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20 Juillet de l'an 10 du Quatrième Âge

Les peuples avaient dû fuir un ennemi qu'ils n'étaient parvenus à repousser et qu'ils ne comprenaient comment combattre. Un ennemi qui tournait les alliés d'hier en êtres sans pensés ni raison. Seul un sommeil profond de l'âme et la perte du contrôle du corps.
Firindal était bien placé pour le savoir car le jeune dragon en avait été victime à deux reprises. Ce qui, il devait bien le reconnaître, avait le don de l'agacer au plus haut point. Et après tout ce temps passé à redouter d'être à nouveau l'esclave d'une entité qui le dépassait, le jeune Jade avait décidé de dresser ses murailles mentales et de les consolider. Et chaque jour, il se plongeait durant de longues heures dans une longue méditation, cherchant comment faire pour se renforcer, car il estimait que cet ennemi parviendrait un jour à les retrouver. Et ce jour là, il voulait être prêt à leur faire front aux côtés de sa belle Princesse des Ombres. Sa guerrière rousse avec qui il avait pu, durant la longue exode, il avait pu savourer ses premiers longs vols, puis, alors qu'ils grandissait, il avait également pu l'emporter avec lui, parcourant durant de longues heures les cieux qui semblaient infini.
Mais pour lui, ces moments avaient été des moment d'éternité qu'il avait attendu pendant si longtemps et dont il ne le lassait pas un seul instant. Parcourir l'Azur pour sentir la joie de sa draconnière se mêler à la sienne de pouvoir être totalement libre de toute entrave... Cela n'avait absolument aucun prix. Et il n'aurait troqué aucun trésor du monde contre ces moments de jouissance et de partage. Si bien qu'il se languissait, après chaque vol, du suivant.
Puis la grande Armada avait prit fin lorsque les peuples avaient trouvé ces bout de terre qu'ils avaient baptisé Tiamat. Cinq îles formant un archipel aussi disparate qu'étrange. Comme ci les Dieux avait voulu que chacune d'entre elles soit le reflet d'un aspect de la création. Le Feu, la Glace, la Terre, le Bois... Quelque chose que le jeune dragon ne parvenait au final, pas vraiment à comprendre. Alors il parcourait les cieux de l'archipel sans réellement se préoccuper de tout cela, regardant les peuples se reconstruire.
Cependant, Firindal était content. En effet, sa douce Princesse avait retrouvé sa place parmi les siens et parvenait à vivre sa relation avec avec Luna au grand jour. Bon, il est vrai qu'il a encore du mal d'accepter que quelqu'un puisse s'approcher d'Orfraie, mais il était sincèrement heureux qu'elles n'ai plus à ce cacher et que la jeune vampire puisse être heureuse.

Mais aujourd'hui, tout cela importait peu, car aujourd'hui, il demeurait allongé de son long à l'écart de la nouvelle cité elfique, qu'il observait d'un œil amusé. Il se souvenait encore des travaux titanesque que cette immense construction avait provoqué. Des jours, des semaines et des mois de travaux qui semblaient ne jamais finir. Mais aujourd'hui, la cité avait émergé des sable et resplendissait de mille feux sous le soleil.
Le grand dragon de jade se reposait paisiblement le long des canaux conduisant au fleuve, profitant allègrement de quelques malheureux poissons passant par là pour grignoter un coup. Il n'était pas gras comme dragon. Loin de là. Et vu les longs vols qu'il faisait et les variations de climat entre les îles, il pouvait bien prendre de temps à autres quelques petites friandises. Il avait promit à Orfraie de ne pas abuser et de ne pas prendre de bêtes de bétail. Mais personne n'avait rien dit sur quelques poissons par ci par là.
Il regardait l'immense pyramide noire qui trônait au centre de la cité lorsqu'il sentie une caresse mentale effleurer son esprit. Il en reconnu immédiatement l'origine, car nul ne pouvait atteindre son esprit avec autant de tendresse et d'amour que sa Liée de Feu, Orfraie.
Il lui envoya mentalement une image du canal et la sensation de sustentation d'un bon repas, se passant la langue sur les babines avec un plaisir non feint. Puis il referma les yeux, attendant que sa "petite" guerrière, comme il s'amusait à l'appeler désormais, le rejoigne, levant la tête lorsqu'elle s'approcha, l'inclinant légèrement d'un air faussement innocent, un sourire pleins de dent apparaissant par la même.


"Te serais tu perdu dans ta patrouille, Douce Liée?" Lui demanda-t-il mentalement, pour la taquiner.

Bien sûr, il avait apprit rapidement à parler comme les bipèdes, utilisant leur mots, mais Firindal n'aimait pas franchement cette méthode d'expression, pleine de non dit et manquant cruellement de précision. Alors que l'échange des esprits permettait de montrer l'intégralité de ce que l'on souhaitait partager. Et c'est pour cela qu'au jour d'aujourd'hui, le jeune dragon devait encore tenir sa première conversation oral avec quelqu'un. Mais il n'était absolument pas pressé de le faire. Pour lui, les sons sont pour le chant et la musique et ne sont au final qu'un extension de l'expression mentale.

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Le temps avait passé, les jours ne se ressemblaient plus. Lors de la grande traversée, les journées s’étaient suivis, peu différentes les unes des autres. Mais aujourd’hui, tout aller mieux. Et comme chaque matin, Orfraie sortait peu avant le soleil, prenant tranquillement le chemin de l’extérieur de la cité Elfique. Vêtue simplement, elle portait Laurelin à la ceinture. Comme chaque matin, son esprit partait à la recherche de Firindal, dont elle sentait toujours la présence dans un coin de sa tête. Et son beau lié se trouvait non loin de là, un peu à l’écart, au bord d’un canal. Orfraie sentait son appétit et ne pu s’empêcher de sourire tandis qu’elle empruntait tranquillement un chemin qui la mènerait jusqu’à lui. Elle l’imaginait sans problème se prélasser, allongé de tout son long et observant les éventuelles embarcations passer par là. Sans le moindre doute, Firindal devait attirer les regards.

Lorsqu’elle arriva en son lieu de villégiature, Orfraie marqua un temps d’arrêt. Il était magnifique, là, allongé près de l’eau. Il était immense aussi et pendant un instant, la vampiresse ressentit une pointe de nostalgie. Cela faisait trois ans, jour pour jour, qu’ils étaient liés et Firindal avait bien grandit, lui qui autrefois avait été en mesure de se percher sur son épaule sans le moindre problème. Orfraie transmit cette pensée et cette image à son Lié, puis elle s’approcha. Ses doigts vinrent caresser les écailles de son ventre, puis, un malicieux sourire aux lèvres, elle lui répondit.

» Pas du tout. Par contre, toi, le soleil est à peine levé et tu te goinfres déjà. Tu vas devenir gros.

Ses améthystes se posèrent sur lui, rieurs et moqueurs. Son sourire plein de dents donnait toujours une étrange image de lui. Terrifiant pour quelqu’un qui ne le connaissait pas, mais amusante pour Orfraie, qui s’approcha de sa gueule et posa ses mains sur son museau. Sa tête faisait bien la moitié du corps de la guerrière et celle-ci paraissait vraiment petite par rapport à Firindal, alors qu’elle était pourtant dotée d’une taille honorable. Elle déposa un baiser sur le bout de son museau écailleux.

» Joyeux anniversaire de lien, mon beau Firindal. Je t’aime.

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Orfraie ne manquait jamais une occasion de répondre aux piques de son lié de jade. Et il devait bien l'avouer, il aimait cela. Ces petites joutes avec elle aiguisait son esprit et lui permettait de s'affermir.
Aussi, lorsqu'elle lui annonça qu'il allait devenir gros à se gaver de si bon matin., il lui adressa un sourire plein de dent encore plus grand.


"Crois tu vraiment que ton lié se laissera aller au point de ne pouvoir ne pouvoir parcourir les cieux? Comment pourrais-je revendiquer le titre d'Empereur du Ciel?"

Un léger ronflement se fit entendre lorsque la guerrière vint déposer un baiser sur le bout du museau et qu'elle lui souhaita un bon anniversaire. Il devait bien avouer ne pas spécialement avoir retenu la date, n'attachant que peu d'intérêt aux évènements du monde. Mais il était vrai que cette date marquait le début de leur histoire. Le début d'une relation particulière qui les unissait à jamais.

-Joyeux anniversaire à toi aussi, ma Princesse des Ombres. Et oui. Firindal venait d'articuler des mots avec sa grande gueule. Un présent rare qu'il ne faisait que rarement. Mais cette occasion en valait la peine.

Le grand saurien se redressa et commença à s'étirer, baillant un grand coup avant de se secouer pour se débarrasser de du sable qui ne manquait jamais de se faufiler entre les écailles. Puis il surplomba légèrement sa lié et courba l'échine pour mettre sa tête à son niveau.


"Que dirais tu, pour cet anniversaire, que l'on se fasse une petite virée dans les airs? Une bonne petite célébration pour cet évènement si particulier. Qu'en penses tu?"

Le jeune dragon se secoua une nouvelle fois, comme ci quelque chose le gênait, mais il ne savait pas quoi.

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- Tu es mignon quand tu fais ce bruit, dit la guerrière.

Un léger sourire étira ses lèvres pulpeuses, puis l’améthyste se découvrit de nouveau en un doux regard, emplit d’amour. Elle le posa sur les saphirs de son Lié, qu’elle trouvait un peu plus majestueux chaque jour, bien qu’elle se gardait souvent de le dire clairement, de peur de lui donner la grosse tête.

