te sens pas obligé. Je comprendrais que ce soit dur pour toi. Mais je pense que tu devrais le faire. Pour chasser ses regrets qui tourmentent ton esprit. Et si tu as besoin de moi avant, pendant, ou après, je suis là. »

Belethar jeta un coup d’œil à tous, et fit d’une voix plus intelligible :

« Nous sommes là. »

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Victoire.
Réussite.
Mission accomplie.


Les gens pleuraient. Blessés, apeurés avant que l'on ne vienne dire que tout était terminé. Comment Reynagane s'était retrouvée en sécurité dans les souterrains ? Par le biais de courses folles, de chance, d'aide et tant d'autre, la gräarh déguisée n'avait pas réussi à récupéré la boucle d'oreille. Le temps s'était arrêté et pendant un instant, elle avait complètement était perdue au milieu de la tempête avant d'être repêchée violemment par l'assurance d'Ilhan.

Reynagane avait demandé plusieurs explications en arrivant dans les souterrains étant bien entendue larguée par la situation et le dénouement de toute cette histoire. Abasourdie, étonnée et plein d'autres synonymes l'avaient embarqué dans une vision trouble et un mal de crâne bourdonnant jusqu'à ses oreilles. Le choc qu'elle avait pris plus tôt lui remontait maintenant jusqu'en haut de la nuque et il lui fallut un moment de calme à s'asseoir dans un coin pour fermer les yeux et essayer de se calmer. Se répétant les mêmes choses : ils allaient tous bien, ses amis avaient par miracle réussit à récupérer une boucle, Nyana était en vie... et même ce salaud de Nathaniel avait réussit à l'impressionner par son courage de roublard en combattant seul Lolupata.

Ils attendirent ainsi, dans l'obscurité, que le silence entier revienne à la surface.
Lorsqu'elle eut assez de force pour se relever, Reynagane rejoins ses amis dans le calme en notant soudainement qu'aucun François n'était à l'appel. Le cherchant du regard, la mine de l'humaine se renfrogna une seconde et son regard prit une teinte plus sombre. Ce boulet avait réussit tout de même à devenir attendrissant en l'espace d'une journée et ne pas le voir ici voulait tout dire. Heureusement pour elle, quelqu'un l'a tira de ses pensées funestes par un tapotement sur l'épaule. Tournant son visage vers un jeune gräarh, Reynagane écarquilla les yeux en reconnaissant les vêtements et les yeux émeraudes de ce dernier. Le bouclier ! La poussière ! Mais avant cela, elle avait déjà rencontré ce gräarh à son arrivé sur Althaïa. Panaa.

À la question du jeune perdu, Reynagane  n'eut d'autre réflexe que de lui saisir les joues poilus entre ses mains. Le jeune était esclave. Trop jeune. Trop insouciant. Et les pirates lui avaient tout pris à lui aussi.

- Oui on s'est déjà rencontré, répondit-elle avec un sourire attendrissant. Mais ce n'est pas grave si tu as oublié,  ce qui compte c'est l'instant présent. Je suis admirative et heureuse de te revoir... Panaa.

Lorsque Belethar arriva, Reynagane rejoignit son ami pour en apprendre un peu plus sur tout ce qu'il venait de se produire, tout en gardant un œil sur le jeune gräarh, bien décidé à le faire quitter cette île de malheur avec elle. Lorsque la féline déguisée remarqua Naal dans la foule, elle crut d'abord à une folie passagère avant d'entendre tout le sérieux qu'il avait à leur communiquer. Ses yeux bruns d'humaine se tournèrent lentement vers Nyana qu'elle n'avait pas osé rejoindre encore avec tout ce qui s'était passé... ici ou ailleurs. À en juger par le visage fermé de la gräarh, ancienne et éternelle sœur de cœur malgré les différents, Reynagane sut que la nouvelle venait de bouleverser en une fraction de seconde l'esprit de Nyana.



