Valmys avait eu un sourire amer, lorsque son cousin lui avait avou être enfant unique, et avait fait le lien entre ce fait, et la protection dont il avait bénéficié. Il n'y avait pas que cela. Eut-il été un enfant différent, sa mère l'aurait sans doute considéré autrement. Peut-être avec une simpe distance qu'elle aurait prétendue bienveillante, en ayant conscience ou non. Valmys, lui, n'avait pas même eu le droit à la distance. Il avait été abandonné, relégué, sur sa seule apparence, avant même qu'il ait pu commettre quelque méfait dans son existence. Longtemps il en avait tenu rancoeur à ses parents. Désormais, il déplorait leur absence. Quelques années plus tôt, il espérait secrètement qu'ils furent encore en vie, avant de se rendre à l'évidence: quand bien même ils l'eut étés, le seul fait qu'ils ne se soient présentés au Domaine aurait suffi à définir ce qu'ils attendaient de lui. Il devait vivre sans, avec toujours ce vide et ces questionnements là où nombre de ses congénères trouvaient des figures inébranlables.
Si l'elfe aux oreilles rondes ne sut en sourire, il s'amusa et s'attendri de la sensibilité qu'évoquait Ilyanth. Par chance, l'enseignement qu'il avait reçu lui avait tôt appris à se montrer bienveillant envers celles et ceux qui portaient ce trait de caractère, là où beaucoup ne voyaient que faiblesse et, parfois, attribut issu de privilèges sociaux. Des mensonges, tout cela. En revanche, Valmys aimait à croire que de telles sensibilités s'accordaient plus aisément avec les arts, au moins dans leur appréciation.
L'apprenti laissa Ilyanth parler, songeant déjà à ce que lui pourrait raconter. Rien qui ne soit déjà dans son chant-nom... Mais le Cawr avait-il vraiment eu le temps de tout lire ? C'était peu probable. Alors peut-être pourrait-il lui épargner de tout écouter, pour lui donner l'aperçu de quelques parties. Toutes semblaient plus claires en comparaison avec celle qui avait eu raison de la sensibilité du chantefeu.
Ils partageaient de toute évidence d'autres points communs. Tous deux avaient perdu des êtres chers. Néanmoins ce fut en découvrant que la femme d'Ilyanth avait perdu la vie que Valmys partagea le plus sa peine. Parmi les blessures que lui avait infligé le monde, celle-ci lui avait été épargnée, il en ignorait la véritable étendue, mais se l'imaginait sans mal. Il regretta, encore, de n'être capable de prendre son cousin dans ses bras, pour le réconforter et lui apporter ce soutien qu'il ne savait apporter par les mots. Au lieu de cela, il put tout juste aligner quelques notes un peu tendres sur son psaltérion, pour lui signifier ce que son chant-nom lui disait sans doute déjà: il était avec lui dans sa douleur, et prêt à le soutenir s'il existait quelque moyen de faire cela. Ces instants étaient toujours si délicats... Il était si aisé de blesser, si difficile de soigner ! Les elfes avaient beau avoir perfectionné l'art de la guérison, les cawrs avaient beau pouvoir remettre un corps à neuf, nul ne savait encore guérir les esprits et les coeurs. Quand bien même ils l'eussent pu, il doutait que, par amour pour la défunte, Ilyanth eut accepté de se défaire de sa peine. La douleur n'était-elle pas une marque d'affection ?
Au moins avait-il une raison valable derrière sa peine, là où Valmys n'avait que la cruauté de ses pairs. L'apprenti détourna le regard lorsque le chantefeu commença à parler d'amour. Il savait très bien que, pour lui, tout allait être plus complexe, désormais. Les appels de son coeurs seraient freinés par les craintes de son corps... Si seulement ce dernier lui laissait à nouveau l'opportunité d'aimer. Les images revinrent à sa mémoire. Valmys n'était pas encore en état d'envisager qu'il puisse y avoir d'autres avenirs par-delà sa peine, que la perte qu'il venait de subir ne l'empêcherait jamais de créer des liens d'un sentiment tout aussi fort. L'amitié était ce bois rare qui faisait brûler des feux dans les nuits du désert. Il n'avait encore qu'effleuré sa chaleur au travers de ses maîtres, sans jamais l'embrasser véritablement. Il ne se doutait pas du présent que cela pouvait être.
Au lieu de cela, il ne voyait que le gâchis de tout ce temps qu'il avait passé à accepter ses propres attirances, et les rêves qu'il avait pu tisser qui se souillaient des souvenirs qui le hantaient. Quelle étreinte pourrait lui paraitre bienveillante, désormais ?