Elle l’observa bailler, toujours ce sourire au coin des lèvres, mais leva un bras pour se protéger du sable qui ne manqua pas de tomber de ses écailles. Elle s’épousseta ensuite en lui décochant un regard en coin, faussement courroucé

La proposition de son Lié fit naître l’excitation en un claquement de doigts et, avant même qu'Orfraie décide de formuler quoi que ce soit, son esprit acquiescer avec vigueur. Toutefois, Firindal n’avait pas sa selle et Orfraie risquait de se blesser sur ses écailles si elle embarquait ainsi sur son dos. D’un regard, elle lui fit parvenir cette constation, avant de se nimber d’un nuage de ténèbres, qui la fit presque disparaître. En quelques secondes, elle sentit le poids du métal teinté sur ses épaules et, lorsque le nuage se dissipa, elle portait son armure complète. De cette façon, elle pouvait se tenir sur le dos de son Lié quelque temps, juste assez pour aller chercher la selle. Ensuite, ils pourraient prendre leur envol aussi longtemps qu’ils le désiraient.

- En fait, j’ai droit à un cadeau? Demanda t-elle sur le ton de la plaisanterie.

Orfraie caressa le cou de son Lié, dont elle sentait les écailles bouger sous ses doigts. Puis elle prit appui sur son épaule et grimpa souplement sur son dos tout en prenant garde à ne pas glisser ni se blesser sur ses piques. Sans selle, elle n’avait pas grand-chose pour se tenir en plus d’avoir un peu chaud à cause de son armure, mais l’altitude allait vite régler ce problème.

- Allons vite chercher ta selle, ce sera beaucoup plus agréable pour toi comme pour moi. Vol mon beau Firindal! Emmène nous dans les nuages! S’écria t-elle, un éclatant sourire sur son visage.

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[Inconscient] Don du dragon

Le dragon fait apparaître une amulette en écaille de dragon augmentant d'un niveau de maîtrise de magie de son dragonnier. Pour cela le dragonnier doit faire une demande de lancer de dés (il a le droit de le faire une fois par mois) et obtenir le chiffre 1. Il gardera alors l'amulette à vie, mais elle ne sera active que lorsqu'il est éloigné de son dragon et que celui-ci ne peut pas le protéger.


Firindal ne le sait pas encore, mais au fond de son être, sa magie s'active...

   



Dernière édition par Origine le Mar 3 Oct 2017 - 17:40, édité 1 fois

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Le membre 'Origine' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'D6' : 1

Réussite. Quelque chose semble se produire et Firindal peut ressentir une sensation d'inconfort, comme si quelque chose était coincé derrière ses écailles.

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Le sourire du jeune dragon s'agrandissait encore d'avantage sous le compliment de sa Liée de Feu sur son ronronnement. un comportement pas très draconnique, mais les caresse d'Orfraie avait quelque chose d’apaisant pour Firindal.
Et d'un ton taquin, la la jeune vampire lui demandait si elle avait le droit à un cadeau. Firindal savait qu'elle s'en moquait éperdument, mais il se prit au jeu et fit semblant de se mettre à réfléchir, comme si il songer à quelque chose de particulier.
Mais ce que aucun des deux ne savait, c'est que l'esprit du jeune dragon de jade n'était pas le seul à écouter. Son corps, imbibé de magie, avait commencé à réagir en percevant la demande innocente de sa liée.
Le Jade s'ébroua tandis que la sensation de gêne le prenait dans le bas du cou. Puis il ne tarda à s'immobiliser. Il venait de comprendre ce qu'il se passait, tandis que Orfraie grimpait sur son dos pour qu'ils rejoignent la ville ensemble, afin de récupérer l'attirail pour une virée dans les air. Sa mémoire ancestrale lui avait donné la réponse à ce qu'il se passait en ce moment même. Un don unique qui offrait bien plus que la simple image qu'elle été.
Une fois qu'Orfraie fut bien en place, Firindal fit tourner sa tête et vint retirer la chose qui le démangeait, adressant au passage un petit sourire mental à sa liée.


"Je n'avais rien de prévus de particulier pour cet anniversaire, mais il semble que quelqu'un s'en soit charger pour nous, ma Guerrière de Feu. Voici ce que je t'offre pour cette troisième année ensemble." Puis il vint déposer une unique écaille totalement imprégnée de magie. "Pendant ces années, tu es celle qui m'a protégé et qui a veillé sur moi. Désormais, c'est à moi de te protéger et de veiller sur toi. En tout temps et en tout lieux, avec ceci, je serais avec toi, même séparés par les coups d’ailes.

Ce disant, il vint coller son front contre celui de sa moitié, avant de finalement se retourner tout en se redressant sur ses quatre pattes et se mettre en marche vers la capitale elfique, franchissant la distance avec une aisance certaine, arrivant bientôt à l'entrée de la cité. Là, par contre, il dût ralentir le pas, pour ne pas risquer d'écraser quelqu'un. Cela ferait tâche dans la nouvelle citée. Et puis, il n'avait pas franchement envie de s'attirer les foudres des elfes pour son inattention. Donc il avançait lentement, laissant le temps aux gens de s'écarter de son chemin.
Ils avançaient donc tranquillement, gravissant les degrés de la cité finalement parvenir aux écuries du Palais impérial. Firindal devait d’ailleurs bien avouer qu'il n'arrivait toujours pas à comprendre l'intérêt de construire des bâtiments aussi immense pour abriter sa famille, mais il n'avait jamais posé la question, préférant laisser aux bipèdes s'amuser à faire ce que bon leur plait. Cela ne lui changerait pas la vie. Tout ce qui comptait, c'était d'être avec sa Liée de Feu et de pouvoir partir dans les airs quand bon leur semblait.
Le dragon s'immobilisa devant les écuries, laissant Orfraie récupérer l'attirail nécessaire pour leur escapade et se prit à se souvenir de la fois ou il avait grimpé les parois de cette "pyramide", car c'est ainsi que certains l'appelait. Il n'avait alors pas comprit pourquoi certains s'étaient emporté alors qu'il s'était simplement contenté de grimper là pour profiter du soleil.
Tout en se remémorant ce souvenir, le dragon de jade s'allongea, manquant de bousculer un cheval au passage, qui hennit pour montrer son mécontentement. Mais il s'abstint de ruer pour donner des coup de sabot à l'imposant dragon.

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Les jambières d’Orfraie crissèrent contre les écailles de jade et produisirent un son pour le moins désagréable. Mais au moins la guerrière était installée sur le dos de son Lié, quoi que grimaçante du fait de l’agression de son ouïe. Les quelques piquants présents sur le dos de Firindal, de même que les arêtes tranchantes de ses écailles, forçaient la guerrière à bouger prudemment. Elle finit toutefois par trouver une position confortable.

Au même instant, elle sentit un remous dans la magie et le lien qui l’unissait au jeune dragon. Quelques instants après, elle vit Firindal saisir quelque chose entre ses mâchoires et le déposer dans ses mains, qu’elle tendit instinctivement lorsqu’il tourna son imposante tête vers elle. C’était une écaille, pas plus grosse que la moitié de la paume de sa main et d’une forme différente de toutes les autres, comme une larme. Pourvue de reflet jade et bleu, elle semblait pulser contre la peau de la vampiresse, qui sentait une puissante magie à l’œuvre. Orfraie ne saisissait pas toute la portée de ce présent, mais elle resserra ses doigts sur l’écaille et la pressa contre sa poitrine avec un sourire, avant de venir coller son front contre celui de son Lié bien-aimé.

# Merci. Mais permet moi de te corriger, mon jeune Lié, commença t’elle d’un ton taquin. Nous allons nous protéger l’un l’autre. Ce n’est pas parce que tu pourrais m’avaler en deux bouchées que je vais arrêter de m’inquiéter pour toi lorsque nous sommes séparés.

Elle déposa un nouveau baiser sur son front puis le laisser se retourner. Orfraie aimait beaucoup se promener avec Firindal, encore plus depuis qu’il était en mesure de la porter et elle savoura leur balade, qui les mena jusqu’à la cité des Elfes.

Les gens se tassaient en apercevant le dragon, s’écartant largement de sa route, autant par prudence que parce qu’ils étaient impressionnés par la créature fantastique. Orfraie croisa quelques regards mais n’y prêta qu’une attention limitée, son attention étant retournée sur l’écaille qu’elle tenait entre ses doigts. Étonnamment, il semblait y avoir un trou dedans, comme si elle avait été faite pour …

# Un pendentif?

La Princesse des Ombres n’eut guère l’occasion de pousser sa réflexion plus avant. Elle se laissa glisser par terre et s’empressa de faire disparaître son armure. Libérée de son poids et, surtout, de la chaleur, la demoiselle se sentit aussitôt bien mieux. Elle s’empressa alors d’aller chercher la selle de Firindal et, bien que celle-ci fut lourde, elle la porta sans mal et la glissa sur le dos du saurien, puis l’attacha solidement. En passant sous son ventre elle ne manqua pas de le chatouiller un peu.

# Regarde, cette écaille fait un parfait pendentif.

Et pour cause, Orfraie venait de détacher l’Exaltation de la Nuit Éternelle pour pouvoir glisser l’écaille sur la chaîne en argent. Collée à la pierre rouge sang, l’écaille de jade était très belle portée ainsi et, avec un sourire, la guerrière remit le collier à son cou.

# Je me sens … requinquer. C’est une drôle de sensation et, cela, depuis que tu m’as donné ton écaille, lui dit-elle en passant une jambe par-dessus le dos de Firindal. Je suis prête !

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Firindal ne put que sourire à la réponse de sa liée. Qu'elle idée avait-elle de lui dire qu'il pouvait la manger en deux bouchées? Nan mais franchement...

"Je suis persuadé que si je le voulais, je pourrais même en une seule." Rétorqua en tirant mentalement la langue.