Le temps se chargea de la suite. Quand le moment fut venu, comme des portes s'ouvrant sur un jour nouveau, les survivants purent remonter à la surface pour y découvrir tout à l'inverse ce qu'ils avaient quitté sous la pression et la peur. Le calme et l'insouciance.
Lançant des regards chaleureux, Reynagane ne se fit pas prier pour venir sauter dans les bras d'Ilhan et de Belethar. Les ronronnements lui manquaient mais le cœur y était. Puis, la jeune femme prit son courage à deux mains pour s'approcher de Nyana. Ou était-ce la gräarh sombre qui venait vers elle ? De ce qu'elle peut dire c'est que c'est bien la Shikaaree qui l'entoura de ses grosses pattes pour la serrer fort contre elle sans un mot. D'abord surprise, Reynagane ne bougea pas. Tout se mélangeait dans sa tête et se n'est sans aucune surprise que des larmes apparurent aux creux de ses yeux. L'agrippant à son tour, la petite humaine se mis sur la pointe des pieds pour poser le haut de sa tête sur l'épaule de la gräarh. Peut-être était-ce le temps pour elle de reprendre sa véritable forme ? Après tout ce temps...

Reynagane entendit l'appel de son amie et son cœur se serra si fort contre sa poitrine qu'elle crut qu'il allait imploser. Reniflant bruyamment, la jeune femme releva la tête pour venir lever le menton de Nyana et lui essuyer les larmes sur son beau pelage. C'était la première fois depuis toutes ses années qu'elle l'a voyait pleurer.

- Tu avais dis ne plus jamais me voir pleurer, tu te souviens ? Pour toi, je verserai un océan même si tout nous sépare. Ne laisse personne entraver tes objectifs Nyana. Tu as beaucoup à faire pour notre peuple. Ma sœur a tout dans le creux de sa patte.

Reynagane prit alors de ses deux petites mains une patte de Nyana pour la serrer fort. Au fond d'elle, l'espionne avait rompu d'un trait les derniers maux qui l'a rongeaient depuis son départ de Néthéril. Tout allait changer, encore. Qu'elle le veuille ou non la gräarh savait que la Reynagane qui avait prit se bateau remplie de cageot de pommes en fermentation n'était plus.

Essuyant ses propres larmes, la jeune femme inspira l'air marin en regardant l'horizon à côté de Nyana en songeant que rien n'était terminé mais que tout serait maintenant différent.

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Mort et chaos. Encore et toujours. De sombres maux. Un autre sanglant jour.

Telle était gravée leur destinée dans les pierres de l’éternité. Ce cycle immortel qui ne cesserait de chanter ses funèbres ritournelles.

C’est sur ses sombres pensées que l’althaïen observa le sinistre spectacle qui s’offrait à lui dans l’ombre des souterrains. Certes, ils étaient vivants, lui et tous les siens. Ou presque. Mais combien d’autres étaient morts ? Et combien de blessés pleurant douleur et agonie, leur gémissement devenant sourde et sinistre litanie ?

Oui, il avait réussi, pensa-t-il en observant rapidement la boucle d’oreille dans sa main qu’il avait serrée presque à s’en faire saigner. Oui, il avait réussi à retrouver les secrets cachés de sa romantique cité. Oui, il avait réussi à retrouver les quatre et faire renaître l’Ordre, pour que le sort attaché à la belle Romantique puisse jouer son chant-nom et les sauver d’une mort inique. Mais à quel prix ?

Il resserra de nouveau le poing, il s’empressa de trouver un tissu pour nettoyer le tout et enfouit son funeste trésor dans une des poches de son habit, bien là contre sa poitrine, à l’abri. Il avait également enveloppé le cor légendaire qu’il avait récupéré dans une toile épaisse, histoire de pouvoir le toucher sans trop de risque quand l’Esprit-Lié du Tapir le quitterait et l’avait enfoui en sécurité dans sa sacoche sans fond. Assuré qu’un certain Graärh serait peut-être heureux de le retrouver. Dès qu’ils auront levé le sort les protégeant et dès qu’Oloreä aura récupéré, ils pourront aller rendre une petite visite à une certaine Couronne, lui rendre son bien… et reprendre les pourparlers. Mais en attendant… ne restait justement qu’à attendre.

