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Seö Wënmimeril



Identité de votre personnage

Race : Elfe
Nom : Wënmimeril
Prénom : Seö
Surnom :  - [Titre : Loméngrin (Echo d'acier)]
Date de naissance : Octobre 1577
Age réel : 186
Age en apparence : 22 ans
Lieu de naissance : Ancien Royaume Elfique
Lieu de vie : Nomade
Rang social : Petit peuple
Poste/emploi : Maitre des glyphes (Artisan)

Caractéristiques (Cliquez ici pour les compétences)



Force physique : Moyen
Agilité : Bon
Furtivité : Moyen
Réflexes : Bon
Endurance : Très bon
Résistance : Moyen

Force mentale : Bon
Perception : Moyen
Intelligence : Bon
Beauté/charisme : Bon
Navigation : Faible
Magie : Moyen

Epée : Médiocre
Dague et poignards : Médiocre
Armes d'hast : Très bon
Armes contondantes : Bon
Hache : Médiocre
Fouet : Médiocre
Art du lancer : Médiocre
Bouclier  : Médiocre
Armes de trait : Médiocre
Mains nues/pugilat : Moyen
Equitation : Faible
Dressage : Faible


Equipement


Arme principale : Ahavarion, le chante acier.
Une arme étrange, composée d’un manche et de deux lames légèrement incurvées situées à chacune de ses extrémités. Le manche est en bois blanc, et le tissu qui le recouvre est beige.
Glyphe : Efficacité - Draconique [+1 à la maitrise de l'arme]
Glyphe : Résonance - Draconique [L’acier des deux lames de la lance produit des vibrations conséquentes dans les armes et armures en acier des individus ayant été en contact avec la lance. La résonance vient gêner les déplacements et leur maniement, leur apportant un malus (jusqu'à -5 en intrigue) à leur utilisation. La résonance n’a effet que sur les armures et armes métalliques. L'effet se dissipe quelques minutes après avoir touché la lance (1 tour d'intrigue) et peut se réappliquer si le contact se fait à nouveau]


Autres objets :
Sceptre de Fenris
Un long sceptre en bois blanc dont l’extrémité prend la forme d’une griffe de loup recourbée. Des gravures parsèment le bâton, représentant une fresque où l’on peut entrevoir des scènes comprenant hommes et loups. Ces miniatures n’offrent pas quelque chose de vraiment cohérant toutefois, elles semblent être une simple décoration.
Glyphe : Loup-de-Givre - Draconique [Invoque pour une durée limitée (3 tours en intrigue) un loup blanc aux griffes gelées de la taille d’un grand loup. L’invocation suit les ordres et les intentions du lanceur. La créature est matérielle et donc peut subir des blessures qui peuvent écourter son temps d’invocation. Lorsque ce dernier est terminé, la créature se désagrège. Le loup peut être invoqué 1 fois par jour.]

Sceptre de gel
Un long bâton fait de bois blanc aux reflets étrangement bleutés. Il mesure un peu mois de la taille de Seö et est accroché au même endroit que ces autres armes, dans son dos. Il possède l’enchantement « pluie glacée », créé par l’elfe lui-même.
Glyphe : Pluie glacée - Elémentaire [De nombreux pics de glace s’échappent de l’extrémité du bâton et s’abattent sur l’emplacement ciblé. Les dégâts peuvent être importants sur les cibles dépourvues d’armures, modérés pour les utilisateurs d’armures légères et moyennes, et relativement faibles contre les armure lourdes.]

Nurtalëhir, le Seigneur disparu
Armure de cuir blanc aux lanières beiges, très claire, très souple, elle est enchantée pour donner une agilité de félin à son porteur ( + 2 à la caractéristique ). Matériel : cuir.
Glyphe : Agilité féline – Draconique [Augmente de deux rangs l'agilité du porteur]
Glyphe : Brume – Draconique [Permet 3 fois par jour pendant une esquive de se transformer momentanément (pendant une seconde) en brume pour ainsi passer au travers de n'importe quel assaut.]

Sticharion de lumière
Tunique tissé d'un ensemble de soie et de cuir sylvain de couleur blanc doré qui semble luire d'une faible lueur en permanence, elle s'arrête à mi- jambe et protège très bien du froid et de la chaleur et permet de voir même la nuit grâce à son halo. Des filigranes et des calligraphies crème couvrent les bras et le col de la tunique et les coutures sont imbibées de magie. Seö porte cette tunique sous son armure de cuir, ce qui réduit considérablement le halo lumineux produit par le vêtement.
Glyphe : Douce lumière – Elémentaire [Emet un halo lumineux perceptible qui illumine les alentours]
Glyphe : Protection thermique – Elémentaire [Offre une bonne protection contre les aléas de températures]
Glyphe : Protection magique – Draconique [Offre une bonne protection contre la magie jusqu'au niveau puissant inclut]
Glyphe : Indestructible – Draconique [L'objet possédant cet enchantement est indestructible, mais le porteur peut très bien être atteint par des attaques physiques]


Cape de voyage
Une grande cape de tissu blanc. Elle est de bonne facture et permet de se protéger des intempéries avec une efficacité relative. Elle possède un col et une capuche qui lui permette de cacher une grande partie du visage de l’elfe

Bottes de voyage
Une paire de botte faite en cuir et teintes en blanc. Elles semblent à première vue assez usées. D’étranges symboles ornent la semelle, attestant de la présence de l’enchantement « marche du vent ».
Glyphe : Marche du vent - Rune [L’enchantement prend effet lorsque le lanceur frappe ses talons l’un contre l’autre. Il voit alors sa vitesse et son endurance augmenter, ce qui lui permet de parcourir de la distance et de voyager à bonne vitesse.]

Fourreau dorsal
Une accroche peu commune posée au-dessus de la cape de l’elfe. Elle possède plusieurs emplacements permettant de ranger jusque cinq bâtons et une lance dans le dos sans trop gêner les mouvements ou la marche. Cet objet a été fabriqué par Alvis, et est spécialement conçu et adapté à la physionomie de l’elfe.



Description physique




Physionomie

Séo est un elfe un peu plus grand que la moyenne [Environ 1m90] avec une peau légèrement mate. Son corps est svelte et élancé, et il possède une musculature fine liée d’une part à ses voyages, et d’autres part à tous ses entrainements. Habitué aux climats de plusieurs zones d’Ambarhùna, le jeune elfe s’adapte plutôt bien à tous les types de températures. Toutefois, il semblerait que son corps résiste mieux au froid plutôt qu’aux fortes chaleurs. Blessé lors des combats récents qui l’ont opposé aux Almaréens puis à la Théocratie, on peut apercevoir de longues cicatrices blanches remontants jusque sous son menton. Même si elles sont moins visibles et semblent moins grave, ses cuisses, ses bras et ses côtes sont aussi zébrées de vestiges de ses combats passés.


Visage


Le visage de Séo est fin, plutôt avenant. Sa chevelure blanche jure avec sa peau mate, lui donnant davantage de relief. Ses cheveux sont plutôt courts d’ordinaire, et souvent en bataille. Ses yeux sont de couleur marron, légèrement ambrés, et il possède souvent une lueur bienveillante dans le regard. Il a un sourire plutôt avenant, dévoilant une fine dentition blanche. On peut également observer une légère coupure au niveau de son oreille droite. Il n’a généralement pas de barbe, se rasant d’assez près lorsqu’il en a l’occasion.


Tenue


Lors de ses différents voyage, Séo est équipé d’une fine armure de cuir foncée, enveloppée dans longue cape noire. Sa tenue possède un col qu’il remonte souvent jusqu’au niveau du nez, cachant ainsi ses blessures au menton. Il voyage souvent la capuche rabaissée, ne laissant finalement entrevoir que ses yeux. Il est équipé d’une solide ceinture à laquelle sont accrochées de petites sacoches ainsi qu’un petit grimoire, suspendu au niveau de sa cuisse par deux solides chaines attachées à cette ceinture. Au pied, il porte une paire de botte de qualité, mais usée par ses différents voyages. On peut distinguer d’étranges symboles sous la chaussure. Le reste de son équipement est porté sur son dos par un solide harnachement. Il se balade souvent avec sa lance ainsi que divers bâtons, tous attachés par le même mécanisme. Cet harnachement est généralement recouvert d’un grand sac en cuir brun qu’il utilise pour ses voyages.



Description mentale




Seö était quelqu’un de profondément gentil au début de ses voyages. Il n’a pas perdu cette gentillesse mais elle est désormais beaucoup plus mesurée. Il se soucie des autres sans toutefois être un preux chevalier au service de la veuve et de l’orphelin. Il aide dans la mesure du possible, sans non plus vouloir se mettre en danger ou nuire à sa propre santé. Ce comportement est essentiellement valable pour les inconnus, il agit différemment lorsqu’il s’agit de ses proches.

A côté de ça, Sëo peut être quelqu’un d’assez silencieux. Sans tomber dans le mutisme ou l’asociabilité, il n’a pas la verve que peuvent avoir certains représentants de son peuple. Il se fait souvent discret lorsqu’il est en communauté, préférant voyager seul ou éventuellement en petit groupe. Toutefois, il est assez facile de lui parler, c’est simplement qu’il est rare qu’il vienne faire le premier pas.



Famille


Sëo a toujours été très proche de sa mère, et même de son Père, qu’il n’a jamais pu totalement détester. Il aurait tout fait pour eux à l’époque, mais la déception qu’avait son père à son sujet l’a dissuadé de rester, de peur d’aggraver les choses. Aujourd’hui encore, il pense souvent à eux, et va jusqu’à regretter parfois de ne pas avoir pu se hisser au niveau d’exigence de son géniteur. Quant à sa mère, il regrette chaque jour de l’avoir laissée tomber sans plus d’explication.


Amitié

Seö est très proche de ses amis. Il n’y a que pour eux qu’il est capable de risquer réellement sa vie pour leur venir en aide. Malgré tous ses déboires, Seö n’a jamais pu effacer ce trait de personnalité qui le caractérise. Malgré ses voyages en solitaires, il n’hésite plus à rendre régulièrement visite à ses amis, prenant plaisir à partager avec eux ses histoires et ses expériences.


Les Vampires


Sëo ne les aime pas beaucoup puisqu’il juge qu’on ne peut pas leur faire confiance, mais il n’en reste pas moins courtois lorsqu’il croise des représentants de la race de la nuit qui semblent modérés. En fait, c’est surtout qu’il n’en a jamais côtoyé personnellement, et que les seuls vampires qu’il a pu rencontrer étaient à Aigue Royale et ont fini par trahir l’alliance. Sa pensée à leur sujet n’est pas encore clairement définie, faute d’expérience probablement.


Les Humains


Sëo a appris à profondément apprécier ce peuple qui cultive autant de différence. Il en a rencontré et aidé beaucoup, comme eux ont aussi pu lui rendre service. N’étant pas né dans la noblesse elfique et ayant souvent vécu sur les chemins, il se sent parfois plus proche d’eux que de son peuple. Il reste donc plus facilement à leurs côtés, et pense être plus à l’aise dans les villes hétéroclites comme Caladon que dans les cimes Elfiques, ce qui explique pourquoi il ne les a encore jamais visitées.


Les Elfes


Sëo aime profondément son peuple. Malgré ça, il ne se sent pas forcément très à l’aise lorsqu’il est entouré de représentants de la race elfique, n’ayant pas l’habitude de se plier à leurs us et coutumes. Il n’a jamais appris à côtoyer la noblesse, et ne connait pas du tout les différents protocoles qui peuvent régir son peuple.

La Guerre


Initialement, Seö désapprouvais toute forme de violence. Depuis qu’il a des choses et des gens à protéger, il a revu son point de vue là-dessus. Toutefois, il refuse d’être celui qui déclenche les hostilités, ne se servant de ses talents que pour venir en aide à ses proches ou pour se défendre. Il faudrait une sacrée bonne raison pour le pousser à participer à des expéditions punitives, même si elles sont justifiées.


Alignement :  Seö peut avoir une attitude parfois neutre, mais elle n’est jamais négative. C’est donc quelqu’un de particulièrement bon par nature.




Histoire



I. Premières années
Automne 1577 – Hiver 1702

Je suis né durant l’année 1577, en Automne, dans une maison située au Nord-Est de la cité Elfique. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mes premières années, simplement ce qu’on a pu m’en raconter par la suite. Ma naissance fut fêtée trois jours durant par le peuple elfique, tant l’évènement était important pour eux. La natalité des elfes a toujours été basse, c’est vrai, mais en cette période, c’était pour eux un rayon d’espoir. Enfin. C’est ce qu’ils disaient.