Il était content que le présent plaise à Orfraie, mais il perçut également qu'elle ne saisissait pas nécessairement la portée de ce don, aussi, pendant qu'il se vautrait en attendant qu'elle ramène l'équipement pour le vol, il alla chercher dans sa mémoire ancestrale la signification de ce présent et ses pouvoirs. Il fallait qu'il le lui explique d'une manière ou d'une autre.
Une fois qu'elle l'eut sanglé pour placer correctement la selle et qu'elle se fut placée sur son dos, il se redressa de tout son long, jetant ce coup si un regard autour de lui, puis se dirigea vers la muraille, qu'il entreprit d'escalader, prenant appuis sur des aspérités prévu pour cela, dans la conception du rempart. Son coup surgit rapidement au sommet, "saluant" d'un large sourire les deux gardes se trouvant là. Ceux ci, un peu surprit, s'écartèrent précipitamment, laissant la place libre. Ils savaient parfaitement que la Général vivait non loin et qu'elle avait un dragon avec lequel elle partait parfois en vadrouille. Le problème était surtout de savoir quand est-ce qu'ils partaient. Après tout, il était connu que si Orfraie était une partisane du trône et qu'elle ferait tout ce qu'elle peut pour le protéger d'une manière ou d'une autre, Firindal, lui, ne se sentait pas d'attache particulière à qui que se soit hormis sa Liée de Feu. Plus d'un avait demandé au dragon si il se sentait chez lui ici et sa réponse était invariablement la même. Chez lui, c'est les cieux. Peu lui importait les frontières des mortels. Il restait un dragon libre et allait ou il le souhaitait.
Une fois arrivé au sommet de l'immense mur, le jeune Eclat de Jade étendit ses ailes et commença à brasser l'air, s'envolant progressivement, tandis que les elfes en armure se couchaient pour ne pas être soufflé par le vent. Lentement, il prit de la hauteur, laissant progressivement derrière lui la cité du désert. Et dés qu'il fut suffisamment haut, il entreprit de se laisser d'abord planer en cercle dans le ciel avant de finalement s'élancer et de glisser sur les masses d'air autour de lui.
Firindal ouvrait tout ses sens pour percevoir le moindre changement de pression dans l'air, et il partageait cela avec Orfraie via leur lien mental, lui offrant le monde tel qu'il le percevait. Et en retour, il percevait le plaisir croissant de sa moitié, tandis qu'il se mettait doucement à faire des acrobaties dans l'air.
Il s'amusa même à claquer des dent non loin d'un rapace qui volait et qui ne l'avait pas vu venir, le faisant partir en une vrille descendante pour s'éloigner de la grosse bête qui venait de lui faire une peur bleue.
Comment ça, Firindal est joueur? Mais pas du tout. Bon enfin juste un peu.
Puis, d'un mouvement de rein , il se dirigea vers la mer ou bientôt, il se mit à plonger en direction de l'étendu d'eau, venant frôler le liquide avec ses griffes, provoquant deux immenses gerbes d'eau sur son sillage.
L'immense saurien prenait un malin plaisir à partager tout cela avec Orfraie, l'éclaboussant légèrement au passage, avant de finalement lui adresser quelques paroles mentales.


"Maintenant, à toi de me montrer ce que tu veux que l'on fasse. Mettons nous au défis et profitons de ce moment."

Les paroles étaient déjà un défis en soit. Orfraie serait-elle capable de le surprendre avec une demande complètement folle de faire quelque chose d'insensée? Il attendait toujours cela avec une grande impatience. De voir jusqu'où elle pouvait aller.

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Les quelques secondes qui précédaient un vol étaient incroyables. L'adrénaline et l'excitation se battaient en duel, puis la sensation d'être décollé de terre par une force incroyable clouait Orfraie sur sa selle, à laquelle elle se cramponnait avec force. Mais son Lié ne s'envola pas immédiatement, cette fois-ci, et se dirigea vers la muraille de la cité qu'il escalada comme si c'était un simple mur. A la verticale, Orfraie due se cramponner de toutes ses forces pour ne pas partir en arrière, mais fort heureusement ses jambes étaient sanglées à sa selle et elle ne pouvait pas tout bonnement tomber.

En haut de la muraille, les gardes observèrent les deux Liés avec des yeux bien ronds. Il était toujours surprenant de voir Firindal grimper ainsi l'épais mur de pierre et encore plus assister à son départ. Lorsque ses larges ailes s'écartèrent de son corps, Orfraie referma ses deux mains sur le pommeau de sa selle tandis que les gardes s'écartaient davantage et se couchaient pour ne pas être soufflés par le vent.

Lentement, Firindal prit de la hauteur tandis qu'Orfraie relâchait doucement sa prise sur la selle. La montée était douce et ce fut avec plaisir que la Liée accueillie la fraicheur des cieux. Puis son regard se perdit dans la contemplation du monde. C'était un point de vue absolument fabuleux que peu avaient la chance d'observer. L'ancienne princesse se sentait terriblement chanceuse tandis qu'elle ouvrait ses sens au monde, à son Lié, se laissant presque bercer par les battements d'ailes de ce dernier.

Puis il se dirigea vers la mer, piquant vers celle-ci pour le plus grand plaisir de sa cavalière, qui se pencha en avant comme pour faire corps avec lui. Le vent soulevait ses cheveux et les faisait claquer à ses oreilles, de même que chaque pans de tissu couvrant sa peau, mais elle n'en avait rien à faire, elle l'entendait à peine. L'eau salée vint bientôt éclabousser la Liée qui en fut agréablement surprise. Après la chaleur du désert ce froid était plus que bienvenue. Et le plaisir de Firindal, qu'elle ressentait clairement via leur lien, était communicatif. Orfraie se surprit à rire à gorge déployer puis, lorsque son Lié s'adressa à elle, une idée se dessina aussitôt dans son esprit.

# Monte ! Le plus haut que tu peux ! Je veux voir ce que cela fait de sentir le vide sous sois. Je veux sauter et tu me rattraperas. J'ai confiance en toi, ajoutai t-elle en posant une main délicate sur son cou.

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Le plaisir du duo était pour ainsi dire complet. Il n'y avait qu'eux deux et le monde en dessous d'eux. Firindal savourait le contraste entre la chaleur du ciel et la douceur de l'eau. Le tout mêlé à la joie d'Orfraie. C'était un moment d'éternité que l’Éclat-de-Jade aimait tout particulièrement. Et il avait proposé à sa Liée de Feu de lui laisser les rênes, qu'elle choisisse ce qu'ils ferait. Et la Princesse ne manqua pas de répondre à sa proposition avec une idée qui avait de quoi surprendre l'Intrépide qui répondit immédiatement en changeant de direction et en s'élevant dans les air avec une folle vitesse. Le couple parvint bientôt au niveau des nuages, les traversant telle une flèche lancé par l'arc le plus puissant qui soit. Et là encore, Firindal parvenait à garder sa vitesse, continuant inlassablement dans sa lancée. Puis, finalement, il arriva à une altitude ou même pour lui, cela devenait difficile de respirer. Le ciel demeurait bleu, mais il avait prit une teinte propre à la nuit, tandis que le soleil brillait comme jamais au loin.
Le jeune saurien se laissa flotter un cours instant dans le silence qui les entourait, laissant à Orfraie tout le temps qu'elle voulait pour se libérer et plonger dans le vide en dessous d'eux. Pour sa part, Firindal plongea à la suite de sa moitié. Il se garda toutefois de la rattraper immédiatement, la laissant savourer cette liberté qu'il éprouvait lui même si souvent.
Il l'accompagnait donc dans sa chute, gardant son esprit ouvert pour elle, prêt à réagir à toute demande de sa part.
Les secondes s'égrainaient et il continuait de la suivre, observant la mer se rapprocher à toute vitesse. Firindal commença lentement à se rapprocher afin de permettre à Orfraie de se remettre en selle lorsqu'elle le souhaiterait. Mais il s'attendait également à ce qu'elle préfère qu'il la rattrape avec ses griffes au raz de l'eau. Ce qu'il ferait le cas échéant.

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Existait-il quelque chose de plus plaisant que voler avec sa moitié d’âme? Orfraie en doutait tandis qu’elle souriait et riait, oubliant le vent qui claquait à ses oreilles ou même la fraîcheur de l’air. Même ses muscles, alors qu’elle serrait les cuisses contre la selle, ne parvenaient pas à lui arracher la moindre grimace… et pourtant l’effort était grand tandis que le dragon s’élever à la verticale au-dessus de l’océan.

Mais l’eau était déjà un lointain souvenir, de même que la terre ferme. Les nuages étaient désormais le royaume des deux liés et l’air était si frais qu’il parvint à faire frissonner la vampiresse. A quelle hauteur se trouvaient-ils exactement se demanda Orfraie en se penchant par dessus l’épaule du dragon de Jade, prise par un profond sentiment de plénitude. Ici, dans les cieux, tout était silencieux. Elle n’entendait que le léger frottement du cuir de la selle sur les écailles de son Lié ou ses puissants battements d’ailes, et encore, lorsqu’il ne décidait pas de simplement planer.

# Tout est si calme. C’est si … reposant. Je ne m’en lasserais jamais.

Ils étaient désormais si haut que même Firindal avait de la difficulté à respirer. Pour Orfraie, cela n’était guère un problème du fait de sa nature même. L’oxygène était une denrée dont elle pouvait se passer, ce qui facilitait grandement leurs escapades au plus au des cieux. Mais inutile de rester si haut trop longtemps. La Liée de feu n’y tenait pas et entreprit de libérer ses jambes de leurs entraves de cuir, les boucles de métal des attaches tintant avec force dans le silence des hauteurs.

Lorsque ses deux jambes furent libres, Orfraie passa la droite par-dessus la selle et se retrouva les deux pieds dans le vide. Elle se tenait uniquement avec ses mains tandis que l’adrénaline se faisait un chemin dans ses veines. Si son coeur avait été en mesure de battre, sans doute ce serait-il emballé. La princesse des ombres n’avait pas le vertige, c’était un fait, mais il était impossible de ne pas ressentir de l’appréhension pour un saut à une telle hauteur, face à une telle vue. Elle avait l’impression de dominer le monde depuis son perchoir… Duquel elle se laissa finalement tomber.