La pression s’enfuyant, la fatigue reprenait soudain ses droits, et une lourde lassitude s’abattit sur ses épaules, manquant le faire tomber à genou, là, devant tous. Il lui fallut braquer toute sa volonté pour ne pas chavirer. Ce n’était pas encore le moment. Repos viendrait en son temps. Mais il y avait d’abord tous ces gens…

Il fut heureux en tout cas de voir tant de visages aimés encore animés de vie. Il serra Naal dans ses bras, résistant avec peine à l’envie de se lover contre lui pour le restant de la nuit. Il ne pourrait jamais assez le remercier. Encore une fois. Puis vint Belethar qui lui souffla la renaissance de son Althaïa d’antan. Certes, juste pour un temps… mais elle serait là, un court instant lui tendant les bras. Il offrit à son presque-frère un sourire empreint d’une nostalgie prégnante. Il le laissa l’attraper et le serrer contre lui, et lui rendit son geste, avec une timidité moins prononcée que de son temps humain, le serrant à son tour contre lui, pour finalement l’agripper dans une forte accolade, comme si sa vie en dépendait.

Merci, souffla-t-il à son oreille. J’irais, oui. Si tu veux bien venir avec moi, tu seras le bienvenu…

Puis songeant à un sujet bien plus sombre soudain, et se rappelant qu’il n’avait pas prévenu son presque-frère du don inattendu qu’il avait reçu de la part du roi de la Confrérie juste avant son départ, ou plutôt juste avant leur fuite :

Et ensuite, nous pourrons aller rendre visite à qui tu sais… pour lui rendre tu-sais-quoi…

Se disant, il tapota d’un geste discret la poche de son vêtement qui contenait le précieux bijou. Il était sûr que par son chant-nom, Belethar comprendrait tout, sans qu’il ait besoin de révéler toute l’histoire à voix haute. Il n’avait nulle envie de répandre la nouvelle… sait-on jamais.

Puis son presque-frère reprit, cette fois à l’adresse de tous :

« Nous sommes là. »

Oui, il avait raison. Ils étaient là. Et même si fatigue réclamait ses droits, elle devrait encore attendre, elle aussi. Ils devaient faire acte de présence, porter chaleur et réconfort auprès des apeurés et des blessés. C’est ainsi qu’Ilhan quitta son amant et son presque-frère et alla se diriger vers tous ceux qu’il pouvait, leur accordant un petit mot, une accolade, parfois tentant de soulager leur douleur sans forcer sur ses propres forces déjà bien maigres. Notamment, il vint dire quelques mots à ses agents de la Toile, sous couvert de dire un mot à tout un chacun, s’assurant que tout irait bien pour eux, du moins autant que faire se peut. Plus tard, ils se retrouveraient dans un endroit plus secret et plus sécurisé, pour parler en toute tranquillité. Il trouva également Panaa, qu’il félicita de son sang-froid là haut, tout en lui posant une main fraternelle sur l’épaule. Il rejoignit également Reynagane et Nyana qu’il félicita toutes deux. Quand son regard croisa celui de la jeune Graärh qu’il avait pris sous son aile, un éclat de fierté brillait dans ses orbes sombres.

Vous êtes bien plus forte que vous ne le croyez, chère Reynagane. Vous avez accompli en ce jour des prouesses dont vous pouvez être fière. Sans vous, nous n’aurions peut-être pas réussi.

Puis il se rapprocha encore pour lui murmurer, afin qu'elle seule entende.

Rassurez-vous, vous avez réussi. Je l'ai.

Sûr qu'elle comprendrait de quoi il parlait. Puis, se tournant vers Nyana :

Je suis heureux de vous retrouver, noble Shikaree. Vos talents au combat ne nous ont pas fait défaut, et vous avez accompli aussi de beaux exploits encore une fois. J’espère qu’un jour nous chanterons vos légendes.