Moi, je me souviens surtout de la douceur infinie de ma mère, et de son sourire. Durant les premières années de ma vie, c’est elle qui fut derrière moi, me félicitant à chacune de mes réussites et de mes avancées.  Cette période de ma vie est encore une fois très floue, du moins jusqu’à ce que j’aie une quinzaine d’années.

Mon père n’avait vraiment jamais été intéressé par mon éducation. J’ai rapidement appris qu’il était issu d’une puissante lignée de mages. Enfin, si toutefois on peut appeler ça une lignée. J’ai toujours souhaité qu’il m’accepte aussi chaleureusement que ma mère s’était occupée de moi. Je m’efforçais donc d’apprendre la magie, ou du moins apprendre à l’utiliser. Un jour, j’arrivais vers lui en courant, le visage illuminé par un grand sourire. Il me regarda avec un air interrogateur. Je joins alors mes mains en liant mes doigts, avant d’ouvrir brusquement ces derniers, faisant apparaitre un beau bouquet de fleurs blanches. Son regard changea, une lueur étrange dans le regard.

« J’attendais ce moment depuis longtemps, Seö Wënmimeril » Dit-il, sans avoir qu’il m’avait fallu un mois complet pour maitriser ce sort. « Tu es assez vieux pour que je t’enseigne notre magie. ». Son ton était posé, mais loin d’être chaleureux. Toutefois, je me rappelle avoir décelé une pointe de fierté dans son regard, et ça me suffisait.

Ainsi commença mon apprentissage. Mon père était exigeant, mais je progressais vite. Les vingt années qui suivirent, je suivais ses conseils, m’efforçant au mieux de le rendre fier de moi. Toutefois, un problème commençait à devenir redondant. Les séances me laissaient épuisé, et, même si mon père ne me laissait que peu de temps pour me reposer, il ne comprenait pas ma fatigue. Il fit alors appel à un de ses amis. Il était réputé pour sa force physique et son endurance hors du commun. Il avait, parait-il, été un grand guerrier à une époque.

Mon père voulait que je poursuive la magie tout en exerçant mon corps, pour augmenter drastiquement mon endurance. Aradan, puisque c’est ainsi qu’il s’appelait, ne me ménageait pas moins que mon lui, bien au contraire. Il m’apprit le combat à la lance, laissant mon corps couvert d’ecchymoses à la suite de chacun de ses cours. Je n’avais pas le temps de me reposer que je devais retourner aussitôt pratiquer la magie, sous l’œil sévère de mon géniteur.

Avec ces entrainements, je me sentis vite seul. J'avais déjà pu croiser des elfes qui avaient à peu près mon âge, mais je n’avais absolument pas de temps pour pouvoir m’épanouir dans une autre activité. Après mes longues et rudes journées, je m’écroulais, épuisé, et je m’endormais aussitôt.

Cet entrainement se poursuivit durant la centaine d’années qui suivirent. Du à ce dernier, je n'avais aucuns points de comparaison et je finis par me dire qu’il s’agissait sans doute de l’éducation de tous les jeunes elfes. Je ne parlais que peu avec d’autres représentants de ma race, et je finis par me dire que, finalement, je n’étais pas tant à plaindre que ça.


II. Le conflit
Hiver 1702 – Hiver 1750

Les entrainements allaient en s’intensifiant, mon père voulant que je progresse toujours plus vite. Malheureusement, je commençais à ne plus vraiment suivre le rythme. Je ne progressais plus aussi facilement qu’avant, et mon corps commençait à assez mal supporter la cadence effrénée que mes deux instructeurs me faisaient suivre. Excédé, mon père entrait dans des colères froides, demandant aux dieux pourquoi ils lui avaient confié un fils aussi incapable.

Ma mère essayait, elle, d’adoucir mon existence mais elle n’osait pas entrer en conflit direct avec mon père. C’est pour ça qu’elle me transmit sa passion pour la sculpture du bois. Je parvenais donc à m’extirper de ma condition en sculptant de solides bâtons, avant d’en améliorer les gravures. Ma chambre finit parsemée de branches dans lesquelles étaient sculptées des formes d’animaux, des têtes, ou simplement des motifs harmonieux.

Même si je ne maitrisais pas la magie aussi bien que mon père l’aurait voulu, je commençais à devenir plus solide et plus fort. Les entrainements couplés de mon géniteur et de mon instructeur avaient forgé mon corps. J’étais plus endurant, plus rapide, et je pouvais maintenant parcourir de grandes distances sans m’essouffler. Coté magie, je maitrisais des sorts plus puissants, et, surtout, j’en avais appris un certain nombre. Toutefois, plus je progressais, plus ma formation devenait rude.

C’est dans ce contexte que réapparurent les trois œufs de dragons. Mon père, souhaitant que je devienne la fierté de la famille plutôt que son déshonneur, tenta de m’obliger à aller à la rencontre de ces nouveaux dragons. Je savais pertinemment que je ne serais jamais choisi. La guerre, la chevalerie… tout ça ne m’intéressait pas vraiment. Moi, j’avais toujours voulu voyager et découvrir Ambarhùna de long en large. Je ne souhaitais pas guerroyer ou sauver les peuples. Ce fut d’ailleurs mon argumentaire qui acheva, je crois, de décevoir mon père. Dès lors, il se désintéressa totalement de moi. Je compris que son avis ne changerait jamais, et, au grand damne de ma mère, je choisis de quitter la maison pour entreprendre mon voyage.


III. L’éveil
Fin de l’hiver 1750 – Printemps 1752

Pour quelqu’un qui n’a jamais voyagé, la route peut vite devenir plus compliquée. Je n’échappais pas à la règle. Je ne savais pas où j’allais, ni même ce que j’y ferais. Je voulais simplement quitter tout ce qui me rattachait à mon père. Je commençais donc à arpenter les routes, me dirigeant plus ou moins vers l’Est.

N’ayant emporté que peu de vivres, je commençais à rapidement fatiguer. J’étais, je crois, arrivé à la lisière de ma forêt elfique, complètement épuisé. L’œil hagard, je refusais d’abandonner, usant de mes dernières forces pour continuer d’avancer. J’étais désorienté et je ne vis pas la brutale pente devant moi. Je tombais, roulant sans pouvoir m’arrêter. Ma tête heurta violemment une roche saillante, et je perdais connaissance.

A mon réveil, je me trouvais dans une douce chaumière chauffée par un feu de cheminée. Une Elfe, se trouvait à mes côtés. Je me souviens de sa longue chevelure rousse, et de ses profonds yeux ambrés. Un peu plus petite que moi, elle semblait pourtant plus assurée, confiante. Elle devait être légèrement plus âgée, même si ça ne se voyait pas du tout de prime abord.

Elle me tendit un bol, contenant probablement du ragout ou de la soupe, en me regardant avec bienveillance.

« Tiens, mange. Tu en as besoin » Elle attendit patiemment pendant que je me sustentais sans hésiter une seconde. Après avoir de nouveau plongé son regard dans le mien, elle me sourit, en désignant le bâton de marche que je m’étais sculpté des années auparavant.

« C’est toi qui l’a fait ? » Je répondis en hochant affirmativement la tête. Elle sembla pensive quelques instants.

« Bon. Ecoute. Je ne sais pas d’où tu viens ni qui tu es. Je sais seulement que, pour qu’un Elfe choisisse de voyager seul, sans s’arrêter, il faut qu’il ait une bonne raison. Tu as de la chance que j’ai pu te trouver ».

Voyant que je ne répondais rien, elle ajouta :

« Je ne vais pas te la demander, cette raison. Si tu le veux, tu peux rester ici. J’ai besoin d’un assistant. » Elle me regarda, souriant doucement.

J’hésitais quelques secondes, avant de répondre :

« Vous assister… ? Mais à quoi ? »

Et c’est ainsi que je fis la rencontre de la personne qui allait modifier ma vie et ma vision du monde. Cette Elfe, que seule la gentillesse avait poussé à me sauver, était un Maitre des glyphes.

Pendant les mois qui suivirent, elle m’apprit comment enchanter des objets, mais pas seulement. Nous voyageâmes beaucoup dans les vieux bois, nos excursions nous menant toujours un peu plus loin pour rechercher les ingrédients dont nous avions besoin. Nous entendîmes parler du retour des vampires et de la guerre qui se préparait entre eux et les humains. Nous restâmes à l’abris de la forêt, évitant d’en sortir trop souvent ou de s’aventurer trop loin.

Afin d’assurer ma sécurité, ainsi et surtout que celle de Laurelin, je pratiquais des entrainements réguliers, que ce soit en magie, pour manier la lance ou simplement pour continuer de forger mon corps. Je ne savais pas vraiment ce qu’il se passerait si nous tombions contre des vampires, ni même si je serais en mesure de les affronter si cela s’avérait nécessaire. Mais cela ne nous empêchait pas de continuer notre route.

Quelques mois après, Laurelin me dit que j’étais prêt à voyager seul et que, en ma qualité d’assistant, il était maintenant de mon devoir de lui ramener de quoi pratiquer son art. A y repenser aujourd’hui, je pense qu’elle voulait surtout que je puisse profiter de ces années pour voyager. Elle aussi devait sentir que la guerre pointait le bout de son nez, et qu’il ne faudrait pas longtemps pour que le Chaos règne à nouveau sur Ambarhùna. Elle m’offrit ce jour-là une paire de botte glyphée par ses soins, qui me permirent de voyager plus aisément à travers le continent. Elle me confia également un petit grimoire qui résumait ses techniques qu’elle avait elle-même écrit.

Mon premier voyage en solitaire fut plus aisé que je ne l’aurais cru. Certes, j’évitais de trop m’éloigner du royaume elfique pour ne pas tomber sur des vampires, mais je poussais légèrement plus loin que de coutume, m’aventurant une nouvelle fois aux portes du royaume humain. J’évitais toutefois de m’y enfoncer trop profondément, suivant les conseils avisés de Laurelin. Lorsque je jugeais avoir récolté assez de composants, je faisais demi-tour et je revenais auprès d’elle.

Un jour, un client régulier vint nous voir. Il nous apprit avec tristesse la mort d'un des jeunes dragons des mains du prince des vampires. Encore eux. Toujours eux. Le monde rebasculait dans le chaos, et notre peuple ne serait surement pas épargné longtemps. J’avais envie d’apporter mon aide mais je ne savais pas encore comment. Laurelin me parla alors des glyphes Draconiques, de puissants sorts liés à la magie des dragons. Je vis la une opportunité de pouvoir être utile. Non pas que je voulais combattre, aidé de ce sortilège, mais au moins pourrais-je en faire don à l’un de nos combattants. Le problème, c’était que l’ingrédient, un artefact draconique, était extrêmement rare. Laurelin m’expliqua qu’elle avait eu vent d’une rumeur selon laquelle il resterait quelques bribes de ces matériaux cachées dans les montagnes au Nord-Est par-delà les terres humaines.

Je me mis donc dans la tête de récupérer l’un de ces artefacts. Peu rassurée, mais respectant ma décision, mon maitre me fournit des vivres et des indications suffisantes pour me rendre à ma destination.


IV. La Quête
Printemps 1752 – Automne 1753

Le voyage fut long, et bien loin d’être simple. Je parvenais, après une prudente et pénible marche, devant les mastodontes rocheux du Nord-Est.

Je ne détaillerais pas ici combien il fut parfois complexe pour moi de survivre dans ces montagnes, cherchant à l’aveugle une chose que je n’avais encore jamais vue. Pourtant, j’étais heureux. Je visitais une région qui m’était totalement inconnue et, malgré les difficultés, je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. J’ai donc passé un long moment à rechercher les artefacts, m’abritant tant bien que mal de la pluie dans les grottes, et rationnant ma nourriture pour tenir le plus longtemps possible. Je passais une grande partie de l’été dans les montagnes puis, avant de me faire surprendre par l’hiver, je décidais de regagner le royaume elfique, bredouille.

Toutefois, j’hésitais. Je ne souhaitais pas revenir sans rien auprès de Laurelin. Je fis donc des détours par les villages humains plus au Sud-Est. Lorsque j’entendis des rumeurs concernant la deuxième génération de dragons, je ne pus m’empêcher de penser à mon père. Il aurait surement voulu que je tente ma chance, comme plus tôt. Moi, je me satisfaisais de ma vie, faite de voyages et d’aventures, et bien loin des responsabilités que pouvaient avoir ces cavaliers célestes. Je ne pouvais toutefois pas m’empêcher d’être curieux à leur propos. Je me demandais ce qu’on pouvait bien ressentir en étant liés si étroitement à ces créatures ancestrales.