Telle une flèche, elle fonçait vers l’océan. Quelques larmes perlaient au coin de ses yeux à cause du vent tandis qu’elle écartait doucement ses bras de son corps afin de stabiliser sa chute et, aussi, la ralentir un peu. Juste derrière elle, Orfraie sentait Firindal et avait parfaitement confiance en lui pour la rattraper, aussi fut-elle en mesure de savourer ce « vol », riant à gorge déployée sous le coup de l’émotion. Elle ne s’était jamais sentit aussi libre qu’aujourd’hui, en cet instant précis.

# Attrape moi ! Lui dit-il elle finalement, alors qu’elle arrivait dangereusement proche de l’eau.

Aussi délicatement que possible, le jeune dragon se rapprocha et passa ses larges pattes sous le corps de la vampiresse, qui se retrouva dès lors dans les bras de son Lié. L’impression de voler de ses propres ailes se poursuivit encore quelque temps, jusqu’à ce que le dragon de jade se pose et dépose sa cavalière au sol.

Celle-ci fit quelques pas, retrouvant tout de même avec plaisir la sensation de la terre sous ses pieds, puis elle revint auprès de son lié.

# Merci mon beau Lié. C’était magique, lui dit-elle en posant un baiser sur son museau, qu’elle tint entre ses mains. À présent, il serait temps pour nous de travailler un peu. J’avais promis de t’aider à renforcer ton esprit.

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Ces instants avant de se lancer dans l'aventure sont des moments uniques et profondément intense. Firindal le comprenait parfaitement. Alors il avait patienter aussi longtemps que nécessaire pour permettre à sa Liée de Feu de plonger lorsqu'elle le souhaiterait.
Il avait sourit aussi bien mentalement que physiquement lorsque la rouquine avait souligné le fait qu'ici, le monde était un havre de silence et de repos. Après tout, c'était également son sentiment en la matière. Le Jade préférait de très loin le silence du ciel à l'agitation des peuples. Mais il se montrait tout de même compréhensif envers ces créatures qui ne pouvaient que trop rarement savourer ce plaisir ressentit dans les airs.

Le jeune dragon était resté aux limites de la conscience de sa moitié, ressentant chaque sensation qu'elle lui partageait, mais sans non plus la contraindre ou quoi que se soit. Il se laisser simplement planer dans les airs, entre les nuages et les étoiles, observant ces diamants sur un fond noir.
Puis Orfraie s'était jetée dans le vide, commençant sa chute vers la mer. Dès lors, le jeune dragon donna un coup de hanche et plongea à son tour à la suite de la vampire, repliant ses ailes contre ses flancs. Il ne tarda pas à se retrouver à son niveau, observant le niveau de la mer se rapprocher toujours un peu plus. Ses sens lui permettaient de comprendre facilement à quelle altitude il se trouvait. Et lorsque finalement, Orfraie lui demanda de la rattraper, il s'approcha d'elle tout en douceur, veillant à faire en sorte qu'elle ne ressente, pour ainsi dire, pas ses griffes qui vinrent l'enserrer et poursuivre le mouvement tout en passant d'une chute à un vol à l'horizontal, au raz de l'eau. A à peine quelque pouce de l'étendue liquide.
Firindal poursuivit un moment son vol, ainsi chargé, avant de finalement revenir au dessus de la terre ferme ou il commença à ralentir pour finalement ne plus battre des ailes que pour s'empêcher de poser ses pattes antérieures, afin de pouvoir libérer sa moitié sans prendre le risque de l'écraser. L'exercice n'était guère difficile pour lui, mais cela demandait tout de même une certaine dextérité, qu'il déploya avec plaisir.
Puis, une fois que Orfraie eu fait quelques pas, il s'allongea au sol, ramenant complètement ses aile contre lui et la regarda tandis qu'elle le remerciait de ce moment trop rare au goût du saurien de jade. Mais il ne faisait aucun reproche à sa liée. Les bipèdes avaient des choses à faire. Il ne les comprenait peut être pas, mais il acceptait le fait qu'Orfraie ne pouvait pas toujours s'occuper de lui. Et puis, même si il était sur d'autres îles, comme cela lui arrive parfois, ils étaient toujours liés par l'esprit et pouvait parfaitement se parler ainsi. Et ce, quelque soit la distance.
Puis, la Flamboyante proposa de se mettre au travail. D'aider son tendre lié à se protéger mentalement contre les agressions mentales, comme celles que les chimères lui avaient infligées autrefois. Non pas une fois. Mais deux. A deux reprises, il avait succombé à leur emprise sans parvenir à s'en défaire de lui même. Et cela avait le don d'agacer le saurien. Il aimait bien trop sa liberté pour laisser d'autres lui dicter comment il devait se conduire.
Mais avant cela, il avait une chose à faire. Alors il adressa un sourire pleins de dents à Orfraie.


"Avant cela, il me faut t'expliquer quelque chose, ma douce autre moi. Je cherchais les mots pour te l'expliquer, mais ce "pendentif", comme tu l'appelles, est bien plus qu'une simple écaille. Je pense que ça, tu l'as deviné par toi même. Mais il me faut te dire ce qu'elle va t'apporter.
Lorsque je ne suis prêt de toi, elle renforcera ton lien avec la magie, t'offrant une plus grande maîtrise. Des sorts que tu ne pouvais pour l'instant atteindre te seront accessible désormais. Et cela se renforcera à mesure que je grandirais, te renforçant par la même occasion.
De ce que j'ai cru comprendre, ce n'est pas forcément un présent que tous les dragonniers se voient octroyés. Mais je pense qu'il saura t'être utile en temps et en heure, même si je dois avouer espérer que tu n'en ai jamais besoin. Car alors, cela voudrait dire que j'ai faillit à être à tes côtés lorsque tu en aurais besoin. Et si il devait alors t'arriver quelque chose, je ne saurais me le pardonner ou même le pardonner à celui qui poserait la main sur toi.
"

Il était rare que Firindal aborde ce genre de sujet. Il était même fortement possible que se soit la première fois. Mais l'on pouvait facilement comprendre, au poids de son esprit, qu'il risquerait de sombrer dans la folie si quelque chose devait arriver à celle qu'il aimait tant. Et il serait capable de faire bien des choses pour retrouver et châtier celui ou celle qui l'aurait blessé de quelques manière que se soit.

Puis l'esprit draconnique s’apaisa, reposant désormais sur ce sable chaud, et dont le corps venait se faire délicieusement lécher par quelques vagues qui le rafraîchissaient légèrement.

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Un instant d’éternité. Ce furent les mots qui lui vinrent à l’esprit lorsqu’Orfraie songea à ce qu’elle venait de vivre. C’en était amusant, à bien y songer, car la Liée de Feu était immortelle. Mais à vivre sans limite, la vie prenait une toute autre dimension que seul Firindal – dont l’esprit était connecté en permanence à celui de l’ancienne princesse – pouvait saisir toutes les nuances.

Firindal, dont la tête ‘reposait’ entre les mains de sa Liée qui venait de poser son front contre le sien. Lui allongé, elle debout et le vent balayant le sable, faisant onduler la flamboyante crinière de la bipède tandis que le Jade se dressait tel un roc. Orfraie, les paupières closes, mêla totalement son esprit à celui du jeune dragon qui partageait son existence, puis s’éloigna de deux pas quelques instants plus tard. La perle de jade que la Liée portait désormais autour du cou semblait plus brillante que n’importe quel autre bijou sous les chaud rayons du soleil et, posée contre sa peau, la guerrière sentait une délicieuse chaleur en émaner.

Mais avant de s’entraîner, Firindal avait des précisions à donner concernant ce cadeau qu’il venait de faire. Orfraie l’écouta donc avec attention, non sans rire face à sa gueule garnie de crocs qu’il entrouvrit en une veine tentative de sourire. Ainsi, comme elle l’avait ressentit, ce bijou exceptionnel détenait une puissante magie qui ne pourrait être libérée que lors de leur séparation. Cette idée était plaisante et déplaisante à la fois, ce que la Princesse des Ombres entreprit d’expliquer télépathiquement.

# Je comprend. Cette écaille porte en elle une magie puissante qui viendra renforcer la mienne si tu n’es pas prêt de moi, comme une extension de ton être. C’est une façon pour toi de continuer à veiller sur moi même lorsque nous serons loin l’un de l’autre, reprit-elle en venant se blottir contre le poitrail de son Lié, posant sa joue contre son cou écailleux tandis qu’elle pliait ses bras et ramenait ses mains contre sa propre poitrine. J’aimerais tant dire que jamais ce cadeau ne me servira, mais nous savons tout deux que cela est faux. Pour autant, j’aime tant cette idée que, pour une fois, quelqu’un veille sur moi, lui avoua t-elle. Évidemment, elle songeait à Luna. La petite humaine apportait beaucoup de réconfort à Orfraie mais avait aussi beaucoup de chemin à parcourir pour pouvoir réellement veiller sur elle comme la vampiresse l’entendait en cet instant. Même si elle ne doutait pas des capacités de la blonde, ni de son amour – en témoignait le solitaire qu’Orfraie portait à la main gauche -, cette dernière n’avait pas sept cent ans d’expérience. À défaut de pouvoir t’offrir un tel cadeau – elle désigna l’écaille tout en s’éloignant de son Lié sans jamais lui tourner le dos – laisse moi t’apporter mon aide pour entraîner ton esprit.

Orfraie défit ses bottes et remonta le bas de son pantalon afin de pouvoir tremper ses pieds dans l’eau tout en discutant avec son Lié. La chaleur était intense et le contact de l’eau salée très agréable.

# Attaquer ton esprit serait comme te frapper avec une brindille. En revanche, je te propose une incursion dans ma tête. Avant de te connaître, je suis passée par des choses difficiles dont tu ignores encore tout et qui, je le pense, pourront nous servir aujourd’hui. Ne crains pas pour moi, j'ai appris à me défaire de ces épreuves.