Puis vint le tour d’aller voir les quelques personnes qui l’avaient aidé : les agents du marché noir qui l’avaient secondé, ainsi que les pirates, qui, certes pirates, l’avaient toutefois "escortés" (espionnés aussi très certainement) mais n’avaient en tout cas pas failli et avaient obéi à ses ordres, il retrouva aussi le géant qui semblait être tombé sous son charme. Il avait une cape à récupérer d’ailleurs, et en échange lui offrit de rester tous deux en lien, en ajoutant un glyphe de communication directement lié à lui sur l’un des bijoux de l’homme. En tout bien tout honneur, bien entendu. Il alla remercier Judith et les autres membres de l’Ordre, sans eux rien de tout cela n’aurait été possible. Il offrit aux althaïens de le rejoindre, s’ils le souhaitaient, en Caladon ou à Cordont, où ils pourraient rebâtir leur culture, d’une autre manière. Il leur assura que, quel que soit leur choix, ils auraient toujours une place près de lui, en Caladon ou ailleurs. Il fut rassuré de savoir l’œuf à l’abri des convoitises et souffla le nom de son père à Belethar quand on lui conta rapidement l’histoire du dragon et sa volonté de pouvoir naître sans lien, de pouvoir choisir. Le Lien… Oui, son père assurément saurait s’il était possible de faire quelque chose.

Il alla voir également l’Aaleeshaan déchue et les siens et lui offrit quelques mots, les remerciant de leur soutien, son regard sombre et profond lui assurant qu’il ne les avait pas oubliés.

Enfin vint le moment de retrouver la surface. Si sa première impulsion avait été d’aller se téléporter près de son aimée, sa femme, qui avait connu de durs moments, il retint son geste. Certes, elle avait frôlé la mort, mais son sbire l’avait connu pour elle. Certes, elle avait connu d’âpres moments et des tensions innommables, mais tout était maintenant fini. Il ne servirait à rien, si ce n’est de réconfort, et n’avait pas fini sa mission ici. Il serait dommage qu’il y ait eu tant de morts pour rien en ces lieux. Il devait lui aussi aller jusqu’au bout, pour rendre hommage à tous ces sacrifices. Il savait qu’Autone n’aimerait pas le voir dénigrer ses obligations pour ses désirs sans nom. Leurs retrouvailles devraient attendre encore un peu…

Mais sa mission ne pouvant se finir de suite, l’heure n’étant pas encore sonnée, il pouvait suivre la suggestion de son presque-frère et aller rendre une petite visite au passé. C’est ainsi qu’Ilhan s’empressa de regagner son ancienne demeure, louvoyant entre des ruelles pour semer toute personne qui tenterait de le suivre et qui n’y serait pas invitée. En cet instant, les seuls bienvenus seraient Belethar et Naal. Tout le long du chemin, il ne put s’empêcher de caresser murs et fontaines, arbres et buissons, de respirer l’air de sa romantique d’antan qui ne resterait romantique que pour un temps. Quand ses pas franchirent le seuil de son ancienne maisonnée, c’est une poignante mélancolie qui le happa. Là, jouets et lit d’enfants gisaient encore, tel qu’il les avait laissés dans l’agonie de sa détresse. Les robes de sa femme embaumaient toujours l’armoire de son doux parfum. Un instant, il crut voir flotter les spectres de leur passé, elle et lui enlacés, elle agonisant et son dernier soupir rendant, son enfant dans ses bras, ses cris de douleur et son trépas… Un bain lui tendait même les bras, des pétales de fleur caressant la surface de l’eau et leur parfum envahissant la pièce d’un doux effluve qu’il ne connaissait que trop bien. Rose et magnolia. Les fleurs préférées de sa première aimée.