Je restais pendant cette période auprès des humains, voyageant de villages en villages. Je cherchais une nouvelle piste, prêtant l’oreille aux différents ragots. En dehors de ça, je proposais mes services d’maitre des glyphes a qui voulait bien payer, réussissant grâce à ça à me sustenter et à dormir au chaud. Entre mes arrêts, je m’arrangeais pour faire quelques détours afin de récolter des ingrédients, explorant avec avidité les régions que je n’avais pas encore découvertes.

Au printemps de l’année 1753, je repris le chemin des montagnes, n’ayant eu aucune autre piste. Je connaissais un peu mieux les pics rocheux, ce qui me permis de m’orienter plus facilement. Ne trouvant encore une fois rien, je décidais, intrigué, de visiter la cité de Glacern. J’arrivais en vue de la cité mais, n’appartenant pas à leur peuple, les Glacernois refusèrent de me laisser entrer dans la ville. Comprenant qu’ils ne changeraient surement pas d’avis, je décidais de reprendre, seul, mon périple dans les montagnes.

Même si je ne trouvais une nouvelle fois pas de artefacts, je continuais de m’entrainer à enchanter grâce au livre que m’avait donné Laurelin. Les ressources, sans être courantes, n’étaient pas rares dans les montagnes, et je continuais doucement de progresser. Même si j’appréciais vivre dans les étendues rocheuses, je ne pouvais m’empêcher d’avoir quelques pensées nostalgiques pour le royaume Elfique et ses bois, me demandant ce que devenait mon mentor pendant tout ce temps.

Avant le début de l’hiver, je reprenais finalement le chemin après avoir réussi à enchanter un bâton avec un sort élémentaire de glace. Ce n’était pas un glyphe très puissant, mais c’était à ce moment-là ma plus belle réussite.

J’étais pressé de retrouver Laurelin, après un an et demi passé loin d’elle. Connaissant mieux le trajet qu’auparavant, je mis moins de temps à l’effectuer, bien aidé par les bottes qu’elle m’avait offertes. Mon trajet se déroula sans encombre, et je ne croisais finalement que très peu d’individus sur ma route.


V. Début de la guerre du Néant

Automne 1573 – Printemps de l’an 1 du Quatrième âge

J’arrivais à la fin de l’automne dans le royaume Elfique. Laurelin habitait toujours dans la vieille maison chaleureuse, et rien ne semblait avoir changé.  Je m’approchais doucement, savourant la paisible tranquillité qui régnait en ces lieux. Elle était dehors, travaillant sereinement la sculpture d’un bâton de bois.

Elle prit quelques minutes à m’apercevoir, concentrée sur son travail. Lorsqu’elle me vit, un sourire illumina son visage tandis qu’elle se précipitait vers moi. A ma grande surprise, elle se jeta dans mes bras, calant sa tête au niveau de mon cou. Nous restâmes enlacés durant quelques instants, profitant de nos retrouvailles.

Le contact de ses lèvres sur les miennes me surprit davantage. Sans que j’aie pu le prévoir, elle avait remonté son visage à ma hauteur avant de m’embrasser. Après une seconde d’étonnement, je sentis une douce chaleur envahir ma poitrine, et je lui rendais son baiser, raffermissant doucement notre étreinte. De longues minutes plus tard, elle recula doucement et vint poser son front contre le mien, un sourire aux lèvres.

« Tu m’as manqué » Dit-elle simplement.

Je me rendis compte à quel point notre relation avait évolué. L’affection que nous éprouvions l’un pour l’autre avaient, grâce ou à cause de l’éloignement, évolué en un amour simple, sincère et passionné. Je réalisais combien il avait dû être difficile pour elle de me savoir courant les routes par ces temps, où la guerre et le chaos semblaient ressurgir d’un lointain passé que tous pensaient derrière eux. Je m’aperçus que, de mon côté, je n’avais cessé de penser à elle durant mes voyages, m’imaginant ce qu’elle pouvait bien faire ou devenir, et me remémorant les temps où nous voyagions côte à côte.

« Toi aussi. » Répondis-je en l’embrassant de nouveau, lui arrachant un petit rire surpris et un sourire amusé.

Nous nous sommes aimés durant les quelques mois qui ont suivi. J’ai cessé de voyager trop loin, ne m’absentant que quelques jours tout au plus. Nous vivions paisiblement, profitant de la tranquillité que nous offrait la maison et le Royaume Elfique, sans penser aux lendemains. Nous continuions à pratiquer l’glyphe, ensembles, et elle fut surprise par l’expérience que j’avais accumulée lors de mes voyages. Je parvenais à réussir des glyphes complexes, commençant même à créer des glyphes personnalisés. Nous avions peu de clients, mais nous ne manquions de rien.

Malgré tout, le voyage me manquait un peu. Laurelin craignait de s’aventurer trop loin, et à juste titre, mais j’avais toujours l’envie d’explorer toujours plus loin les terres d’Ambarhùna. A bien y réfléchir, cette histoire de artefacts draconiques n’avait été qu’un prétexte pour parcourir les routes. Maintenant, je n’avais plus de réel but ni d’endroit spécifique à découvrir. Je me contentais donc de mes petites excursions, savourant avec bonheur mes premiers moments de réelle quiétude.

C’est toutefois pendant cette période que nous avons entendu parler du débarquement, et de l’avancée des Almaréens. Le monde que nous connaissions était en train de sombrer dans le chaos et, même si nous n’étions pas encore directement concernés par les combats, nous sentions la détresse qui commençait à habiter de peuple Ambarhùnéen.

Un jour, l’un de nos clients nous parla de l’avancée fulgurante des troupes, et des pertes titanesques que subissaient les armées humaines. J’étais particulièrement sensible au sort des humains, imaginant ceux que j’avais connus blessés, tués, ou encore en proie à la tyrannie. Laurelin, elle, avait peur que je retourne sur les routes. Peur que je ne me fasse attraper par des éclaireurs, ou bien encore tuer par une patrouille. Mais elle savait aussi que je brûlais d’envie d’apporter mon aide. C’est pourquoi, lorsque je décidais finalement de reprendre la route, elle ne me retint pas.

Mon départ fut l’un des moments les plus difficile de ma vie. D’une part, je dois bien l’avouer, j’avais peur. Peur d’effectivement ne pas pouvoir revenir et de ne pas la revoir. Je tentais tant bien que mal de le cacher mais je savais qu’elle le sentait. D’autre part, Laurelin tâchait tant bien que mal de cacher sa tristesse et son angoisse de me voir partir, et, la connaissant, je le sentais aussi bien qu’elle pouvait détecter ma peur. Elle resta dans mes bras pendant un long moment puis elle me regarda partir, les yeux embués de larmes. Moi, j’avais préféré ne pas me retourner, de peur de ne plus vouloir partir. J’aurais dû, pourtant.


VI. Le néant et la rébellion.

Printemps de l’an 1 – Printemps de l’an 2

Je recommençais donc à voyager à la fin du printemps de la première année de l’âge d’obsidienne. Mes voyages étaient clairement plus complexes. Je devais éviter au maximum les routes et les chemins connus, de peur de tomber sur des troupes de l’empire Almaréen. De plus, la position de l’armée des envahisseurs m’empêchait régulièrement d’atteindre certaines zones. Je redoublais de prudence, évitant les combats au maximum.

Le spectacle que m’offraient certains lieux me laissa bouche bée. Ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de la guerre, mais c’était la première fois que je voyais réellement ses ravages. Je cherchais simplement des gens que je pourrais aider tant bien que mal grâce à la magie ou aux glyphes, me refusant toutefois de prendre part aux combats, ne voulant pas faire partie du problème. Quand j’y repense aujourd’hui, je me dis que je n’étais qu’un idéaliste et, pourtant, j’aurais bien aimé continuer à penser de cette manière.

C’était à la fin de l’été que j’entendis parler de ce qu’il s’était passé dans les bois sombres. La guerre avait donc rattrapé mon peuple, le frappant au cœur de son royaume. Inquiet pour lui, et surtout pour Laurelin, je décidais de rentrer auprès d’elle. Qu’avais-je donc dans la tête ? J’avais vraiment pensé qu’elle serait en sécurité, et que jamais l’ennemi de s’aventurerait aussi loin ? Je me hâtais donc de rentrer dans mon royaume natal, espérant que les dégâts subits n’étaient pas trop importants.

Je suis donc revenu au début de l’automne. La guerre avait sévèrement atteint mon peuple et, lorsque j’arrivais finalement à la demeure de Laurelin, je n’y trouvais personne. Je tâchais de me calmer, réfléchissant à toute vitesse à tous les scénarios possibles. La maison était en bon état, et rien ne semblait avoir été détruit. Au contraire, même, ses affaires n’étaient plus là. Tout portait à croire qu’elle avait eu le temps de plier bagage pour échapper à la bataille, même si cette dernière ne semblait pas avoir atteint cette zone-là.

En revanche, elle ne semblait avoir laissé aucun indice sur son éventuelle destination. Je ne pouvais qu’espérer qu’elle aille bien, sans pouvoir le vérifier par moi-même. Je réussis à me convaincre du meilleur avant de reprendre ma route. Dès le début de l’hiver, avec l’alliance entre le royaume humain et l’empire Almaréen, je redoublais de prudence. J’entendis alors parler de la formation d’une coalition rebelle dans une ville souterraine : Aigue Royale. Je décidais de m’y rendre pour apporter mon maigre soutient sur place, espérant que, une fois que nous aurions rétabli une paix durable, je puisse me mettre à la recherche de Laurelin plus sereinement.

Evitant au maximum les routes connues, j’aperçus en passant non loin de l’une d’elle une femme et sa fille, qui semblaient désorientées. Après avoir vérifié qu’il n’y avait pas de troupes dans le coin, je me rendis à leur rencontre. D’abord légèrement effrayée, elles comprirent rapidement que je ne leur voulais aucun mal. Elle me raconta que son mari lui avait demandé de le rejoindre à Aigue Royale, mais qu’elles n’avaient pas assez de vivres pour continuer. J’hésitais longuement. D’un côté, je voulais les aider, mais de l’autre, elles allaient considérablement me ralentir et donc probablement me mettre en danger. Je ne pouvais me résoudre à les abandonner, aussi je leur proposais mon aide pour les accompagner jusqu’à ce qui était, de toute façon, ma destination.

Le chemin fut donc plus long qu’à l’accoutumée. Je ne pouvais pas utiliser mes bottes glyphées, et je devais redoubler d’effort pour rendre le trajet supportable pour les deux humaines. Après un long voyage, où heureusement nous n’avions croisé personne, nous sommes arrivés à la cité souterraine. J’accompagnais alors Lise, la mère, accompagnée de Maïa, jusqu’à son mari, qui se trouvait être un forgeron qui avait rejoint la cause rebelle. Fou de joie de les voir saines et sauves, il me serra longuement la main avant de m’inviter à manger avec eux. J’acceptais. Il s’appelait Alvis, et, comme moi, il souhaitait apporter son aide pour qu’Ambarhùna retrouve la paix. Idéalistes, nous nous sommes rapidement liés d’amitié.

Durant l’hiver et le début du printemps, j’apportais mon aide, associé à Alvis, pour créer des armes et armures glyphées. Bien sûr, nous en faisions commerce, mais à moindre coût. Je devais régulièrement sortir en douce pour récupérer des ingrédients. Les dérèglements climatiques liés aux blessures de Néant ne me facilitaient pas la tâche, et je ne ramenais pas beaucoup de composants pour les glyphes. Nous faisions de notre mieux avec ce que nous avions, espérant que la guerre soit finie le plus vite possible.

Lorsque j’appris que la forêt elfique avait était attaquée par le dieu du Néant, je ne pus m’empêcher d’espérer que Laurelin allait bien, et qu’elle n’avait pas été blessée par les assauts. Je fus surpris d’apprendre que le peuple Elfique se dirigeait vers Aigue Royale pour y trouver refuge. La cité souterraine allait bientôt devenir beaucoup plus peuplée et animée et, peut-être, reverrais-je également mes parents. Mes parents… ça faisait longtemps que je n’avais pas eu une pensée pour eux. J’espérais tout de même qu’eux aussi allaient bien.