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Firindal ressentit le plaisir ambigüe de sa Liée de Feu lorsqu'elle comprit que quelqu'un allait désormais veiller sur elle et la protéger du mieux qu'il le pouvait. Elle n'était pas habituée à ce genre de chose. En temps normal, c'était toujours elle qui veillait sur les autres pour les protéger et s'assurer qu'ils s'en sortent sans dommage. Et le jeune dragon savait qu'elle en portait de nombreuse blessures, tant physique qu'à l'âme. Et cela était normal. Il ne le reprochait à personne.
Mais désormais, il était assez grand pour la défendre et la protéger. Le jeune dragon allait donc devoir se forger les armes avec lesquels il pourrait la protéger. Et justement, elle lui offrait l'opportunité de travailler à l'affutage de l'une de ses armes les plus précieuses qui soit. Son esprit.

Bien souvent, Orfraie faisait remarquer à son lié de jade qu'il faisait preuve de sagesse dans ses paroles. Mais ce jour, elle faisait elle même preuve de cette même sagesse et cela fit sourire le saurien d'autant plus.


"Et après, c'est qui le sage d'entre nous deux?" Il vint alors la chahuter légèrement du bout du museau avant de venir prendre une rasade d'eau... salée... Il avait complètement oublié ce détail, si bien qu'il recracha immédiatement le liquide en se secouant la tête. "Argh... Et moi qui viens boire, l'air de rien... Donc, tu disais. Plonger dans tes souvenirs... Une idée intéressante. Mais es tu sûre de vouloir revivre ces évènements. Même si ils ne sont pas tous négatifs, cela reste rarement une bonne idée de déterrer ce qui est passé.
Mais si tu es sûre de toi, alors, c'est un honneur que d'accepter cette proposition. Je m'excuse à l'avance si je me montre invasif lorsque tu me montreras cela.


Le jeune saurien ferma les yeux, posant la tête sur le sable chaud, savourant pleinement cette douce sensation contre ses écailles qui diffusaient ensuite cette  chaleur dans ses chaires.
Il se concentra, recentrant son attention sur lui même avant de venir doucement effleurer celui de sa douce Orfraie. Il avait suivit ce lien si particulier qui les unit. C'était même devenu un exercice particulièrement facile pour lui, car, inconsciemment, il s'y tenait toujours, par peur de le voir à nouveau rompu comme ce fut le cas à deux reprises lorsque les chimères l'avaient possédés. Et il avait ce souvenir en horreur, car alors, la sensation avait été comme ci il avait perdu une part de lui même.
Il se concentrait sur l'instant, essayant d'oublier son propre passer, se présentant aux limites de la conscience de la vampire, attendant qu'elle lui ouvre la porte de ses souvenirs. Puis il se plongea dans l'esprit de celle ci, observant le moindre détail de ces souvenirs afin de les imprimer dans son propre esprit. Il se saisissait du souvenir avec une tendresse absolue, mais ne le laissant partir qu'une fois qu'il en avait comprit chaque subtilités.

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La proposition d’Orfraie n’avait rien d’anodine. Par deux fois, l’esprit de Firindal avait été submergé par les Chimères. Deux fois de suites, le jeune dragon de jade avait perdu le contrôle de son corps tandis que son lien avec la princesse des ombres avait été coupé. Cette dernière se rappelait trop bien de cette sensation de froid et de vide qui avait empli son être à l’instant même où elle avait cessé de sentir le dragon à la lisière de son esprit. La première fois, quiconque s’étant retrouvé entre elle et le saurien en avait fait les frais. La seconde fois, l’esprit plus discipliné, Orfraie était parvenue à garder le contrôle d’elle-même – encore jeune vampire cela relevait de l’exploit ! – afin d’aider Firindal à se libérer. Toutefois, comme elle venait de le dire, il lui était impossible d’être toujours présente aux côtés du Jade, raison pour laquelle elle tenait à l’aider, puisqu’elle en était capable.

Toutefois, ce fut un rire qui s’échappa d’entre ses lèvres charnues, qui s’étirèrent en un sourire moqueur.

# Ho, mon beau Firindal, ne change jamais, lui dit-elle sans se départir de son sourire garnit de deux crocs. La guerrière retrouva ensuite son sérieux et vint croiser ses bras sur sa poitrine, un pli barrant son front. # J’en suis certaine. Je veux faire cela pour toi et je ne connais aucune autre façon de procéder à un tel entraînement, avoua t-elle dans un soupir. #Je ne m’inquiète pas de ce que tu pourrais voir, tu es la moitié de mon être, tu as le droit de tout savoir de moi.

En vérité, Orfraie ignorait comment procéder exactement. L’idée avait germé dans son esprit, mais tout était théorique. Cela pouvait donc fonctionner comme être un échec cuisant… Afin de mettre toutes les chances de son côté, la Liée vint s’asseoir en tailleur en face de son dragon, à un mètre de son imposante tête. Elle lui offrit un sourire encourageant puis ferma les yeux en inspirant longuement. Tout d’abord, elle devait retrouver les souvenirs qu’elle souhaitait lui montrer. L’exercice était d’autant plus compliqué qu’il s’agissait de sa vie mortelle dont elle ne se souvenait que grâce à Aramis. Cela lui prit donc un certain temps, où elle sentit Firindal à la lisière de son esprit, attendant sagement son feu vert.

Et lorsqu’Orfraie fut fin prête, elle ouvrit complètement la porte de son esprit et offrit à Firinal plusieurs épisodes de sa vie. Elle lui offrit la mort du dernier dragon, des siècles plus tôt alors qu’elle-même était une enfant. Elle lui dévoila sa peine, la peine de son peuple et de tout l’ancien monde, ainsi que la perte presque totale de la magie, son déclin au combien douloureux. Elle propulsa ensuite violemment le dragon des siècles plus tard, lorsqu’elle avait perdu son frère, lorsqu’elle avait vu son peuple quitter sa forêt au bord de la destruction. De façon désordonnée, Orfraie lui mit ensuite sous le nez les combats contre les vampires, contre les Almaréens et contre le Tyran. Les morts, les frères d’armes tombés, ses propres larmes et ses douleurs. Elle lui fit vivre sa transformation en vampire, la sensation de brûler de l’intérieur et de devenir folle, de voir son esprit se briser, se remodeler.

Firindal, par le biais de ces souvenirs, était enfin en mesure de comprendre et de saisir l’évolution de sa Liée. D’enfant enjouée et turbulente, elle était devenue une femme au fort caractère œuvrant pour le bien de tous puis une guerrière des années plus tard. Mais quelque chose s’était brisé entre ces deux époques de sa vie… mais quoi ? Orfraie hésita longuement avant de propulser l’esprit du jeune dragon dans le souvenir le plus douloureux de toute son existence.

Le souvenir d’une douleur insoutenable, d’un choix impossible et pourtant logique. Le jour où Orfraie, alors Maître Baptistrelle, avait fait le choix de briser son serment pour sauver la vie d’un ami. Lorsque, à l’instant même où elle avait tué, deux mains invisibles l’avaient saisi de part et d’autre et tiré de chaque côté. Son cœur s’était affolé tandis que son âme se brisait en deux morceaux, l’un réduit en cendres et l’autre laissé sanguinolent, à peine vivant. Et par bien des égards, ce sentiment – même si elle l’ignorait – se rapprochait de ce qu’elle pourrait vivre en perdant Firindal. Ou de ce que Firindal pourrait vivre en perdant Orfraie.

La Liée de Feu venait de faire ressentir sa mort à son dragon, la déchirure entre leurs deux âmes liées pour l’éternité. Mais dans la tempête qu’une telle sensation laissait derrière elle, Orfraie se tenait droite tel un roseau, pliant sans jamais se briser. Et Firindal devait être en mesure de faire de même.

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Firindal n'avait pas l'intention de changer de mentalité ni de façon de faire les choses, que se soit maintenant ou dans dix siècles. Aussi, lorsque Orfraie lui dit de rester tel quel, il ne pu que répondre à son sourire par un sourire tout en croc, lui aussi.
La Princesse des Ombres était certaine de ce qu'elle proposait et cela ne faisait pas de doute pour elle. Le dragon de jade le ressentait parfaitement et le voyait également à l'attitude de sa Liée. Elle vint se placer devant sa gueule. Un lieu ou tout autre personne éviterait de venir se placer. Après tout, qui peut se vanter de savoir ce qu'aime un dragon et ce qui peut lui passer par la tête. Un faux mouvement et il pouvait soit vous manger, soit vous faire cramer sans forcément y prêter plus d'attention. Pourtant, Orfraie s'était installé là en toute confiance car elle avait toute confiance en son Lié de Jade. Et comme elle l'avait si bien dit, il était la moitié de son âme et elle était l'autre moitié de son âme à lui. Ensemble, ils ne faisaient qu'un et pouvaient affronter bien des choses ensemble, car l'autre était une source de force supplémentaire pour les deux cœurs liés.
Toutefois, Firindal ne se retint pas de bailler un bon coup avant de s'aventurer dans l'esprit de la Guerrière.

Lorsqu'Orfraie lui ouvrit enfin la porte de ses souvenirs, il s'y engouffra, répondant à l'invitation de celle ci et à sa confiance en lui.
Dans un premier temps, les image qu'il vit n'étaient guère claire. En effet, Orfraie et lui n'était pas habitué à cet exercice. Mais à toute première fois, l'on apprend énormément et les images incertaines se renforcèrent bientôt, montrant avec une rare netteté ce qu'elle voulait partager avec lui. Et étrangement, elle choisissait de lui faire vivre la mort du dernier dragon. Ce souvenir se renforça alors avec la mémoire ancestrale des dragons que Firindal porter en lui. Et ce qu'Orfraie avait vu fut accentué par les sensations du dernier dragon lors de ses derniers moments. Firindal aurait alors pu être lui même présent et ressentir cela que le souvenir n'aurait pu être plus vivant dans son souvenir. Il revivait tout cela avec sa Liée.