Mais il ne pouvait rester pour l’éternité dans cette douce nostalgie et bien vite réalité reprit ses droits, l’enserrant de ses doigts abrupts et glacés. Il avait un Roi à voir. Ils devaient parlementer. Car oui, il avait su, vite senti, qu’il avait survécu. Si une part de lui le déplorait, une autre préférait cette option. Au moins il savait à qui il avait affaire. Et en cette histoire, il savait qu’ils pouvaient trouver un terrain d’entente. La boucle d’oreille et les Graärh enfuis, pour les services qu’il venait de rendre à la cité déchue du roi. Et des services, il en avait rendus : il avait réussi à décrypter cette chanson, à retrouver le chemin du passé pour suivre les pas de l’Ordre et les libérer de leur transe éternelle, ils avaient pu ainsi actionner les protections de la cité, épargner un grand nombre de morts qui aurait pu être bien plus conséquent sans cela, et mieux même… ils avaient ramené une cité comme neuve. Dans toute sa splendeur d’antan. Il avait aussi soutenu les combats, alors que rien ne lui obligeait, prenant sur lui pour cette manœuvre désespérée qui avait su arrêter la tempête. Oui, la Boucle d’oreille et les Graärh n’étaient pas un prix cher payé...

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La parole de la Confrérie

Le sainur sombre s’était jeté sur son adversaire la rage au ventre. Nathaniel Earendil ne détestait rien de plus au monde que ceux qui venaient semer le trouble dans ses affaires. Althaïa, SA belle Althaïa. Il avait mené son peuple jusqu’au crépuscule des chimères avec l’intention d’y asseoir le futur de la Confrérie. Il y était parvenu, il avait bâti quelque chose à partir des ruines. Il avait élevé à une nouvelle étape cette organisation de malfrat et ses habitants de l’ombre. À l’image d’un spirit du saumon, tout ceci était son patrimoine. La moindre balafre qui pouvait lui être affligée était comme venir blesser son égo et cela le gredin ne le supportait pas. Le fait que l’enfant de catin qui osait ravager SON Althaïa soit un graärh rajoutait une ironie à la situation et il ne l’appréciait guère.

N’écoutant pas le vrombissement d’agacement du bourdon, le sainur à la chevelure d’écume figea le temps et bondit sur son opposant avant de lui planter une lance en travers du crâne. L’immobilisant par la suite, il vint se servir de l’arme en ivoire perçant la tête du félin obèse comme d’un levier pour mieux lui briser le cou. Le Boucher enfin rendu son dernier souffle et Nathaniel, maintenant persuadé que son adversaire était mort, se laissa choir sur le côté en lâchant un profond soupire. Il lui semblait avoir drainé bien trop dans ses ressources d’énergie pour parvenir à défaire cet ennemi. Il savait les pouvoirs du bourdon gourmand, mais à ce point ? Non l’origine était ailleurs et il s’en rendit rapidement compte quand il sentit son lien avec ce dernier se fragiliser.

Quoi ? Pourquoi ? Qu’avait-il bien pu faire ? Le gredin crut entrevoir un début de réponse en sentant la colère de l’insecte spirituel à son égard. Il ne parvenait cependant pas à cerner exactement l’origine de ce ressentiment. Lui en voulait-il d’avoir usé de ses pouvoirs de la sorte pour venir à bout de Lolupata ? Où lui en voulait-il d’avoir tué Lolupata ? Cette interrogation sema le trouble chez l’ancien elfe. Il n’eut toutefois pas le temps d’y chercher une réponse. Une puissante magie venant se mettre à œuvrer sur l’ile.

Tout autour de lui les bâtiments disparurent les uns après les autres. Péniblement, le gredin commença à se relever, chancelant un peu et manquant de tomber quand une secousse frappa la terre non loin de lui. Kaiikathal venait d’atterrir. Le dragonnier lui adressa un sourire et vint s’appuyer contre elle.

« Tu t’es bien battu aujourd’hui ma liée. Peut-être es-tu bientôt prête à combattre à mes côtés à l’avenir. Bien que j’aurais préféré que tu ne sois pas confronté dès le début à un aussi gros morceau. »

Alors que la dragonne aidait le sainur à monter sur son dos. Celle-ci vint dans le même temps éructer une puissante langue de flamme à l’adresse du corps du félin vaincu. Celui-ci s’embrassa et il n’en resta bientôt plus que des cendres. Quel dommage, il aurait bien aimé afficher sa tête dans la cabine de son navire et se faire une descente de lit, un manteau ou peut-être même un tapis avec la peau de celui-ci. Tant pis, il devrait se contenter d’une reproduction. Il devait bien y avoir parmi les esclaves graärh un avec la peau tigrée.