L’arrivée des elfes fit beaucoup parler autour de nous. J’étais habitué à vivre avec le peuple humain, mais savoir qu’ils allaient cohabiter avec autant de représentants de la race elfique semblait les perturber. Après leur arrivée, je choisis tout de même de rester auprès d’Alvis, jugeant que j’étais plus utile ici qu’auprès des miens.


VII. Un jour…
Printemps de l’an 2 – Eté de l’an 2

C’était peu après l’arrivée des elfes à Aigue Royale. J’étais sorti hors de la cité dans l’espoir de récolter quelques ingrédients pendant quelques jours. A mon retour, je me dirigeais vers la forge d’Alvis. Il m’attendait visiblement, m’interpellant dès mon arrivée.

« Seö, mon ami, il faut absolument que tu nous réserves ta soirée de ce soir. » Me dit-il, calmement.

Je me demandais ce qu’il avait derrière la tête. Nous invitions peu de monde et, j’avais beau réfléchir, ce n’était pas l’une des dates d’anniversaire de la famille. De toute façon, je n’avais pas vraiment autre chose à faire pour cette soirée, donc je haussais les épaules, en répondant par l’affirmative.

« Si tu veux, Alvis. On fête quelque chose ? Une coutume de votre région peut être ? »

Il me fit signe que non, me souriant doucement.

« Pas exactement, pas exactement, mais je voudrais te présenter quelqu’un. » Me répondit-il.

Je haussais les épaules, déposant mon matériel à l’entrée de la forge. Je travaillais ensuite le reste de la journée à ses côtés, en silence, comme souvent. Nous n’avions pas besoin de parler pour apprécier la compagnie de l’autre, et je respectais ça, chez lui.

La soirée arriva et, m’étant éloigné quelques heures pour marcher et prendre l’air, je revins vers l’atelier, qui servait à l’étage comme habitation pour la famille. Après avoir grimpé les escaliers jusqu’au premier, je leur signifiais mon arrivée.

« Bonjour tout le monde » lançais-je, content de passer un peu de temps avec Lise et Maïa.

La jeune fille vint immédiatement me voir, sautant dans mes bras.

« Seö ! Tu ne passes jamais de temps avec moi ! » Lança t’elle, feignant d’être en colère.

Je lui ébouriffais tendrement les cheveux. J’éprouvais beaucoup d’affection pour la petite famille. Ils étaient simples, naturels, et, plus important encore, ils avaient le cœur sur la main.

« Maïa, arrête de l’embêter sinon il ne viendra plus du tout ! » Cria Lise, de la cuisine, d’un air amusé.

Je reposais la jeune fille au sol, puis je me rendis dans ladite pièce, qui servait également de salle à manger. Alvis attendait là, et me fit signe de m’assoir, alors que Lise tournait la tête vers moi.

« Salut Seö, installe-toi, le dîner est presque prêt. » Dit-elle en me souriant.

Je m’asseyais donc en face d’Alvis, étrangement calme, comme plus tôt dans l’après-midi. Il y avait bien une cinquième assiette installée à table, et ma curiosité grandissait doucement.

« Et donc, qui avez-vous invité ce soir ? » Lançais-je en soupirant.

« Ne soit pas si pressé ! Un vieil ami à moi nous rend visite, et il a toujours été fasciné par l’glyphe. Il sera ravi de te rencontrer. » Me répondit Alvis, amusé.

J’entendis derrière moi Lise laisser échapper un petit rire. J’avais l’impression qu’ils ne me disaient pas tout : Ils n’avaient encore jamais parlé de cette personne auparavant. Je discutais donc avec la famille pendant une petite heure, parlant de ma récente excursion et de la situation dehors. Je n’avais par chance croisé aucune patrouille, et j’avais veillé à camoufler mes traces afin qu’on ne me repère pas. Une discussion banale, mais agréable.

C’est alors que l’on tapa à la porte de l’atelier.

« Ah ! Enfin, on va pouvoir passer à table. Seö, tu veux bien aller ouvrir pendant qu’on finit de préparer, ça serait parfait ! » Me dit Alvis, accompagnant ses paroles d’un clin d’œil.

« Pas de soucis. » lui répondis-je en souriant.

Je me levais alors pour accueillir leur ami qu’ils venaient juste de retrouver. La soirée s’annonçait festive, riche en histoire et en anecdotes. Un léger sourire aux lèvres, je descendis les escaliers tranquillement, puis je me dirigeais vers la lourde porte d’entrée, et ouvrais à l’inconnu.

« Bons-… » Lançais-je poliment, avant de m’interrompre brutalement, écarquillant les yeux.

Mes yeux se posèrent sur sa magnifique chevelure rousse, puis dans ses beaux yeux ambrés, plongeant dans leur profond et mystérieux regard. Une lueur mêlée à la fois de surprise et d’une joie indicible brillait dans ses douces pupilles. Le même sentiment m’envahit peu à peu, alors que nous restions plantés l’un en face de l’autre sans bouger. Je vis alors une larme perler au coin de ses yeux qui s’embuaient peu à peu, tout comme les miens.

« Seö… » Souffla Laurelin, avant de se jeter dans mes bras, me propulsant en arrière.

Je tombais lourdement sur le dos, mais ça importait peu. Elle était là, blottie contre moi, le visage enfouit dans mon cou. Son corps était animé de légers soubresauts. Elle pleurait. De soulagement, de Joie. J’avais moi-même du mal à contenir mes larmes, respirant profondément et étreignant doucement celle qui m’avait tant manqué. Nous sommes restés ainsi de longues minutes, j’attendais qu’elle se calme en caressant tendrement son dos. Elle releva la tête, posant son front contre le mien comme elle avait l’habitude de le faire, laissant échapper un petit rire parmi son visage encore mouillé de larmes.

« Si je pleure, c’est à cause de tes amis. Ils m’ont dit qu’ils ne te connaissaient pas mais qu’un autre elfe pourrait me renseigner » Dit-elle, amusée, essuyant légèrement son visage.

« On ne voulait pas rater cet évènement ! » Je tournais la tête et je vis trois visages illuminés par de grands sourires nous observer depuis le sommet des escaliers.

Je rougis légèrement, comprenant qu’ils nous épiaient depuis le début. Laurelin, qui tourna la tête en même temps que moi, vit ses joues prendre une jolie teinte cramoisie également. Nous voyant ainsi gênés, Alvis éclata de rire.

« Si vous voyiez vos têtes… Allez, venez. On n’a pas préparé un repas de fête pour rien ! » Lança-t-il, visiblement heureux de l’effet que sa surprise avait eu.

Laurelin se releva, puis je fis de même. Nous nous rendîmes dans la cuisine pour partager un repas avec la petite famille, qui semblait absolument ravie de rencontrer celle dont je leur avais tant parlé. Maïa semblait fascinée par sa beauté, la faisant légèrement rougir. Elle n’était pas habituée à côtoyer des humains, et encore moins des enfants. Pourtant, elle était loin d’être froide, discutant gentiment avec la jeune fille et répondant à chacune de ses questions.

J’appris que Laurelin était venue les voir peu de temps après mon départ. Ils avaient alors tous joué le jeu pour que nous puissions nous retrouver. La famille humaine avait préparé une petite chambre pour nous deux au sous-sol de l’atelier pendant mon excursion et, malgré nos premiers refus, elle insista pour que nous restions habiter avec eux, le temps que la guerre finisse.

Après que Maïa fut partie se coucher, j’emmenais Laurelin visiter la cité souterraine. Je lui montrais également mes itinéraires de sorties et les différentes destinations de mes voyages, amusé par l’ironie de notre histoire. Je devenais son mentor comme elle fût le mien bien des années auparavant. Je la taquinais d’ailleurs à ce sujet, la faisant beaucoup rire. Elle semblait comme libérée d’un poids qu’elle devait porter depuis mon départ. Nous rentrâmes nous coucher peu après. Avant de s’endormir, elle plongea ses yeux dans les miens, se relevant légèrement en s’appuyant sur mon torse.

« Tu sais, je crois savoir pourquoi tu aimes tant voyager. » Me souffla t’elle, en souriant.

« Ah oui ? Et pourquoi ? » Répondis-je, sur un ton amusé.

« Et bien, au début je croyais que c’était simplement par goût pour le risque… » Elle s’interrompit un instant. « Mais maintenant, je dirais que c’est pour tous ces gens que tu as pu rencontrer, et leur richesse… Je n’aurais jamais cru qu’une famille humaine soit aussi passionnante et attachante… Et… Je regrette de ne pas avoir eu le courage de partir avec toi. » Elle s’allongea complètement, posant sa tête sur mon torse.

« Tu sais… Ils ne sont pas tous comme ça non plus… » Lui répondis-je, tâchant de la rassurer en montrant qu’elle n’avait pas eu complètement tort de se méfier de certains d’entre eux.

« Ce n’est pas grave… Il suffit qu’il n’y en ai… que quelques-uns… » lança t’elle, d’une voix de plus en plus ensommeillée, à mesure qu’elle glissait peu à peu dans les bras de Morphée.

Alors que Laurelin s’était profondément endormie contre moi, je restais éveillé quelques temps, heureux sentir son corps contre le mien, et réfléchissant à ses paroles. Elle avait raison. Les meilleures choses que j’avais vécues durant mes voyages étaient mes rencontres. Bjön, Lise, Maïa, Alvis… Et elle bien sûr. Surtout elle. Si je n’avais pas bravé les chemins, nous ne nous serions probablement jamais rencontrés…

Durant le mois qui suivi, Laurelin nous prêta main forte pour la création d’objets glyphés. Non seulement elle m’aidait pour le travail d’maitre des glyphes, mais elle m’accompagnait également lors de mes sorties. Je lui faisais alors découvrir la zone qui entourait Aigue Royale, et les endroits où nous avions une chance de trouver des ingrédients. Je savourais sa présence tous les jours, découvrant le plaisir de voyager en compagnie d’un être aimé. Cette sensation valait toutes les autres, et son air émerveillé devant chacune de ses découvertes me comblait de bonheur. Je la regardais en souriant, pensant que je devais être le même lors de mes premiers voyages.

Nous vivions à nouveau paisiblement, entourés de nos nouveaux amis, et partageant avec eux contes et légendes de nos peuples respectifs. Nous mangions tous ensembles, appréciant la compagnie de chacun. Nous apprîmes auprès de Lise la cuisine humaine, et Laurelin lui enseigna certaines spécialités dont elle avait le secret. Nous menions une vie simple, sans prétention, nous souciant de moins en moins de l’état d’Ambarhùna, pourtant juste au-dessus de nos têtes.
   


Dernière édition par Seö Wënmimeril le Mer 13 Sep 2017 - 19:52, édité 6 fois

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Histoire



VIII. Aube rouge.
30 juin de l’an 2

Le problème, c’est qu’une guerre comme celle-là te rattrape forcément un jour. D’autant plus si tu te trouves au centre d’une armée rebelle. C’était pourtant un jour plus ou moins comme les autres. Nous étions devant la forge, discutant tranquillement. Laurelin était partie plus tôt le matin rendre visite à ses parents qui étaient venus avec elle à Aigue Royale. Nous avions entendu parler de la bataille qui s’annonçait, et elle voulait s’assurer qu’ils allaient bien, et qu’ils étaient en sécurité. La ville était beaucoup plus vide que d’ordinaire, et nous préparions certaines affaires pour rejoindre les profondeurs de la ville, là où les civils attendaient la fin des combats en toute sécurité.

Laurelin ne revenait toujours pas. Aussi, je dis à Alvis de partir avec sa famille. J’allais attendre patiemment ici que Laurelin revienne, avant de les rejoindre. Il sembla légèrement inquiet.

« Tu es sûr de toi ? » Me demanda t’il.

« Oui, ne t’inquiète pas. On vous rejoindra vite » Je lui souriais, comme pour le rassurer.

« D’accord, mais tu gardes ça avec toi. » Il me tendit alors la solide lance en acier que nous tentions d’enchanter ces derniers jours.

Je hochais la tête, et récupérait l’arme. A vrai dire, je ne pensais pas vraiment que cela serait nécessaire. Nous n’étions pas vraiment au cœur direct de la bataille, et je ne comptais de toute façon pas y prendre part. La petite famille prit son départ, me regardant d’un air inquiet. Je les saluais en souriant, puis je les regardais s’éloigner. J’étais seul.