Puis Orfraie projeta le souvenir suivant, montrant un nouveau souvenir. Celui de la perte d'un être qui lui était cher. La disparition de son frère tandis qu'elle menait son peuple hors de la forêt. Après la douleur des derniers instants d'un dragon, voici qu'il ressentait la douleur de perdre un être aimé, au travers du souvenir d'une Orfraie devenue adulte.
Puis il éprouva la douleur des affrontements contre les autres peuples, mais également pour la libération de ces même peuples de l'influence du Tyran Blanc.
Puis il ressentit la douleur de mourir pour renaître à nouveau, privé de ce qui la définissait alors. Elle avait alors lutté pour se retrouver jusqu'au moment ou il était entré dans sa vie.
Le Jade ressentit tout cela ne pu s'empêcher de se sentir encore plus proche de sa Bien Aimée.
Pourtant, il est une douleur qu'il ressentit et que l'histoire ne pouvait expliquer. Cette douleur qu'Orfraie avait ressenti lorsque son être avait été déchiré par un choix qu'elle avait dû faire pour sauver ceux qui importaient pour elle à ce moment là. Cette douleur qu'elle avait ressentit lorsqu'elle avait renoncé à son pacifisme et son serment de baptistrel pour prendre les armes et combattre ce qui lui apparaissait alors comme une injustice?
Si les douleurs précédente avait un fondement sentimental, cette douleur était pratiquement insupportable. Et dans un sens, comment pouvait-on survivre et garder l'esprit sain en ressentant pareille douleur. Firindal n'en avait aucune idée, tandis qu'il la ressentait pleinement, encore lié dans les souvenir par l'échange des sensations avec Orfraie. Pourtant, une part de lui voulait la protéger, aussi, inconsciemment, lorsqu'il ressentit la douleur de cette rupture, le saurien isola toute sensation venant de lui vers sa liée.

Le corps du dragon fut alors prit de soubresaut violent, faisant claquer sa mâchoire inconsciemment, tandis qu'il commençait à comprendre la douleur de perdre une partie de son être. Ses yeux s'entre-ouvrirent, laissant perler une chose rare et unique en ce bas monde. Une larme de dragon se mit à couler le long de sa joue. En réalité il y en avait deux. Une à chaque œil. Chacune roulant lentement sur les écailles de son visage. La première ne tarda guère à tomber sur le sable, se faisant immédiatement absorber par le sable chaud.

La leçon avait été dure et violente pour le jeune esprit. Mais il en avait parfaitement comprit les tenant et les aboutissant de ce qu'il avait vu et apprit. Ses yeux se portèrent sur sa Liée et il la regarda avec un amour nouveau.
Les paroles qu'il prononça alors résonnèrent avec une force jusque là jamais déployée, autant mentale que physique. Car en effet, il articula également chacun des mots qu'il prononça


-La Sagesse de l'Expérience et l'Amour de la Sagesse. Tu les connais et les ressens. Je m'en ferais des atours et en serait le Gardien. Désormais, je te connais.
Je suis Toi et tu es Moi


Puis ses yeux se refermèrent, épuisé qu'il était  par cette expérience étrange et fascinante.

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Orfraie avait imaginé, naïvement, que ce qu’elle souhaitait dévoiler à Firindal n’allait pas la toucher. Mais quelle folie de penser que toutes ces choses – même vécue par une autre version d’elle-même – n’allait pas l’atteindre en plein cœur. Oh, bien entendu, l’ancienne princesse des elfes n’avait pas ressentit la peine d’avoir perdu un être cher, par exemple. Mais elle avait très certainement ressentit toute la détresse de cette elle-même-de-jadis. Il en avait été de même pour tout le reste, jusqu’à cette âme brisée, jusqu’à ce souvenir précis qui, inconsciemment ou pas, terrifiait la vampiresse. En effet, le Jade avait en quelque sorte pris la place de cette partie d’âme manquante, venant combler un trou béant qui, jusqu’alors, n’avait cessé de saigner. Et la plus grande crainte d’Orfraie, aujourd’hui, était de revivre une telle douleur, qu’elle parvenait à saisir parfaitement dans le flou de son passé. Lorsqu’elle songeait à Firindal – alors que son regard absent se portait sur lui – elle ne pouvait imaginer sa vie sans lui, ni la douleur que sa perte pourrait engendrer. Si une telle chose devait se produire, il était certain qu’Orfraie se briserait comme du verre. Soit elle en mourrait, soit rien n’y personne ne serait en mesure de l’empêcher de se venger.

D’un air hagard mais la vue perçante, la princesse des ombres observa cette larme, cette magnifique perle cristalline, couler le long des belles écailles de son Jade. Le soleil se reflétait dedans et soulignait le sillon humide qu’elle laissait sous l’œil de Firindal. Orfraie s’en voulue de lui faire verser si précieux liquide.

- Nous sommes un, murmura t-elle, fragile.

Doucement, la guerrière se remit debout. Puis elle avança vers le Dragon, ses doigts vinrent caresser ses écailles délicieusement chaudes. Le léger vent venant de la mer offrait une fraîcheur bienvenue qui faisait doucement voleter les cheveux lie-de-vin d’Orfraie. Celle-ci vint alors s’asseoir contre le poitrail de son dragon, y appuyant son dos. En levant le nez, elle avait une vue imprenable sur le cou et la gorge de Firindal, l’un de ses points faibles mais aussi là où ses écailles semblaient un peu plus claires.

Appuyée ainsi contre lui, Orfraie se sentait terriblement sereine. Son esprit s’était apaisé en quelques instants. Elle avait étendu ses longues jambes devant elle et laissait sa tête basculer en arrière. Son regard s’était fixé sur l’unique œil couleur saphir qu’elle pouvait apercevoir de là où elle était, entre les pattes de son Lié, telle un trésor sur lequel veiller.

# Parfois, faire preuve de force d’esprit n’est pas qu’endurer la souffrance. Souvent, il s’agit d’être capable de prendre les bonnes décisions même si cela va à l’encontre de tous tes principes. Cela, je l’ai appris très tôt au contact de la politique elfique. Mais je l’avais également expérimenté en tant que Baptistrelle puis, plus tard, à la tête des Rôdeurs. Vois-tu, lorsque je faisais encore partie du Conseil, il m’étais nécessaire de penser au bien du plus grand nombre même si cela n’allait pas dans le sens de mes croyances. L’impartialité demande du courage, de la force de caractère et parfois le sens du sacrifice. C’est être capable de faire passer tout les autres avant soit, même si cela peut être douloureux, ou au contraire être capable de regarder ses hommes dans les yeux et leur dire « allez mourir pour moi ».

Mais entre le dire et le faire, la différence était grande. Orfraie pourrait-elle sacrifier Luna pour le bien de tous les peuples? Ou perdre Firindal? Elle aimait penser que oui, car il était dans ses principes de veiller au bien du plus grand nombre, mais la princesse souhaitait ne jamais avoir à faire face à une telle décision car elle doutait de sa volonté. Elle était capable – avec certitude et sans peur - de résister à l’appel du sang, d’affronter des hordes d’ennemis… mais ça? Il n’y avait pas plus terrifiant.

Enfin, pour illustrer ce qu’elle avait dit précédemment, Orfraie offrit un nouveau souvenir à son Lié. Il s’agissait d’une conversation avec son commandant en second pendant la guerre contre le Tyran-Blanc et la fuite de l’armée Elfique – à la tête de laquelle elle s’était trouvée à l’époque – vers le désert. Dans ce souvenir, un peu flou, la générale avait une discussion houleuse avec l’homme qui lui faisait face. Elle venait de lui exposer son plan, à savoir se servir d’une partie des troupes comme diversion. Une diversion qui allait forcément les envoyer à la mort mais qui allait permettre aux plus gros de l’armée de quitter le territoire théocrate. Elle ne pleurait pas, ne criait pas, mais jamais son regard avait été aussi triste, aussi brisé. Mais elle s’était résolue à faire ce qui était le mieux pour le plus grand nombre des siens, même si cela lui déchirait l’âme.

# Depuis ce jour, j’ai leur mort sur la conscience. Et celles de beaucoup d’autres. Mais je ne regretterais jamais les décisions que j’ai prises. C’est ce qu’on attend d’un chef et c’est ce qu’on attendra de nous deux, tôt ou tard. Et si un jour tu dois me laisser derrière pour le bien du plus grand nombre, laisse-moi, je te le demande.

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La goutte d'eau tomba au sol, comme une sentence annoncée de longue date. Irrémédiable et sans appel.
Firindal n'entendit pas le murmure de sa Lié. Mais il le ressentit au travers de leur Lien, comme une réponse à sa propre déclaration.
La jeune vampire vint alors se blottir contre le poitrail de son lié de Jade, comme venant chercher une protection. Protection que le jeune dragon ne saurait lui refuser, tant son amour pour elle était sans limite. Elle seule pouvait venir se blottir contre lui, approcher l'intimité et les zones sensible du saurien. Tout autre personne aurait risque de se faire manger directement par Firindal sans autre forme de procès. Et c'est probablement regrettable, mais même Luna, que Firindal acceptait tant bien que mal dans sa vie, de par le lien entre les deux femmes, ne pouvait l'approcher autant. Il acceptait qu'elle lui caresse le front, mais il ne la laisserait pas approcher d'avantage. Il ne la mangerait probablement pas, mais il n'accepterait pas qu'elle s'approche d'avantage. Orfraie, et seulement elle, le pouvait.
Firindal referma le cercle de son corps, offrant ainsi une vu sur son cou et le profil de sa tête à sa Liée de Feu, tandis qu'elle reprenait son explication.
Selon elle, la véritable force de l'esprit consistait à être capable de faire passer les autres avant ses propres intérêts. D'être prêt à sacrifier ce en quoi l'on croit pour protéger les autres. Le jeune Éclat-de-Jade comprenait la notion de base de cette idée, mais il ne voyait pas vraiment en quoi cela pouvait être une preuve de force mentale.
Il parvenait certes à comprendre que le groupe pouvait avoir des impératifs plus importants que l’individu, mais en quoi le sacrifice qu'évoquait Orfraie était une preuve de son argumentaire.
Il eu la réponse lorsqu'elle partagea avec lui le souvenir incertains de sa discussion avec celui qui avait été, il fut un temps, son second, lorsqu'elle avait dû ordonner à ses troupes de se battre jusqu'à la mort pour permettre à d'autres de survivre à la poursuite effrénée dont ils étaient la cible.
Dès lors, la notion devint plus claire dans l'esprit draconnique. Il ne l'acceptait pas, mais il en comprenait la nécessité.
Puis Orfraie évoqua le prix que pareil décision lui coutait. Le prix du souvenir. Le prix de la conscience.
Délicatement, Firindal vint pousser tendrement le flanc de sa liée. Mais Orfraie n'en avait pas fini. Elle formula une demande qui glaça instantanément les sang du jeune sauriens, qui se figea. Il recula alors la tête et regarda sa liée, l'air grave.