La Marche-Tempête prit son envol et l’ancien elfe regarda au-dessous de lui sa cité disparaitre pour réapparaitre progressivement. Depuis les airs, il put avoir les blessés gisant au sol et avec l’aide de la dragonne, il put confirmer ceux qui respiraient encore et ceux qui avaient trépassé. Usant de l’anneau le reliant aux membres du centre d’opération de traque du Boucher, il leur indiqua les zones où envoyer de toute urgence des soigneurs. En leur indiquant bien entendu que tout danger avait été écarté.

Se laissant par la suite choir sur le dos de sa liée alors que cette dernière attendait la totale réapparition de la ville avant d’atterrir, Nathaniel leva une main en direction du ciel et l’ouvrit légèrement. Entre ses doigts se trouvait une figurine. Combinant les pouvoirs du colibri copié d’Aldaron et de son Narval, il avait pu enfermer dans l’ivoire une partie des souvenirs de son ennemi. Ce n’était pas le genre de trophée auquel il était habitué, mais pour cette fois il s’en contenterait. Bien trop épuisé qu’il était pour pouvoir se plaindre.

Se laissant aller à sa curiosité, le sainur sombre fit s’écouler en lui les souvenirs de la couronne de cendre. La première image qui lui vit fut celle d’un graärh heureux, respectable, noble et puissant. Il eut bien du mal à reconnaitre qu’il s’agissait là de Lolupata tant la différence physique était énorme, et le mot était bien choisi. La couronne de cendre avait visiblement lié sa vie à celle d’une femme. Quoi, une seule ? Quelle vie ennuyeuse il devait avoir menée. Ceci pouvait expliquer la prise de poids. Malheureusement, il n’en fut rien. Il y eut l’apparition d’un enfant, un jeune graärhon. La scène manqua presque de laisser indifférent le pirate s’il ne s’y était pas forcé. Malheureusement le pire était à venir et c’est dans ce pire que se trouvait la justification des actions de Lolupata. Un désespoir qui le poussa sur un chemin bien triste. L’Earendil aurait pu dire qu’il ne comprenait, mais il n’était pas sûr que cela soit le cas. Lui n’avait jamais perdu d’enfant, jamais de manière aussi atroce et pour cause il les avait toujours abandonnés, leur offrant une chance que lui n’avait jamais eu.

Le fils du boucher d’Althaïa fut consumé par la peste de corail. Cette maladie n’était donc pas nouvelle. Son origine, enfin, commençait à se dévoiler. Ce n’était bien sûr qu’une piste, mais une piste permettant d’obtenir une explication sur sa naissance. Peut-être s’agirait-il aussi d’un moyen d’en connaitre la solution. L’ancien elfe sombre s’imaginait déjà vendre le remède de cette malédiction à prix d’or à ceux qui en seraient infectés … bien sûr peut-être aurait-il lui-même contribué répandre à cette infection. À quoi bon vendre un remède quand il n’y a pas de maladie à guérir.

Ses pensées furent toutefois éloignées quand un ultime élément se révéla à lui. Le tout dernier souvenir. Celui-ci était flou, comme si on avait volontairement cherché à le dissimuler. Lolupata était sur le point de se donner la mort pour rejoindre son fils, mais aussi sa femme qu’il pensait morte n’ayant su supporter le trépas de leur enfant, mais Lalaach intervint avant le moment fatidique. Ce dernier avait une solution à lui proposer. Une solution pour retrouver sa femme et son fils. Il donna au félin tigré un espoir, un espoir venimeux toutefois, car il le forçait à rester en vie alors que cette dernière était devenue une souffrance sans les personnes qu’ils aimaient.