"- ..."Un" elfe ? Il faut croire que c'est de famille..."
Fit-il, badin, tant pour détendre l'atmosphère que pour signifier à son cousin que, sur ce sujet, il ne serait jugé. À vrai dire, Valmys était presque sûr que, s'il avait encore eu le coeur à ces choses-là, il aurait apprécié d'avoir une personne fiable avec qui discuter de... Tout ça. N'aurait-ce été parce que nulle littérature, et nul enseignement, ne couvrait un sujet aussi précieux.
Néanmoins, il songea que la souffrance que son cousin avait évoquée valait mieux de le laisser faire les premiers pas s'il souhaitait en parler davantage. Désirant épargner son cousin, Valmys continua de parler:
"- Je ne crois pas être véritablement tombé amoureux un jour. En voyageant, ç'aurait été bien triste... Et cesser de suivre celui qui m'a tant enseigné pour un coup de coeur m'aurait paru dommage. Il me reste encore tant à apprendre..." Pourtant, son apprentissage avait été grandement accéléré. Ingurgiter cent quarante ans de savoir et d'expérience avait eu ses aspects positifs. "Cet Enwr qui m'a pris sous son aile était ce qui se rapprochait le plus d'un père, pour moi. Mais... Je suis curieux de voir ce que je partagerai, avec mon prochain maître. Je sais que je dois partir vers Endëaerumë, mais après, j'ignore si je ne resterai pas un peu sur Néthéril... Avant d'aller voir les autres îles. Cela me semblerait fort triste d'avoir tant à découvrir, et ne pas au moins en voir la surface. J'espère juste que j'en aurai à nouveau la force."
Il ne parlait pas que de son âme, pour le coup. Son corps aussi avait besoin de se remettre. Le bout de ses doigts caressa les cordes de son instrument, pour quelques notes qui, même si mélancolique, prenaient désormais une teinte aprticulière: celle de la neige, premier élément de l'archipel qu'il avait vu. Elle l'avait couvert de peine, avant que vienne enfin le soulagement de retrouver les siens. Songeur, il se demanda si Ilyanth avait également l'intention de voyager. Avec un fils si jeune, ce pouvait être compliqué, mais... L'Ordre était là pour veiller sur lui, non ? S'il ne partait pas longtemps, juste pour découvrir un peu, ce ne devait pas être si dramatique. Parcourir les routes en compagnie de son cousin lui paraissait déjà moins difficile. Il n'osa néanmoins le lui demander. Pas après tout ce qu'il faisait pour lui, et après avoir déjà abordé le sujet hier, cela lui aurait paru insistant. Il se permit tout de même de demander:
"- As-tu quelques plans, pour les années à venir ?" Puis, après un temps: "Et... Y a-t-il des choses que je dois savoir sur Néthéril ?"
Si l'elfe aux oreilles rondes ne sut en sourire, il s'amusa et s'attendri de la sensibilité qu'évoquait Ilyanth. Par chance, l'enseignement qu'il avait reçu lui avait tôt appris à se montrer bienveillant envers celles et ceux qui portaient ce trait de caractère, là où beaucoup ne voyaient que faiblesse et, parfois, attribut issu de privilèges sociaux. Des mensonges, tout cela. En revanche, Valmys aimait à croire que de telles sensibilités s'accordaient plus aisément avec les arts, au moins dans leur appréciation.
L'apprenti laissa Ilyanth parler, songeant déjà à ce que lui pourrait raconter. Rien qui ne soit déjà dans son chant-nom... Mais le Cawr avait-il vraiment eu le temps de tout lire ? C'était peu probable. Alors peut-être pourrait-il lui épargner de tout écouter, pour lui donner l'aperçu de quelques parties. Toutes semblaient plus claires en comparaison avec celle qui avait eu raison de la sensibilité du chantefeu.
Ils partageaient de toute évidence d'autres points communs. Tous deux avaient perdu des êtres chers. Néanmoins ce fut en découvrant que la femme d'Ilyanth avait perdu la vie que Valmys partagea le plus sa peine. Parmi les blessures que lui avait infligé le monde, celle-ci lui avait été épargnée, il en ignorait la véritable étendue, mais se l'imaginait sans mal. Il regretta, encore, de n'être capable de prendre son cousin dans ses bras, pour le réconforter et lui apporter ce soutien qu'il ne savait apporter par les mots. Au lieu de cela, il put tout juste aligner quelques notes un peu tendres sur son psaltérion, pour lui signifier ce que son chant-nom lui disait sans doute déjà: il était avec lui dans sa douleur, et prêt à le soutenir s'il existait quelque moyen de faire cela. Ces instants étaient toujours si délicats... Il était si aisé de blesser, si difficile de soigner ! Les elfes avaient beau avoir perfectionné l'art de la guérison, les cawrs avaient beau pouvoir remettre un corps à neuf, nul ne savait encore guérir les esprits et les coeurs. Quand bien même ils l'eussent pu, il doutait que, par amour pour la défunte, Ilyanth eut accepté de se défaire de sa peine. La douleur n'était-elle pas une marque d'affection ?