"Ne me refais jamais cette demande. Je ne puis vivre sans toi. Tu es moi autant que je suis toi. Si je dois un jour choisir entre te sauver et sauver les autres, ce sera toi que je choisirais. Et ça, je n'ai pas besoin d'y réfléchir à deux fois.
Je peux comprendre que l'on doivent garder la mémoire de ceux qui meurent pour nous, mais jamais je ne ferais passer qui que se soit avant toi. Cela m'est tout bonnement impossible. Et je refuse même de l'envisager.
En plus, je ferais tout ce que je peux pour pouvoir te sauver et sauver également les autres. Mais si tu dois mourir, alors je mourais pour que tu vives. Et cela n'est pas discutable.
"

Firindal n'avait encore jamais été en colère. Mais l'on pouvait entendre qu'il n'hésiterait pas à faire tonner sa voix si il le fallait. Sa position était claire et définitive. Orfraie représentait tout pour lui. Et le monde pouvait bien s'écrouler autour d'eux, tant qu'elle vivrait, c'était le principal pour lui. Et il ne changerait pas d'avis là dessus, et ce, quelque soit l'argument qu'on lui opposerait.

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Le bien du plus grand nombre était une notion à laquelle Orfraie s’était attachée au fil des années. Très souvent, elle critiquait les Elfes et leur vision trop étriquée du monde, mais par bien des aspects la princesse des ombres avait conservé des traits semblables. Et cette vision du bien du plus grand nombre en faisait partie.

En effet, pour être capable d’agir pour atteindre ce but, il était impératif de se construire une vision d’ensemble aussi nette que possible et de réfléchir sur un laps de temps pouvant s’avérer particulièrement long. C’était tout de même un fragile équilibre, car planifier trop loin pouvait avoir des conséquences inattendues et fâcheuses. Après tout, peu de plans étaient respectés à la lettre, non? Quoi qu’il en soit, Orfraie aimait croire qu’elle en était capable. Mais était-ce vrai?

Firindal vint soudainement tirer Orfraie de ses pensées lorsqu’elle le sentit bouger. Une fraction de seconde plus tard, elle sentit son profond désaccord ainsi que sa colère. Et là où le commun des mortels aurait baissé les yeux, la Liée de Feu soutint le regard bleu océan de sa tendre moitié. Un sourire triste vint alors étirer ses lèvres charnues, dévoilant à peine ses crocs d’un blanc d’ivoire.

A quoi s’était-elle attendue, au juste? Il lui apparaissait désormais évident que Firindal n’aurait pu répondre quelque chose de différent. Il était elle, elle était lui. Ils formaient un tout.

- Si je ne peux te faire une telle demande, toi aussi tu n’en a pas le droit, répondit-elle d’une voix morne. Elle détourna ensuite les yeux et se perdit dans l’horizon. C’est égoïste de ne pas accéder à ma demande et ensuite oser me faire la même.

La générale ramena doucement ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras avant d’y poser son menton. Elle semblait bien fragile, là, assise contre le poitrail de son Lié, dont elle sentait la respiration tranquille ainsi que la chaleur de son être. Elle se surprit à fermer les yeux pour savourer ces sensations.

# Essayons de ne pas mourir, ni l’un, ni l’autre, d’accord ? Ou je te jure que j’irai jusque dans le Royaume de feu Mort pour te chercher.

La mort était une notion qui, en fin de compte, avait été particulièrement présente dans la vie d’Orfraie. Elle qui semblait d’ordinaire si enjouée se laissait aller à un sentiment de déprime. La tête posée contre ses genoux, elle remontait doucement le fil de son existence sans se soucier de fermer ses pensées à son Lié.

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La remarque oral d'Orfraie fit sourire son lié de jade qui vint poser sa tête sur les mains de sa Guerrière de Feu tandis qu'elle regardait au loin et lui demandait de ne pas mourir. Il poussa un doux soupir et l'entoura de son amour le plus sincère.

"Ma belle Orfraie. M'as tu seulement entendu te demander cela? Jamais je ne te le demanderais parce que je refuse de t'imposer à devoir choisir que se soit entre moi et Luna ou moi et qui que se soit d'autre. Je ne te connais que trop bien et d'autant plus maintenant qu'avant. Je sais quelle douleur cela provoquerait en toi d'avoir à faire ce choix. Et je refuse de te l'infliger.
Au lieux de cela, je puis t'assurer que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver aussi bien ma vie que celles de ceux qui compte pour toi, qu'il s'agisse d'un individu...
" On pouvait sentir dans ses mots qu'il parlait de Luna en particulier, mais qu'il faisait également l'effort d'y inclure toute autre personne, sachant que bien que l'humaine soit d'une très grande importance, mais également ceux de sa famille elfique ou tout autre personne. "Ou même d'un peuple.
Je sais que cela peut passer pour de l'arrogance, mais je souhaite vraiment aller en ce sens, pour que tu n'ai pas à souffrir de ce choix. Je veux être pour toi autant la moitié de ton âme qu'une solution aux problèmes que tu pourrais rencontrer. Je veux pouvoir aider ceux qui en ont besoin autant que toi. Et je souhaite conduire les peuples vers la paix et la sagesse. Que les conflits cesses et qu'enfin, on puisse vivre simplement de nos chasses sans avoir à craindre qu'un jour on nous attaque à nouveau.
"

Firindal savait que cet espoir était une utopie. Mais il espérait réellement voir ce rêve se réaliser. Et puis, après tout, est ce que tout ne commence pas par un rêve?
Il comprenait qu'Orfraie soit blessée avec tout ce qu'elle avait vécue. Après tout, elle avait déjà plusieurs siècles d'existence, alors que lui n'avait que trois petites années derrière lui. Qu'est ce que trois ans en comparaison avec l'expérience de sa Liée? Rien ou presque? Mais pour Firindal, cela représentait déjà un petit bout de son éternité. Un petit bout de ce qu'il allait vivre avec la rouquine qu'il aimait tant et pour qui, en effet, il était prêt à tout.


"Et pour ce qui est de ma mort, ma Douce, elle ne surviendra pas avant très longtemps. Et certainement pas avant que nous ayons vécu notre éternité pleinement et que nous en ayons profité au maximum. Donc, tu n'auras pas à t'inquiéter du fait de venir me chercher chez Mort.

Le jeune saurien laissa son aile venir recouvrir sa Liée de sa douce chaleur.

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Orfraie ne bougeait pas d’un pouce, observant d’un regard lointain l’œil unique qu’elle pouvait voir du fait de la position de son lié. Elle était soudainement bien triste et même l’amour profond que lui portait Firindal n’arrivait pas à la faire sourire. À la place, elle se contentait de la fixer sans rien dire, écoutant ses mots. Ils étaient en partie utopiques, mais la guerrière sentait que même lui le savait. Alors, à la place, elle s’ouvrit à lui et fit comprendre sans parole qu’elle le remerciait. Orfraie savait, par exemple, que le jeune dragon était rapidement jaloux de ses proches – et à grande raison de Luna – mais elle appréciait les efforts que son lié faisait en la matière.

L’ombre recouvrit alors la guerrière, qui savoura cette fraîcheur bienvenue maintenant que les durs rayons du soleil ne venaient plus marteler son crâne. Orfraie se surprit à lever la tête et à observer le soleil à travers la membrane de l’aile du saurien. De cette façon il était aisé de voir toutes les veines qui courraient à travers la peau de Firindal, charriant un sang aussi appétissant que dangereux. La liée, surprise par une telle pensée, se sentit soudainement honteuse et se dépêcha de l’enfouir au fond de sa tête.

- L’on parle beaucoup de moi, ne trouves-tu pas ?

Doucement, Orfraie détourna le regard du soleil et posa ses améthystes sur le saphir qui l’observait avec amour. Elle lui dédia un doux sourire, quoi que teinté d’une certaine mélancolie. Cachée sous l'aile de son lié et appuyé contre son poitrail, la princesse des ombres se sentait apaisée et en sécurité.

- Assez de malheurs. Parle-moi des choses que tu as découvertes en visitant cet archipel. Je veux savoir ce que mon lié fait lorsque je ne suis pas avec lui.

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Firindal sentait la nostalgie et la mélancolie qui habitaient sa moitié. Et il aurait aimait tout faire pour l'en protéger. Mais il savait qu'il était des choses qu'il ne pourrait tenir éloigner de sa Liée. Pas plus qu'il ne parvenait à se prémunir lui même contre cette jalousie maladive qui l'habitait lorsqu'il savait qu'Orfraie était avec Luna. Il faisait ce qu'il pouvait pour la tenir loin de lui et de ses pensées, mais il devait avouer qu'il redoutait le jour ou celle ci le submergerait et prendrait le pas sur sa raison. Car il savait que ce jour là, il blesserait immanquablement celle qu'il aimait tant. Et cela lui était insupportable. Il était donc déchiré entre ce sombre sentiment et son désir de voir Orfraie sourire et rire.

Mais pour le moment, le jeune dragon se laissait aller à ce moment de détente, profitant pour observer le profil de la fière guerrière qu'était l'ancienne princesse des elfes, tandis qu'elle faisait remarquer que leur discussions tournaient essentiellement autour d'elle. Ce qui, pour le coup, amusa légèrement le saurien dont l’œil révéla une lueur amusé, alors qu'elle lui demandait de lui conter ce qu'il avait découvert et fait pendant qu'il était pas à ses côtés.
Il remua alors légèrement la queue, toujours trainante dans l'eau qui venait doucement lécher ses écailles.