Cet espoir était le suivant : devenir des étoiles. Non, redevenir des étoiles. Transcender leurs existences. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Le sainur sombre n’était pas sûr, mais tout cela ne lui présageait rien de bon. En effet, le dernier être qui lui semblait avoir voulu commettre une telle chose n’était ni plus ni moins que le Tyran Blanc après voler le cœur de Néant et affronter les sept déesses. Heureusement pour tout le monde, ce dernier était mort la tête tranchée par les empereurs humains de l’époque.

« Les enfants nous font toujours faire les pires conneries du monde. Tu aurais pu t’éviter ça et peut-être lui éviter son tragique destin. »

Kaiikathal commença à amorcer une descente, la cité venait enfin de réapparaitre dans son intégralité. Elle avait bien changé, mais l’ancien elfe aurait tout le temps de la redécouvrir plus tard, après beaucoup de repos et d’alcool. La dragonne liée se posa à la sortie du souterrain précédemment bouché par les ruines du siège des tempêtes, qui avaient depuis disparu. Là, il y avait un attroupement d’une majeure partie de la population de la Confrérie qui retrouvait la lumière après la tempête.

La dragonne poussa un puissant rugissement, le sainur fit de même, se levant sur le dos de sa liée pour brandir haut sa masse Catherina en poussant un cri de victoire. Il n’en fallait pas plus pour que tout le monde comprenne que la menace qui pesait sur Althaïa venait de disparaitre, vaincue par leur roi.

Nathaniel abandonna l’esprit-lié du colibri pour venir lui préférer celui de l’hirondelle dont la poupée trônait toujours à sa ceinture. Il établit un contact avec Panaa.

« Hey, petit avorton. Ici ton maitre. La Confrérie récompense toujours ceux qui font du bon travail. Si ton collier d’esclave venait à te démanger, viens me voir. »

L’attention du roi des forbans se tourna ensuite vers Belethar et Ilhan. Il contacta le premier avec l’hirondelle et le deuxième grâce à l’anneau de communication, leur délivrant à tous deux le même message.

« La Confrérie a donné sa parole. La boucle d’oreille est votre. Althaïa est mienne, ainsi que la vie de son Boucher. À moins que ses alliés ne soient en possession d’un parchemin permettant de ressusciter les tas de cendre, vous pouvez rayer Lolupata de l’équation. Je me suis permis de prendre un petit bonus, je pense qu’il devrait vous intéresser. Bien sûr, cela ne sera pas gratuit, vous vous en doutez. Après tout, les souvenirs de couronnes de cendre, ça ne court pas les rues. »

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Avec mes excuses pour le délai : voici vos dés de récompenses !!



A cela s'ajoute le châle pour Reynagane :

Châle d'Eleathia
Châle de facture elfique, ancien et pourtant encore d'une couleur aussi vive que l'éclat d'un rubis. Les broderies dorées dessinent une lance de bois de vigne surmonté d'une pointe métallique. A bien des égards, on parle de la légende de l'elfe à la Lance qui défendit Althaïa et son amour contre les abominables vampires. Elle s'appelait Eleathia et fut un symbole sans conteste du romantisme.
Glyphe 1 - Compassion : Les personnes présentes dans un rayon de 5m autour du porteur se sentent plus enclines à aider le porteur spontanément. L'aide apportée ne peut néanmoins pas entrer en conflit avec les convictions et les valeur de l'aidant. Il est possible d'y résister sur jet de force mentale réussi.
Glyphe 2 - Dévotion : Les personnes présentes dans un rayon de 5m autour du porteur peuvent ressentir de l'affection voir de l'amour pour le porteur (uniquement en cas de force mentale inférieure ou égale à faible, pour l'amour). L'amour ressenti ne peut néanmoins pas entrer en conflit avec les convictions et les valeurs de la cible. Il est possible d'y résister sur jet de force mentale réussi.


Belethar repart avec l'œuf de dragon au domaine.

Les PNJ althaïens sont adoptables si vous souhaitez faire des propositions de prédéfinis.

Dernière édition par Le conteur le Lun 28 Mar 2022 - 11:05, édité 1 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Lot d'Intrigue' :
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