Je commençais à m’inquiéter. Il était encore tôt mais Laurelin n’aurait pas dû mettre si longtemps. Elle m’avait plus ou moins expliqué où elle se trouverait, au cas où, et je décidais de faire le trajet à sa rencontre. Il me fallut un petit moment, marchant dans les rues désertes de la cité souterraine. Je l’aperçu alors. Elle était dehors, semblant se disputer avec une elfe un peu plus âgée. J’en déduisis qu’il devait présentement s’agir de sa mère. Je m’approchais doucement, écoutant leur discussion.

« Je te dis que tout va très bien se passer, Laurelin ! » Sa mère tentait de la calmer, avec difficulté.

« Il m’avait promis qu’il n’irait pas se battre ! Il n’a rien à faire là-bas ! » Laurelin semblait terrifiée, le visage déformé par un masque d’inquiétude.

« Ton père était et est toujours un très bon combattant. Et tu le connais, il a toujours voulu servir notre peuple. Je suis inquiète aussi, mais c’est sa décision ! » Lui rétorqua-t-elle.

Je compris alors un peu mieux la situation. Le père de Laurelin était parti rejoindre les troupes rebelles qui allaient livrer bataille, et Laurelin semblait particulièrement inquiète à ce sujet, ce qui expliquait son retard. Je signalais ma présence, la situation étant devenue un peu plus urgente.

« Bonjour Dame Lïnimiël. » Je m’aperçus alors que je ne l’avais encore jamais rencontrée.  « Je m’appelle Seö. Les combats ne vont pas tarder à s’engager et il faudrait vite qu’on rejoigne les profondeurs d’Aigue Royale avant de se retrouver bloqués. »
Elle me regarda un instant, avant de me faire un léger sourire. Elle semblait soulagée de ma présence, pensant que j’arriverais à raisonner sa fille.

« Oh. Enchantée Seö, et appelle moi Asiëlle. Pas besoin de cérémonie entre nous. Je sais qu’il faut partir, mais tu dois convaincre Laurelin, elle refuse de venir. » Dit-elle, en regardant sa fille, qui semblait toujours aussi terrorisée.

Cette dernière me regarda, des larmes dans les yeux.

« Je ne peux pas abandonner mon père Seö, je ne peux pas… » Elle semblait désorientée.

Je pris alors son visage entre mes mains, plongeant mon regard dans le sien.

« Ecoute Laurelin. Ton père est probablement celui d’entre nous qui a le plus de chances de s’en sortir durant un combat. On ne lui serait d’aucune aide, et on risque même de le gêner. Il faut qu’on assure la sécurité de ta mère et de la famille d’Alvis avant, tu ne crois pas ? » Lui dis-je, sur un ton doux pour la calmer.

Cela sembla fonctionner, elle s’apaisait doucement, reprenant ses esprits.  C’est alors que nous entendîmes le fracas des combats plus loin. Les hostilités venaient de commencer, et nous avions peu de temps. Laurelin regarda instinctivement au loin, là d’où le bruit provenait. Elle se déroba à cette étreinte.

« Père ! » Cria-t-elle, avant de se mettre à courir en direction de l’une des cavités secondaires.

Je perdis quelques précieuses secondes à réaliser qu’elle se dirigeait vers les combats. Une légère peur au ventre, je m’élançais à sa poursuite, criant par-dessus mon épaule :

« Asiëlle ! Rejoignez les autres dans les profondeurs ! Je vais la chercher ! »

Sans attendre sa réponse, j’activais mes bottes afin d’essayer de combler mon retard. Il fallait que je la rattrape, mais qu’allais-je faire par la suite ? La maitriser ? La raisonner ? Vu son état, tout ce que j’allais entreprendre me semblait compliqué. Je n’arrivais de toute façon pas à la rattraper. Elle était naturellement presque aussi vive que moi et elle semblait aussi avoir un enchantement sur ses bottes.

Nous nous engouffrâmes tout à tour dans la galerie secondaire. Je vis alors le chaos qui y régnait. Les humains et les elfes subissaient de très lourdes pertes et semblaient totalement désorganisés. J’appris plus tard que c’était la désertion des vampires qui avait brisé les formations rebelles, les laissant vulnérables aux assauts Almaréens.

Je suivais Laurelin, qui semblait ne plus pouvoir se raisonner. Nous nous enfoncions un peu plus dans la bataille, et je fus surpris d’arriver aussi loin sans subir de coup. Je la rattrapais finalement, la plaquant contre la paroi de la galerie. Elle se débâtit violemment.

« Lâche moi ! Je dois retrouver mon père ! »

« On n’arrivera pas à le retrouver, il faut qu’on parte ! C’est trop dangereux ici ! » Lui criais-je, tentant de la raisonner.

Je n’eus pas le temps de finir mon argumentaire. Un solide soldat Almaréen, qui me dépassait de quelques centimètres, chargeait vers nous, bouclier à la main, l’épée brandit dans les airs. Je poussais Laurelin au sol sans ménagement, arrivant à dégainer ma lance pour parer le coup direct au dernier moment. La puissance de l’assaut m’avait déstabilisé, et, voyant sa lame parée, il m’asséna un violent coup de bouclier dans le torse qui me coupa le souffle, m’envoyant valser contre la paroi. Je me cognais l’arrière de la tête. Et je m’écroulais.

Je sentis une sensation de vide au niveau de ma gorge. Baissant les yeux en y portant la main, je me rendis compte de la plaie qui s’était ouverte dans mon cou. Dans ma chute, une roche saillante qui dépassait de la paroi avait brutalement sectionné ma jugulaire, remontant en se décalant jusqu’à mon menton. Je savais que j’aurais du mal à contenir l’hémorragie très longtemps. Je devais bouger, sortir de là, mais mon corps semblait ne plus répondre.

Ma vue se troubla alors. Au sol, immobile, j’observais Laurelin qui se relevait doucement, encore éberluée, reprenant ses esprits, semblant me chercher du regard au milieu du champ de bataille. J’aurais aimé pouvoir lui dire quelque chose, lui dire ce que je ressentais pour elle. Lui dire que j’aurais voulu ne jamais partir et rester à ses côtés pour profiter un peu plus des plus beaux moments de ma vie. Je sentais mon corps se vider peu à peu de mon énergie.

Elle me vit alors. Ses yeux s’écarquillèrent quand elle vit la flaque de sang qui s’étalait désormais autour de ma tête. Je n’entendais plus rien, mais je la vis hurler mon prénom, et vouloir se précipiter sur moi, des larmes dans les yeux. Elle se stoppa net dans son élan, regardant avec étonnement la lame de verre noir qui transperçait alors sa poitrine. Elle cracha une gerbe de sang, une lueur de frayeur brilla dans ses yeux, puis elle s’écroula sur le sol, à un mètre de moi.

Nous nous sommes regardés ce qui me paraissait être une éternité dans les yeux, agonisant au milieu du champ de bataille. Elle avait plongé son regard dans le mien, apeurée, y cherchant du réconfort. Comme moi, elle devait être surprise de la vitesse à laquelle tout avait basculé, et comme il était finalement si facile de voir son existence brutalement écourtée. Je tendis la main vers elle, puisant dans mes toutes dernières forces. Je voulais lui dire que tout irait bien, qu’on était ensembles et qu’il ne fallait pas qu’elle ait peur. Je voulais la prendre dans mes bras, et l’enlacer une dernière fois, en lui chuchotant des paroles rassurantes. Tellement de choses passèrent dans notre échange de regards. Des regrets, de la peur, de l’amertume, mais aussi de l’affection, de la tendresse, de l’amour. Je sentais le lien qui nous unissait, et je me remémorais tous les instants que j’avais passés avec elle. Elle tendit la main vers moi à son tour, et je la saisis faiblement. Ses lèvres ensanglantées dessinèrent un dernier sourire, puis ses beaux yeux se fermèrent doucement, paisiblement. Je fermais les miens à mon tour, m’apaisant peu à peu, avant de sombrer avec elle.


IX. La fin
Eté de l’an 2 – Automne de l’an 2

J’avais mal. Indiciblement mal. Mon corps tout entier était douloureux. Mes muscles semblaient tétanisés, et mes bras et cuisses étaient couverts d’ecchymoses et de coupures. Je peinais à respirer, chaque souffle faisant souffrir ma gorge endolorie. Je n’ouvrais les yeux que pendant de très courts moments, n’arrivant pas à rester éveillé plus de quelques minutes.

Il me fallut encore une paire de jours pour que je puisse me réveiller plus sérieusement, l’esprit et le regard encore embrumés. Je me trouvais dans une pièce doucement chauffée, sur un lit. Une main se posa doucement sur mon bras, et je tournais la tête. Je pensais à Laurelin, souriant de la savoir saine et sauve. Alors que ma vue se précisait, je m’aperçus que ce n’était pas celle que j’aimais qui se trouvait près de moi, mais Lise, qui me regardait avec un léger sourire, bienveillant et triste.

« Ne bouge pas trop. Tu as besoin de repos. On va s’occuper de toi ». Elle passa sa main sur mon front, geste que les humains répétaient parfois instinctivement vérifier qu’un blessé n’ait pas de fièvre.

Je voulu lui poser une question, mais aucun mot de sorti de ma bouche. Je ne parvenais plus à parler, ni même à murmurer. Me voyant tenter vainement de communiquer, elle posa la main sur mon torse pour me calmer.

« Ne t’agite pas trop. Les soigneurs ont dit que tu avais eu de la chance d’avoir survécu. Tes cordes vocales sont endommagées, mais elles se remettront peu à peu d’ici quelques semaines. »

Je continuais à l’interroger du regard. Je voulais savoir où était Laurelin, et si elle allait aussi se remettre de sa blessure. Elle savait ce que je voulais lui demander. Je n’avais pas besoin de parler. Une larme coula sur sa joue. Elle semblait faire de gros efforts pour ne pas fondre devant moi. J’avais compris avant même qu’elle n’ouvre la bouche.

« Je suis désolée, Seö » Me dit-elle, me regardant dans les yeux, sanglotant doucement.

La douleur qui s’immisça dans ma poitrine prit le pas sur toutes les autres. Je pus m’empêcher de me demander pourquoi c’était moi qui m’en était sorti. Pourquoi pas elle ? Le sentiment de tristesse et de solitude qui m’envahit alors me coupa pratiquement le souffle. J’avais l’impression qu’il détruisait mes entrailles et mon âme, brisant ce que j’étais et ce que j’avais réussi à construire. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues alors que je me rendais compte que je l’avais perdue à jamais. Je me retournais, ignorant la douleur physique qui accompagnait mon mouvement, me mettant ainsi dos à Lise. Je sentais toujours sa présence, fermant les yeux, espérant que le sommeil éternel me rattraperait aussi.

Je passais les semaines suivantes sans dire un mot, dans un état pratiquement catatonique. Je parlais peu, et je mangeais peu. Les dommages collatéraux avaient été colossaux pour la ville souterraine, et elle pansait à grand peine ses blessures. La famille d’Alvis s’occupait de moi avec attention, me regardant, peinés, souffrir en silence. Je me remettais peu à peu de mes blessures et, même si je fus rapidement capable de reparler, je continuais dans mon mutisme. Maïa tentait régulièrement de me remonter le moral, venant me raconter ses histoires des jours durant, restant à mon chevet. Alvis et Lise, eux, m’aidèrent rapidement à remarcher. Pouvoir me mouvoir à nouveau me fit le plus grand bien. Lorsque je n’eus plus besoin de leur aide, mes marches devinrent plus longues. Je repris, sans un mot, mes entraînements physiques et magiques. Je travaillais jusqu’à épuisement, souhaitant que la douleur qui étreignait mes muscles arrive à calmer celle qui tiraillait mon âme.

Au début de l’automne de l’an 2 de l’année d’Obsidienne, j’avais plus que récupéré ma forme physique. Il ne me restait de la bataille de l’aube rouge que les épaisses cicatrices sur ma gorge en guise de souvenir. Je n’avais toujours pas dit un seul mot, inquiétant la famille humaine. Alvis et Lise vinrent me voir, un jour, me souriant doucement.

« Seö, nous voulions te dire que nous allions partir. Il n’y a plus rien pour nous ici, et nous pensons remonter vers Caladon, pour faire commerce. Ce n’est pas un voyage très facile, mais les routes sont sûres maintenant. Si tu veux, tu es le bien-… » J’interrompis doucement lise en posant doucement ma main sur son avant-bras.