Au moins avait-il une raison valable derrière sa peine, là où Valmys n'avait que la cruauté de ses pairs. L'apprenti détourna le regard lorsque le chantefeu commença à parler d'amour. Il savait très bien que, pour lui, tout allait être plus complexe, désormais. Les appels de son coeurs seraient freinés par les craintes de son corps... Si seulement ce dernier lui laissait à nouveau l'opportunité d'aimer. Les images revinrent à sa mémoire. Valmys n'était pas encore en état d'envisager qu'il puisse y avoir d'autres avenirs par-delà sa peine, que la perte qu'il venait de subir ne l'empêcherait jamais de créer des liens d'un sentiment tout aussi fort. L'amitié était ce bois rare qui faisait brûler des feux dans les nuits du désert. Il n'avait encore qu'effleuré sa chaleur au travers de ses maîtres, sans jamais l'embrasser véritablement. Il ne se doutait pas du présent que cela pouvait être.
Au lieu de cela, il ne voyait que le gâchis de tout ce temps qu'il avait passé à accepter ses propres attirances, et les rêves qu'il avait pu tisser qui se souillaient des souvenirs qui le hantaient. Quelle étreinte pourrait lui paraitre bienveillante, désormais ?
"- ..."Un" elfe ? Il faut croire que c'est de famille..."
Fit-il, badin, tant pour détendre l'atmosphère que pour signifier à son cousin que, sur ce sujet, il ne serait jugé. À vrai dire, Valmys était presque sûr que, s'il avait encore eu le coeur à ces choses-là, il aurait apprécié d'avoir une personne fiable avec qui discuter de... Tout ça. N'aurait-ce été parce que nulle littérature, et nul enseignement, ne couvrait un sujet aussi précieux.
Néanmoins, il songea que la souffrance que son cousin avait évoquée valait mieux de le laisser faire les premiers pas s'il souhaitait en parler davantage. Désirant épargner son cousin, Valmys continua de parler:
"- Je ne crois pas être véritablement tombé amoureux un jour. En voyageant, ç'aurait été bien triste... Et cesser de suivre celui qui m'a tant enseigné pour un coup de coeur m'aurait paru dommage. Il me reste encore tant à apprendre..." Pourtant, son apprentissage avait été grandement accéléré. Ingurgiter cent quarante ans de savoir et d'expérience avait eu ses aspects positifs. "Cet Enwr qui m'a pris sous son aile était ce qui se rapprochait le plus d'un père, pour moi. Mais... Je suis curieux de voir ce que je partagerai, avec mon prochain maître. Je sais que je dois partir vers Endëaerumë, mais après, j'ignore si je ne resterai pas un peu sur Néthéril... Avant d'aller voir les autres îles. Cela me semblerait fort triste d'avoir tant à découvrir, et ne pas au moins en voir la surface. J'espère juste que j'en aurai à nouveau la force."
Il ne parlait pas que de son âme, pour le coup. Son corps aussi avait besoin de se remettre. Le bout de ses doigts caressa les cordes de son instrument, pour quelques notes qui, même si mélancolique, prenaient désormais une teinte aprticulière: celle de la neige, premier élément de l'archipel qu'il avait vu. Elle l'avait couvert de peine, avant que vienne enfin le soulagement de retrouver les siens. Songeur, il se demanda si Ilyanth avait également l'intention de voyager. Avec un fils si jeune, ce pouvait être compliqué, mais... L'Ordre était là pour veiller sur lui, non ? S'il ne partait pas longtemps, juste pour découvrir un peu, ce ne devait pas être si dramatique. Parcourir les routes en compagnie de son cousin lui paraissait déjà moins difficile. Il n'osa néanmoins le lui demander. Pas après tout ce qu'il faisait pour lui, et après avoir déjà abordé le sujet hier, cela lui aurait paru insistant. Il se permit tout de même de demander:
"- As-tu quelques plans, pour les années à venir ?" Puis, après un temps: "Et... Y a-t-il des choses que je dois savoir sur Néthéril ?"