"J'ai surtout passé mon temps à survoler les différents endroits de cet archipel. Je me suis arrêté deux trois fois à Sélénia, histoire 'essayer de comprendre d'avantage les humains, mais ceux ci demeurent de bien étranges créatures... Je ne sais d'ailleurs pas si j'arriverais à les comprendre un jour ou l'autre.
J'ai même croisé une petite humaine qui m'a demandé de la laisser me caresser. Je te laisse deviner à quel point pareille demande m'a surprit et même gêné. Je ne savais trop quoi lui répondre et si je devais même la punir pour son imprudence.
Mais, au final, j'ai préféré songer que c'était son jeune âge qui faisait qu'elle ignorait que l'on ne pouvait demander cela à un dragon, même si c'est de la pure curiosité.
Ah! Par contre, j'ai croisé Alauwyr, mais il ne m'a pas reconnu. Je n'ai pas comprit pourquoi. Lui qui était si fier et si respecté à Aldaria, il semblait se terrer et chercher à fuir. je ne l'aurais pas connu autrefois, j'aurais pu passer à côté de lui sans même le reconnaître. Et puis bon, c'était pendant des festivités. Donc il y avait beaucoup de monde. Notamment un saltimbanque qui s'est retrouvé à devoir jouer en ayant la tête en bas et le pied prit dans la gueule d'un dragon. Enfin un autre dragon. Je n'aurais pas pris le risque de le blesser. Je sais que je ne maîtrise pas encore bien ma force et que je peux blesser les bipèdes un peu trop facilement si je ne prends pas garde.
Par contre, j'ai entendu dire que le Prince des Vampire est mort. Un des Graärh l'aurait tué. Est à cause de la politique??? Je n'y comprend décidément rien. J'ai beau avoir posé la question Cynoë et avoir eu une explication de sa part, je n'arrive vraiment pas à comprendre tes semblable et les autres bipèdes. Pourquoi ils se font la guère de la sorte? Cela ne fait que tuer les plus faibles et les moins fortunés et ça blesse les survivants. Qu'est ce que l'on gagne dans ces affrontements?
Je peux comprendre que l'on se dispute parce que l'autre nous prend de la place, mais n'y a-t-il pas un autre moyens pour résoudre ces conflits sans fin? Vous êtes capable de créer tant de belles choses. Pourquoi les détruire dans ces affrontements???
"

Dire que Firindal était un dragon curieux était un euphémisme. Il était la curiosité à l'état brut. Il aimait chercher à comprendre les choses et les gens autour de lui. Et pour cela, il posait beaucoup de questions. Cela pouvait paraître agaçant pour certains, mais ça n'arrêtait pas le saurien pour autant. Surtout si il voulait un jour pouvoir faire entendre raison aux différents peuple et les amener à un niveau d'intelligence acceptable pour les dragons.
D'ailleurs, une certaine idée lui vint. une idée qui pouvait paraître saugrenue, mais une idée quand même, qui avait le mérite d'être à réfléchir.


"Ne pourrait-on pas amener tous les peuples sous l'égide d'une seule et unique bannière qui serait parfaitement neutre à l'égard des origines des individus et qui ne se concentrerait que sur la prospérité individuelle et collective? Cela donnerait une raison de moins pour tous le monde de se battre, non?"

L'idée était à la fois utopique et prometteuse. Effectivement, n'était-il vraiment pas envisageable de le faire?

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Dragons et dragonniers étaient liés jusqu’à ce que mort s’en suive, mais cela ne voulait pas dire qu’ils passaient tout leur temps ensemble. Au contraire, Orfraie était heureuse de voir sa moitié d’âme quitter Keet-Tiamat pour explorer ce nouveau monde, une chose qu’elle lui enviait toutefois. Pour sa part, en acceptant ses responsabilités, l’ancienne princesse des elfes s’était enfermée de nouveau au cœur du territoire des Elfes. Cependant, lorsqu’elle avait fait ce choix, elle n’avait pas manqué d’avertir son neveu d’empereur : Elle était dragonnière et de ce fait, avait le droit de quitter l’île pour voyager avec Firindal. Bien entendu, jamais sans avertir les siens. De ce fait, si la générale s’en allait, son second prenait sa place et les activités des Rôdeurs continuaient sans interruption notable.
Autrefois, Orfraie n’aurait jamais fait une telle chose, son devoir envers les siens ayant une place très importante. Mais en devenant dragonnière, sa vision de la vie avait changé tandis que son désir de liberté s’était accru. Ni elfe, ni vampire, mais dragonnière. Et à ce titre, libre. Une pensée qu’elle partagea avec Firindal.

Ce dernier entreprit alors de lui conter ses aventures et, de nouveau souriante, Orfraie tourna son regard vers lui. Elle sentait sa curiosité et son excitation vis-à-vis de ce nouveau monde. Elle partageait ces sentiments, bien entendu, mais avec davantage de retenu. La force de l’expérience, sans le moindre doute.

Et à peine avait-il commencé que la dragonnière se mit à rire. Ne voulant pas interrompre son Lié, elle dissimula ce rire derrière sa main et tenta de se retenir, mais son regard rieur en disait long. La façon dont il parlait et voyait les humains avait toujours énormément amusé Orfraie, qui était passée par là des siècles plus tôt. Malheureusement, le regard d’améthyste redevint sérieux lorsque le Jade évoqua Alauwyr. C’était un nom que la Liée de Feu ne pouvait pas oublier de part leur passif. Comment le guerrier avait-il pu changer à ce point ? Grâce à leur lien, la vampiresse eut l’opportunité de voir quelques images de leurs échanges et ce qu’elle vit la troubla. Que c’était-il passé avec ce guerrier émérite ? Elle se souvenait si bien de leurs corps-à-corps… avec et sans armes. Un mystère de plus à éclaircir, songea-t-elle en haussant les épaules.

La dernière nouvelle apportée par Firindal fit, cette fois-ci, complètement relever la tête à Orfraie, dont le regard se planta dans celui de son Lié. Keziah Soen tué par un Graärh ? Et elle l’apprenait que maintenant ? Dépitée, la Liée se laissa aller contre le poitrail de son dragon.

« Keziah Soen s’est cru au-dessus des lois de la nature et a cautionné l’asservissement de ce peuple indigène. C’est comme si je te passais des chaînes et que je te forçais à m’obéir, Firindal. Ce qu’il a fait est mal et il a était puni. »

Le ton était froid, il était clair qu’Orfraie n’approuvait pas l’esclavage et n’allait pas pleurer la mort de Soen. Les Graärh étaient là bien avant eux, de quels droits les bipèdes avaient-ils le droit de leur faire cela ?

« Je me le demande, mon beau. Je suis tout à fait d’accord avec toi et ce sont des actes que je ne pourrais jamais accepter. Les bipèdes ont un potentiel incroyable… Mais trop souvent, il est mal exploité. Le bien et le mal dépendent avant tout de notre propre point de vue, mais il y a de ces sujets – tel l’esclavage – que seul un idiot cautionne. Si j’en avais le pouvoir, cela fait partie des nombreuses choses que je réglerais moi-même. »  avoua-t-elle en caressant tendrement le cou du dragon. « Placer tous les peuples sous la même bannière serait une façon d’accéder à cette harmonie que nous désirons, mon tout beau. Hélas, les peuples – elfes, vampires, humains – ont un passif commun lourd et difficile qu’il est impossible d’occulter. Il existe également des modes de vie ou des traditions qui ne peuvent pas coexister. Le Traité des Trois Peuples est un pas vers cette harmonie… Mais ce changement auquel tu songes est de ceux qui demandent du temps et l’acception de toutes les nations. Il faudrait tous les convaincre que c’est la meilleure solution qui soit. Jusqu’alors, ce fut sous la menace d’une destruction imminente que les peuples sont été capable de s’unir sous une même bannière… »

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Firindal avait bien ressenti l'amusement de sa liée. Et loin de s'en offusquer, il le partager également, tout en poursuivant sa description. Après tout, il aimait particulièrement voir Orfraie s'amuser et rire. C'était un tel régal pour son cœur de dragon. Une chose qu'il comprenait parfaitement et qu'il recherchait le plus possible.
Orfraie l'avait écouté avec attention et lui avait expliqué ce qui avait provoqué la chute du Prince vampire et pour le coup, le jeune Éclat-de-Jade ne put qu'aller dans le sens du meurtrier. Même si, en effet, le fait de prendre une vie était regrettable, il ne pouvait condamner l'acte et la raison qui l'avait pousser à pareil extrémité.
Et puis l'image que prenait la Guerrière de Feu pour illustrer le propos avait de quoi faire frémir le saurien. Qui serait assez fou pour passer un collier d'esclavage à un dragon? Il faudrait que cette personne soit particulièrement inconsciente, qu'elle ne tienne absolument pas à la vie et qu'elle veuille voir tout autour d'elle être détruit dans un délais plus ou moins court. Bref, la plus mauvaise idée qui soit.

Orfraie expliqua à son lié que son idée avait du charme et que beaucoup aspiraient à ce genre de chose, mais que malheureusement, il faudrait beaucoup de temps pour permettre d'unir tous les peuples sous une seule et unique bannière.


"Si les dragons s'unissent, avec leurs dragonniers pour apporter des conseils pour unir les peuples, ne serait-ce pas plus facile de le faire? Je me doute que certains risque de craindre de voir un nouveau Tyran Blanc arriver, mais cela ne vaudrait-il pas le coup d'unir les peuples sous l'égide des dragonniers et des dragons? Un Conseil des Races?"

L'idée n'était pas si stupide au final. Un conseil permettait à chacun de faire entendre sa voix et que l'ensemble puisse en discuter ensemble pour avancer vers un but commun. A voir si cela était une possibilité ou pas.

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