« Je vais partir, Lise » Je la regardais en lui souriant doucement.

C’était les premiers mots que je prononçais depuis longtemps. Elle me regarda longuement, semblant me demander plus d’explications.

« Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. » Ajoutais-je, avant de leur tourner le dos.

J’avais déjà préparé mes affaires, que je récupérais doucement dans la maison. A la sortie, Maïa les avait rejoints. La jeune fille me regardait avec de grands yeux tristes et humides. Je m’agenouillais, pour me mettre à son niveau. Je sortis alors de mon sac un cerf sculpté dans un beau bois blanc, que je lui offrais en souriant.

« Tiens Maïa. » Sans plus de cérémonie, la fillette se jeta dans mes bras. Je lui rendais son étreinte, tentant d’apaiser ses sanglots.

Je me relevais, puis je me tournais vers le couple, qui me regardait avec tristesse.

« Faites attention à vous, là-bas. » Je remis mon sac sur le dos, étreignit Lise puis Alvis, qui plongea son regard dans le mien.

« Fait attention à toi aussi. Tu sais où nous sommes si un jour tu as besoin. »

Je lui répondis par un simple sourire, puis je leur tournais le dos. Je traversais le chemin qui me séparait de la surface avec nostalgie. L’air frai me revigora, me donnant l’impression de revivre pendant un court instant. Même si je ne savais pas où j’allais, un nouveau voyage m’attendait.


X. Le brouillard
Automne de l’an 2 – Hiver de l’an 5

Je reprenais mon voyage au début de l’automne de l’année 2 de l’âge d’obsidienne. En vérité, je errais plus que je ne voyageais, ne restant que très peu proche de la civilisation. Il n’y a pas grand-chose à raconter sur cette période de ma vie. Je survivais plus que je ne vivais.

Et puis, Le Tyran Blanc est apparu, menant les armées vampiriques et partant à la conquête d’Ambarhùna. Les armées de la théocratie commençaient à prendre le dessus, et les dieux même semblaient voués à disparaitre. J’avais de mon côté perdu mon idéologie, me repliant sur moi-même. La colère et la rancœur avaient pris le dessus sur le reste, et je continuais mon épopée solitaire.

C’était une nuit où j’étais particulièrement affecté par ces sentiments que je croisais la route de deux soldats de l’armée du Tyran Blanc. Ils étaient au bord d’une route, inspectant je ne sais quoi. Ils n’étaient pas discrets, se gaussant sans que je ne comprenne encore pourquoi. Je m’approchais, discrètement, sous le couvert du bois. Je pris ma lance en main, silencieusement, ne quittant pas des yeux mes deux proies. Je n’avais encore jamais attaqué dans le seul but de tuer mais, ce soir-là, ma raison semblait s’être envolée.

Il était dos à moi, trop occupé à rire pour me voir approcher. Son collègue n’était que quelques mètres à côté. Il n’eut pas le temps de voir s’écrouler son camarade que je l’abattais également aussitôt, retirant ma lance de son corps agonisant. J’avais cédé à une pulsion qui, je le croyais, pourrait me soulager. Mais ce ne fût pas le cas. C’est alors que je posais les yeux sur un jeune couple d’humains qui me regardaient avec un air terrifié. Après quelques secondes, la jeune femme prit la parole.

« M-Merci… Monsieur. »

Merci ? Je ne l’avais pas fait pour eux. Je ne l’aurais pas fait pour eux. C’était un heureux hasard, tout simplement. Je n’avais que faire de leurs remerciements. Sans un mot, je rangeais ma lance, l’accrochant à nouveau sur mon dos. Je tournais alors les talons, m’enfonçant à nouveau dans la pénombre de la forêt, les laissant plantés là. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, sans doute se seront-ils fait attraper à nouveau plus loin. Je m’en fichais. A l’époque.

Les armées du Tyran Blanc avançaient. Moi, je finis par me mettre à éliminer toutes les unités que je croisais sur mon chemin. Je tendais des embuscades aux soldats isolés, dans un premier temps ne m’en prenant à eux que lorsque j’étais sûr que je pourrais remporter la victoire. Plus le temps passait, plus le vide que je ressentais grandissait. J’en venais souvent à oublier la raison même de mon combat. Je pensais que je me battais pour combler le gouffre qui m’habitait. Du moins, j’essayais de m’en convaincre. En vérité, je crois que je me battais pour avoir une chance de mourir. En moi, mon instinct de survie s’opposait avec l’envie que la mort vienne mettre fin à la blessure qui tiraillait mon âme depuis mon départ d’Aigue Royale.

J’étais de moins en moins prudent. Mes blessures s’accumulaient, et ma santé se dégradait peu à peu. J’évitais les villes, et je n’achetais que le strict nécessaire de survie à de rares marchands ambulants. Ma légère armure de cuir vieillissait, ma cape était rapiécée de part et autres avec des bouts de tissus de couleurs différentes. Seule ma lance et mes bottes, bien qu’usées, demeuraient en bon état. Je m’attaquais à des groupes plus nombreux, leur tendant toujours plus de pièges, et affrontant toujours plus de soldats. Je ne combattais pas avec honneur. Je tuais, et je survivais, seul, un creux béant dans la poitrine.

Il fallut deux ans pour que je sorte de ma léthargie sanglante. Mon apparence était devenue plus austère et mes traits tirés trahissaient ma fatigue et ma douleur. C’était à la suite d’une escarmouche avec une petite patrouille que je découverts la nouvelle concernant la ville de Sandur. Le combat m’avait plus amoché que les autres, laissant une profonde plaie sur mon flanc. Le soldat agonisant devant moi avait agrippé ma cape en guise de dernier geste, et à genou, je le regardais dans les yeux.

« Chien de Sandur… » M’insulta-t-il, avant de fermer définitivement les yeux.

Sandur. Je n’en avais pas entendu parler. Une coalition c’était donc mise en place, comme à Aigue Royale, pour lutter contre le Tyran Blanc ? Je pense que ce fût ma curiosité qui me sauva la vie. Je soignais ma blessure, puis je reprenais finalement la route, voulant en savoir d’avantage. Après avoir entendu quelques rumeurs, j’avais un nouvel endroit où me rendre. Les dieux protégeaient effectivement le désert d’Esfelia, ainsi que cette fameuse ville, du joug de Le Tyran Blanc.

Si Alvis et sa famille devaient être quelque part, c’était bien là-bas. Je connaissais son idéalisme et son patriotisme, et mon instinct me disait qu’il avait dû rejoindre les armées du protectorat. Maintenant, je n’étais plus assez dupe pour me dire qu’ils seraient en sécurité, l’histoire m’ayant bien démontré le contraire. Je pris alors la route vers l’Est, décidé à les rejoindre, et sentant pour la première fois le vide s’estomper un peu.


XI. Retrouvailles

Printemps de l’an 5 – Eté de l’an 5

Le trajet me prit un certain temps, et je n’arrivais qu’à la fin de l’hiver de l’année 5 de l’âge d’Obsidienne. Ma prudence était revenue, aussi j’avançais en évitant les routes. Je ne m’attaquais plus non plus aux patrouilles isolées. Je n’en avais plus envie. Alvis, Lise et Maïa pouvaient avoir besoin de moi et je ne voulais pas les décevoir.

Finalement arrivé aux portes de la cité, je fis le tour des différentes forges dans l’espoir d’y retrouver la jeune famille. Mon instinct ne m’avait pas trompé, et j’aperçus au loin Alvis, travaillant à l’extérieur de sa nouvelle forge. Je me rendis alors compte de mon aspect débraillé. Mes vêtements avaient été recousus à de nombreuses reprises, mes cheveux avaient poussé, arrivant à présent au milieu de mes omoplates, et une barbe recouvrait à présent mon visage. Je n’étais même pas sûr qu’il me reconnaitrait si je l’abordais, mais je me dirigeais tout de même vers lui. Il était occupé, et ne remarqua pas mon arrivée.

« Salut Alvis. » Lui lançais-je, un peu hésitant.

Il se retourna vers moi, marquant un temps d’arrêt. Ses yeux s’écarquillèrent alors que j’abaissais ma capuche et ouvrait mon col, dévoilant davantage mon visage. Je lui souris doucement.

« Tu me remets ? » Tentais-je.

Il éclata alors de rire avant de m’étreindre brutalement, me collant une solide tape dans le dos.

« Ahah ! Seö ! J’étais sûr que tu nous rejoindrais ! Lise et Maïa se sont fait un sang d’encre ! » me répondit-il, l’air joyeux. « Je leur avais bien dit de ne pas s’inquiéter, mais qu’est-ce que tu veux ! »

L’air guilleret, il m’invita à entrer. La forge était plus petite, mais dans la construction assez semblable à celle qu’il occupait à Aigue Royale. Les pièces à vivre étaient à l’étage, l’atelier au rez-de-chaussée, et il y avait également un sous-sol. Dès que nous fûmes entrés, il appela le reste de sa famille.

« Lise ! Maïa ! Nous avons un invité d’honneur ! » Cria-t-il, joyeux.

J’entendis des bruits à l’étage, puis la voix de Lise se fit entendre.

« Ah oui ? Par contre s’il reste manger, il faudrait qu’à l’avenir tu me préviennes à l’avance ! C’est qui ? » lui répondit-elle.

« Viens voir par toi-même ! »  Lui répondit Alvis, sur le même ton.

J’entendis des bruits de pas au-dessus de ma tête qui se dirigeaient vers l’escalier. Lise apparu, me dévisageant, semblant ne pas me reconnaitre dans un premier temps. Puis, son visage se modifia d’un coup, et elle porta une main à sa bouche. Elle étouffa un cri de joie, descendit les escaliers précipitamment et se jeta dans mes bras. Je lui rendais son étreinte, en rigolant un peu. Elle se détacha, essuyant une petite larme qui perlait au coin de son œil, avant de m’asséner un coup de poing amical.

« T’aurais pu prévenir ! Regarde dans quel état tu m’as mise. » Elle se coupa un instant, avant de se reprendre un peu. « J’étais inquiète de te savoir là-bas, et je suis contente que tu sois venu. ».

Je lui souris en retour, soulagé de leur réaction. Je ne pus m’empêcher de repenser au moment où je les avais quittés. J’avais des regrets, surtout que ce que j’avais fait par la suite était loin d’être louable.

« Je suis content de vous voir, tous les deux. Maïa n’est pas là ? » Demandais-je, surpris de ne pas voir la jeune fille.

« Oh tu sais, ça fait tout de même plus de deux ans que nous ne t’avons pas vu… Maïa a grandi, elle doit être en train de s’amuser avec ses amis un peu plus loin.»

A y repenser, c’est vrai que j’avais toujours connu la petite fille qui restait très proche de ses parents. Elle devait avoir beaucoup changé depuis le temps. Qu’elle âge avait-elle déjà ? Treize ans à l’époque où nous nous étions rencontré ? Si ça datait de juste Avant Aigue Royale, elle devait à présent en avoir un peu plus de quinze… Pour un elfe, ce n’était pas une grande différence, mais pour une humaine, c’était autre chose.

« Elle arrivera bien assez tôt, ne t’en fait pas » Me sourit Lise.

Elle détailla alors ma barbe et ma longue chevelure du regard, amusée.

« Tu t’es bien laissé aller en tout cas. Je vais y remédier, avant l’arrivée de Maïa, pour ne pas que ça ne la perturbe de trop. »

Sans attendre ma réponse, elle m’entraina à l’étage. Je me débattais en plaisantant, mais Alvis lui prêta main forte. Ils m’assirent sur une chaise puis, délicatement, Lise coupa ma barbe et mes cheveux, leur redonnant leur apparence d’antan. Une fois son œuvre terminée, elle se recula, m’observant quelques instants, puis elle soupira.

« Décidément, j’aimerais bien être une Elfe… Ton visage n’a pas changé d’un pouce. » Dit-elle en me souriant.

Il est vrai que, mis à part mes cicatrices au niveau de la gorge, rien n’avait changé. Mon visage était resté intact, et même si la fatigue tirait légèrement mes traits, j’étais le même qu’avant. Je passais la main sur mon menton maintenant glabre, le détaillant du bout des doigts. Je me retrouvais un peu plus, un léger sourire sur le visage.

Je discutais un peu avec Alvis et Lise. Ils voulaient savoir avec empressement ce que j’étais devenu, restant seul pendant deux longues années. Je tus bien évidemment la vérité. Non pas que j’en avais honte, mais c’était un visage que je n’avais pas envie de leur montrer. Je cachais donc cet aspect en réduisant mes vagabondages à l’état de simples voyages. Ils parurent soulagés.

Maïa arriva une paire d’heures plus tard. J’entendis une porte claquer en bas, et une voix légèrement plus adulte que celle que je connaissais lança :

« P’pa, M’man, j’suis rentrée ! » Cria-t-elle, indiquant sa présence.

« Maïa ! Monte à l’étage saluer notre invité ! » Rétorqua Lise.

J’entendis la jeune fille monter les escaliers avant de rentrer dans la salle à manger où nous étions alors installés. J’étais dos à la porte, souhaitant lui faire la surprise.

« Bonjour Monsieur ! Bienvenue à Sand… » Elle se coupa net alors que je me retournais, lui offrant un léger sourire.

« Salut Maïa. » Lui dis-je, légèrement amusé.

Elle poussa un petit cri, avant, comme sa mère, de se jeter sur moi. Je l’étreignais doucement, en riant de concert avec ses deux parents. Après quelques instants, elle se recula, un grand sourire sur le visage. Elle sortit alors le cerf de bois blanc que je lui avais confié quelques années auparavant.

« Je l’ai toujours sur moi ! » Me dit-elle.

« Je vois ça » lui répondis-je, heureux qu’elle ait gardé ce cadeau depuis si longtemps.

Je restais donc la soirée avec la petite famille, savourant, pour la première fois depuis longtemps, le plaisir d’être en compagnie de mes amis. Ils me racontèrent comment ils avaient rejoint Sandur, et le temps qu’il leur avait fallu pour de nouveau s’installer. La vie semblait plus facile qu’à Aigue Royale, malgré le contexte chaotique qui s’était à nouveau emparé d’Ambarhùna.

Revigoré par la complicité que j’avais retrouvée au sein de cette famille, je décidais, comme avant, de rester près d’eux durant leur séjour à Sandur. Il s’installa alors la même routine qu’à l’époque, bien qu’il m’était beaucoup plus difficile d’enchanter des objets. Les ressources étaient devenues très rares, et le territoire avait bien changé. Je me contentais donc d’aider Alvis du mieux que je le pouvais à la forge, en continuant de pratiquer régulièrement mes entrainements, habitude que j’avais gardée de mes deux ans et demi passés loin de la civilisation.

La nouvelle de la découverte d’un Artefact capable de mette fin au règne du Tyran souffla comme un vent d’espoir sur la ville protégée. Dans les esprits de chacun, l’avenir s’éclaircissait. Nous passions de proies à prédateurs, bientôt capables de rivaliser avec Le Tyran Blanc lui-même. Je ne voyais pas exactement les choses comme ça. Dès lors qu’il serait au courant de notre connaissance de cet artefact, il n’hésiterait pas à sortir de sa léthargie et passer à l’offensive, afin de réduire à néant la menace qui pesait sur lui. Nous allions une nouvelle fois nous retrouver à l’épicentre de la guerre, et il était hors de question qu’Alvis et sa famille ne la subisse une fois de plus. Mes craintes furent confirmées par l’attaque désastreuse de Caladon par la Théocratie, qui infligea une lourde défaite aux troupes du protectorat. L’armée de Le Tyran Blanc avançait et la découverte des fragments de l’artefact ne faisait qu’accélérer l’imminence du combat à venir.

Fort de ma réflexion, j’en discutais avec le forgeron. Il me sourit doucement, après que je lui ai fait part de mes inquiétudes.

« C’est gentil de t’inquiéter, mon ami. Mais tu sais, cela va faire un an et demi que nous sommes ici, et nous n’avons pas vraiment autre part où aller. » Voyant que je voulais protester, il ajouta : « Et puis, tu me connais bien maintenant. Tu sais que, même si je ferais tout pour protéger ma famille, je ne peux me résoudre à abandonner mon peuple dans un moment aussi crucial de son histoire. J’en ai longuement discuté avec Lise, et avec Maïa, et nous sommes d’accord sur ce point. »

Je ne pus m’empêcher de sourire doucement. Sa philosophie n’avait pas changé. Il était resté le même, un idéaliste comme il y en avait peu. Je savais que je n’arriverais pas à le convaincre.

« C’est toi qui vois. Mais promets-moi une chose. S’il se reproduit ce qui est arrivé à Aigue Royale, et que vos vies sont en danger, tu te barricaderas comme la dernière fois avec Lise et Maïa. » Je marquais un temps d’arrêt, songeant à ce que je ferais si j’étais de nouveau au cœur d’une bataille. « J’essayerais d’aider les troupes en faction dans la ville comme je pourrais, mais je ne resterais pas à vos côtés, c’est plus sûr pour vous. »

« Comme tu veux. De toute façon, nous serons plus rassurés en te sachant avec d’autres soldats que tout seul dans la ville. » Me dit-il en souriant.

Nous en restions là, comme si nous voulions éviter de précipiter le sort en parlant de ce qu’il pourrait arriver. Pourtant, cette fatalité n’arriva qu’un petit mois plus tard.


XII. La bataille de Sandur

Mois d’Aout de l’an 5

C’était une journée du mois d’Aout. Nous savions depuis quelques jours que l’armée de du Tyran Blanc arrivait, conquérante, après sa victoire sur Caladon. J’étais sceptique. La barrière qui protégeait la ville allait-elle finir par céder ? Si oui, qui sortirait victorieux ? Certes, nous avions l’épée. Mais il ne s’agissait pas d’un duel, mais d’une bel et bien d’une bataille qui se profilait. Allons-nous avoir l’occasion de l’approcher ? De l’affronter ? De lui porter un coup ?

Je me baladais dans les rues de Sandur, tâchant de me vider la tête, lorsque je sentis un vent de panique gagner la ville. Un rescapé venait d’arriver, annonçant l’arrivée imminente des troupes du tyran, qui abattaient l’un après l’autre les avant-postes du protectorat. Sans hésiter, je courrais prévenir Alvis. La panique avait gagné les rues, et je peinais à arriver jusqu’à sa forge. J’ouvris la porte avec fracas, surprenant la petite famille, qui semblait un peu perdue.

« Séo ! Qu’est-ce qu’il se passe dehors ? » Me demanda Lise, inquiète.

« L’armée du Tyran Blanc. Ils sont aux portes de la ville. Vous devez vous mettre en sécurité. Barricadez-vous à l’intérieur, je viendrais vous chercher lorsque tout sera finit. »

Alvis hocha la tête. Il me l’avait promis et, même si je sentais qu’il brûlait d’envie de me demander de rester en sécurité avec eux, il savait que je n’en ferais rien. N’ayant ni le temps, ni l’envie pour plus de cérémonie, je tournais les talons et sortais dans la ville.

Le chaos régnait. La surprise semblait avoir pris de court les troupes du protectorat, qui allaient et venaient dans tous les sens. Soudain, une voix retentie. Le fort, il nous fallait nous regrouper au fort. Je dégainais ma lance et je suivais la directive, conscient que la majeure partie des troupes se trouveraient là-bas. J’entendis alors un grand bruit. Je regardais autour de moi, conscient que ça ne pouvait être que de mauvais augure. Je décidais alors de grimper sur le toit d’une bâtisse afin d’apercevoir plus clairement le champ de bataille. Lorsque j’arrivais en haut, je compris l’origine du vacarme qui avait retenti quelque instant plus tôt. Mes yeux s’écarquillèrent alors que je voyais qu’une partie de la muraille venait de s’écrouler sous les assauts des armées du Tyran Blanc, qui déferlaient maintenant dans la ville.

Je ne pus m’empêcher de me dire que j’avais été légèrement chanceux. En effet, le pan de muraille qui c’était écroulé était situé assez loin de la forge d’Alvis, et les troupes ne risquaient que peu de s’aventurer jusque-là... Mais qu’est-ce que je racontais ? Des civils, il y en avait d’autres, et je m’étais promis d’au moins apporter ma pierre à l’édifice pour protéger la ville. Tapant les talons l’un contre l’autre, je courrais dans la direction des combats, une légère boule au ventre.

Les combats étaient désorganisés, chaque protégé luttant pour sa survie. J’atteins assez rapidement le lieu-dit des hostilités, lance à la main. Ce qui suivi fut assez flou. A la différence d’Aigue Royale, j’avais combattu les deux années qui précédaient mon arrivée à Sandur, et j’étais mieux préparé. Moins idéaliste, plus impitoyable. La peur qui pouvait étreindre mes entrailles laissait vite la place à l’adrénaline. Toutefois, je restais plus raisonné qu’avant, ne me mettant pas dans des situations trop complexes. Quand je me sentais encerclé, ou esseulé, j’utilisais mon bâton de glace et mon agilité pour me replacer aux côtés de mes alliés. Je ne saurais vous dire combien de temps nous combattîmes ainsi.


Soudain, un élan de frayeur sembla traverser les troupes. Je levais les yeux, regardant prudemment autour de moi. C’est là que je le vis. Un immense dragon blanc traversait le ciel. Le reptile colossal, le tyran, venait de faire son entrée. Je me repris rapidement. Ce combat, bien que primordial, n’était pas le mien. Je devais rester ici, à lutter avec les autres. Nous reprîmes alors l’affrontement, chacun ayant l’inquiétude de l’issue du combat final dans un coin de sa tête.

Puis, d’un coup, le monde sembla basculer. Nous étions sur le reculoir, et nous commencions à être écrasés par le nombre de soldats de l’armée de la théocratie. Nous tenions jusqu’au bout, repoussant au mieux leurs assauts. Tout sembla s’arrêter brutalement. L’armée de Le Tyran Blanc, qui jusque-là progressait peu à peu, sembla moins organisée, moins confiante. La rumeur se répandait parmi les soldats : Le Tyran Blanc, le tyran, avait finalement été défait. Le protectorat venait de remporter la guerre.

Le calme revenant peu à peu, je me laissais tomber sur le sol, épuisé. Le maniement de la lance et l’utilisation de la magie m’avaient vidé, et je restais un long moment allongé sur le dos dans la ruelle, aux côtés des troupes exténuées. Légèrement reposé, je retournais m’assurer que la famille d’Alvis allait bien, marchant lentement dans les rues. Les cadavres et les blessés s’étalaient dans la ville, témoignant de la violence des affrontements. Je m’en étais bien sorti. Malgré quelques ecchymoses et quelques plaies qui restaient superficielles, je n’avais pas subi de blessures trop graves.

A mesure que je me rapprochais de la maison de la petite famille, je me rassurais. Comme je l’avais pensé, les combats ne semblaient pas avoir atteint cette partie de la ville, et les citoyens qui s’étaient barricadés commençaient doucement à sortir de leur cachette, se demandant ce qui avait bien pu se passer. Ils l’apprendraient bien assez tôt.

Arrivé près de la forge, je remarquais que la famille était déjà sortie, discutant avec les voisins pour essayer de comprendre le dénouement des combats.

Ce fut Maïa qui m’aperçut la première. Elle courra vers moi, le visage illuminé par un sourire. Comme lorsque j’étais arrivé pour la première fois à Sandur, elle sauta dans mes bras, surement soulagée de me revoir indemne. Lise et Alvis la rejoignirent rapidement, et ce dernier posa une main sur mon épaule, alors que la jeune fille s’écartait en riant.

« Ça va ? Tu n’es pas blessé ? » Me demanda-t-il, me détaillant du regard.

« Non ça va. Je n’ai pas à me plaindre » Lui répondis-je en souriant.

« C’est une bonne nouvelle. » Dit-il d’une voix soulagée, avant de reprendre plus sérieusement. « Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? »

Je leur racontais alors tout ce que j’avais pu voir sur le champ de bataille. La chute de la muraille, les combats, l’arrivée du  Tyran Blanc. Nous fûmes rejoints par leur voisins, qui souhaitaient eux aussi connaitre l’exacte issue de l’affrontement. Je finis par leur parler de la défaite de Le Tyran Blanc et du retrait des troupes, arrachant quelques cris de joie à ceux qui se massaient autour de nous. Ils se turent rapidement, alors que je leur contais l’étendue des dégâts et des pertes de l’armée du protectorat. Même s’il s’agissait d’un jour de victoire, ce n’était pas encore le temps de la joie et de la célébration. Il y avait des morts à pleurer, et un continent à reconstruire.


XIII. Après Sandur.
Eté de l’an 5 – Automne de l’an 7

Dans les jours qui suivirent, nous aidâmes les protégés à reconstruire Sandur. C’était un bien grand mot, mais il s’agissait d’effectuer des réparations nécessaires, et de s’occuper des blessés. La ville allait mettre du temps à se recomposer après la violente bataille qui avait eu lieu entre ses murs.

Un matin, j’étais avec Alvis, travaillant à la forge. Pour une fois, nous ne fabriquions plus d’armes mais des outils ainsi que des pièces de ferronneries diverses, comme des gonds ou des cornières, pour aider à réparer les maisons détruites par les combats. Après avoir forgé une paire d’heure, nous prîmes une petite pause. Par curiosité, je ne pus m’empêcher de lui demander :

« Et maintenant, tu as prévu de faire quoi ? »

Il marqua un petit temps d’arrêt, pensif.

« Et bien… Après avoir fini ce qu’on a à faire ici, je comptais retourner à Caladon. Je sais que la ville a subi de lourds dommages, mais nous y étions bien installés, et je me demande si ma forge là-bas a survécu. » Me répondit-il, en souriant. « Et toi, quels sont tes projets ? »

Comme lui, je me mis à réfléchir. Je n’avais plus vraiment de projets en définitive. Le monde allait doucement se reconstruire, et il y aurait surement de nouvelles régions à visiter, plus paisiblement.

« Et bien… Je ne sais pas trop je t’avouerais. Je pense que je vais reprendre la route et faire ce que j’ai toujours fait. En fait, il n’y a que ça qui m’attire vraiment maintenant. » Je lui souriais.

« Eh bien, si c’est ça que tu as envie de faire… Mais rend moi un service. Reste avec nous jusqu’à ce que nous nous soyons à nouveau installés à Caladon. Je te montrerais la forge et là où elle se trouve. Comme ça, quand tu le voudras, tu pourras revenir nous voir. » Il me sourit d’un air convaincu, et je finis par accepter.

Nous scellâmes ce « pacte » par une poignée de main, avant de retourner travailler, silencieux, comme à notre habitude.

Au mois d’octobre de l’année 5 de l’âge d’obsidienne, nous avons finalement prit la route en direction de Caladon. Sandur était peu à peu en train de se remettre de ses blessures, et il était temps pour Alvis, comme pour moi, de tourner la page de cette histoire. Le voyage fut plutôt aisé, car nous n’étions pas en période de guerre, et nous avons pu rejoindre la ville neutre sans encombre.

J’aidais alors Alvis, qui avait bien sûr dû transporter son matériel, à s’installer dans son ancienne forge, par chance relativement intacte. Nous fîmes les réparations nécessaires durant une paire de semaines, pendant que Lise et Maïa s’occupaient de rendre le lieu habitable à nouveau.

Après être resté quelques temps auprès de la petite famille, je reprenais la route, leur promettant de ne pas les laisser sans nouvelles trop longtemps. Je ne savais pas vraiment où j’allais aller, pensant naviguer au gré de telle ou telle rumeur. Je voyageais pour la première fois depuis longtemps sans trop d’appréhension, dans un climat de paix.

Lorsque je passais non loin du centre du continent, je faisais toujours un détour de quelques jours par Caladon, retrouvant avec plaisir Alvis, Lise et Maïa. J’observais avec amusement la jeune fille grandir sous l’œil parfois inquiet de ses parents. Elle semblait intrépide, avec un gout pour l’aventure qui me rappelait mes jeunes années. Lorsque je leur rendais visite, je passais mes soirées à lui conter comment était le nouveau monde qui nous entourait. Son émerveillement m’amusait, pensant que, au grand damne de ses parents, elle finirait sans doute par courir les routes elle aussi.

Je passais donc l’année et demi qui suivi à voyager à travers le nouveau continent. J’entendis parler de la nouvelle cité Elfique, que je me promis de visiter un jour. Les rumeurs parlèrent également de l’apparition de chimères utilisant la magie du néant. Pour le moment, moi, je continuais mes expéditions pour trouver de nouveaux composants, encore bien loin d’être confronté à ce nouvel ennemi.

La chute.
Automne de l’an 7 - Automne de l'an 9

A compter de mon départ, la suite de ma vie a été plutôt mouvementée, et il me serait très difficile de vraiment tout expliquer sans en omettre les détails. De voyages en voyages, j’ai rencontré chaque jour de nouvelles personnes, toutes plus particulières les unes que les autres. J’ai rencontré et été entrainé par l’impératrice des Elfes, combattu contre un dragonnier devenu par la suite mon ami, j’ai rencontré une humaine qui m’avait pris pour un assassin, et j’ai intégré la Caste des dragonniers. Que de choses en un laps de temps si court. Et que dire de ce qui suivit.

Une quête pour récupérer un vestige au cœur de la terre, une autre dans les entrailles de l’océan. L’espoir de pouvoir protéger notre terre contre les envahisseurs, guidés par la volonté du Dragon-Esprit. Des peuples unis, comme jamais, dans l’adversité et la souffrance, contre un ennemi commun. Un ennemi plus puissant que tous ceux contre lesquels nous avions pu combattre jusqu’à présent. Mais la volonté était notre meilleure alliée. Nous avions toujours réussi à nous sortir grandis de toutes ces guerres qui avaient déchirés le continent, et celle-là ne ferait pas exception. Pour la première fois, nous nous tenions tous aux côtés des uns et des autres, et nous ne doutions pas. Presque pas. Nous allions arriver à remporter une nouvelle victoire, et nous allions avancer de nouveau vers cette paix qui nous tenait tous à cœur.

Rien ne nous avait préparé à la suite de nos aventures et, comme si tout s’écroulait autour de nos, nos espoirs volèrent en éclat. Sans comprendre comment, sans savoir pourquoi, nous venions de perdre la bataille, condamnant notre terre natale à une vie sans avenir. Le néant l’avait emporté, et notre courage n’avait cette fois pas suffit à triompher. Une seule solution fut alors retenue. Elle sonna comme le glas de notre terre car la décision était irrévocable, il fallait abandonner l’ile.

Les mois qui suivirent furent alors consacrée à la création d’une gigantesque armada pouvant accueillir la plupart du peuple du continent. La caste fut chargée, comme beaucoup d’autres unités militaires, de veiller au bon déroulement des travaux et de la préparation de l’Exode massif que nous allions subir. Ce ne fut pas les meilleurs années de ma vie, loin de là. Comme beaucoup, j’avais l’impression qu’une intime part de mon être était en train de mourir doucement, à petit feu. Les visages fermés du peuple qui avait entreprit son long et incertain pèlerinage ne faisait que me conforter dans mes pensées et dans ce sentiment.

Il pleuvait abondamment ce jour-là. La plupart des hommes, elfes et vampires du continent avaient déjà quitté leur terre natale par la mer, vers des horizons encore bien sombres. La défaite était amère, mais incontestable. Je savourais alors mon dernier pas sur cette terre désormais maudite, avant de grimper dans l’embarcation qui serait, suivant la volonté des dieux, soit le vaisseau vers un nouvel espoir, soit mon tombeau. Il me semblait que tous ceux que je connaissais étaient déjà partis.

Alors que l’embarcation qui me transportais s’ébranlais, je pris place à la proue, comme beaucoup, pour observer une dernière fois la terre qui m’avait vu grandir, qui disparaissait à l’horizon.

Le trajet ne fut facile pour personne, puisque nous ne savions pas où nous allions. Pourtant, nous tenions bon, nous entraidant comme il était possible de le faire. Notre peuple n’était pas mort, et nous avions certes perdu beaucoup, mais il nous restait encore un avenir à construire.

L’aboutissement de ce cruel exode n’était pas loin. Des terres avaient été aperçues, annonçant un nouveau départ pour l’ensemble du peuple. La caste ayant disparu, j’allais pouvoir reprendre mes pérégrinations et découvrir ce nouveau continent qui me tendait les bras. Un nouveau souffle sembla m’étreindre, et le frisson de l’aventure qui m’attendait fut le même que lorsque j’avais décidé de quitter mes terres natales pour la première fois.


Fin ?





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Seö n'a plus vraiment d'avis sur cet homme, ne l'ayant jamais revu et n'étant pas particulièrement proche de lui durant sa formation.

Seö Wënmimeril [Terminé] Laurel10
Laurelin Linimiël - Mentor de Seö

D'abord son mentor, Seö considère cette personne comme la plus importante qu'il n'ait jamais rencontré. Sa mort l'a beaucoup affecté, et, même s'il se remet peu à peu, il ne passe pas une journée sans penser à elle.

Seö Wënmimeril [Terminé] Alvis10
Alvis Malsten - Forgeron

Seö considère cet homme comme son meilleur ami. Ils sont encore très proches aujourd'hui, et il lui rend souvent visite à Caladon.

Seö Wënmimeril [Terminé] Lise10
Lise Malsten - Compagne d'Alvis

Seö apprécie beaucoup Lise, qui l'a finalement bien aidé à se remettre de la disparition de Laurelïn. Il s'agit pour lui d'une mère aimante et attentionnée, qui lui fait vraiment penser à Larah.

Seö Wënmimeril [Terminé] Maya11
Maïa Malsten - Fille d'Alvis et Lise

Seö a une vraie complicité avec la jeune fille, car il voit en elle beaucoup de ce qu'il était étant plus jeune. Ils sont très proche grâce à leur passion commune pour le voyage et l'aventure

Seö Wënmimeril [Terminé] E73m
Aurore Lapsida - Amie humaine

Seö apprécie beaucoup la douceur d’Aurore ainsi que sa volonté d’aider les autres, et est soulagé qu’elle ne lui tienne pas rigueur de l’étrangeté de leur rencontre. Les moments passés en compagnie de la jeune femme l’ont changé un peu de ses voyages solitaires, raison pour laquelle il espère la revoir dans l'archipel.



Derrière l'écran



Petite présentation : Bon, je refait un peu la même parce que rien n'a trop changé ! Je suis a la fois étudiant et à la fois salarié en tant que Responsable Qualité, Sécurité et Environnement, et je reviens parce que ça fait plaisir !

Particularités rp ? : Toujours la même, j'écris à la première personne !

Rythme RP ? (Une réponse RP dans les 7 jours est attendue) : Euh, vouip, je connais le concept ! =P

Comment avez vous découvert le forum ? : Bah du coup... Je le connaissais déjà !

Avez vous signé le règlement ? : (Clic!) Da !





Dernière édition par Seö Wënmimeril le Mer 13 Sep 2017 - 19:30, édité 1 fois

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Coucou

alors de ce que j'ai pu voir Smile
Tu as encore des mots à remplacer dans la partie description physique. Il y a Armanda et Alayien

L'âge d'obsidienne est le quatrième âge Smile et il y a l'évocation des Esprits, alors qu'on les nomme Dieux désormais

Pour la compétence d'armes d'hast, tu avais très bon sur ton autre fiche, Faudra acheter les XP pour passer de niveau très bon à maître. Sinon, me remettre très bon Smile

voila, c'est juste cela à corriger Smile

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Alors, normalement j'ai fait le tour, j'avais un peu zappé l'histoire des esprits x)

Pour ce qui est de la compétence, je m'explique. Il était déjà prévu que Seö passe maitre, sur Armanda, parce qu'il avait fait son RP d'entrainement avec Aramis. Du coup, si je dis pas de bêtises, ça fait 6/2 = 3, et j'ai pile 3 xp, donc tu peux les retirer ! Un petit lien si besoin !

Du coup, voilà !

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Il faut que tu en fasses la demande dans le topic prévu Wink. Je confirme pour les 3Xp, tu peux les justifier dans l'achat à faire.
(et comme j'ai commencé à corriger ta fiche;, fini les délais du 14 septembre Smile)

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Oki, bah écoute, du coup, je vais mettre très bon pour le moment, je m'occuperais de ça plus tard ! Wink

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Ca marche mais ton augmentation suite à l'entrainement reste valable néanmoins

tout bon pour toi alors ?

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Ouaip, tout bon, je vais faire la demande d'augmentation comme ça ça sera fait !

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je termine de regarder tes correctifs demain Wink

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Bienvenue sur tes nouvelles terres Invité

Tu as été choisi(e) par l'esprit-lié du Bernique dont tu as atteint le niveau 1. Tes compétences ont été validées, tu pourras les faire évoluer tout au long de ton aventure.

Tu peux aussi adresser tes questions ici

Bonne chance pour cette nouvelle aventure qui s'offre à toi !

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